Festival du Film 2... à mi-parcours !
Petit bilan à mi-parcours. Sauf à imaginer que les derniers jours ne présentent que des chefs d’oeuvre (ou des navets !), on voit bien après 20 films, les tendances de cette édition 2014. Disons-le tout net, ce ne sera pas un grand crû dont on se rappellera particulièrement pour son lot de découvertes et de coups de coeur. Ce n’est en aucun cas la faute du Festival et de ses programmateurs puisque cette tendance dépasse largement la seule compétition et touche aussi Un Certain Regard, La Semaine de la Critique, la Quinzaine et toutes les autres sélections diverses...
Petite revue d’effectif de nos déceptions et des quelques bonnes surprises !
Atomisé Egoyan que l’on attendait avec Captives, lassitude devant le vide de The Homesman de Tommy Lee Jones, films bancals comme Tourist ou l’attendu Eleanor Rigby de Ned Benson qui derrière une belle technique, étirent les plans à l’infini et se perdent dans des histoires à tiroirs, mauvais film pour l’italienne Alice Rohrwacher sur une famille germano/italienne descendant, il fait nul doute, de terroristes reconvertis en apiculteurs participant à une émission de télé-réalité sur les produits du terroir, film raté du Turc Nuri Bilge Ceylan qui commence bien son opus, le termine magnifiquement mais inflige d’insupportables dialogues en champs/contrechamps d’un verbiage pseudo philosophique comme pour éprouver le spectateur dans sa résistance à subir un vide de 60 minutes en plein milieu d’une oeuvre de 3h16. Winter Sleep aurait pu être un de ces coups de coeur que l’on affectionne et qui nous transporte, il reste un film mal maitrisé où le réalisateur se perd dans sa complaisance.
On passe sur Grace de Monaco qui réussit à conjuguer tous les défauts de Olivier Dahan (mais aussi quelques unes de ses qualités !), sur le pontifiant Amour Fou de Jessica Haussner où un acteur-pantin appelé à interpréter Heinrich Von Kleist cherche une âme soeur prête à mourir avec lui par amour (je vous assure que même vivre avec lui serait une punition !), sur Run qui tente de conjuguer tous les défauts du cinéma africain que le magnifique Tumbuktu a su éviter, et cela donne beaucoup d’amertume, des rendez-vous ratés et l’impression que la crise ne touche pas que nos portefeuilles mais aussi les esprits des scénaristes et des réalisateurs...même si les acteurs et les actrices semblent tirer leur épingle dans ce jeu de dupes !
Quelques réussites malgré tout, comme Les Combattants de Thomas Cailley, qui une nouvelle fois démontre le talent de la «french touch» tant sur le plan de la technique que des idées avec des réalisations qui pallient parfaitement le manque de moyens financiers par une inventivité et un soin dans la réalisation qui leur donne une vraie ambition. Paradoxe, dans le marasme semble-t-il du cinéma mondial, notre petit pays s’affirme avec une nouvelle génération de cinéastes et de techniciens qui promettent des lendemains heureux à l’heure où tous les indicatifs virent au rouge !
Autre petit bijou, le Relatos Selvages de l’argentin Damian Szifron qui avec des sketches imbriqués réussit à nous faire rire du tragique, sourire de la vie quotidienne et offre un bol rafraichissant de bonne humeur au festivalier épuisé !
Chaque année, nous voyons quelques tendances se dessiner, des thèmes en écho d’une polyphonie mondiale de l’image. Indubitablement, cette édition sera marquée du sceau de la présence des femmes, de leur rôle central et de personnages particulièrement affirmés, déclinant une place prépondérante dans l’univers fantasmé par le 7ème Art de la réalité ambiante. Même dans des films plus ou moins aboutis comme Homesman ou Self-Made, les femmes sont un pivot sur lequel tourbillonne les drames de la vie. Et la deuxième tendance qui semble s’inscrire en filigrane de ces pellicules, est la tentative de rire et de faire rire. Humour décalé de Turist, de Bunny et scènes diverses qui parsèment la plupart des films et apportent un peu de fraicheur dans l’eau tiède des bons sentiments.
Alors bien sûr, il reste les films des Dardenne, de Kawase, de Cronenberg, de Godard, tous ceux que l’on a pas vus et tous les autres aussi... En attendant, je file voir The Foxcatcher de Bennet Miller dont on dit beaucoup de bien et je reste accroché à mon idée d’une Palme d’Or pour le magnifique, sublime et si humain, Tumbuktu de Sissako, la révélation de cette première moitié du Festival qui récompenserait à juste titre la maturité d’un cinéma Africain qui n’a rien à envier aux canons de l’esthétique occidentale !