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Festival du Film 2015 : 28ème film !

Publié le par Bernard Oheix

Le festival dans son rythme de croisière... 28 films et déjà l’heure des bilans et des interrogations... Mais de cela, on en parlera dans un prochain article et tout de suite, mosaïque d’images et de commentaires à chaud, sans filets !

Deux frères éleveurs vivent côte à côte mais ne se parlent plus depuis 40 ans ! La maladie de la «tremblante» va les obliger à abattre leurs troupeaux et leur permettra de se retrouver. C’est le «pitch» d’un petit bijoux Islandais de Grimur Hâkonarson, Rams où les acteurs et la réalisation sont parfaits. Où l'on voit que l'éleveur est attaché à ses bêtes et qu'il fera tout pour en sauver quelques unes dans une nature belle et hostile !

Mia Madre de Nanni Moretti n’est sans doute pas la plus belle de ses oeuvres... Mais même un Moretti moyen reste un film passionnant. Une femme réalisatrice de film social engagé, avec un John Turturo cabotinant à souhait, accompagne, en même temps que l’accouchement douloureux de son film, les derniers moments de sa mère mourante. Palmarès à l’horizon... mais à quelle hauteur !

Amy de Asif Kapadia est un documentaire passionnant sur la vie d’Amy Winehouse morte à 28 ans d’excès et d’usure au zénith de sa carrière. A l’évidence, ce film démontre que cette génération est filmée depuis son plus jeune âge, qu’il existe désormais des traces de tous les moments de la vie, par le biais des minis caméras, des téléphones portables... la masse d’images emmagasinées est colossale ce qui permet d’assister de l’intérieur à la descente aux enfers d’une artiste que l’on découvre dans ses failles et son humanité blessée. La traque incessante des médias anglais par l’odeur du scandale annoncé jette un linceul sur toutes ses velléités de sortir du piège de la drogue et de l’amour dans lesquels elle s’est perdue... accompagné d’un père à la personnalité ambigüe ! Un excellent film documentaire, qui à travers le cas d’Amy, dévoile tous les ressorts glauques du show bizz et sa course effrénée aux profits.

Nahid de Ida Panashandeh est une confirmation de plus de la qualité du cinéma Iranien, de son inventivité et de la place fondamentale des femmes dans une société qui aliène leurs droits les plus élémentaires. Dans le code familial Iranien, c’est le père qui est dépositaire du droit des enfants... même si c’est un drogué délinquant ! Une femme (Nahid) va lutter contre son mari pour garder son enfant et reconquérir sa vie amoureuse dans une société machiste (rôle de son frère !). Ce film dévoile toute l’ambigüité de la société Iranienne figée dans des codes désuets mais où la vie s’exprime avec une force et une énergie incroyable par le biais d’une femme luttant pour sa vie et son avenir ! A noter l’option légale d’un «mariage temporaire», même à répétition !!!

Mon Roi de Maïwenn était attendu avec impatience après le «Polisse» qui avait embrasé La Croisette. Contrairement aux avis négatifs de la critique, c’est un beau et émouvant film dont on ne peut que regretter quelques longueurs et boucles redondantes (problème d’écriture récurrent apparement au sein de la délégation filmique Française...mais de cela, on en reparlera !). Vincent Cassel en séducteur manipulateur et Emmanuelle Bercot en amoureuse qui ne peut se libérer de son emprise sont parfaits et illuminent les plus beaux moments du film dans le bonheur comme dans le désespoir.

Vers l’autre rive du japonais Kiyoshi Kurosawa est un film étrange, flirtant avec le fantastique, sans pathos ni excès de religion. Un mort revient auprès de sa femme afin de terminer ce qu’il avait à faire. Nous apprenons ainsi que parmi les vivants, certains errent sans trouver la sortie vers l’au-delà et risquent de se perdre. Ballade douce amère au parfum Bunuelien.

Enfin, un des plus beaux coups de coeur de ce Festival, un film pétillant et étincelant, chargé d’énergie positive et qui pose (une nouvelle fois !) la place des femmes dans une société patriarcale dominée par la religion musulmane. 5 jeunes filles, soeurs orphelines, sont élevées par une grand-mère et un oncle. Leur liberté d’adolescentes sera enfermée derrière une véritable muraille et la famille décidera de les marier au plus vite afin d’évacuer le problème de leur émancipation. Mariages arrangées, unions forcées, jusqu’au suicide de l’une d’entre-elle et à la fuite des deux dernières vers Istambul et la modernité ! Le film respire l’ivresse de la révolte et les personnages savoureux de cette fresque familiale en disent bien plus que nombre de thèses sur la place des femmes dans la société archaïque. Mustang de la réalisatrice Deniz Gamze Erguven nous dévoile une société Turque dans toute sa complexité et offre un espoir à ceux qui veulent enfermer les femmes dans un corset de codes et de religion. C’est un véritable printemps bien loin de l’hiver "cinéphilique" convenu de l’an dernier !

Voilà, des coups de coeur, des films qui font réfléchir et rêver, ces images qui se télescopent en une chaîne ininterrompue d’espoirs et de luttes. Le Cinéma c’est cela aussi et surtout, une fenêtre sur le monde pour mieux le comprendre et le transformer, pour mieux aimer les femmes et les hommes !

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