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De Tiken Jah aux Stranglers...et autres !

Publié le par Bernard Oheix

 

C’était un pari fou. Les Concerts de Septembre avancés de 15 jours pour cause de G20 sur le Palais, tombant la semaine de la rentrée, de la reprise des activités et des soucis quotidiens après la lucarne des jours heureux des vacances. J’avais galéré pour monter une programmation de têtes d’affiches. Tiken Jah, que je rêvais d’accueillir depuis des années, The Stranglers dans la lignée des idoles de notre passé…Et pour le reste ? Deux premières parties alléchantes, Drunksouls de Marseille, rencontrés dans une démo et Killtronik, le groupe local d’un Cannois, Kevin Blanc, un chevalier surprenant plein de fougue et d’imagination. Me restait une soirée à combler puisque nous avions décidé de réduire cette édition à 3 soirées en attendant de se repositionner sur des dates plus confortables ! Et là, je pouvais délirer ! 

 

s will 

Saul Williams, c’est de la dynamite. Un black slameur entouré d’une basse lancinante, d’une batterie agressive, d’un clavier vengeur et d’un cuivre/percussion pour un mix d’électro, de rap, de rock, de funk… un melting-pot de sonorités new-wave que sa voix puissante porte et transcende…. C’est un véritable coup de poing, un artiste parti pour sillonner la planète des sons ! Vous en entendrez parler, l’avenir est avec lui. Je l’avais déjà écouté à la fête des Inrockuptibles pendant le Festival du Film. Petite scène en extérieur, sono minimaliste…Là, sur le plancher du Grand Auditorium, sa puissance peut exploser, tout ravager, et laisser le spectateur la bouche béante devant la force incroyable qui se dégage de son show !

 

 

 

 

stupeflipSTUPEFLIP. Entre le gag  potache et le concert concept, étranges silhouettes en capelines noires, masques sur le visage, interventions râpeuses au char d’assaut, sur le fil du rasoir d’un bon goût ou d’une tarte à la crème. Ils assurent les petits jeunes, devant un vrai public de fans, des initiés de la première heure, grands prêtres comme un chœur de vestales barbues et couturées de piercings et de tatouages. C’est Stupéfliant, comme un « horsecruise » d’Harry Potter, avec micros en place de baguettes magiques, effet de synthé et scratches en lieu et place du combat contre les forces de la hiérarchie et de la morosité ! Pas toujours en place…mais qu’importe, leur énergie est sur vitaminée, leur rap, rock, électro totalement déjanté. Il reste l’impression ineffable d’un contraste saisissant entre la majesté de cette salle dans le Palais des Festivals et leur bruyante démonstration d’une musique venue de quelques lointaines planètes peuplées d’extraterrestres !

 

 

 

 

DER110908 6198Drunksouls. Jeunes marseillais entrés en dissidence culturelle. Melting pot encore d’un esprit punk dans un corps de rock pour des sons reggae. Ils assurent une première partie sans fautes, le chanteur porté par un groupe déterminé. Ils sont bons, sympathiques, commencent à bien maîtriser la scène devant un public à conquérir (ils en sont à plus de 200 concerts sur les scènes alternatives !), réussissent à faire oublier le dieu Tiken qui doit suivre. Drunksouls a un avenir, celui d’un groupe « festif », qui donne envie de bouger et de suivre en musique leurs pas sur les chemins de l’espoir.

 Tiken-jah-copie-1.JPG

 

Tiken Jah Fakoly. Un colosse africain aux pieds d’airain. C’est un barde vaudou, immense et conquérant, sûr de sa force et de la puissance de son Afrique éternelle. Son reggae se tinte de Kora et d’instruments typiques, deux choristes chaloupent sur la scène en glissant des plages aigües dans son timbre grave…Cuivres en apesanteur pour pulser l’énergie, batterie, clavier, basse, le son se transforme en vagues tumultueuses, rouleaux qui balaient tout sur leurs passages pendant que Tiken Jah Fakoly fait son African Revolution en sautant, courant, bondissant comme un superbe animal sauvage. Ses thèmes tournent autour de la prise en compte par les africains de leur destin, de l’éducation, de la tolérance entre les ethnies et les religions pour s’unir contre les forces de l’oppression, du « bla bla bla », des dictateurs de tout genre et des forces néocoloniales qui pillent les richesses du continent ! Tout un programme !

Jah, mon frère noir, tu la feras ta révolution africaine et si on peut t'aider !

 

 

kevinKilltronik. C’est souvent le cas, dans sa propre ville, sur une belle scène reconnue, l’enjeu prend le pas sur le jeu. Le désir de prouver, de s’imposer ne permet pas de se poser. Alors Kevin, le jeune et sympathique (21 ans) leader de Killtronik a tout tenté…un peu trop même ! Je l’avais découvert dans son garage studio, une demi-heure haletante sans respiration d’un mix électro pop, avec présence entêtante de basse et de batterie. Prometteur, intéressant, énergique…Las, pour cette première partie des Stanglers, ils se sont mis en contresens, contrepied que l’on peut comprendre tant leur désir d’éblouir et de faire une fête de ce set les a aveuglés au détriment de la musique. Ballons, cœur en suspension, créatures mad max, flash mob, tout y est passé, même un duo piano/voix pas des plus heureux. Kévin a de l’avenir, désormais qu’il a réalisé son rêve, il va pouvoir passer aux choses sérieuses…la musique ! 

 

 

 

kill

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les papys du punk-rock sont toujours vivants…plus que jamais ! Nouveaux guitariste et batteur, basse et clavier comme en formation de troupe de choc, les Stranglers nous ont offert un set d’une puissance stratosphérique, une plongée haletante dans l’énergie matière, fusion musique, pour des basses en folie, une batterie en symbiose, un clavier à déchirer le silence et deux voix remarquables portant des morceaux en guirlande comme des tubes de collection. Always the sun, GB, Peaches, No more heroes…Les murs du Palais en vibrent encore, comme en mémoire à ce concert annulé il y a 35 ans et qu’ils venaient enfin de réaliser. Groupe phare des années 80, ils ont prouvé que leur légende est méritée et leur avenir, pour ces enfants du no-future, toujours préservé. Comme des adolescents heureux de ce pied de nez, ils ont emporté le public en transe pour une destination de fureur sereine. Les Stranglers, c’est un groupe actuel qui a de la mémoire !

stranglers

  

 

Et voilà, fin d’une mission qui s’annonçait terriblement complexe et qui au final, nous aura offert des moments rares de bonheur. Saul Williams, Tiken Jah Fakoly et les Stranglers au Panthéon des grands concerts de Cannes, gravés dans nos souvenirs, Drunksouls et Killtronik en découvertes prometteuses et Stupeflip en extra-terrestre venu nous faire délirer ! Il y a pire pour une fin de saison particulièrement riche en coups de cœur et en révélations…Alors, vive les vacances !

 

 

 

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