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Port-Folio de l'été 2009

Publié le par Bernard Oheix

Des instantanés pour se souvenir d'un été particulièrement chaud ! On commence par quelques souvenirs (agréables) des feux avec deux belles personnalités, Corinne Touzet et Sophie Duez. Ces photos ont été captées par Candice C, la stagiaire qui m'a accompagné tout au long de ces 6 semaines et de ces 6 feux. Année d'exception avec 3 grands tirs (Autriche, Pologne et France) + un hors compétition magique de nos amis italiens de Panzera. Les débats furent difficiles et le palmarès sujet à discussions... mais c'est la règle d'un jury et des étranges pulsions qui le traversent et figent les états d'âme ! 


Bon, faut rêver, Corinne Touzet, c'est ma copine...mais dans le jury de la pyrotechnie 2009, c'est pas tous les jours dimanche, ils sont durs les membres du jury de nos jours  !

Sophie Duez, la présidente du jury...Elle est belle la Sophie, mais quel caractère !
Deux grosses personnalités pour un seul jury, c'était beaucoup pour un humble directeur !

Mais ce n'est pas tout ! Yves Simon, Etienne Perruchon et Françoise Delaporte sont venus nous accompagner à l'occasion, personnalités diverses se greffant au jury avec des regards émerveillés pour ces soirées magiques !


Françoise D...Elle rêvait de rencontrer Corinne T, c'est chose faite !


Les photos suivantes ont été réalisées par mon ami Eriic. Il travaille dans la com et la pub, il réalise des maquettes et des documents et quand il y a des spectacles, il vient se fondre dans la foule derrière sa barbe pour saisir des moments uniques et figer le temps. C'est Eriic, un grand photographe devant l'éternel et mon ami ! Merci de m'avoir permis d'utiliser tes photos !

Nilda Fernandez, dans une clôture des Nuits Musicales du Suquet qui a fait couler beaucoup d'encre, ravissant une grande partie du public pour provoquer l'ire d'une poignée d'excités qui eurent tendance à s'en prendre à votre scripteur. J'ai survécu et Nilda est reparti pour de nouvelles aventures...un opus qui fera date et sortira cet hiver, j'en suis persuadé !
La belle et sculpturale Ebony  Bones illuminant Le Pantiero. un vrai choc, une bombe en train d'exploser sur scène sans retenue. Elle est merveilleuse mon Ebony et elle ouvre magnifiquement ce Pantiero qui vivra de belles heures !

La soirée des DJ's, 3 monstres réunis pour étirer l'espace dans les volutes répétitives de leurs sons, ouvrir une faille dans nos perceptions et jouer avec nos sens...
Rebotini, l'homme machine. Il crée en live, un univers déjanté, assemblage de bruits, de séquences originales et de répétitions en boucles, un vrai compositeur qui rappelle les expériences des années 70 d'un Pierre Henry...Mister Oizo, un animal à sang froid... Il jongle avec les sons des autres, introduit une touche personnelle dans des compositions multiples, surfe sur les crêtes des rythmes pour définir son propre univers. Une démonstration de classe !

Erol Alkan, le Maître anglais. Il fait des reprises qui inventent des morceaux à vif, des plages inconnues, des standards qui explosent sous sa maîtrise absolue. Il va porter le public à incandescence pour le dernier set de ce Pantiero 2009.

L'été se termine enfin. Il y a eu aussi le Jazz à Domergue avec une sublimissime China Moses, Le Festival de l'Art Russe, avec  danse, vodka et  beauté des femmes, une clôture enlevée pour les feux par notre ami Panzera et il ne reste plus qu'à partir en vacances, avec la satisfaction du devoir accompli, une île corse à l'horizon, se reposer, attendre en  espérant que les concerts de septembre soient complets...Au vu des programmes, cela peut s'envisager !
Allez, ciao, je me casse... A bientôt !

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Pantiero 2009

Publié le par Bernard Oheix

 

16 groupes, des dj’s en pagaille, des afters jusqu’à l’aube, le crû Pantiero allait-il résister à la déferlante des plages électroniques (12 000 spectateurs en moyenne par date !), à la création d’un Festival à Nice sur 4 jours, (2many DJ’s)…et à une offre qui s’est structurée depuis quelques années dans la région.

