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Le grenier de la mémoire 9 : L'ethnologue du quotidien !

Publié le par Bernard Oheix

Il ne fallait pas qu'elle me cherche... Elle m'a supplié de lui épargner ce billet, mais en cette heure de confinement intense, les barrières de la bienséance s'écroulent facilement ! Et puis, Sylvie n'avait qu'à pas être mon amie de jeunesse, pré bac et pré-pubère ! Non mais !

Fille des montagnes par les parents, elle a grandi dans le Sud au bord de l'eau bleue pour une fois son coeur pris par un savoyard, retourner sur les pentes neigeuses qui cernent Grenoble. Et c'est ainsi que sa fulgurante carrière de photographe s'est échouée dans l'univers macho des combinaisons fluo, à faire des portraits de skieurs en mal de reconnaissance, signant au passage quelques unes des plus belles photos de Montagne Magazine et d'autres publications tournées vers les cimes des Alpes. Elle a bien tenté aussi de marquer ses voyages incessants de reportages (souvent réussis par ailleurs) de quelques traces immémoriales.

Mais elle a raté le coche d'être cette "Ethnologue du Quotidien" que je lui avais offert dans mon immense mansuétude ! Elle aurait pu grâce à moi devenir l'égale des plus grands, mais son confort et les gains misérables d'une existence dorée l'ont détournés de la voie royale qui l'aurait menée au pinacle des Cartier-Bresson, Doisneau et autres références de la photographie du sens !

Et pourtant, j'ai tout fait pour la lancer dans le grand bain. Pour preuve, cette exposition que je lui ai consacrée dès novembre 1980 sur les murs de la MJC de Bourg en Bresse dont j'étais le tout nouveau directeur, preuve s'il le fallait, de la confiance que j'avais en son talent !

 

Le grenier de la mémoire 9 : L'ethnologue du quotidien !
J'ai tout fait pour elle, mais l'histoire ne retiendra pas que j'ai été un visionnaire et qu'elle m'a lâchement abandonnée.

J'ai tout fait pour elle, mais l'histoire ne retiendra pas que j'ai été un visionnaire et qu'elle m'a lâchement abandonnée.

Le grenier de la mémoire 9 : L'ethnologue du quotidien !

Ma Sylvie, je t'aime toujours. Tu as un mari sympa et brillant, deux enfants adorables, tu es grand-mère...mais quand donc accepteras-tu d'être enfin cette photographe d'exception ?

Je te lance un message comme une bouteille à la mer : envoie-moi 3 des photos dont tu es la plus fière, et je les publierais ici même afin de me prouver que je n'avais pas rêvé ton talent !

Bise ma copine !

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Le grenier de la mémoire 8 : moment de tendresse !

Publié le par Bernard Oheix

Petite pause en forme d'humour ! On en a bien besoin !

Tout d'abord avec un édito qui m'avait été demandé par la directrice d'un établissement scolaire, admiratrice fervente des Saisons de Cannes : Elle était responsable d'un journal de l'école, Le Garoupiot et souhaitait que j'écrive un petit mot en guise d'amitié.

Et voilà le résultat :

Et vous l'avez compris, en cette période de pandémie : Il suffit d'un voEu pour transformer la CRISE en CERISE ! Quand au texte, plus de 10 ans après, je trouve qu'il résonne étrangement avec l'actualité ! Prémonitoire, n'exagérons pas, mais quand même !

Et vous l'avez compris, en cette période de pandémie : Il suffit d'un voEu pour transformer la CRISE en CERISE ! Quand au texte, plus de 10 ans après, je trouve qu'il résonne étrangement avec l'actualité ! Prémonitoire, n'exagérons pas, mais quand même !

En 2011, je réalise pour la première fois Les Nuits du Suquet comme Directeur Artistique. J'avais invité mon ami Laurent Korcia, qui, au delà de son talent, marche souvent à côté de ses pompes ! Il est un peu lunaire Laurent, sans doute le prix à payer pour son génie. Et il me l'a prouvé au moment de s'habiller pour son concert et d'entrer en scène !

Le grenier de la mémoire 8 : moment de tendresse !
J'ai retrouvé mes chaussures qui avaient supporté un soliste exceptionnel, mais je n'ai pas réussi à capturer son talent... Entre les pieds et les mains, il avait choisi ! C'était peut-être beaucoup demander !

J'ai retrouvé mes chaussures qui avaient supporté un soliste exceptionnel, mais je n'ai pas réussi à capturer son talent... Entre les pieds et les mains, il avait choisi ! C'était peut-être beaucoup demander !

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Le grenier de la mémoire 7 : Bourg en Bresse : clap de début !

Publié le par Bernard Oheix

Imaginez ! Sortant en septembre 1980 de la formation des MJC de Rennes, j'ai pris le poste le plus au Sud disponible, une ville dont je n'avais jamais entendu parler, Bourg en Bresse. La veille de ma prise de fonction, dans ma vieille simca cabossée, arrivant de Cannes, j'ai traversé de nuit les sombres étangs de la Dombes pour arriver vers 2h du matin à l'entrée de Bourg. Là, en travers de la route, une gigantesque banderole m'accueillit sur laquelle en lettres grasses on pouvait lire : Championnat de France des Labours 1980... Et moi qui venais faire de la Culture !

Disons-le tout de suite, ce fut le paradis. Cité moyenne, assez aisée, sans vrai projet culturel institutionnel, la ville était le terrain idéal pour lancer une armada sur les forces légèrement conservatrices qui occupaient le terrain. Encore fallait-il posséder une armée. C'est ce que je fis d'entrée en ouvrant grand les portes et les fenêtres de cette MJC dont les fondations saines s'étaient érigées sur le concept citoyen de formation animé par 2 excellents directeurs (Pierre Hyvernat et Jean Pierre Lamy) mais dont les préoccupations étaient assez éloignées de la culture jeune et de l'Agit Prop !

