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Que le jour commence ainsi de Guillaume Roux

Publié le par Bernard Oheix

 Guillaume Roux est certes mon ami, mais cela ne justifie rien !

Si ce n’est cette profonde amitié qui traverse le temps, cet attachement réel avec un homme qui compte à mes yeux par son ouverture, l’intelligence de ses propos, ses choix de vie, ses positions toujours mesurées, sa famille si belle... Bon vous l’avez compris, le psy Guillaume est mon pote et avec lui, les consultations sont gratuites !

Nous partageons beaucoup de choses même si le temps à tendance à nous courir après et a nous priver du plaisir d’être ensemble. Et dans nos intérêts communs, outre le cinéma,  il y a ce goût pour l’écriture, cet enchâssement de mots, ces mots qui font des phrases, ces phrases qui s’écoulent et construisent une histoire à partager !

On s’est souvent donnés des bouts de manuscrits à lire sans jamais se convaincre tant nos univers sont aux antipodes par la forme comme par le fond. Mais quand il m’a annoncé que son premier roman allait paraître, que j’ai vu son regard de fierté en me montrant la photo de sa couverture, j’en ai été sincèrement heureux pour lui, pour la reconnaissance de ses années de travail, d’isolement, de cette solitude de l’écrivain que je connais si bien et qui trouve dans cette édition un aboutissement !

Restait désormais à lire son livre dont le beau titre élégant et intriguant  Que le jour commence ainsi pouvait tout laisser supposer, le meilleur comme le plus sophistiqué ! Mais avant, il m’a convié, pour le lancement officiel de son oeuvre, à une lecture publique d’extraits suivie d’une séance de dédicaces, le vendredi 13 avril, à la médiathèque de Vence. Ses amis s’étaient réunis autour de lui et l’exercice de style complexe d’une lecture par un excellent comédien de bouts de roman, pour ne laisser que des sentiments diffus, tint ses promesses et  me donna l’envie de plonger dans son oeuvre. Ce que j’ai fait !

j’ai dévoré son roman. Son style aérien comme des vagues nonchalantes venant s’échouer sur les rives de nos perceptions, ces phrases éthérées qui touchent au coeur  de nos sentiments. Ses mots sont des notes de musique au service d’une histoire éternelle. L’ombre de cette mort qui rode autour du narrateur et touche ses proches, seule la rédemption par l’amour pourra la chasser...mais à quel prix ! C’est une superbe histoire d’amour entre Stella et  un homme sans visage, qui sauvera le monde, même s’il est indispensable pour cela de s’en libérer de toutes les chaînes et de s’affranchir de toutes ses peurs. Ce roman est en équilibre au dessus de tous les précipices, des vertiges d’une fuite vers l’Inconnue et d’un abandon de tous les codes pour tenter d’être soi-même au milieu des autres.

Sa formation de psychologue l’autorise à s’approcher au plus près des sentiments confus qui s’agitent en nous, de démêler des émotions ténues, de tracer une frontière entre le réel et l’irréel. Au sortir de ces pages envoutantes, nous aimerions être capables de discerner les «Stella» qui nous indiquent que le chemin le plus court vers le bonheur est un don qui impliquent tant de renoncements. Mais l'urgence de ce désir d’amour ne permet pas les faux semblants.

Des personnages apparaissent comme cette enfant Annabelle que nous aimerions protéger, des amis qui peuplent les fractures de son drame, des relations floues aussi qui hantent son parcours vers l’abandon.

Il faut lire Que le jour commence ainsi et célébrer cette maison d’édition Entreprendre (http//entreprendre-editions.com) qui a le courage de permettre à un jeune écrivain de sortir des sentiers rebattus et d’affirmer sa vision d’un monde ou le noir et blanc créent la couleur pourpre d’un mirage.

Guillaume Roux est mon ami certes, mais c’est aussi et surtout, un écrivain qui a trouvé son style et qui est capable de nous embarquer dans un train peuplé de fantômes, ceux d’une réalité qui jouxtent le monde dans lequel nous vivons. Et je suis fier et heureux pour lui de m’avoir convaincu !

PS : on peut commander son livre par Internet directement auprès de Entreprendre Editions

PPS : et personne ne m’a payé pour écrire ces mots, même pas Lui !

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dernieres images de mon Afrique

Publié le par Bernard Oheix

dernieres images de mon Afrique

 

Comment revenir à la réalité ? Un mois en Afrique et le retour avec l’impression d’une aventure hors du commun, sur les bas côtés des sentiers battus, un soupçon d’ivresse pour cette plongée dans l’Afrique profonde.

 

Dans notre road-trip, il y avait ce zeste d’aventure d’une traversée en voiture de Dakar à Bissau, ces moments forts qui nous plaçaient en marge d’un voyage classique. Le bac de Banjul avec ces attentes interminables et son incertitude permanente, les frontières et leurs contrôles incessants avec leur rituel du « billet » offert aux gardes pour acheter la paix d’une poursuite. L’armée sénégalaise qui ferme la Casamance la nuit à cause des troubles causés par des affrontements violents entre coupeurs de bois précieux et nous laisse en rade à Diouloulou aux mains salvatrices d’une bande de curés nous accueillant avec un Jack Daniel réparateur. Il y a aussi un repas avec l’évêque de Bissau, ex-combattant de l’indépendance, homme de coeur et d’une intelligence avisée dans un pays de ruines. Et  ce canot qui fonce dans les embruns à travers la baie de Bissau et son archipel des Bijagos de 88 îles, se glisse entre une flottille de bateaux chinois occupés à piller les fonds poissonneux pour arriver à Angurman où nous vivrons à l’heure des marées, seuls occupants d’un îlot à la végétation luxuriante, Robinson des temps modernes découvrant les charmes d’une vie sans Internet ni Wifi !

 

Jamais, dans ce périple de centaines de kms sur des routes dévastées par les rigueurs d’une nature en révolte, de saisons de pluie qui ravagent les infrastructures, nous ne sentirons la peur ou un danger réel, tout au plus une sourde angoisse dissipée par les rires des interlocuteurs et la gentillesse profonde des locaux, même dans les moments les plus difficiles.

