Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le grenier de la mémoire 5 : Homme d'images

Publié le par Bernard Oheix

Même confiné pour 4 semaines encore, je vous préviens, j'ai de quoi tenir à raison d'un billet tous les deux jours. Mes archives dégorgent de pépites et grâce à elles, je vaincrai la morosité engendrée par le coronavirus ! Non mais !

Homme de lettres (heu des lettres), poète (?), jongleurs de mots (ah ! les fameux discours de Bernard), concepteur de faire-part (de la naissance à la mort en passant par les aléas de la vie quotidienne !), enseignant adulé (quoique), ami des plus grands comme des inconnus... Espérons que la pandémie ne s'essouffle pas trop rapidement afin de découvrir toutes les facettes de ce pervers polymorphe qu'était Bernard Oheix (mais qu'il est toujours car non positif à l'heure d'aujourd'hui !).

Dans cette livraison donc, pour ce cinéphile convaincu, c'est à l'image et à cette aptitude innée qu'il avait développée de savoir instinctivement se mettre entre l'objectif du photographe et l'univers qui lui servait de fond, que nous allons faire appel.

Bernard a toujours pensé que la Culture était un bouillon de cultures ! En 1981, à l'occasion du lancement à Bourg en Bresse de son SAC 1 (La Semaine d'Action Culturelle), il avait réussi l'exploit de réunir tous les maitres queues des associations Burgiennes. Le repas fut succulent !

Bernard a toujours pensé que la Culture était un bouillon de cultures ! En 1981, à l'occasion du lancement à Bourg en Bresse de son SAC 1 (La Semaine d'Action Culturelle), il avait réussi l'exploit de réunir tous les maitres queues des associations Burgiennes. Le repas fut succulent !

Entre Machiavel et Casanova, une élégance discrète que son rouge à lèvre vient souligner d'ambiguïté. Festival de Venise 1987 ou Assemblée Générale bien enlevée ! Avec la MPT de Mougins dont il fut le Directeur, il largua derechef  les amarres de la bienséance !

Entre Machiavel et Casanova, une élégance discrète que son rouge à lèvre vient souligner d'ambiguïté. Festival de Venise 1987 ou Assemblée Générale bien enlevée ! Avec la MPT de Mougins dont il fut le Directeur, il largua derechef les amarres de la bienséance !

Cette tendance à tomber les vêtements dès que l'occasion s'en présentait ! Que ce soit dans le Grand Nord en Russie pour des bains rituels en janvier dans la glace, où sur le  bateau de Philippe C.  de la "transmed" dont il fut un vaillant matelot, avec ce souci de cacher le détail (-Quoi ! vous avez dit détail ? Comme c'est bizarre !)

Cette tendance à tomber les vêtements dès que l'occasion s'en présentait ! Que ce soit dans le Grand Nord en Russie pour des bains rituels en janvier dans la glace, où sur le bateau de Philippe C. de la "transmed" dont il fut un vaillant matelot, avec ce souci de cacher le détail (-Quoi ! vous avez dit détail ? Comme c'est bizarre !)

Ambiance mortelle au travail ! Dans ses bureaux de l'événementiel, il se transformait en bourreau. Ses collaboratrices préférées n'en pouvaient plus de subir les assauts de son caractère bipolaire ! Marie et Sophie envisageaient même de céder à ses avances afin de faire cesser le cauchemar !

Ambiance mortelle au travail ! Dans ses bureaux de l'événementiel, il se transformait en bourreau. Ses collaboratrices préférées n'en pouvaient plus de subir les assauts de son caractère bipolaire ! Marie et Sophie envisageaient même de céder à ses avances afin de faire cesser le cauchemar !

Le grenier de la mémoire 5 : Homme d'images

Pour réussir dans son métier, il était prêt à tout, même à offrir son corps à la communication... un corps dont plus personne ne voulait d'ailleurs au crépuscule de ses 60 ans ! Regrettable que ce soit l'année justement où il reçut les filles du Crazy Horse. Pourtant cet adepte de l'eau froide se baignait chaque 26 décembre mais ce n'était pas forcément un cadeau pour les filles de sa Direction obligées, dès le matin, de subir la vue de ses chairs flageolantes ! Malgré ses appels du pied, aucune ne se laissa prendre à son petit jeu névrotique de la séduction ! Il était temps pour lui alors de prendre sa retraite en attendant ce coronavirus qui l'obligerait d'exhumer quelques traces de ses turpitudes !

Voir les commentaires

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Publié le par Bernard Oheix

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Rentrée 2010. Je prépare la saison Sortir à Cannes qui se déroulera de septembre 11 à avril 12 avec une certaine émotion. Ce sera la dernière de ma carrière après 22 ans de direction de l'événementiel au Palais des Festivals. J'ai décidé de prendre ma retraite à 62 ans, malgré Le président Lisnard et la Directrice-Générale Giuliani qui me proposent de prolonger... La lassitude, la peur qui montait paradoxalement, la crainte de faire la saison de trop...l'usure !

Alors je me penche sur mon dernier opus... J'ai la brillante intuition de vouloir faire un dernier tour avec un partenaire assidu de mes divagations. Régis Braun, c'est plusieurs créations en commun, un Rezvani flamboyant, un Soldat Schveïk déambulatoire dans les jardins de la médiathèque superbe... C'est un ami de culture et je lui commande donc une dernière création, ce à quoi il me répond :

-Ok, mais je choisis le texte et tu joues dedans...

-Banco !

Bon sur le moment, cela ne m'a pas traumatisé... C'était si loin et ce vieux démon qui me poussait à m'exhiber allait enfin être récompensé. Je serai sur scène pour ma dernière saison, alors que pouvait-il m'arriver ?