Et tous ces jeunes de Bourg qui ne se reconnaissaient pas vraiment dans cette version de la  MJC ont convergé vers leur nouveau terrain de chasse. Les Jean-François Michon, Michel Hutinel, Chantal et Patrick Veuillet, Pascal Ainardi, Dominique Gauthier, Mylène Forestier, Ophélie Dupont...ont débarqué enthousiastes, prêts à en découdre avec le bon sens et la normalité ! C'est le socle humain sur lequel on a pu bâtir ensemble un projet délirant. Et au passage, j'ai récupéré des amis pour la vie, une phalange d'irréductibles avec qui on a pu rêvé jusqu'au bout de la nuit

Rassurez-vous, Ces grognards volontaires  ont été servis bien au delà de leurs espérances !

On a commencé par une nuit du polar avec rapt de l'invitée surprise. A la sortie, les spectateurs ont dû enjamber le corps de Myralen Baccall, jupe relevée, couverte de ketchup et certains ne s'en sont toujours pas remis !

On a commencé par une nuit du polar avec rapt de l'invitée surprise. A la sortie, les spectateurs ont dû enjamber le corps de Myralen Baccall, jupe relevée, couverte de ketchup et certains ne s'en sont toujours pas remis !

Le grenier de la mémoire 7 : Bourg en Bresse : clap de début !
Pendu par mon pote Pascal Ainardi, j'ai présenté la nuit de l'horreur avec une seule hantise : Pourvu qu'il ne se soit pas trompé dans le noeud coulant et que je ne m'étrangle point ! Merci Pascal, tu as été à la hauteur, j'ai survécu !

Pendu par mon pote Pascal Ainardi, j'ai présenté la nuit de l'horreur avec une seule hantise : Pourvu qu'il ne se soit pas trompé dans le noeud coulant et que je ne m'étrangle point ! Merci Pascal, tu as été à la hauteur, j'ai survécu !

Deux anecdotes parmi tant d'autres.

Les murs de la MJC étaient intégralement couverts de papier noir par les soins de la belle Ophélie qui y gagna le surnom définitif de Mamie Crépon. Une machine à fumée diffusait en permanence une brume épaisse que des spots rasants trouaient de cônes lumineux. Dans les toilettes, la lumière théoriquement s'allumait en fermant le verrou... Sauf qu'au lieu de la lampe, c'est une bande son de hurlements et de gémissements démoniaques qui se déclenchait ! On a même vu des gens ressortir à moitié déshabillés en rigolant à postériori de leur terreur ! 

Pendant le dernier film, Massacre à la tronçonneuse, dans l'ultime séquence, on voit une poursuite avec une tronçonneuse allumée... Au mot fin de l'écran, toutes les issues condamnées , un spot s'est allumé sur une fausse porte latérale et le toujours fringuant Pascal s'est mis à découper en direct une silhouette humaine avec sa scie hurlante qui traversait le bois...

Je confirme que toute la salle a crié et que la moitié des spectateurs les plus proches de la porte se sont retrouvés sur les genoux de l'autre moitié plus éloignée ! Peut-être que quelques couples se sont formés grâce à nous cette nuit là !

Richesse de l'époque : il y avait 4 journaux pour 40 000 habitants. Le Progrès, Le Dauphiné, Le Courrier de l'Ain, et La Voix de l'Ain... et tous surenchérissaient pour parler de la MJC ! Le pied !

Richesse de l'époque : il y avait 4 journaux pour 40 000 habitants. Le Progrès, Le Dauphiné, Le Courrier de l'Ain, et La Voix de l'Ain... et tous surenchérissaient pour parler de la MJC ! Le pied !

Et voilà comme on gagne le droit de rester dans une ville malgré son poste qui devait être supprimé !

Et voilà comme on gagne le droit de rester dans une ville malgré son poste qui devait être supprimé !

J'en profite pour remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui m'ont permis de rêver éveiller pendant ces 4 années de 1980 à 1984 d'un bonheur intense ! C'est incroyable de commencer son métier dans de telles conditions et avec des gens aussi beaux et généreux. Que ce soit les institutionnels, le Maire Robin (PS), l'adjoint Veylon, la présidente de la MJC, Renée Touton et tout le conseil d'administration, tous m'ont suivit avec fidélité et parfois dérision ! Le prêtre ouvrier Gérard Authelin, André Cayot, Christian Durafour, Richard Edme, tous les journalistes qui m'ont soutenus, l'équipe de la MJC, Jean-Claude Gayet, Maryvonne  Fourcade, Danièle Petitpoisson et bien sûr, toute cette bande improbable qui consacra une partie de leur jeunesse à faire entrer la vie dans la Ville de Bourg !

Et à tous les autres que je ne peux citer et qui ont, à un moment, encouragés et permis la réalisation intensive de ces évènements !

J'étais au bon moment, au bon endroit... qu'ils en soient tous remerciés du fond du coeur !

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Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Publié le par Bernard Oheix

Je sais que vous avez le temps, mais aurez-vous l'énergie d'aller jusqu'au bout de ce billet, à vous de voir !

J'ai longtemps été celui qui parlait à n'en plus finir, qui saoulait son entourage quoi ! Je me souviens encore de cette maitresse de l'école primaire (CP) de La Ferrage à Cannes qui m'avait collé un scotch sur les lèvres pour me punir de mes bavardages (Ah ! les vieilles méthodes !) et m'avait positionné pendant la récréation sur les escaliers de l'entrée de la salle avec tous les autres enfants qui défilaient en me montrant du doigt et en rigolant (sic) !

Par la suite, mai 68 et quelques amphis bien bondés, m'ont permis de cultiver ce talent des mots qui chantent, même si j'étais loin d'être un tribun reconnu parmi les zélotes de la révolution... plus par manque de fond que pour la forme d'ailleurs !

