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Festival du Film Panafricain de Cannes

Publié le par Bernard Oheix

Basile est ainsi, un extraterrestre, un OVNI en terre de culture, un lettré à la mode du passé plongé dans le monde bouillonnant du lendemain, un homme de coeur et de rencontres, un médiateur de toutes les bonnes volontés. Basile Ngangue Ebelle, d’origine Camerounaise, Français de vie, qui porte sa couleur comme un emblème de tous les possibles.

Qui, à part lui, pourrait, dans l’inconscience la plus totale, monter et s’arc-bouter afin de tenir les rênes d’un Festival du Film à 500 mètres de la Croisette, 15 jours avant l’autre, le grand, et cela depuis 11 ans...

Un Festival Panafricain, reflet d’un continent trop souvent perdu, si peu représenté dans les manifestations, qui peine à se développer, à trouver un public, à s’insérer dans le tissu démantelé des sociétés de pays déchirés par la pauvreté, gangrenés par la prévarication, où le bon sens à parfois tant de peine à exprimer ses besoins. On connait une poignée de cinéastes Africains reconnus pour un continent vaste comme le coeur de l’humanité. C’est si peu et tellement injuste !

3 cinéastes «congolais» réunis par les hasards de la sélection, dans une conférence commune, faisaient le constat des dérives du système, de la puissance des actions individuelles, de l’énergie d’un «nollywood» en train de se structurer, de l’espoir de trouver une oreille attentive auprès d’un responsable haut placé d’un président, afin de lancer un embryon de «CNC» à l’africaine et de permettre aux cinéastes de tourner, de croître, de se voir en miroir d’un continent, de vivre de leur art et de créer une dynamique. Tous affichaient leur détermination, mais derrière l’espoir réel d’ouvrir une voie vers l’avenir, une sombre ombre de fatalisme nimbait leur propos.... Et si l’histoire balbutiait encore et toujours... Et si chacun n’était que la énième vague d’une nouvelle jamais aboutie... Et si le système n’était que la perpétuation d’un démantèlement social, culturel... Et si le rien guettait ceux qui oeuvrent à affirmer leur spécificité afin d’ouvrir des brèches dans un 7ème Art en train de muter !

C’est ce que le Festival Panafricain tente d’offrir, une part de rêve, à tous ceux qui espèrent en ce continent fascinant et en la passion de ces acteurs culturels qui prêchent dans les déserts démembrés de leur absence de perspectives !

Que ce soit en haute couture, en musique, en arts plastiques, dans les salons d’un hôtel cannois, ou sur l’écran d’une salle de conférence qui a vu projeter une cinquantaine de films, courts et longs métrages, fictions et documentaires, l’équipe de Basile et son festival multi-culturel, renvoie clairement la problématique de l’existence d’une dynamique novatrice sur le continent noir, à la capacité d’influer de tous les acteurs d’un monde nouveau à créer, loin des déchirements et si proches des passions.

Sur quelques films :

Laurent et Safi. Réalisateur : Anton Vassil. 115 ‘

Tout sépare Laurent, jeune cadre qui doit se marier et Safiatou, une Malienne vivant en France. Et pourtant...

Il y a des «Chansons d’amour» dans cette comédie romantique plutôt réussie, un bric à broc sympathique qui force l’adhésion vers le happy-end d’une mixité possible, de couleurs, de classes sociales, de cultures... Mais ce n’est pas une thèse, juste une comédie avec des chansons plutôt réussies, des acteurs de qualité... Un «bollywood» à l’Africaine re-mixé à l’ascenseur social Français perdu !

A coeur Ouvert. Réalisateur : Ayekoro Kossou. 15’

Un couple mixte, une belle mère odieuse, un coeur qui lâche... Petit film au sujet grave, bien joué et à la morale surprenante. Une fiction comme un test pour aller vers le long métrage, une carte de visite que le réalisateur c’est donné afin de convaincre les décideurs. Une belle réussite !

Entre le marteau et l’enclume. Réalisateur : D’Amog Lemra. 98’

Construit comme un puzzle, autour de petits sketches avec des personnages récurrents, le film est une peinture saisissante de la société du Congo, de l’univers de Brazzaville de la pauvreté latente et de la richesse extrême de certains.

Il y a Pascal, le chef d’entreprise odieux, écrasant le monde de son argent, satisfaisant ses désirs lubriques sans égards pour ses victimes... Il y a la femme abusée par son pasteur, la fille dépressive du père qui a sombré dans l’alcool, le vendeur de médicaments amoureux... Toute une galerie de portraits savoureux qui dépeignent la ville, la société, l’injustice profonde du pouvoir de l’argent !

Dans une économie de moyens forcenée, le film n’en est pas moins très soigné, plans sobres, montage intelligent, raccords harmonieux. A noter la qualité d’expression des acteurs, pour la plupart amateurs, et les voix bien posés et audibles !

Une classe d’enfants regardent le film, effet miroir du cinéastes vivant en France et retourné dans son pays pour y tourner cette fiction bien plus vraie que la réalité.

Voilà une brève sélection parmi les nombreux films présentés et, disons-le, la plupart étaient de facture honorable, voire de grande qualité. Au dire des organisateurs, le niveau s’élève d’année en année et les cinéastes prennent enfin leur destin en main ! Acceptons en l’augure et que mille fleurs s’épanouissent au chevet du cinéma africain. Le monde à besoin de leur regard !

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N
Bravo
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C
très bien dit !
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