 

Il reste avant tout, l’extraordinaire accueil des habitants. Pas une personne qui ne nous saluera d’un franc « -Ca va bien ? » agrémenté d’un sourire jovial, pas une qui ne nous lancera une oeillade complice comme pour nous remercier de partager un moment de leur vie si dure ! Et le sourire malicieux des enfants comme le signe d’un bonheur immédiat et sans calcul !

 

 

dernieres images de mon Afrique

Car ne nous y trompons pas, leur existence est partagée entre les difficultés quotidiennes pour obtenir les moyens de subsister et l’extrême désorganisation d’une vie sociale où la corruption générale ronge les espoirs d’un avenir meilleur.

L’incurie et l’absence de perspectives gangrènent le tissu social jusqu’à nous faire perdre confiance.

Imaginez cette savane si belle et majestueuse où les baobabs se dressent en griffant l’horizon de leurs branches décharnées avec des amoncellements de plastiques comme un cancer que rien ne peut entraver. Dans les champs, autour des villes, au milieu des habitations, des zones entières infectées de ces immondices imputrescibles, entretenues par le comportement des pouvoirs publics incapable de faire appliquer l’interdiction des sacs plastiques prises il y a plusieurs années. Et quand l’on voit des « Auchan » les distribuer aux caisses et enrichir sans cesse ce « léviathan » de la pollution, on a honte de laisser  ce monde agoniser sous le poids de nos turpitudes.

 

Si l’on devait terminer par quelques flashes, on peut décrire ces pays de l’Afrique Noire comme un gigantesque laboratoire des drames qui nous attendent. Des zones entières sont en train de disparaitre, mangroves dévorées par la montée des eaux inéluctable et déjà perceptible, exodes des populations vers des villes polluées sans perspectives, désorganisation absolue qui mènent à l’éclatement des valeurs de la famille, économie pillée par les néo-coloniaux venant se servir sur la bête sans renvoyer l’ascenseur.

 

Le pays est parsemé de maisons inachevées, de ruines abandonnées, et les voitures exportées de l’Europe, brinquebalantes y vivent une énième vie de misère en dégageant des nuages polluants de gaz toxiques.

 

Et pourtant ! Les habitants sont beaux et gentils. Les tenues de football sont les habits communs avec une prédilection pour les grands footballeurs espagnols et portugais même si l’on voit Neymar prendre sa place dans ce concert des stars qui font rêver les jeunes sur des champs de fortune avec des ballons ayant largement passés leur date de péremption.

Il y a ce curé miracle sénégalais qui nous accompagnait, Albert, pêcheur de thiof (un succulent poisson que nous dévorerons matin, midi et soir en grillades savoureuses !) qui enfilait sa soutane dans les moments les plus chauds et accomplissaient des miracles pour nous extirper de situations inextricables…

Il y a le temps différent, les heures éternelles, les nuits au ciel constellé, les marées comme rythme d’une vie sans attache.

Il y a le sourire et la beauté des femmes pour balayer les nuages et entretenir l’espoir !

Il y a l’Afrique éternelle et les rythmes d’une musique envoutante que Rita paradis, notre voisine à la Saumone, nous offrait en gage d'amitié.

L’Afrique où l’espoir en partage !

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Sénégal : La fin du voyage !

Publié le par Bernard Oheix

Sénégal : La fin du voyage !

Retour à Thiès pour quelques jours où nous allons renouer de vieux contacts auprès de nos amis dans les villages reculés. Il y a ce dispensaire perdu dans la brousse à qui nous apportons une valise de médicaments divers récoltés en France auprès des nôtres. C’est incroyable comme nos médicaments vieillissent mal dans nos armoires alors qu’ils sont si indispensables ici. Des boites d’antalgiques, d’antibiotiques, contre l’asthme où tout ce qui traine et se périme chez nous est cruellement vital dans ces villages isolés de la savane. Il y a ce docteur, une assistante et deux volontaires médicales en mission qui les accueillent avec tant de bonheur, avec la certitude qu’ils vont retrouver une nouvelle vie au service des plus démunis et peut-être même faire quelques miracles ! C’est à Tivaouane que nous offrirons une valise de jeux pour les enfants. Ballons de foot achetés avant de partir, quelques livres et cahiers, des brosses à dent et des lunettes pour les anciens.

Et aussi cette école maternelle avec des enfants beaux comme l’avenir, au regard espiègle, à qui nous offrons un lot de cahiers de coloriage, des crayons de couleurs et des ballons gonflables. La joie sincère des institutrices, immédiate et sans fard. Le plaisir pour nous de donner sans rien attendre, juste une photo avec des enfants comme pourrait être nos enfants, l’instant magique d’un sourire qui illumine leur visage ! Pèlerinage aussi au monastère de Keur Moussa, un des plus importants d’Afrique. Messe avec la Kora, percussions et choeurs... un coup à (presque !) retrouver une foi que je n’ai jamais eu.

Sénégal : La fin du voyage !

Il nous reste une dernière étape. La Somone, où nos amis de Cannes, Pape et Nicole nous prêtent leur maison pour une semaine dans la zone touristique du Sénégal, à deux pas de Saly. Changement de décor. La chaleur tout d’abord avec des bains dans l’océan tous les jours, des déjeuners dans des gargotes les pieds dans l’eau (extraordinaire la brochette de poissons de chez Rana à Saly !). Le tourisme étranger aussi, avec son lot de richesse pour les locaux mais aussi tous ses vices que nous connaissons bien dans une ville comme Cannes. Des vieilles blanches au bras des étalons jeunes noirs, comme pour se venger de la norme inverse, des vieux beaux en squad, une faune tout à fait étonnante que les habitants regardent avec envie et une certaine condescendance...

Sénégal : La fin du voyage !