Par la suite, j'ai eu quelques heures de gloires naissantes, comme cette présentation au ciné club universitaire du Théâtre de Nice de Marat-Sade de Peter Brook (j'étais l'unique cinéphile de la région à l'avoir vu !) sous l'oeil de Jean A Gili mon maître vénéré où un exposé enlevé avec ma complice Sylvie Gros sur l'affrontement entre Trosky et Staline sous le regard légèrement goguenard de Max Gallo, un autre de mes maîtres, s'exclamant : "-Pour la forme, je vais vous mettre une excellente note, mais pour le fond, je vous rappelle qu'on est quand même en licence d'histoire et pas au théâtre ! "

Puis avec ce métier de bateleur, c'est la parole qui m' a pris à la gorge... informations, réunions, déclarations, présentations ont alimenté mon fond de commerce et  je suis devenu un bon client des médias, animateur radio occasionnel et interviewé récurent des télévisions et des journaux (locaux...quoique !).

La parole acquise, je suis alors devenu celui qui pondait des discours, lisais des hommages et que l'on venait chercher pour sanctionner un anniversaire (uniquement les chiffres ronds en 0 ou 5 !), les événements hors du commun, mariages, enterrements, et tout autre plaisanterie de la vie sociale.

Une de mes heures de gloire fut en 1989, sur la scène du théâtre de Morges en Suisse. A l'époque, Directeur adjoint de l'Office de la Culture de Cannes, un projet de jumelage de festivals avait eu lieu entre Performance d'acteur dirigé par l'inénarrable Jean-Pierre Carriau et le Festival suisse de Morges sous rire...

Au match aller à Cannes, le Maire de Morges avait fait un discours enlevé, plein d'humour...suisse ! L'élue de la Culture cannoise m'avait mandaté pour la représenter au match retour... ce que je fis, je crois avec un certain talent et un brio non moins certain !

Pour preuve :

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !
Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Quand Monik eut ses 60 ans, c'est vers moi que ses ami(e)s se tournèrent pour lui rendre un hommage (mérité) ! Normal, la routine dans ce Palais des Festivals qui avait appris à me connaître, où plutôt, reconnu ce sens inné de la phrase juste et de la formule choc qui me caractérisaient ! Et voilà le produit fini :

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !
Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Et je vais finir par l'hommage à mon pote Hervé, trop tôt parti, un des premiers de notre bande à atteindre la cinquantaine et un des premiers à s'être éclipsé. Dans cette grande fête dans une ferme au milieu des champs, nous étions encore presque jeunes et l'alcool coulait à flot. Mon heure de gloire attendait. Je ne les ai pas déçus et quelques uns se souviennent encore de mon discours ! 

Anniversaire d’Hervé

 

 

Déjà tout petit, à l’époque où tes cousines venaient te tâter le robinet, tu fis preuve d’indépendance en les repoussant à coup de talons rageurs. Avouons-le, ce fut bien la seule période de ta vie ou tu repoussas les filles.

C’est par un problème de mathématique que tu entras dans la vie, où la question posée portait sur le débit de ton robinet inversement proportionnel aux fuites dudit !

Par la suite, tes cousines comprirent que ce n’était absolument pas un robinet et investirent cette portion de ton anatomie de vertus plus musicales.

Faut dire, tu avais tout du pipeau en grandissant.

Confirmons pourtant qu’elles n’ont jamais réussi à tirer un son de ta flute enchantée malgré une embouchure parfaitement adaptée. Etait-ce du à leur jeune âge, leur manque d’expérience, leurs appareils dentaires ou à un vice de fabrication de ton instrument, l’avenir allait répondre à cette question.

Les riffs rageurs qu’elles tentaient de produire n’eurent d’autre effet que de transformer ton saxophone en flute traversière. Et même je dois l’avouer après leurs confidences, en bazooka qui mystérieusement se mit à cracher quelques flammes (ou plutôt quelques flammèches) par un jour de grand vent à l’âge de 12 ans !

Le résultat fut immédiat. Elles émigrèrent dans la cour du voisin pour jouer à la marelle, jeu nettement plus érotique, te laissant seul et obligé de prendre ton destin à 2 mains mais dès aujourd’hui !

 

S’ensuivit une période trouble où les quelques poils qui surgissaient sous ton menton se noyaient dans une forêt de bubons juvéniles. Gros à souhait, tu t’efforçais de les percer, nu devant ta glace de la salle de bain, bandant comme un salopard pensant au prof de mathématiques, qui bien qu’ayant de la moustache, était la seule femme qui te montrait sa culotte quand elle décroisait ses jambes sous le bureau pendant que tu ramassais ta gomme !

 

La dimension de ton érotisme commençait à effrayer ta maman…mais attirait ses copines. C’est dans les bras de sa meilleure amie, femme du vice-consul et sous un bananier des tropiques que tu conçus pour la 1ère fois le principe fondamental de l’exacte géométrie qui fait que le chemin le plus court entre deux sexes différents correspond à la longueur de la bite en érection multiplié par le carré de son excitation.

Cette loi naturelle que tu réinventas avec tant d’aisance, il a fallu que tu l’explores sous toutes les ceintures. Après avoir visité l’ensemble du panel des rombières qui copinaient ta maman chérie en attendant leur tour, tu t’es décidé à affronter le monde extérieur.

 

Commence alors cette période de ta vie que l’on nomma « la période rose ».

 

Des positions les plus classiques dont tu te « missionas » aux situations les plus complexes dont tu sus tirer la quintessence de l’acte viril, rien n’était trop beau pour ton imagination fertile, si ce n’est justement la fertilité de ta semence qui provoqua, selon la rumeur, un nombre conséquent de petits bébés blonds ayant un grain de beauté sur la fesse gauche.

Pas un ascenseur, les cabinets d’une « micheline », la selle d’un mobylette ou les greniers et caves qui ne se souviennent avec émotion du petit Hervé, hissant son mètre cinquante sur les monts satinés de ses juvéniles conquêtes !

De cette période très touffue, l’histoire garde un certain nombre de reliques dont le magnifique « drap souillé » qui est exposé à Beaubourg sous le nom de « L’enfer de la concupiscence »

Mais cette période folle touchait à sa fin et les contractions de l’histoire allaient désormais remplacer les contractions vaginales, les lendemains qui chantent succéder aux matins blêmes, et de prétorien de l’épicurisme, tu allais de transformer en janissaire de la révolution.

