Un discours de plus !
Voilà ! Un petit discours de plus, hérité d'une tradition remontant au temps où j'étais un Directeur dynamique et proche de ses collaborateurs !
Mon ex secrétaire m'a demandé de faire un dernier effort…pour Cynthia ! Alors j'ai craqué, et c'est après que j'ai appris que deux autres étaient en commande ! Mais c'est une autre histoire !
Voici donc l'histoire de Cynthia, 30 ans et toutes ses dents, et de son anniversaire le jour où elle a décidé d'arrêter de fumer !
30 ans... enfin !
Bon, c’est vrai ! A son arrivée dans le service de l’Evénementiel de Cannes, je me suis un peu demandé de quelle planète elle débarquait exactement ! Faut dire que, descendue des montagnes à peine dégrossie de l’adolescence, avec l’insolence et l’inconscience de la jeunesse, elle valait le tableau, la Cynthia Reberac de l’époque !
Elle avait encore quelques formes d’adolescente nourrie au «MacDo», une insouciance vestimentaire confinant à la provocation, (c’était le bon temps où elle était capable d’exhiber ses charmes et une poitrine fort généreuse en toute innocence !), elle parlait en laissant traîner des mots incongrus et ne doutait de rien dans son «jean» moulant très avantageux pour des formes à faire damner un homme !
Mais cette gamine à peine sortie de ses langes et achevant ses études par un stage au Palais des Festivals de Cannes, avait une énergie à démonter n’importe quel pisse-froid de bureaucrate directeur planqué derrière son bureau, revenu de tout, et regardant la ligne bleue de l’horizon d’une retraite bien méritée en contemplant les ultimes chantiers d’une vie professionnelle bien remplie !
Et oui, Cynthia Reberac, tu es bien mon dernier challenge, ce 12ème des travaux d’Hercule, où comment transformer une sauvageonne en collaboratrice zélée et efficace, une ébauche, en épure !
Et tu resteras à jamais la trace de mon génie formateur, même s’il me faut avouer que c’est Sophie Dupont qui se chargea de ton éducation et t’inculqua les rudiments de l’art d’organiser et de créer l’ordre à partir du chaos !
Tu habitais encore chez papa et maman, descendais de tes montagnes en pétaradant dans ta voiture brinquebalante, effectuais des heures impossibles sans rechigner, toujours prête à apprendre, à rendre service, dévorant goulûment toute bribe de savoir avec la soif d’une femme cherchant une oasis dans un désert d’incertitudes.
Tu ne doutais de rien, tu baissais la tête et fonçais comme si la vie ne devait que se brûler à ton contact, plier à ta volonté, s’incurver afin de satisfaire tes désirs !
De ce premier stage, tu sortis avec panache, laissant un sillage de bonne volonté, une évidence que tu collais à ce métier et que rien ne t’arrêterait dans ton désir de revenir parmi nous !
Et à partir de là, disons-le, tu dévoilas ton vrai visage !
Même l’apparente fermeture d’ouverture de poste, même l’achèvement de ton cycle d’études, même la tentation d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte ! Non, tu revenais toujours vers ces bureaux où tu avais vécu quelques mois qui semblaient des années. Stage, CDD, précarité, rien ne te faisait démordre de cette conduite qui devait permettre qu’à un moment, il devint presque plus simple de t’intégrer que de te refuser l’accès à notre équipe.
Car tu l’avais mise dans ta poche cette petite équipe de travail que tu souhaitais faire grossir de ta présence !
Même l’impassible Sophie, qui en avait tant vu de ses stagiaires excités, qui cédait à ta capacité d’apprendre... Même notre Hervé, que tu avais retourné comme un gant, et ne jurait plus que par toi comme assistante, même Nadine qui te mit le grappin dessus pour combler les vides d’une Festival des Jeux, ce que tu accomplis avec talent même si tout le monde sait que tu n’aimes pas jouer... Même Marie, campant derrière son statut de maman des stagiaires qui t’octroyait tous les stylos que tu demandais et te pardonnait tes consommations excessives de feutres et autres agrafeuses sans te morigéner...
Toutes et tous ont succombé à ton charme, toutes et tous ont fait que ce poste, que rien ne dessinait, finalement, s’est ouvert pour toi, comme si ta volonté était plus forte que la réalité des chiffres, que les préceptes d’une Direction Générale, que la dureté d’une période sans pitié pour les jeunes qui ont soif d’apprendre et de travailler en s’intégrant !
Alors, tu es devenue la Cynthia Reberac de l’Evénementiel du Palais des Festivals, la vraie, celle qui aime son travail, celle en qui on a confiance, une collaboratrice juste et efficace, qui ne s’est pas endormie derrière sa titularisation pour casser son rythme de croisière... Bien au contraire, tu as passé la vitesse supérieure !
Tu as mis ta passion au service de la réalisation des événements culturels, tu as su te rendre indispensable, à Bernard Oheix en train de partir, à Sophie Dupont en train d’investir les plus hautes responsabilités, à l’équipe toute entière, devenant une cadre responsable et efficace de la culture Cannoise !
Bon c’est vrai aussi qu’il y a un prix à payer ! Trop absorbée par ton travail, tu as perdu en chemin un mari potentiel à qui tu aurais dû servir, comme une femme aimante et soumise, des bières pendant qu’il regarde des matches de foot sur le canapé et que par contrecoup, tes futurs enfants s’impatientent de naître, que tu rêves parfois d’une console technique en lieu et place d’un tableau «excel», et que dans ton sommeil, toute seule dans le petit lit de ton austère studio, tu te laisses à espérer, parfois, ne plus avoir de responsabilités sur un Festival des Jeux quelconque ou sur un concert de musique classique des Nuits Musicales du Suquet... Mais qu’importe !
Tu es au zénith de la vie parce que tu sais désormais ce que tu veux et ce que tu vaux bien !
Et ce que tu vaux, on est tous ici pour te le dire et te le confirmer : tu es de l’or, un bijou de femme, une battante, une positive «women», et on est fier de travailler avec toi !
Surtout ne change rien, Cynthia, ce sont les autres qui devront s’adapter, et il y a bien dans ce monde, quelque part sur cette terre, un homme qui ne sera pas un boulet pour t’attendre, qui comprendra quel trésor se cache en toi et combien il faut t’accepter comme tu es, pleine et entière, indépendante et capable de vivre avec les autres, ombres et lumières...
Tu as l’âge des possibles, c’est une certitude, et je suis heureux au nom de toutes et tous, de te dire, «bienvenue parmi le monde des adultes, des trentenaires, de ceux qui sont les femmes et les hommes qui devront transformer le monde afin de l’améliorer car il en a bien besoin !»
Bon anniversaire très chère Cynthia Reberac, et au travail !