Car il reste cette fierté naturelle du Sénégalais, sa gentillesse ( les comment ça va ,ça va bien?, sans affectation, lancés par ceux que vous croisez sur les chemins de terre), sa joie de vivre dans les moments les plus délicats, ses regards profonds qu’il vous lancent comme pour vous comprendre. Ibou, le frère de notre hôte, qui se met en quatre pour nous aider, Madou, le jeune gardien de la maison, Awa qui nous concocte des plats succulents, à base de poisson et de poulet. Chacun nous offre quelques éclairs d’une meilleure compréhension des mystères de ce continent, des charmes de l’Afrique, et nous fais mieux saisir les aspects de leur vie. Derrière eux et leur noblesse, il y a la douleur de ceux qui vont périr dans la Méditerranée en tentant une traversée de tous les dangers, exploités par des réseaux mafieux, rendus en esclavage par des tyrans locaux. Il y a les rêves avortés, les rendez-vous impossibles avec le bonheur, la misère entretenue par la corruption des élites politiques, leur incapacité à prendre à bras le corps les problèmes qui ravagent le pays. Pourtant, le soleil se lève aussi pour la population et entre ses rayons, la vie pourrait être si douce, si belle, si simplement le monde se mettait à marcher sur ses pieds et non sur la tête de ses intérêts, de ses spoliateurs (y compris Français), si les chinois et les Turcs arrêtaient de prendre cette vieille vache éthique pour une vache à lait qui les engraisse eux, au détriment de ceux qui tentent de s’en sortir au pays. Le Sénégal est un pays fascinant. Il est aussi, comme tant d’autres, le laboratoire de l’expérimentation des riches pour s’affranchir de toutes règles.   Mais le Sénégal saura s’en sortir. C’est nécessaire de l’espérer pour que l’homme continue de rêver à un monde meilleur !  

Et un grand merci à RITA, belle et somptueuse chanteuse de la lagune de la Somone qui nous a permis d'utiliser son Wifi. Merci à elle et à tous les Sénégalais qui nous ont tendu la main pour que ce voyage se déroule de la meilleure façon !

Vive l'Afrique !

 

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Retour vers Thiès

Publié le par Bernard Oheix

Elle est arrivée, l’heure de notre départ d’Angurman,  l’ile  paradisiaque où nous avons étiré le temps jusqu’à satiété. Quelques adieux émouvants avec François, notre hôte et son équipe, une photo de groupe et c’est le départ en pirogue pour se rendre à Bubaque, l’île capitale des Bijagos.

Quelques rues en terre, des masures en torchis et plus loin des résidences de luxe pour accueillir des touristes passionnés par la pêche au gros et la plongée... Nous apprécions la boisson fraiche de «chez Paul», un expatrié qui a ouvert un bar restaurant paillote où nous croisons toute une vieille génération de Français sur le retour qui ont abandonné l’idée de ce retour au Pays ! A les voir ainsi, je me surprend à repenser au «Coup de lune» de Simenon, un de ses romans réalistes, sur l’agonie des idéaux dans une Afrique qui dévore l’homme blanc et ses rêves !

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Chez Paul... L'avenue principale de Bubaque

Un jeune curé défroqué au look de routard  nous accompagne. Il rejoint notre groupe dans le canot plein gaz d’un résidence de l’île qui en 1h30 va nous transporter vers Bissau, dans une mer montante où nous cinglons, avec l’impression bizarre d’être dans un panier à salade, secoué de toute part, quelques vagues montant à l’assaut pour nous asperger d’eau !

Après un déjeuner chez l’évêque de Bissau, la route de l’enfer nous attend. Sortir de Guinée, traverser la Casamance, pénétrer en Gambie pour tenter de prendre ce bac de  Banjul de  tous les mystères, puis rentrer au Sénégal et arriver à Thiès. Nous avons prévu deux jours avec une halte à Ziguinchor pour ces environs 900 kms de route. Mais la chaleur éprouvante qui s’invite, 35° comme une chape de plomb, n’était pas prévue et étrangement, elle va bien nous servir. Sur les 12 contrôles de l’aller, nous n’en subirons que 6 au retour, avec 0 déchargement des bagages pour la fouille contre 3.... L’heure de la sieste et la chaleur poussent les pandores à agiter la main mollement sans bouger de leur siège et nous allons donc dévorer du km et de la poussière sur cette route aux tronçons rongés par les eaux et sur lesquels nous dansons de nouveau une surprenante rumba africaine !

La halte de Ziguinchor fut particulièrement appréciée. Douche fraîche, repas dans le patio de l’hôtel, Le Flamboyant, nuit paisible reposant des soubresauts encaissés pendant plus de dix heures. A l’aube, nous reprenons la route avec l’espoir d’arriver tôt pour avoir une chance de prendre le bac à Banjul sans trop de difficultés. La route est en bon état sur ce tronçon Sénégalais malgré quelques «gendarmes couchés», spécialité de ce pays. Le passage à Diouloulou nous rappelle une succulente Carpe aux oignons et une halte miraculeuse ! L’entrée en Gambie nous oblige à reprendre un visa de transit pour 60 000FCA, ramenés à 20 000CFA (le même tarif qu’à l’aller !) devant nos protestations.

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

Un indescriptible fouillis sur un bac hors d'âge !

 Nous entrons enfin dans Banjul et cherchons l’entrée du bac. Un policier nous contrôlant, s’installe à l’arrière et nous guide dans un invraisemblable imbroglio de gens, de véhicules divers et de «responsables»  chacun percevant une dîme sur ce que nous octroyons à notre cerbère. Au passage, nous entrevoyons des bureaux de Bolloré, le patron du port ? Miracle des miracles, nous nous retrouvons en premiere ligne devant la grille, mais sur le côté et notre guide disparait dans la foule, son argent en poche ! Il nous faudra quand même 4 heures pour passer le sas, un nouveau miracle, deux véhicules se disputant le passage, le cerbère hurlant bouge cette sacrée barrière dans le bon sens pour nous (et le mauvais pour les deux autres !). Une heure après, le bac déglingué, puant et poussif, démarre enfin et rampe vers l’autre rive dans des halètements qui jusqu’au bout, nous ferons craindre une apoplexie de ses moteurs usés jusqu’à la dernière limite.

Mais ce voyage inauguré par les miracles du curé Albert, se poursuivra sous les plus heureux hospices. La dernière portion de la Gambie sera une formalité ! Après nous avoir «rincé» à l’aller, la sortie se fait en douceur. L’entrée au Sénégal, pour un dernier long tronçon de «gendarmes couchés», d’ânes et de vaches rachitiques traversant à l’impromptu, de détritus de plastic rongeant les paysages magnifiques comme une lèpre de la civilisation industrielle (Auchan la superette de Thiès, continue d’offrir des sacs en plastic à leur nom !) ne seront qu’une longue reptation vers notre étape finale, après plus de 12h sur la route.

