Laurent Barat : un humoriste bien de chez nous !
Laurent Barat, je l'ai connu comme un môme, copain de mon fils, avec sa maman Dominique, une amie avec qui nous partagions des moments de parents attentionnés. Il était un garçon normal, plein de vie, avec une gouaille bien de chez nous, la langue pendue à la recherche d'un bon mot comme d'autres, à son âge, cherchent des trésors afin d'exister.
Rien ne nous laissait entrevoir qu'il y avait quelque chose de rare en lui, il a fallu du temps et qu'il s'acharne pour enfin atteindre son graal, le royaume d'une parole libérée qui fait mouche !
Je me souviens de son premier spectacle auquel j'ai assisté, salle de la Licorne à la Bocca, en notre présence obligée. Il possédait une rare présence sur scène et à l'évidence, avait trouvé sa voie, la parole comme un refuge, le bon mot comme pour dynamiter les convenances, l'humour en bandoulière !
Mais le talent inné à besoin de se confronter à la réalité et Laurent Barat a su prendre son envol. Pour cela, il fallait quitter son cocon, aller chercher des conseils, prendre de la hauteur, se confronter aux publics inconnus, à l'inspiration devant un micro et trouver sa raison d'être ! C'est ce qu'il a accompli, d'abord en tenant une rubrique sur France Bleue Azur pour des interventions humoristiques puis en faisant la première partie d'une tournée de Gad Elmaleh en 2015. Il a alors rejoint la capitale, travaillé avec des personnalités, rencontré des maîtres qui lui ont permis de devenir le Laurent Barat qui scintille désormais sur les scènes de la France, à la recherche d'un bon mot, d'un geste juste et d'une élégance dans l'humour qui sont sa marque de fabrique.
Dans ma voiture sur une autoroute écrasée de soleil en ce mois d'aout, nous prenons la route qui serpente vers Levens, ce territoire de mon enfance où vivait ma grand-mère que je ne peux évoquer sans nostalgie. À Tourettes-Levens, la route bifurque pour monter vers le château. Il faudra escalader les derniers kilomètres à pied pour se retrouver dans l'aire du spectacle suspendue au dessus du vide, cernée par des pics qui déchirent l'horizon en train de sombrer dans la nuit. Programmé dans les " Estivales" par le Docteur Frère, un homme politique de culture qui offrent des spectacles gratuits de qualité aux habitants de l'arrière pays comme pour compenser l'afflux de spectacles qui inondent la Côte, Laurent est à la maison pour un comme back dans la région de son enfance. Et quand il jaillit sur scène devant un public qui occupe les 400 places, c'est un homme heureux qui s'empare de la scène pour ne plus nous lâcher.
Il est devenu un vrai comédien, à trouvé l'inspiration, possède une personnalité atypique dans une période où les pièges d'un exhibitionisme facile sont tendus aux impétrants. Lui, pendant les deux heures de spectacle, saura jongler entre les bons mots, quelques imitations, un discours ouvert et un allant qui emporte le public dans sa déraison.
Bravo à toi, Laurent, d'avoir su nous emmener dans la jungle de ton esprit sans nous enfermer dans un comique troupier vulgaire. Bien au contraire, tu nous renvoies vers des zones délicieuses où l'humour fréquente le bon sens, où l'absurde côtoie la réalité et l'ovation finale du public est la juste récompense de ton talent.
C'est par Laurent lui-même que nous avons su qu'il était programmé à Tourrettes-Levens. Revenant de la plage, nous le croisons par hasard devant notre maison et il nous tombe dans les bras, heureux de nous retrouver. Puis, il enchaîne sur le livre de son copain, Julien Oheix, Les Joueurs du Dimanche dont il a lu l'article dans Nice-Matin. Il nous demande si nous en avons un et le règle immédiatement, avant de nous annoncer qu'il joue le lendemain à Tourrettes. Après avoir téléphoné à nos amis, les Doddy, qui habitent Levens, nous décidons de monter assister à son spectacle, tous ensemble et sans l'en avertir. Nous ne l'avons pas regretté, loin s'en faut et s'il a adoré le livre de son pote, notre fils, nous avons adoré son show !
Belle soirée issue d'une rencontre puisée dans la nuit des temps ! Et un conseil, si vous voyez un certain Laurent Barat programmé, foncez, vous ne le regretterez pas !