Un discours pour une retraite : Jean Claude Gayet !
Cher Jean-Claude,
Il faut que je te le dise mais ton départ à la retraite est une excellente nouvelle… surtout pour la MJC ! En effet à force d’être dans une Maison des Jeunes, tu commençais à faire tâche dans le tableau. Effectivement, vu que vers la fin de ta carrière tu avais l’âge moyen d’au moins 3 adhérents, tes conseils prenaient de plus en plus l’aspect de ceux du vieux sage pontifiant qui a tout vu, tout entendu et à qui on ne le fait plus !
Et cela, c’est impossible !
Le principe même de la jeunesse, c’est de rêver l’impossible, d’affronter l’improbable, d’imaginer l’incroyable et comme tu as connu tous les cas de figure possible, qu’à chaque fois tu pouvais rétorquer qu’au siècle dernier, on l’avait déjà fait -(avec l’ancien directeur Bernard Oheix, par exemple !)- tu commençais à sérieusement bassiner tes jeunes adhérents et être en décalage avec leurs aspirations.
Et puis ton salaire avec l’ancienneté s’accumulant commençait sérieusement à gréver les comptes de la MJC. Le prochain embauché coutera au moins la moitié de ce que tu percevais et le trésorier s’en frise les moustaches par avance !
Disons-le, quand moi, jeune et dynamique directeur issu de la formation je suis nommé à ce poste qui était le plus au Sud disponible, j’arrive dans une belle ville de Bourg en Bresse où il y a encore des maquignons qui soupèsent toujours le pis des vaches sur le champ de foire enveloppés dans des capes noires du plus bel effet. Robin des Bois est à la mairie et attend l’élection d’un président de la république socialiste, l’église de Brou à survécu aux guerres et n’est pas encore le monument préféré des Français qui s’égarent dans la Bresse… mais toi, tu es déjà là. Bon c’est vrai que tu étais tout jeune, un ancien militant des MJC que mes prédécesseurs avaient embauché et dont j’héritais par la force des choses.
Tu avais une belle dégaine, des yeux clairs, des cheveux coupés courts, un éternel sourire narquois te barrant le visage dont on se demandait parfois s’il n’était pas, quand même, une marque d’irrespect. Mais de travailler avec toi allait vite prouver le contraire.
Avec quelques autres « jeunes » qui entrèrent en force par la fenêtre, (je ne citerai pas les noms car certains n’ont pas encore fait leur pot de retraite), tu as amené un souffle flamboyant. Je me rappelle de ta tête quand à la Nuit de l’Horreur tu as dû tapisser tous les murs de l’entrée de papier crépon noir avec mamie Ophélie ou que l’on a découpé une porte pendant la projection de Massacre à la Tronçonneuse avec une scie électrique dans les hurlements du public, toi qui était responsable de la sécurité ! Où quand tu m’harnachais avec une corde de pendu pour présenter la soirée et que j’espérais que tu ne te tromperais pas : je voulais survivre à tes noeuds !
Ta tête aussi lors du combat à coup de révolvers de la Nuit du Polar sous la neige dans le patio de la mère Touton, notre présidente dont le grand âge n’avait que sa jeunesse d’esprit pour compenser sa passion de la vie !
Tu as été de tous les coups, jamais le dernier à proposer un plan tordu, un effet de plus… même si tu savais que c’est toi qui allait devoir écoper pour tout remettre en état dans les locaux.
C’est vrai qu’on a fait une belle équipe… mais c’était il y a près de 40 années, je te le rappelle.
Sais-tu que depuis, la situation a quelque peu évolué. Il y a eu Internet, Face Book, la fin des cassettes vidéos et l’agonie des CD, la disparition des walkman, Sarkosy et Hollande… il était temps que tu te remettes en « marche » pour voguer vers des horizons nouveaux, que tu jettes aux orties tes conseils frelatés de vieux sage et que tu affirmes enfin que tu es un artiste, un potier de talent, un créateur de formes nouvelles.
Tu vas t’apercevoir que ce n’est pas une punition de faire partie du 3ème âge… surtout au début d’ailleurs ! Des projets, des voyages, ton art vont remplir pleinement ton quotidien. Se lever une demi heure après que le réveil sonne, ne plus avoir à supporter Pascal ou Chantal, veiller le soir devant un bon film pas forcément cochon, entrer dans la MJC sans avoir a s’essuyer les pieds, tu verras, cela a son charme !
Mais si tu veux un conseil de vieux con, profite vite, car le stade d’après, c’est rhumatisme, arthrose et diète le samedi soir pour cause de sucre dans le sang ! mais cela est une autre histoire.
Avec Thérèse et les enfants, tu fais partie de notre vie, de ces années de jeunesse bressane que nous avons adorées. Tu restes à jamais un ami fidèle et je suis même prêt à « retchatcher » avec toi, quand tu veux, où tu veux.
Bonne retraite à notre ami Bressan et vive les vacances.
Et surtout, continue à poteler la matière inerte et à créer ces formes élégantes dans la terre que tu aime tant et qui nous enchantent.
Vive Jean Claude Gayet, Vive la MJC de Bourg en Bresse et Vive la France !