Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le grenier de la mémoire 11 : Rock Around Europe... Euh...Europe ?

Publié le par Bernard Oheix

Dans la frénésie de l'agonie de La Belle Bleue, quelques mois qui se déchirent et nous mènent inexorablement vers le gouffre, dans la certitude que rien de conventionnel ne pourra me sauver, mon cerveau, bien malgré moi, s'est mis en mode accéléré à la limite de la saturation.

C'est ainsi que j'ai pondu (entre autre) pour le Directeur de la Musique et de la Danse un dossier sur la création d'un ONDA Rock-Chanson basé sur un conventionnement de lieux s'engageant sur une programmation de 8 concerts à l'année avec paiement des artistes (pour rompre avec le pervers % sur la recette) et couverture de 50% du déficit. L'objectif étant de créer un choc diffusion en Province et de professionnaliser les jeunes musiciens.... vaste programme !

En 1985, Année Internationale de la Jeunesse, c'est à l'AFIJE (Agence Française des Initiatives de la Jeunesse en Europe), que j'ai présenté, le projet Ring Rock, un match musical de groupes de rock... mais de celui-ci, je vous en reparlerai dans un prochain billet....

Aujourd'hui, c'est de Rock Around Europe qu'il s'agit, et donc de mon ami Alberto Signetto, colosse débordant d'énergie, bon vivant, Turinois, Cinéaste et  ami de toujours avec son frère Sandro.

Nous nous étions rencontrés au Festival de San Remo au début des années 70 et nous ne nous étions plus lâchés. Je ne compte pas les bouteilles de vin que nous avons éclusées ensemble. Nous avions même écrit un scénario (Itinerario Gaudi, un polar sulfureux se déroulant à Barcelone)...

Alberto était une machine à improviser, un tribun, un grand cinéaste turinois et nous étions, intellectuellement, comme deux frères siamois...

Je l'avais invité comme membre du jury professionnel en 1988 aux Rencontres Cinématographiques de Cannes et je me souviens encore de quelques belles soirées et de la présentation de son film, Weltgenie, un CM onirique tiré d'un poème de Gottfried Benn qui a eu un succès incroyable et fut couvert de prix dans plusieurs festivals !

Je l'avais invité comme membre du jury professionnel en 1988 aux Rencontres Cinématographiques de Cannes et je me souviens encore de quelques belles soirées et de la présentation de son film, Weltgenie, un CM onirique tiré d'un poème de Gottfried Benn qui a eu un succès incroyable et fut couvert de prix dans plusieurs festivals !

Quand je lui avais parlé de mon idée d'un groupe de rock composé de musiciens de chaque pays d'Europe, il avait instantanément embrayé au quart de tour ! C'est lui qui avait trouvé le nom (Rock Around Europe), et de discussions en discussions, nous avions affiné le concept jusqu'à son aboutissement sous forme d'un dossier en trois langues.

Je m'étais mis en chasse auprès des institutionnels français, lui des structures italiennes, et ensemble nous avions prospecté les Espagnols (rencontre surréaliste avec l'Ambassadeur d'Espagne !). Les premiers résultats largement positifs, nous nous sommes rendus à Londres dans un voyage homérique pour rencontrer Brian Eno pressenti comme directeur artistique de l'opération. Il n'avait pas dit non, le bougre... Mais de ce voyage, vous aurez droit à un billet plus tard !

Mais qu'était-ce donc que ce RAE... ce Rock Around Europe !

Le grenier de la mémoire 11 : Rock Around Europe... Euh...Europe ?
Le grenier de la mémoire 11 : Rock Around Europe... Euh...Europe ?
Quelques pages du dossier de présentation ! C'est Alberto qui avait eu cette idée de créer un papier avec les textes en langue originale sur fond des couleurs des drapeaux de chaque pays concerné !

Quelques pages du dossier de présentation ! C'est Alberto qui avait eu cette idée de créer un papier avec les textes en langue originale sur fond des couleurs des drapeaux de chaque pays concerné !

Il s'agissait de sélectionner par audition publique de jeunes musiciens de 3 pays (France, Espagne, Italie), de les faire travailler  pendant 3 mois avec un Directeur Artistique (Brian Eno),de produire un 45T, de créer un look Européen, et de faire une caravane du Rock qui aurait sillonn les 3 pays (plus les autres !) en portant un nouveau message d'une Europe de la Culture ! 

Même si ce projet s'est échoué sur l'inertie de certains bureaucrates (une minorité y croyait malgré tout !) et sur le scepticisme général de la place de la culture dans la création d'une Europe moderne, nous avions pressenti les crises futures de cette Union Européenne incapable de se construire comme un projet d'avenir pour les jeunes et de transcender la réalité des crises nationales

Après un élargissement absurde vers l'ancien bloc de l'Est, vers des pays pas prêts à assumer la volonté d'une véritable Europe (Pologne, Hongrie) mais qui en veulent les profits et surtout pas les contraintes... (mais il fallait bien fournir une main d'oeuvre bon marché aux entreprises !),  ce sont les financiers et les divisions qui ont été le ciment d'une UE coupée de la population et des réalités. Le plus beau rêve de notre génération (l'Europe) s'est embourbé dans les luttes intestines, les politiques restrictives, les conflits nationaux, les égoïsmes... L'Europe des financiers s'est érigée et nous dévoile désormais son incapacité à affronter le monde globalisé, les crises et le repliement sur soi qu'ils ont générés !

En cette heure de pandémie, l'Europe agonise et s'est bien, dans notre naïveté et notre jeunesse, ce que nous avions pressenti quand nous luttions pour qu'elle soit ce territoire de rêves et d'espoirs qu'elle aurait pu devenir !

Alors Rock Around Europe... une utopie ?

L'histoire a tranché. La Belle Bleue est morte et notre espoir avec !

Quand à Alberto, comme tant d'autres désormais, il s'est évadé vers le néant, trop tôt. J'espère, où qu'il est, qu'il y a de bonnes bouteilles de vin, des disques de rock (oui, cela existait les galettes de cire !)  et qu'il m'attend pour qu'on termine enfin un scénario qui n'est jamais définitivement écrit !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 10 : La Belle Bleue, le grand plouf !

