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Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Publié le par Bernard Oheix

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Rentrée 2010. Je prépare la saison Sortir à Cannes qui se déroulera de septembre 11 à avril 12 avec une certaine émotion. Ce sera la dernière de ma carrière après 22 ans de direction de l'événementiel au Palais des Festivals. J'ai décidé de prendre ma retraite à 62 ans, malgré Le président Lisnard et la Directrice-Générale Giuliani qui me proposent de prolonger... La lassitude, la peur qui montait paradoxalement, la crainte de faire la saison de trop...l'usure !

Alors je me penche sur mon dernier opus... J'ai la brillante intuition de vouloir faire un dernier tour avec un partenaire assidu de mes divagations. Régis Braun, c'est plusieurs créations en commun, un Rezvani flamboyant, un Soldat Schveïk déambulatoire dans les jardins de la médiathèque superbe... C'est un ami de culture et je lui commande donc une dernière création, ce à quoi il me répond :

-Ok, mais je choisis le texte et tu joues dedans...

-Banco !

Bon sur le moment, cela ne m'a pas traumatisé... C'était si loin et ce vieux démon qui me poussait à m'exhiber allait enfin être récompensé. Je serai sur scène pour ma dernière saison, alors que pouvait-il m'arriver ?

Sauf que quelques mois après, Sophie mon adjointe, entra dans mon bureau, un curieux sourire en coin : 

-Dis Bernard, tu as lu la pièce que Régis a décidé de monter ?

-Non, c'est quoi ?

-Linge Sale de Jean Claude Grumberg

-Et alors ?

-Ton rôle, heu tes rôles...

-Dis-moi tout...

-Tu joues d'abord une blonde à forte poitrine, puis une martiniquaise qui chante et enfin un technicien du théâtre...

Un ange est passé ! Puis la peur comme une vague. Jouer déjà, deux femmes en plus, et devant un public que j'avais forgé par 15 ans de programmation ! Sueurs froides à gogo !

Et les répétitions avec des comédiens professionnels talentueux, la précision du metteur en scène, leurs attentions devant mon inexpérience et leurs encouragements permanents, 2 séances publiques à Cannes et une reprise pour une série de 7 séances à Nice.. Le bonheur est dans la salle ! Mais le stress violent, et ce d'autant plus que j'étais confiné le premier tiers de la pièce contre un rideau me dérobant au yeux du public et que je ne pouvais bouger avant une entrée, certes brillante, mais bien tardive avouons-le !

Une expérience magique. Après avoir programmé tant de comédiens, tant de pièces, je mettais enfin le doigt sur la réalité de leur vie et des fantômes qu'ils affrontaient !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !
Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

C'est Arnaud Gobin, mon complice en écriture, cinéaste avisé, qui m'offrit cette superbe composition dans un docu-fiction, "Les prisonniers de l'ile", diffusé avec grand succès sur France 3.

J'y campais, perruque aidant, le chevalier Saint-Mars, garde chiourme du Masque de Fer. Vêtu en mousquetaire, je déambulais dans la cellule et sur Sainte Marguerite en maltraitant un comédien dissimulé par un masque.

J'étais tellement devenu mon personnage (Stanislawsky aidant !) que je n'ai pu résister à mettre cette photo sur le badge cinéphile du Festival du Film : 35 films après, les gardiens (les vrais !) de la salle de La Licorne ne s'était toujours pas habitué à ma tronche !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !
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