Sauf que quelques mois après, Sophie mon adjointe, entra dans mon bureau, un curieux sourire en coin : 

-Dis Bernard, tu as lu la pièce que Régis a décidé de monter ?

-Non, c'est quoi ?

-Linge Sale de Jean Claude Grumberg

-Et alors ?

-Ton rôle, heu tes rôles...

-Dis-moi tout...

-Tu joues d'abord une blonde à forte poitrine, puis une martiniquaise qui chante et enfin un technicien du théâtre...

Un ange est passé ! Puis la peur comme une vague. Jouer déjà, deux femmes en plus, et devant un public que j'avais forgé par 15 ans de programmation ! Sueurs froides à gogo !

Et les répétitions avec des comédiens professionnels talentueux, la précision du metteur en scène, leurs attentions devant mon inexpérience et leurs encouragements permanents, 2 séances publiques à Cannes et une reprise pour une série de 7 séances à Nice.. Le bonheur est dans la salle ! Mais le stress violent, et ce d'autant plus que j'étais confiné le premier tiers de la pièce contre un rideau me dérobant au yeux du public et que je ne pouvais bouger avant une entrée, certes brillante, mais bien tardive avouons-le !

Une expérience magique. Après avoir programmé tant de comédiens, tant de pièces, je mettais enfin le doigt sur la réalité de leur vie et des fantômes qu'ils affrontaient !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !
Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Cette lettre écrite avec le coeur, transpirant de toutes mes peurs, transmise à l'ensemble de l'équipe de Linge Sale...

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

C'est Arnaud Gobin, mon complice en écriture, cinéaste avisé, qui m'offrit cette superbe composition dans un docu-fiction, "Les prisonniers de l'ile", diffusé avec grand succès sur France 3.

J'y campais, perruque aidant, le chevalier Saint-Mars, garde chiourme du Masque de Fer. Vêtu en mousquetaire, je déambulais dans la cellule et sur Sainte Marguerite en maltraitant un comédien dissimulé par un masque.

J'étais tellement devenu mon personnage (Stanislawsky aidant !) que je n'ai pu résister à mettre cette photo sur le badge cinéphile du Festival du Film : 35 films après, les gardiens (les vrais !) de la salle de La Licorne ne s'était toujours pas habitué à ma tronche !

Le grenier de la mémoire 4 : perruques et bigoudis !

Voir les commentaires

Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !

Publié le par Bernard Oheix

Depuis 1986, j’avais la responsabilité de l’organisation des Nuits Musicales du Suquet, un Festival de musique classique se déroulant en juillet. En 2011, la direction du Palais me demanda d’en assurer la Direction Artistique en lieu et place de Gabriel Tacchino, l’enfant du pays, pianiste, et créateur de la manifestation… 35 ans plus tôt !

Las, cette annonce mit le feu au poudre, orchestré par le Directeur « On m’a traité avec inélégance ! » et une poignée de fidèles de l’ancien fils prodige de Cannes, quelques vieux cacochymes supporters encore vivants qui envoyèrent des bordées de lettres à Nice Matin me trainant dans la boue !

J’ai répondu d’abord par une lettre à Nice Matin qui ne fut jamais publiée (cf plus loin la copie) et par la suite en assurant la programmation jusqu’en 2016 date à laquelle je mis fin à mon aventure professionnelle cannoise !

J’en tire une grande fierté tant par la programmation proposée dont quelques « stars » moderne du classique (Fazil Say, Laurent Korcia, Chilly Gonzales, Nigel Kennedy, Brigitte Engerer, Bruce Brubaker…) mais aussi la musique corse sacrée, Africaine classique, un hommage à Théodorakis, …et même un groupe de rock local (Human Théoréma) sur les créneaux découvertes de 19h, quelques œuvres avec récitants (Francis Huster, Daniel Mesguich, Marthe Villalonga), William Sheller en piano solo, Jean-Louis Trintignant avec ses poèmes libertaires en musique, une soirée Grand Corps Malade, Juliette, quelques créations avec des projections visuelles (Hommage à Albert Camus, Mozzartissimo, Ivresse de l’opéra)…

Une aventure exaltante qui se conclut le 23 juillet 2016 avec une Passion guitares somptueuse où les plus grands solistes, (tout genre confondu) vinrent communier : Roland Dyens, Juan Carmona (dont j’avais programmé la Sinfonia Flamenca), Laurent Korcia, Nono, Michel Haumont, Jean Claude Rapin (le coordinateur de la soirée), Vincent Absil, tous mes amis de la vie, servis par la voix sublime d’un Nilda Fernandez crépusculaire.

 

Voilà, je voulais prouver, modestement, si besoin était, que la musique classique n’est pas en dehors de l’espace de la culture vivante.

Elle en fait partie, elle en est l’âme même, car toute musique classique a été moderne à un moment de son histoire.

Je voulais aussi amener un nouveau public, plus jeune, plus curieux, des genres ouverts sur la culture du monde, la technique moderne de projection sur les vieilles pierres du fronton de l’église…

Mais avant tout, je voulais casser le sacro-saint rituel de l’artiste en queue de pie, du salut calibré, du silence cérémonieux du concert…

Je crois que j’ai réussi quelques belles soirées même si la prise de risque inhérente à mon projet m’a amené à me « planter » en de rares occasions, avouons-le ! Souvenir cuisant d’un Mozart versus Salieri, excellente idée au départ née dans mon cerveau enfiévré qui déboucha sur une Bérézina musicale…mais on ne se refait pas !