Publié le par Bernard Oheix

Après la réalisation au niveau de la MJC de Bourg en Bresse d'un CD 45t auto produit avec un artiste local, Patrick Veuillet, j'ai sans doute eu la plus belle illumination de ma vie professionnelle... mais aussi préparé le plus grand bouillon de ma carrière, ce qui pour une boîte que j'avais dénommée La Belle Bleue est un peu regrettable, surtout que je n'avais pas de bouées, à cette époque !

En 1982, le Parti Socialiste préparait son congrès à Bourg, lequel parti venant de faire élire François Mitterand comme président (le premier de gauche depuis la libération) et le premier pour ma génération qui n'avait toujours connu que la droite au pouvoir !

A cette occasion, Edwige Avice, Ministre de la Jeunesse et des Sports, tutelle des MJC, avait souhaité rencontrer le monde associatif et visiter notre établissement. Branle bas de combat. Je l'accueille avec la présidente Renée Touton et la rencontre se passe merveilleusement. Je lui parle de notre action pour la création en région, lui offre notre CD et lance quelques idées, notamment celle d'un organisme rattaché aux MJC de France qui aurait pour mission de structurer l'offre et la demande des 600 lieux qui diffusaient au minimum 5/6 spectacles dans leur année sans compter les lieux plus adaptés à la diffusion culturelle comme certaines MJC de Paris, Cannes, Annecy et autres qui possédaient une salle de spectacle et une programmation à l'année !

Banco, me dit-elle, on peut monter un FIC, contactez mon secrétariat en me tendant une carte de visite. Il a fallu que je me renseigne pour savoir ce qu'est un FIC...en l'occurence un Fond d'Intervention Culturelle pour des projets novateurs !

Très rapidement la machine s'est emballée, rencontres à la FFMJC, délégué nommé sur l'opération (Gérard Bortollato), secrétariat d'Edwige Avice et présentation du projet dans les réunions régionales.

L'objectif dans cette France maillée par les structures associatives était de créer une structure professionnelle apte à coordonner une action au long terme, faire fructifier le réseau de diffusion et permettre l'émergence  d'artistes en récupérant les dividendes du travail opéré pour les lancer dans le grand bain !

Vaste projet qui, à l'évidence, était dans les têtes de nombres acteurs socio-professionnels mais que j'avais réussi, aussi incroyable que cela puisse être, à faire vivre !

 

Le grenier de la mémoire 10 : La Belle Bleue, le  grand plouf  !

J'étais subitement devenu le Zorro de la culture.... sauf qu'assez rapidement j'en suis devenu le Zéro de l'absolu ! Si mon raisonnement était parfaitement abouti, il a achoppé sur deux aspects : le premier d'évidence est que la programmation est le jardin d'éden de tous les responsables, la carte de visite de l'égo des Directeurs bien nécessaire pour se coltiner toutes les tâches ingrates du quotidien. En l'occurence, tout le monde voulait être sur le Catalogue de La Belle Bleue... mais rares étaient ceux qui acceptaient de piocher par solidarité dans ce catalogue pour leur programmation !

Le deuxième aspect est lié à mon humble personne ! Si j'étais doué comme animateur, capable de vendre n'importe quoi à n'importe qui, je manquais cruellement de fondements artistiques, de bases solides pour effectuer les choix, assumer une vision professionnelle au long terme ! Je travaillais sur le coup de coeur et dans l'instant. Certains m'ont suivi et Nilda Fernandez en est un exemple qui explosera avec son CD, Madrid, Madrid, 3 mois après que La Belle Bleue ne se soit dissoute ! Moi je l'avais proposé l'année précédente aux 600 MJC pour une poignée de figues avec 5 contrats signés à la clef ! 

Mais 2 années c'est vraiment trop court pour emmagasiner et percevoir les mutations profondes de cette époque où le show-biz pointait son nez et se structurait autour d'une jeunesse qui avait enfin le pouvoir et l'argent (Cf. les industries culturelles naissantes sous l'action de Jack Lang) !

Un des écueils que j'ai dû affronter et sur lequel je n'ai pas eu le courage de trancher, c'est que tous les artistes qui avaient entamé cette aventure avec moi venaient de cette région Rhône Alpes et que c'est dans ce creuset que j'ai réalisé les premières prospections et ventes de contrats.  Je n'ai pas eu le temps d'intégrer les forces vives des autres régions et de devenir leur référent. Quand je décide de réaliser un 33t, Nilda rêve de le faire avec  La Belle Bleue ! Comment dire à Patrick Veuillet, qu'après avoir lancé l'opération, je le laisse tomber pour quelqu'un d'autre qui me semble plus prometteur... je n'ai pas eu cette force ! Or Nilda était l'avenir, Patrick le présent !

Mais quand je regarde mon catalogue, je me dis qu'il avait fière allure malgré tout, que les Marianne Sergent, Denis Wetterwald et autres, avaient compris l'intérêt de cette opération. Que les 80 contrats des Aventuriers de la Gondole Perdue, la présentation à Bourges des artistes La Belle Bleue, ce n'était pas rien malgré tout !

Au bout de deux ans et après plus de 200 contrats vendus, la réalité d'un modèle économique m'a rattrapé. J'ai loupé, et les MJC avec moi, le tournant décisif d'une mutation profonde. Le grand paradoxe de toute cette période, c'est que les MJC qui avaient contribué à l'élection d'un président de gauche, ont été enterrées par cette même gauche au pouvoir dans un jeu délétère où personne n'avait raison et où tout le monde s'est retrouvé victime d'une histoire en marche vers un monde futur en train de naître, celui d'internet, de la globalisation et de la rentabilité à tout crin. Cela impliquait le démantèlement du social pour l'économique, de la formation citoyenne pour un statut de consommateur passif !

Le résultat, c'est que les quartiers privés de leurs structures se sont embrasés et que les artistes ont perdu leur réseau de scènes de proximité pour balbutier leur talent et grandir. Les bars allaient les remplacer pour un gain (très) relatif ! 

Mais il reste Internet, You Tube et le confinement pour continuer de rêver !

PS : Merci à Chantal Veuillet, mon assistante à l'époque, qui a subi le meilleur (assez rarement) comme le pire (le plus souvent) en travaillant à mes côtés pendant ces 2 années cauchemardesques !

