Go Home, now !
Et voilà donc, nos amis britanniques décidant de quitter l’Europe, morgue bien connue des anglais, crachant avec tant de facilité sur la construction européenne, comme tant d’autres actuellement dans chaque pays où les extrêmes droites et les populismes fleurissent avec leurs cortèges de fantasmes d’états souverains et de repli sur soi !
Alors oui, prenons-les au mot et appliquons la règle. Ils veulent partir, qu’ils s’en aillent et c’est, il fait nul doute, la dernière carte que l’Europe doit jouer afin de se reconstruire et de devenir ce rêve d’un pays de nations solidaires que nous faisons depuis tant d’années et que les «britishs» entravaient avec constance, arrachant toujours plus de concessions leur permettant de bloquer la marche vers le futur de cette Europe à laquelle nous aspirons. Ils voulaient un marché sans les contraintes, une finance au pouvoir et aucune entrave à leur libéralisme outrancier, il va désormais falloir qu’ils assument leur décision.
Européen convaincu et viscéral depuis mes rêves soixante-huitards, je suis pour une Europe de la culture, pour une Europe sociale, pour une harmonie fiscale, pour une Europe qui s’affirme contre l’ultra-libéralisme et le petit jeu de nos élites bancaires et financières.
Alors oui, autant je trouve insupportable la morgue des Européens devant la crise grecque et sa gestion catastrophique dont les principales victimes sont les habitants de ce pays qui payent l’addition en voyant leur maigres revenus amputés de moitié pendant que les riches ont placé leur argent dans les banques suisses et que les organismes prêteurs s’en mettent plein les poches, autant je suis révolté par la peur et l’immobilisme de nos gouvernants devant la crise migratoire des réfugiés chassés par les guerres ou la faim et son cortège d’inhumanités (bravo Angela Merkel et honte sur les Français !), autant les Anglais devront assumer d’avoir jouer avec le feu… et que les technocrates de Bruxelles ne viennent pas leur concocter un statut spécial qui les exonérerait des conséquences de leur choix !
Il en va de l’avenir de tous, de l’espoir de cette Europe unie et forte, capable de devenir un pôle de développement, un espace de vie que les frontières étouffent, que les nations croupions entravent !
Oui à une réforme profonde du système actuel, oui à un contrôle d’une technocratie européenne gavée de privilèges et qui oublient le bien des peuples en s’accrochant à leur pouvoir sans contrôle démocratique, oui à la remise au pas de ces pays que l’on a hâtivement intégrés et qui flirtent avec les dictatures du passé (Pologne, Hongrie) en ayant profité du système taillé par les « libéralistes" pour leur propres bénéfices…
Faisons un vrai bilan de ce qu’à apporté l’Europe, de cet espace dans lequel les étudiants d’Erasmus se rencontrent et se découvrent, de ces frontières que nous traversons d’un pas léger et de cet euro qui nous réunit, de l’incroyable essor qu’elle a entrainé au Portugal (qui a l’air de ne pas s’en souvenir !), en Espagne et dans les ex-pays de cette Europe de l’Est sortie de la préhistoire et dont les économies furent dynamisées par leurs adhésions… Souvenons-nous des guerres financières du passé, de ce choc des dévaluations permanentes, de cet affrontement qui saignait à blanc les économies…
Ce n’est pas l’Europe qui est en cause dans la crise économique actuelle mais bien l’ultra-libéralisme qui efface toutes les frontières au profit d’une concentration des moyens de production de plus en plus effrayante, donne de la richesse aux plus riches et le pouvoir aux trusts qui eux n’ont pas de patrie… Que ces conglomérats payent leurs impôts dans les pays où ils officient, que les paradis fiscaux (le Luxembourg…) soient supprimés, que les actionnaires ne soient pas les décideurs d’une économie de terrain, que les technocrates ne soient pas au service des puissants mais à celui des gens qui vivent dans cet espace qui est le nôtre et que nous aimons.
Alors oui, messieurs les Anglais, vous avez tiré les premiers…
Moi, je me sens « Boccassien", Cannois, du Sud, Français, Européen et enfant du monde… même si je m’y reconnais pas toujours ! Et je veux pouvoir encore rêver d’un monde meilleur où la culture, l’humanisme et l’amour l’emportent sur les banques, la haine et le désespoir !
Mon monde n’est pas celui de Bolloré, du luxe et des armes, il n’est pas celui des « traiders" et du retour sur investissement, il n’a rien à voir avec les extrémistes religieux (quelques soient les religions !) ni avec les peurs entretenues par les apprentis sorciers de l’extrémisme de droite… il est celui de la vie et d’une Europe enfin sans les Anglais !