 

Jean-Marie Sevain, le Directeur artistique proposait deux jours à tonalité rock, une hip-hop et une clôture en électro pur et dur.

Sur les 4 jours, quelques belles pépites ont embrasé cette terrasse magique du Palais, suspendue au-dessus du vide, coincée entre le vieux port, la colline du Suquet et la baie de Cannes avec son arc de palaces flamboyants ceinturant l’horizon. 8000 personnes sont venues se plonger dans les délires sonores de ces groupes pas toujours connus en dehors de leur sphère d’initiés, avec une baisse sensible sur la journée hip-hop et le plein sur la dernière journée (3000 spectateurs).

 

Le 8 août.

Après The Chap dont il n’y a pas grand-chose à dire, Fujiya et Miyagi ont marqué par leur pop expérimentale, nimbée de claviers et d’électro, des boucles hypnotiques à la recherche d’un équilibre impossible, des nappes sonores élégantes se développant en harmonie pour imposer un groove psychédélique. Une belle prestation élégante et distancée.

ESG, l’événement annoncé de cette première soirée me laissera sur ma faim. Ces pionnières d’un punk-funk new-yorkais sont une tranche d’histoire de la musique contemporaine. Sur une trame lourde de batterie-percussions et de voix profondes, elles tentent de ressusciter le passé. Elles me paraissent datées, comme si nous assistions à une tranche d’histoire coupée du présent, un album sorti de notre mémoire pour nous souvenir du bon vieux temps (déjà !). Leur force iconoclaste originelle s’est diluée dans l’expérimentation moderne et l’appropriation de ce qui faisait leur force. Reste que les fans ont vibré.

La vraie surprise viendra d’une black déjantée, Ebony Bones. Superbe dans son accoutrement de couleurs vives, avec un groupe qui maîtrise parfaitement la scène, des costumes, des maquillages carnavalesques, un vrai show endiablé où l’énergie pure va se balader entre l’afro-beat, le punk, le funk pour emporter le public dans un délire totalement assumé. C’est une grande artiste qui vient de naître…un album, quelques concerts seulement mais déjà toute l’expérience et la finesse d’une artiste généreuse qui s’offre sans réserve au public. Un show vivifiant, tonique, esthétique où la musique roule comme des vagues d’énergie pure.

 

Le 9 août.

On attendait Naïve New Beaters…Malgré l’ordre de passage (ouvrir la soirée dans la clarté du jour !), Naïve en deux riffs de guitare s’est emparé d’un public au départ clairsemé pour ne plus le lâcher et donner un show de légende. Deux guitares et une machine multicartes vont faire saigner l’éther, remplir l’atmosphère de sons pénétrants comme des lames d’acier dans le public, montée d’adrénaline, pop-électro torturée, juste un pas devant le présent, à la limite des conventions qui implosent sous leur énergie et leur humour. Car le leader sait habilement jouer de son accent et de ses interventions pour s’attacher les présents et donner à l’obsession de ce son puissant la légèreté d’un moment de partage. Vive Naïve New Beaters, king of Pantiero.

Stuck In The Sound, pour honorable qu’ils furent, avaient la lourde tâche d’embrayer derrière ce show décapant…Il fallut attendre Kap Bambino pour retrouver le punch originel d’une musique hors-normes. Dans ce duo machine et voix, un zébulon blond monté sur des ressorts, une voix de tête à la limite de la déchirure, dans un jeu de scène paroxystique porte à incandescence le public médusé. Elle saute, bondit, s’égosille en un jeu évident de transe, soutenue par le son bas et gras d’un punk électro qui percute les sens. Faille dans le consensus ambiant, ce duo de Bordeaux est une pure révélation (pour moi !) et possède un jeu de scène d’une maturité étonnante malgré leur jeune âge !

Late of The Pier  arrivait pour conclure, précédé de la réputation d’un groupe dont on s’accorde à penser qu’il sera grand et créera l’évènement. Psitt ! Pompier, grandiloquent, avec des voix très inégales et une certaine naïveté dans l’approximation tant du jeu que de l’interprétation…Late a encore du temps (!!) pour progresser, on découvre leur jeunesse en live et si le CD est plutôt intéressant, le show laisse largement à désirer, dévoilant les faiblesses de ces gamins trop vite encensés ! Ils ont l’avenir pour eux, sauront-ils l’utiliser ? Réponse dans quelques années !

