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La femme qui écoute

Publié le par Bernard Oheix

Parfois, l'émotion est un bien étrange vecteur vers une jungle inconnue où l'on se révèle dans sa crudité... c'est peut-être la leçon qu'il faut retenir de ce retour vers l'infini de son passé. Et puis, derrière les mots, imaginez cette femme qui écoute, pensez seulement à ce qui se passe dans sa tête ! 

Mais on ne peut se mettre à la place des autres, tout au plus tenter de les comprendre, et même cela, c'est sans aucun doute trop demander !

 

        La recherche avait été ardue. Plus de 30 ans déjà. Elle était assise sage et intimidée, le dos bien droit sur la banquette rouge. Je percevais sous ses airs détachés la tension qui l’habitait. Je la connaissais trop pour ne pas imaginer son cœur battant, la sueur sous sa paume qui étreignait un verre de menthe à l’eau, ses yeux qui évitaient de plonger dans les miens. Il suffisait que je tourne la tête pour sentir son regard détailler mon profil et scruter les atteintes de l’âge. 30 ans déjà ! Avais-je changé ? Je connaissais les rides qui cernent mes yeux, les tâches sur l’épiderme qui naissent au fil du temps, je percevais le poids qui oppresse chaque organe d’avoir vécu des heures de trop, à rêver inutilement. On ne discernait rien encore de ce qui se tramait en moi. Il y avait tout cela. Il y avait aussi cette interrogation, pourquoi ce coup de fil, pourquoi 30 ans après chercher à la revoir ? Dans quel but ?

Je surgissais d’un néant où je m’étais enlisé et je tirais la chaise devant elle pour m’asseoir comme si nous nous étions séparés pour un long week-end avant ces retrouvailles. J’hésitai au moment de poser mes fesses. En équilibre, j’ai gauchement avancé mes lèvres et posé un baiser sur sa joue. Etait-il possible d’être devenus des inconnus après ce que nous avions partagé ? J’ai perçu son souffle, fleuré son haleine, elle me parlait encore de ses mots d’amour que l’on échange dans la nuit, quand tout s’arrête et qu’il ne reste que le silence des amants, l’étreinte des émotions. Elle m’avait confié des secrets cette bouche, elle avait embrassé mes lèvres et glissé sa langue en cherchant un impossible avenir. Elle était univers, destinée, centre du monde et nous ne savions pas alors que le futur n’existait pas pour nous.

Elle s’appelait Inès, fille de réfugiés espagnols, l’aura de la révolution dans ses yeux à la pupille si noire quelle me faisait penser à un puit sans fin où l’on pouvait se perdre. Je m’y suis perdu. Elle avait la beauté de la jeunesse, j’étais moi-même si jeune alors et je ne savais pas grand-chose de la vie des autres, même de la mienne d’ailleurs. Nous nous étions rencontrés sur une plage du Trayas dans le Var. Elle sortait de  la mer, ruisselante d’une eau qui gouttait et suivait les courbes de son corps. Je pensais que les rêves étaient faits pour fuir la réalité et nous enfermer dans nos peurs. Avec elle, j’ai osé. Je l’ai rejointe sous la douche, nous avons ôté sans pudeurs nos maillots et je lui ai fait l’amour. Je me sentais si sûr de moi que je l’ai ouverte à mon horizon. Elle m’a accueilli comme la chose la plus naturelle du monde et nous avons joui de cette jouissance qui fusionne à jamais deux inconnus, qui laisse pour l’éternité une trace dans les corps, une mémoire dans les émotions. Nous étions faits pour nous aimer, rien ne pouvait entraver cet appel de la nuit des temps.

 

 -Je suis heureux de ta présence. Tu dois te demander comment je t’ai retrouvée. C’est simple, depuis des années je voulais te revoir, j’ai cherché sur Internet, il n’y a pas tant de Inès Ramirez qui habitent dans la région parisienne. Une grosse poignée, il m’a suffit de passer des coups de fil en posant quelques questions, c’est ainsi que je suis tombé sur toi. Tu n’as pas changé ton nom de jeune fille et j’ai eu de la chance que ce ne soit pas ton mari qui décroche ce jour-là. Aujourd’hui, tu es en face de moi. Cela fait 33 ans, 4 mois et 19 jours que j’attends ce moment. Je te fais grâce des heures. Tu dois aussi te demander pourquoi je t’ai donné ce rendez-vous, quelle raison me pousse à t’inviter à boire un pot dans ce café précisément, après tant d’années pendant lesquelles j’ai disparu de ta vie. Je vais te le dire, mais avant, laisse-moi te regarder. Tu es si belle, je ne t’ai pas rêvée, tu es bien là. Merci.

Je suis venu te dire certaines vérités que j’ai oubliées de te confier quand il aurait fallu l’oser. Je sais que c’est trop tard mais elles n’ont pas de frontières, elles ignorent le temps qui passe, les aléas du quotidien et les rythmes de nos existences désordonnées. Nous sommes des galets roulés par la mer, je me devais de revenir vers toi pour t’offrir un dernier cadeau, celui que je n’ai pas su te confier au moment opportun.     