Et pour finir, une petite anecdote. Pour ma première édition des Nuits Musicales du Suquet, j’avais programmé en ouverture Brigitte Engerer avec l’Orchestre De Cannes dirigé par Philippe Bender.

Pendant les essais techniques, Gabriel Tacchino, visage fermé, se pointa et sans me dire bonjour, se rendit dans la loge de la Diva qu’il connaissait très bien où il resta une bonne heure à parler avec elle.

A 21h 15, dans la clarté déclinante et les derniers hurlements des mouettes, sur la scène du parvis de l’église, Brigitte Engerer dans un programme Schumann, embarqua le public pour un long voyage en pays des merveilles.

Concert terminé, comme à l’habitude, l’artiste vint souper avec l’organisateur, en l’occurrence, votre serviteur. Assise en face de moi, elle me regardait d’un œil scrutateur et au bout d’un interminable silence me lança :

  • Alors c’est vous qui avez eu la peau de Gabriel… Mais quelles sont vos compétences pour programmer de la musique classique ?
  • Madame Engerer, je suis directeur au Palais des Festivals de Cannes de la programmation depuis 20 ans et j’ai programmé près de 3000 spectacles dans ma vie. Du théâtre… mais je n’ai jamais été comédien, du cirque, je n’ai aucune formation de circassien, de la danse, je n’ai fait que 6 mois de danse dans ma vie, de la magie, mais je suis incapable de me transformer en quelqu’un d’autre ! Alors j’imagine que je vais pouvoir m’en sortir ! La preuve, je vous ai programmée ce soir et demain j’aurai Laurent Korcia, mais dans un programme moitié classique (les 4 saisons de Vivaldi) et moitié musiques du cinéma… Normal, on est à Cannes !

 

Elle a éclaté de rire, a pris son verre de vin et trinqué avec moi… et nous avons passé une charmante soirée. Après le repas, pendant que j’emmenais sa fille faire un tour de moto vers la pointe de l’Estérel, (elle en rêvait !), elle nous a attendu au Casino de la Napoule en jouant aux machines à sous. Elle m’a embrassé au moment où je lui remis en main propre sa si sympathique fille.

Et l’aventure des Nuits Musicales du Suquet commença avec cette bise, pour mon plus grand bonheur, et je l’espère, la satisfaction d’un public qui vint à mon secours conforter l’idée que je me faisais d’une programmation classique… mais pas trop !

Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !
Le Grenier de la mémoire 3 : Tacchino et le Suquet !

Voir les commentaires

Les greniers de la mémoire 2 : mes 5 qualités

Publié le par Bernard Oheix

Confinement aidant, je purge mes dossiers de 50 ans de vie et retrouve des textes, des desseins, des programmes qui me renvoient dans cette période si riche que j'ai eu le privilège de vivre intensément. A défaut d'un futur bien clair, il reste mon passé pour me raccrocher à l'avenir !

Alors donc pour cette 2ème livraison, je vous livre un mail que j'ai envoyé en autodérision à l'ensemble de mes collègues directeurs au Palais des Festivals. Il s'agissait d'un de ces séminaires très en mode en ce début du XXème siècle où le comportement d'un groupe était scruté à la loupe par des intervenants extérieurs afin de renforcer les synergies d'une équipe ! Management, quand tu nous tiens !

Ils nous demandaient de présenter nos 5 qualités, je me suis exécuté !

Les greniers de la mémoire 2 : mes 5 qualités
Manon Briand, jeune cinéaste Québécoise accueillie sur les RCC en 1992... Une amitié sincère balayée par le temps qui passe !

Manon Briand, jeune cinéaste Québécoise accueillie sur les RCC en 1992... Une amitié sincère balayée par le temps qui passe !

Voir les commentaires

Les greniers de la mémoire 1 : Marco Ferreri

Publié le par Bernard Oheix

 

Le corona quelque chose qui nous confine à la maison a des vertus !  Depuis une semaine, devant la fuite des heures sans poker, sans belote et sans films dans les bonnes salles de la Ville de Cannes, ma vie de retraité a basculé dans une faille temporelle ! Il me reste bien un bon livre, un film merdique sur Netflix, mais il y a tant d’heures dans une journée ! Et si l’on nous enlève même les sorties au bord de mer, que nous restera-t-il de nos 20 ans !

Une étrange et saugrenue pensée est venue à mon secours pour tenter de trouver un sens à mes journées. Tous ces cartons dans lesquels j’ai entassé rituellement tous les écrits, lettres, et autres rapports émis ou reçus, il était temps de les affronter et de les purger ! Je me demande d’ailleurs, si le Covid19 n’a pas été créé dans ce but, me permettre de me libérer, de me détacher, de jeter en tri sélectif des montagnes de papiers, programmes et autres souvenirs qui non seulement phagocytent mon espace de vie mais de plus encombrent ma mémoire !

Alors j’ai plongé avec délectation souvent, étonnement parfois et hurlements de rire (rarement !) dans 50 ans d’agendas d’une vie bien remplie !

Et quelques perles, je les ai trouvées ! J’ai donc décidé d’en faire partager quelques unes à mes amis en espérant quelles les divertissent en cette période bien morose !

Commençons donc par ce commentaire impérissable sur un film qui fit scandale à sa projection au Palais des Festivals en 1973. Marco Ferreri venait jeter un pavé à la face des festivaliers dont j’étais un privilégié avec ma fausse carte de presse imprimée en Corse par le groupe d’étudiants de Cinéma de l’Université de Nice sous l’oeil goguenard de Jean A Gili, notre maître !

