Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Wasla

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des gens que l’on rencontre presque par hasard et qui nous marquent instantanément. Un coup de foudre d’amitié, loin de toutes préoccupations et ambiguité, comme la lumière du soleil peut illuminer un matin d’espoir de la Côte d’Azur. Tarek Abdallah en fait partie. C’est un Egyptien au regard profond, qui parle d’une voix douce mais ferme, un corps élancé et racé, élégant naturellement. Il est de ces grands lettrés comme la culture d’Orient nous en a tant offert, de ces gens visionnaires qui savent lire au delà des mots et jongler avec les images pour décrire ce qui est derrière la réalité du monde.

En cette époque où l’on brûle allègrement les trésors de l’humanité, où des intégristes peuvent abattre des statues millénaires au nom d’une purification contemporaine, où des trublions fascisants, par la grâce d’un média, s’érigent en philosophes du bon sens et de la pensée creuse, où l’on casse les liens sociaux pour isoler l’individu et l’enfermer dans les prisons de son propre regard... en cette période ou le fiel de la haine de l’autre se diffuse comme le parfum rance d’une histoire éternelle de destruction, Tarek Abdallah est comme une vigie, un être qui se souvient, un veilleur qui alerte et remet au goût du jour le passé, la beauté essentielles des idées et de la culture comme un vecteur d’humanité indispensable à l’avenir.

Le CD que Tarek Abdallah vient de produire et qui sortira le 1er décembre, Wasla, porte comme sous titre «Suites Musicales Egyptiennes» et c’est bien du côté de la musique savante que son auteur se situe. Musique Classique d’Orient, cet ensemble de compositions originales entremêlent les douces sonorités de l’oud dont il est un maître, aux percussions élaborées d’un riq (petit tambourin traditionnel égyptien) tenu par Adel Shams El Din. Chaque morceau semble accrocher les notes et les tisser pour envelopper l’auditeur dans un réseau maillé de douceur et d’énergie.

Ce CD est austère et léger, violent et doux, fin et dynamique. Il témoigne d’un vrai désir de permettre au passé de fusionner dans le présent et la technique hors pair des deux interprètes est au service d’une romance achevée, boucle intemporelle où se fondent les notes cristallines des deux virtuoses. Le temps s’étire au service de cette symphonie orientale, on décroche du présent pour se fondre dans «les grands déserts où luit la liberté ravie», on se glisse presque malgré nous dans une mélopée entêtante que l’on garde bien après la fin de l’écoute, porte ouverte vers un ailleurs de désirs et de mystères. Ce n’est pas une oeuvre contemporaine mais atemporelle et cela en fait la force, l’indiscutable originalité. Il faut savoir prendre son temps à son écoute, abandonner ses codes et ouvrir son esprit tant cette proposition échappe à toute notre logique.

Extraits du Dossier de presse :

«La wasla est une expression particulière de la suite musicale, développée par

différentes traditions arabes, du type nuba en Maghreb ou fasl en Syrie. Outre

sa définition première qui signifie liaison, le terme wasla réfère donc à la suite

musicale savante propre à la tradition égyptienne qui fut pratiquée entre le

dernier tiers du XIXe siècle jusqu’aux années 1940. De nos jours, cette

période est considérée comme étant l’Âge d’Or, non seulement de cette

tradition musicale, mais aussi de l’art du ‘üd égyptien en solo.

« Wasla » est une création élaborée par Tarek Abdallah proposant de renouer

le lien avec l’Âge d’Or de cette tradition musicale à travers une approche

personnelle de la suite musicale égyptienne, aussi bien sur le plan de la

composition que de l’interprétation et de l’improvisation.

Ce programme se compose de trois wasla, se déroulant sur trois maqäms/

modes différents alternant des formes composées, semi-composées et

improvisées.

La première wasla est composée entièrement par Tarek Abdallah en mode

Bayyätï. La seconde en mode Rast en hommage à Mohamed al-Qasabgi

(1892-1966), le plus grand Maître de l’art du üd égyptien au XXème siècle.

Enfin, la troisième wasla est composée en mode Sikah.

Tarek Abdallah termine une thèse de musicologie à Lyon. Il est l’archétype d’un intellectuel jonglant entre deux cultures, la sienne et celle de son pays d’adoption, entre le passé et le futur, entre ici et ailleurs.

