Mes 5 minutes de gloire...
C’est Andy Warhol qui écrivait que chacun d’entre nous est condamné à avoir son quart d’heure de gloire dans son existence…Bon, dans mon cas, j’ai la nette impression que Montréal 2009 aura entamé ce capital de quelques minutes particulièrement riches ! Jugez-en par vous-même en lisant la suite…
Je suis le Père Noël et nous sommes en juillet…C’est ainsi que j’ai attaqué mon discours devant 25 000 personnes massées sur les gradins de La Ronde déclenchant immédiatement une cascade de rires !
Au départ il y a un voyage éclair à Montréal afin de rencontrer les responsables du Festival de Feux d’Artifice et de Juste pour Rire…deux manifestations avec lesquelles je suis particulièrement lié par des liens d’amitié. 5 jours qui s’annonçaient intenses et qui le furent bien au-delà de mes espérances !
Après une telle entame qui déclencha une première vague de rires, il fallait pouvoir assurer. J’ai donc enchaîné en expliquant qu’il y avait trois raisons à mon statut provisoire de Père Noël.
La première fut expédiée rapidement, en l’occurrence, c’est votre serviteur qui devait distribuer les cadeaux aux artificiers accostant sur le ponton flottant où j’étais juché devant la foule installée sur d’immenses tribunes en arc de cercle. La deuxième me permit de renouer avec le succès. En effet, contrairement à ce qu’affirmait la jeune chanteuse québécoise qui m’avait précédé en tant que marraine de la soirée, j’affirmais haut et fort que ce n’était pas elle qui avait importé le beau temps (les précédents feux s’étaient déroulés sous la pluie et dans les tourmentes du vent) mais bien moi, arrivant de Cannes. Le soleil, en tant que méridional, je maîtrise quand même mieux qu’une native qui ne fait que l’entrevoir pendant quelques semaines de juillet à août ! Pour la troisième raison, je m’assurai derechef un triomphe auprès de la foule.
« -Je viens faire allégeance, devant Martyne Gagnon la Directrice du Festival et toute son équipe, devant vous, chers amis québécois, j’ose l’avouer : Cannes n’est pas le premier Festival de Pyrotechnie du monde, c’est bien Montréal…et c’est dur pour un Français d’avouer un truc comme cela, c’est très dur ! »
A partir de là, j’ai déroulé en souplesse, brodant sur les feux d’artifice et la créativité des artificiers dans cet art devenant majeur, sur les liens d’amitié entre Montréal et Cannes et mon plaisir d’être ici, dans ce temple de La Ronde où se dessine les voies de l’artifice !
Effet garanti pour un discours rondement mené qui m’autorise à penser que j’ai désormais ma place réservée au soleil de l’été
québécois et quelques Québécoises définitivement attachées à l’idée de nouer des liens d’amitié avec la France du sud !
Pour la petite histoire, originellement, c'est le consul d'Argentine qui devait faire le discours, mais son absence de dernière
minute m'a obligé, à la demande de Martyne Gagnon, la Directrice du Festival, d'improviser mon laius...avec le résultat que vous connaissez !
Mais mon séjour avait pour but aussi de rencontrer le Directeur de Juste pour Rire, Gilbert Rozon, un homme avec qui j’avais sifflé un infâme vin dans des cornes de buffles par -30° au carnaval
verglacé de Québec en matant des Miss transies dénudées dans le froid polaire, quelques siècles auparavant, scellant une amitié que ni l’éloignement ni le temps ne pourront éroder. Un homme
étrange, passionnant, chef d’entreprise et visionnaire, à l’humour affleurant en permanence derrière une vision caustique de la vie, dissimulant derrière une provocation permanente, une vraie
pudeur de la vie !
C’est ainsi, qu’honneur suprême, je me suis retrouvé entre les tables de Patrick Timsit ou de Florence Foresti, en train de déjeuner en solo avec maître Rozon pour un repas sympathique, humour et propos sérieux se mêlant en un rideau de fumée que nous seuls pouvions décrypter !
Pendant ces quelques jours, j’ai assisté à une version particulièrement étrange de Boeing-Boeing. Je n’avais jamais vu cette icône du théâtre parisien et outre qu’elle fonctionne parfaitement dans sa mécanique de standard « boulevardien », cette version québécoise, les accents, l’adaptation discrète aux codes locaux, lui donnent une puissance supplémentaire. Un gala (carte blanche) de François Morency réunit Anthony Kavanagh, Eboué, et une pléiade de comiques du crû dans des sketches d’une férocité sans égale !
Si l’on rajoute la zone de déambulations extérieures, en accès gratuit, interdite à la circulation, grande comme le centre ville de Cannes (entre les rues Saint-Denis, Maisonneuve et Sainte-Catherine) où des centaines d’artistes jouent en permanence pour les passants, où des animations sont proposées dès le début de l’après-midi jusqu’au soir tard, où juste pour jouer, juste pour danser, juste pour chanter se confondent en un joyeux mélange qui ne perd pas son sens premier d’amener à la fête, où défilent des jumeaux et explose un carnaval… Alors, on a la dimension de l’événement gigantesque qui se déroule sur 3 semaines à Montréal. Il n’y a pas de pendant à Juste pour Rire…et c’est quand même la deuxième fois que j’avoue cela à nos cousins de la belle province… en une semaine !
Une équipe d’organisation géniale, (beaucoup de filles efficaces et sympathiques), attentive à bien recevoir, un club VIP où se croisent, dans la bonhomie, stars et inconnus, les yeux d’une belle black comme le souvenir d’une Afrique qui élit domicile sur ces terres accueillantes (le Québec est devenu le nouvel eldorado des francophones des anciennes colonies), une mousse avec des amis à parler de transformer le monde par l’humour, des soirées qui dérivent, Nathalie G, adjointe de Rozon comme cerbère de charme pour se fondre dans la nuit quand les chemins se séparent, c’est Montréal 2009, hardi au cœur, Juste un Rêve, un feu d’artifice, Juste un moment de Grâce…
Et je vous certifie que les 25 000 personnes du Festival de la Pyrotechnie de Montréal m’ont applaudi à tout rompre. Je les ai eus, mes 5 minutes de gloire !