Il reste des images étonnantes, des sourires de bienvenue, des regards de connivence et la beauté des femmes, la joie des enfants, la sympathie réelle des Sénégalais toujours prêts à vous accueillir comme un ami qui leur veut du bien. Nous savons que tel n’est pas toujours le cas et que nos banques (la BNP), Orange, Auchan, Total, ne sont pas là par altruisme et que nos intérêts commerciaux valent bien une messe à Paris et un passage de Macron au Sénégal ! C’est notre cancer écologique que nous leur avons refilé, avec au passage quelques maux divers, histoire de leur rappeler que le néocolonialisme, c’est aussi une histoire de gros sous et de pouvoir !

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Une ile au Paradis : Angurman

Publié le par Bernard Oheix

Un canot fonce dans la baie de Bissau, contourne des bancs de sable qui affleurent au rythme de la marée, effectue une large boucle pour passer au large de Bubaque,  capitale de ce chapelet des Bijagos de plus de 80 iles, et arriver à  destination après plus d’une heure et demi d’une course effrénée sur une mer d’huile et un léger vent de large.

Nous voici sur notre domaine pour 8 jours, un ilot de 800 m de long et de large, habité en permanence par 4 personnes dont notre hôte François, un aventurier du bout du monde qui a créé cet «ecolodge» pour des touristes en mal de civilisation, désirant rompre avec l’univers concentrationnaire de nos villes et l’agitation d’un monde rejeté au large de nos préoccupations. 

Une ile au Paradis : Angurman

Des huttes en dur avec toit de chaume seront notre havre de paix, construites en respectant les principes écologiques de l’île, grandes ouvertures qui laissent se découper des baobabs ou des fromagers avec la mer comme horizon permanent. Les lits sont confortables, durs, et la petite salle de bains avec douche à l’italienne et toilette jouxte la paillote. Il y a du spartiate dans ce confort de l’extrême et cela n’est pas pour nous déplaire. L’énergie est solaire et n’est branchée qu’à la nuit tombée Il y a 4 lieux d’habitation pour un maximum d’une dizaine de clients et nous sommes, pour l’heure, les seuls à occuper les lieux.

Après un cocktail de bienvenue à base de fruits du baobab et d’un alcool local, nous plongeons pour un premier bain et rejoignons la table a ciel ouvert adossée à un immense fromager pour un repas de poissons grillés sous nos yeux, dorades et surtout, la découverte d’un délice local, le «thiof», à la chair tendre et au gout indicible dont la tête est un régal des dieux.

Le personnel est composé de 3 hommes et d’une femme en plus de François, le patron cuisto. Silo tchak tchak, homme à tout faire et au bagout coloré, Américo le pêcheur silencieux ravitailleur de chairs tendres, Armando l’ombre qui marche et Secunda dont le sourire illumine un visage sévère.

La nuit, dans les alizés de la marée montante et le fracas des vagues, nous nous endormons avec la certitude que ce que nous cherchions au fond de nous est autour de nous et qu’il suffira de se laisser aller pour l’atteindre ! Les jours vont s’enchaîner  dans un temps qui se contracte étrangement. Les journées s’étirent à l’infini de ce rien qui nous remplit et pourtant, il passe trop vite ! Tour de l’île, avec un lieu divinatoire de paille sur l’autre versant qui sert à d’étranges cérémonies animistes secrètes. Deux huttes occupées temporairement par des pêcheurs et leurs deux enfants qui surveillent  du poisson en train de sécher au soleil.  Les longues parties de pêche de notre curé Albert, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de le voir se révéler comme un pêcheur émérite, lui l’homme d’église, nous abreuvant de «thiofs» et de daurades. De temps en temps, un porcelet grillé, des steaks de tortues qui se sont retrouvées prisonnières des filets des pêcheurs, des salades de papayes viennent rompre le rituel des poissons grillés.

Et entre les repas, balades, lecture et écriture, parties de cartes, baignades, ramassage de coques pour les spaghettis du soir... et toujours ces marées qui découvrent le large ou viennent se fracasser sur la côte en la rongeant inexorablement ! 

Une ile au Paradis : Angurman

Car le paradis est en danger. Cette civilisation que nous avons fuit se rappelle tous les jours à nous. Dans une trentaine d’années, Angurman disparaitra sous les eaux, rongée par la montée du niveau de la mer. Certains des baobabs de la côte en sont déjà à payer ce prix, la moitié de leurs racines à découvert, s’inclinant avant de s’écrouler pour un dernier salut à l’humanité. De même, une flottille chinoise de sept bateaux de pêche avec leur trois cargos usines est en train de saccager les fonds poissonneux de Bissau. Quelques bakchichs à des potentats locaux sans aucun doute les autorisent à refaire ce qu’ils ont déjà réalisé au large du Sénégal : épuiser industriellement les fonds marins d’une baie  riche pour migrer sous d’autres cieux  leur forfait accompli et continuer leur oeuvre dévastatrice ! Nous percevons du loin de notre retraite les soubresauts d’un monde qui s’arcboute sur l’idée de consommer toujours plus et de piller la nature. Nous ne changerons rien à cela, mais  que deviendrons nos enfants, nos petits enfants, qui ont aussi le droit de vivre leur propre éternité, quand les méfaits de nos comportements obèrent l’avenir avec certitude ? D’être si loin au fond nous rapproche des autres et  nous ramène à nous ! Mais voilà que se rapproche la date du départ.

Demain nous quitterons notre petit coin d’un paradis perdu. Nous allons replonger dans la folie de Bissau, prendre cette route défoncée de Ziguinchor,  subir les contrôles incessants des administrations tatillonnes, tenter d’embarquer à Banjul sur un bac de fortune  pour rejoindre Thiès. Mais ces 8 jours dans notre paradis, nous les emporterons avec nous comme un trésor que rien ne pourra jamais effacer !