En sortant de la projection du vieux Palais, après la bordée de lazzis et les cris d’injures, je me suis précipité sur ma vieille Olivetti pour pondre cet article.

 

 

A La recherche des flatulences perdues !

 

En guise d’avertissement, mon grand père me déclarait qu’il vaut mieux péter en société que crever tout seul !

Cela donnait : je péte, tu pétes, il péte, nous pétons…

Ah non messieurs et mesdames, je vous arrête tout de suite !

Nous pétons certes, mais de la même manière. Vous pétez vulgairement et bêtement, disons-le prolétairement alors que nous, nous vrillons des vents désodorisés à « l’encor net » sur les coins satinés de nos fauteuils Louis XVI.

Ces vents perlés dans des culottes de satin rose, en aucune manière ne dérangent notre discussion sur l’agnosticisme de Kant ou ne couvrent la sonate en Si quelque chose de Mozart dont les notes retentissent sur le piano à queue du salon où nous dinons entre amis de bonne compagnie !

Mais voilà, triste destinée humaine ! Les amateurs de scandales, les pornographes de l’écran, les voyous de la caméra envahissent l’univers du 7ème Art !

 

Et les honnêtes gens de rugir, et les biens pensants de ruer : A bas la pornographie, hou, hou, et les lazzis de fuser ricochant sur le velours rouge des sièges du Palais !

 

Alors, moi, je pose une petite question : si un pet sur l’écran est capable de déclencher une telle émeute, quid des spectateurs qui assistent aux viols, aux meurtres de populations dans une dictature, aux actes ignobles de l’armée, au poids de l’obscurantisme moyenâgeux imposé par l’église, le code moral, les us et non coutumes d’une société où la loi du plus fort tient lieu de baromètre  au comportement général !

 

Comment peut-on accepter qu’il existe des gens qui n’ont rien à offrir à manger à leurs enfants ? La télévision nous montre tous les jours des scènes saisies au vol au Biaffra, au Bangladesh, au Viet-Nam que l’on regarde distraitement entre une salade niçoise et un steak tartare !

Est-ce à dire qu’il existe une paille et une poutre… et que l’on ne voit que la paille ?

La paille c’est le sacrilège de l’atteinte aux bonnes moeurs. Attaquer le devoir de chier discrètement, c’est remuer la merde du tiers monde qui fait vivre l’Occident ! Que Nixon envoie ses chapelets de bombes au phosphore d’accord ! Mais de grâce messieurs, quand vous rotez cachez-vous derrière votre mouchoir !

Il ne fait pas bon remuer le caca, surtout quand celui-ci provient du cul cousu d’or de notre classe dirigeante !

 

Marco Ferreri déclarait à J. A. Gili qui l’interviewait : « Je n’ai pas fait un film politique ». Suprême truculence !

Ferreri, un personnage enfermé dans un réseau de contradictions, 120kg de chair projetés en camouflet à la gueule du monde entier. Un cinéaste qui rue, bave, éructe et égraine dans ses films ses obsessions, ses névroses.

 

Le monde va périr…pire, il veut périr de et dans sa merde !

Significative est la mort d’Ugo Tognazzi gavé par Philippe Noiret, branlé par Anne Ferreol et mourant d’en redemander !

Quelle belle mort c’est vrai; mais quelle MORT quand même !

Nous refusons d’aborder de front les problèmes qui se posent.

Nous fermons les yeux sur des lendemains ténébreux en dégustant des poulets aux hormones, en imbibant de pétrole nos océans, en jouant avec l’atome…

 

Marco Ferreri n’a pas fait un film politique, un film à thèse, un film révolutionnaire… Non, il a jeté un cri, il n’est capable que de cela !

Et ce cri a été amplifié par les « queues de pie » du Festival qui lui ont donné un écho extraordinaire. Ce sont eux les vrais coupables, ceux qui ont permis à La grande Bouffe d’être un grand film !

La fameuse indignation de la salle en colère est-elle le signe annonciateur d’une débâcle prochaine ? S’il suffit que Piccoli péte pour que les bourgeois s’écroulent, alors messieurs, pétons tout notre saoul, tous en choeur !

 

Piccoli aurait fini sa carrière avec ce film… Mais le beau Michel qui rugit à la gueule des flics dans Themroc péte superbement et majestueusement à la face du spectateur !

Moi cela ne me gêne pas du moment que je ne sent pas l’odeur !

 

Et les autres ! Philippe Noiret merveilleux vieux garçon poussé dans les jupes d’une maman possessive qui découvre la femme au moment de mourir. Une femme mère d’ailleurs, aux seins accueillants, carrefour des adultes perdus. Ugo Tognazzi éblouissant chef, roi de la Pizza, qui meurt divinement. Et enfin, Marcello Mastroïanni le beau gosse du groupe qui prolétarise le godemichet en détournant un piston !

Un prix d’interprétation à 4 branches !

 

La grande Bouffe, un film hurlé ! Un film qui n’existe que si vous réagissez !

Alors, Vive La Grande Bouffe !

 

                                                            FIN ?

 

Quand j’écris cet article, on est bien en 1973, la gauche au pouvoir n’est qu’une utopie, le monde est sclérosé, partagé par un grand mur qui empêche de voir les réalités des deux côtés !

Rétroactivement, je comprends pourquoi aucune des revues de cinéma pour lesquelles je collaborais à l’époque n’ a voulu de cet article.

Bizarre, vous avez dit bizarre !

Je ne sais pas pourquoi mais cet article m'a toujours inspiré un grand respect pour les erreurs de la nature ! je n'arrive pas à imaginer son auteur sérieux au moment de donner le feu vert pour l'imprimerie !

