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La jeune fille qui va bien : et vous ?

Publié le par Bernard Oheix

Bon, c'est pas la fête tous les jours !

Pour preuve ce débat pathétique pour les élections présidentielles, ces postures tragi-comiques où chacun court derrière les idées les plus extrémistes et le refus de l'autre en une surenchère nauséabonde.

Et il y a toujours Poutine, embusqué derrière sa ligne de front pour jouer le grand méchant loup du haut de ses centaines milliers de soldats et de son absence de scrupules.

Mais heureusement, il y aura eu cette belle unanimité autour des jeux olympiques les plus anti-écologiques de toute l'histoire, où les affaires de dopages (tiens, revoilà les russes !), de l'exploitation du sportif comme une chair à canon pour vendre son "China made in live" et tout cela avec la certitude que les Ouïghours continueront à crever dans l'indifférence polie de la diplomatie.

Ils sont devenus fous...

Mais il reste parfois, comme un éclair de beauté, la certitude du bonheur, un film, une pièce de théâtre, des porteurs de lumière pour nous rappeler que le génie existe encore et qu'il se niche dans notre culture pour s'épanouir et nous rendre plus intelligent, plus fort !

C'est le cas avec Une jeune fille qui va bien, le premier et particulièrement réussi film de Sandrine Kimberlain. On la connaissait comme actrice pouvant tout jouer, provocatrice et souriante, mais en passant derrière l'objectif, elle nous offrre une vraie sensibilité de réalisatrice, une femme pudique qui propose une vision particulièrement romantique de la tragédie d'une jeune fille dans les années sombres d'une France dirigée par "celui qui a sauvé les juifs français (sic)".

Dans une période non définie d'une France Pétainiste, sans jamais voir un uniforme allemand ni la tenue noire d'un milicien, Irène, jeune fille française dans la fleur de l'adolescence, rêve de théâtre et tente d'intégrer une grande école en passant un concours.

Entre deux amourettes, la disparition mystérieuse de son partenaire du concours, sa profonde joie de vivre dans un corps qui exulte le bonheur, elle va nous permettre de suivre un hors-champ dramatique où les signes du drame en train de se jouer sont bien présents.

Des voix allemandes d'abord, comme un rappel de ce qui est en train de se jouer, puis cet infamant "JUIF" en lettre rouge apposé sur les cartes d'identité française, la récupération de tous les postes et téléphones par l'état pour les empêcher de communiquer, jusqu'à cette étoile jaune qu'elle est obligée de porter comme le signe de l'abandon de toutes les valeurs humaines par un pouvoir féroce qui les désigne à la vindicte.

Pourtant, dans cette famille juive, il y a toute la diversité d'une France d'accueil. Le père haut fonctionnaire dans une administration qui pressant le drame en train de se dérouler, la grand-mère qui refuse de prier et de se plier aux diktats d'une loi qui est sensée les protéger, la religion, le frère que son grand amour quitte à l'apparition de cette sombre étoile...

Qu'à cela ne tienne, Irène vit pour le théâtre, trouve des substituts pour se maintenir dans la course, refuse le côté obscur de ce qui est en train de se jouer.

Mais le soir du concours, après avoir réussi son audition, dans la fête qui réunit les étudiants, c'est dans les yeux de sa partenaire que va se dérouler le drame. Deux bras engoncés dans une tenue noire vont l'enfermer pour le plus tragique des destins, celui d'un camp et d'un holocauste  qui va la rattraper et sceller son destin.

Ce film est un hymne sensible au partage des valeurs les plus nobles et ne montre jamais, mais suggère l'horreur en marche. C'est un bijou d'humanité à l'heure où notre société rejoue les grands drames de l'antisémitisme et du jeu avec le feu des passions ignobles.

À voir de toute urgence pour nous rappeler à notre devoir de mémoire ! 

Il y a aussi le théâtre pour nous permettre de rire et d'exulter avec Panayotis Pascot... encore un d'ailleurs qui risque de devoir changer son prénom si le zèbre s'impose dans sa course à l'échalote.