Une ile au Paradis : Angurman

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En traversant la Guinée Bissau

Publié le par Bernard Oheix

En traversant la Guinée Bissau

9h d’une matinée chaude, avec le soleil qui darde ses rayons et brûle la terre rouge. départ de Ziguinchor. Après une trentaine de km, on débouche sur la frontière avec la Guinée-Bissau, portion de terre ceinturée de quelques bâtisses en paille avec une corde tendue sur la route, qu’un garde abaisse dès que le feu vert est donné par le grand chef assis à une table à ciel ouvert. Les formalités s’étirent, au rythme lent des gardes frontières, de la garde nationale et des douaniers qui, chacun à tour de rôle, contrôlent la voiture, ses occupants et les bagages, afin de bénéficier d’un billet glissé discrètement dans la paume ouverte. Il s’agit en général de 1000 CFA (soit 1,5€), complément indispensable au salaire d’un fonctionnaire, petite somme il est vrai... mais que les contrôles incessants font monter en frais de route incompressibles.

La Guinée Bissau est en pleine confusion, pouvoir chassé et vacant, administration ravagée par une succession de crises permanentes et une corruption endémique... On ne comptera pas moins de 12 contrôles jusqu’à la capitale de Bissau, certains à quelques km les uns des autres, par des entités incompréhensibles, des jeunes en jean et tee-shirts déchirés dirigés par un gradé attablé en train de siroter un café, d’autres par des hommes en uniforme d’opérette, tout le monde jouant à une roulette russe où vous êtes le seul à payer, mais pouvant déboucher sur un dépeçage général du véhicule selon l’humeur du contrôleur. Cela se passe toutefois avec bonhomie, quelques rires et un soupçon de catalogue à la Jacques Prévert à l’occasion, comme quand ce garde national effectue un test sur les essuies-glaces sous un soleil de plomb, ou que ce douanier nous demande si «-le boulot ça va» et qu’il éclate de rire en nous disant de continuer les vacances en nous ouvrant la route sans réclamer son billet déjà prêt, ou même quand de jeunes garçons jouent aux douaniers en tendant une corde en travers de la route à hauteur d’une mangrove et nous réclament une pièce et des bonbons !

200 kms d’une route rongée par la mousson et les débordements des mangroves nous attendent. Il faudra plus de 5 heures pour traverser cette zone longeant la côte. Dans ces passages difficiles, la voiture bascule sur les bas-côtés de terre en meilleur état que le bitume troué de ravines et de crevasses profondes. Quelques villages misérables autour d’un puit d’eau parsèment la route avec un comptoir où l’on peu acheter un peu d’huile de palme, du vin de cajou et quelques sacs de charbon de bois artisanal. De temps en temps, une ville plus importante avec son marché à ciel ouvert où se concentrent les étals de fruits et de légumes, les sandales et les cargaisons de produits usagers débarquant par containers des pays développés, tout un invraisemblable bric à brac des rebuts de l’Europe recyclés en permanence et qui trouveront une dernière vie dans un pays qui se situe dans les dix plus pauvres de la planète. Pourtant, à aucun moment nous ne nous sentirons en danger, bien au contraire. Le regard curieux des villageois, les sourires des hommes accompagnés d’un geste du bras, les cris des enfants nous accompagneront tout au long du chemin. Vers 15h30, après un dernier contrôle positionné à la sortie d’un pont à péage, nous entrons dans les faubourgs de Bissau, notre destination.

Après avoir déposé nos bagages dans la mission catholique de l’évêque de Bissau, nous filons boire une bière en centre ville. Bissau est une gigantesque avenue bordée de marchés, dans un encombrement maximum, un concert de klaxons, des dégagements de gaz et  des piétons qui circulent entre les voitures en slalomant avec leur vie. L’avenue Amilcar Cabral débouche sur la grande place et sa stèle érigée au sommet de la ville.

Le soir, au réfectoire de la mission, nous allons rencontrer un italien, Antonio, médecin obstétricien, en mission dans un village reculé à Bigènes, en train de construire une maternité et de former les «accoucheuses»  à la prophylaxie et aux gestes de premiers secours. Cet homme passionnant et généreux nous parlera longuement de son travail et des conditions effroyables des femmes et des enfants dans ce pays de l’extrême. Mortalité infantile, 25%, une femme sur 17 mourant en couches. Une véritable roulette russe à comparer avec les chiffres d’un pays européen pour comprendre le drame quotidien des femmes dans ce pays.

La nuit, un concert de bruits divers monte dans le ciel, comme si jamais le silence ne pouvait l’emporter sur la frénésie humaine. Mais le paradis nous attend. Demain, ce sera l’embarquement vers Angurman, l’île des Bijagos où nous allons découvrir la paix sur terre... du moins en principe !

En traversant la Guinée Bissau

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Cauchemar en Gambie !

Publié le par Bernard Oheix

Une photo qui devait illustrer le précédent article. Collection de masques, visages de douleur, comme un coin enfoncé dans notre mauvaise conscience ! Sortilège de l'Afrique !

Cauchemar en Gambie !

Départ à 7h pour Zigenchor, la capitale de la Casamance. Une longue route avec comme point délicat annoncé, le passage en bac vers Banjuls, en territoire Gambien. La Gambie est un pays qui n’existe pas. Il est né dans l’esprit enfiévré d’un colon découpant à la hache un territoire étroit longeant un fleuve en plein milieu du Sénégal. Longue langue de terre incluse dans l’ethnie Wolof, elle, devenue anglophone par les hasards des tractations entre puissances coloniales.

De Thiès à Kaolak, dans la brume matinale et une température fraiche (13°), le trajet fut entrecoupé par d’innombrables «gendarmes couchés», des dizaines de petits dos d’âne à briser les essieux, souvent non signalés, longue succession de freinages jusqu’à un quasi arrêt pour passer les éperons de goudron. Heureusement, les vendeurs de fruits et d’objets divers se positionnent autour des ces obstacles, profitant des ralentissements obligatoires pour interpeller les conducteurs et leur proposer une gamme invraisemblable de produits divers allant du portable aux régimes de bananes, meilleur avertissement possible pour annoncer les obstacles sur la route !

