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2008 tombe à l'eau...Vive 2009 !

Publié le par Bernard Oheix

...c'est la faute à Sarko !
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à Barroso !

Par un beau matin , dans une fraîcheur hivernale baignée d'un soleil luisant clair et beau (sic), comme chaque année, n'écoutant que mon courage, j'entraîne Julien, mon fils et Christian, mon beau-frère corse dans une plongée marine à ciel ouvert afin de tester notre courage !

Vous me direz, moi qui ai eu le privilège de plonger de nuit, par un trou dans la glace, par -40°, dans les plaines verglacées de Vologda, en Russie...qu'est-ce donc que cette température quasiment estivale ?
Bon, je vous la fais courte, c'était quand même pas un sauna cette Méditerrannée en ce matin du 24 décembre 2008.

La preuve, l'air dégagé de Julien au moment de rentrer dans l'eau !


En arrière-plan, les "rochers rouges" de La Bocca... Lieu mythique  où j'ai appris à nager, plonger, où j'ai dragué les fonds à la recherche des histoires d'eau et autres aventures ! Notez ce palmier esseulé qui tente d'insuffler une perspective exotique au visage coincé de mon fils !



Et  pour vous prouver que tout ceci n'est pas un montage avec une photo quelconque prise cet été, voici la preuve absolue de notre fait d'arme ! Nice-Matin, canard béni des dieux, titrait d'une façon prémonitoire, "Des stars planétaires à Cannes". Sont-ce pour moi que ces mots s'étalent sur la Une grasse ?
2009 nous le dira...
Bonne année à  tous !

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Noël au Paradis

Publié le par Bernard Oheix

Et pour ce petit Papa Noël ?

 

Quelques beaux cadeaux pour vous tous… ou tout ce que vous pourriez trouver dans vos chaussettes suspendues à la cheminée et que vous avez secrètement espéré sans vous l’avouer !

 

Par exemple…

Un banquier qui sache où va l’économie et qui serait capable de nous indiquer la direction à prendre ? Il nous expliquerait pourquoi le même baril de pétrole est passé de 90 dollars à 150 pour redescendre à 40 en 8 mois… Il nous démontrerait que nos hommes politiques sont cohérents avec eux-mêmes en donnant aux riches quand la situation est bonne (loi Tepa) pour prendre aux pauvres quand tout va mal (plan de sauvetage des banques)…Qu’il est normal de gagner de l’argent sans rien faire, uniquement parce que l’on en a, et tout aussi normal de ne pouvoir travailler pour en obtenir…C’est ce même banquier qui nous a poussés à acheter des actions Natixis qui ont perdu 95% de leur valeur ou de bénéficier de 400% de hausse sur d’autres valeurs, tout aussi artificiellement. Ce banquier qui nous taxe sur tous les services les plus pervers mais ne rémunère pas les dépôts d’argent qui dorment sur nos comptes, inflige des amendes scandaleuses pour les découverts des pauvres et des jeunes tout en aidant le puissant et lui servant en prêt-à-porter, des costumes sur-mesure, afin de ne pas payer d’impôts et de rentabiliser au maximum ses investissements. Ce banquier aux parachutes dorés de plusieurs millions et aux salaires mirifiques qui a plongé l’économie dans le marasme et tend désormais la sébile pour sauver un système que plus personne ne décrypte, pire, qui n’a jamais existé, dans lequel il a joué à l’apprenti sorcier pour des conséquences bien réelles sur la vie des innombrables personnes dont l’horizon n’est pas d’engranger mais de consommer pour survivre !

Une France enfin sereine avec ses ministres démantelant les services de l’état parce qu’il faut déréguler, décloisonner, permettre la concurrence, ouvrir aux capitaux, casser les monopoles, fussent-ils au nom du public pour le bien de tous…Tout cela avec autant d’efficacité que pour les renseignements téléphoniques (vous savez, notre bon vieux et simple 12 !), désormais, on a plein de services, on ne sait jamais à qui téléphoner tout en payant plus cher, ou l’eau que l’on surpaye pour des actionnaires anonymes dont les sociétés engraissent des inutiles déjà trop riches, les autoroutes rentables que l’on a rétrocédées aux grands groupes pour une poignée de figues et qui deviennent plus chères sur les tronçons les plus fréquentés et moins là où il n'y a personne, les subventions que l’on distribue à des groupes industriels qui s’empressent de délocaliser dès que l’opportunité s’en présente…  etc, etc !

Que les profits passent au privé et les charges au public, les riches ont au moins cette cohérence de tout faire pour le devenir encore plus.

