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Cauchemar en Gambie !

Publié le par Bernard Oheix

Une photo qui devait illustrer le précédent article. Collection de masques, visages de douleur, comme un coin enfoncé dans notre mauvaise conscience ! Sortilège de l'Afrique !

Cauchemar en Gambie !

Départ à 7h pour Zigenchor, la capitale de la Casamance. Une longue route avec comme point délicat annoncé, le passage en bac vers Banjuls, en territoire Gambien. La Gambie est un pays qui n’existe pas. Il est né dans l’esprit enfiévré d’un colon découpant à la hache un territoire étroit longeant un fleuve en plein milieu du Sénégal. Longue langue de terre incluse dans l’ethnie Wolof, elle, devenue anglophone par les hasards des tractations entre puissances coloniales.

De Thiès à Kaolak, dans la brume matinale et une température fraiche (13°), le trajet fut entrecoupé par d’innombrables «gendarmes couchés», des dizaines de petits dos d’âne à briser les essieux, souvent non signalés, longue succession de freinages jusqu’à un quasi arrêt pour passer les éperons de goudron. Heureusement, les vendeurs de fruits et d’objets divers se positionnent autour des ces obstacles, profitant des ralentissements obligatoires pour interpeller les conducteurs et leur proposer une gamme invraisemblable de produits divers allant du portable aux régimes de bananes, meilleur avertissement possible pour annoncer les obstacles sur la route !

Le passage de la frontière Gambienne fut haut en couleur, avec succession de chefs et de sous-chef pour attribuer les visas de transit et fouille intégrale de la voiture et des bagages par la brigade anti-drogue fort passionnée par la montagne de médicaments que notre infirmière (Thérèse) avait prévue pour le long séjour aux «Bijagos» qui nous attend, dans ces îles désertiques qui sont notre destination.Blocage pendant une demi heure sur une boîte de Doliprane ! Les passeports tamponnés, les papiers du véhicule paraphés, nous filons vers le bac promis et nous nous insérons dans une longue file de véhicules anarchiquement stationnés pour apprendre que certains sont déjà là depuis plusieurs jours dans l’attente de la prise du bac dont une des navettes est en panne et l’autre tributaire de la marée à cause de son tirant d’eau. Le miracle aura-t-il lieu ? En Afrique, tout est possible, même l’impossible ! La soutane de notre curé Albert, notre guide, envoya un premier signal que Dieu était avec nous. Un des «responsables», et ils sont nombreux, catholique fervent, nous fit sauter la longue file pour nous retrouver en 3ème position du sas d’accès. Deux heures s’étaient écoulées mais la vision d’un portail vert s’ouvrant sur chaque ferry débarquant, (environ toutes les heure et demie), signe d’une libération imminente nous faisait espérer en ce miracle. Las ! Le capharnaüm incroyable de cette entrée, coincée entre le déversement des camions de l’usine d’arachides qui jouxte le sas, le flot des véhicules tentant de sortir du ferry, l’amoncellement de ceux qui tentent d’entrée, les taxis en maraude et les piétons et vendeurs à la sauvette, créent un invraisemblable chaos, de bruits, hurlements, odeurs par une température de 35°où tout se termine dans le rire et la bonne humeur de tous. Par deux fois, les grilles s’ouvrirent pour nous, pour se refermer mystérieusement ! Et le premier authentique miracle (il y en aura 3 !) aura lieu quand notre fervent catholique réussit à nous faire pénétrer après 6 heures d’attente en ultime véhicule sur les portes du bac se refermant. Plus de 6 heures d’attente avait été nécessaires, mais l’odeur marine et les lumières de Banjuls, la capitale de la Gambie, pointaient à l’horizon. 30 minutes de traversée pour toucher au paradis.

C’était oublier que les incidents dramatiques récents de la Casamance autour du bois précieux (plus de 20 morts) avaient crée une tension perceptible dans toute la région.. Traversée de Banjuls dans le compagnonnage traditionnel en Afrique des marchés à ciel ouvert nocturnes et d’une pollution effroyable avant de pouvoir rejoindre la frontière Gambienne où le 2ème miracle eut lieu. A 21H55, les pandores en grand uniforme  apposèrent leur tampon indispensable sur nos passeports, 5 minutes exactement avant que les barrières ne condamnent le passage jusqu’à l’aube du lendemain. Le poste de contrôle Sénégalais aux abonnés absents, nous roulâmes dans la nuit, à tombeaux ouverts pour tenter de rejoindre notre hôtel réservé à Zigenchor à 80 kms de là Mais à Diouloulou, dans la nuit, une chicane en rondins de bois en travers de la route vint doucher nos derniers espoirs. Un militaire, fusil mitrailleur en bandoulière, en travers de la route, nous signifia que la route était fermée la nuit à cause des incidents. Il n’y avait strictement rien autour de nous avec comme seul possibilité d’attendre l’aube dans notre véhicule. Impasse ! Patatras !

Et le 3ème miracle eut lieu. A Diouloulou, une communauté catholique existe dont le curé Justin avait été en séminaire avec Albert, notre guide. Coup de téléphone, voiture dans la nuit, deux curés s’embrassent et se congratulent devant le militaire qui s’écarte. Nous nous sommes retrouvés à 23h dans la maison du prêtre, avec la bonne en train de nous griller un succulent poisson aux oignons, un verre de whisky, toujours des rires et un lit confortable avec moustiquaire, bien nécessaire en ce pays de mangroves et de forêts... et une certitude que le lendemain serait un autre jour !

il n’en reste pas moins que les Sénégalais n’ont pas vraiment un grand amour pour les Gambiens et que la nuit, les chauve souris entamèrent un concert pour nous endormir d’un sommeil réparateur !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

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