 

               Nous nous étions promis de ne pas nous perdre, de garder ce trésor que nous avions partagé, intact, que les siècles à venir ne pourraient effacer ce désir partagé, j’étais naïf. La vie n’est pas cette partition parfaite que nous imaginons écrire, elle nous échappe en permanence, ne laisse que des vides béants derrière nous,  un sillage comme un corolle funéraire de toutes nos lâchetés, de nos errements.

Pour elle, j’avais tout quitté, enfin le peu que je possédais. J’étais si romantique. Quitter ma région, ma famille, adopter la capitale en empruntant les pas de l’aimée m’apparaissaient du plus grand héroïsme. Ma licence d’histoire en poche, la rentrée si loin, la fièvre si près, ce bouillonnement qui m’embrasait et me poussait à envahir son existence, son désir si proche du mien qu’il se confondait dans nos élans. Ces bras m’enserraient et m’attiraient toujours plus profondément en elle. Nous avions la passion des amants, cette innocence si blessante qu’il faut solder un jour en blessures et en larmes.

Elle était secrétaire de direction dans une entreprise de quincaillerie, percevait un salaire conséquent et dès notre arrivée sur Paris, emménagea dans un petit studio du 13ème arrondissement qui devait consacrer notre amour. Elle se donna à moi avec cette profondeur que seules les femmes savent offrir, cette capacité de s’oublier pour celui qu’elles adoptent et aiment sans détours. Je sais que tu m’as offert la pureté de ton âme, la sincérité de ton amour, le don de ta personne sans aucune réserve. J’ai cru que je te rendais la pareille et que dans mes mots passionnés, tu trouvais ton comptant, que je soldais notre addition en plongeant mes yeux dans ton regard, j’étais bien loin de la vérité.

 

                -Te souviens-tu de ces pas que j’avais collés au plafond, ces autocollants rouges qui traçaient une voie impensable dans le salon où nous dormions. Ils dessinaient un chemin de traverse que nous ne pouvions emprunter que les yeux perdus dans les cieux. Je posais ma main sur ton sein, la pénombre régnait et les gommes phosphorescentes nous guidaient vers une terre qui n’appartenait qu’à nous, un refuge dont nous étions les seuls occupants dans un monde d’étoiles. Je n’ai pas su conserver mes illusions, je niais la peur qui m’étreignait en te serrant dans mes bras. Je n’ai pas menti, juste refusé de voir la réalité. Une fuite en avant, toujours plus vite, toujours plus incapable de démêler l’écheveau de fils qui m’étouffait petit à petit. J’ai persisté, et surenchéri en reculant encore les frontières de mes doutes, les liant désespérément à tes espoirs. Nous ne pouvions nous contenter de notre existence, il fallait désormais inventer notre vie, une autre vie.  

               Nous avons vécu le quotidien des amants hors du temps. J’ai trouvé un travail dans un magasin qui vendait des téléviseurs et des disques. Je m’occupais de réassortir les rayons, recevant des clients pressés, tous investis d’une frénésie de consommation dans cette fin des années soixante qui nous avait placé au centre du monde. Nous étions l’avenir, nous avions tant à faire. Pour la première fois de ma vie j’étais libre, j’avais de l’argent, une femme si belle qui m’attendait et Paris s’offrait à nous. Chaque soir, nous écumions les cinémas, les salles de concerts, les théâtres. L’histoire du soldat avec Jean Babilée, Johnny Hallyday, Hair, les séances du studio de la Huchette, la nuit des morts vivants de G-A Roméro, à minuit dans une messe horrifique où le public se déchaînait et où nous feignions l’angoisse pour mieux nous enlacer.

 

Et entre ces sorties et le réveil du matin, l’amour sous toutes ses formes que tu m’as appris en déclinant les positions du Kama-Sutra du petit livre rouge dérobé chez Maspero, cette fusion totale de deux sexes qui vont vers le plaisir avec une intensité gommant le temps et l’espace. Nous en avons vécu des morts blanches à percevoir la terre s’ouvrir sous nos pieds, à fondre dans les soubresauts de nos désirs assouvis.

 

               -Je n’ai pas su t’aimer et je m’en excuse. Que c’est-il passé exactement ? Je connais désormais le prix de tes larmes, elles me hantent depuis tant d’années et n’ont rien perdu de leur goût salé. Elles sont mon remord et je te les restitue en présent, en gage de tout l’amour que tu m’as offert et que je n’ai pas su te rendre. Tu espérais une vie nouvelle et j’étais celui qui devait t’emporter et t’ouvrir au monde. Je me souviens de cette fuite en revenant de l’Angleterre, au moment précis où nous devions nous affranchir de nos liens et tout quitter. Je te faisais miroiter un monde d’aventures, des escales exotiques, l’Amérique du Sud, notre première étape, le sac au dos et l’espoir au cœur. Je t’aimais sincèrement, tu as pu en douter, j’en conviens, mais si je t’affirme aujourd’hui que j’ai souffert de ma peur du vide, cela te consolera-t-il pour autant ?

