Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Turin 2018 : cendres et lumières !

Publié le par Bernard Oheix

 

J’ai longtemps arpenté les rues de Turin dans dans une décennie 80/90 où je rêvais tout éveillé. Je m’y suis même rendu en vélo de Bourg en Bresse à travers les Alpes. L’écriture d’un scénario (Itinérario Gaudi) avec Alberto Signetto et son frère Sandro, mes complices de ces années intenses où rien ne semblait impossible. Nous avions même travaillé sur un projet de rock européen (Rock Around Europe) à l’époque où nous aurions aimé que l’Europe ne soit pas ce que nous redoutions qu’elle devienne, un espace où les capitaux et les travailleurs seuls peuvent migrer librement  mais qui condamne l’émergence d’une culture transversale où les jeunes auraient trouvé toute leur place. Un espace de liberté et d’harmonie, y compris fiscale ! Cette Europe nous fuirait et nous en payerons le prix bien plus tard, quand les populismes ravageront des sociétés sans illusions enfermées dans leurs égoïsmes. Salvini et Di Maïo gouvernants l’Italie par le pouvoir de la haine des migrants et plus généralement de « L’Autre », l’extrême droite anti-européenne aux manettes sans fard et sans mentir sur leur programme liberticide… l’horreur toujours recommencée pour des catastrophes annoncées mais que nous refusons d’affronter !

 

A l’époque, Turin agonisait sous les coups de boutoirs d’une économie vacillant à l’aube de l’ultra-libéralisme où la Fiat en pleine restructuration vendait son usine historique du Lingotto pour re-dispatcher ses usines en se délocalisant vers des terres aux salariés moins exigeants et onéreux. Nous étions en pleine mutation mais nous ne le percevions point ! Les rues de la Ville laissaient suinter cette odeur de dureté et de malaise d’un tissu social en train de se déchirer. Les années de plomb n’étaient pas si éloignées, chaque jeune trentenaire avait dû se poser la question d’un glissement vers la clandestinité et des formes d’actions irréversibles, les drogues dures et le Sida ravageaient ces générations et la peur se mélangeait à l’espoir dans ce Turin d’avant les jeux olympiques.

 

Et puis la roue a tourné, je me suis installé à Cannes comme Directeur de l’Evénementiel du Palais des Festivals,  Alberto s’est lancé dans un travail de recherche et d’expérimentations cinématographiques, nos chemins se sont éloignés même si un lien subsistait parce que l’amitié ne peut vieillir… Je l’ai accueilli dans le jury des Rencontres Cinématographiques de Cannes à l’aube des années 90, le Festival du Film de Cannes parfois nous réunissait, notre amitié restait intacte mais le temps faisait son oeuvre en nous éloignant de nos rêves communs ! Deux fois en coup de vent je me suis rendu à Turin, en transit d’une Biennale de Venise où d’un autre transfert quelconque, vite, trop vite sans pouvoir regarder autour de moi !

Et puis Alberto a décidé de tirer un trait définitif sur notre relation en luttant comme un lion contre un cancer qui l’a emporté, nous laissant avec Sandro, son frère, un peu orphelins de nos illusions !
Il a laissé un vide en moi, comme une partie de mon passé que l’on m’aurait dérobé.

Aussi, quand Sandro m’a informé qu’un hommage « Bisognava Muoversi » (Il fallait se bouger) concernant 3 réalisateurs « alternatifs » du cinéma Turinois de la fin du précédent millénaire (Armando Ceste, Alberto Signetto et Alessandro Tannoia) avait lieu sur Turin entre les 8 et 18 octobre, ai-je décidé de me rendre dans cette ville que j’avais si bien connue.

Et c’était aussi pour moi, une façon de renouer avec mon passé, de retrouver Sandro Signetto et de faire revivre la mémoire de mon ami Alberto, mon passeur de rêves !

Turin 2018 : cendres et lumières !

Choc incroyable ! Cette ville dont les trottoirs humides et sombres des interminables arcades me semblait porter la misère de l’homme s’est radicalement transformée. Places pavées, rues piétonnes (paradoxe de la Ville de la Fiat chassant les voitures de son centre !), ravalement des façades, propreté luisante sous un soleil qui nimbe les bâtiments de reflets dorés, gentillesse des italiens et beauté des femmes… Turin est ville de lumières. Minuit sonné au XXIème siècle, elle s’est transformée d’un coup de baguette magique et de Fée Carrabosse est devenue Princesse du Piémont.

Petits restaurants alternatifs, avec clos de boules, pour des repas gastronomiques à prix raisonnables pour les locaux, vins si délicieux des versants ensoleillés des coteaux proches, musique d’un parler chantant comme un langue de signes, oeuvres d’Art à tous les carrefours, flèche dressée dans le ciel de la « mole Antonelliana » qui accueille le somptueux musée du Cinéma, Palazzo Reale avec ses musées d’art et de sculpture et Dôme de la Sindone, qui suite au terrible incendie de 1997 vient d’être réouvert après 21 ans de travaux.

 

Tout est surprise, tout est mystère, ravissement d’une ville qui émerge du temps pour prendre date avec l’avenir. Dommage que ce soit au moment précis où les italiens se précipitent dans les bras de l’extrémisme et foncent vers une ligne de fuite délétère !

 

Quand à l’hommage aux cinéastes, il sera à la hauteur de leur talent sans argent. Alberto Signetto tranchant par sa facture technique, son exigence et et son souci esthétique dans un Angelopoulos Backstage datant de 2003 fascinant. Ce court métrage interroge la fabrication de l’image et le rapport du réalisateur à la technique et à son équipe. Interrogation vertigineuse sur les mystères de la création !

 

Il est l’heure de retourner sur Cannes. De refermer une parenthèse enchantée d’avoir fait revivre quelques minutes d’un passé de bonheur. Il est aussi l’heure de prendre congé de ses rêves pour en accoucher d’autres ! La vie est si courte et Turin si belle !

Turin 2018 : cendres et lumières !

Voir les commentaires

Guy, Photo de Famille et Roulez Jeunesse !

Publié le par Bernard Oheix

Quelques films Français en cette chaude rentrée d’automne, une palette de bons sentiments et d’histoires pour mieux lire l’en-dehors. Une plongée bien de chez nous pour des émotions universelles ! Une façon de lire bien différente d’une industrie formatée au divertissement et qui fait honneur à ceux qui produisent, réalisent et interprètent  les pages d’un 7ème Art à la Française !

 

Il y a tout d’abord un bijou d’intelligence et de finesse. Guy d’Alex Lutz qui part d’une idée profondément novatrice, un faux film de reportage devenant fiction. L’argument est simple. Un homme découvre à la mort de sa mère le nom de son géniteur, Guy Jamet, chanteur de variété qui a eu son heure de gloire et qui, surfant sur la vague de la nostalgie, se retrouve de nouveau sous les feux de la rampe. Vidéaste, il décide de le rencontrer sous prétexte de lui consacrer un film de reportage.

Il y a une mise en abysse de la réalité, fausses pistes permanentes entre le passé et le présent, l’être et le paraître, la vérité et le mensonge.

Alex Lutz joue lui même ce rôle d’un vieux « crooneur », plus vrai que nature, tant dans son aspect physique, que dans sa façon de s’exprimer, usé par les années, par ce regard de la gloire qui s’est posée sur lui. Il chante à merveille la ritournelle de ces années dorées d’une jeunesse envolée.

