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Les Concerts de Septembre (4)

Publié le par Bernard Oheix

 

Le cycle s’achève. Il nous reste deux groupes et l’événement tant attendu du retour d’Archive dans la Ville de Cannes…quelques heures de délice, le calme après la tension des jours précédents. Je suis en terrain de connaissance avec ces Suisses et mes Anglais que je connais bien, avec qui j’ai réalisé le plus beau concert de ma vie professionnelle (cf. article blog d’octobre 2007) et un dernier disque que j’ai modestement contribué à réaliser en organisant l’enregistrement des cordes, cuivres et percussions avec l’Orchestre de Cannes, dans un studio à Nice, toujours avec mon compère des coups tordus, Michel Sajn. Il est avec moi d’ailleurs, tout comme Evelyne, Gaby, la garde azuréenne prétorienne d’Archive, un groupe génial qui s’est fait un nom dans la région…aussi grâce à notre action depuis de longues années !

 

The Young Gods.

Les papes suisses d’un punk-rock, étant passés au « sampler », redécouvrent les charmes d’un esprit soul. Cela aurait pu n’être qu’une aventure sans lendemain, si ce n’est qu’ils investissent ce « soul sudiste » avec l’inventivité et la générosité musicale qui les caractérisent. En acoustique, 3 guitares et un batteur-percussionniste vont imprimer un rythme totalement moderne à ces chansons folks, les transcendant pour agrémenter la mécanique et entrer en résonance avec une lecture moderne de ce répertoire. La voix puissante, chaude et juste de Franz Treichler est sertie d’une cohorte de bruits (accordéon diatonique, corne de brume, frottements sur les cordes, tapotements sur les caisses des guitares…etc.). C’est une musique d’intelligence qui s’ancre dans le rythme effréné, casse les mélodies, fait monter la pression pour se lover en boucles, étirer les plages, jouer sur les contrastes et accentuer les effets ou gommer les césures. Cela reste une musique de cœur mais sonnant avec la tête, un projet intellectuel qui rend à la nature première du son une efficacité et une énergie primitive.

Le Young Gods habitués à un public de fans dans des salles à visage humain, verront les 1500 personnes du Grand Auditorium se lever pour un rappel de 15 minutes, une découverte pour beaucoup, une confirmation pour ceux qui les avaient déjà entendus dans ce répertoire fascinant qui marque un tournant dans la vie du groupe !

 

Archive. (Prononcer Arkaïve).

On ne va pas refaire l’histoire, je ne vais pas vous reparler d’Archive, de la qualité de ses leaders (Darius Keeler, Danny Griffiths, Pollard Berrier…), de l’excellence de leur univers musical, du choc que provoque la première fois qu’on les voit en scène…Et puis, après tout, pourquoi se gêner, oui ! Je vais vous en reparler, je vais retenter de vous convaincre que vous avez raté le concert du siècle, l’opéra-rock le plus étonnant de ces dernières années dans le Palais des Festivals.

Scène vide, teinte verte, fantômes d’instruments se découpant dans l’ombre…Une bande débite l’ouverture de leur dernier album, Controlling Crowds, note stridente répétitive, étirée à l’infini en écho jusqu’à ce que les musiciens s’installent et déclenchent le feu. Bullets avec un « Personnal responsability », (vous êtes responsables), ressassé entre les plages des claviers nous interpellant jusqu’à ce que les guitares et la batterie décochent des flèches et embrasent notre culpabilité. Des silhouettes hagardes errent sur l’écran, images de foules aux yeux vides, coupables d’être absents et de ne pas s’opposer à la mécanique de l’horreur.

C’est l’histoire d’un groupe constitué en collectif dont les têtes pensantes sont Darius Keeler et Dany Griffiths qui navigue entre la musique planante, le rap, le rock et intellectualise la place de l’être humain dans un monde désaxé. Parfois, les mélodies tentent de calmer le jeu et font régner l’harmonie mais très rapidement, la rythmique vient briser les repères et par paliers monte en crescendo jusqu’à la fusion totale. Les chanteurs sont puissants, Pollard Berrier, Rosko John et Steve Harris enchaînent, se répondent en unissant leurs voix, libèrant les paroles du corset de notes qui les emprisonne. Ils sont une colonne vertébrale qui permet à la symphonie moderne de trouver son équilibre.

Dans Collapse/Collide, Maria Q apparaît sur l’écran, filmée de face, chante en revers du groupe qui interprète en live la musique, jeu de miroir inversé, voix d’ange sur univers planant.

Les morceaux s’égrènent, défense du dernier album sur plus d’une heure, avant que quelques tubes soient repris pour un dernier set de 45 minutes qui leur permet de revisiter leur œuvre à la lumière de cette composition de l’orchestre. Un sublime « Again » bouleverse le public qui depuis longtemps s’est immergé dans leur monde caverneux, entre le déchaînement et la supplique, le rock et l’opéra, le fragile et la dureté de l’acier. Puis les musiciens quittent le groupe un par un, individuellement, laissant le vide se réinstaller sur la scène habitée de leur fantôme.

Un rappel de 4 morceaux viendra parachever la soirée après plus de trois heures de musique, violent à l’extrême, envoûtant, les claviers et la batterie grimpant sans cesse vers une crête sonore inaccessible, celle d’une musique pure, obsessionnelle, découpant l’espace et le temps en plages impossibles, déferlement de notes comme un tsunami qui emporte tout sur son passage.

Et la dernière note envolée, le public se retrouve d’un seul coup dans un monde réel plus cru, balayé du conformisme et du consensuel, comme si le message du groupe pouvait résonner longtemps dans l’obscurité de nos solitudes. C’est Archive à son zénith, porteur de rêves, une note incessante dans la paix intérieure, le ferment d’une révolte que le cœur envoie à la tête et qui ne laisse personne indifférent… La musique est belle quand elle sonne juste !
Touf, c'est un ami d'Angéla, ma fille. Fan absolu d'Archive, tous leurs disques, 5 fois en concert...Il vient spécialement de Paris pour les voir et je lui ai fait la surprise de l'emmener backstage pour rencontrer Dany et Darius. Il est sur un nuage et va se souvenir longtemps de ce concert et de sa rencontre avec ses idoles !

Quand à mes frappadingues, ils arrivent !

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E
<br /> <br /> Deux ans que j'attendais ce moment, ça y est enfin, les premières notes se propagent dans cette cathédrale archi pleine, pénètrent nos corps et nous transportent très haut, dans leur univers, un<br /> monde présent passé et avenir où se mèle l'amour, la haine, la paix et la guerre... la vie. La messe rock progressif est donnée, la communion est totale, nous sommes tous archiv istes ce soir.<br /> Non je n'ai rien pris, pas besoin, leur musique suffit pour faire le grand trip hop. Les princes héréditaires des Floyds sont devenus souverains des contrées jusqu'à lors inexplorées. <br /> <br /> <br /> Vivement l'année prochaine, ils reviendront... j'espère !<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> Superbe Eriiic...la musique d'Archive t'inspire, et tu n'es pas le seul dans ce cas !<br /> <br /> <br />
T
<br /> Les enfants...<br /> Cet homme est génial.<br /> <br /> Faites passer.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Merci à toi Touf...le regard ému que tu avais vaut bien tous les remerciements du monde...<br /> <br /> <br />