PPS : Merci aux nombreux artistes qui rêvaient avec nous, aux quelques directeurs qui y ont crû, à Jean-Pierre Carriau, missionné pour une expertise, avec qui j'ai pris une cuite mémorable quand la cause perdue a été entendue !  

PPPS : C'est dans cet échec que j'ai forgé ce que j'allais devenir, que je me suis donné des armes qui m'avaient fait défaut. Je l'ai su rapidement, instinctivement. Pour moi, il y a un avant La Belle Bleue et un après !

PPPPS : Et je pense à mon ami Nilda Fernandez. Toute notre vie, nos chemins se sont croisés, en Russie comme en France. Le 22 septembre 2010, je t'ai offert un orchestre symphonique pour t'accompagner sur la scène du palais des Festivals afin de célébrer notre amitié ! Cette amitié a résisté à mon échec et à ton succès. On se retrouvait à chaque fois avec bonheur en rigolant de nos débuts balbutiants. Le temps nous appartenait jusqu'à ce qu'un fil se rompe et que tu t'évades. Ta voix miraculeuse n'a jamais cessé de retentir en moi et elle résonne encore comme la certitude d'un passé que j'ai aimé partager avec toi !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 9 : L'ethnologue du quotidien !

Publié le par Bernard Oheix

Il ne fallait pas qu'elle me cherche... Elle m'a supplié de lui épargner ce billet, mais en cette heure de confinement intense, les barrières de la bienséance s'écroulent facilement ! Et puis, Sylvie n'avait qu'à pas être mon amie de jeunesse, pré bac et pré-pubère ! Non mais !

Fille des montagnes par les parents, elle a grandi dans le Sud au bord de l'eau bleue pour une fois son coeur pris par un savoyard, retourner sur les pentes neigeuses qui cernent Grenoble. Et c'est ainsi que sa fulgurante carrière de photographe s'est échouée dans l'univers macho des combinaisons fluo, à faire des portraits de skieurs en mal de reconnaissance, signant au passage quelques unes des plus belles photos de Montagne Magazine et d'autres publications tournées vers les cimes des Alpes. Elle a bien tenté aussi de marquer ses voyages incessants de reportages (souvent réussis par ailleurs) de quelques traces immémoriales.

Mais elle a raté le coche d'être cette "Ethnologue du Quotidien" que je lui avais offert dans mon immense mansuétude ! Elle aurait pu grâce à moi devenir l'égale des plus grands, mais son confort et les gains misérables d'une existence dorée l'ont détournés de la voie royale qui l'aurait menée au pinacle des Cartier-Bresson, Doisneau et autres références de la photographie du sens !

Et pourtant, j'ai tout fait pour la lancer dans le grand bain. Pour preuve, cette exposition que je lui ai consacrée dès novembre 1980 sur les murs de la MJC de Bourg en Bresse dont j'étais le tout nouveau directeur, preuve s'il le fallait, de la confiance que j'avais en son talent !

 

Le grenier de la mémoire 9 : L'ethnologue du quotidien !
J'ai tout fait pour elle, mais l'histoire ne retiendra pas que j'ai été un visionnaire et qu'elle m'a lâchement abandonnée.

J'ai tout fait pour elle, mais l'histoire ne retiendra pas que j'ai été un visionnaire et qu'elle m'a lâchement abandonnée.

Le grenier de la mémoire 9 : L'ethnologue du quotidien !

Ma Sylvie, je t'aime toujours. Tu as un mari sympa et brillant, deux enfants adorables, tu es grand-mère...mais quand donc accepteras-tu d'être enfin cette photographe d'exception ?

Je te lance un message comme une bouteille à la mer : envoie-moi 3 des photos dont tu es la plus fière, et je les publierais ici même afin de me prouver que je n'avais pas rêvé ton talent !

Bise ma copine !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 8 : moment de tendresse !

Publié le par Bernard Oheix

Petite pause en forme d'humour ! On en a bien besoin !

Tout d'abord avec un édito qui m'avait été demandé par la directrice d'un établissement scolaire, admiratrice fervente des Saisons de Cannes : Elle était responsable d'un journal de l'école, Le Garoupiot et souhaitait que j'écrive un petit mot en guise d'amitié.

Et voilà le résultat :

Et vous l'avez compris, en cette période de pandémie : Il suffit d'un voEu pour transformer la CRISE en CERISE ! Quand au texte, plus de 10 ans après, je trouve qu'il résonne étrangement avec l'actualité ! Prémonitoire, n'exagérons pas, mais quand même !

Et vous l'avez compris, en cette période de pandémie : Il suffit d'un voEu pour transformer la CRISE en CERISE ! Quand au texte, plus de 10 ans après, je trouve qu'il résonne étrangement avec l'actualité ! Prémonitoire, n'exagérons pas, mais quand même !

En 2011, je réalise pour la première fois Les Nuits du Suquet comme Directeur Artistique. J'avais invité mon ami Laurent Korcia, qui, au delà de son talent, marche souvent à côté de ses pompes ! Il est un peu lunaire Laurent, sans doute le prix à payer pour son génie. Et il me l'a prouvé au moment de s'habiller pour son concert et d'entrer en scène !

Le grenier de la mémoire 8 : moment de tendresse !
J'ai retrouvé mes chaussures qui avaient supporté un soliste exceptionnel, mais je n'ai pas réussi à capturer son talent... Entre les pieds et les mains, il avait choisi ! C'était peut-être beaucoup demander !

J'ai retrouvé mes chaussures qui avaient supporté un soliste exceptionnel, mais je n'ai pas réussi à capturer son talent... Entre les pieds et les mains, il avait choisi ! C'était peut-être beaucoup demander !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 7 : Bourg en Bresse : clap de début !

Publié le par Bernard Oheix

Imaginez ! Sortant en septembre 1980 de la formation des MJC de Rennes, j'ai pris le poste le plus au Sud disponible, une ville dont je n'avais jamais entendu parler, Bourg en Bresse. La veille de ma prise de fonction, dans ma vieille simca cabossée, arrivant de Cannes, j'ai traversé de nuit les sombres étangs de la Dombes pour arriver vers 2h du matin à l'entrée de Bourg. Là, en travers de la route, une gigantesque banderole m'accueillit sur laquelle en lettres grasses on pouvait lire : Championnat de France des Labours 1980... Et moi qui venais faire de la Culture !