Le quotidien de ce chanteur devient du coup mystérieux, étrange, renvoyant au problème de la filiation, du rapport à la célébrité et au temps qui passe.

Dans le regard de ses fans, il y a toute la ferveur de ses admirateurs de toujours qui remplissent ses galas au nom d’un souvenir ému et viennent communier dans le souvenir.

Le film évite tous les pièges d’une redondance, renvoie parfois vers l’interrogation existentielle (Qui suis-je ? Qui puis-je ?), ouvre des pistes finement suggérées (le chanteur se doute-t-il de quelque chose dans certains regards interrogatifs ?). Bref, ce film, entre les lignes, dessinent le portrait d’hommes et de femmes à la recherche du temps qui passe, d’une parcelle d’humanité et d’un morceau d’éternité !

 

Tout aussi passionnant est Photo de famille de Cecilia Rouaud avec une distribution étincelante.

3 frères et soeurs, Vanessa Paradis gagne sa vie immobile, statue vivante dans les parcs de Paris, Pierre Deladonchamps en game designer autiste, Camille Cottin, la rage au coeur de ne pas réussir à tomber enceinte alors que toutes ses copines pondent allègrement (même la nouvelle jeune femme de son père !), se réunissent avec leurs parents, Chantal Lauby déchirante d’humanité et Jean-Pierre Bacri dans un registre plus sobre qu’à l’habitude, autour de la grand-mère qui ne peut plus vivre seule et veut « retourner » à St Julien, le lieu de leur enfance, pour y mourir. Derrière les déchirures de la vie, il y a, à fleur de peau, tous les mystères de l’amour et de la tendresse. Chronique douce amère d’une France de la confrontation des âges (4 générations coexistent), des familles où se tissent des liens que le temps écharpe, des ressentiments et de la générosité, de l’amour et de l’interrogation sur un futur qui nous guette.

 

Dans un registre plus mineur de la comédie mais d’une facture tout à fait honorable, Roulez jeunesse de Julien Guetta, un premier film avec Benjamin Roux en chef opérateur talentueux, sait naviguer entre les écueils de la facilité et les codes d’un genre, la comédie dramatique porté par un drame social. Alex, campé par un lumineux Eric Judor vit toujours chez sa mère en camionneur étouffé par son omniprésence. il rencontre au hasard d’une course, un fille allumée qui lui lègue en cadeau d’une nuit, trois enfants dont il va devoir s’occuper par nécessité. Entre la chronique sociale d’un Ken Loach et la comédie de moeurs à la française, le film oscille agréablement, cheminant vers les chemins de traverse d’un Tchao Pantin moins sombre et tourné vers l’espoir. C’est d’une facture intelligente et légère qui laisse augurer d’un avenir prometteur pour le réalisateur.

 

Reste une petite déception, Les Frères Sisters de Jacques Audiard. Si attendu, précédé d’une réputation flamboyante et d’une distribution exceptionnelle, ce film « western réaliste » étire sur deux heures les errements d’un duo de tueurs à la solde d’un « commodore » impitoyable traquant deux gentils allumés à la recherche d’un paradis à créer. D’où vient alors ce sentiment de longueur, cette impatience qui nous saisit dans les échanges sans fin entre le quatuor de bras cassés en butte aux hordes de tueurs lâchés leurs basques et la vie sauvage d’un Ouest en pleine conquête en ce milieu du 19ème siècle ! peut-être dans un trop plein d’images, de mots et de fureur. Bon, peut-être aussi dans une trop grande attente d’un « western à la Française ! »

 

En conséquence et malgré tout, vive le cinéma Français, si riche et vivant, si ancré dans la réalité et dans le rêve, dans l’ici et l’ailleurs, apte à nous transporter dans de belles histoires, de belles contrées, campé par des hommes et des femmes qui portent les drames et les joies d’une vie à construire.

Vive le Cinéma, Vive le Cinéma Français !

Voir les commentaires

Macron...l'unijambiste !

Publié le par Bernard Oheix

 

Je n’ai rien contre les handicapés et je les respecte beaucoup allant même jusqu’à compatir à leur sort… mais dans ce cas précis, malgré tout, on peut s’interroger ! Quand un homme décide de s’amputer lui-même d’une jambe (la gauche) pour le plaisir de quelques chasseurs, on peut s’interroger sur sa capacité légendaire d’être un équilibriste de génie !

Il avait promis, ce sémillant président, si jeune et dynamique, un nouveau monde en marche, « ni de gauche, ni de droite mais en même temps… ». Derrière son projet autour d’une Europe modernisée et d’un coup de balais aux anciennes habitudes d’une caste politique percluse dans son impunité et ses privilèges, pouvait se lever l’espoir. Ils les a tous convoqués à son banquet, les gens de gauche désorientés par la tragédie « Hollandesque », tous ceux qui refusaient les Mélanchon/Lepéniste arcboutés sur leurs certitudes populistes et anti-européennes, les gens de droite qui avaient laissé le pouvoir leur échapper en se caricaturant eux-même derrière Fillon le fossoyeur et Sarko, l’empêcheur de Juppé en rond. Et puis il y avait aussi les jeunes qui se reconnaissaient dans sa voix haut perchée « …parce que c’est notre projet ! » et rêvaient enfin d’une démocratie nouvelle, et même tous ceux qui, dégoûtés de la politique politicienne, envisageaient enfin un avenir radieux au bout de leur bulletins de vote !

 

Et ce fut un raz de marée ! La présidentielle, puis l’impossible majorité issue des législatives dont émergea de nouvelles têtes chassant les vieilles badernes chenues dans les greniers de la politique. On s’engageait donc vers la modernité enfin !

Et ce premier gouvernement où les ténors de la droite se voyaient affublés de quelques belles prises de gauche dont un Hulot cédant enfin aux sirènes du pouvoir pour transformer le monde et lui redonner un avenir.

Oui, tout était possible jusqu’à ce que….

 

Je me mets dans la peau de ces « macronistes » de la première heure dont la sincérité n’est pas à mettre en doute et je me demande comment ils survivent à leurs rêves brisés, comment ils subissent les lames de fond qui font tanguer le navire Macron en eaux troubles ! Y survivront-ils ?  La barre à l’ultra droite en économie (cf. ce putain de fric de dingue donné aux pauvres alors que l’on supprime l’ISF !), le rétropédalage en sociétal, la configuration internationale avec cette Italie qui plonge dans le vide et même les hésitations du pouvoir désormais. Par contre, s’étalent  le mépris et la morgue comme liant, et depuis quelques temps, une république exemplaire qui s’écroule tel un château de paille sous une actualité incandescente !

L’affaire Benalla ou l’impunité de la proximité du pouvoir qui autorisent toutes les dérives (salaire, logement, voiture de fonction et passe-droits… tout comme à l’ancien temps !) et qui du coup, enterre la seule réforme qui importait, la réforme constitutionnelle avec sa diminution de nombre de députés et de sénateurs, véritables chancres greffés sur l’économie de la France. Notons la politique scandaleuse autour des « migrants » et désormais, la chasse au Hulot déclenché par le fait du prince, un amateur de chasse à courre dont le titre de grand chef l’autorise à convoquer les lobbyistes au banquet des tireurs/flingueurs d’une majorité désormais en déshérence.