 

C’est le début de ta période rouge.

On trouve peu de documents sur cette période de ta vie car le secret est bien gardé. Quelques seuls initiés et privilégiés ont pu accéder au fond secret de la Bibliothèque Nationale. Il fait nul doute que dans le futur, à leur prescription, les caisses d’archives livreront aux historiens un éclairage précieux sur cette période qui court de 1968 à 1970.

On sait seulement que par amour pour la révolution, tu épousas une belle espagnole aux castagnettes de feu, vivant dans une semi-clandestinité et te dévouant corps et âme (pas assez corps d’après certaines confidences) afin de soigner les plaies d’un peuple malade.

 

Tu aurais pu devenir une Mère Teresa de l’action syndicale ou un Abbé Pierre des sans parties (ces parties que tu délaissais par trop selon ton goût) mais qui te permirent de faire 2 beaux enfants, 2 petits érotomanes déjà, qui commencèrent leur apprentissage de la vie avec leur cousine par une histoire de robinet qui fuit, ce qui montre que la vie n’est qu’un éternel recommencement.

Pourtant cette fin de décennie fut dure. Révolutionnaire reconverti dans l’action syndicale, tu entamais ce qui allait devenir « les années de souffre ».

 

Trouvant une nouvelle partenaire pour affronter ce moment décisif de ta vie, partagé entre l’annonce des stigmates de la vieillesse et ta volonté de rattraper une jeunesse envolée, en Bonnie and Clyde des plaisirs charnels, tu retrouvas grâce à elle, un allant insoupçonnable dans les années 80.

 

Je tairai au nom de la morale certains épisodes de cette période tout en soulignant la complaisance que tu affectais à te montrer nu, des journées entières, du côté de Barcaggio en Corse, fréquentant l’intelligentsia en offrant le spectacle d’une recherche effrontée du plaisir dans les dunes de sable avec tes lunes, en compagnie de Pierre Clémenti ou d’autres célèbres ex-révolutionnaires comme Bernard Oheix.

Tes spermatozoïdes vieillissants, leurs queues vitriolantes flageolantes, une ultime fois, bandèrent leur énergie pour atteindre un ovule qui paraissait par là.

 

C’est le début de la dernière période, « L’offrande à Nina ».

Tu avais tout connu. De tes premiers enfants tu ne tirais (outre que leurs copines) qu’une grande fierté de les voir si beaux, si grands, si bien membrés. La vie t’avait tout donné, même un dernier challenge, élever ta fille Nina plus longtemps que le « papet » qui te laissait la place et t’envoyait un message par delà le temps : résiste Hervé à l’usure. Cache tes blessures, ne courbe pas le dos, mets des couches confiance, change les pneus de ta petite voiture et comme un phare dans la tempête, permet nous de nous repérer.

 

Nous avons besoin de ta lumière, toi, tu pourras encore longtemps regarder nos ébats, disséquer nos femmes, nos maitresses, nos filles… on te permettra même de les toucher un peu si tu es sage !

 

Mais vit encore longtemps pour que l’on puisse trouver notre chemin, en s’aidant de ton bâton de maréchal qui fit ta force et nous donne le rythme pour affronter l’an 2000.

 

Bon 50ème anniversaire Hervé.

A Hervé qui doit bien rire de ce Coronavirus, et à tous ceux qui l'ont connu et se souviennent d'un être de lumière !

A Hervé qui doit bien rire de ce Coronavirus, et à tous ceux qui l'ont connu et se souviennent d'un être de lumière !

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Le grenier de la mémoire 5 : Homme d'images

Publié le par Bernard Oheix

Même confiné pour 4 semaines encore, je vous préviens, j'ai de quoi tenir à raison d'un billet tous les deux jours. Mes archives dégorgent de pépites et grâce à elles, je vaincrai la morosité engendrée par le coronavirus ! Non mais !

Homme de lettres (heu des lettres), poète (?), jongleurs de mots (ah ! les fameux discours de Bernard), concepteur de faire-part (de la naissance à la mort en passant par les aléas de la vie quotidienne !), enseignant adulé (quoique), ami des plus grands comme des inconnus... Espérons que la pandémie ne s'essouffle pas trop rapidement afin de découvrir toutes les facettes de ce pervers polymorphe qu'était Bernard Oheix (mais qu'il est toujours car non positif à l'heure d'aujourd'hui !).

Dans cette livraison donc, pour ce cinéphile convaincu, c'est à l'image et à cette aptitude innée qu'il avait développée de savoir instinctivement se mettre entre l'objectif du photographe et l'univers qui lui servait de fond, que nous allons faire appel.

Bernard a toujours pensé que la Culture était un bouillon de cultures ! En 1981, à l'occasion du lancement à Bourg en Bresse de son SAC 1 (La Semaine d'Action Culturelle), il avait réussi l'exploit de réunir tous les maitres queues des associations Burgiennes. Le repas fut succulent !

Bernard a toujours pensé que la Culture était un bouillon de cultures ! En 1981, à l'occasion du lancement à Bourg en Bresse de son SAC 1 (La Semaine d'Action Culturelle), il avait réussi l'exploit de réunir tous les maitres queues des associations Burgiennes. Le repas fut succulent !

Entre Machiavel et Casanova, une élégance discrète que son rouge à lèvre vient souligner d'ambiguïté. Festival de Venise 1987 ou Assemblée Générale bien enlevée ! Avec la MPT de Mougins dont il fut le Directeur, il largua derechef  les amarres de la bienséance !

Entre Machiavel et Casanova, une élégance discrète que son rouge à lèvre vient souligner d'ambiguïté. Festival de Venise 1987 ou Assemblée Générale bien enlevée ! Avec la MPT de Mougins dont il fut le Directeur, il largua derechef les amarres de la bienséance !