Disons-le tout de suite, ce fut le paradis. Cité moyenne, assez aisée, sans vrai projet culturel institutionnel, la ville était le terrain idéal pour lancer une armada sur les forces légèrement conservatrices qui occupaient le terrain. Encore fallait-il posséder une armée. C'est ce que je fis d'entrée en ouvrant grand les portes et les fenêtres de cette MJC dont les fondations saines s'étaient érigées sur le concept citoyen de formation animé par 2 excellents directeurs (Pierre Hyvernat et Jean Pierre Lamy) mais dont les préoccupations étaient assez éloignées de la culture jeune et de l'Agit Prop !

Et tous ces jeunes de Bourg qui ne se reconnaissaient pas vraiment dans cette version de la  MJC ont convergé vers leur nouveau terrain de chasse. Les Jean-François Michon, Michel Hutinel, Chantal et Patrick Veuillet, Pascal Ainardi, Dominique Gauthier, Mylène Forestier, Ophélie Dupont...ont débarqué enthousiastes, prêts à en découdre avec le bon sens et la normalité ! C'est le socle humain sur lequel on a pu bâtir ensemble un projet délirant. Et au passage, j'ai récupéré des amis pour la vie, une phalange d'irréductibles avec qui on a pu rêvé jusqu'au bout de la nuit

Rassurez-vous, Ces grognards volontaires  ont été servis bien au delà de leurs espérances !

On a commencé par une nuit du polar avec rapt de l'invitée surprise. A la sortie, les spectateurs ont dû enjamber le corps de Myralen Baccall, jupe relevée, couverte de ketchup et certains ne s'en sont toujours pas remis !

On a commencé par une nuit du polar avec rapt de l'invitée surprise. A la sortie, les spectateurs ont dû enjamber le corps de Myralen Baccall, jupe relevée, couverte de ketchup et certains ne s'en sont toujours pas remis !

Le grenier de la mémoire 7 : Bourg en Bresse : clap de début !
Pendu par mon pote Pascal Ainardi, j'ai présenté la nuit de l'horreur avec une seule hantise : Pourvu qu'il ne se soit pas trompé dans le noeud coulant et que je ne m'étrangle point ! Merci Pascal, tu as été à la hauteur, j'ai survécu !

Pendu par mon pote Pascal Ainardi, j'ai présenté la nuit de l'horreur avec une seule hantise : Pourvu qu'il ne se soit pas trompé dans le noeud coulant et que je ne m'étrangle point ! Merci Pascal, tu as été à la hauteur, j'ai survécu !

Deux anecdotes parmi tant d'autres.

Les murs de la MJC étaient intégralement couverts de papier noir par les soins de la belle Ophélie qui y gagna le surnom définitif de Mamie Crépon. Une machine à fumée diffusait en permanence une brume épaisse que des spots rasants trouaient de cônes lumineux. Dans les toilettes, la lumière théoriquement s'allumait en fermant le verrou... Sauf qu'au lieu de la lampe, c'est une bande son de hurlements et de gémissements démoniaques qui se déclenchait ! On a même vu des gens ressortir à moitié déshabillés en rigolant à postériori de leur terreur ! 

Pendant le dernier film, Massacre à la tronçonneuse, dans l'ultime séquence, on voit une poursuite avec une tronçonneuse allumée... Au mot fin de l'écran, toutes les issues condamnées , un spot s'est allumé sur une fausse porte latérale et le toujours fringuant Pascal s'est mis à découper en direct une silhouette humaine avec sa scie hurlante qui traversait le bois...

Je confirme que toute la salle a crié et que la moitié des spectateurs les plus proches de la porte se sont retrouvés sur les genoux de l'autre moitié plus éloignée ! Peut-être que quelques couples se sont formés grâce à nous cette nuit là !

Richesse de l'époque : il y avait 4 journaux pour 40 000 habitants. Le Progrès, Le Dauphiné, Le Courrier de l'Ain, et La Voix de l'Ain... et tous surenchérissaient pour parler de la MJC ! Le pied !

Richesse de l'époque : il y avait 4 journaux pour 40 000 habitants. Le Progrès, Le Dauphiné, Le Courrier de l'Ain, et La Voix de l'Ain... et tous surenchérissaient pour parler de la MJC ! Le pied !

Et voilà comme on gagne le droit de rester dans une ville malgré son poste qui devait être supprimé !

Et voilà comme on gagne le droit de rester dans une ville malgré son poste qui devait être supprimé !

J'en profite pour remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui m'ont permis de rêver éveiller pendant ces 4 années de 1980 à 1984 d'un bonheur intense ! C'est incroyable de commencer son métier dans de telles conditions et avec des gens aussi beaux et généreux. Que ce soit les institutionnels, le Maire Robin (PS), l'adjoint Veylon, la présidente de la MJC, Renée Touton et tout le conseil d'administration, tous m'ont suivit avec fidélité et parfois dérision ! Le prêtre ouvrier Gérard Authelin, André Cayot, Christian Durafour, Richard Edme, tous les journalistes qui m'ont soutenus, l'équipe de la MJC, Jean-Claude Gayet, Maryvonne  Fourcade, Danièle Petitpoisson et bien sûr, toute cette bande improbable qui consacra une partie de leur jeunesse à faire entrer la vie dans la Ville de Bourg !

Et à tous les autres que je ne peux citer et qui ont, à un moment, encouragés et permis la réalisation intensive de ces évènements !

J'étais au bon moment, au bon endroit... qu'ils en soient tous remerciés du fond du coeur !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Publié le par Bernard Oheix

Je sais que vous avez le temps, mais aurez-vous l'énergie d'aller jusqu'au bout de ce billet, à vous de voir !

J'ai longtemps été celui qui parlait à n'en plus finir, qui saoulait son entourage quoi ! Je me souviens encore de cette maitresse de l'école primaire (CP) de La Ferrage à Cannes qui m'avait collé un scotch sur les lèvres pour me punir de mes bavardages (Ah ! les vieilles méthodes !) et m'avait positionné pendant la récréation sur les escaliers de l'entrée de la salle avec tous les autres enfants qui défilaient en me montrant du doigt et en rigolant (sic) !