Dans un spectacle créé en 2019 et 2 fois reporté mais qui arrive enfin à Cannes, dans une salle de La Licorne à La Bocca remplie à ras bord. Il nous entraine dans un show débridé où il va dévider le fil d'une histoire personnelle pleine d'humour et de tendresse. Plus qu'un one man show, c'est une pièce riche et dense qui joue sur la corde de la déraison en permanence pour déclencher le rire et l'émotion.

Des amours contrariés, des parents comme tous les autres, de l'incommunicabilité à l'acceptation de sa différence, de l'ami victime d'un cancer à  la fuite du temps qui l'oblige à grandir, tout y passe pour le plus grand bonheur d'une salle chavirant dans des cascades de rire et qui le suit au fil de son jeu en déséquilibre permanent.

Bête de scène, il s'appuie sur un texte fort pour déraper avec conscience et amener le public à son point de fusion.

​​​​​​​Panayotis, révélé par le "petit journal" et un grand monsieur de l'humour et régénère ce genre en lui donnant toute la force et l'énergie d'un bateleur au grand coeur.

Bravo Monsieur Pascot pour votre réelle performance et merci de nous avoir offert la possibilité d'une évasion et d'un partage revigorant.

PS : à noter, l'excellente première partie d'un Abderhamane qui rempli parfaitement son rôle de chauffeur de salle en dévoilant un talent qui promet pour la suite de sa carrière.

Voilà donc quelques raisons d'exulter et d'espérer. Le rire franc et ouvert, l'émotion à fleur de peau, la tendresse des sentiments comme une cure régénérative bienvenue en ces heures tristes qui s'illuminent parfois de l'aile du talent de l'humour et de l'amour.

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La charge héroïque : Hommage à un vieux pote !

Publié le par Bernard Oheix

À mon âge vénérable, j'ai plus l'opportunité de parler des enterrements que des mariages. Pourtant, entre les deux, se glissent quelques anniversaires, ces dates qui se glissent  dans le courant tumultueux de la vie des vieux et qui sont la preuve, à l'évidence, que c'est encore la meilleure façon de vieillir en évitant la mort !

Oui, il y en a encore quelques-uns qui s'accrochent aux branches, ne serait-ce que pour pouvoir connaître ce nom du futur président de la République Française qui nous obsèdent, ou pour constater l'harmonie de cette société que nous avons contribué à ériger et qui semble bien difficile à décrypter pour les ptérodactyles que nous sommes devenus.

Qu'à cela ne tienne, c'est aussi l'occasion pour moi d'exprimer par des mots ce torrent bouillonnant qui s'empare de mon cerveau enfiévré à l'idée de pouvoir faire un nouveau discours et de contribuer ainsi, à ma légende de conteur qui sait charmer son auditoire à coup de punch-line bien senties.

Voilà donc mon dernier né, en hommage à un pote qui n'est pas né de la dernière pluie, même s'il réside dans un région nantaise propice aux déversements d'un ciel couvert qui a en permanence le désir de se soulager sur les têtes chenues de mes copains !

Hommage à Bertrand Delaporte

 

Bon, on ne va pas en faire un fromage. Tu es devenu vieux et c’est déjà un exploit. Même si tu as plus tendance, désormais, à parler de ta santé que des spectacles de Musique du Monde du Festival de Nantes que tu as programmés avec brio, sans doute à cause de ton sonotone mal réglé qui t’empêche de goûter aux charmes des vocalises de Rokia Traoré et te fait confondre Céline Dion avec Michel Fugain.

Tu es un époux toujours vaillant, un père qui ne s’est pas (trop) trompé en éduquant sa progéniture et un désormais grand-père presque idéal. Mais tu as été aidé en cela par ton modèle, l’homme qui a fait de ton imperfection, l’être exquis qui se complet à l’être. Je parle bien sûr de ton pote Bernard, l’empereur du Palais des Festivals de Cannes, celui qui a su déceler en toi la richesse d’un intérieur foisonnant et la complexité d’un hétéro convaincu qui ne céda jamais à la tentation, même par une nuit d’ivresse au Womex de Séville, quand tu trébuchas sur la piste de danse pour tomber dans ses bras.