Cette tendance à tomber les vêtements dès que l'occasion s'en présentait ! Que ce soit dans le Grand Nord en Russie pour des bains rituels en janvier dans la glace, où sur le  bateau de Philippe C.  de la "transmed" dont il fut un vaillant matelot, avec ce souci de cacher le détail (-Quoi ! vous avez dit détail ? Comme c'est bizarre !)

Cette tendance à tomber les vêtements dès que l'occasion s'en présentait ! Que ce soit dans le Grand Nord en Russie pour des bains rituels en janvier dans la glace, où sur le bateau de Philippe C. de la "transmed" dont il fut un vaillant matelot, avec ce souci de cacher le détail (-Quoi ! vous avez dit détail ? Comme c'est bizarre !)

Ambiance mortelle au travail ! Dans ses bureaux de l'événementiel, il se transformait en bourreau. Ses collaboratrices préférées n'en pouvaient plus de subir les assauts de son caractère bipolaire ! Marie et Sophie envisageaient même de céder à ses avances afin de faire cesser le cauchemar !

Ambiance mortelle au travail ! Dans ses bureaux de l'événementiel, il se transformait en bourreau. Ses collaboratrices préférées n'en pouvaient plus de subir les assauts de son caractère bipolaire ! Marie et Sophie envisageaient même de céder à ses avances afin de faire cesser le cauchemar !

Le grenier de la mémoire 5 : Homme d'images

Pour réussir dans son métier, il était prêt à tout, même à offrir son corps à la communication... un corps dont plus personne ne voulait d'ailleurs au crépuscule de ses 60 ans ! Regrettable que ce soit l'année justement où il reçut les filles du Crazy Horse. Pourtant cet adepte de l'eau froide se baignait chaque 26 décembre mais ce n'était pas forcément un cadeau pour les filles de sa Direction obligées, dès le matin, de subir la vue de ses chairs flageolantes ! Malgré ses appels du pied, aucune ne se laissa prendre à son petit jeu névrotique de la séduction ! Il était temps pour lui alors de prendre sa retraite en attendant ce coronavirus qui l'obligerait d'exhumer quelques traces de ses turpitudes !

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Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Publié le par Bernard Oheix

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Rentrée 2010. Je prépare la saison Sortir à Cannes qui se déroulera de septembre 11 à avril 12 avec une certaine émotion. Ce sera la dernière de ma carrière après 22 ans de direction de l'événementiel au Palais des Festivals. J'ai décidé de prendre ma retraite à 62 ans, malgré Le président Lisnard et la Directrice-Générale Giuliani qui me proposent de prolonger... La lassitude, la peur qui montait paradoxalement, la crainte de faire la saison de trop...l'usure !

Alors je me penche sur mon dernier opus... J'ai la brillante intuition de vouloir faire un dernier tour avec un partenaire assidu de mes divagations. Régis Braun, c'est plusieurs créations en commun, un Rezvani flamboyant, un Soldat Schveïk déambulatoire dans les jardins de la médiathèque superbe... C'est un ami de culture et je lui commande donc une dernière création, ce à quoi il me répond :

-Ok, mais je choisis le texte et tu joues dedans...

-Banco !

Bon sur le moment, cela ne m'a pas traumatisé... C'était si loin et ce vieux démon qui me poussait à m'exhiber allait enfin être récompensé. Je serai sur scène pour ma dernière saison, alors que pouvait-il m'arriver ?

Sauf que quelques mois après, Sophie mon adjointe, entra dans mon bureau, un curieux sourire en coin : 

-Dis Bernard, tu as lu la pièce que Régis a décidé de monter ?

-Non, c'est quoi ?

-Linge Sale de Jean Claude Grumberg

-Et alors ?

-Ton rôle, heu tes rôles...

-Dis-moi tout...

-Tu joues d'abord une blonde à forte poitrine, puis une martiniquaise qui chante et enfin un technicien du théâtre...

Un ange est passé ! Puis la peur comme une vague. Jouer déjà, deux femmes en plus, et devant un public que j'avais forgé par 15 ans de programmation ! Sueurs froides à gogo !

Et les répétitions avec des comédiens professionnels talentueux, la précision du metteur en scène, leurs attentions devant mon inexpérience et leurs encouragements permanents, 2 séances publiques à Cannes et une reprise pour une série de 7 séances à Nice.. Le bonheur est dans la salle ! Mais le stress violent, et ce d'autant plus que j'étais confiné le premier tiers de la pièce contre un rideau me dérobant au yeux du public et que je ne pouvais bouger avant une entrée, certes brillante, mais bien tardive avouons-le !

Une expérience magique. Après avoir programmé tant de comédiens, tant de pièces, je mettais enfin le doigt sur la réalité de leur vie et des fantômes qu'ils affrontaient !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !
Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

C'est Arnaud Gobin, mon complice en écriture, cinéaste avisé, qui m'offrit cette superbe composition dans un docu-fiction, "Les prisonniers de l'ile", diffusé avec grand succès sur France 3.

J'y campais, perruque aidant, le chevalier Saint-Mars, garde chiourme du Masque de Fer. Vêtu en mousquetaire, je déambulais dans la cellule et sur Sainte Marguerite en maltraitant un comédien dissimulé par un masque.

J'étais tellement devenu mon personnage (Stanislawsky aidant !) que je n'ai pu résister à mettre cette photo sur le badge cinéphile du Festival du Film : 35 films après, les gardiens (les vrais !) de la salle de La Licorne ne s'était toujours pas habitué à ma tronche !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

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Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !

Publié le par Bernard Oheix

Depuis 1986, j’avais la responsabilité de l’organisation des Nuits Musicales du Suquet, un Festival de musique classique se déroulant en juillet. En 2011, la direction du Palais me demanda d’en assurer la Direction Artistique en lieu et place de Gabriel Tacchino, l’enfant du pays, pianiste, et créateur de la manifestation… 35 ans plus tôt !