 

 

 

J’étais sur le quai de la gare, nous revenions de Bournemouth où nous logions dans un bungalow au bord de la mer. J’avais encore le goût du sel de ta peau, l’odeur de notre dernière étreinte, l’image de ta nudité si pleine au matin de notre ultime lever. Tu ne savais pas encore que j’allais disparaître plus de trente ans de ta vie. Comme dans les films, nous nous sommes enlacés, je t’ai serrée dans mes bras, j’ai comprimé ta poitrine contre la mienne pour conjurer tes larmes, je ne voulais pas te voir pleurer. J’avais déjà obscurément mauvaise conscience même si je ne m’étais pas encore décidé à ne plus revenir. Une ombre rodait, cela je le savais. Ou bien, je n’osais formuler ce que mon cœur avait déjà décidé, niant ce retour incongru que d’obscures raisons me faisaient provoquer. Il s’agissait de mettre de l’ordre, de préparer notre voyage vers l’impossible ailleurs, de régulariser mon statut d’étudiant, d’embrasser mes parents dont je ne te parlais jamais, toi qui m’avais caché aux tiens.

               Jusqu’à quel point t’ai-je trompée ?  Tu avais une capacité de don d’amour, j’avais celle de puiser dans ces réserves qui me semblaient inépuisables. Nous étions faits pour ne pas nous comprendre, pour fuir la réalité en un chemin inverse, deux opposés se neutralisant par aveuglement. Celui de l’amour inextricablement confondu avec la peur du vide, celui du transport exalté avec la crainte d’un futur incertain. La violence des sentiments par l’angoisse, un couple bancal uni par une passion fragile. Nous ne pouvions perdurer, même durer, juste être au bord d’un précipice, le vertige  en écho. Cela ne fait pas une vie, un passage tout au plus entre l’âge du possible et celui des certitudes.

 

Dans le train de nuit, le roulement des boggies rythmait une langueur étouffante. On peut se persuader de nos erreurs et s’entêter devant l’inéluctable. C’est ce que j’ai fait. Je me suis enfoncé dans la nuit sans retour et tu t’es accrochée à l’espoir jusqu’à ce qu’il meure en te laissant si seule devant les décombres d’une passion trop grande. Moi, j’étais ailleurs, toujours aussi perdu, toujours avec cette faculté de nier la réalité pour me pardonner mes faiblesses.

Je ne savais pas ce que tu étais devenue. Celui que j’avais chassé de ta vie avait-il recollé les morceaux de ton cœur en t’offrant un abri pour les longues nuits d’hiver ? Pensais-tu parfois au coin d’une rue, sur le quai du métro Glacière, dans le hall d’un cinéma qui avait accueilli notre amour, à cet homme qui t’avait dérobé une partie de tes rêves ? Comment bâtir sur du sable ? Comment arrêter la fuite des jours ?

J’ai laissé le temps prendre sa mesure, refait ma vie, gagnant suffisamment d’argent pour voyager le plus loin possible, découvrir cet ailleurs que je t’avais entrouvert mais dont j’avais refermé la porte sur tes illusions. J’ai vieilli. A bientôt soixante ans, je ne dirai pas ce qui ronge mon cœur, ni la bête qui s’est installée dans mes entrailles. Il est trop tard pour la pitié, j’en ai eu si peu à t’offrir.

 

               -Je suis venu te demander pardon pour les fautes commises. Pour le temps passé et pour t’avoir dérobé l’espoir. On peut vivre sans lui, j’ai appris cela au fil du temps. Qu’aurions-nous créé ensemble ? Nul ne peut répondre à cette interrogation. C’est ainsi, j’ai fait mes choix, j’ai parcouru mon chemin sans t’avoir à mes côtés, je ne sais toujours pas qui a été le plus meurtri de cette absence,  toi qui m’aimait ou moi qui n’est pas su t’aimer. Je ne cherche rien, on ne peut rattraper le temps perdu. Je ne regrette que le prix de ta souffrance mais ce serait présomptueux d’imaginer que ta vie dépendait de la mienne. Je suis responsable et coupable. Qu’est-ce que cela change ? Tu as enterré tes rêves, j’ai enseveli mes doutes et la vie a continué. J’espère que ton bonheur a gommé mes cicatrices. Je voulais juste te remercier de m’avoir aimé et te dire au  revoir, adieu.

                Je me suis levé. Je la dominais de ma tête et j’ai discerné une pellicule humide dans ses yeux si profonds. J’ai posé ma main sur son épaule, l’empêchant de bouger. J’ai serré mes doigts en un contact impossible et j’ai tourné la tête avant de tourner les talons. Je commençais à mettre de l’ordre dans mon passé, il était temps.

 

 

                Dans l’avion qui glissait entre les nuages cotonneux laissant apercevoir les crêtes découpées des Alpes et les traînées de neige qui s’accrochaient, j’ai posé ma tête sur l’accoudoir et j’ai fermé les yeux. Je me suis assoupi, entre songe et réalité, le cœur battant. Je n’ai pas pu résister. J’ai extirpé de mon sac le calepin noir à la couverture de cuir. Je l’ai ouvert au signet rouge qui dépassait.

