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Le rêve américain

Publié le par Bernard Oheix

Entrer aux Etats-Unis, c’est un peu comme mettre les pieds dans un bunker. Des formalités tatillonnes d’un pays enfermé dans un corset de règles contraignantes que ne renieraient pas les républiques des ex-pays de l’Est, des personnels peu amènes aux frontières qui vous scrutent, vous font déchausser (même les tongs sic !), sans aucun ménagements, comme un bétail parqué, rythment de leur doigt des files d’attentes qui s’éternisent au bon vouloir de leurs désirs dans un inconfort absolu.

Les uniformes, sûrs de leurs droits, règnent en maîtres absolus. ils vous posent des questions comme si vous étiez coupables d’entrer chez eux, que vous portiez toute la noirceur du monde sur les épaules.

Pas d’humour, ni d’humanité, le «patriot act» est passé par là. On vous prend les empreintes digitales, on vous photographie, on vous demande le nom de vos père et mère, si vous êtes venus faire un attentat et transportez des explosifs, avez touché des animaux...

Il y a comme de l’humour à faire l’inventaire «courtelinesque» des démarches ubuesques pour satisfaire son rêve américain de manger un hamburger au pied de la Maison Blanche.

Le pays qui ouvre les frontières des autres aux forceps, au nom d’un ultra-libéralisme qui doit satisfaire son économie, et impose des traités de libre-échange où il se taille la part du lion, n’est plus capable d’accueillir les visiteurs d’un soir !

Pire ! Il les méprise et les soupçonne de toutes les vilénies possibles.

Cela se ressent d’ailleurs quand on pose les pieds sur ce sol qui nous faisait tant rêver. Le pays des cow-boys et des indiens, des affranchis et de la liberté, des écrivains et des cinéastes, des grands espaces s’est refermé sur lui. Son espace est devenu vide, sa grandeur, une frontière du passé. L’hospitalité réelle et légendaire s’effiloche au fil d’une histoire qui s’écrit au présent. Comment imaginer qu’une nation qui donne le tempo au monde en soit à se demander si élire un Donald Trump serait une réponse aux drames de la planète ? Comment conjuguer la grandeur de quelques uns avec la médiocrité générale de tous ?

Et comment devons-nous concilier le fait qu’ils soient collectivement coupables d’une partie des maux du monde (l’ultra-libéralisme «reaganien», les interventions en Afghanistan et en Irak (on attend toujours les armes de destruction massive), l’écroulement des politiques culturelles au nom d’un impérialisme de l’American way of life, l’espionnage systématique même des alliés, tout cela entres autres !) et refuse d’en assumer individuellement la responsabilité !

Il y a tant de belles choses dans ce pays, il est si chargé d’histoires ce pays neuf, que nous avons de la peine à voir sa face noire prendre le-dessus. Quand vous vous baladez dans Washington, que vous voyez de vos yeux le Capitole, les mémoriaux de Thomas Jefferson et de Martin Luther King, la Maison Blanche dans l’alignement de la stèle qui crève le ciel bleu, vous pouvez percevoir toute la beauté des rêves que ce pays a générés, toute la fascination que nous lègue son histoire... Mais que cela semble dérisoire désormais, et combien cet écrin de verdure d’une ville-monde peut paraître en décalage avec la réalité.

Marchez dans les rues d’Alexandria ou de Laurel, les magasins vides condamnés par des planches affirment une crise réelle, les gens qui se détournent et ont peur de l’autre, les grands complexes commerciaux écrasés de chaleur, sans âmes et sans espoir pour les laissés pour compte, toute ce vide atomisé auquel les américains veulent répondre en votant pour un homme dont on peut se demander si son équilibre mental l’autorisera à garder ses doigts bien loin du bouton nucléaire et s’il saura assumer le désordre d’un monde que les Etats Unis ont contribué à engendrer !

Alors oui, j’ai eu le privilège de parcourir les routes de l’Ouest et de faire un tronçon de la 66 en dormant dans des motels désuets, de sillonner La Vallée de la Mort, de rêver aux grands espaces à Monument Valley, de grimper dans les tramways du vieux «Frisco» et de manger une soupe de crabes sur le wharf, de jouer sans espoirs quelques dollars à Végas, j’ai mangé une viande succulente à Boston et j’ai communié à New-York avec les cultures du monde, j’ai arpenté le bord de mer d’Atlantic City en imaginant mes «battles in the sky» en lettres d’or dans le ciel, j’ai adoré l’écrin vert de Washington...mais je n’aime pas l’Amérique de Trump, je n’aime pas ce que ce pays devient, et cela fait peur !

La beauté de Washington est incroyable... L'eau, les parcs fusionnent en un incroyable entrelacement d'où émergent des bâtiments que nos livres d'histoire nous ont appris à aimer !

La beauté de Washington est incroyable... L'eau, les parcs fusionnent en un incroyable entrelacement d'où émergent des bâtiments que nos livres d'histoire nous ont appris à aimer !

Que les américains nous autorisent encore à rêver de ce pays qui devrait tracer une voie vers la paix et non un chemin vers l'enfer ! !

Que les américains nous autorisent encore à rêver de ce pays qui devrait tracer une voie vers la paix et non un chemin vers l'enfer ! !

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Jeux de Monde !