Par la suite, mai 68 et quelques amphis bien bondés, m'ont permis de cultiver ce talent des mots qui chantent, même si j'étais loin d'être un tribun reconnu parmi les zélotes de la révolution... plus par manque de fond que pour la forme d'ailleurs !

Par la suite, j'ai eu quelques heures de gloires naissantes, comme cette présentation au ciné club universitaire du Théâtre de Nice de Marat-Sade de Peter Brook (j'étais l'unique cinéphile de la région à l'avoir vu !) sous l'oeil de Jean A Gili mon maître vénéré où un exposé enlevé avec ma complice Sylvie Gros sur l'affrontement entre Trosky et Staline sous le regard légèrement goguenard de Max Gallo, un autre de mes maîtres, s'exclamant : "-Pour la forme, je vais vous mettre une excellente note, mais pour le fond, je vous rappelle qu'on est quand même en licence d'histoire et pas au théâtre ! "

Puis avec ce métier de bateleur, c'est la parole qui m' a pris à la gorge... informations, réunions, déclarations, présentations ont alimenté mon fond de commerce et  je suis devenu un bon client des médias, animateur radio occasionnel et interviewé récurent des télévisions et des journaux (locaux...quoique !).

La parole acquise, je suis alors devenu celui qui pondait des discours, lisais des hommages et que l'on venait chercher pour sanctionner un anniversaire (uniquement les chiffres ronds en 0 ou 5 !), les événements hors du commun, mariages, enterrements, et tout autre plaisanterie de la vie sociale.

Une de mes heures de gloire fut en 1989, sur la scène du théâtre de Morges en Suisse. A l'époque, Directeur adjoint de l'Office de la Culture de Cannes, un projet de jumelage de festivals avait eu lieu entre Performance d'acteur dirigé par l'inénarrable Jean-Pierre Carriau et le Festival suisse de Morges sous rire...

Au match aller à Cannes, le Maire de Morges avait fait un discours enlevé, plein d'humour...suisse ! L'élue de la Culture cannoise m'avait mandaté pour la représenter au match retour... ce que je fis, je crois avec un certain talent et un brio non moins certain !

Pour preuve :

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !
Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Quand Monik eut ses 60 ans, c'est vers moi que ses ami(e)s se tournèrent pour lui rendre un hommage (mérité) ! Normal, la routine dans ce Palais des Festivals qui avait appris à me connaître, où plutôt, reconnu ce sens inné de la phrase juste et de la formule choc qui me caractérisaient ! Et voilà le produit fini :

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !
Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Et je vais finir par l'hommage à mon pote Hervé, trop tôt parti, un des premiers de notre bande à atteindre la cinquantaine et un des premiers à s'être éclipsé. Dans cette grande fête dans une ferme au milieu des champs, nous étions encore presque jeunes et l'alcool coulait à flot. Mon heure de gloire attendait. Je ne les ai pas déçus et quelques uns se souviennent encore de mon discours ! 

Anniversaire d’Hervé

 

 

Déjà tout petit, à l’époque où tes cousines venaient te tâter le robinet, tu fis preuve d’indépendance en les repoussant à coup de talons rageurs. Avouons-le, ce fut bien la seule période de ta vie ou tu repoussas les filles.

C’est par un problème de mathématique que tu entras dans la vie, où la question posée portait sur le débit de ton robinet inversement proportionnel aux fuites dudit !

Par la suite, tes cousines comprirent que ce n’était absolument pas un robinet et investirent cette portion de ton anatomie de vertus plus musicales.

Faut dire, tu avais tout du pipeau en grandissant.

Confirmons pourtant qu’elles n’ont jamais réussi à tirer un son de ta flute enchantée malgré une embouchure parfaitement adaptée. Etait-ce du à leur jeune âge, leur manque d’expérience, leurs appareils dentaires ou à un vice de fabrication de ton instrument, l’avenir allait répondre à cette question.

Les riffs rageurs qu’elles tentaient de produire n’eurent d’autre effet que de transformer ton saxophone en flute traversière. Et même je dois l’avouer après leurs confidences, en bazooka qui mystérieusement se mit à cracher quelques flammes (ou plutôt quelques flammèches) par un jour de grand vent à l’âge de 12 ans !

Le résultat fut immédiat. Elles émigrèrent dans la cour du voisin pour jouer à la marelle, jeu nettement plus érotique, te laissant seul et obligé de prendre ton destin à 2 mains mais dès aujourd’hui !

 

S’ensuivit une période trouble où les quelques poils qui surgissaient sous ton menton se noyaient dans une forêt de bubons juvéniles. Gros à souhait, tu t’efforçais de les percer, nu devant ta glace de la salle de bain, bandant comme un salopard pensant au prof de mathématiques, qui bien qu’ayant de la moustache, était la seule femme qui te montrait sa culotte quand elle décroisait ses jambes sous le bureau pendant que tu ramassais ta gomme !

 

La dimension de ton érotisme commençait à effrayer ta maman…mais attirait ses copines. C’est dans les bras de sa meilleure amie, femme du vice-consul et sous un bananier des tropiques que tu conçus pour la 1ère fois le principe fondamental de l’exacte géométrie qui fait que le chemin le plus court entre deux sexes différents correspond à la longueur de la bite en érection multiplié par le carré de son excitation.

Cette loi naturelle que tu réinventas avec tant d’aisance, il a fallu que tu l’explores sous toutes les ceintures. Après avoir visité l’ensemble du panel des rombières qui copinaient ta maman chérie en attendant leur tour, tu t’es décidé à affronter le monde extérieur.

 

Commence alors cette période de ta vie que l’on nomma « la période rose ».

 

Des positions les plus classiques dont tu te « missionas » aux situations les plus complexes dont tu sus tirer la quintessence de l’acte viril, rien n’était trop beau pour ton imagination fertile, si ce n’est justement la fertilité de ta semence qui provoqua, selon la rumeur, un nombre conséquent de petits bébés blonds ayant un grain de beauté sur la fesse gauche.