 

Le 10 août.

Soirée intégralement consacrée au hip-hop. Bon, ce n’est pas mon genre préféré mais depuis longtemps j’ai appris à ouvrir les oreilles et à abandonner mes préjugés. Disons-le, ce n’est pas ce 10 août qui m’ouvrira les portes des sensations extrêmes ! Kid Acne, Krazy Balhead font partie de la catégorie des hip-hopeurs hurleurs. Yo! Majesty, sans sa moitié perdue dans les brumes océanes, tente de meubler l’absence de sa comparse et s’époumone sans convaincre. Son funk (grotesque reprise de James Brown), son agitation et ses provocations tournent à vide. Lady Sovereign, sans son DJ (décidément, les duos ont tendance à perdre leur moitié !) laisse 10 mn la scène vide avec un show de lumières anémiques dans la musique d’une bande enregistrée avant d’entrer pour 40 mn pauvre et désespérante de vacuité !

Désolé messieurs et dames hip-hopeurs, on reviendra en 2ème semaine pour se persuader de la dimension extatique de cette musique venue des bas-fonds !

 

Le 11 août.

The oscillation. Dans une soirée consacrée au DJ’s panzer division, la présence de ce groupe au rock alternatif, aigre et incisif, avec des montées violentes comme des bourrasques sonores pouvait étonner. Ils assurent une belle introduction, vivante et métallique, avec un côté « can » au rock psychédélique, nostalgie empreinte de modernité.

Place donc à nos trois représentants d’un monde mécanique où la robotique crée l’illusion. Rebotini qui compose l’intégralité de ses sons en direct grâce à ses machines, offre un set gras et lourd passionnant. Son œuvre s’inscrit dans une tradition de musique concrète répétitive, des sons issus de la réalité pour être transformés en musique par leur intensité, leur fréquence, leur incessant enchâssement dans des trames fluctuantes. Il assure une vraie composition originale et permet le lancement tant attendu de la star Mr Oizo. Célèbre pour sa pub qui passe en boucle, animal au sang froid qui se dissimule pour mieux séduire, il va occuper l’espace avec tout son savoir-faire, une maestria pour passer de « samples » connus en plages originales hypnotisantes, cassant les rythmes, distordant les sons et imposant un univers personnel.

 Les 3000 fans ont chaviré depuis longtemps et derrière son mur de machines, Mr  Oizo mène parfaitement le jeu, faisant alterner les fréquences obsédantes avec la délicatesse de plages aériennes qui viennent comme des ponctuations éthérées.

Reste Erol Alkan, le dieu londonien, celui qui est sans conteste la star des grandes fêtes électro. En vieux routier habitué à son public, il va jongler avec toutes les musiques contemporaines, jouant sur tous les tableaux, déclenchant l’hystérie, décortiquant sans cesse les structures de chansons connues pour les rendre plus dynamiques, recréer à partir de la réalité une nouvelle composition originale, réinventant la musique originelle pour donner corps à la matière brute. C’est un opéra moderne en direct, une façon de prouver que l’on peut piller les musiques des autres tout en étant authentique, réinjectant de l’âme dans des œuvres connues. Son final sur Sting restera dans la mémoire de bien des spectateurs éblouis.

 

Voilà terminé le Pantiero 2009, par un vrai succès dans une édition mitigée. Les « afters » balbutiants, un soir un peu faible en assistance, quelques groupes hésitants, n’enlèvent rien à la richesse de cette manifestation atypique. Sur le toit du Palais des Festivals, entre les étoiles et la mer, le Suquet et les yatchs, pendant 4 jours, la modernité put s’exprimer au sein d’un écrin de conformité ! C’est cela aussi Cannes et la sélection du Directeur artistique, Jean-Marie Sevain, a au moins le mérite de sortir des sentiers battus et d’explorer les voies nouvelles de la musique de demain... il y a des pépites dans ces chemins de traverse !