Et oui Bertrand, il y a des choses que l’on ne peut effacer même si Alzheimer nous guette.

Tu as été, en cette période où les candidats à la présidence foisonnent, le vrai, l’authentique Leader Maximo de Zone Franche, cette bande de gamins mal torchés qui avait décidé d’affronter le capitalisme sauvage et de donner un souffle nouveau à la culture. Tu étais un chef charismatique respecté (même par moi !), et si tu y as laissé quelques plumes, quel réconfort par contre de savoir que les requins de l’establishment ont tremblé au moins pendant quelques minutes devant les assauts de l’intelligence de la passion et du coeur.

Tu as été accompagné dans ton parcours tumultueux par Françoise, véritable sainte femme, qui décida au siècle dernier de partager ta vie et de t’accompagner dans le confort et la béatitude d’un Che Guevarra des riffs et des solis endiablés. Tu lui es redevable de bien des cicatrices refermées et d’avoir pu passer le cap des 60 ans, puis des 70 ans, même si je sais qu’elle a fait tout cela en attendant avec impatience un voyage, que dis-je voyage, une croisière autour du monde sur un Costa Concordia en légitime retour sur son investissement. Vérifie quand même l’âge du capitaine et avoue à ta charmante compagne, que au vu de la pingrerie de tes amis, tu as dû te rabattre sur un tour de barque sur les rives du lac Léman.

Alors voilà. Tu as basculé chez les septuagénaires et tu deviens l’heureux propriétaire d’une carte vermeil +. Ce sera, malheureusement sans la présence de ton pote Bernard de Cannes, mais cela, je sais que tu t’en contrefiches puisque tu l’as invité uniquement parce que tu voulais revoir Thérèse, sa charmante épouse. Mais même si ta femme est complice, hors de question que je vous la laisse ne serait-ce que quelques heures… j’aurais trop peur qu’elle succombe à votre hospitalité si chaleureuse, à la promesse de plateaux de fruits de mer somptueux (pour info, elle n’aime pas les huîtres), à la quiétude de l’air marin nantais.

Nous aurions aimé partager ce moment autrement que par ces mots, avec vous 2, avec ta famille, tes amis, mais les vicissitudes de cette époque bien étrange, nous imposent de rester au soleil de Cannes, coincés entre des gardes d’enfants, des cas contacts et des plongeons dans la Méditerranée qui te rendent presque jaloux.

Rassure-toi, nous n’en avons pas fini de nous poursuivre de nos assiduités, et quand tu auras suffisamment souqué dans ta barque sur le lac Léman, tu pourras toujours venir te reposer sur nos rivages paradisiaques et te refaire une santé pendant que je m’occuperai de Françoise et que Thérèse, l’infirmière en chef de ma vie, te remettra sur tes pieds.

On vous aime et on tient à vous. Alors rendez-vous pour nos 80 balais qu’on fêtera ensemble dans une cérémonie païenne orgiaque et en attendant, en ce moment précis où tu pleures de me lire, je déguste un bon pastis avec des olives niçoise à ta santé.

Longue vie à toi vieux pote.

PS : Et merci à Lucas, ton fils, qui a accepté d’être mon porte-voix en se demandant pourquoi c’est toujours lui qui se retrouve dans les galères !

Je vous épargne les photos, vu qu'il n'y a plus grande chose à montrer de notre charme légendaire, et je confirme que pour nos 80 ans, on se fera une "teuf" d'enfer avec tous les restes de nos vies de bricoles dans la période bénie de l'âge d'or de la culture et du rêve.

En attendant, on ne connait toujours pas le nom du futur président, et sincèrement, on s'en fout, tant ils sont tous nuls et nous donnent envie de hurler la nuit en regardant les étoiles.

Allez, mon vieux pote, on va se retrouver bientôt quelque part, et comme à chaque fois, j'aurai l'impression de cheminer à côté de l'amitié, sur le versant des belles choses, en bonne compagnie !

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