Que l’on s’exile dans les paradis fiscaux tout en profitant largement de la situation (les hommes de la finance et de l’industrie), que l’on construise sa carrière sur le public français pour s’enfuir en Suisse afin de ne pas payer d’impôts comme les artistes (où es-tu Johnny ?), que l’on soit formé par les filières publiques d’enseignement et de sport pour trouver asile en Suisse ou à Monaco dès que l’on se met à gagner de l’argent (pauvres tennismans !), n’est après tout que normal, suivant le bon sens populaire que les riches se transmettent leur propre puissance et qu’ils ne le sont point devenus pour donner aux pauvres !

Vive la concurrence donc que l’on retrouvera enfin en muselant la télé publique tout en nommant son directeur à la botte, en retirant les moyens financiers des chaînes publiques pour que les télés privées éclosent de tout bois. La création selon St Profit, avec 2 coupures publicitaires, les parrainages et des programmes abêtissants à gogo. Et l’on entend dans les bois, les voix de la contestation muselées par l’argent !

Le vrai cadeau serait peut-être enfin d’arrêter de penser que les riches font vivre les pauvres ! D’imaginer que parce que l’on a le pouvoir on doive nécessairement l’exercer sans tenir compte des autres ! Que l’ego et la couleur de l’argent ne se discutent pas ! De trouver enfin un sens à sa vie ailleurs que dans l’exploitation de ses sentiments les plus sombres !

Quand donc la troïka composée de l’homme politique, du patron et du banquier fera naître l’espoir… quand ils auront épuisé toutes les ficelles de la prestidigitation ? C’est-à-dire jamais !

Et si la vie était simple comme le sourire d’un enfant, un concert d'Abd Al Malik, une tirade de Pierre Santini, un livre d'Yves Simon, un film des frères Cohen, un solo de Sylvie Guillem... ou tout éclair de beauté dans la nuit scintillante de nos espoirs ?

Alors, on pourrait hurler : vive Noël !

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Hugo versus Maupassant...

Publié le par Bernard Oheix

Quand la langue chante, que les mots sont des bijoux ciselés, que les inflexions de la voix envoûtent, que les règles sont là pour libérer l’imaginaire, alors, l’expression n’est plus une contrainte mais un art de vivre, une esthétique de la pensée, un vecteur vers l’âme de ceux que la beauté illumine.

Que ce soit dans le Victor Hugo d’Anthéa Sogno ou dans les Contes Fantastiques de la Compagnie NéNéka, cette magie opère dans l’éblouissement d’une verve sublimée.

 

Victor Hugo, mon amour.

Spectacle Anthéa Sogno.

Mise en scène par Jacques Décombe

Avec Anthéa Sogno et Sacha Petronijevic

 

40 000 lettres échangées entre Victor Hugo et Juliette Drouet, 40 000 traits d’union entre un poète dramaturge et une maîtresse enflammée qui abandonnera le théâtre pour se consacrer à un amour sans limite.

Pendant 50 ans, ils vont correspondre, partager, se confier l’indicible et hurler leur passion dans des lettres incessantes. « -Ecris-moi, écris-moi tout ce qui te trottera par la tête, tout ce qui te fera battre le cœur » lui dit-il lors de leur rencontre, en 1833, pendant une lecture de la pièce Lucrèce Borgia que Hugo vient de terminer.

Dans la vie dévorante de Victor Hugo, où se mêlent femmes, littérature, politique, famille, Juliette Drouet restera une constante de la vie, au-delà des rancœurs du quotidien, de la jalousie, de la peur et du vieillissement.

Le 11 mai 1883, Juliette Drouet s’éteindra comme la flamme d’une bougie soufflée par les vents contraires. Victor cessera d’écrire en une réponse définitive. Son encrier s’assèchera parce que son cœur se tarira de ne plus pouvoir aimer celle qui transgressa les lois de l’amour en devenant sa muse pour l’éternité.

40 000 lettres pour un demi-siècle d’une passion si intense qu’aucune frontière ne pouvait l’enfermer.

C’est le travail d’orfèvre d’Anthéa Sogno d’aller chercher, dans cette correspondance, la réalité d’un amour fou et de le rendre au vivant. Découpages, collages, mots crus, élans, tout est dans le texte, tout se met à exister dans la bouche des deux comédiens. Mystérieusement, leur amour se matérialise à travers les mots, devient concret, perdure par-delà la légende des siècles.

Combien est magnifique cette langue libérée et combien elle pourrait se suffire à elle-même ! Style, classe, formule, rhétorique… rien n’est plus juste que ces mots dérobés au temps passé que l’on exhume comme des trésors.