 

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Infernum Suquetam

Publié le par Bernard Oheix

 

La roche Tarpéienne n’est jamais loin du Capitole…J’en ai fait la cruelle expérience, une fois de plus, et des ors de Montréal, où la gloire m’effleura, aux pavés glissants des Nuits Musicales du Suquet, il n’y eut qu’un pas que je franchis allégrement pour me vautrer dans la fange de l’ignominie !!! Jugez-en par vous-même !

 

« -Mesdames, messieurs, aujourd’hui, je viens de prendre la décision la plus stupide de ma carrière d’organisateur… ».

Ainsi ai-je entamé mon discours sur le plateau du Grand Auditorium du Palais des Festivals, déclenchant les rires des 700 personnes installées sur les fauteuils de velours rouge, dans la quiétude de la salle, en lieu et place d’affronter des bourrasques sur les gradins du Suquet, sous les étoiles, plus près de toi, Mon Dieu !

Le repli éventuel au Palais des Festivals devant être impérativement décidé au plus tard à 16h15, sans possibilité de retour en arrière, en ce 22 juillet 2009, la lecture à 14h30 du bulletin météo me refroidit quelque peu. Des vents en moyenne à 40km/h étant annoncés, je passe 30 mn au téléphone avec le responsable de la station où nous sommes abonnés afin de tenter de voir clair dans l’imbroglio d’une soirée qui s’annonce complexe. 700 personnes ont pris leurs billets pour les sœurs Labèque. La salle est archicomble. Ce n’est pas la première fois que je les programme et chacune de leur venue est propice à une bonne décharge d’adrénaline. Disons-le clairement, elles n’aiment pas jouer en extérieur, détestent le vent et les cris des cormorans, le moindre klaxon déclenche leur irritation et quand un spectateur tousse, elles se sentent personnellement agressées. Cela n’enlève rien à leur talent et à leur gentillesse, elles sont comme cela les sœurs Labèque, méticuleuses et particulièrement scrupuleuses quant à l’exercice de leur art.

Je reprends rendez-vous téléphoniquement avec le gardien des cieux pour 16h afin de faire un ultime point qui ne changera rien. Il me certifie que le Suquet subira de travers des rafales de vent marin entre 20h et 23h et les artistes consultées par précaution me poussent au repli immédiat…

J’imagine la tête de mes supérieurs à l’annonce qu’il faut rembourser tout le monde parce que j’aurais fait le mauvais choix et déclenche in petto un repli stratégique au risque zéro malgré la maigreur du souffle d’Eole qui tente une percée vers 16h30, sans conviction… avouons-le !

Sophie D, mon adjointe débarque en rigolant… « -repli, vous avez dit repli, mais il n’y a pas de vent …pourquoi ? Encore une de tes lubies, Bernard !». Admirez au passage la solidarité de ma plus proche collaboratrice, celle qui partage ma vie (professionnelle) depuis 20 ans désormais !

Je résiste et tente de me convaincre de la justesse de ma décision, me mets à guetter, le nez en l’air, chaque branche d’arbres qui se courbe timidement… Et plus le temps passe, plus le vent décroît jusqu’à ce qu’il s’éteigne définitivement à 19h30, laissant les drapeaux en berne, mon cœur en jachère et le public particulièrement furieux de ce repli intempestif, incompréhensible.

Je vais donc passer les heures qui suivent à exhiber mon bulletin devant les faces de hordes excitées zébrées de rictus méchants afin de prouver que le vent devrait être là, jusqu’à ma montée sur scène pour une expiation publique.

Inutile de vous dire que je n’en menais pas large au moment de pénétrer sur l’immense plateau, m’accrochant au micro comme à une bouée de sauvetage…jusqu’à cette introduction qui dérida la salle et me mit les rieurs dans la poche…

Sophie, goguenarde, avait annoncé à la cantonade, que cette fois-ci, si j’arrivais à les faire sourire et à les retourner en ma faveur, j’aurais vraiment droit à une médaille ! Je la porte au revers de tous mes espoirs, comme un tribut payé au vent capricieux colportant les ondes mauvaises d’un dieu Suquétan pervers !

 

Les soeurs Labèque, après la tourmente...