Dans la peau d’Hulot comme un animal qu’on écorche doucement, lamelle après lamelle, afin d’accroitre sa souffrance. Glyphosate, nucléaire et autres gâteries à ingérer à petit feu, pour s’échouer sur une bande de tueurs du dimanche avec leurs gros fusils pointés sur le ventre du Ministre de l’Ecologie.  Dans la peau de celui qui souffre et que Macron dédaigneux, arbitre du revers de sa main comme une quantité négligeable !

 

Oui, Monsieur le Président… vous avez perdu votre  sens du timing, votre partie de poker s’avère être un poker/menteur….Votre incroyable culot devient une morgue insupportable, vous nous avez trahis et vous allez en payer le prix, celui d’être comme tant d’autres présidents avant vous, un menteur, un amateur, un tricheur, un triste « sire » qui n’aura rien de majestueux et dont l’histoire se souviendra qu’il a raté son rendez-vous avec la postérité !

 

A bon entendeur Monsieur le Président d’une ultra-minorité des Français, salut !

 

PS : mais comme on a chassé l’ancien monde, on a une solution toute trouvée pour résoudre le problème tout en ex-filtrant la Ministre des Sports épinglée par la patrouille…

Prendre un homme aux convictions écologiques sincères, un homme qui pour défendre ses idées d’une façon totalement désintéressée, serait capable de :

  1. quitter les écologistes pour le PS
  2. se présenter à la candidature présidentielle dans des primaires où il plonge dans le ridicule d’un 5%
  3. contrairement à son engagement, abandonner ses nouveaux amis socialistes pour rejoindre l’étoile en marche de Macron
  4. être un très mauvais président d’Assemblée Nationale comme première récompense
  5. pour atterrir enfin à ce poste de Ministre de l’Ecologie dont on a bien compris qu’il lui faudra toute cette combattivité et cette hargne à réussir pour lui-même afin de faire évoluer une situation totalement bloquée !

 

Monsieur le Ministre, pensez à votre avenir, ne luttez pas trop pour imposer une écologie dont tous les chefs d’entreprise, les agriculteurs, les hommes politiques, les chasseurs, les pollueurs, l’industrie du tabac et de la pharmacie, les hommes des gaz de schistes et les fabricants de sacs en plastique ne veulent surtout pas. Contentez-vous de regarder la planète bruler, étouffer et mourrir, après tout, vous avez enfin votre médaille en chocolat. Et vous monsieur Hulot, merci d’avoir au moins tenter de faire évoluer la situation.

Voir les commentaires

Là ! c'est (vraiment) de la musique.

Publié le par Bernard Oheix

 

Elles sont deux à porter à bout de bras un Festival de musique au sein du temple du théâtre estival. Annie Rosenblatt et Sabine Chatel, depuis 3 ans, s’offrent un détour par les chemins si particuliers de la musique du monde et de l’expérimentation musicale en Avignon, dans la cour du collège Verlet. Avec très peu de moyens, elles se débrouillent pour utiliser leur carnet d’adresses, monter des « coups » artistiques, embaucher des bénévoles, convaincre et séduire des partenaires et faire venir un public qui délaisse pour quelques heures l’Art de Molière pour celui des notes enchantées. Et le résultat est pour le moins étonnant.

Dans les aléas d’une 3ème édition rendue plus complexe encore par une 2ème étoile brillant à l’horizon pour notre équipe nationale de football, (le festival se déroulait du 13 au 17 juillet avec une finale à Moscou le 15 !), elles s’acharnent à créer de la convivialité et à donner un supplément d’âme à cette musique qui nait dans les reflets de l’espoir, dans l’expression des femmes et des hommes qui tentent de libérer leur société de ces chaînes qui les oppriment, dans tous ces élans d’une main tendue vers l’autre par notes interposées.

 

On est bien loin des sentiers rebattus, du formatage des artistes éprouvettes, d’un showbiz surfant sur les désirs les plus attendus. Non, on est dans l’appropriation collective, dans le partage non seulement d’une mélodie, mais d’une culture qui en est la matrice et ne demande qu’à toucher l’autre.

Et nous sommes tous ces autres devant l’extraordinaire volonté des femmes algériennes de Lemma qu’une Souad Asla à la beauté d’une princesse du désert entraine vers l’affirmation et la conquête d’une liberté. Occupant un espace dévolu exclusivement aux hommes, jouant des instruments que seuls leurs maris ou fils peuvent faire sonner, elles vont sur 3 générations, de la grand-mère à sa petite fille, jouer, danser et offrir leur joie à un public transporté. Des chants soufis aux danses festives des mariages, elles campent à l’orée du désert et se révèlent comme d’extraordinaires ambassadrices d’une musique de fête et d’allégresse où les frontières n’ont plus lieu d’être !

Cet évènement, en co-accueil avec le Festival d’Avignon, montre bien les limites floues d’un art total. Du théâtre, il y en avait dans leurs costumes traditionnels chamarrés, dans leurs attitudes, dans leur façon de donner du bonheur en se mettant en scène.

 

 

Là ! c'est (vraiment) de la musique.

De la même façon, et toujours en participation avec le Festival officiel, le Cri du Caire permet à Abdullah Miniawy accompagné de musiciens d’excellences et d’un Yom charismatique, d’exprimer par sa voix magnétique, toutes les gammes du possible, de l’incantation au slam, du poème soufi aux rock, du mysticisme au jazz en un melting pot rafraîchissant et novateur. Voix d’un pays déchiré où la musique pourrait donner le tempo d’un temps nouveau !

 

Mais tout au long de la journée, dans cette cour ombragée, on croise des siestes acoustiques avec un Bastien Lallemant solaire, des conférences d’un maître en la matière, Gérard Kurdjian, un espace restauration bio et des plages dj's « vinyls only » de Jean de Lardenelle.

Et sur la scène, un jeune représentant du chant diphonique Mongol dans un voyage à travers les steppes, un couple iranien (Shadi Fathi et Bijan Chemirami) dans un dialogue percussion/chant réinventant une culture persane si riche et audacieuse… et tant d’autres !

Et comment ne pas dire notre admiration pour l’improbable création du plus grand des clarinettistes, Yom, accompagnant la voix si pure d’Elise Dabrowski, (Mezzo Soprano) dans un hommage Lingua Ignota à Hildegarde Von Bingen, cette religieuse du 11ème siècle dont la vie et l’oeuvre sont une saga qui échappe à toute logique.

Dans cette langue inventée par elle, ils vont transposer des cantiques et des recettes de vie en quelques notes greffées sur la voix chaude de la chanteuse transportée.

 

Là ! c'est (vraiment) de la musique.

Là! c’est de la musique pourrait se décliner en Là ! il y a de la vie, de la passion et du bonheur à glaner pour affronter les secousses d’un monde si mal agencé où les fausses notes sont légions.

Dans les chaleurs moites d’Avignon, la musique du monde à toute sa place. Elle offre une oasis à ceux que les mots emportent et leur donne quelques notes pour tenter de décrypter une histoire balbutiante.

 

Voir les commentaires

Champions du Monde...où quelques enseignements dont devraient tirer Macron de cette victoire !

Publié le par Bernard Oheix

Monsieur le Président !

 

Décidément, vous êtes un joueur de poker redoutable, un de ces joueurs flamboyants capables de suivre avec rien dans les cartes et dont le flop va vous permettre de l’emporter avec une «chatte» (la chance !) à dégoutter tous les adversaires ! Et oui, cette deuxième étoile sur le maillot tricolore va redorer la vôtre au moment où elle palissait singulièrement et vous redonner 5 points dans les sondages à venir. Le destin est avec vous, Monsieur le Président, et votre joie sincère au but de Pogba ne peut être remise en cause même s’il y a quelques enseignements à tirer de cette victoire !