Las, cette annonce mit le feu au poudre, orchestré par le Directeur « On m’a traité avec inélégance ! » et une poignée de fidèles de l’ancien fils prodige de Cannes, quelques vieux cacochymes supporters encore vivants qui envoyèrent des bordées de lettres à Nice Matin me trainant dans la boue !

J’ai répondu d’abord par une lettre à Nice Matin qui ne fut jamais publiée (cf plus loin la copie) et par la suite en assurant la programmation jusqu’en 2016 date à laquelle je mis fin à mon aventure professionnelle cannoise !

J’en tire une grande fierté tant par la programmation proposée dont quelques « stars » moderne du classique (Fazil Say, Laurent Korcia, Chilly Gonzales, Nigel Kennedy, Brigitte Engerer, Bruce Brubaker…) mais aussi la musique corse sacrée, Africaine classique, un hommage à Théodorakis, …et même un groupe de rock local (Human Théoréma) sur les créneaux découvertes de 19h, quelques œuvres avec récitants (Francis Huster, Daniel Mesguich, Marthe Villalonga), William Sheller en piano solo, Jean-Louis Trintignant avec ses poèmes libertaires en musique, une soirée Grand Corps Malade, Juliette, quelques créations avec des projections visuelles (Hommage à Albert Camus, Mozzartissimo, Ivresse de l’opéra)…

Une aventure exaltante qui se conclut le 23 juillet 2016 avec une Passion guitares somptueuse où les plus grands solistes, (tout genre confondu) vinrent communier : Roland Dyens, Juan Carmona (dont j’avais programmé la Sinfonia Flamenca), Laurent Korcia, Nono, Michel Haumont, Jean Claude Rapin (le coordinateur de la soirée), Vincent Absil, tous mes amis de la vie, servis par la voix sublime d’un Nilda Fernandez crépusculaire.

 

Voilà, je voulais prouver, modestement, si besoin était, que la musique classique n’est pas en dehors de l’espace de la culture vivante.

Elle en fait partie, elle en est l’âme même, car toute musique classique a été moderne à un moment de son histoire.

Je voulais aussi amener un nouveau public, plus jeune, plus curieux, des genres ouverts sur la culture du monde, la technique moderne de projection sur les vieilles pierres du fronton de l’église…

Mais avant tout, je voulais casser le sacro-saint rituel de l’artiste en queue de pie, du salut calibré, du silence cérémonieux du concert…

Je crois que j’ai réussi quelques belles soirées même si la prise de risque inhérente à mon projet m’a amené à me « planter » en de rares occasions, avouons-le ! Souvenir cuisant d’un Mozart versus Salieri, excellente idée au départ née dans mon cerveau enfiévré qui déboucha sur une Bérézina musicale…mais on ne se refait pas !

Et pour finir, une petite anecdote. Pour ma première édition des Nuits Musicales du Suquet, j’avais programmé en ouverture Brigitte Engerer avec l’Orchestre De Cannes dirigé par Philippe Bender.

Pendant les essais techniques, Gabriel Tacchino, visage fermé, se pointa et sans me dire bonjour, se rendit dans la loge de la Diva qu’il connaissait très bien où il resta une bonne heure à parler avec elle.

A 21h 15, dans la clarté déclinante et les derniers hurlements des mouettes, sur la scène du parvis de l’église, Brigitte Engerer dans un programme Schumann, embarqua le public pour un long voyage en pays des merveilles.

Concert terminé, comme à l’habitude, l’artiste vint souper avec l’organisateur, en l’occurrence, votre serviteur. Assise en face de moi, elle me regardait d’un œil scrutateur et au bout d’un interminable silence me lança :

  • Alors c’est vous qui avez eu la peau de Gabriel… Mais quelles sont vos compétences pour programmer de la musique classique ?
  • Madame Engerer, je suis directeur au Palais des Festivals de Cannes de la programmation depuis 20 ans et j’ai programmé près de 3000 spectacles dans ma vie. Du théâtre… mais je n’ai jamais été comédien, du cirque, je n’ai aucune formation de circassien, de la danse, je n’ai fait que 6 mois de danse dans ma vie, de la magie, mais je suis incapable de me transformer en quelqu’un d’autre ! Alors j’imagine que je vais pouvoir m’en sortir ! La preuve, je vous ai programmée ce soir et demain j’aurai Laurent Korcia, mais dans un programme moitié classique (les 4 saisons de Vivaldi) et moitié musiques du cinéma… Normal, on est à Cannes !

 

Elle a éclaté de rire, a pris son verre de vin et trinqué avec moi… et nous avons passé une charmante soirée. Après le repas, pendant que j’emmenais sa fille faire un tour de moto vers la pointe de l’Estérel, (elle en rêvait !), elle nous a attendu au Casino de la Napoule en jouant aux machines à sous. Elle m’a embrassé au moment où je lui remis en main propre sa si sympathique fille.

Et l’aventure des Nuits Musicales du Suquet commença avec cette bise, pour mon plus grand bonheur, et je l’espère, la satisfaction d’un public qui vint à mon secours conforter l’idée que je me faisais d’une programmation classique… mais pas trop !

Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !
Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !

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Les greniers de la mémoire 2 : mes 5 qualités

Publié le par Bernard Oheix

Confinement aidant, je purge mes dossiers de 50 ans de vie et retrouve des textes, des desseins, des programmes qui me renvoient dans cette période si riche que j'ai eu le privilège de vivre intensément. A défaut d'un futur bien clair, il reste mon passé pour me raccrocher à l'avenir !

Alors donc pour cette 2ème livraison, je vous livre un mail que j'ai envoyé en autodérision à l'ensemble de mes collègues directeurs au Palais des Festivals. Il s'agissait d'un de ces séminaires très en mode en ce début du XXème siècle où le comportement d'un groupe était scruté à la loupe par des intervenants extérieurs afin de renforcer les synergies d'une équipe ! Management, quand tu nous tiens !

Ils nous demandaient de présenter nos 5 qualités, je me suis exécuté !

