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De la Corse...et de quelques spectacles !

Publié le par Bernard Oheix

 

Période de grande densité culturelle, entre les spectacles accueillis à Cannes et ceux visionnés à Paris, Lyon et Nantes afin d’élaborer la saison prochaine, entre deux averses et des vagues gigantesques qui éperonnent le bord de mer en dévastant tout sur leur passage et une chute de flocons qui recouvrent la Croisette d’un manteau blanc étrange…plus de 20 ans qu’on avait pas vu un tel spectacle, il n’y a vraiment plus de saisons…J’ai suspendu mes baignades et je me calfeutre dans les salles en nourrissant ma tête de belles aventures.


boneige2.jpgBon, c'est vrai, il a neigé sur Cannes...Je crois que je vais cesser de me baigner pendant quelque temps !  La Croisette dans la semaine du blanc, je ne pensais pas que c'était possible, et pourtant !


Petite sélection des programmes vus (et à venir donc !)

 

Le Trio Esperanca, disparu depuis de longues années, se reforme sur Paris pour promouvoir leur nouvel opus. Les 3 sœurs brésiliennes restent belles, envoûtantes, elles sont inimitables même quand elles décident de rencontrer la musique classique avec leurs rythmes d’Amérique du Sud. Chaleur de la samba sur volutes de Bach. Cela reste naturel, juste une belle rencontre de sons qu’un musicien accompagne et orchestre. On sent le désir de renouer et de retrouver le public qui se laisse convaincre sans attendre et se met à tanguer de bonheur.

 

La Nuit des Rois. Comment Shakespeare a-t-il pu écrire une pièce aussi moderne, aussi impertinente, novatrice ? Ce ne sont qu’inversions, travestissements, amours homosexuels, ambiguïté permanente ! C’est divinement joué, tirant vers l’absurde les personnages décalés, induisant un vent de folie qui dérègle la mécanique des rapports humains. Un gâteau à la chantilly que l’on consommera à l’automne !

 

Thé à la menthe ou thé citron. Pièce culte, syndrome du Père Noël…On rit à cette pièce de boulevard qui se construit sous nos yeux, acteurs ringards (volontairement !), metteuse en scène à la dérive, texte inepte, gags incessants, dérèglement de mécanique annoncé…Je l’avais vu il y a 10 ans, elle sera à Cannes l’an prochain pour le meilleur de nos zygomatiques en folie !

 

Le kangourou de et avec Patrick Sébastien. J’y allais à reculons…il faut l’avouer. Mais la pièce, après une ouverture en fanfare au pire de ce que l’on peut imaginer, (une nana qui se fait sauter au cours d’un entretien d’embauche (!!) et qui obtient le job)…va dériver vers un univers à la Hellzapoppin. Délire entre la politique et monde des affaires, les rapports homme femme, puissance et séduction… Merveilleusement servie par deux comédiennes et un comédien qui entourent et protègent l’auteur qui navigue dans les hauts-fonds de l’indicible et du politiquement incorrect, la pièce s’achève sur un propos humaniste dans le meilleur des mondes. Une vraie réussite sur une odeur de soufre ! Rendez-vous à Cannes en janvier 2011.

 

Nilda Fernandez, le retour. Il n’avait plus produit de disque depuis quelques années, exilé aux confins de l’Europe dans une Russie qui lui tendait les bras. Il nous revient, voix inimitable, ressort ses tubes immémoriaux et présente ses derniers morceaux comme des bijoux ciselés dans l’or du temps. Nilda comme on l’aime !

 

On purge bébé. Cristiana Reali et Dominique Pinon. Si le texte reste à la limite du supportable dans son archétype d’un boulevard du XIX ème siècle, si les acteurs se démènent et en font des tonnes pour exister, si la mise en scène ne recule devant aucun effet surligné... c’est bien pour nous servir le plat brûlant d’une tranche d’histoire du théâtre de boulevard ! Et cela fonctionne, comme une madeleine encore odorante, le parfum suave d’une bourgeoisie insouciante en train d’ériger un monde en noir et blanc. A voir et à revoir.

 

Le mal de mère. Marthe Villalonga au zénith. Elle sort de ses rôles types pour endosser les habits plus sophistiqués d’une femme qui paye un psychiatre pour être entendue enfin. Elle trouve ainsi une profondeur et un propos plus riche que dans ses dernières créations. C’est une vraie belle réussite. Elle se métamorphose au cours de cette «thérapie» pendant que son thérapeute se liquéfie dans un processus d’inversion dont il sera la victime. Dommage que son partenaire (Bruno Madinier) souffre quelque peu de la comparaison et ne puisse maintenir son personnage au niveau de sa composition. Mais avec le temps, on peut espérer que Marthe soit moins seule à défendre son rôle et la pièce en sortira encore grandie.

 

Je passerai sur nombre de pièces ou concerts vus ou entrevus sur les planches parisiennes pour arriver aux programmes de notre saison actuelle à Cannes.

 

Un sublimissime ballet d’Antonio Gadès, (Fuenteovejuna), sans doute le chef-d’œuvre du chorégraphe, plein d’énergie et de passion, lecture d’une révolte paysanne aux sons du flamenco. La compagnie préserve de l’usure du temps, cette œuvre majeure de son patrimoine. Les rapports amoureux se confrontent aux rapports de classe dans un affrontement sans merci et la force la plus brutale ne peut enfermer la ferveur d’un peuple qui se soulève contre l’oppression pour sauvegarder son honneur et préserver l’amour. (C’est beau ce que je viens d’écrire, non ?). C’est biblique, c’est romantique et la fusion de l’inspiration flamenco et de l’art chorégraphique en fait un miracle d’équilibre et d’énergie !