Le passage de la frontière Gambienne fut haut en couleur, avec succession de chefs et de sous-chef pour attribuer les visas de transit et fouille intégrale de la voiture et des bagages par la brigade anti-drogue fort passionnée par la montagne de médicaments que notre infirmière (Thérèse) avait prévue pour le long séjour aux «Bijagos» qui nous attend, dans ces îles désertiques qui sont notre destination.Blocage pendant une demi heure sur une boîte de Doliprane ! Les passeports tamponnés, les papiers du véhicule paraphés, nous filons vers le bac promis et nous nous insérons dans une longue file de véhicules anarchiquement stationnés pour apprendre que certains sont déjà là depuis plusieurs jours dans l’attente de la prise du bac dont une des navettes est en panne et l’autre tributaire de la marée à cause de son tirant d’eau. Le miracle aura-t-il lieu ? En Afrique, tout est possible, même l’impossible ! La soutane de notre curé Albert, notre guide, envoya un premier signal que Dieu était avec nous. Un des «responsables», et ils sont nombreux, catholique fervent, nous fit sauter la longue file pour nous retrouver en 3ème position du sas d’accès. Deux heures s’étaient écoulées mais la vision d’un portail vert s’ouvrant sur chaque ferry débarquant, (environ toutes les heure et demie), signe d’une libération imminente nous faisait espérer en ce miracle. Las ! Le capharnaüm incroyable de cette entrée, coincée entre le déversement des camions de l’usine d’arachides qui jouxte le sas, le flot des véhicules tentant de sortir du ferry, l’amoncellement de ceux qui tentent d’entrée, les taxis en maraude et les piétons et vendeurs à la sauvette, créent un invraisemblable chaos, de bruits, hurlements, odeurs par une température de 35°où tout se termine dans le rire et la bonne humeur de tous. Par deux fois, les grilles s’ouvrirent pour nous, pour se refermer mystérieusement ! Et le premier authentique miracle (il y en aura 3 !) aura lieu quand notre fervent catholique réussit à nous faire pénétrer après 6 heures d’attente en ultime véhicule sur les portes du bac se refermant. Plus de 6 heures d’attente avait été nécessaires, mais l’odeur marine et les lumières de Banjuls, la capitale de la Gambie, pointaient à l’horizon. 30 minutes de traversée pour toucher au paradis.

C’était oublier que les incidents dramatiques récents de la Casamance autour du bois précieux (plus de 20 morts) avaient crée une tension perceptible dans toute la région.. Traversée de Banjuls dans le compagnonnage traditionnel en Afrique des marchés à ciel ouvert nocturnes et d’une pollution effroyable avant de pouvoir rejoindre la frontière Gambienne où le 2ème miracle eut lieu. A 21H55, les pandores en grand uniforme  apposèrent leur tampon indispensable sur nos passeports, 5 minutes exactement avant que les barrières ne condamnent le passage jusqu’à l’aube du lendemain. Le poste de contrôle Sénégalais aux abonnés absents, nous roulâmes dans la nuit, à tombeaux ouverts pour tenter de rejoindre notre hôtel réservé à Zigenchor à 80 kms de là Mais à Diouloulou, dans la nuit, une chicane en rondins de bois en travers de la route vint doucher nos derniers espoirs. Un militaire, fusil mitrailleur en bandoulière, en travers de la route, nous signifia que la route était fermée la nuit à cause des incidents. Il n’y avait strictement rien autour de nous avec comme seul possibilité d’attendre l’aube dans notre véhicule. Impasse ! Patatras !

Et le 3ème miracle eut lieu. A Diouloulou, une communauté catholique existe dont le curé Justin avait été en séminaire avec Albert, notre guide. Coup de téléphone, voiture dans la nuit, deux curés s’embrassent et se congratulent devant le militaire qui s’écarte. Nous nous sommes retrouvés à 23h dans la maison du prêtre, avec la bonne en train de nous griller un succulent poisson aux oignons, un verre de whisky, toujours des rires et un lit confortable avec moustiquaire, bien nécessaire en ce pays de mangroves et de forêts... et une certitude que le lendemain serait un autre jour !

il n’en reste pas moins que les Sénégalais n’ont pas vraiment un grand amour pour les Gambiens et que la nuit, les chauve souris entamèrent un concert pour nous endormir d’un sommeil réparateur !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

derrière ces grilles, le portique de la liberté avec le bac en horizon !

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Les sortilèges du Sénégal

Publié le par Bernard Oheix

 Il est 8h du matin, Ivresse du départ. L’avion comme une promesse de liberté. Le Sénégal est au bout de la ligne et nous en foulerons la terre ce soir. Bon, au passage, il faudra attendre plus de 4 heures dans le spot de Madrid, en transit !  Et là, patatras, le syndrome de la vache à lait nous tombe dessus ! 4,35€ le café, 30€ le mini sandwich, un morceau de fromage gros comme une vache qui rit et deux demies bouteilles d’eau ! Cela ne nous a pas fait rire ! Cela fait cher le soupçon de flamenco et  les exploits de Cristiano Ronaldo ! Chers amis voyageurs, si d’aventure vous devez faire une étape en l’aéroport du Réal Madrid, entamez un jeune, commencez le ramadan, faites tout ce que vous pouvez pour sceller votre estomac à toutes les tentations, votre porte-feuille vous en sera éternellement reconnaissant !

A 23h enfin, l’avion se pose sur le tarmac du nouvel aéroport flambant neuf de Dakar. Le curé Albert, notre ami fidèle, avec son beau sourire et sa gentillesse, nous attend et nous emporte dans la nuit, par des raccourcis sur des chemins de terre qui contournent les tronçons d’autoroute manquants, soulevant d’épais nuages de poussière se dissipant dans les phares. Thiès surgit dans la nuit, une ville endormie, car pour la première fois depuis bien longtemps, il fait presque froid avec 13°.  Pour nous, une température quasi clémente au vu de la neige qui s’abat sur la France, le pôle nord pour des sénégalais habitués à plus de mansuétude climatique ! Mais bien sûr, le dérèglement est une invention des chinois comme l’a déclaré un Trump d’opérette ! Bon n’exagérons pas, il n’y avait que les sourires de bienvenue de nos amis sénégalais pour nous réchauffer en affichant une gêne. Nous, on se contentait d’ouvrir grands les yeux pour scruter la nuit, les silhouettes difformes des baobabs dégarnis, se gorger des effluves si particulières d’une terre des confins si hospitalière.

