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Le festival du film de Cannes (1)

Publié le par Bernard Oheix

Mon festival… (1ère étape)
 
Le soir de la grande première arrive. Le palais est une ruche bourdonnante, les derniers préparatifs mobilisent les employés, chacun court dans la tentative désespérée de rattraper le temps perdu et de finir sa tâche afin que le rouge du tapis resplendisse sous les lumières des caméras du monde entier.  Moi, je suis dans la salle Debussy, il est 10h du matin en ce mercredi 16 mai et le premier générique à l’escalier rouge émergeant de la mer retentit pendant que la lumière s’éteint. C’est parti pour la première séance.
 
My Blueberry nights par Wong Kar Waï
Une ballade douce amère. Bande son géniale (Rhythm’and blues, Ry Cooder) Le visage sublime d’une Norah Jones qui cumule tous les talents, Jude Law à faire devenir homo n’importe quel être normalement constitué. Une belle histoire. Femme larguée dans un New-York intemporel. Avant de cicatriser et de retrouver l’amour, Elisabeth décide de partir pour un voyage avec retour, une échappée dans une Amérique de gens ordinaires aux destins extraordinaires. Une étape cruelle à Menphis avec un flic amoureux à la mort, une rencontre à Végas avec une joueuse de poker…Et il est temps de revenir pour terminer ce 1er baiser évoqué, un moment inoubliable de cinéma et de sensualité. Entre temps, des cadrages de l’autre monde vont illuminer les paysages intérieurs et extérieurs des protagonistes, une façon de filmer que l’on connaît bien à travers l’œuvre de Wong Kar Waï mais qui se greffe parfaitement sur cette histoire simple. Je suis amoureux de Norah Jones, cela vous étonne ? Alors allez-voir The Blueberry Nights (les nuits myrtilles) et vous comprendrez !
 
Jeudi 17 mais
4 mois, 3 semaines et 2 jours par Cristian Mungiu. (Roumanie)
Le réalisme post socialiste vit encore ! Une étudiante doit avorter et son amie l’aide dans une Roumanie de 1987, juste avant la chute du dictateur, quand des peines de prison de 10 ans peuvent s’abattre sur ceux qui avortent ! Vie de combines, drame humain de l’avortement, utilisation du pouvoir (l’avorteur exigera de coucher avec les deux femmes avant d’opérer) solitude morale et un final effrayant pour l’amie qui prend en charge le poids (le fœtus) de la faute et cherche dans une nuit de terreur insidieuse à s’en débarrasser dans un Bucarest fantomatique. Un film fort et émouvant, une descente dans les abysses de l’absurde et de l’horreur faites aux femmes ! Un film à voir, sauf si vous voulez faire la gaudriole et emmenez une potentielle conquête au cinéma en prévision du grand soir !
Zodiac par David Fincher (Etats-Unis)
Pourquoi 2h36… parce que le meurtrier n’a jamais vraiment été retrouvé et qu’il a fallu des années pour bâtir une hypothèse crédible sur la véritable personnalité d’un des sérials killer les plus emblématiques de la société américaine ? Scorpio s’était déjà lui ! Parce ce que le réalisateur a décidé de faire plus sobre que dans ses précédents opus et d’introduire une distance entre la violence des faits et la réalité sordides des crimes ? Film intéressant malgré tout, admirablement interprété, bien filmé, on l’on passe un bon (trop long) moment !
Les enfants invisibles film de courts métrages réalisé par :… une pléiade de réalisateurs tous plus brillants les une que les autres.
Medhi Charef ouvre avec une histoire d’enfants soldats qui parcourent les terres d’un pays d’Afrique. Les règles se sont dissoutes dans le chaos de leur vie brisée. Pourtant il suffit d’une salle de classe pour que le jeune héros sanguinaire retrouve son âme d’enfant. Kusturica montre le cheminement d’un petit gitan qui réintègre volontairement son centre de rééducation pour ne pas replonger dans le vol, Long, une Brésilienne film l’errance de deux jeunes qui ramassent les déchets et survivent d’expédients. John Who suit les pas d’un enfant trouvé par un laissé pour compte qui va l’élever dans l’espoir d’intégrer l’école. Un Italien suit les traces d’un petit Napolitain qui vit de vols à la portière et va se figer devant un manège enfantin. Spike Lee nous montre le destin brisé d’une petite fille de junkies qui découvre son Sida… Ces films de commande du Fond Mondial pour l’Enfance rattaché à l’Unesco permettent à des réalisateurs de décliner des gammes autour d’un thème fort. Dans les situations extrêmes, c’est toujours les enfants qui subissent. John Wood éclairait après le visionnement du film qu’ « il ne pourrait plus jamais filmer comme avant après cette expérience ». Une belle leçon de morale du cinéma en action mais avant tout un film de cinéma, pour le cinéma, sur l’enfance.
 
Vendredi 18 mai 2007
Izgnanie (le bannissement) de Andreï Zviaguintsev (Russie)
Après le post réalisme socialiste de la Roumanie, nous voilà plongé dans le néo-classicisme Russe. 2h30 d’images super léchées qui ne laissent rien au hasard. Il y a une pluie, forcément orageuse, quand les protagonistes sont angoissés, les traits du visage n’expriment rien mais les couchers de soleil en disent tant… les cadrages débordent de tous les côtés, les sentiments révélés pèsent leur tonne de non-dit, la musique est au synthé quand la tension est à son comble et tout cela manque terriblement d’humanité. Un film fait par un esthète qui maîtrise ses classiques tellement qu’il en oublie d’exprimer l’essentiel : la vie ! Et cela dure 2h30 d’un pensum academico-elliptique terminant sur une récolte de foin par des paysannes que ne renierait point Dovjenko…au siècle dernier !  Au secours Eisenstein, qu’ont-ils fait de ton héritage !
 
Bon voilà la première livraison de mes impressions en terre de cinéma Elles sont totalement subjectives et n’aspirent qu’à figer mon ressenti, à chaud, ce qui n’est jamais facile quand vous voyez un film à 8h30 du matin ou que c’est le troisième que vous enchaînez à plus de deux heures l’un ! Il faut que j’y retourne, le devoir m’appelle. A bientôt les amis pour de nouvelles aventures !
 
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D
Mon Bernard,<br /> si tu savais à quelle point tu me mets à la torture de narrer ces moments si proches pour moi et déja si loin<br /> qu'ils me redonnent le goût de l'Eden perdu mais disparu<br /> Ton ami DVD
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