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La révérence de Bernard Oheix

Publié le par Bernard Oheix

Voici le texte que j'ai envoyé le 29 juin 2012, dernier jour officiel dans ma fonction de Directeur de l'Evènementiel au sein du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes avant mon départ à la retraite. Un texte particulier pour une journée bien particulière... Il fut expédié à tous mes contacts professionnels, aux amis, à tous ceux qui entrèrent en contact avec moi au fil de ces années de passion. Ce texte invitait à une réponse...Elles sont arrivées, en nombre, et continuent d'irriguer mon mail...N'hésitez pas, s'il vous inspire, par mail, sur ce blog, par pigeon voyageur ou sur des calebasses, c'est une des dernières occasions d'entrer en dialogue avec moi avant une longue eclipse...

 

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L’heure de mon départ a sonné !

C’est avec énormément d’émotion que je quitte mes fonctions de Directeur de l’Evènementiel ce 1 juillet 2012  avec comme nouvel horizon, celui d’une retraite en chantant avec la satisfaction du devoir accompli !

J’aurais pu m’accrocher encore un peu aux ors du pouvoir, mais à l’instar de Zizou, j’ai peur de faire la saison de trop ! Et puis, quand on a la chance d’être remplacé par Sophie Dupont, mon adjointe depuis 22 ans, on ne transige pas avec l’âge de son départ !A 62 ans, il me reste tant de beaux souvenirs de toutes ces années passées au Palais des Festivals de Cannes. J’ai  eu quelques quarts d’heure de gloire comme dirait Andy Warhol : le concert d’Archive avec l’Orchestre Symphonique de Cannes avec mon ami Michel Sajn (mon plus beau concert !) et le come-back de Liza Minnelli, la recréation du Festival de la Pyrotechnie, la dynamique autour du Festival des Jeux, la rencontre avec Kasparov et ma victoire contre Karpov… à la belote, la mise sur pied des « saisons culturelles d’hiver et d’été » à Cannes, la présence affirmée de la Musique du Monde (Salif Keita, Idir, Ismael Lô, Youssou N’Dour, Cesaria Evora, Mariza….), les compagnies du festival de la danse et Béjart, la fureur de quelques riffs de guitare et de tirades en slam, quelques spectacles bien dérangeants et magiques comme le concert sous la mer (!!), Nilda Fernandez, Mano Solo, les légendes Aznavour, Bécaud, Nougaro, quelques mains de stars (Ah ! le more, more de Kim Basinger) et bien sûr, cette apothéose des filles du « Crazy » à mes côtés pour mon dernier réveillon en chant du cygne (le noir, pas le blanc !).

J’ai aimé travailler dans ma ville, dans ce Palais mythique.

Avant tout, j’ai aimé les liens que nous avons noués au fil des préparations de ces saisons, des Womex et autres festivals où nous nous sommes croisés. J’ai aimé les discussions sur les spectacles, la diversité réelle de ce monde de la culture, les coups de cœur et de folie, les interrogations et les espoirs…

J’ai eu mon comptant de regrets et d’échecs, comme tout un chacun… mais on oublie les mauvais souvenirs pour ne garder que les bons, ceux où nous avons vibré ensemble au service de cette cause d’une culture qui élève, qui grandit et rend plus intelligent l’être humain.

Je vous quitte en restant malgré tout un peu parmi vous. La Direction du Palais des Festivals et Sophie Dupont m’ont proposé de garder la  Direction Artistique des Nuits Musicales d’un Suquet new-look qui tentera de moderniser un peu cette musique classique si belle qu’il est impossible de la laisser moisir dans la naphtaline !

Et puis, quelques autres projets pour finir dans la passion un chemin commencé… dans la passion.

J’ai aimé la culture plus que tout autre chose au monde et j’espère l’avoir servie avec constance, pas toujours sans humilité mais rarement avec orgueil, juste au milieu de tout, tel un vecteur, un trait d’union, le go-between qui annonce le soleil et l’aube d’un temps nouveau !

Alors, à ceux que je ne verrai plus, je dis merci pour ce que nous avons partagé…

Aux autres que je retrouverai bientôt, en avant pour de nouvelles aventures !

A tous, Vive la Vie et continuons le combat !

 

Et Bonne Chance à l’Evènementiel du Palais des Festivals de Cannes qui, sous la houlette de Sophie Dupont, inventera de nouvelles voies pour atteindre le cœur du public et donnera un nouvel élan à la culture du monde. C’est elle désormais qui sera votre interlocutrice attentive.

Merci à cette équipe de 9 personnes que j’aime et qui m’ont accompagné avec ferveur  pendant toutes ces années de bonheur et de rêves.

Merci à mon adjointe de toujours, celle avec qui je composais un tandem forgé dans l’airain, Sophie Dupont, à Nadine Seul la reine des jeux et des Russes, Eurielle Desevedavy si précieuse et si précise, Marie Antoinette Pett une secrétaire arc-boutée à défendre son Directeur, Cynthia Rebérac qui rompit sa chrysalide dans cette Direction pour devenir une femme accomplie, Nitya Fornaresio s’épanouissant au fil des années dans sa fonction relationnelle, Florence Jacquot qui étrenna son statut de TUC avec moi au siècle dernier et aux pauvres deux garçons, Hervé Battistini et Jean Marc Solbes régisseurs et artificiers, complices en rires, qui subirent en ma compagnie, l’avanie de ce bataillon féminin rouge aux couleurs de la vie !