Il y avait une liste de vingt noms de femmes. Inès était la 8ème. Je l’ai soulignée d’un gros trait rouge et suis allé directement à sa fiche. J’ai inscrit le jour et l’heure de notre rendez-vous, une description de son physique, 30 ans après. Puis, j’ai noté de lui envoyer un mail le 27 avril, une lettre le 18 mai et j’ai coché la 2ème semaine de juin pour un week-end à Deauville. Elle accepterait, j’en étais persuadé. Il suffisait de faire durer le plaisir des retrouvailles et l’attente est un moteur délicieux pour ceux qui ont des certitudes. J’avais aussi pas mal de rendez-vous déjà calés et d’autres noms à contacter. La vie était vraiment belle, elle m’avait si bien écouté et ses larmes faisaient resplendir la lumière du jour. Elle aussi, je l’avais vraiment aimée.

 

                                                                                                               A Carmen R...dans un univers parrallèlle !

 

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All about Eve

Publié le par Bernard Oheix

Eh oui !

Je viens de me baigner. Il y a quelques heures je jouais à être un dauphin dans la méditerranée dans une eau translucide (merci le départ des touristes ! ), température de l'eau excellente, et je pensais dans mon fort intérieur, nonobstant mes problèmes avec la presse (cf . précédent édito), que j'étais un homme heureux. Et pour cause !

Samedi 14 octobre. Vivre un spectacle exceptionnel pour l'ouverture de la saison. Juan Carlos Caceres. Un argentin à la voix rauque, un homme plein d'intelligence et de finesse qui emporte le public dans les volutes d'un tango primitif, loin de la sophistication d'un Piazzolla, aux racines d'une musique populaire, hybride entre la musique noire (tango veut dire percussion en bantou), la milonga brésilienne et la musique des carnavals. Avec lui, c'est tout un pan de l'histoire qui est revisité et son groupe (bandonéon et contrebasse tenus par deux superbes femmes et deux percussions plus son piano) déclenche une tornade et invite à la fête. Merci monsieur Caceres de ce pur moment de bonheur et d'énergie. Merci d'être aussi simple, comme si l'on pouvait être brillant et naturel, un génie extraordinaire et un homme normal.

Dimanche 15. Chez Eve. Grande fête pour saluer son départ. Toute l'équipe est présente, les conjoints et les enfants sont là. Une belle réunion pleine d'émotion, de cadeaux et de discours...tiens, tiens !

Et puis, départ annoncé pour Séville et le Womex ( un marché de musiques du monde) avec son cortège de découvertes, rencontres et coups de coeur. Du théâtre à Paris aussi. Soyons fous et vive la culture !

PS : Je vous ai parlé du départ à la retraite d'Eve. C'est mon premier cas, il y en aura sans doute d'autres. Je me suis fendu d'un discours, un vrai, à la Oheix. Si le coeur vous en dit. Bon courage.

 

EVE


Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand j'ai commencé ce discours, le 9 octobre à 15h30, une page plus loin et sans l'avoir enregistré, une coupure d'électricité dans nos bureaux a emporté mon texte tout frais dans le paradis des mots envolés, ce no man's land où gisent tant de mes formules géniales par la tourmente d'une technique absconse dérobées.
Qu'à cela ne tienne ! J'aurai donc deux fois du talent, un double effort que tu mérites bien, si on le compare au nombre des années pendant lesquelles tu dus subir mes foudres, courber ton échine pour passer sous le bureau afin d'accomplir la tâche qui t'était dévolue : permettre à ton directeur d?être créatif et dégagé des contingences matérielles.
Non, Eve, tu ne seras jamais remplacée. Il faut que cela soit dit. Tout au plus pallierons-nous ton absence en comblant le vide que tu laisses dans ces bureaux orphelins de ton sourire en coin, de cet air décalé qui faisait de toi, un sphinx parmi les tigresses, une légende du siècle dernier dans un univers futuriste.
Souvenons-nous et égrenons ces quelques pages d'or qui ont marqué quelques décennies de la culture cannoise.