J’étais déjà venu à Thiès, 7 années auparavant, avec Thérèse qui oeuvrait dans l’humanitaire et un couple d’amis, Birgit et Jacques. Exit le Jacques resté au pays, Birgit nous accompagnant avec toute son énergie et nous voici donc de retour, les valises chargées de médicaments, de ballons de foot, de matériel scolaire et accessoirement d’informatique.

J’avais adoré ce pays, (cf. mon blog, année 2011), la gentillesse réelle de sa population accueillante, le courage naturel qu’ils démontrent pour survivre dans les difficultés quotidiennes, leurs sourires et leurs rires comme un signe de reconnaissance. Après deux jours pour prendre contact et une plongée dans le marché gigantesque à ciel ouvert (à noter l’incroyable explosion des échoppes de téléphonie !), nous nous rendons à Dakar dans un trafic invraissemblable. Aux Almadies, quartier des ambassades, l’école dans laquelle nous logeons est située en face de la nouvelle ambassade américaine, un fortin gigantesque, entouré de grilles et gardé en permanence par des soldats en uniformes. Les drames récents au Moyen-Orient ont manifestement laissé des traces ! C’est dans ce petit port des Almadies que nous nous offrirons, en un rituel soigneusement maintenu, 4 douzaines d’oursins pour 8€, servis par une petite vieille au sourire édenté, aux doigts noueux, mais avec les yeux d’une profondeur insondable ! La vie est belle malgré les rafales de vent qui nous empêcheront de nous rendre sur l’île de Gorée, ce qui n'est que partie remise !

Et il y a l'accent chantant, ce français un peu précieux mais si joyeux, les bonjour qui fusent, les rires partagés pour un rien, juste comme un signal de bienvenue dans leur pays attachant et accueillant !

Mais déjà le grand large nous attend. Demain dès l'aube, à l’heure ou bleui la savane, nous partirons pour la Casamance et la Guinée Bissau. Là, nous embarquerons pour les îles Bijagos, un chapelet sauvage où nous robinsonnerons pendant 8 jours, sans internet, sans voiture, avec nous-mêmes, le paradis sur terre, et en mangeant le poisson que je pêcherai, ce qui n'est pas gagné ! Si nous en revenons, vous le saurez par un nouvel article qui paraitra dans ce blog, vers le 25 février ! A bientôt donc.... Peut-être !

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Pascal Ainardi : un ami pour les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Définition : Nom Propre d’origine italienne, rattaché à la famille des humains de Bourg en Bresse... quoique l’on puisse en douter parfois !
Quand je t’ai connu, tu étais une grande bringue dégingandée, maigre, avec des bras et des jambes immenses que tu agitais sans cesse et une barbe qui te mangeait le visage. Tu avais une crinière que tu enserrais d’un bandeau et je pouvais te croiser en train de courir dans la forêt de Seillan, toujours seul, comme un fantôme des bois en train de chercher une issue à un mal qui te rongeait. 
Tu étais un grand adepte des films d’horreur et tu commençais une collection incroyable de vidéo-cassettes (et oui, à l’époque, elles existaient et démocratisaient les filmothèques !), entouré de livres, de disques et la tête bouillonnante d’étranges passions.
Pourtant, tu avais une douleur dans le coeur et tu ne trouvais pas d’endroit où te poser, tant ton corps te semblait à l’étroit dans la jungle des autres.
Alors, il a fallut t’amadouer, te donner cette place que tu désirais sans te l’avouer, t’offrir un espace dans lequel les trésors de ton coeur pourraient s’épanouir et tendre cette passerelle vers tous les autres.
Rarement dans ma vie et dans les innombrables rencontres qui ont parsemé mes fonctions d’animation et de direction, j’ai eu l’impression, comme avec toi, de nouer un fil entre deux forces, deux logiques, deux certitudes complémentaires.
Pascal depuis ces premiers jours de la décennie des années 80, tu fais partie de ma vie et tu y resteras jusqu’au bout de nos souffles.
Je me souviens de toi, derrière la porte en bois de la salle de spectacle, jubilant intérieurement en lançant une scie électrique pour découper une silhouette humaine pendant le final de la projection de « massacre à la tronçonneuse ». Et ce cri du public  en entendant et en voyant se concrétiser le cauchemar de cette ultime poursuite sur l’écran dans cette porte qui venait de s’éclairer et de réaliser le fantasme d’une « agit-prop »  au service de la déraison. La moitié du public a basculée sur les genoux de l’autre dans un désordre indescriptible ! C’est toi qui en avait eu l’idée, maintenant, je peux te dénoncer, il y a prescription !
On était un groupe de chiens fous sans aucune limite, sinon celle du coeur et de l’amitié. Tu as trouvé ta place avec naturel tant tu avais des richesses qui ne demandaient qu’à se partager avec ceux qui t’entouraient.
Dans la commission culturelle de la MJC, tu étais toujours le premier à lancer des idées saugrenues, mais surtout, tu étais un des rares capables de trouver une solution aux rêves que nous élaborions. Avec toi, rien n’était impossible !
Expositions, Mois de l’Italie, Nuit du Polar, Nuit de l’horreur, semaine d’action culturelle (SAC 1 et 2), lancement de La Belle Bleue… tu étais de tous les coups, sans jamais revendiquer de place, juste être là, juste faire et créer, agencer et ordonner, se saisir des idées pour les concrétiser, les mettre en forme, rédiger une partition sans fausses notes.
Tu étais le bénévole dont rêve chaque directeur d’une structure associative, et c’était moi ce Directeur heureux. Et tu ne demandais rien en retour !
Alors c’est tout naturellement que de ce bénévolat à l’animation de l’atelier menuiserie, tu es devenu un permanent de la MJC de Bourg en Bresse… Et ce jour-là, le monde associatif Burgien, sans forcément s’en rendre compte, a gagné un élément de valeur, un homme dont la carrière peut se lire comme un immense défi à l’inventivité et à l’intelligence collective !
Car disons-le tout net, derrière ses bras immenses et sa silhouette d’ermite, il y avait non seulement un coeur d’or, mais aussi et surtout, un cerveau en pleine activité, un esprit juste, une intelligence brillante.
C’est ce que tu es Pascal Ainardi et c’est pour cela que nous t’aimons.