Pas un ascenseur, les cabinets d’une « micheline », la selle d’un mobylette ou les greniers et caves qui ne se souviennent avec émotion du petit Hervé, hissant son mètre cinquante sur les monts satinés de ses juvéniles conquêtes !

De cette période très touffue, l’histoire garde un certain nombre de reliques dont le magnifique « drap souillé » qui est exposé à Beaubourg sous le nom de « L’enfer de la concupiscence »

Mais cette période folle touchait à sa fin et les contractions de l’histoire allaient désormais remplacer les contractions vaginales, les lendemains qui chantent succéder aux matins blêmes, et de prétorien de l’épicurisme, tu allais de transformer en janissaire de la révolution.

 

C’est le début de ta période rouge.

On trouve peu de documents sur cette période de ta vie car le secret est bien gardé. Quelques seuls initiés et privilégiés ont pu accéder au fond secret de la Bibliothèque Nationale. Il fait nul doute que dans le futur, à leur prescription, les caisses d’archives livreront aux historiens un éclairage précieux sur cette période qui court de 1968 à 1970.

On sait seulement que par amour pour la révolution, tu épousas une belle espagnole aux castagnettes de feu, vivant dans une semi-clandestinité et te dévouant corps et âme (pas assez corps d’après certaines confidences) afin de soigner les plaies d’un peuple malade.

 

Tu aurais pu devenir une Mère Teresa de l’action syndicale ou un Abbé Pierre des sans parties (ces parties que tu délaissais par trop selon ton goût) mais qui te permirent de faire 2 beaux enfants, 2 petits érotomanes déjà, qui commencèrent leur apprentissage de la vie avec leur cousine par une histoire de robinet qui fuit, ce qui montre que la vie n’est qu’un éternel recommencement.

Pourtant cette fin de décennie fut dure. Révolutionnaire reconverti dans l’action syndicale, tu entamais ce qui allait devenir « les années de souffre ».

 

Trouvant une nouvelle partenaire pour affronter ce moment décisif de ta vie, partagé entre l’annonce des stigmates de la vieillesse et ta volonté de rattraper une jeunesse envolée, en Bonnie and Clyde des plaisirs charnels, tu retrouvas grâce à elle, un allant insoupçonnable dans les années 80.

 

Je tairai au nom de la morale certains épisodes de cette période tout en soulignant la complaisance que tu affectais à te montrer nu, des journées entières, du côté de Barcaggio en Corse, fréquentant l’intelligentsia en offrant le spectacle d’une recherche effrontée du plaisir dans les dunes de sable avec tes lunes, en compagnie de Pierre Clémenti ou d’autres célèbres ex-révolutionnaires comme Bernard Oheix.

Tes spermatozoïdes vieillissants, leurs queues vitriolantes flageolantes, une ultime fois, bandèrent leur énergie pour atteindre un ovule qui paraissait par là.

 

C’est le début de la dernière période, « L’offrande à Nina ».

Tu avais tout connu. De tes premiers enfants tu ne tirais (outre que leurs copines) qu’une grande fierté de les voir si beaux, si grands, si bien membrés. La vie t’avait tout donné, même un dernier challenge, élever ta fille Nina plus longtemps que le « papet » qui te laissait la place et t’envoyait un message par delà le temps : résiste Hervé à l’usure. Cache tes blessures, ne courbe pas le dos, mets des couches confiance, change les pneus de ta petite voiture et comme un phare dans la tempête, permet nous de nous repérer.

 

Nous avons besoin de ta lumière, toi, tu pourras encore longtemps regarder nos ébats, disséquer nos femmes, nos maitresses, nos filles… on te permettra même de les toucher un peu si tu es sage !

 

Mais vit encore longtemps pour que l’on puisse trouver notre chemin, en s’aidant de ton bâton de maréchal qui fit ta force et nous donne le rythme pour affronter l’an 2000.

 

Bon 50ème anniversaire Hervé.

A Hervé qui doit bien rire de ce Coronavirus, et à tous ceux qui l'ont connu et se souviennent d'un être de lumière !

A Hervé qui doit bien rire de ce Coronavirus, et à tous ceux qui l'ont connu et se souviennent d'un être de lumière !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 5 : Homme d'images

Publié le par Bernard Oheix

Même confiné pour 4 semaines encore, je vous préviens, j'ai de quoi tenir à raison d'un billet tous les deux jours. Mes archives dégorgent de pépites et grâce à elles, je vaincrai la morosité engendrée par le coronavirus ! Non mais !

Homme de lettres (heu des lettres), poète (?), jongleurs de mots (ah ! les fameux discours de Bernard), concepteur de faire-part (de la naissance à la mort en passant par les aléas de la vie quotidienne !), enseignant adulé (quoique), ami des plus grands comme des inconnus... Espérons que la pandémie ne s'essouffle pas trop rapidement afin de découvrir toutes les facettes de ce pervers polymorphe qu'était Bernard Oheix (mais qu'il est toujours car non positif à l'heure d'aujourd'hui !).

Dans cette livraison donc, pour ce cinéphile convaincu, c'est à l'image et à cette aptitude innée qu'il avait développée de savoir instinctivement se mettre entre l'objectif du photographe et l'univers qui lui servait de fond, que nous allons faire appel.

Bernard a toujours pensé que la Culture était un bouillon de cultures ! En 1981, à l'occasion du lancement à Bourg en Bresse de son SAC 1 (La Semaine d'Action Culturelle), il avait réussi l'exploit de réunir tous les maitres queues des associations Burgiennes. Le repas fut succulent !

Bernard a toujours pensé que la Culture était un bouillon de cultures ! En 1981, à l'occasion du lancement à Bourg en Bresse de son SAC 1 (La Semaine d'Action Culturelle), il avait réussi l'exploit de réunir tous les maitres queues des associations Burgiennes. Le repas fut succulent !

Entre Machiavel et Casanova, une élégance discrète que son rouge à lèvre vient souligner d'ambiguïté. Festival de Venise 1987 ou Assemblée Générale bien enlevée ! Avec la MPT de Mougins dont il fut le Directeur, il largua derechef  les amarres de la bienséance !

Entre Machiavel et Casanova, une élégance discrète que son rouge à lèvre vient souligner d'ambiguïté. Festival de Venise 1987 ou Assemblée Générale bien enlevée ! Avec la MPT de Mougins dont il fut le Directeur, il largua derechef les amarres de la bienséance !