La première fois que je t'ai rencontrée, tu étais belle, jeune et douce. C'était au lycée Carnot, à la fin des années soixante. Tu rayonnais des atours de la jeunesse mais déjà maquée à un peintre anarcho-révolutionnaire, tu te consacrais aux causes perdues avec une délectation qui frisait la sainteté. Tu étais plus âgée de quelques saisons, mais ta constance à ne pas briller en classe me permit de me glisser dans ton sillage et de profiter de ton ombre et des miettes d'une présence hautaine que tu m'octroyais avec dédain.
Ce n'est pas avec toi, hélas, qu'en 68, je pus conjuguer révolution et sexe, occupation de la cantine et collectivisation des dortoirs, enthousiasme révolutionnaire et dérèglements nocturnes. Non, il fallut une blondasse pour me permettre de t'oublier et me dévouer à la cause des peuples. Qu'à cela ne tienne, la vie avait décidé de nous séparer par un de ces clins d'oeil dont elle est coutumière et de nous donner rendez-vous quinze ans après dans l'ombre d'un Corbier en fleur.
Que savons-nous exactement de ces années de plomb où tu disparus corps et bien de Cannes ? Certaines mauvaises langues ont osé émettre l'hypothèse que tu collaboras en Roumanie avec les services secrets de Ceausescu, que tu trempas dans de sombres histoires d'espionnage et que le fruit de tes amours ombrageux s'épanouit sous les traits de deux ravissantes gamines frondeuses qui font ta fierté et celle de ton compagnon.
Que Nenni, comme dirait Marie.
Tu fus une hétaïre des salons de Bucarest, important l'élégance et le bon goût à la Française dans ces territoires des confins de l'Europe centrale et ton forfait achevé, te réfugias dans les terres inhospitalières du centre de la France, entre les porcelaines de Limoges et les pis abondants de quelques grosses vaches qui ne te faisaient point d'ombre. Tu t'es refaite ainsi une virginité, entre l'âtre fumant et les soupes de navets et de pois chiche, te requinquant pour affronter un avenir qui s'annonçait enfin flamboyant.
Car depuis le début de cette sombre histoire, tu savais pertinemment que Cannes t'attendait. Encore fallait-il que tu puisses y revenir dans de bonnes conditions, avec la certitude de retrouver Bernard Oheix et sa compagnie de pieds cassés qui allait devenir célèbre dans le monde des nuits folles de la Croisette.
L'opportunité se présenta enfin. Refaire les bagages, se faire embaucher par René Corbier en utilisant une nouvelle fois ton charme et ton talent ne fut qu'une formalité : tu savais que j'allais arriver et avec moi, le souffle du grand large et la certitude d'une fin de carrière exaltante.
Nous nous retrouvâmes donc réunis, toi et moi, et autour de nous, quelques jeunes filles constituant ce phalanstère auquel tu aspirais depuis la fin de ces années de soufre se constitua. Bonheur de venir au travail sans savoir quand tu en repartirais. Satisfaction de ces tâches roboratives qui prenaient les couleurs de l'arc-en-ciel d'être accomplies la passion au ventre. Le festival de guitare fut le socle fondateur de cette union sans pareille qui nous permis d'éperonner la culture cannoise et de constituer la première brigade d'intervention de l'agit-prop azuréenne.
Qui se souvient qu'en cette période, la culture prenait les formes rondelettes de Scarcafamme, les traits sévères de Monrose, l'hystérie d'Isabelle Truc. Pas de saisons à l'horizon pour meubler nos soirées, les Frugier en gestionnaires de salles vétustes et Sophie Dupont qui ne se pointait qu'à peine en nous annonçant qu'elle ne resterait pas longtemps dans cette galère !
Florence la tuquette et ses rêves d'un mari (un vrai, un romantique !) qu'elle n'accomplit que bien plus tard avec un fils du Portugal qui lui fit une belle petite fille, Elisabeth, l'attachée de presse qui n'aime pas la presse, la fleur des îles et son Victor basané, et qui d'autre encore dans cette première vague d'espoir qui nous embrasa sous la férule d'une Léadouze adjointe au Maire, débarquant dans notre monde décalé avec sa générosité et les bons sentiments d'une mère Theresa de la culture.
Vint ma vaine tentative de te quitter mon Eve. Episode noir s'il en fut. N'y tenant plus, jaloux jusqu'à l'obsession de ton peintre, je décidai de te fuir en emportant la Sophie, abandonnant mes autres collaboratrices à leur triste sort. Combien je le regrette, combien cet épisode me paraît infâme et sordide avec le recul désormais. Vous laisser dans les griffes de Pierre Jean l'abominable pianiste qui maltraitait les pianos en meurtrissant les femmes. Un trésor que je lui léguais qu'il ne sut exploiter. Devant votre peine et ce désarroi général, je décidai de faire don de ma personne et de revenir vous dorloter. Je vous devais bien cela mes petites chéries et votre pénitence avait assez duré.
S'ensuivit les années folles de l'événementiel.