Mais ce n'en était pas fini avec cette édition du Festival !
Passons sur les rumeurs montantes, celles qui déchirent le silence précieux des pianistes avec des airs de « batucada » peu propices au mixage des genres, à notre toile esthétisante surplombant les spectateurs sauvagement lacérée dans un pur élan de vandalisme par une nuit sans fond, pour arriver à cette clôture des Nuits Musicales du Suquet avec mon ami Nilda Fernandez.

« -Mesdames et messieurs, un guitariste a besoin de doigts, un chanteur de cordes vocales et une danseuse de jambes…c’est, hélas, ce qui manque à notre Carmen ! En effet, il y a une semaine, pendant une répétition de ce spectacle que j’ai vu à Paris, à la Casa des Espana, spécialement repris pour Cannes en exclusivité, elle s’est foulée une cheville…exit donc notre Carmen. Dans l’impossibilité de trouver une danseuse, refusant une annulation pure et simple, j’ai convaincu Nilda d’adapter son spectacle en reprenant  un travail sur Garcia Lorca qu’il avait monté tout en conservant la trame musicale du précédent spectacle… Dommage pour la Carmen Cita et vive donc Fédérico Garcia Lorca… ».

 

Il est certain que le début du spectacle péchait quelque peu, malgré deux chansons sublimes de Nilda sur des poèmes de Garcia Lorca…le rapport à l’Espagne, une conférence sur la renaissance du flamenco, une distribution de jambon…chaque élément en soi était plutôt riche mais l’impréparation et l’improvisation de cette première partie de 30 minutes rendaient un flou artistique pas toujours convaincant…Par la suite, le groupe (deux guitares, deux voix masculine et féminine, un carom et deux danseurs, homme et femme) entra en scène pour une heure et quart d’un flamenco âpre et rugueux. Les musiciens géniaux, la chanteuse sublime, un danseur atypique portaient l’ensemble et réussissaient à retourner l’ambiance et à faire basculer les spectateurs malgré une poignée d’entre eux (une vingtaine) qui décidèrent de quitter la salle au bout d’une demi-heure non sans avoir au passage, apostrophé le metteur en scène avec vulgarité.

Un des semeurs de zizanie, 35 ans, pantalon blanc, chemise blanche, (ouverte sur un torse viril avec poils noirs frisés) vint vers moi de sa démarche chaloupée et m’apostropha. « -J’ai un ami avocat, je suis Corse, et maintenant, si tu ne me rembourses pas immédiatement, on réglera ça en homme » me dit-il, en me saisissant par une épaule ! « D’abord, c’est pas un spectacle, ils boivent et mangent du jambon sur scène au lieu de jouer et de danser ! »

«-Monsieur, enlevez votre main de mon épaule », répondis-je stoïque, avant que la police n’intervienne avec brio, (on ne s’en prend pas au caissier ! (sic), et que le spectateur irascible et peu mélomane conclue d’un sonore « -mais enfin, si on se fait enculer, alors on n’est pas un homme ! »

Et moi qui pensais que la musique adoucissait les mœurs et qu’une soirée au Suquet à 30€ sous les étoiles ne pouvait déboucher que sur une note d’harmonie !

Et 650 personnes debout, à la fin du spectacle, firent une ovation aux musiciens et à un Nilda attachant, légèrement désorienté et quelque peu perplexe.

Reste l’attitude inqualifiable d’une poignée d’histrions sans éducation, mais de cela, je vous reparlerai bientôt, dans un billet futur !

 

Le Suquet est terminé, il fait chaud, très chaud, et les manifestations s’enchaînent, Feux d’artifice, Pantiero, plages électroniques, Jazz à Domergue… avec leur lot de problèmes et leur somme d’angoisse. C’est la marque d’un été complexe, dédié aux caprices d’une météo fluctuante et d’une société en crise…mais le beau temps reviendra et « l’avis de tempête culturelle », accroche de notre programme d’été sur Cannes, cessera bien un jour prochain ! Enfin, on l’espère !

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Une nuit à Vence

Publié le par Bernard Oheix

 

Juan Carmona, mon vieux complice des « Nuits Flamenca », virtuose de la guitare gitane, avec Dominique Fillon, un jazzman au nom si lourd à porter (Eh oui ! C’est bien le frère !)… même si son talent n’appartient qu’à lui, sans aucune discussion. Ils étaient annoncés dans une création en première partie de Khaled, dont le dernier disque est un bijou, autant d’éléments pour me convaincre de me rendre avec Nilda Fernandez, sur la place de la ville pour passer une soirée musique de détente après son opus flamenco en clôture des « Nuits Musicales du Suquet » de Cannes.