Je ne sais pas pourquoi mais cet article m'a toujours inspiré un grand respect pour les erreurs de la nature ! je n'arrive pas à imaginer son auteur sérieux au moment de donner le feu vert pour l'imprimerie !

Voir les commentaires

I Muvrini... encore et toujours !

Publié le par Bernard Oheix

 

Si j’en avais besoin, si je pensais (bien) connaître les Muvrini, si j’avais la certitude d’aimer ce groupe, le 28 février 2020 m’aura offert la preuve que rien n’est jamais acquis et qu’une surprise est toujours possible. Parfois, la réalité est bien au delà de l'espoir. Avouons-le, ce concert s’impose pour moi parmi les grands souvenirs d’une carrière qui m’a pourtant permis de découvrir tant d'artistes de légende. Archive, Bashung, Pete Doherty, Salif Keïta, Iggy Pop, Juliette Gréco, Bob Dylan, Cesaria Evora… J'en passe... Et désormais I Muvrini au zénith de leur talent ! C’est en état de « sidération » que je suis sorti de la salle, ivre de la beauté de ces notes qui chantent encore bien après qu’elles se soient évanouies, ébloui par les lumières de la vie, de la non-violence, du retour à des valeurs universelles de partage que dégagent leur 2h de concert !

 

C’était une des premières dates de cette tournée 2020 qui les mènera dans toutes les régions de France,  en Belgique et en Hollande, de février à mai, pour reprendre en octobre. 60 dates qui préservent les mois d’été où ils écumeront leur terre, la Corse. Les mouflons ne vont pas chômer en cette année de coronavirus.

 

La configuration choisie est à la fois simple et sophistiquée. Jean François Bernardini en leader secondé par son frère Alain Bernardini en première voix, étoffé par deux chanteurs qui portent les choeurs et polyphonies, un batteur fin et précis, un guitariste multi instruments, une basse, chant et percussions, un clavier et une explosive cornemuse et flute. Des lumières fines qui cisèlent l’espace, un dispositif scénique avec une passerelle pour permettre aux choeurs d’hommes de dominer la scène et un son fin et puissant. Tout le professionnalisme accumulé en 4 décennies de carrière, dans le soin de collaborateurs qui ont saisi l’essence de ce qu’est un groupe entre la tradition et la modernité, entre la voix et l’instrument.

 

 

I Muvrini... encore et toujours !

Leur show est structuré sur Portu in Core que vous devriez avoir acheté si vous avez lu mon dernier billet sur ce blog. Une dizaine de morceaux éblouissants (mais pourquoi avoir sucré ce Inno qui me bouleverse ?). Quelques titres majeurs à base de polyphonie viennent compléter l’ensemble pour plus de deux heures sans interruptions, juste la voix de Jean François qui parle entre les morceaux, introduit les thèmes et rappelle largement leur engagement à l’universalité, à la fraternité, à la terre et à la langue corse.

 

Le miracle, c’est qu’en parlant d’eux, ils parlent de nous ! En ces heures sombres où le bruit des rodomontades de dirigeants coupés de la vie assourdit les cris d’horreur d’hommes et de femmes jetés sur les routes de l’exil, où la terre se convulse dans les affres d’un équilibre perdu, où l’avidité des puissants crache sur les valeurs de partage et de solidarité, les Muvrini rappellent qu’un chant, qu’une mélodie peut faire renaître l’espoir et que l’humanité se cache dans les gestes du quotidien.

 

Alors oui, j’aime que la musique me parle au coeur et quand elle est jouée par des êtres qui savent aimer, alors je deviens « fan » et je me laisse porter par les complaintes et la beauté de deux heures qui échappent au temps.

Il y a de « l’alma », de l’âme, dans ce show et si vous avez la possibilité d’assister à une de leur prestation, d’Avignon au Havre, de La Rochelle à Lyon, de Marseille à Poitiers, alors vous vivrez un grand moment de beauté et de d’espoir !

 

Vive les Muvrini !

Les frères Bernardini, émus de savoir que ma petite fille s'appelle Alma et lui souhaitant le bonheur d'une vie d'amour !

Les frères Bernardini, émus de savoir que ma petite fille s'appelle Alma et lui souhaitant le bonheur d'une vie d'amour !

Voir les commentaires

I Muvrini : Portu in Core

Publié le par Bernard Oheix

 

Disons le tout de suite. Ce dernier opus des Muvrini est un chef d’oeuvre absolu, le genre de galette à écouter en boucle, à se saouler de notes et de mots, mélangeant le corse et le français pour mieux faire porter son message. J’ai enchaine 20 fois (sic) Inno, 10ème morceau du CD, sans jamais me lasser, toujours plus concentré, tentant de décrypter les finesses d’une orchestration magistrale, les fulgurances des voix, les soli délicats ciselés dans la fusion et l’énergie de ce texte sur la folie des hommes à massacrer leur terre et à ne pas comprendre que l’avenir est en péril.

Le livret qui l’accompagne offre une traduction salutaire pour la compréhension du projet du groupe.

 

« Qu’est-ce qui te consume et l’âme et le coeur

Qu’est-ce qu’on t’a volé pour que tu célèbres la mort

Qu’est-ce qu’on a tué en toi qui détruis l’avenir

Qui croit que seul l’argent est richesse qui vaille »

 

Le thème de cet album est l’écologie, le rapport d’humanité, l’échange pour accepter l’autre. C’est un hymne à l’espoir qui se cache dans les drames d’aujourd’hui et les catastrophes à venir, la volonté de dire que tout peut basculer dans l’horreur et qu’il est temps de prendre conscience.