 

En tout premier, c’est qu’un footballeur a besoin d’une jambe gauche. Sur ce même but de Pogba, la tentative du pied d’appel, le droit, ayant échoué, c’est du gauche qu’il va transformer l’essai et percer les filets. Cruel paradoxe au moment ou vous semblez marcher à cloche pied (du droit) vers votre coup de sifflet final !

 

En deuxième, c’est que les meilleurs solistes, ceux qui entrainent les autres, ont besoin du collectif pour s’exprimer. Loin de la théorie du ruissellement, ils se sont mis au service du groupe pour l’emporter et le meilleur joueur du monde n’est rien sans l’abnégation des sans-grades. Le collectif en l’occurence, est bien plus indispensable que ne peuvent l’être les éclairs d’un homme isolé dans la tour d’ivoire de son génie. Que serait devenue cette équipe de France sans l’abnégation d’un Kanté, sans la rudesse d’un Umtiti, sans la hargne d’un Matuidi, sans la force mentale de ceux qui n’ont même pas foulé le terrain à l’image d’un Adil Rami ? Les premiers de cordée sont un groupe pas des individus !

 

En troisième, c’est que le véritable patron d’une équipe n’a pas besoin de briller comme un roi soleil. On attendait Griezman, il a répondu présent sans pour cela étinceler comme un diamant mais en travailleur acharné, en grognard de la garde qui gagne et ne se rend pas ! Et que dire de Didier Deschamps, le président (heu ! l’entraineur ) du groupe football. Il a la même ténacité que vous, tourné vers son objectif final, assume des choix contestables au commun des mortels, mais il sait rendre au groupe sa véritable place, ne se trompe pas sur ceux qui sont les authentiques héros de l’histoire en train de se dérouler... les joueurs qui gagnent sur le terrain et pas dans les coulisses. Son humilité dans les mois précédents l’évènement peut lui permettre alors de laisser libre cours à la joie sincère d’avoir marquer réellement l’histoire d’un pays !

 

Et il y a tant d’autres enseignements que vous pourriez tirer de cette victoire qui vous drape dans l’or du temps. La nécessité d’avoir des règles claires et des relais efficaces et solides au sein d’une nation, l’exemplarité indispensable des leaders, la soif de vaincre d’une nation qui peut dépasser ses clivages internes, la tendresse pour ses ex-migrants qui composent une équipe arc en ciel... Combien de potentielles pépites avons nous refusées en interdisant l’accostage d’un Aquarius dans nos ports chargé de migrants qui n’ont que la peur à partager et dont la seule victoire et d’avoir survécu à l’enfer ! Dérisoire football devant les milliers de morts d’une Méditerranée assoiffée de sang frais !

 

Cette deuxième étoile pourrait avoir des vertus pour votre avenir. J’ai voté pour vous en espérant réellement que vous étiez capable de transformer le vieux monde et de casser le moule «politicard» dans lequel nous nous étions trouvés enfermés mais vous avez jeté aux orties nos espoirs... A moins que vous ne preniez conscience, grâce à cette victoire, que la France mérite mieux que votre égo et qu’être sur le toit du monde et de l’Europe ne peut s’envisager que si l’on a un peuple prêt à se sacrifier pour son objectif !

Si c’était à refaire, je ne voterai pas pour un parti En Marche qui fait du surplace... Mais peut-être que cette médaille d’or vous aura appris quelque chose sur le monde, sur la France et sur vous-même !

Allez Président, encore un effort pour devenir le Président de tous les Français !

Voir les commentaires

Coup de gueule : Et si Nexity se foutait de la mienne !!!!

Publié le par Bernard Oheix

Je viens de recevoir une assignation au tribunal de commerce. Et c'est bien la première fois !

 

J'étais déjà sceptique sur la théorie du ruissellement chère à notre président qui semble oublier que pour marcher droit, il faut aussi une jambe gauche, mais là, cela risque bien de ne pas me réconcilier avec le futur de quelqu'un pour lequel je m'étais engagé ! En effet, le pouvoir aux puissances de la finance et la carte blanche aux lobbys peuvent faire quelques dégâts ! Macron, le carton jaune tu l'as déjà eu et il ne me reste plus que le rouge pour te sanctionner !!!

 

Petit rappel des faits :

 

En 1998 je suis démarché pour acheter un studio dans une résidence étudiante en construction à Nice avec service hôtelier dans le cadre d’un dispositif Loi Perissol, spécialement conçue par l’état pour des épargnants qui gagnent bien leur vie et payent beaucoup d’impôts. Cette loi permet permet une défiscalisation sur les impôts sur le revenu.

Une banque, le Crédit Mutuel est support de l’opération, le CROUS est un partenaire officiel, il n’y a pas d’apport initial et l’argument de vente est que c’est une épargne pour nos enfants sans douleur dans un cadre absolument légal...

On signe en même temps l’ordre d’achat d'un studio et un contrat qui confie a un organisme, la gestion de ce studio....

Sauf que la gestion est sous la forme d’un «Bail Commercial» est que nous ne savions pas ce qui allait arriver comme des dizaines de milliers d’épargnants concernés.

De fusion en rachat, l’organisme initial disparait, racheté par Nexity, un grand groupe immobilier côté en bourse, siège social somptueux, rue de Vienne à Paris… Nexity par ailleurs devient aussi le Syndic de la copropriété !

Pendant les 18 ans qui vont suivre, je rembourserai donc mon crédit de 330€ (valeur actuelle) compensé par un loyer de 290€ soit un débit indolore de 40€… auxquels il faut toutefois rajouter la TVA, les charges de propriétaires et la taxe foncière. Le produit de la défiscalisation est donc largement digéré au fil des années par les petits coûts réguliers

 

Il faut noter que mon studio est loué 600€ aux étudiants qui l’occupent.

Le premier bail de 9 ans prolongé, je décide d’arrêter à la fin du deuxième bail pour vendre le studio.

Et là, l’affaire se complique !

La société Nexity répond à la dénonciation de mon bail en exigeant une «soulte» de plus de 20 000€ pour dénonciation d’un bail commercial auxquels se rajoutent 21 000€ parce que trop de «propriétaires» ont dénoncé leur bail et que Nexity ne peut plus assumer la gestion rentable de l’unité «Central Fac» située à Nice.

En conclusion, si je veux récupérer «mon» studio pour le vendre, je dois régler 41 000€ pour un bien dont le prix d’achat initial était de 48 000€…

 

En contradiction avec l’argument initial, il n’y a aucun service hôtelier, une simple pancarte apposée dans l’entrée stipulant que si les locataires veulent déjeuner, c’est possible !!!!! Il n’y a pas de laverie et un gardien  occupe la pseudo «cafétéria» qui est un renfoncement  inaccessible !

Nexity a refusé de me recevoir pour une conciliation me stipulant qu’il n’y avait pas de négociation possible !!!!!

