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Hommage à Roland Dyens

Publié le par Bernard Oheix

 

Je sais qu’il y a des évènements très importants actuellement... La primaire de la droite et ses affrontements pathétiques, Hollande osera-t-il se représenter avec ce bilan qui n’en finit plus de frémir, Marion qui attaque Estrosi sous prétexte qu’il lui pique sa motion d’exclusion des immigrés en PACA, Trump qui pourrait avoir l’arsenal nucléaire sous ses doigts dès demain matin, Erdogan qui emprisonne tout ceux qui respirent et décapite la presse et la démocratie...

 

Et pendant ce temps, la vie continue, elle s’arrête même pour certains, et c’est bien le cas pour un homme que j’aimais et qui rayonnait de toutes les couleurs de l’arc en ciel.

Roland Dyens s’est éteint, la flamme de son coeur a été soufflée et au-delà de la perte d’un ami, pas une ligne dans la presse pour célébrer la disparition de celui qui ennoblit la guitare classique au long d’une carrière d’élégance et de brillance.

Oui, Roland Dyens, même si le silence éternel s’abat sur ces notes que tu distillais avec passion, dans le coeur de tes amis, de tes élèves, de tes nombreux fans, tu resteras le monstre sacré qui savait inventer un monde d’harmonie avec quelques cordes et des doigts qui n’en finissaient plus d’en tirer les sons extrêmes de ton génie.

 

Nous nous étions découverts dans l’aventure inégalée de Guitares Passions, un festival de guitares que j’organisais et dont le Directeur Artistique était Pierre Olivier Piccard, qui réunissait dans tous les genres, les meilleurs interprètes et conjuguait concerts d’exception, cours, masters class et "jam's" enlevées et débridées pour des «offs» de légende ! C’était la fin des années 80, nous étions dans une période bénie où tout était possible, même les rêves les plus fous qu’un «show-biz» jugulera par la suite. La passion pouvait l’emporter, la sécurité n’avait pas encore émis ses oukases dévastateurs, et le public friand, se délectait et osait l’aventure sans égal d’une découverte improbable !

J’ai en mémoire tant d’heures qui échappent au temps, des rencontres impossibles...  Ainsi, j’ai pû croiser la route, dans un contexte si favorable à l’échange, des Chet Atkins, Frank Gambale, Marcel Dadi, Alexandre Lagoya, Paco de Lucia, Al di Meola, John MacLaughlin  (hélas, les 3 derniers pas ensemble !), Birelli Lagrene, Steve Vaï, Roberto Aucelle, Charly McCoy, Jonathan Moover, Simon Phillips, Juan Carmona, Michel Haumont, Vincent Absil, Jean-Claude Rapin, Scott Henderson, Nono et tant d’autres !

 

Nombres ont précédé Roland en s’éclipsant toujours trop tôt... mais ce n’est pas un hasard si, pour mon dernier concert programmé à Cannes, dans le cadre des Nuits Musicales du Suquet, le 23 juillet 2016, j’ai demandé à mon complice guitariste Jean-Claude Rapin, de battre le rappel de mes amis pour une soirée Guitares Passions et d’en assurer la Direction Artistique...Une façon de boucler la boucle, d’achever mon parcours par où je l’avais entamé...

ils ont été si nombreux à répondre présents pour mon concert d’adieu ! Je me souviens encore de Jean-Claude, me téléphonant un soir du mois de mai pour m’annoncer que Roland Dyens avait, non seulement accepté de venir jouer, mais qu’il en était heureux et fier !

On le disait malade... mais quand je l’ai accueilli au Palais des Festivals, j’ai vu un immense sourire lui barrer le visage et chasser tous les nuages... Il m’a pris dans ses bras et nous nous sommes étreints, longuement et en silence... Nous n’avions plus besoin de mots !

Et le concert a eu lieu, et mon ami Roland Dyens a été sublime, 15 minutes distillées comme par enchantement, à un public terrassé par l’émotion. Parmi tous ces invités de luxe c’est à un ensorcellement qu’il nous a convié dans les deux oeuvres qu’il a jouées, une improvisation et une pièce de Pujol. Il a rayonné avec la simplicité évidente de ceux qui ont le génie en eux, et le public ne s’y est pas trompé qui lui réserva une ovation à la fin de son mini-set qui concluait la première partie du concert.

 

 

Hommage à Roland Dyens

 

Suite à la soirée, il s’est éclipsé, fatigué, sans venir au repas de clôture et le matin, un voiturier est venu le chercher pour l’aéroport de Nice.

J’ai écrit un texte dans mon blog sur cette dernière soirée des Nuits Musicales du Suquet de l’ère Oheix (cf. blog Internautes de tous les pays) et j’ai envoyé un petit mot de remerciement à chacun des participants pour les remercier. 

Voici le message que je lui ai transmis et sa réponse :

 

> Cher Roland,

> Comment t’exprimer l’émotion que j’ai ressenti quand je t’ai vu, après tant d’années, présent pour ma dernière soirée de spectacle… 

> Tu as été au début de ma carrière et tes notes magiques ont su lui donner un clap de fin qui résonne comme un chant merveilleux d’adieu !

> Oui, Roland, l’amitié n’est pas une illusion, un regard, un mot et le rêve d’un monde meilleur peut renaître et nous aurons toujours la jeunesse dans le coeur.

> Merci à toi pour ta présence si chaleureuse et que tes doigts puissent encore longtemps faire chanter cette guitare ensorcelante comme ce soir du 23 juillet 2016 au dernier concert organisé par Bernard Oheix, ton ami !

 

J'ai enfin lu.

C'est magnifique Bernard.

Merci de tes adorables paroles.

 

                     Je t'embrasse.

                                        Roland

 

  

Je sais qu’il a mis en ligne sur son site une phrase de mon texte, et j’en ai été particulièrement touché. 

 

Reviews

 

Bernard Oheix, Les Nuits du Suquet

La bouleversante classe de Roland Dyens qui, en quelques notes, donna une dimension planétaire à la soirée.

 

 

Je ne savais pas, par contre, que ces échanges étaient les derniers que nous aurions, je n’imaginais pas que ce concert de Cannes, serait le point d’orgue de sa carrière… La mort des autres, de ceux que nous aimons, nous est encore plus cruelle. Elle nous rappelle la fugacité du temps et combien ces limites avec lesquelles nous jonglons en permanence nous rapprochent de notre propre fin.

Allez, Roland Dyens, tu as semé la magie par des notes cristallines, elles sont un diamant dont nous pouvons nous parer pour dire que tu as vécu pour la beauté, que tu as enchanté le monde et fait courir la vie dans nos coeurs.

Adieu camarade, a un de ces jours, pour un ultime « boeuf » en compagnie de tous ceux qui aiment la vie !

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