Publié le par Bernard Oheix

Et l’été s’achève donc, dans cette chaleur si particulière, commencé par un drame qui tétanisa la Côte d’Azur avec son cortège de dizaines de morts pour rien, si ce n’est la folie de quelques hommes emportés par l’ivresse du mal, comme si les aspirations les plus noires de quelques uns venaient se télescoper avec les projets les plus glaçants d’êtres avides du pouvoir de s’émanciper des règles de la vie en méprisant l’être humain.

Rien ne justifiera jamais ces hordes jetées sur la route de l'exil, traversant au prix de tant de morts des mers inhospitalières et des terres dans lesquelles ils perdent un peu de leur humanité à chaque pas. Docteurs, professeurs, artisans, pères de famille, femmes enceintes, enfants aux rêves de terreur... toute une humanité démembrée, avec la peur au fond du ventre et l’incertitude des lendemains où chaque jour est une épreuve, chaque heure passée à survivre, une victoire contre le désespoir ! Fermer les yeux, c’est se rendre complice des bourreaux !

Mais derrière cette peinture jonchée des cadavres de ceux qui n’aspiraient qu’à vivre, il y a l’authentique folie d’un monde qui a perdu son sens dans la dérégulation générale et l’absence de scrupules de ceux qui ont le pouvoir de dire non !

Déstabiliser les économies mondiales en dérégulant à outrance en ne payant pas d’impôts aux pays dans lesquels ces grandes firmes se taillent des empires, c’est fournir des bataillons d’affamés à ceux qui n’ont pas de scrupules à les transformer en chair à canon. Ne rien faire c’est être complice !

Piller les ressources naturelles de l’Afrique (pétrole, bois, agriculture, minerais, diamants...) et maintenir des régimes fantoches de dictateurs corrompus qui s’accaparent les miettes concédées par les anciens colonisateurs, c’est jeter sur la route meurtrière de l’exil, des millions de jeunes qui viennent s’échouer sur nos rivages...S’en satisfaire, c’est être complice !

Vendre des armes à des pays qui les utilisent pour massacrer des populations est un crime contre cette humanité que l’on défend dans les mots mais qui marche au bruit des bottes. Les milliers d’emplois induits sont entachés du sang des victimes et les dirigeants de ces firmes ainsi que tous ceux qui en profitent au nom d’un intérêt national sont complices du crime de ces guerres.

Une Europe incapable de se pencher sur le sort des Européens, incapable de réagir, dans le déni des crises migratoires actuelles, ingouvernable du fait de l’accumulation des concessions à des entités nationales obsolètes, est un facteur de division et de désespérance. Son traitement de la crise grecque est révoltant. Que les Anglais sortent le plus rapidement possible de l’Union Européenne est une nécessité que les technocrates de Bruxelles ne doivent pas entraver par des combines nauséeuses basées sur les privilèges des grands financiers et les patrons d’industrie qui n’ont plus de patrie depuis bien longtemps, eux !

Que l’idée même qu’un Donald Trump aux Etats Unis fasse illusion et envisage d’être élu, le doigt sur les boutons de la plus grande nation nucléaire pouvant déclencher un holocauste, que Poutine continue ces jeux de guerre en distillant ces stratégies de petit dictateur en égrenant son nationalisme et son populisme raciste, que Bachar El Assad soit toujours le potentat assoiffé de sang qui règne sur la Syrie, que Erdogan transforme la Turquie, ce pays si beau et hospitalier, chargée d’une histoire de l’homme, en un territoire de tous les mensonges, purges, islamisme rampant, soif de pouvoir d’un dictateur ivre de sa propre personne, que la Chine impose sont blocus et joue dans la cour des grands derrière un rempart qui isole sa population des libertés, que quelques potentats africains continuent d’accumuler des biens volés aux pauvres de leurs pays pour les investir dans des biens situés dans les pays riches, tout cela rend intolérable l’impuissance des pays européens occupés à des jeux stériles et politiciens avec leurs propres populismes !

Quelles réponses apporter ? Certainement pas celles d’un Front National englué dans ses propres affaires qui lance des réponses toutes faites comme de la poudre aux yeux, charlatans vivant sur la misère et la bêtise de ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux !

Vers qui nous tourner ? Et si on faisait le pari de l’intelligence, nos enfants le méritent, eux qui vont hériter d’une terre qui s’épuise en pillant ses ressources naturelles, désormais bien entamées, sur le fil d’une irréversibilité qui s’annonce !

J’ai Lise, ma petite fille, qui veut grandir et s’épanouir dans un monde où les barbares ne nous donneraient plus le tempo de nos sorties, où l’on pourrait assister à un feu d’artifice sans crainte, où un concert serait un lieu de partage et d’échanges et point un règlement de compte des frustrés de la terre !

Oui à la paix, oui à l’équilibre, et pour cela, nos puissants d’aujourd’hui doivent accepter que l’accaparement des richesses par quelques uns est le plus grave des dangers. Il sème le désespoir chez l’homme... et derrière ce désespoir, l’horreur chemine à grand pas vers le chaos !

Et si nous repensions le monde en donnant une grande claque à cette caste politique, toutes tendances confondues, qui profite de la situation pour asseoir et maintenir son propre pouvoir vide de sens ?

Et si nous rêvions un peu pour nos enfants et tous ceux qui n’ont rien demandé en naissant, qu’à aspirer à un bonheur légitime ?

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