Tu étais à ton zénith alors !
Nous en avons réalisé des prouesses avec des bouts de ficelles malgré les mots d'un Lefrancq, directeur financier vengeur, sabrant dans la culture comme un hussard polonais ivre de fureur. Des présidents, directeurs ou directrices, nous en avons vu défiler et toujours, cette équipe qui t'entourait, fidèle, même si quelques strates apparaissaient régénérant le cheptel de la culture en la renforçant quelque peu. Nadine, Daniel, comme des orphelins égarés trouvant le gîte et le couvert auprès de toi. Jean-Marc, Hervé apportant leur masculinité et leurs gros biceps pour t'émoustiller, Marie-Ange sa voix douce pour nous bercer d'illusions. Nous avons campé comme des soldats, connu les affres des fonds sous-marins sonores, des lasers à rien, des réussites et des échecs, des salles pleines d'amour et des festivals s'enchaînant comme des perles sur un fil d'or que tu tissais de tes mains habiles.
A l'apogée de ta gloire, devenue cadre en charge des contrats de notre direction, tu décidas de prendre un nouveau contrat sur l'avenir en adoptant le petit Karimou au sourire malicieux qui te permettait de te souvenir que les années filaient, tes filles s'envolaient et convolaient et que ton peintre se dégarnissait tout en affûtant le trait de sa plume.
Las ! Déjà les atteintes de l'âge se font sentir dans tes artères fatiguées de pulser tant de passions. Déjà l'impatience de se retrouver chez toi prévaut sur les veillées spectacles que tu condescends encore à effectuer mais du bout des doigts désormais. Tu commences à disparaître des caterings, la faute à un dos récalcitrant, tu n'assistes plus qu'au compte-gouttes aux spectacles magiques programmés par ton directeur, ceux-là même qui t'auraient fait courir autrefois, tu aspires à souffler en ta retraite et c'est bien ce que tu nous prépares dans le secret de ton château fort inexpugnable du Cannet.
Une dernière rafale de minettes rajeunissant l'équipe de l'événementiel te fit sentir à quel point désormais ton sort était suspendu à l'enthousiasme et à la vitalité de ces jeunes filles en fleurs, les Séverine et autre Eurielle qui débarquaient avec frénésie bousculant tes habitudes et le confort intellectuel dans lequel tu t'assoupissais.
Il était temps.
Le départ de Lefrancq résonne encore comme le glas du tocsin. Funèbre et lancinante musique t'appelant à le rejoindre. Car maintenant qu'il y a prescription, devant ton seigneur et maître, je peux l'avouer : tu l'aimais le bougre entretenant des relations ambiguës à souhait avec le maître des chiffres du Palais. Plusieurs versions circulent. As-tu trompé ton amant potentiel, c'est-à-dire ton directeur qui te pourchassait depuis des lustres, avec un autre, en l'occurrence le directeur financier, sous l'oeil complice de ton mari ? As-tu osé, franchir le cap, accomplir l'inimaginable en mystifiant la culture par la finance? le mystère demeure et les greniers de notre mémoire croulent sous les diverses versions de cet amour impossible. Toujours est-il que son départ provoqua chez toi, le désir de le rejoindre dans la retraite et de rompre avec ton présent de labeur.
Tu as donc tranché. Une nouvelle fois c'est ton coeur qui a parlé. Et tu nous as lâchés définitivement en refusant de te lever un certain 2 octobre 2006 à 7h23 pour venir pointer dans le Palais des Festivals et des Congrès de Cannes. Tu es libre Eve, il paraît même qu'il y en a qui t'ont vue voler dans l'azur de la Baie de Cannes depuis ce jour fatidique.
Et tu t'es enfin libérée des Oheix, Dupont et consorts. Tu peux au matin, regarder le soleil se lever et le soir se coucher. Tu te consacres à ton mari, ton enfant, tes filles, tes petits-enfants et tu sais que la vie n?est pas un long fleuve tranquille mais que tu campes désormais sur sa rive en observant les tempêtes d'un oeil détaché. Tu as raison Eve. Tu es mon premier départ à la retraite d'une carrière éphémère et tu resteras à jamais celle qui m'a indiqué le chemin de la sortie d'un doigt nonchalent.
Pourtant, nous nous retrouverons encore et toujours, nos petites chaises roulantes accolées, nos têtes se touchant, nos sonotones branchés au maximum. Nous nous confierons alors ces histoires du temps passé, celles que nous avons partagées, quand la culture avait encore un sens et que créer à plusieurs signifiait aussi rêver à l'unisson.
On t'aime Eve, et puisque l'on ne peut vraiment pas se quitter définitivement, tu garderas encore ta plume pour nous concocter quelques beaux programmes, les derniers avant que la cataracte ne t'oblige à inventer des mots nouveaux pour parler de l'amitié et de l'amour, quand plus rien n'a d'importance que le moment à vivre et qu'il faut se dépêcher d'en goûter le sel pendant qu'il est encore temps.
Eve, l'éternité commence aujourd'hui pour toi. 