 

A l’heure où les publicistes se torturent pour accoucher de slogans dont la vulgarité n’a d’égale que la pauvreté, quand il faut frapper par les mots pour convaincre par l’esprit, Victor et Juliette dans une correspondance privée, certainement pas destinée à être partagée par d’autres lecteurs, énonçaient la plus belle des vérités : le cœur est une science exacte, avec lui, point besoin de se torturer pour définir la phrase juste, c’est la juste phrase qui s’impose quand les sentiments sont à l’unisson des actes.

Que ce soit dans un discours politique (combien seraient inspirés nos hommes politiques d’en copier quelques élans), dans un poème bouleversant dédié à la mort de sa fille, (A l’heure où blanchit la campagne !), que ce soit dans l’échange amoureux, dans les conseils d’une Juliette à son grand homme d’écrivain (le titre des Misérables, c’est elle !), dans la passion physique où dans l’éternité de l’attente, les mots sont des perles enchâssées sur l’écrin des sentiments les plus nobles. L’âme peut s’élever jusqu’aux cieux quand la grandeur de l’être lui offre des raisons d’espérer !

 

Contes Fantastiques.

Textes choisis de Guy de Maupassant.

Mise en scène : François Orsoni.

Avec François Orsoni et Jean-Pierre Pancrazi.

 

Un beau et sobre dispositif de lampadaires qui découpent des cônes lumineux sur une scène vide. Un homme assis sur une chaise (François Orsoni) lit un livre à haute voix. Il va s’en détacher, se lever et entrer en représentation. Il est celui qui relie le public à la fonction scénique, le grand ordonnateur du désordre que les mots vont introduire dans la mécanique de la peur. De lecteur passif, il devient acteur, introduisant des bribes d’histoires, l’amorce d’une séquence horrifique, saynètes que son alter ego, (Jean-Pierre Pancrazi), va vivre de l’intérieur en étant l’expression de la réalité décrite. Procédé simple mais parfaitement efficace pour faire vivre ces histoires abominables et ces caractères hors du commun qui peuplent de fantômes les pages acides de Guy de Maupassant.

Sans jamais se croiser, s’ignorant malgré une proximité de sens, ils vont se répondre en écho, devenir ces voix qui exhalent la puanteur de ces œuvres sordides où la beauté fleurie sur les victimes du désordre.

Femme aimée dont on viole la sépulture pour une ultime étreinte, veuve rentière qui cherche à récupérer devant un tribunal un bien accordé à un enfant en échange de ses faveurs sexuelles, lettre d’un suicidé qui suit le lent cheminement qui le mène vers la mort, tout se passe comme si l’humanité vacillait sur les rives du désespoir, juste entre l’indicible et l’inénarrable, à la lisière de l’impossible.

De ce point de vue, le conte qui clôture le spectacle est un bijou de haine et d’amour. Un gentil instituteur, aimé de tous, tue ses meilleurs élèves dans d’atroces souffrances pour se venger d’un Dieu tout-puissant qui a autorisé la mort de ses trois enfants adorés emportés par une maladie de poitrine. Il va alors décider de lui voler des vies en lui dérobant des morts. Au passage, comment résister à un des textes les plus férocement athée, un summum d’agnosticisme que je ne peux que vous retransmettre :

 

« …et puis tout à coup, j’ouvris les yeux comme lorsque l’on s’éveille ; et je compris que Dieu est méchant.

Pourquoi avait-il tué mes enfants ?

J’ouvris les yeux, et je vis qu’il aime tuer. Il n’aime que cela monsieur. Il ne fait vivre que pour détruire ! Dieu, monsieur, c’est un massacreur. Il lui faut tous les jours des morts. Il en fait de toutes les façons pour mieux s’amuser.

Il a inventé les maladies, les accidents pour se divertir tout doucement le long des mois et des années ; et puis, quand il s’ennuie, il a les épidémies, la peste, le choléra, les angines, la petite vérole ; est-ce que je sais tout ce qu’il a imaginé ce monstre ?

Ca ne lui suffisait pas encore, ça se ressemble tous ces maux-là ! Et il se paie des guerres de temps en temps, pour avoir deux cent mille soldats par terre, écrasés dans le sang et dans la boue, crevés, les bras et les jambes arrachés, les têtes cassées par des boulets comme des œufs qui tombent sur une route.

Ce n’est pas tout. Il a fait les hommes qui s’entremangent.

Et puis comme les hommes deviennent meilleurs que lui, il a fait les bêtes pour voir les hommes les chasser, les égorger et s’en nourrir.