 

« 2043, qu’est-ce que tu vois ?

Trouve moi un peu d’eau, un avvene chi po

Il n’est pas trop tard, envoie moi de la vie »

 

L’espoir existe mais il est ténu et il en va de la prise de conscience de tous pour que les hommes se libèrent de leurs chaines. Jean-François Bernardini, leader du groupe, homme d’influence joue son rôle de lanceur d’alerte et il le fait avec les armes qui sont les siennes, celles d’un artiste accompli au sommet de son art, la musique, les mots, un CD, la scène ouverte aux vents de l’histoire.

 

Alors, si vous n’êtes pas convaincus, filez acheter ce CD et écoutez-le sans parcimonie. Laissez-vous happer par la passion d’une terre à nulle autre pareille. Et si I Muvrini sont programmés sur une scène près de chez vous, prenez un billet et vous ne le regretterez pas…

Et ils ne m’ont même pas payé pour écrire ces éloges !

 

I Muvrini : Portu in Core

Un peu d’histoire !

 

Il faut avouer qu’entre I Muvrini et moi, c’est une vieille histoire et pas seulement à cause de ma femme corse ! Je les ai découverts grâce à un ami bastiais, Guy Cimino, qui me traina, un après midi d’un jour de pâques, au milieu des années 1980, dans un centre de vacances sur la côte où ils testaient leur jeunesse sur la scène étroite d’une salle polyvalente, à l’aube d’une réputation qui n’avait pas encore dépassé les rivages de leur île.

Et la vague World Music qui déferla dans les années 90 leur permis de surfer sur les scènes et de conquérir leur public à travers le monde. Un cocktail de langue corse, de polyphonies, d’instrumentations originales entre le traditionnel et le pop-rock, une scénographie soignée, les personnages des deux frères Bernardini, le leader Jean-François au micro poétique, et Alain, le discret, à la voix si puissante en soutien, conquirent leurs lettres de noblesses ! 8 fois disque d’or et 2 victoires de la musique pour un groupe installé dans la « castaniccia » et qui revendique sa « corsitude » en l’ouvrant au monde extérieur.

 

 

C’est en 1993 que je les ai programmés pour la première fois, dans le Festival Guitares Passions avec une conférence de presse et un débat à la Licorne pour présenter leur travail à la critique rock qui participait à la manifestation.

Puis un concert au stade des Hespérides de Cannes (en extérieur) dans un Festival avec Yannick Noah devant plus de 2000 spectateurs et deux programmations au Palais se sont succédées. J’avais créé une Nuit de la Corse et c’est ainsi que j’ai pu passer en revue toute l’extraordinaire richesse musicale de cette île : le vétéran Antoine Ciosi, A Filetta, Chjami Aghjalesi, J-P Poletti et les choeurs de Sartène, le Tavagna Club, Diana di l’Alba ont été accueillis successivement sur Cannes avec un réel succès, la colonie insulaire importante sur la région aidant quelque peu à remplir les salles des mélomanes.

Et si l’on rajoute la dizaine de fois où je les ai vus en concert en tant que spectateur dont 5 fois en Corse, sur leur terre, je crois pouvoir affirmer que globalement, je connais les Muvrini et que j’aime plutôt ce groupe !

 

Il me restera pourtant un grand regret. En 2016, pour ma dernière édition en tant que Directeur Artistique des Nuits Musicales du Suquet, j’ai recontacté mon copain corse Guy Cimino pour lui demander d’intervenir auprès de Jean-François Bernardini avec le projet de conclure ma carrière de programmateur sur un soirée avec le Tavagna Club de mon ami Francis Marcanteï à 19h et par un ultime opus à 21h avec I Muvrini. Las ! Ce concert n’aura pu se réaliser pour des problèmes de dates ! Les aléas du programmateur frustré !

 

Mais la vie continue, et même si les musiques du monde ont perdu quelque peu de leur éclat médiatique, I Muvrini continuent à tracer leur sillon avec constance et viennent se rappeler à nous avec un Portu in Core qui à mes yeux et un de leurs chefs d’oeuvre incontestables !

Allez, achetez, you tubez ou piquez le CD…  mais de grâce, écoutez les pour mieux comprendre la musique, la Corse et le monde qui l’entoure !

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, en 2005, I Muvrini sortait un bijou noté Alma annonçant par cela, que 15 après, ma fille mettrait au monde une  ravissante petite Alma, quarteronne Corse qui saura embellir la vie de ses grands parents !

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, en 2005, I Muvrini sortait un bijou noté Alma annonçant par cela, que 15 après, ma fille mettrait au monde une ravissante petite Alma, quarteronne Corse qui saura embellir la vie de ses grands parents !

Voir les commentaires

Meilleurs Vieux de la Côte d'Azur !

Publié le par Bernard Oheix

En cette année promise à tous les délices alcoolisés (2000 vins), le 1er janvier, rituellement, je me suis rendu en ma plage des Rochers Rouges afin de procéder à ma baignade tout autant traditionnelle. 

Disons le tout net... Le réchauffement climatique est une réalité terrible dont nous percevons les effets tous les jours, un peu plus de part le monde. En Amazonie comme en Australie, autour des pôles, comme nous l'a si brillamment démontré Ségolène, comme dans les terres asséchées du continent africain...  Mais en ce premier mercredi de la nouvelle année, je confirme que le réchauffement climatique n'était pas encore arrivée à La Bocca ! Glacée, l'eau ne nous a pas fait de cadeaux, et ce n'est pas les quelques bulles de champagne ingérées au préalable qui pouvaient me réconforter !