 


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Histoire vécue (6)

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des moments dans la vie qui comptent double. Cette expérience valut son pesant de cacahuètes. Faut dire, accepter un tel plan démontrait à l'évidence que j'étais un peu barge. Pour être honnête, je ne suis pas sûr qu'il y ait eu une amélioration. Vous verrez, j'en possède d'autres dans ma besace ! Cow-boys-indiens...nordistes-sudistes : à vous de choisir votre camp...mais méfiez-vous, l'histoire exige son tribut !


La reconstitution historique de la bataille de Nashville




Avril 1989. Festival de guitares. Pierre Olivier P. en est le directeur artistique, un guitariste sans talent, professeur sans passion mais qui a eu le nez creux en créant une manifestation autour de la guitare. Les relations ne sont pas toujours faciles entre nous.
POP avait décidé d’inviter Chet Atkins et Marcel Dadi, (vous savez la guitare à Dadi !), le français étant le plus fidèle lieutenant et l’admirateur inconditionnel du génial guitariste américain. Dans la foulée, il nous propose de réaliser une reconstitution de la bataille de Nashville qui s’est déroulée pendant la guerre de sécession opposant les nordistes et les sudistes, les forces fédérales aux confédérés. Sa rencontre avec un adepte des jeux de rôles grandeur nature ayant débouché sur une soirée bien arrosée et sur ce projet délirant.
Il faut savoir que deux associations existent, l’une en Belgique, l’autre en France. Ces bons pères de familles, cadres et ouvriers, se donnent des rendez-vous secrets dans des propriétés du Massif Central pour se la rejouer en technicolor, cette guerre. Ils achètent des costumes, se fabriquent des armes (fusils, canons), récupèrent des éléments de décors, tentes, couteaux, havresacs et le temps d’un week-end, crapahutent, se tirent dessus (à blanc !), s’égorgent à l’arme blanche dans l’espoir de confirmer où d’infirmer les leçons de l’histoire !
Il faut être honnête : pour « barges » que nous apparaissent ces « soldats du temps », cette reconstitution excite toute l’équipe de l’Office de la Culture dont je suis le directeur adjoint. Imaginez ! Dans cette ville de Cannes de la période du bicentenaire de la révolution, ce projet ambitieux et hors normes. Tous les ingrédients sont réunis afin de nous autoriser à rêver et à sortir du moule d’une culture aseptisée et formatée. Le goût pour l’histoire avant que la mode ne lance ce type de reconstitutions devenues très prisées.
L’endroit choisi se situait au cœur de Cannes, les Allées de la Liberté les bien nommées. Le jeudi, deux convois dégorgent devant les badauds estomaqués, une bande de soiffards qui se précipitent sur des fûts de bière et montent les tentes (copies des authentiques) au carré après nombres altercations (sic) entre nordistes et sudistes sur la délimitation des emplacements. Les cordes arrimées à des pieux jalonnent ces carrés de toile grise qui flottent dans la brise du soir. Les nuages (on est en avril, et même s’il ne pleut jamais sur la Côte d’Azur !!!) se décident alors à déverser un violent orage sur les protagonistes qui se retrouvent trempés, le camp se transformant en un champ de désolation boueuse. On est vraiment à Nashville !
Plusieurs tonnes de sable en sac de jute définissent des zones, un glacis de positions de combats, dégageant une arène d’évolution en leur centre, le public se répartissant tout autour de cette immense place qui résonne plus souvent aux chocs des carreaux des boulistes plutôt qu’à l’explosion des canons confédérés issus d’une contraction ubuesque de l’histoire.
Le samedi soir Chet Atkins et Marcel Dadi offrirent un concert sublime aux 600 spectateurs entassés dans la salle de la Licorne. Au sortir de cette soirée mémorable, un message de la police nationale m’attendait. Il me demandait de me présenter le plus rapidement possible au poste de la rue Borniol. Angoisse au ventre, je me présente. Un fonctionnaire débonnaire m’attend et me convie à expliquer comment et pourquoi un indien, un vrai indien avec la jupette de cuir, les plumes dans les cheveux et un coutelas de 30 cm accroché à sa taille, peut se promener dans la rue d’Antibes en avril.
-Monsieur, le carnaval c’est en février.
-Oui, mais c’est un éclaireur des nordistes !
-Comment ? (tête rubiconde du fonctionnaire ebaudis)
-C’est un des acteurs qui réalisent la reconstitution historique sur les allées, vous savez, c’est moi qui l’organise pour la mairie.
Pas convaincu, le pandore dubitatif accepte de relâcher notre Geronimo contre la promesse qu’il ne promènera plus son coutelas d’égorgeur dans les rues éclairées de la ville.
Sommeil entrecoupé de cauchemars prémonitoires. Scalps en trophées, canons qui explosent, batailles rangées à l’arme blanche entre les troupes rugissantes, chevaux se cabrant…