Il existe un forum sur internet ou des dizaines de personnes réagissent contre Nexity, eux mêmes piégés dans ce système où un grand groupe immobilier spolie les petits et moyens épargnants...

je fais confiance à l’armée d’avocats de Nexity qui flirtent avec les limites d’une loi.. Nous sommes enferrés dans un système où manifestement, les puissants groupes immobiliers et financiers font ce qu’il veulent au mépris de la masse des gens qui se sont retrouvés  piégés par des promesses et des calculs qui leurs sont étrangers.

 

Après quelques velléités de me battre, je comprends que ce combat n’est pas le mien, que j’ai autre chose à faire de ma vie de retraité et je décide de « brader » le studio à un autre propriétaire pour la somme de 55 000€ avec le « bail commercial » comme boulet, (ce qui explique la modicité du prix de vente), entérinant que je ne serai jamais un grand spéculateur !

Mais je suis enfin libéré de ce poids !

 

Que nenni ! Alors que Nexity gère bien ce studio pour le nouveau propriétaire depuis plus d’un an, je reçois comme les 22 autres dénonciateurs du bail commercial, un avis pour aller chercher une assignation devant le tribunal de Commerce de Nice.

En effet, Nexity me demande la somme de 66 000€ en pénalité de dénonciation du bail, c’est à dire plus que le prix de vente du bien !

 

 

Le plus dur pour un vieux soixante-huitard revendiqué comme moi, c’est de voir à quel point le système est totalement verrouillé au service des puissances de l’argent (ce que je savais déjà bien sûr !) mais surtout  cette impression humiliante de m’être aussi fait piéger comme un « gogo »…

 

Et pendant ce temps des publicités fleurissent de partout… Nexity vend des studios résidences séniors…L'eldorado du futur dans un monde où les vieux vieillissent plus vite que les jeunes !

Attention les prochains tondus, la machine à vous dépouiller est en marche !

 

 

 

 

Voir les commentaires

Un festival pas comme les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Voici donc un article paru dans l'excellente revue culturelle de la Côte d'Azur, La Strada (N° 295 du 4 juin 2018). Son  directeur, Michel Sajn, mon ami, m'a demandé de faire un papier sur le Festival du Film de Cannes. Avec 40 films au compteur j'avais peut-être, selon lui, une certaine légitimité à faire un bilan. Le voici donc... à vous de juger !

 

Un Festival pas comme les autres !

 

 

Et je ne parle pas seulement du virage de la sélection, des nouveaux auteurs qui font irruption cette année et de l’absence (justifiée ?) d’un lot  d’icônes récurrentes du Festival et plus généralement des américains…

Non, je parle aussi de la capacité extraordinaire pour un cinéphile lambda comme moi de faire son propre marché en voyant 40 films en 9 jours dont les 3/4 de la compétition, presque tous les films de la Semaine de la Critique, la majeure partie d’Un certain regard et quelques sélections de la  Quinzaine où autres catégories (cinema des antipodes, acid ect…

C’est le privilège accordé par le badge cinéphile à ceux qui refusent de monter les 24 marches du tapis rouge pour aller dans les salles périphériques de la Bocca prendre leur over-dose d’images du monde, de sujets brûlants et de visions paradoxales.

 

La sexualité déclinée

 

Et en ce mois de mai 2018, nous avons été particulièrement gâtés. Année du renouveau ? Peut-être, même si le cinéma produit par les témoins d’un monde en convulsion ne peut que refléter l’état d’urgence de notre société a entamer sa grande mutation vers un monde meilleur.

Deux thèmes vont parcourir ces films en écho d’une planète du 7ème Art, parcourant tous les recoins d’une planète bien étroite quand il s’agit de celle des idées, du Mexique au Japon, de la Russie à l’Egypte… Le premier concerne une déclinaison permanente de la sexualité sous toutes ses formes, du trans-genre à l’homo, de la passion assumée à l’indicible constat de son appartenance hors les normes. Toutes ces variations tentent de faire resurgir l’humain et sa fragilité derrière son sexe, de décliner une identité nouvelle brisant les tabous. Avec réussite et élégance dans Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré où rode l’ombre du Sida ou chez Mario, le jeune footballeur épris de son coéquipier de Marcel Gisler. Il est plus tragique dans l’excellent Sauvage de Camille Vidal-Naquet (la descente en enfer d’un jeune prostitué drogué que rien ne pourra sauver, même les mains tendues) ou totalement déjanté dans le quatuor amoureux et savoureux de A genoux  les gars du réalisateur Antoine Derosières, ou une cité sert de laboratoire à l’apprentissage du sexe chez 4 adolescents. Verbe et jubilation ! Chez Ryusuke Hamaguch, Asako 1 et 2 va tomber amoureuse d’un garçon sosie de son premier grand amour Bakou… celui-ci fait un retour  dans sa nouvelle vie et va remettre en cause toutes ses certitudes… dans le formidable Shéhérazade de jean-Bernard Marlin, un couple improbable, lui jeune délinquant et apprenti proxénète, elle sa première pute, vont connaitre le grand amour jusqu’à briser tous les codes d’honneur de la délinquance en assumant le statut de « balance » pour que leur passion vive et s’épanouisse dans l’espoir d’un futur !

Mais c’est avec Girl du Belge Lukas Dhont que le Festival subira un de ses choc le plus poignant et émouvant! Une jeune fille mène de front son apprentissage de danseuse dans une académie de danse où elle martyrise son corps pour atteindre l’excellence et son chemin vers une transformation physique destinée à lui ôter les attributs masculins d’un sexe qui n’est pas le sien. Le jeune acteur Victor Polster habite ce personnage d’une grâce, d’une énergie et d’une certitude qui balaient tous les poncifs autour de cette mutation. Entouré d’un père aimant et d’une équipe médicale attentive, elle va provoquer le destin dans un acte final à couper le souffle ! Prix et interprétation pour l’acteur. Le choc du Festival !

 

L’enfance en filigrane

 

Le deuxième thème tourne autour de la situation des enfants et des adolescents, trop souvent maltraités, victimes et observateurs, dévoilant les injustices de leur environnement hostile. Parfois aimés comme dans la Palme d’Or (quelque peu sur-valorisée !) de Kore-eda, La petite famille où des enfants sont recueillis et deviennent des apprentis voleurs, où dans le formidable et injustement oublié du palmarès, Yomédine de Abu Bakr Shawky en orphelin compagnon d’un lépreux sur les chemins d’un voyage initiatique vers un passé douloureux. C’est l’enfant kidnappée qui provoque le drame de Everybody Knows de Asghari Farhadi, l’excellent film d’ouverture du festival, dont l’absence au palmarès est bien étonnante. Dans Wildlife de l’américain Paul Dano, c’est dans les yeux d’un adolescent que l’on voit le délitement d’un couple dans une société américaine désemparée et sans illusions. Les futur électeurs de Trump sont en gestation dans ce Montana des années 70… Dans Ayka, film russe de Sergey Dvortsevoy, l’enfant est abandonné à la naissance par une immigrée Kirghize au bord du gouffre, exploitée par des marchands de sommeil, des patrons véreux et pourchassée par des prêteurs sur gage qu’elle ne peut rembourser. Dans sa plongée vers l’horreur, elle va retrouver ce bébé pour se libérer de sa dette en le vendant aux truands…mais réussira-t-elle à s’en séparer ? Un prix d’interprétation féminine consacre ce film haletant et poignant où, dans un Moscou sous la neige, le sort des immigrés vient en écho de  leur situation dans tous les pays du monde ! Dans Capharnaüm de Nadine Labaki, récompensé par le jury, l’enfant intente un procès à ses parents pour l’avoir fait naître dans ce monde de souffrance et d’horreur pour les plus faibles.