Cette tendance à tomber les vêtements dès que l'occasion s'en présentait ! Que ce soit dans le Grand Nord en Russie pour des bains rituels en janvier dans la glace, où sur le  bateau de Philippe C.  de la "transmed" dont il fut un vaillant matelot, avec ce souci de cacher le détail (-Quoi ! vous avez dit détail ? Comme c'est bizarre !)

Cette tendance à tomber les vêtements dès que l'occasion s'en présentait ! Que ce soit dans le Grand Nord en Russie pour des bains rituels en janvier dans la glace, où sur le bateau de Philippe C. de la "transmed" dont il fut un vaillant matelot, avec ce souci de cacher le détail (-Quoi ! vous avez dit détail ? Comme c'est bizarre !)

Ambiance mortelle au travail ! Dans ses bureaux de l'événementiel, il se transformait en bourreau. Ses collaboratrices préférées n'en pouvaient plus de subir les assauts de son caractère bipolaire ! Marie et Sophie envisageaient même de céder à ses avances afin de faire cesser le cauchemar !

Ambiance mortelle au travail ! Dans ses bureaux de l'événementiel, il se transformait en bourreau. Ses collaboratrices préférées n'en pouvaient plus de subir les assauts de son caractère bipolaire ! Marie et Sophie envisageaient même de céder à ses avances afin de faire cesser le cauchemar !

Le grenier de la mémoire 5 : Homme d'images

Pour réussir dans son métier, il était prêt à tout, même à offrir son corps à la communication... un corps dont plus personne ne voulait d'ailleurs au crépuscule de ses 60 ans ! Regrettable que ce soit l'année justement où il reçut les filles du Crazy Horse. Pourtant cet adepte de l'eau froide se baignait chaque 26 décembre mais ce n'était pas forcément un cadeau pour les filles de sa Direction obligées, dès le matin, de subir la vue de ses chairs flageolantes ! Malgré ses appels du pied, aucune ne se laissa prendre à son petit jeu névrotique de la séduction ! Il était temps pour lui alors de prendre sa retraite en attendant ce coronavirus qui l'obligerait d'exhumer quelques traces de ses turpitudes !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Publié le par Bernard Oheix

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Rentrée 2010. Je prépare la saison Sortir à Cannes qui se déroulera de septembre 11 à avril 12 avec une certaine émotion. Ce sera la dernière de ma carrière après 22 ans de direction de l'événementiel au Palais des Festivals. J'ai décidé de prendre ma retraite à 62 ans, malgré Le président Lisnard et la Directrice-Générale Giuliani qui me proposent de prolonger... La lassitude, la peur qui montait paradoxalement, la crainte de faire la saison de trop...l'usure !

Alors je me penche sur mon dernier opus... J'ai la brillante intuition de vouloir faire un dernier tour avec un partenaire assidu de mes divagations. Régis Braun, c'est plusieurs créations en commun, un Rezvani flamboyant, un Soldat Schveïk déambulatoire dans les jardins de la médiathèque superbe... C'est un ami de culture et je lui commande donc une dernière création, ce à quoi il me répond :

-Ok, mais je choisis le texte et tu joues dedans...

-Banco !

Bon sur le moment, cela ne m'a pas traumatisé... C'était si loin et ce vieux démon qui me poussait à m'exhiber allait enfin être récompensé. Je serai sur scène pour ma dernière saison, alors que pouvait-il m'arriver ?

Sauf que quelques mois après, Sophie mon adjointe, entra dans mon bureau, un curieux sourire en coin : 

-Dis Bernard, tu as lu la pièce que Régis a décidé de monter ?

-Non, c'est quoi ?

-Linge Sale de Jean Claude Grumberg

-Et alors ?

-Ton rôle, heu tes rôles...

-Dis-moi tout...

-Tu joues d'abord une blonde à forte poitrine, puis une martiniquaise qui chante et enfin un technicien du théâtre...

Un ange est passé ! Puis la peur comme une vague. Jouer déjà, deux femmes en plus, et devant un public que j'avais forgé par 15 ans de programmation ! Sueurs froides à gogo !

Et les répétitions avec des comédiens professionnels talentueux, la précision du metteur en scène, leurs attentions devant mon inexpérience et leurs encouragements permanents, 2 séances publiques à Cannes et une reprise pour une série de 7 séances à Nice.. Le bonheur est dans la salle ! Mais le stress violent, et ce d'autant plus que j'étais confiné le premier tiers de la pièce contre un rideau me dérobant au yeux du public et que je ne pouvais bouger avant une entrée, certes brillante, mais bien tardive avouons-le !

Une expérience magique. Après avoir programmé tant de comédiens, tant de pièces, je mettais enfin le doigt sur la réalité de leur vie et des fantômes qu'ils affrontaient !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !
Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

C'est Arnaud Gobin, mon complice en écriture, cinéaste avisé, qui m'offrit cette superbe composition dans un docu-fiction, "Les prisonniers de l'ile", diffusé avec grand succès sur France 3.

J'y campais, perruque aidant, le chevalier Saint-Mars, garde chiourme du Masque de Fer. Vêtu en mousquetaire, je déambulais dans la cellule et sur Sainte Marguerite en maltraitant un comédien dissimulé par un masque.

J'étais tellement devenu mon personnage (Stanislawsky aidant !) que je n'ai pu résister à mettre cette photo sur le badge cinéphile du Festival du Film : 35 films après, les gardiens (les vrais !) de la salle de La Licorne ne s'était toujours pas habitué à ma tronche !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Voir les commentaires

Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !

Publié le par Bernard Oheix

Depuis 1986, j’avais la responsabilité de l’organisation des Nuits Musicales du Suquet, un Festival de musique classique se déroulant en juillet. En 2011, la direction du Palais me demanda d’en assurer la Direction Artistique en lieu et place de Gabriel Tacchino, l’enfant du pays, pianiste, et créateur de la manifestation… 35 ans plus tôt !

Las, cette annonce mit le feu au poudre, orchestré par le Directeur « On m’a traité avec inélégance ! » et une poignée de fidèles de l’ancien fils prodige de Cannes, quelques vieux cacochymes supporters encore vivants qui envoyèrent des bordées de lettres à Nice Matin me trainant dans la boue !