Wasla pourrait se traduire par «le Lien». Et c’est bien dans cette démarche d’une liaison entre l’histoire et le présent, entre l’Europe et l’Orient, entre la musique savante et la musique du monde qu’il se situe. Cette oeuvre est le reflet de sa pensée et l‘aboutissement d’années de recherche, de réflexion, entre sa fidélité aux maîtres d’une culture musicale qui plonge ses racines dans l’histoire fascinante de son pays et sa volonté de la perpétuer en la renouvelant.

Le 1er décembre 2014, dans les rares bacs qui restent disponibles, allez acheter Wasla, pour ouvrir ses portes de la perception ! Et si d’aventures vous croisez la route de sa tournée dans les lieux de culture qui résistent aux assauts du showbiz, n’hésitez pas, son concert est un moment de grâce ultime !

Wasla

Voir les commentaires

les Nouvelles MJC

Publié le par Bernard Oheix

Avant...

Bon, cela commence mal ! Le passé encore et toujours avec cette récurrence : avant c'était mieux ! D'accord, faisons simple, allons à l'essentiel même si en tant qu'ancien Directeur de Maison des Jeunes et de la Culture j'ai énormément à dire sur le sujet que je revendique d'une façon absolue et sans réserve ma matrice et la filière où j'ai forgé mes premières armes !

Les MJC (600 en France !) étaient positionnées, soit dans des quartiers, avec une dominante socio-culturelle, soit dans les centres villes avec une dimension plus culturelle. Dans tous les cas, elles étaient formatrices, écoles de citoyenneté, pratiquaient des activités (yoga, astrologie, sports…) tout en regroupant des publics diversifiés, organisaient des rencontres et des débats, projetaient des films dans des ciné-clubs où des intervenants bénévoles animaient des discussions passionnées, invitaient à décloisonner les cultures, aidaient à construire une société laïque, multi-culturelle, travaillaient sur le politique. Elles étaient des vecteurs de la démocratie, accueillaient les groupes artistiques émergents locaux, devenaient le lieu où se tournait un grande partie de la jeunesse en mal d'actions et de créations, l'endroit que l'on investissait en l'accaparant pour améliorer son quotidien et le vivre ensemble !

Bon, c'est un peu schématique mais tellement vrai ! Combien d'acteurs politiques à s'être testés dans les réunion des conseils d'administration, combien d'artistes à s'être rodés dans les salles exigües des complexes polyvalents, combien de directeurs et d'animateurs issus des quartiers et passés par les moules de l'action volontaire et bénévole !

Elles n'ont pas su s'adapter sans aucun doute, mais elles ont été abandonnées dès la fin des années 80 au profit de structures municipales, on les a jetées à l'encan d'une action plus contrôlable, plus maîtrisable, soumise au pouvoir d'un édile qui avait compris après mai 81 et la victoire de la gauche, le rôle de l'associatif. Les politiques locales ont voulu des résultats directs et ont embauchées des flics de la Municipale plutôt que des animateurs de quartier… Le résultat, on le connait ! Des banlieues qui s'enflamment de se sentir abandonnées, un communautarisme qui s'envole, le retour du religieux, le racisme qui fait son lit de la méconnaissance et des à priori !

Mais voilà, l'histoire est une boucle sans fin et de nouvelles structures sont en train d'émerger, souvent dans les zones industrielles, dans des préfabriqués du premier étage, avec vue sur les noeuds routiers et parkings à proximité !

Alors vive la nature si bien faite !

Voilà donc cette MJC new âge ! Le yogi lévite, on se relooke en faisant du pôle dance, on apprend le vin en oenologue averti, Yohan fait son site Internet et la sorcière Belinda initie aux astres ! Tout cela à volonté, pour un montant fixe et sans aucun engagement d'apprendre l'anglais ! Vous avez dit confiance ?

Voilà donc cette MJC new âge ! Le yogi lévite, on se relooke en faisant du pôle dance, on apprend le vin en oenologue averti, Yohan fait son site Internet et la sorcière Belinda initie aux astres ! Tout cela à volonté, pour un montant fixe et sans aucun engagement d'apprendre l'anglais ! Vous avez dit confiance ?

Voir les commentaires