Les greniers de la mémoire 2 : mes 5 qualités
Manon Briand, jeune cinéaste Québécoise accueillie sur les RCC en 1992... Une amitié sincère balayée par le temps qui passe !

Manon Briand, jeune cinéaste Québécoise accueillie sur les RCC en 1992... Une amitié sincère balayée par le temps qui passe !

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Les greniers de la mémoire 1 : Marco Ferreri

Publié le par Bernard Oheix

 

Le corona quelque chose qui nous confine à la maison a des vertus !  Depuis une semaine, devant la fuite des heures sans poker, sans belote et sans films dans les bonnes salles de la Ville de Cannes, ma vie de retraité a basculé dans une faille temporelle ! Il me reste bien un bon livre, un film merdique sur Netflix, mais il y a tant d’heures dans une journée ! Et si l’on nous enlève même les sorties au bord de mer, que nous restera-t-il de nos 20 ans !

Une étrange et saugrenue pensée est venue à mon secours pour tenter de trouver un sens à mes journées. Tous ces cartons dans lesquels j’ai entassé rituellement tous les écrits, lettres, et autres rapports émis ou reçus, il était temps de les affronter et de les purger ! Je me demande d’ailleurs, si le Covid19 n’a pas été créé dans ce but, me permettre de me libérer, de me détacher, de jeter en tri sélectif des montagnes de papiers, programmes et autres souvenirs qui non seulement phagocytent mon espace de vie mais de plus encombrent ma mémoire !

Alors j’ai plongé avec délectation souvent, étonnement parfois et hurlements de rire (rarement !) dans 50 ans d’agendas d’une vie bien remplie !

Et quelques perles, je les ai trouvées ! J’ai donc décidé d’en faire partager quelques unes à mes amis en espérant quelles les divertissent en cette période bien morose !

Commençons donc par ce commentaire impérissable sur un film qui fit scandale à sa projection au Palais des Festivals en 1973. Marco Ferreri venait jeter un pavé à la face des festivaliers dont j’étais un privilégié avec ma fausse carte de presse imprimée en Corse par le groupe d’étudiants de Cinéma de l’Université de Nice sous l’oeil goguenard de Jean A Gili, notre maître !

En sortant de la projection du vieux Palais, après la bordée de lazzis et les cris d’injures, je me suis précipité sur ma vieille Olivetti pour pondre cet article.

 

 

A La recherche des flatulences perdues !

 

En guise d’avertissement, mon grand père me déclarait qu’il vaut mieux péter en société que crever tout seul !

Cela donnait : je péte, tu pétes, il péte, nous pétons…

Ah non messieurs et mesdames, je vous arrête tout de suite !

Nous pétons certes, mais de la même manière. Vous pétez vulgairement et bêtement, disons-le prolétairement alors que nous, nous vrillons des vents désodorisés à « l’encor net » sur les coins satinés de nos fauteuils Louis XVI.

Ces vents perlés dans des culottes de satin rose, en aucune manière ne dérangent notre discussion sur l’agnosticisme de Kant ou ne couvrent la sonate en Si quelque chose de Mozart dont les notes retentissent sur le piano à queue du salon où nous dinons entre amis de bonne compagnie !

Mais voilà, triste destinée humaine ! Les amateurs de scandales, les pornographes de l’écran, les voyous de la caméra envahissent l’univers du 7ème Art !

 

Et les honnêtes gens de rugir, et les biens pensants de ruer : A bas la pornographie, hou, hou, et les lazzis de fuser ricochant sur le velours rouge des sièges du Palais !

 

Alors, moi, je pose une petite question : si un pet sur l’écran est capable de déclencher une telle émeute, quid des spectateurs qui assistent aux viols, aux meurtres de populations dans une dictature, aux actes ignobles de l’armée, au poids de l’obscurantisme moyenâgeux imposé par l’église, le code moral, les us et non coutumes d’une société où la loi du plus fort tient lieu de baromètre  au comportement général !

 

Comment peut-on accepter qu’il existe des gens qui n’ont rien à offrir à manger à leurs enfants ? La télévision nous montre tous les jours des scènes saisies au vol au Biaffra, au Bangladesh, au Viet-Nam que l’on regarde distraitement entre une salade niçoise et un steak tartare !

Est-ce à dire qu’il existe une paille et une poutre… et que l’on ne voit que la paille ?

La paille c’est le sacrilège de l’atteinte aux bonnes moeurs. Attaquer le devoir de chier discrètement, c’est remuer la merde du tiers monde qui fait vivre l’Occident ! Que Nixon envoie ses chapelets de bombes au phosphore d’accord ! Mais de grâce messieurs, quand vous rotez cachez-vous derrière votre mouchoir !

Il ne fait pas bon remuer le caca, surtout quand celui-ci provient du cul cousu d’or de notre classe dirigeante !

 

Marco Ferreri déclarait à J. A. Gili qui l’interviewait : « Je n’ai pas fait un film politique ». Suprême truculence !

Ferreri, un personnage enfermé dans un réseau de contradictions, 120kg de chair projetés en camouflet à la gueule du monde entier. Un cinéaste qui rue, bave, éructe et égraine dans ses films ses obsessions, ses névroses.

 

Le monde va périr…pire, il veut périr de et dans sa merde !

Significative est la mort d’Ugo Tognazzi gavé par Philippe Noiret, branlé par Anne Ferreol et mourant d’en redemander !

Quelle belle mort c’est vrai; mais quelle MORT quand même !

Nous refusons d’aborder de front les problèmes qui se posent.

Nous fermons les yeux sur des lendemains ténébreux en dégustant des poulets aux hormones, en imbibant de pétrole nos océans, en jouant avec l’atome…

 

Marco Ferreri n’a pas fait un film politique, un film à thèse, un film révolutionnaire… Non, il a jeté un cri, il n’est capable que de cela !

Et ce cri a été amplifié par les « queues de pie » du Festival qui lui ont donné un écho extraordinaire. Ce sont eux les vrais coupables, ceux qui ont permis à La grande Bouffe d’être un grand film !