Ce n’est pas tout. Il a fait les tout petits animaux qui vivent un jour, les mouches qui crèvent par milliards en une heure, les fourmis qu’on écrase, et d’autres, tant, tant que nous pouvons imaginer. Et tout ça s’entre-tue, s’entre-chasse, s’entre-dévore et meurt sans cesse. Et le bon Dieu regarde et il s’amuse, car il voit tout, lui, les plus grands comme les plus petits, ceux qui sont dans les gouttes d’eau et ceux des autres étoiles. Il les regarde et il s’amuse. Canaille va ! »

 

Spectacle merveilleux, ivresse des mots sur des images sordides, je l’avais rêvé. C’est aux Théâtrales de Bastia, il y a deux ans, que j’avais découvert dans une première version qui m’avait passionné, simple lecture polyphonique mise en espace, sans réelle mise en scène. Au cours de longues discussions passionnantes avec les deux acteurs, je leur avais proposé d’en réaliser une version scénarisée et de se retrouver pour une programmation à Cannes. Après quelques mois, ils me présentèrent leur production. Le résultat fut bien au-delà de ce que j’espérais, parce que le talent et le désir se conjuguaient, parce que derrière leur approche d’humilité, un travail rigoureux permettait de rendre au verbe sa magie libérée. C’est la force des belles idées de s’imposer par le naturel. Quand les mots de Maupassant rencontrent l’art des comédiens, les sentiments les plus humains se parent des atours du fantastique.

 

 

Qui aura triomphé de Victor Hugo ou de Guy de Maupassant…aucun des deux ! C’est le verbe qui l’emportera, qui vaincra pour la magie de ceux qui entendent derrière les mots. Deux conteurs fascinants, apôtres d’un style fleuri où l’essentiel est toujours à l’intérieur des signes, qui renvoient vers la réalité en la transfigurant, qui donnent des clefs pour mieux accepter la part magique de l’être humain. C’est avec de tels écrivains que l’on saisit combien la langue française est riche et subtile, capable de parler de la grandeur de l’homme comme de la petitesse de ses humeurs, de dépeindre la vastitude de l’univers au prisme de l’étroitesse des individus.

Comment oser, désirer, écrire derrière de tels jongleurs de mots ?

 

Dernière minute… Dans la série des grands et beaux textes, nous venons de programmer au Palais des Festivals de Cannes, Dom Juan, Le Festin de Pierre de Molière avec Philippe Torreton et Jean-Paul Farré dans une mise en scène de Torreton. Sublime encore ces mots qui chassent sur les domaines des dieux, confrontent la liberté de l’homme au pouvoir de l’infini. Génial ! Cette tirade sur l’hypocrisie que tant de nos hommes de pouvoir pourrait écouter en silence, charge contre les convenances et tribune de l’homme de sang qui peut affronter sa part divine sans renoncer à son libre arbitre. Dom Juan est une pièce redoutablement perverse, d’une ambiguïté sans appel, où le mensonge est une vertu, l’innocence une maladie, le pouvoir de séduire, la possibilité de révéler aux autres leur nature intime. L’humour cache le désespoir extrême d’un homme qui tente de se libérer de ses liens et sa quête de la perfection brûle les existences autour de lui. C’est sa mort choisie qui le sauvera… Et loin d’être l’apologie d’une punition divine, ce banquet avec le Commandeur est le dernier acte d’un homme libre qui défie sa peur !

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La retraite en chantant !

Publié le par Bernard Oheix

Encore un départ dans mon équipe de l'événementiel du Palais des Festivals de Cannes, une retraite en bon ordre, la fuite !

C'est une équipe qui vieillit désormais, tous ces enfants du baby-boom en train de s'évanouir dans la nature, cela fait un peu cimetière d'éléphants ! Et je commence à sentir le vieux bouc, mon tour arrive, à l'évidence !

Bon en attendant, voici le discours prononcé lors du pot de son départ. Un discours de plus pour un salarié de moins.

On gagne une parcelle de son paradis chaque jour que Dieu a fait ! 

 

Qu’est-ce que la retraite ? On se pose tous cette question un jour ou l’autre… plutôt l’autre d’ailleurs !

60 ans…Hier seulement on commençait à travailler, on arrivait pour un premier poste, timide et impressionné… le temps passe si vite. Les mois, puis les années et bientôt les artères qui chauffent et les cheveux qui ont une fâcheuse tendance à tomber tout seul… et je ne vous parle pas du ventre qui tend la ceinture !

