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Tableau d'une exécution.

Publié le par Bernard Oheix

Depuis l'ouverture de la scène 55 à Mougins, avec sa magnifique salle de 600 places, René Corbier, le Directeur Artistique propose une programmation d'une extrême richesse, son goût sûr fait merveille et allie le jeune spectacle et les valeurs plus confirmées, les découvertes et les propositions sont multiples, faisant de ce lieu, une incontournable étape avec Antibes, Cannes et Grasse.

René Corbier, ex-directeur de la culture à Cannes, mon collègue et ami des années Palais des Festivals, cultive les amitiés fidèles, respectueux et toujours ouverts, bienveillant envers les artistes et créateurs qui lui rendent bien les soins qu'il a pour eux.

C'est à Cannes, à la représentation d'une pièce sur le Festival du Film (Cannes 39/90, une histoire du Festival par la compagnie Y dont je vous reparlerai) que nous nous sommes retrouvés et qu'il m'a proposé de venir découvrir une artiste, Agnès Regolo qu'il suit depuis des années et accompagne dans sa dernière création avec sa compagnie Du Jour au Lendemain : Tableau d'une exécution avec 4 jeunes comédiens de l'Erac (École Régionale d'Acteurs de Cannes) dans sa distribution.

J'avoue que je ne savais pas ce que j'allais voir mais un spectacle reste un moment unique de découverte et qu'il soit programmé par mon ami Corbier était une bonne motivation pour être présent en ce mardi 15 novembre à 20h30 dans la salle au moment où le rideau rouge se lève !

 

Le peech du programme : "Préférée à tous ses confrères peintres, Galactia est désignée par le Doge de Venise pour peindre la fresque monumentale célébrant la victoire des Vénitiens sur les Turcs (La bataille navale de Lépante au XVIème siècle)."

Pendant 1h30, nous allons être suspendus à une mise en scène éblouissante sertissant un texte sublime de Howard Baker, écrivain poète britannique encore vivant, qui interroge les rapports entre l'Art et le Politique, l'artiste et le pouvoir, la place des femmes et le pouvoir de l'image. 

Il y a une modernité dans cette pièce qui interroge le passé pour parler de notre présent. Galactia jouée par l'étonnante Rosalie Comby, porte sur ses épaules toutes les interrogations majeures de notre société contemporaine : le pouvoir et la culture, les rapports homme/femme, l'amour et la liberté, l'argent et la gloire, les convictions et les peurs. 

Les 8 comédiens évoluent dans un décor austère où chaque élément joue son rôle dans une fluidité surprenante : tables qui se transforment en scène, en prison comme en atelier de peintre, lumières ciselées à la perfection qui découpent l'espace, costumes sombres, accessoires minimalistes comme pour mettre en valeur le texte et le mouvement.

C'est du grand théâtre, une force incroyable qui suspend le temps et vous amène à des interrogations fondamentales sans didactisme mais avec sensualité, fait appel à votre intelligence tout en vous plongeant dans un univers d'émotions.

Bravo à toute l'équipe qui a réalisé cette performance sous la direction d'Agnès Régolo, une comédienne qui a été dirigée par les plus novateurs des metteurs en scène avant de devenir, elle-même, depuis 1997, une metteuse en scène avisée qui monte des pièces où la réflexion n'est jamais loin de l'émotion, qui sous l'aspect ludique parle de la noirceur de l'âme et de la beauté de la vie.

Et bravo à toute l'équipe de la Scène 55 qui prouve à l'évidence que l'on peut faire du grand théâtre dans un monde qui s'interroge sur ses propres errements et oublie parfois sa part d'humanité.

 

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