 

Reste le week-end dernier, avec un Roland Giraud formidable dans Bonté Divine, la veille de l’annonce du suicide de Treiber. La pièce démarre comme une leçon de philosophie sur les religions, (un prêtre, un imam, un rabbin et un vénérable bouddhiste sont réunis pour une conférence). Par la suite, elle basculera dans une histoire (certes) tirée par les cheveux, support d’une comédie sérieuse où le (sou)rire le partage à la réflexion ! L’ensemble reste attachant, ouvert, intelligent, comme si le simple fait de parler ensemble pouvait bannir la haine et le rejet de l’autre. Communiquer sur ce qui différencie les êtres, c’est déjà accepter la différence ! C’est un manifeste pour la tolérance où l’objectif à atteindre permet d’accepter les quelques faiblesses de la mise en scène… sans états d’âme !

 

Une soirée corse, cela sent à priori, le figatelli grillé au coin du feu, une atmosphère bon enfant, la main sur l’oreille pendant le chant profond et l’accent inimitable de nos frères îliens. Nos amateurs d’exotisme en auront été pour leur frais tant cette soirée fut moderne, riche et particulièrement intense. De 51 Pégase, je ne dirai pas grand-chose tant j’ai déjà couvert d’éloges cette pièce tirée du livre de Marc Biancarelli, présent dans la salle. Beauté des mots et force des images, acteur superbe, mise en scène élégante de Jean-Pierre Lanfranchi… Parfois, quand on programme et que l’on sélectionne une oeuvre, on se pose des questions sur son adéquation dans un lieu et son public, sur la «prise de risques», sur les raisons profondes qui nous motivent. Point d’interrogations pour cette magistrale œuvre de théâtre contemporain présentée à Cannes. La crudité des situations décrites, la violence des propos, la rigueur austère s’effacent devant la beauté de ce moment de grâce absolue d’une introspection collective. C’est un théâtre branché sur le courant continu d’une création en prise directe avec l’écho de la réalité !

Et comme pour se sublimer, la soirée corse se clôturera avec un concert de l’Alba, un groupe de la 2ème génération, libéré des angoisses existentielles de leurs aînés focalisés sur la recherche d’une identité et de racines, s’épanouissant dans une musique instrumentale subtile, mixant les chants et la polyphonie, profane ou sacrée, mise en lumière ritualisée, instruments baroques, vent ouvert d’influence diverses orientales.

Voilà, n’en déplaise aux esprits chagrins, une soirée corse fait aussi appel à la modernité et à l’intelligence entre deux mastications de « lonzo » et de « salsiccia ».

 

Bientôt le Festival des jeux, Paris encore pour les derniers réglages d’une saison à venir. La vie continue même dans les frimas d’un hiver rude. Sortez, même couverts, mais sortez s’il vous plait, le monde à besoin de vous et de l’obscurité des salles de spectacle jaillira la lumière !

 

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Inventaire avant destockage (6)

Publié le par Bernard Oheix

Toujours mes petits billets en éditorial de Paroles de RH. J'ai un lectorat captif de 250 personnes (les permanents du Palais des Festivals) et d'une cinquantaine d'intermittents. Bon, c'est pas encore un best-seller... mais au moins, ils me lisent puisque ce bulletin leur est distribué avec la paye ! Et cela m'amuse toujours autant ! Alors même si je ne comprends pas tout ce que j'écris, je fonce et cherche un sens caché à ce que je suis !

ParoledeRH1.jpg

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Inventaire avant destockage (5)

Publié le par Bernard Oheix

articleuneternelprintemps.jpgMais qui est donc Jean-Paul Icardi ?
C'est un des pseudos que j'utilise depuis de longues années. Paolo Icardi était mon grand-père, un Italien fier et toujours décalé, parlant une langue bizarre, un galimatia d'où émergeait un désespoir permanent d'avoir perdu son centre, sa culture, son pays. Emigré très jeune à Nice comme nombre de transalpins, il fit tous les boulots possibles, travailla d'arrache-pied, et vécut sans vraiment vivre en traversant 2 guerres. Je l'ai bien connu et je pense souvent à lui. 
Un jour que je devais écrire un texte dans une revue sous autre nom que le mien, j'eus l'impulsion de prendre le sien. Depuis, il me suit et je n'hésite jamais à parapher d'un fier Jean-Paul Icardi en espérant que je le fasse exister d'un souffle à chaque fois. Dans certains peuples, des hommes sont payés pour lancer les noms des défunts vers les cieux car tant que leurs noms résonnent, ils continuent d'exister au coeur de l'humanité ! C'est ma façon à moi de l'honorer et de faire perdurer son image.
Ce texte a été composé dans le cadre d'un supplément culturel réalisé pour la première saison culturelle que nous avons réalisée, en 1996-1997. Comme j'avais choisi les spectacles et que cela m'amusait d'écrire sur eux, je décidai d'utiliser mon pseudonyme afin de me dissimuler et d'avancer masqué !
A vous de juger !

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Inventaire avant destockage (4)

Publié le par Bernard Oheix

Il y a beaucoup d'écrits portant sur le Festival International des Jeux de Cannes... d'autres suivront ! Pour initier ce cycle, je vous ai exhumé un éditorial de mars 2001, année pendant laquelle nous avions réalisé un quotidien du Festival. J'avais manifestement abusé de belote en intraveineuse dans cet édito du numéro 4... Et dire que l'on me paye pour cela !

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A la revoyure pour de nouveaux textes...

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