Luc Besson et Thierry De Peretti
On sait que Luc Besson n’est pas toujours en odeur de sainteté auprès des critiques. Certains ont encore en mémoire l’accueil houleux au Palais des Festivals de Cannes du Grand Bleu, sifflé et hué en séance de presse alors qu’il allait devenir culte chez toute une génération. Et chacun de ses films en tant que réalisateur provoque bien souvent une moue pincée chez ceux qui sont en charge de donner le tempo de la critique cinématographique.
Et ne parlons pas de son activité de producteur où ses films cassent la baraque du box office en étant dédaignés par tout le gotha du cinéma (Taxi, Taken)… Et si l’on rajoute derrière cela, le lobbyiste du cinéma Français, l’homme entrepreneur des studios de Seine St Denis et celui qui fraye avec certains « politiques » honnis, alors on a un tableau réaliste de ce qu’il doit endurer à la lecture de certains articles.
Pourtant, un homme qui a réalisé Leon, Nikita, Subway, Le 5ème élément et tant d’autres films ne peut pas être entièrement mauvais ! Un seul de ses films suffirait à ennoblir bien des cinématographies de gens encensés par les critiques mais que le public ignore.
Luc Besson est ainsi, un objet de polémiques, mais avant tout c’est un faiseur de rêves, un bâtisseur du cinéma, qu’on le veuille ou non !
Et Valérian est bien là pour prouver qu’il n’a rien perdu de son magnétisme, de sa capacité à faire rêver et à nous entrainer dans des mondes imaginaires avec le regard d’un enfant émerveillé.
Je suis fan, non de la BD que je ne connaissais que très peu, mais de ce film qui, à la croisée des chemins, entre la saga de la «Guerre des étoiles » et l’odyssée écologique d’ « Avatar » nous offre la possibilité de plonger là où tout est possible, même la victoire des gentils et l’amour entre les peuples.
Que Luc Besson ait misé gros en produisant ce film est une évidence tant la richesse de l’image, des effets spéciaux et la qualité de la production en impose. Il serait anormal qu’un homme qui donne tant au cinéma Français soit brisé alors même qu’il prouve que rien n’est impossible, même l ‘incroyable. Au delà de tout, si vous aimez le cinéma, alors, plongez dans le 3ème millénaire d’un futur possible, là où Valérian et Besson nous permettent de redevenir les enfants éblouis de merveilleux que chaque adulte reste quand l’image nous transporte !
Alors pourquoi tant de haine ?
Allez, il n’y a pas de mal à se faire du bien, courrez voir Valérian et prenez tout le plaisir qu’il vous offre comme un moment rare de tendresse d’un ami qui vous veut du bien !
Il y avait gros à parier qu’un corse s’attaquant à l’histoire tourmentée de la Corse allait souffrir les mille tourments d’un déchirement intérieur. Comment se confronter à la genèse du « nationalisme », à la haine du « colon Français », à l’incroyable déliquescence d’une jeunesse captivée par les idéaux d’une Corse indépendante et à la gangrène de la collusion entre les revendications nationalistes et les intérêts maffieux ?
C’est tout le talent du réalisateur après Les apaches que de produire ce film en évitant le « folklore » corse qui ne demandait qu’à surgir. Une vie violente plonge dans l'histoire de la radicalisation d’une jeunesse en prison, de la raison d’état d’un mouvement qui se divise au nom d’intérêts égoïstes, du culte du chef et des agissements troubles d’une caste politique sur un vernis de fascination pour la violence et les armes de la société Corse.
Le film progresse ainsi, authentique analyse subtile, sans forcer le trait, cheminement vers une radicalisation où la vie devient un enjeu sans importance, comme si la mécanique des éléments ne pouvait que déchaîner les forces obscures qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Jeunesse perdue, comme actuellement celle qui se radicalise pour une cause au nom d’Allah, d’une suprématie d’une race ou autres raisons où la sauvagerie des idéaux balaye l’humanité de chacun !
Film témoignage sur une période que j’ai vécue, où les « nuits bleues » rythmaient mon sommeil, où les tensions se ressentaient dans la vie quotidienne, ou d’accueillante et hospitalière, l’île s’était transformée en bastion assiégé par les peurs et l’angoisse.
Ce sont deux Films émouvants et forts, noblesse du cinéma à la Française, capable de lire une histoire encore présente avec la précision chirurgicale d’un observateur attentif, ou de se projeter dans l’imaginaire de mondes merveilleux qui ne demandent qu’à nous faire rêver !
Allez, vive le cinéma Français et ceux qui le font, et courrez voir ces deux réalisations, vous ne le regretterez pas !