Je dis nous, car étrangement, quelqu'un d'autre se baignait dans mon anse fétiche, se prélassant dans une eau cristalline, tenant à la main, un ouvrage dont je reconnus la caractéristique couverture bleue barrée d'un bandeau rouge !

Oui, l'internationale des lecteurs de Café Croisette venait une nouvelle fois de manifester son extraordinaire emprise médiatique, sa capacité d'adaptation, sa pugnacité, son sens de la provocation ! Ils sont partout, ils se lovent dans les contradictions d'un ultra libéralisme dévastateur, ils s'imposent face à la rigidité d'un système anxiogène, ils font exploser tous les codes de la bienséance en exhibant leur corps aux rayons d'un soleil régénérateur !

Et je peux le prouver ! 

Ce lecteur compulsif de Café croisette a poussé la coquetterie jusqu'à adopter un maillot aux couleurs du livre de ses héros !

Ce lecteur compulsif de Café croisette a poussé la coquetterie jusqu'à adopter un maillot aux couleurs du livre de ses héros !

Déjà, je perçois les commentaires sarcastiques des pisses froids, empêcheurs de prendre du plaisir à une baignade cultivante et régénérante  ! Du style : "-On le connait, c'est le genre de mec a se baigner en août en se prenant en photo et à nous la ressortir en janvier sous couvert de baignade hivernale ! "

Que nenni ! Et je peux in petto le prouver ! Je me suis prémuni de cette charge en prenant une seconde photo qui démontre à l'évidence l'inanité de tels propos !

La voici donc cette preuve irréfutable de la réalité de mon geste héroïque !

Meilleurs Vieux de la Côte d'Azur !

En effet, Alma est un petit bout de chou merveilleux qui vient, après l'adorable Lise, auréoler ma vieillesse. Ma petite fille est née le 27 août, et je ne connaissais pas son nom avant sa naissance !

Bon, vous me direz, d'août à janvier, il y a une marge pour trafiquer l'histoire, mais comment imaginer que je puisse mentir à Alma et à ses grands yeux bleus interrogateurs en trichant ! Impossible !

Je confirme donc que je me suis bien baigné avec un lecteur assidu de Café Croisette en ce 1er janvier 2020... ce qui prouve à l'évidence que Alma est bien un trésor et que Café Croisette est un livre fascinant qui fait oublier toutes les turpitudes d'un monde en folie et d'une eau de mer glacée !

Et donc, que si vous ne l'avez toujours pas lu, il suffit de me le commander et j'aurai un immense plaisir à vous l'envoyer contre la modeste somme de 18€, ce qui n'est pas cher payé pour une plongée dans la Méditerranée et dans l'univers déjanté d'une bande d'amis en train de lutter pour que vive l'amour et l'amitié dans les coulisses du Festival du Film de Cannes !

Bon, je crois que j'ai bien commencé l'année en abusant peut-être de quelques verres de ce vin prémonitoire et vous informe que malgré ce monde en folie aux mains de quelques dictateurs fous, il reste encore la possibilité de rêver d'un monde meilleur... surtout pour que Lise et Alma puissent grandir dans la paix et la sérénité !

Pace e salute à toutes et tous !

 

Voir les commentaires

La Sicile, 40 ans après !

Publié le par Bernard Oheix

Ils n'ont plus de 14 ans à 18 ans cette vingtaine de stagiaires de la cité. Les jeunes animateurs de l'époque ont désormais un âge vénérable, et on peut le dire désormais, on ne voit plus beaucoup de différences, près d'un demi siècle s'étant écoulé, entre les jeunes du quartier de la Frayère à Cannes, les moins jeunes animateurs à l'orée de leur carrière, et le responsable du voyage, moi-même, à peine plus âgé d'une décennie à l'époque.

40 ans se sont passés entre ces 28 jours de rêve et la vie qui nous a rattrapée...mais rien n'a pu effacer l'Aventure Sicilienne !

Quand on leur parle aujourd'hui de la Sicile, leur yeux s'illuminent comme la nuit où ils ont dormi au sommet du Stromboli, au bord du cratère, dans les jaillissements permanents de la lave en forme d'arbres de noël qui rythmaient les heures sous les étoiles !

Rien n'a trouvé d'équivalence avec cette autre nuit de l'irruption de l'Etna en 1979, ces premières laves déferlants sur les pentes d'une montagne béante, à 3300 mètres de hauteur, dans la fureur des secousses permanentes qui faisaient vibrer la terre en dégageant des corolles de souffre qui nous brulaient la gorge !

Et le Vesuve avec ces nuages de vapeurs sulfureuses et cette cicatrice sombre dévalant de la montagne. Les rues pavées d'histoire de Pompéï, les catacombes de Palerme et la petite fille embaumée...

Et cet air de liberté permanente d'une Frayère se frayant un chemin contre le reste du monde dans une aventure sans égale !

Une vie errante de Robinson moderne dans une Italie en train de s'éveiller au tourisme de masse, juste avant qu'elle ne prenne des restrictions et ne mette des barrières en travers des chemins pour mieux exploiter la manne d'un argent frais venu d'ailleurs. Avant les règles si strictes qui allaient encadrer les jeunes et les emprisonner dans un faisceau de dispositions leur ôtant un capital d'inconscience !

 

Un air de liberté pour des jeunes qui cherchaient leurs chemins et des adultes qui s'étaient baignés dans le fleuve d'un torrent nommé "68" charriant un air de liberté et de passion !