 

La société française en miroir

 

Mais le festival de Cannes, en cette édition 2018, c’est aussi un formidable miroir à l’international d’une série de films Français renvoyant à la réalité si dure d’un pays qui cherche un sens à son avenir. Nos Batailles de Guillaume Senez et En Guerre de Stephane Brizé consacrent un genre bien politique du cinéma français. De la réalité à sa mise en fiction, ces deux films sur la dureté du monde de l’entreprise et la lutte pour survivre se voient comme des films haletants et des aventures humaines sans complaisance. Romain Duris et Vincent Lindon sont formidables en héros d’un peuple que la pression de l’entreprise et la logique de la rentabilité renvoie à la casse sociale des laissés pour compte ! Films avant tout.. même s’ils renvoient à un présent que nous aimerions bien voir changer !

Et notons que les évènements si proche de la Vallée de la Roya autour des migrants auront eu un écho dans deux films. La traversée de Goupil/Cohn-Bendit où le couple part sur les chemins de France à la recherche des racines de l’histoire contemporaine. Déambulation testamentaire des héros soixante-huitards, le film alerte le meilleur (la scène de l’ouvrier retournant dans son usine désaffectée, le retour aux chantiers naval de St-Nazaire) mais manque parfois de clarifications à des rencontres sans réponses (Ménard, Le repas avec les sympathisants du FN). Un des moments de grâce du film reste les interventions des habitants de La Roya confrontés au problème des migrants, l’humanité profonde qui se dégage de ceux qui vivent au contact de ces êtres perdus errants sur les routes du désespoir.

Et bien sur, en séance spéciale du Festival, Libre, le documentaire réalisé par  Michel Toesca avec Cedric Hérrou où pendant 3 ans, caméra à l’épaule, le réalisateur va suivre son ami et tous ceux qui se sont engagés au delà des clivages, pour assister et soutenir ces ombres qui marchent coincées dans cette vallée du Sud-Est par la loi des logiques d’état contre celles du coeur !

 

Voilà donc un panorama de ce qui vous attend dans les prochains mois sur vos écrans. 40 films visionnés en 9 jours sur les centaines de films présentés… c’est peu certes mais suffisant pour donner une image de la production mondiale. Et si les commerçants de Cannes tirent la gueule sur cette édition en constatant les chiffres d’affaires en baisse, les cinéphiles eux affichent le sourire satisfait d’une attente récompensée. Allez les les sélectionneurs, continuez à nous faire rêver et le monde de l’économie retrouvera les chemins de l’espoir !

Le Festival du Film de Cannes reste le plus grand évènement mondial du cinéma, n’en déplaise à quelques américains confiants  dans leurs certitudes !

 

PS : Et si vous voulez vivre un vrai moment de cinéma pur, pensez à aller voir dès qu’il sortira Artic, de Joe Penna avec au générique un Mad Mikkelsen éblouissant… et une actrice dans le coma qui ne prononcera qu’un mot de tout le film. Par contre, lui, dans ce rôle d’un Robinson Crusoé des mers de glaces s’en donne à coeur joie pour tenter de survivre. Du grand cinéma d’aventures dans des paysages fabuleux et qui repousse les limites du courage et de l’acharnement à ne pas sombrer !

 

PPS : Et je n’ai rien à vous conseiller pour Le grand bain, comédie jubilatoire de Gilles Lellouche avec un casting de folie. Ce sera le prochain grand succès de la rentrée (mérité) et vous vous régalerez comme tous ceux qui l’ont vu à Cannes. Vous rirez comme moi et comme la France entière aux déboires d’une cohortes de pieds cassés en train de vaincre leur destin de losers !

 

Allez, et bonnes toiles pour les amateurs de cinéma, là où il faut les voir, c’est à dire devant le grand écran d’un grand cinéma  !

Voir les commentaires

Festival du Film 2018 : L'apothéose !

Publié le par Bernard Oheix

 

Bon, il y a des miracles… Cette édition 2018 le confirme. De séances en séances, de films en films, bouleversants, étonnants, à rire et à pleurer, qui font réfléchir et qui détendent. Toute la panoplie des émotions y passent avec ce mystère d’un monde qui respire aux quatre coins de la planète du mouvement de l’intelligence et du coeur.

Après 39 projections en 7 jours, l’oeil se vide de tous préjugés et l’esprit se remplit d’humanité. C’est ainsi, 2018 est une très grande année pour le cinéma !

 

Deux films merveilleux en cette période de « macronisation » aiguë de la société ! Nos batailles de Guillaume Senez permet à un Romain Duris d’exploser dans le rôle d’un employé d’une multinationale de la distribution (Amazon, je t’ai reconnu !) dont la femme épuisée quitte le foyer et ses deux enfants. Tranches de vie bouleversante entre la profonde inhumanité du monde de l’entreprise et le destin brisé de deux enfants, d’une famille solidaire mais désemparée devant la dureté de l’existence. Un film âpre et prenant dont on ne sort pas indemne.

C’est encore plus violent dans le Stephane Brizé en compétition, En Guerre, où Vincent Lindon va tenter l’incroyable pari d’obtenir un second prix d’interprétation mérité pour un rôle qui se situe sur le même terrain que La Loi du Marché. Une entreprise d’Agen est promise à la fermeture et ses 1100 salariés à la casse malgré sa rentabilité et un précédent accord où le personnel avait consenti des sacrifices en signant un contrat rognant sur leurs droits et primes pour faire vivre l’entreprise. Mais la firme allemande propriétaire décide de délocaliser la production en rompant son engagement de maintenir l’activité pendant 5 ans. La lutte s’engage, violente, un combat dont personne ne sortira indemne. Et pendant ce temps les politiques pérorent et les patrons taillent à la serpe dans la vie des gens. C’est magnifique, bouleversant, haletant jusqu’à un dénouement qui vous prend à la gorge ! Sous la plage de la Croisette, les pavés volent aussi !

Plus étonnant La traversée, où l’ont suit les pérégrinations de Dany le rouge et de Romain Goupil sur les terres d’une France dévastée par la désindustrialisation, la peur de l’autre (le passage sur la vallée de la Roya et les immigrés est magnifique et les idées extrêmes d’un Ménard (un peu complaisant nos amis face à leur ancien pote !) et d’une tablée du Front National… C’est un film où la liberté de ton est réelle, où Dany s’en donne à coeur joie et cabotine à souhaits, avec des portraits de gens engagés qui donnent de l’espoir… même s’il manque parfois un peu d’analyse sur les réponses aux problèmes soulevés !

Loi des séries avec deux beaux italiens. Dogman de Matteo Garrone film en compétition où le réalisateur de Gomorra revient filmer des paumés de la vie dans un quartier populaire sous la botte d’un truand sauvage. Un homme simple, toiletteur pour chien, va régler ses comptes en affrontant le chef de gang. Euphoria de Valeria Golino est un film magnifique où un homme en train de mourir d’une tumeur est recueilli par son frère, gay et riche, cultivé et sensible. Tous les deux vont communier et se retrouver pour un dernier parcours sur les chemins de la vie. Poignant et digne et certainement pas misérabiliste même si je défie quiconque de ne pas verser une larme dans la séquence finale !