 

 

Jaillissement de notes, torrents déferlants pour maestros en fusion, un jazz teinté de sonorités flamenca qui coule en flots ininterrompus. Une création les réunit pour des échanges riches et cristallins. Même si la virtuosité élégante des musiciens est manifeste, c’est une musique qui ne me parle pas, qui effleure mon cerveau sans atteindre le cœur. Je préfère et de loin le Carmona de la Symphonie Flamenca, le rugissement de sa guitare à une expressivité trop sophistiquée. C’est ainsi, j’aime toujours le Maître, même si sur ces chemins de traverse, il m’apparaît quelque peu figé, enfermé dans sa volonté d’aller vers les autres en s’oubliant. Carmona est un grand soliste contemporain de la guitare, il n’est que juste qu’il se confronte à diverses formes d’expression mais son talent réside au bout de ses doigts quand il parle vraiment de cette musique qui le hante et règne dans son âme de gitan perdu dans un monde de chaleur.

 

J’adore l’ultime opus de Khaled. Des compositions fortes, un musicien qui se régénère et offre une nouvelle facette de son talent. J’en frémissais de l’écouter et de voir son show. Déception. Il reste Khaled, un son trop fort et gras qui déboule des enceintes, une gestuelle un peu ridicule, un sourire qui résiste au temps. On a envie de l’aimer, de lui offrir notre écoute mais il semble si absorbé par son propre destin, qu’il n’y a pas de prises à l’émotion. Quelques tentatives de se trémousser plus loin, il nous laisse sur notre faim, sans l’énergie de ses débuts, sans la sérénité de la maturité. Un peu trop accrocheur, manquant de finesse, il réussit par la force de son timbre à me prendre par la main mais échoue à me transporter dans une contrée où tout est harmonie.

J’aime khaled malgré tout et continuerai à le suivre en espérant que l’alchimie subtile de la perfection lui offre enfin la magie d’une communion avec son public !

 

Au passage, dans cette équipe géniale des Nuits du Sud, le meilleur festival de la Côte, où professionnels et bénévoles se côtoient, Théo Saavedra, le directeur artistique et Serge Kolpa, le directeur technique nous accueillent avec le sourire de ceux qui ne trichent pas. J’ai toujours du plaisir à les retrouver, la concurrence est une belle émulation quand elle se produit dans un respect mutuel.

 

Pendant le changement de plateau, une amie qui m’avait interviewé récemment se dirige vers moi et me dit bonjour. Elle est accompagnée d’une jeune fille qui me salue. Je la regarde sans mettre de nom sur son visage.

-Bonjour, je suis Gwendoline C. Vous ne vous rappelez pas de moi ?

-A vrai dire, non, cela me dit quelque chose, mais…

-J’étais une de vos étudiantes à l’Université de Nice, il y a plus de 5 ans. Les cours d’économie du spectacle en licence Arts du Spectacle.

-C’est vrai ! Et que deviens-tu ?

-Je travaille aux Nuits du Sud… et c’est grâce à vous ! Vous m’avez donné le goût de l’évènementiel et vous m’aviez conseillée d’aller vers la technique pour trouver du travail…C’est ce que j’ai fait et je voulais vous dire merci. Je vous avais raté l’an dernier mais quand j’ai su que vous étiez là, je tenais à vous rencontrer, enfin !

 

Je lui ai claqué une grosse bise qui a résonné sur la place pour la gratifier de ces mots doux et pendant quelques secondes, j’ai été heureux, simplement heureux et fier. Comment imaginer que l’on puisse influer positivement sur l’avenir des autres ? Elle me rappelait à l’espoir et au plaisir que j’avais réellement eu de transmettre un peu de mon expérience dans ces murs de la Faculté. Même si l’aventure avait tourné cours, (confère mon article dans le blog, rubrique Culture du 05/03/2008), elle reste la preuve vivante que je n’ai pas effectué tout cela pour rien !

Merci Gwendoline et bon vent dans ton métier !

 

 

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