La fameuse indignation de la salle en colère est-elle le signe annonciateur d’une débâcle prochaine ? S’il suffit que Piccoli péte pour que les bourgeois s’écroulent, alors messieurs, pétons tout notre saoul, tous en choeur !

 

Piccoli aurait fini sa carrière avec ce film… Mais le beau Michel qui rugit à la gueule des flics dans Themroc péte superbement et majestueusement à la face du spectateur !

Moi cela ne me gêne pas du moment que je ne sent pas l’odeur !

 

Et les autres ! Philippe Noiret merveilleux vieux garçon poussé dans les jupes d’une maman possessive qui découvre la femme au moment de mourir. Une femme mère d’ailleurs, aux seins accueillants, carrefour des adultes perdus. Ugo Tognazzi éblouissant chef, roi de la Pizza, qui meurt divinement. Et enfin, Marcello Mastroïanni le beau gosse du groupe qui prolétarise le godemichet en détournant un piston !

Un prix d’interprétation à 4 branches !

 

La grande Bouffe, un film hurlé ! Un film qui n’existe que si vous réagissez !

Alors, Vive La Grande Bouffe !

 

                                                            FIN ?

 

Quand j’écris cet article, on est bien en 1973, la gauche au pouvoir n’est qu’une utopie, le monde est sclérosé, partagé par un grand mur qui empêche de voir les réalités des deux côtés !

Rétroactivement, je comprends pourquoi aucune des revues de cinéma pour lesquelles je collaborais à l’époque n’ a voulu de cet article.

Bizarre, vous avez dit bizarre !

Je ne sais pas pourquoi mais cet article m'a toujours inspiré un grand respect pour les erreurs de la nature ! je n'arrive pas à imaginer son auteur sérieux au moment de donner le feu vert pour l'imprimerie !

Je ne sais pas pourquoi mais cet article m'a toujours inspiré un grand respect pour les erreurs de la nature ! je n'arrive pas à imaginer son auteur sérieux au moment de donner le feu vert pour l'imprimerie !

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I Muvrini... encore et toujours !

Publié le par Bernard Oheix

 

Si j’en avais besoin, si je pensais (bien) connaître les Muvrini, si j’avais la certitude d’aimer ce groupe, le 28 février 2020 m’aura offert la preuve que rien n’est jamais acquis et qu’une surprise est toujours possible. Parfois, la réalité est bien au delà de l'espoir. Avouons-le, ce concert s’impose pour moi parmi les grands souvenirs d’une carrière qui m’a pourtant permis de découvrir tant d'artistes de légende. Archive, Bashung, Pete Doherty, Salif Keïta, Iggy Pop, Juliette Gréco, Bob Dylan, Cesaria Evora… J'en passe... Et désormais I Muvrini au zénith de leur talent ! C’est en état de « sidération » que je suis sorti de la salle, ivre de la beauté de ces notes qui chantent encore bien après qu’elles se soient évanouies, ébloui par les lumières de la vie, de la non-violence, du retour à des valeurs universelles de partage que dégagent leur 2h de concert !

 

C’était une des premières dates de cette tournée 2020 qui les mènera dans toutes les régions de France,  en Belgique et en Hollande, de février à mai, pour reprendre en octobre. 60 dates qui préservent les mois d’été où ils écumeront leur terre, la Corse. Les mouflons ne vont pas chômer en cette année de coronavirus.

 

La configuration choisie est à la fois simple et sophistiquée. Jean François Bernardini en leader secondé par son frère Alain Bernardini en première voix, étoffé par deux chanteurs qui portent les choeurs et polyphonies, un batteur fin et précis, un guitariste multi instruments, une basse, chant et percussions, un clavier et une explosive cornemuse et flute. Des lumières fines qui cisèlent l’espace, un dispositif scénique avec une passerelle pour permettre aux choeurs d’hommes de dominer la scène et un son fin et puissant. Tout le professionnalisme accumulé en 4 décennies de carrière, dans le soin de collaborateurs qui ont saisi l’essence de ce qu’est un groupe entre la tradition et la modernité, entre la voix et l’instrument.

 

 

I Muvrini... encore et toujours !

Leur show est structuré sur Portu in Core que vous devriez avoir acheté si vous avez lu mon dernier billet sur ce blog. Une dizaine de morceaux éblouissants (mais pourquoi avoir sucré ce Inno qui me bouleverse ?). Quelques titres majeurs à base de polyphonie viennent compléter l’ensemble pour plus de deux heures sans interruptions, juste la voix de Jean François qui parle entre les morceaux, introduit les thèmes et rappelle largement leur engagement à l’universalité, à la fraternité, à la terre et à la langue corse.

 

Le miracle, c’est qu’en parlant d’eux, ils parlent de nous ! En ces heures sombres où le bruit des rodomontades de dirigeants coupés de la vie assourdit les cris d’horreur d’hommes et de femmes jetés sur les routes de l’exil, où la terre se convulse dans les affres d’un équilibre perdu, où l’avidité des puissants crache sur les valeurs de partage et de solidarité, les Muvrini rappellent qu’un chant, qu’une mélodie peut faire renaître l’espoir et que l’humanité se cache dans les gestes du quotidien.

 

Alors oui, j’aime que la musique me parle au coeur et quand elle est jouée par des êtres qui savent aimer, alors je deviens « fan » et je me laisse porter par les complaintes et la beauté de deux heures qui échappent au temps.

Il y a de « l’alma », de l’âme, dans ce show et si vous avez la possibilité d’assister à une de leur prestation, d’Avignon au Havre, de La Rochelle à Lyon, de Marseille à Poitiers, alors vous vivrez un grand moment de beauté et de d’espoir !

 

Vive les Muvrini !

Les frères Bernardini, émus de savoir que ma petite fille s'appelle Alma et lui souhaitant le bonheur d'une vie d'amour !

Les frères Bernardini, émus de savoir que ma petite fille s'appelle Alma et lui souhaitant le bonheur d'une vie d'amour !

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