Mon tissu préféré de Gaya Jiji se situe dans une Syrie en train de se convulser sous les assauts d’un printemps libérateur. Une jeune fille est promise a un expatrié qui choisit finalement sa soeur cadette. Elle va rêver sa vie, son destin, un avenir, pendant que toutes les certitudes explosent et embrasent le quotidien. Un vrai document sur une histoire en train de se défaire !

Parmi tous ces films, un Semaine de la Critique (1er ou 2ème film) laisse afficher de belles promesses. Woman at War de Benedikt Erlingsson, un thriller écologique islandais, suit une femme tentant de s’opposer à un conglomérat industriel en provoquant des attentats sur les lignes à haute tension…

De même, deux films japonais en compétition seront proposés à quelques heures d’intervalle. Shoplifters de Kore-Eda est un peu convenu et longuet. Ce film sur une famille recomposée au grand coeur, composée de voleurs de tout âge, s’étire… même s’il se laisse voir sans déplaisir. Plus surprenant est Asako 1 et 2 de Ryûsuke Hamaguch. Une jeune fille est amoureuse de Baku qui la quitte plusieurs fois. Il va disparaître définitivement et bien des années plus tard, elle va tomber amoureuse du sosie de Baku. Jusqu’à ce qu’il revienne une nouvelle fois troubler son existence  et que toute ses certitudes s’écroulent ! Passionnant.

Pour rester en Asie, le trop long Burning de Lee Chang-Dong loupe le coche. Une première partie interminable, une deuxième qui rate l’essence d’une histoire de Murakami… Dommage !

Cold War de Pawel Pawlikowski devrait se retrouver au palmarès. Dans les années soixante de la guerre froide, un chef d’orchestre et une chanteuse vont vivre une passion sans avenir. La fuite de l’un à Paris et la montée de la main-mise des politiques sur l’orchestre folklorique ne vont leur laisser que quelques bribes d’une vie à partager, jusqu’au dénouement final, une des plus belles séquences proposées par les films de cette édition 2018 si riche en langage cinématographique !

Reste la surprise de la dernière heure. Ayka de Sergey Dvortsevoy suit le destin d’une jeune Kirghize émigrée à Moscou. Une plongée glaçante dans une ville tentaculaire sous la neige. Marchands de sommeil, employeurs véreux, policiers corrompus, prêteurs sur gage et cet enfant dont elle accouche et qu’elle abandonne dans une fuite éperdue pour survivre. Tous les ingrédients (femme, émigrée) pour éperonner la conscience de nos conformismes se trouvent réunis pour créer la surprise au palmarès. Une femme présidente pour une laissée pour compte de la société inhumaine des hommes… Pourquoi pas la plus haute marche du palmarès 2018 ?

 

 

Resterait plein d’autres films à commenter mais aussi un palmarès qui va débouler, avec son lot de surprises traditionnelles et il est donc l’heure tant attendue des pronostics.

Avec 16 films en compétition sur les 21, je m’avance donc avec la réserve de ceux que je n’ai pu voir. On devrait retrouver dans les primés les deux films de la Russie (L’été de Serebrennikov et Ayka de Sergey Dvortsevoy) et celui de la Pologne (Cold War de Pavel Pawlikowski) auxquels on peut rajouter Everibody Knows de Asghar Fajardie et Yomeddine de Abu Baki Shawky pour la Palme d’Or.

Pour l’interprétation masculine, Vincent Lindon pour En guerre et Maurizio Braucci pour Dogman vont s’affronter à armes égales (… et pourquoi pas un double prix ?) quand à l’interprétation féminine, elle revient de droit à l’actrice qui interprète Ayka.

Mais le jury a ses raisons que la raison ne connait pas toujours ! Verdict dans quelques heures !

Et n’en déplaise aux critiques pisse-froids, ce fut un excellent Festival, rempli de surprises et qui nous a permis de voyager à travers le monde à la recherche de ce bon sens qui semble tant manquer à une humanité au bord du gouffre !

Quand à moi, j’atteindrai aujourd’hui cette barre mythique des 40 films…et je vais peut-être pouvoir me détendre au bord d’une des plus belles scènes du monde, devant un écran gigantesque, celui d’une Méditerranée nonchalante qui berce nos pieds endoloris par les heures passées dans les files d’attentes  à parler et discourir sur les films avec des inconnus en mal d’émotions fortes et de partage !

Allez, rendez-vous pour le palmarès tout à l’heure et à l’année prochaine pour de nouvelles aventures !

PS : Et si vous voulez rire au cinéma, n’hésitez pas. Le grand Bain de Gilles Lellouche, promis à un destin national, vous permettra de vous laisser aller autour d’un casting de rêve particulièrement bien utilisé, d’une histoire éternelle (les looseurs qui gagnent !) et sera la grande comédie de l’année… à juste titre !

Voir les commentaires

Festival du Film... des raisons de rêver !

Publié le par Bernard Oheix

 

22 films et le miracle perdure.  On se souviendra de cette édition comme d’un moment de grâce que les propositions des réalisateurs parent de toutes les gammes des émotions et des sentiments. Et la fête n’est pas terminée !

 

Souffle d’air frais avec une rafale de films français de qualité. A genoux les gars, de Antoine Desrosières, montre un quatuor adolescent en train d’éperonner tous les codes de l’amour. Dans une cité de banlieue, deux soeurs Rim et Yasmina à la verve haut en couleur, vont se retrouver en train d’expérimenter les jeux de l’amour sans le hasard ! Rires garantis et fraicheur des acteurs pour une comédie sans romantisme.

Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin offre un autre visage de l’amour sur les trottoirs de Marseille. Un jeune délinquant tombe amoureux de la première prostituée du réseau qu’il monte. De souteneur à soutien, il n’y aura qu’un pas qu’il franchira en endossant le rôle de « la balance » si honnie dans ce milieu de la délinquance aux codes d’honneur inscrits dans le marbre. Pour la sauver, il retournera en prison, perdra un oeil mais en trouvant la lumière. Traitre à sa bande, il va enfin accepter ce grand amour qui le sauvera !

Joueurs de Marie Monge oppose un Tahar Rahim étincelant en joueur accroc, à une jeune fille bien sage dévorée par l’ennui et la solitude. Happée par ce tourbillon de sentiments et cette griserie d’un monde de la nuit où le jeu dévore l’ennui, elle va glisser à ses côtés vers la pente fatale de la mort. Elle tentera bien de le sauver malgré lui, mais cet amour sauvage ne peut que se briser sur les illusions d’une fuite vers le néant. Marie Monge, pour ce premier film, démontre une belle maitrise, un sens inné pour raconter et filmer une histoire éternelle, celle des jeux de l’amour et du hasard, même s’il n’y a plus de hasard dans sa capacité à devenir une metteur en scène dont on attend désormais les prochaines productions !

O Grande Circo Mistico voit un revenant renaître de ses cendres. Carlos Diegues n’avait plus tourné depuis 18 ans. Ce seigneur du Cinéma Novo brésilien des années 70/80 s’était muré dans le silence. Avec ce film qui suit la vie d’un cirque sur un siècle, entre les deux passages de la comète de Haley, il crée un univers baroque et sensuel, des personnages décalés dans des situation absurdes. C’est du grand cinéma, inspiré, et on peut noter la participation exceptionnelle d’un Vincent Cassel métamorphosé.

