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La Nuit de la Tchache

Publié le par Bernard Oheix

C’était en mai... Chantal Veuillet, mon amie et ancienne collaboratrice, à l’époque où j’étais Directeur de la MJC de Bourg en Bresse (prononcer Bourk !) de 1980 à 1986, m’avait contacté il y a 6 mois afin de reprendre une manifestation que j’avais créé à la fin des années 80 à Mougins, la Nuit de la Tchatche, (bien avant la mode des matches d’improvisation) dans le cadre d’un Festival organisé par la Ville, «C’est pas sérieux». Vous imaginez, c’est pas sérieux... alors j’ai foncé comme un taureau devant un chiffon rouge !

Et après une période de préparation par skype et mails, je me suis retrouvé avec l’équipe actuelle de la MJC, en train de «monter» cette Nuit de la Tchache pour les Burgiens. Une co-présentatrice efficace, Christine, et quelques séances de travail pour se régler me font arriver le vendredi et le samedi, tous réunis au QG des bobos locaux, «Chez Jeanne», nous travaillons au filage de la soirée du lundi quand, levant la tête, je vois apparaître mes enfants, tout droit descendus de Paris en nous faisant la surprise. Heureux !

Nous décidons de manger tous ensemble le soir, dans un restaurant en dehors de la Ville et sommes tombés alors dans le plus beau des traquenards comme de grands benêts que nous restons et resterons à jamais !

A l’entrée du restaurant, toute la bande des jeunes de l’époque qui constituaient ma «task-force» nous attendait pour une haie d’honneur, Thérèse et moi. Une fête de retrouvailles au parfum de l’amitié. Surprise, surprise. Tous ceux qui avaient investit la MJC quand je leur avais tendu la main, et que j’avais perdu de vue depuis 25 ans, étaient présents pour une «boum des anciens !».

Emotion. J’étais arrivé en septembre 1980, Directeur de mon premier poste et j’avais trouvé un bâtiment sain dans une ville propre...mais qui sentait un peu le renfermé militant, le sérieux à tous les étages !

Alors j’avais ouvert les fenêtres et la porte à tous ces jeunes de 20/25 ans qui n’attendaient que cela et nous avons vécu ensemble 6 ans de créativité et d’un réel bonheur de faire et défaire la vie culturelle Bressane ! Et cela avait marché !

La soirée fut délicieuse et l’émotion réelle des retrouvailles comme une madeleine douce aux saveurs de la fraternité.

la «Nuit de la tchache» fut une immense réussite, mais de cela nous reparlerons dans un prochain article...

Et en attendant, imaginer que ces hommes et femmes d’âge plus que certain désormais, puissent avoir l’envie de revenir, de loin souvent, Grenoble, Annecy... sur les lieux de nos crimes, uniquement dans le but de se retrouver, nous a donné la certitude d’un bonheur à portée de mains, d’une justification, si besoin été, d’avoir partagé quelque chose de si fort et si intense, comme un bonheur qui submerge et donne une raison d’être à ce qui fut notre jeunesse.

Je n’avais que quelques années de plus que la plupart d’entre eux, ils m’ont rattrapé, mais nous avons toujours tous 20 ans dans le coeur.

C’est Chantal Veuillet et Pascal Ainardi qui avaient élaboré ce beau traquenard avec la complicité de mes enfants et de ma belle soeur ! Grâce soit rendue à tous ceux qui le méritent.

je me devais de me fendre d’une lettre. La voici donc !

Cher(e)s ami(e)s,

Comment vous décrire l’incroyable moment d’émotions qui nous a étreint à la seule vue de vos visages (certes un peu corrodés et avilis par le temps) mais aux regards encore si juvéniles. Thérèse et moi avons vraiment plongé dans un maelström de souvenirs, d’images, de petits riens et d’un grand tout qui caractérisent ces quelques années où nous sommes côtoyés, aimés, engueulés et pendant lesquelles nous avons transformé le monde...de Bourg en Bresse sûrement, beaucoup moins, hélas, de la France !

Vous avez fait l’effort de venir en la capitale de la Bresse quelques heures seulement pour retrouver le souffle ténu de nos rêves, quand on était jeune et que rien ne nous semblait impossible.

J’étais sous le coup de l’émotion lors de mon discours totalement improvisé (et pour cause !) et j’ai peur de ne pas avoir assez fait transparaître ce que représente ce moment unique de notre vie, d’insouciance et de sérieux, de passion et de création, avant tout, ce compagnonnage qui nous a permis de nous retrouver, près de 30 années après, comme si le désir d’être ensemble ne nous avait jamais quitté.