 

PS : je garde cette adresse mail mais vous pouvez aussi me contacter sur mon adresse mail personnelle (bernardoheix@hotmail.com) ou sur mon Iphone  +33 6 73 61 52 70

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Tirant sa révérence...

Publié le par Bernard Oheix

Voilà, c'est fait... J'ai atteint cette ligne d'horizon qui semble si lointaine en début de  carrière... la retraite en chantant ! J'aurais dû me lever ce lundi 2 juillet, prendre ma moto et rejoindre mon bureau du Palais des Festivals de Cannes... Mais le temps se brise, et l'écho du passé vient résonner. J'ai bientôt 62 ans, j'ai choisi de suspendre ce qui a représenté 40 années de ma vie sociale, mon métier, ma place, une façon d'être, d'exister dans le regard des autres.

J'ai eu mon comptant de satisfactions et bien plus d'un quart  d'heure de cette gloire dont parlait Andy Warhol même si c'est bien dérisoire de regarder son passé pour comprendre son avenir.

Cela a été si rapide, un éclair ! Petits jobs d'été, Maître d'internat dans l'Education Nationale, les MJC, Directeur adjoint de l'Office de la Culture de Cannes, Directeur de l'Evènementiel au Palais des Festivals...

Voici un texte qui est paru dans le dernier bulletin des salariés. On me l'a demandé comme le dernier hommage au fossile de la Culture que je représente et je l'ai écrit avec beaucoup de sincérité et une grande émotion !

Parce que la vie continue mais qu'une page s'est définitivement refermée pour moi. Parce que derrière toutes ces lignes qui se fondent dans l'azur au fur et à mesure que l'on avance dans la vie, le néant guette et la nuit se rapproche. Mais c'est ce que l'on appelle la vie, une extraordinaire fuite vers notre propre fin !

 

Point de larmes mais des sourires, sans aigreur, bien au contraire, avec bonheur.

Un choix assumé. A près de 62 ans, après plus de 20 ans au Palais des Festivals, les sirènes de la satisfaction du devoir accompli.

15 ans à programmer… ça use, ça use !! L’angoisse de bien faire, la pression d’un public à trouver, les artistes qui dessinent une fresque vivante, toujours mouvante, les aléas de la pluie, des règlements qui changent, des chiffres impitoyables, des déceptions même si elles furent rares… car si souvent cette force du sourire, de l’émotion brute !

Adossé à une Direction Générale qui m’a toujours soutenu, et de ce point de vue, je tiens tout particulièrement à remercier Martine Giuliani, mais aussi Bruno Demarest et nombre de collègues Directeurs qui m’ont pardonné ce que j’étais en m’acceptant comme je suis…

Etrange étranger d’un Palais qui sut m’offrir d’être un trublion, le fou du roi, celui qui peut porter la pluie car il ne représente aucun danger et nous annonce les éclaircies des jours nouveaux… Tous ces collaborateurs d’un Palais qui s’est embelli au fil des années et qui m’accordèrent le droit d’être moi-même.

Et bien sûr, cette formidable équipe de l’Evénementiel. Petite par la taille, grande par le talent.

Neuf personnes attelées à démonter les montagnes, escalader les à-pics, explorer les abysses. Multicartes, multifonctions, multi-tout, chacune et chacun passionnés d’écrire cette page d’un Art vivant toujours renouvelé.

Les saisons hiver et été qui s’enchaînent, les Festivals d’été, la Danse en biennale, les Jeux toujours, rien ne résiste à ceux qui ont la passion au fond du cœur.

Et naturellement, Sophie Dupont qui me succède pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment la culture, ceux qui pensent que dans une note de musique, une tirade ou un pas de danse, toute la beauté du monde se niche.

Nous avons constitué un formidable tandem, je sais qu’elle trouve déjà un nouvel équilibre dans la situation actuelle, une dynamique sans égale pour son talent et sa force authentique : elle sera bien cette Directrice de l’Evénementiel qui nous permettra de rester dans les coulisses de la modernité.

Je tiens aussi à remercier les pouvoirs politiques qui ont toujours considéré que le Palais des Festivals était le cœur vibrant de la Ville de Cannes, son supplément d’âme en même temps que son poumon économique.

Et de ce point de vue, Bernard Brochand et David Lisnard n’auront pas été en reste, tant ils ont le souci d’une culture vivante et moderne, destinée au plus grand nombre, mais capable de dessiner des lignes de fractures au sein du conformisme.

Je ne peux aussi que remercier celles et ceux qui m’ont accompagné tout au long de ces années. Certains ont renoncé, d’autres ont disparu mais leur présence discrète rappelle que la mémoire fut, que les actes furent et que l’espoir demeure.

A mon épouse si présente par mes absences, à mes enfants, à ma famille…de sang comme de cœur !

Et à la vie bien sûr qui force le respect et donne un prix à l’avenir.

Bernard Oheix

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