Wildlife est une plongée dans l’Amérique profonde du Montana, près ère Trump ! A la hauteur d’un adolescent, le film montre le délitement d’un couple qui s’enfonce dans une crise de confiance, une fuite en avant où tout est prétexte en faire surgir l’incompréhension et le désarroi. Cet angle si précis donne une dimension de proximité au drame en train de se jouer et annonce les désastres à venir d’une société américaine sans illusions.

Enfin 2 bijoux pour conclure cette deuxième livraison.…

3 visages de Jafar Panahi, le banni iranien interdit de sortie du territoire. Il va poser un des visages sur son film, le sien. Mais il y a aussi dans cette histoire tous les ingrédients d’un mystère à résoudre. Un message filmé d’un portable est arrivé chez une actrice célèbre de la télé iranienne. C’est un appel au secours d’une jeune fille. Sa famille veut l’empêcher de devenir élève dans une école d’art dramatique et la marier de force. Elle décide de se pendre en se filmant. Ce message va déclencher le départ pour son village reculé dans les montagnes de l’actrice et de son réalisateur, Jafar Panai lui-même. Ils vont enquêter sur cette affaire et au passage, dévoiler toutes les contradictions d’une société iranienne engoncée entre le passé et l’absence de futur. C’est un film d’une rare puissance, une pérégrination sur les chemins de l’émancipation des femmes dans une société corsetée par les codes du machisme et de l’honneur.

Girl de Lukas Dont, un flamand est sans doute l’oeuvre la plus passionnante de ce Festival. présenté à Un Certain Regard, elle méritait de pouvoir se mesurer aux autres films en compétition.

Par le thème d’abord, celui d’une jeune fille Clara engoncée dans un corps d’homme et qui entame sa mutation médicale soutenue par son père et un corps professionnel attentionné. Par la personnalité exceptionnelle de son acteur principal, Victor Polster qui d’ores et déjà aura gagné la palme de toutes les interprétations, masculine comme féminine ! La jeune fille partage sa vie entre cette académie de danse (rarement on aura montré cet art du mouvement comme une douleur si intense de la répétition vers la perfection), et ses séances avec les psys et médecins. C’est une ode à la liberté, à la tolérance et à l’amour. Dans sa nature si troublée, elle trouve une force incroyable pour jeter à tous ceux qui pensent qu’une « manif pour tous » suffit à remettre des frontières, un pavé dans la mare de la bienséance et du poncif. Le drame final lui permettra enfin d’être cette jeune femme libre qu’elle a toujours été dans sa tête.

A voir avec urgence !

 

Et le Festival s'avance, de séance en séance. A chaque ouverture, nous espérons toujours et encore être surpris, émus, amusés… et cela tombe bien, car cette édition 71 restera dans les annales du cinéma ! Jusqu’à maintenant tout au moins ! Bon, avouons-le, il y a toutes les raisons d’espérer, au vu de l’état du monde, que le 7ème Art aura encore de belles pages à écrire pour tenter d'éclairer le monde !

Voir les commentaires

Festival du Film 2018... Un début en fanfare !

Publié le par Bernard Oheix

 

12 films et déjà une impression d’être au centre du monde du 7ème Art, qualité au rendez-vous des cinéphages,  films intéressants, voire passionnants dégustés sans retenue. Le festival semble bien parti, puisse-t-il tenir ses promesses et continuer à nous emmener vers ces chemins de traverses qui nous font voyager au coeur des hommes et à travers les paysages si divers de notre planète,  celle des sentiments d’une urgence à mieux lire ce monde.

 

De cette ouverture, nous pouvons retenir la qualité avérée du cinéma des antipodes avec deux films australiens et un superbe court métrage. That’s not me réalisé par Grégory Erdstein est l’histoire de deux soeurs jumelles dont l’une réussit à devenir une star pendant que l’autre doit assumer son rôle de doublure frustrée. La légende de Ben Hall de Matthew Holmes est tirée d’une véritable histoire et se situe plus classiquement sur le terrain d’un western Australien. Ben Hall, l’ennemi public numéro 1, détrousseur de diligences et de convois d’or, dans une dernière randonnée sauvage, va tenter de fuir et d’échapper aux forces qui le traquent.

Un court métrage The Dam (Brendon McDonnel), va introduire ce qui semble être le thème de cette 71ème édition du Festival de Film de Cannes : l’homosexualité. Deux jeunes se baignent dans la mer, 40 ans plus tard, ils se retrouvent au crépuscule de la vie et vont dans un dernier round, tenter de renouer les fils de leur histoire afin de la comprendre. 3Trois bijoux qui montrent à l’évidence combien ce cinéma des antipodes est riche et mérite d’être plus reconnu.

Sur le thème des amours lesbiens et homosexuels, nous allons enchaîner avec Sauvage (réalisation Camille Vidal-Naquet) de la semaine de la critique (1er ou 2ème film), remarquable portrait d’un enfant perdu, prostitué, drogué, malade. Sans affect, il va plonger vers son destin sans pouvoir saisir les mains qui se tendent pour le sauver. troublant. Plus classique le Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré en compétition. Un écrivain précieux dévoré par le sida rencontre un jeune et va tenter de résister à la passion d’un dernier amour. Magnifiquement interprété par Pierre Deladonchamps et un surprenant Vincent Lacoste, le film se penche sur cette époque où la maladie emportait les uns après les autres ceux qui avaient osé transgresser la norme. Académique mais élégant !

Pour cette compétition officielle, les premiers films visionnés sont porteurs d’enthousiasme cinéphilique. Todos lo saben (Everybody Knows) avec le couple charismatique (Pénélope Cruz/Javier Bardem) dans une réalisation de l’iranien Asghari Farhadi, est un bijou esthétique, sensuel, dramatique, formidablement mis en scène et interprété ! Jubilation !

L’été du banni russe Serebrennikov se penche en noir et blanc sur les années 80 et l’irruption du rock et du punk dans la société des jeunes russes. Le corset de l’histoire va exploser dans une mise en scène échevelée où l’art graphique vient compléter cette découverte de la liberté déclinée sous toutes ses formes, y compris celle d’un amour partagé entre une femme et deux rockers. Yomeddine de l’égyptien Abu Bakr Shawky est un road movie où deux exclus, un lépreux et un orphelin nubien, vont partir à la recherche de leur passé. Sublime portrait rempli d’espoir, où le drame côtoie en permanence l’humour, où la force de vie est plus importante que toutes les forces du mal. Le jeu des deux acteurs amateurs est époustouflant et les couleurs d’une Egypte de la tolérance se dessinent entre les lignes de fracture d’une société enfermée dans ses peurs.

Artic de Joé Penna est un huis clos dans l’immensité glacée du pôle. Un homme perdu dans les neiges va tenter de survivre en sauvant une inconnue en puisant dans sa force et ses limites extrêmes imposées par des conditions surhumaines. Mads Mikkelsen est éblouissant, seul acteur quasiment d’un Robinson Crusoé des glaces éternelles.

Petra de Jaime Rosales est d’un académisme troublant, en rupture avec le sujet horrible qui en est la trame. Lent glissement où une jeune femme recherche son père (un odieux sculpteur célèbre) et qui débouchera sur des secrets de famille entrainant un suicide et un meurtre. Quand le silence comme les paroles peuvent tuer !

Rafales de films, rafales d’espoir. On attend avec gourmandise les films qui suivent. Le cinéma est toujours cet art de tous les mystères, capable de nous surprendre et de nous émouvoir ! Vive le Festival du Film de Cannes !

Voir les commentaires