60 ans… On regarde tout autour de soi, il y a déjà nombre de nos amis tombés au champ d’honneur du labeur, mais on se sent encore si jeune dans la tête, on sait que chaque lendemain nous rapproche d’une drôle de frontière… mais elle est là pour nous tous, plus ou moins proche, juste au détour de quelques décades, années… ou même d’un lendemain de fête !

60 ans, mais j’ai l’expérience et je peux vous dire que… trop tard mon vieux…Tu n’as rien à dire… A la casse ! A recycler ! Prends tes cliques et ne claques pas !

C’est ainsi Daniel, qu’une carrière se termine et que la retraite se gagne ! Commencée dans l’enthousiasme des terrains de foot où tu brillas comme gardien de but en te niquant le genou au passage, très rapidement, tu délaissas les salves d’applaudissements des tribunes pour des tirs autrement concentrés, celui des artificiers qui tentaient d’illuminer le ciel cannois, et ce faisant, charmaient ton âme de grand enfant.

Penalty.

Car disons-le tout net, Daniel. Tu as oublié de grandir, tu es resté un gamin émerveillé par les feux de Bengale, les fusées rouges, les spermatozoïdes multicolores et les sifflantes stridentes qui déchirent la nuit du ciel. Au lieu de dormir, tes rêves avaient la puissance des cauchemars, de la nuit paisible, tu faisais un champ de tir pour des mines déconfites au matin.

De ton parcours professionnel, que retenir ? Tant de choses il est vrai !

Que tu envisageais avec délice de devenir un taxi-boy quand tu t’occupais des thés dansants ! Que tu t’activais au dîner des anciens en bisoutant toutes les mamies folles de ton corps ! Que tu plongeas dans les contrats en te noyant sous les chiffres ! Que tu flirtas même avec le jazz en payant Nina Simone de ton charme pour qu’elle joue le soir au festival… Et tant d’anecdotes, de gens qui sont passés et ont disparu, évanouis pendant que tu restais goguenard, gardien du temple, accroché à ton bureau et qu’un jour même peut-être, tu nous narreras tout cela dans un blog qui vaudra de l’or !

Mais cela n’est rien !

Car loin de faire une carrière, de construire une stratégie pour devenir quelque chose en étant quelqu’un, tu as joué avec constance comme un enfant, avec des pétards et des mèches, à celui qui avait la plus grosse, à sauter le plus longtemps et la plus jolie, à regarder d’un œil concupiscent les belles formes éclatées de tes copines les bombes !

Tu t’es marié parce qu’il fallait bien le faire et même plusieurs fois d’ailleurs… Tu as eu un enfant parce que la nature a voulu cela… Tu as fait semblant d’être un adulte responsable et sérieux… mais c’était du vent, Daniel Delesalle, une gigantesque escroquerie ! En effet, moi qui te connais bien, je sais que tu n’aimais rien tant que boire avec les potes en attendant le décisif 10ème coup d’horloge de la journée, le moment où les lumières de la Croisette s’éteignent et où tu levais la tête pour jouir de l’ivresse des paradis d’artifices.

Tu as croisé la route de ces grands anciens chamarrés de médailles, Panzera, mort pour l’internationale des feux, ton pote qui t’a initié à la poudre noire en te droguant à jamais, Lacroix, pas le peintre, l’autre, le shooté de la bombe qui t’a pris sous son aile en te faisant voir des mirages d’hallucinés, Igual l’Espagnol qui boit de la sangria en allumant sa mèche et rigole devant les explosions, et les Portugais, les Allemands, tes amis Québécois, et tout ce petit monde des artificiers, ces hommes virils et barbus qui mâchent la cordite en regardant péter le monde plus haut que notre cul… Ils sont une poignée, on aurait pu les enfermer aux îles et tu en aurais été le garde-chiourme averti et heureux… car ils sont ta vraie famille, ceux que tu aimas et qui t’offrirent asile en leur confrérie de l’inutile !

Tu pars à la retraite mais je sais que tu vas revenir goguenard nous narguer, entre deux croisières les pieds dans une eau de mer chaude, sirotant un dernier Morito pour nous observer en train de courir à perdre haleine derrière un temps qui t’a enfin rattrapé !

Et oui, les bombes c’est comme les hommes… même s’il faut longtemps pour les allumer, elles nous pètent tout de suite au nez en dégageant une odeur de soufre.

Reste alors à vivre tout simplement, et c’est ce que l’on te souhaite, Daniel. Profiter de la vie et mordre dans le gâteau de tous les plaisirs avec juste ce qu’il faut de pétards pour t’enivrer dans les étoiles !

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