Un voyage inoubliable dont les traces, 40 ans après, étaient encore perceptibles dans le regard teinté d'émotion de ceux qui se sont retrouvés pour fêter les noces du passé et du futur !

 

Nice-Matin, le mercredi 11 décembre, sous la signature de Alexandre Carini, journaliste, présent le jour des retrouvailles, pour un plat de spaghettis nous renvoyant 40 ans auparavant, à l'âge du possible !

Nice-Matin, le mercredi 11 décembre, sous la signature de Alexandre Carini, journaliste, présent le jour des retrouvailles, pour un plat de spaghettis nous renvoyant 40 ans auparavant, à l'âge du possible !

Voir les commentaires

Hors Normes et La Belle Epoque : 2 visions du cinéma !

Publié le par Bernard Oheix


Voici deux films particulièrement intéressants qui posent le problème du vrai et du faux, de la réalité et de la fiction, deux films qui se répondent en écho pour imposer leur vision d’un monde où rien n’est figé comme on l’imagine.

Hors Normes n’est qu’un film ! Mais un excellent film de Olivier Nakache et Eric Toledano avant tout ! Même si le peech est à faire peur, « des autistes en phase d’adaptation dans des structures parallèles...», on a connu mieux pour attirer le spectateur lambda ! Et pourtant, quelle passion tout au long de ces deux heures, scotchés à l’écran, perdus dans les limbes étranges d'un univers parallèle. Ce n’est qu’un film, car à l’évidence Vincent Cassel et Reda Kateb ont des têtes connues et sont de vrais acteurs, pas des soignants. Alors on imagine sans peine les heures de tournage pour aboutir à ce film, les projecteurs qui ronronnent, les «moteurs», «coupez», les éclairagistes et les techniciens qui s’affairent, les travellings et le point photo, les repères entre les réalisateurs et les comédiens, la machine cinéma en pleine action pour créer l’artifice.
Mais alors pourquoi cette impression de réalité extrême, de naturalisme, de vérité pour un film que l’on pourrait classer dans la catégorie «documentaires» mais qui nous tient en haleine comme un polar social.
Dans l’excellence du jeu des deux acteurs principaux, assurément ! Dans l’impressionnante performance des ados «autistes», coupés de notre réalité dont on ne saura jusqu’au bout s’ils sont d’authentiques acteurs où d’admirables malades. Dans les adolescents «binômes/accompagnants», plus vrais que nature, jeunes de banlieue en phase d’insertion professionnelle que l’on imagine aussi bien sorti d’un casting sauvage dans les cités du 9.3 que d’une école de formation au métier d’acteur.
Tous ces ingrédients assument et portent une histoire fascinante, une fuite en avant vers l’amour de la différence, la capacité de recréer des ponts entre deux publics marginalisés (les autistes et les jeunes en insertion) et leur environnement, la force de la tendresse sur les rigueurs de l’administration. La puissance des actes contre les actes de puissance, l’écoute comme vertu, le coeur contre la raison, l'optimisme comme un rempart contre les forces du mal...
Certains devraient méditer sur les leçons de ce film et traverser la rue pour regarder la réalité. Hors Normes est un film hors norme qui nous donne la certitude que le monde est bien réel et qu’un film peut donner à voir ce que notre cécité nous empêche de discerner : la beauté insondable du monde !

C’est bien tout le contraire pour La Belle Epoque de Nicolas Bedos qui se situe à l’opposé exact de la démarche de Hors Normes. Les héros sont des acteurs de la vie réelle et le cinéma dans le cinéma va pouvoir les «téléporter» dans un monde reconstitué, un monde d’artifices où le génie de la reconstruction avérée s’en donne à coeur joie ! Un auteur de BD en panne d’inspiration et coincé dans une relation amoureuse qui s’épuise (Daniel Auteuil) accepte l’offre de plonger dans une expérience de retour en arrière grâce à un metteur en scène qui offre ce service à coups de décors, acteurs et scénarios élaborés en fonction du désir de l’ordonnateur. 
C’est en 1974 qu’il décide de se retrouver, dans le bar même où son existence a basculé, le jour précis où il a rencontré l’amour (Fanny Ardant) pour en revivre les premiers instants magiques. Le film va basculer entre un vrai présent et un faux passé (ou l’inverse !), entre la réalité de ce qu’ils sont devenus et  le rêve de ce qu’ils étaient, et comme on est assurément au cinéma, le faux (qui est le vrai) et le vrai (joué pour du faux) s’entremêlent dans un joyeux télescopage où tout est légitime, tout est illusoire ! C’est d’un équilibre exquis, tant par le scénario ciselé à l’extrême que dans une réalisation où l’artifice cinéma s’en donne a coeur joie ! Il y a de «La Nuit Américaine» dans cette Belle Epoque ou l'on roule en solex dans des rues de carton pâte, les oeufs durs trônent sur le comptoir, les cigarettes à la bouche, et où les actrices qui campent des personnages censément ayant existé, sont capables de tomber amoureuses du double imaginaire de leur partenaire. 
Et dans un ultime pied de nez, Fanny Ardant convoquera Daniel Auteuil dans «sa» reconstitution de ce même moment pour renouer avec les liens qui ont tissé leur vie et faire renaître leur amour au présent.
Un exercice de style époustouflant où Nicolas Bedos donne la pleine mesure de son amour du cinéma et de son talent pour parler de l’éphémère et de l’artifice.

Deux films à voir en urgence, deux facettes de la richesse du cinéma français, deux approches radicalement inversées qui démontrent l’extraordinaire vitalité de notre cinéma !
Allez, filez devant vos écrans pour faire vivre la fiction du réel !

Voir les commentaires