Voyage en Inde : le choc
La chaleur au sortir d’un hiver sur la Côte d’Azur. Et cette odeur si particulière qui nous accueille dans notre première halte, un mélange sucré/salé, des épices aux odeurs fortes, de l'encens qui brule, à celles plus contrastées d’une pollution et de la misère humaine. Les couleurs aussi, vives et tranchées, saris chatoyants, écharpes bleues et rouges, arbres flamboyants aux fleurs éternelles, vert soigné des gazons hérités de l’envahisseur...
Et tout de suite, cette foule qui envahit l’espace, ces véhicules de bric et de brocs, tchuk-tchuks, rickshaws et hybrides deux roues, aux côtés de cars de touristes rutilants et de voiture de maître qui s’entremêlent et roulent dans un concert de klaxons permanents, dans les avenues spacieuses saturées de la Nouvelle Delhi comme dans les ruelles escarpées asphyxiées de la vieille ville.
L’Inde si étrange et mystérieuse, celle des riches Maharadjas comme des enfants faméliques de la Mère Teresa, celle des aventures coloniales sanglantes de l’Angleterre, comme celle d’un voyage initiatique du Mahatmah Ghandi en terre de non-violence qui débouchera sur l’indépendance en 1947, et de son assassinat, 6 mois plus tard par des extrémistes hindous de son propre camp. Et remonte alors ces livres et films qui nous hantent, fascinés par cette impossibilité de donner une lecture unique à ce qui n’est qu’un puzzle impossible à assembler.
Tout est si complexe dans ce pays qui vous heurte d’entrée et ne peut vous laisser indifférent. Les villages de toiles accrochées aux arbres en abris de fortune pour une population qui survit d’expédients sur les trottoirs de la ville, comme les parcs verdoyants qui s’étalent et offrent des havres de paix aux milliers de touristes qui cherchent à donner un sens à ce qui les percute de plein fouet en déjouant leurs certitudes.
La beauté altière des gens comme la main tendue des enfants de la rue, le sombre vestige d’un passé de gloire, comme l’avenir incertain d’une grande nation, tout n’est que mystère et remet en cause nos modes de vie et de pensée tournées vers l’unicité. C’est le premier enseignement d’une plongée en état d’apesanteur dans ce pays d’ivresse qui vous prend aux tripes pour ne plus vous laisser respirer.
Ces deux jours à New Delhi nous permettront de plonger dans l’histoire de l’Inde grâce aux explications passionnées d’un guide indien, Prime, au sourire désarmant. De l’extraordinaire Mosquée de Qutub Minar avec son minaret de 72 mètres de haut, érigée en 1192 afin de célébrer la victoire du conquérant musulman sur les hindous au mausolée où sont déposées les cendre de Ghandi avec une flamme qui ne s’éteint jamais, du tombeau de Humayun, envahisseur moghole au XVIème siècle au temple actuel Bangla Sahib des Sikhs qui résonnent toute la journée du chant des musiciens en prière et servent gratuitement 25 000 repas par jours aux pèlerins et aux visiteurs accueillis avec bienveillance et chaleur.
Mais nous partons déjà pour le Rajasthan, et d'autres rencontres, alors suite au prochain billet !