Que vous dire de cette reconstitution. Le pire. Du désordre né de ces réunions insupportables avec les responsables des deux camps ne voulant en faire qu’à leur tête et refusant de monter un scénario cohérent. Les à peu près d’une parade qui allait engager notre crédibilité, notre image. Notre désarroi d’organisateurs impuissants à canaliser la fougue de soldats emportés par le souffle de leur propre histoire.
Le meilleur aussi. Magie du spectacle. Les deux armées défilent. Pas un bouton de guêtre ne manque. Tout rutile sous le soleil, les chevaux piaffent, les canons se glissent à main d’hommes entre les obstacles, harmonie des musiques militaires. Tout y est. Chet Atkins prend sa guitare et entame l’hymne sudiste. Marcel Dadi se saisit de la sienne et joue l’hymne nordiste… les deux morceaux fusionnent. C’est beau à pleurer.
Notre indien, en bon éclaireur à la solde des fédéraux, quand les hostilités se déclarèrent, décida de monter dans un des immenses platanes qui se trouvent en plein milieu du champ de bataille afin de parfaire son rôle de guetteur et de justifier ses appointements réglés en fioles d’eau de feu. Un acolyte l’aide à grimper et, comme un sphinx, il campe fièrement, la main en visière, l’œil perché sur la ligne d’horizon. Las ! Ayant présumé de son aptitude à descendre de son perchoir comme un singe, il restera bloqué sur sa branche tout le temps de l’engagement, ses appels à l’aide se noyant dans le vacarme des vociférations de soldats en transe occupés à se déchirer. Coups de feu, rafales, les soldats miment la mort en chutant lourdement pour se relever après quelques minutes et reprendre le combat comme si de rien n’était, les troupes de réserve n’ayant manifestement pas eu le temps d’être exhumées des cercueils de l’histoire.
Pendant une heure, entre le ridicule et le fantastique, de grands enfants vont jouer aux soldats d’opérette pour le plus grand plaisir des milliers de spectateurs qui se sont massés le long des barrières et contemplent ces scènes caricaturales exhumées des lambeaux d’une mémoire tragique de l’humanité.
Spectacle terminé. La bière coule à flots dans les gosiers asséchés des vaillants combattants.
Et puis vient le moment de défaire ce qui a été bâti si laborieusement depuis trois jours. Et savez-vous ce qu’il advint ? Les nordistes après trois heures de travail intense, campent fièrement devant leurs paquets soigneusement entassés devant le bus, tentes pliées, havresacs alignés. Ils se mirent à huer les sudistes, à les couvrir de lazzis. Leur camp ressemblait à un capharnaüm digne d’un tableau d’apocalypse. Tout gisait sens dessus dessous, plié à la va vite, avec des bouts de ficelle, jeté pêle-mêle dans la plus grande des confusions. Quelques confédérés se disputaient sur l’ordre du chargement, d’autres draguaient des jeunes filles en fleur, certains, allongés sur des tapis de sol, riaient en se remémorant leurs exploits à l’aide de grandes lampées de bière.
Une nouvelle fois, l’histoire se réécrivait en lettres d’or et la sentence de l’officier supérieur nordiste sonnait le glas de tout espoir de revanche : « -Regardez ce foutoir, vous comprendrez maintenant, pourquoi les sudistes ont perdu cette putain de guerre ! »

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D'Eve à Cali

Publié le par Bernard Oheix

Le baiser qui tue. Après Cary Grant et Ingrid Bergman, Humphrey Bogart et Lauren Bacall, BO et Eve.

                                         L'événementiel au grand complet fêtant le départ d'Eve en feu !        

Il a fallu 40 ans pour que j'ai l'autorisation de baiser ses lèvres. Eve, à la veille de son départ, au moment où les concerts de septembre ouvrent la saison 2006/2007. Elle nous lâche la bougresse et s'oriente vers une vie plus centrée vers son nombril. Tout un programme !

Les Grands Concerts de septembre

La sublimissime Tanya St Val, Diva du zouc, reine de mon coeur. Elle est douce et belle et chante comme elle vit, avec passion ! Tanya, je t'aime !

C'est Da Silva, un petit homme vert, issu du punk, en train de refaire le monde et sa vie. Il est humble, ses textes sont beaux et ciselés dans l'or du temps. Il tient la scène avant son pote Cali l'extraterrestre. Il a tout du grand notre portuguais de service. Les fêtes foraines, l'indécision où la meilleure amie sont des petits bijoux. Achetez le disque Décembre en été, c'est une galette qui se laisse déguster et vous habite au fil des écoutes

Et Cali pète un plomb.

C'est la dernière de son spectacle, 160 concerts à travers la France et le monde. 25 personnes sur la route, des heures a partager un rêve, à vivre en dehors de la réalité. Ils sont tous là pour cette ultime séance. Dans la salle, c'est de la folie. Deux heures debout, le public oublie les sièges rouges de velours, tangue et vibre au diapason de ce chef d'orchestre hors du commun. Il est heureux et triste. Il se donne et s'oublie. Il va aller jusqu'au bout de la nuit avant de s'évader dans un univers qui lui appartient désormais. C'est Cali. Respect !

 

Cali dans le hall. Il est 1h30 et la centaine de fans qui fait le pied de grue ne veut pas le laisser partir. On sort la guitare et on y va de son refrain.

Il monte sur une table et et chante avec son choeur improvisé.

 

 

 

 

Il est deux heures du matin. Tout le monde est épuisé...sauf lui. Cela finira à la fermeture du Harem, dans la ville, avec du champagne et la nostalgie d'une page que l'on tourne. Un belle page d'amour et d'amitié qui s'achève dans notre ville. Merci mister Cali.

 

 

 

J'aurai aussi pu vous parler de Gloria Gaynor. Avec ses quelques kilos de trop et une voix fatiguée, elle reste une grande dame du disco et assure à l'américaine. Un I will survive de folie de 10 mn en final avec le public debout.

Je vous ai épargné les photos de Tina Arena... ( mais comment peut-on avoir une voix aussi belle sur des textes aussi débiles, une robe qui la fagote autant, des hauts talons qui l'empêchent de se mouvoir et aussi peu de contact avec son public...) Dommage, elle mériterait mieux.

Inutile, de même, de vous décrire la québéquoise de service. Natasha st Pier. Il y a si peu à dire !

Petite information : c'est sur le concert de Tina et Natasha que nous avons cartonné !!!! Presque une salle complète. Ah ! Public, que je t'en veux parfois pour tes choix si abscons !

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