J’ai répondu d’abord par une lettre à Nice Matin qui ne fut jamais publiée (cf plus loin la copie) et par la suite en assurant la programmation jusqu’en 2016 date à laquelle je mis fin à mon aventure professionnelle cannoise !

J’en tire une grande fierté tant par la programmation proposée dont quelques « stars » moderne du classique (Fazil Say, Laurent Korcia, Chilly Gonzales, Nigel Kennedy, Brigitte Engerer, Bruce Brubaker…) mais aussi la musique corse sacrée, Africaine classique, un hommage à Théodorakis, …et même un groupe de rock local (Human Théoréma) sur les créneaux découvertes de 19h, quelques œuvres avec récitants (Francis Huster, Daniel Mesguich, Marthe Villalonga), William Sheller en piano solo, Jean-Louis Trintignant avec ses poèmes libertaires en musique, une soirée Grand Corps Malade, Juliette, quelques créations avec des projections visuelles (Hommage à Albert Camus, Mozzartissimo, Ivresse de l’opéra)…

Une aventure exaltante qui se conclut le 23 juillet 2016 avec une Passion guitares somptueuse où les plus grands solistes, (tout genre confondu) vinrent communier : Roland Dyens, Juan Carmona (dont j’avais programmé la Sinfonia Flamenca), Laurent Korcia, Nono, Michel Haumont, Jean Claude Rapin (le coordinateur de la soirée), Vincent Absil, tous mes amis de la vie, servis par la voix sublime d’un Nilda Fernandez crépusculaire.

 

Voilà, je voulais prouver, modestement, si besoin était, que la musique classique n’est pas en dehors de l’espace de la culture vivante.

Elle en fait partie, elle en est l’âme même, car toute musique classique a été moderne à un moment de son histoire.

Je voulais aussi amener un nouveau public, plus jeune, plus curieux, des genres ouverts sur la culture du monde, la technique moderne de projection sur les vieilles pierres du fronton de l’église…

Mais avant tout, je voulais casser le sacro-saint rituel de l’artiste en queue de pie, du salut calibré, du silence cérémonieux du concert…

Je crois que j’ai réussi quelques belles soirées même si la prise de risque inhérente à mon projet m’a amené à me « planter » en de rares occasions, avouons-le ! Souvenir cuisant d’un Mozart versus Salieri, excellente idée au départ née dans mon cerveau enfiévré qui déboucha sur une Bérézina musicale…mais on ne se refait pas !

Et pour finir, une petite anecdote. Pour ma première édition des Nuits Musicales du Suquet, j’avais programmé en ouverture Brigitte Engerer avec l’Orchestre De Cannes dirigé par Philippe Bender.

Pendant les essais techniques, Gabriel Tacchino, visage fermé, se pointa et sans me dire bonjour, se rendit dans la loge de la Diva qu’il connaissait très bien où il resta une bonne heure à parler avec elle.

A 21h 15, dans la clarté déclinante et les derniers hurlements des mouettes, sur la scène du parvis de l’église, Brigitte Engerer dans un programme Schumann, embarqua le public pour un long voyage en pays des merveilles.

Concert terminé, comme à l’habitude, l’artiste vint souper avec l’organisateur, en l’occurrence, votre serviteur. Assise en face de moi, elle me regardait d’un œil scrutateur et au bout d’un interminable silence me lança :

  • Alors c’est vous qui avez eu la peau de Gabriel… Mais quelles sont vos compétences pour programmer de la musique classique ?
  • Madame Engerer, je suis directeur au Palais des Festivals de Cannes de la programmation depuis 20 ans et j’ai programmé près de 3000 spectacles dans ma vie. Du théâtre… mais je n’ai jamais été comédien, du cirque, je n’ai aucune formation de circassien, de la danse, je n’ai fait que 6 mois de danse dans ma vie, de la magie, mais je suis incapable de me transformer en quelqu’un d’autre ! Alors j’imagine que je vais pouvoir m’en sortir ! La preuve, je vous ai programmée ce soir et demain j’aurai Laurent Korcia, mais dans un programme moitié classique (les 4 saisons de Vivaldi) et moitié musiques du cinéma… Normal, on est à Cannes !

 

Elle a éclaté de rire, a pris son verre de vin et trinqué avec moi… et nous avons passé une charmante soirée. Après le repas, pendant que j’emmenais sa fille faire un tour de moto vers la pointe de l’Estérel, (elle en rêvait !), elle nous a attendu au Casino de la Napoule en jouant aux machines à sous. Elle m’a embrassé au moment où je lui remis en main propre sa si sympathique fille.

Et l’aventure des Nuits Musicales du Suquet commença avec cette bise, pour mon plus grand bonheur, et je l’espère, la satisfaction d’un public qui vint à mon secours conforter l’idée que je me faisais d’une programmation classique… mais pas trop !

Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !
Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !

Voir les commentaires

Les greniers de la mémoire 2 : mes 5 qualités

Publié le par Bernard Oheix

Confinement aidant, je purge mes dossiers de 50 ans de vie et retrouve des textes, des desseins, des programmes qui me renvoient dans cette période si riche que j'ai eu le privilège de vivre intensément. A défaut d'un futur bien clair, il reste mon passé pour me raccrocher à l'avenir !

Alors donc pour cette 2ème livraison, je vous livre un mail que j'ai envoyé en autodérision à l'ensemble de mes collègues directeurs au Palais des Festivals. Il s'agissait d'un de ces séminaires très en mode en ce début du XXème siècle où le comportement d'un groupe était scruté à la loupe par des intervenants extérieurs afin de renforcer les synergies d'une équipe ! Management, quand tu nous tiens !

Ils nous demandaient de présenter nos 5 qualités, je me suis exécuté !

Les greniers de la mémoire 2 : mes 5 qualités
Manon Briand, jeune cinéaste Québécoise accueillie sur les RCC en 1992... Une amitié sincère balayée par le temps qui passe !

Manon Briand, jeune cinéaste Québécoise accueillie sur les RCC en 1992... Une amitié sincère balayée par le temps qui passe !

Voir les commentaires