Mais dans ces années du possible, il te manquait quelque chose, ou plutôt quelqu’un… Et tu l’as trouvé cet amour qui dure depuis plus de 30 ans. Chantal t’a offert de partager vos rêves, et votre couple s’est cimenté sur la tendresse et le partage. Tu pouvais être enfin entier, toi-même et un autre, celui qui est là pour aider et tendre la main mais ne s’ignore plus.
Ancré dans la vie associative, votre couple a pu donner libre cours à tout ce qui est votre passion. Faire, accomplir, soutenir, developper… Dans un monde d’un millénaire agonisant qui se tournait furieusement vers l’individualisme, dans les mutations étranges d’une société perdant son centre de gravité commun  pour se replier vers l’intérêt égoïste, vous avez maintenu le cap d’un discours collectif, d’une aventure en groupe, acceptant de partager votre bonheur pour résister et espérer.

Nous avons maintenu nos liens à l’évidence.
Aujourd’hui, tu pars à la retraite, mais est-ce vraiment un départ ?  Chacun ici dans cette salle comme dans le coeur de tous ceux qui ont eu la chance de croiser ton chemin, sait bien que tu seras toujours là, toujours prêt, toujours actif. La vie n’a pas de limite à la passion, et tu es un vrai passionné, celui qui est dans l’ombre mais qui sait éclairer les autres, celui qui donne une chance à la chance, un espoir à l’avenir.
Alors Pascal, nous te demandons simplement de ne pas changer, de continuer à être ce que tu es, un ami fidèle, un partenaire, le souvenir d’un passé heureux capable de réveiller le présent.
On sait bien de toutes les façons, que tu continueras à être encore et toujours là pour les autres, tout simplement parce que tu es toi, un ami, un frère… Pascal Ainardi, quoi !
Oui, finalement, tu fais bien partie des humains et de cela, nous n’en doutons assurément pas !
Bon, tu vas pouvoir continuer à faire bénévolement ce que tu avais commencé bénévolement à faire : être là comme toujours…
Vive la retraite en chantant Pascal Ainardi !

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La Villa de Robert Guediguian

Publié le par Bernard Oheix

On aurait souhaité avoir aidé à construire cette villa pimpante accrochée aux pentes d’une calanque dans une baie de Marseille transfigurée. Avoir été à l’origine de tout, à la naissance de l’espoir. On aimerait pouvoir renoncer au monde et s’y réfugier avec cette bande de vieux potes née il y a plus de 30 ans derrière l’objectif d’un cinéaste en train de forger son style et de trouver son inspiration dans la vie quotidienne de personnages  ancrés dans un sud coloré et plein de vie.

Il y a la belle Ariane Ascaride qui a survécu à la mort de son enfant noyée 10 ans auparavant dans cette Méditerranée où elle a grandi et qui retrouve un clan forgé dans ce deuil. Il y a le grand frère Gérard Meylan que tout être aurait le désir d’avoir comme tuteur protecteur. Il est resté ancré dans cette calanque et ouvre toujours ce petit restaurant avec des plats typiques et «pas chers», perpétuant la tradition d’un père vieillissant dont il s’occupe et dont l’accident vasculaire va déclencher ces retrouvailles. Il y a Jean-Claude Darroussin, frustré d’une carrière littéraire avortée, dont l’ironie acerbe est une façade pour cacher sa peur et qui décide enfin de s’assumer et de rêver son destin.

Et d’autres personnages aussi à la lisière de ces retrouvailles qui vont apporter un grand souffle de l’ailleurs. Une belle jeune femme qui a accompagné Darroussin sur ses pas et va décider de le quitter pour ne pas le prendre en pitié. il y a le fils docteur qui a réussi et ouvre des labos en série. Il est là pour aider ses parents qui se décident à lâcher prise et se suicident, main dans la main, pour nier le temps qui passe et ne pas voir la mort en traitrise les séparer. Ils ne se reconnaissent pas dans cette fuite du temps qui les ronge et préfèrent s’en aller de concert. Il y a le jeune pêcheur amoureux du théâtre et de sa muse Ariane, lui déclamant du Claudel en comptant les poissons emmêlés dans ses filets. Il va lui redonner un peu de cet espoir que la mort d’un enfant lui avait dérobé en lui offrant un désir sincère et un élan d’amour régénérateur.

Il y a aussi des patrouilles de soldats qui passent régulièrement à la recherche de ces migrants vivants ou morts débarquant sur ces côtes déchirées, chassés par la guerre et la faim, à la recherche d'un abri et d'un peu d'espoir.

Il y a surtout, cette enfant fragile qui nourrit ses jeunes frères, cachés sous des rochers dans un abri de fortune. Elle dérobe un peu de confiture et confectionne une pâtée avec les graines des mangeoires d’animaux et l’eau rance des réservoirs. C’est eux qui vont être les détonateurs du renouveau ! Ils vont devenir les témoins privilégiés de la renaissance en cours. Le soleil qui réapparait pour rétablir l’ordre des choses. De nouveaux élans pour gommer les stries d’un passé morbide. L’espoir d’un vent  libérateur qui, dans les échos des noms renvoyés par l’arche d’un pont sur lequel passe une micheline, confond le passé et le présent pour offrir un avenir aux survivants. C’est une ode sur la mort au travail, mais aussi sur l’espoir d’un temps qui s’écoule. Et les cicatrices passées ne peuvent que soulager les blessures de la fuite du temps.

Et le père aphasique va retrouver un élan de vie, comme pour transmettre une dernière fois son patrimoine d’humanité et son amour d’éternité.

Robert Guédiguian qui trace son chemin à l’écart des chapelles n’est jamais aussi bon que quand il parle de ce qu’il est, de ceux qu’il aime. Et il y a un amour infini dans cet espoir d’une petite fille abandonnée sur les routes d’un exil qui trouve un foyer dans la chambre dévastés de celle que la mort a emportée ! Ode à la vie, à l’espoir et au renouveau, La Villa est un hymne à l’espérance et à la nature luxuriante de ce coin de paradis que les temps nouveaux tentent de dévaster mais qui résiste dans l’humanité profonde de ses habitants.

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