Bien sûr, il y a eu la vie, les distances, les chemins du coeur et du portefeuille qui nous ont séparés...mais combien de fois, un peu ivre, au sommet (!!) de ma gloire dans un Palais des Festivals où j’ai pu accomplir d’autres rêves, me suis-je remémoré ces heures de passions Burgiennes, cette légèreté incroyable, cet engagement sans réserve permis parce que nous étions si forts tous ensemble !

Ces ingrédients, je ne les ai jamais retrouvés ailleurs. J’ai produit les plus grands artistes, organisé des Festivals avec des moyens inconcevables, programmé 100 jours spectacles à l’année pendant 20 ans d’une vie culturelle Cannoise intense. J’ai créé les saisons «Sortir à Cannes», remonté le festival de la Pyrotechnie, développé le Festival des Jeux pour finir en apothéose avec les 20 girls du Crazy Horse (elles m’ont toutes embrassées pour le réveillon du 31 décembre 2012)...

Mais dans mes souvenirs, c’est bien la nuit de l’horreur et du polar réalisés avec des bouts de ficelle qui trônent, ce sont les éditions de SAC 1 et 2 (pourquoi donc cela s’est-il arrêté ?), le concert de Patrick Abrial, le mois Italien... c’est aussi le «hamburger» spécial de Michel Hutinel que nous dévorions entre midi et deux heures en refaisant le monde, entre deux réunions de la commission d’animation où Dominique Gauthier, Mylène et les autres s’escrimaient à inventer l’impossible en empruntant les chemins les plus tortueux, les réunions du CA avec la Mère Touton et le saucisson et le pinard à la fin en récompense, Mamie Crépon et son papier noir scotché sur les murs de la MJC, le jeune objecteur de conscience aux cheveux d’or, fier comme un bar-tabac d’être avec les grands pour s’occuper des petits, Kiki le chanteur rockeur et Chantal que j’ai embauché parce qu’elle était comme un double et que j’ai même tenté de la former... ai-je réussi ? (Apparemment oui au vu de ce brillant week-end qu’elle a organisé pour moi !), Pascal, le grand décalé marginal aux mains d’or (et c’était bien avant qu’il ne transforme mon grenier en un loft qui vous attend !) qui s’est inscrit dans le temps comme une valeur si sûre et indispensable pour notre groupe, et Jean-Claude Gayet, l’inaltérable pilier de la MJC, celui qui nettoyait (au propre comme au figuré) toutes les conneries que nous nous ingénions à concocter, et les Petitpoisson, mes amis, avec une pensée particulière pour Danielle qui a accepté d’enterrer les ombres du passé pour ne garder que la lumière, et toute la famille, mes enfants Julien et Angéla, et Sarah, les neveux et la belle soeur présents comme un cadeau sur cette soirée surprise-surprise...et les conjoints qui se sont intégrés avec tant d’harmonie...et les gens de l’AGLCA, et tous les autres, même ceux qui ont disparu...les Michon, Bernard, Maryvonne et autres Cayot, Autelain, Veylon, Durafour... Toute cette famille improbable du coeur ! Et je ne cite pas tout le monde mais ils sont présents dans les «greniers de la mémoire !!!» (le nom de notre première exposition !). Remember for ever !

Il semblerait que la Nuit de la Tchatche ai eu un certain succès...(n’est-ce point Christine ?) aussi vous propose-je de nous retrouver l’an prochain pour deux jours. Le premier sera consacré aux anciens combattants avec, par exemple une randonnée et un pique-nique dans la journée et en soirée, un repas dans un lieu adapté où je vous imposerai une épreuve : raconter au moins une anecdote qui vous a particulièrement marquée sur cette période... (et si possible qu’elle tourne en dérision l’un d’entre nous !). Vous avez un an pour la travailler ! Attention, ce sera filmé et enregistré ! Le deuxième jour, on assisterait à la nuit de la Tchache, version deux.

A priori ce serait sur un week-end d’avril... Challenge relevé ? Je n’aimerais pas vous reperdre pour 30 ans !

C’est aussi pour cette raison, qu’avec Thérèse, nous avons décidé d’offrir à chacun d’entre-vous un séjour à Cannes pour 3 jours (et plus si affinités !), dans notre loft aménagé par Pascal, les pieds dans l’eau avec la plus belle des piscines, la Méditerranée...si possible pas tous en même temps et pas pendant le mois de mai du Festival du Film, on est complet jusqu’en 2018 !

Voilà, on vous aime et on vous aimera toujours et pour finir, un grand coup de chapeau à Chantal Veuillet et Pascal Ainardi qui ont su trouver le courage de canaliser toutes ces énergies si positives au service de la plus belle des causes, celle de l’amitié.

La vie est belle de vous avoir retrouvés.

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