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Rencontres Cinématographiques de Cannes 2017 ! Un vent d'Orient !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a bien sûr le Festival de Cannes et son Palais des Festivals grandiose pour une semaine où il devient le centre du monde, l’évènement le plus médiatique à être couvert par les journalistes et critiques des 5 continents. Il y a aussi le Festival du Film Publicitaire, et les marchés professionnels des programmes  (MIPTV et MIPCOM).
il y a de nombreuses manifestations comme le Festival Panafricain et les séances spéciales de Ciné-Croisette et de Cannes Cinéma tout au long de l’année.
L’image est chez elle à Cannes et ce n’est que justice quand l’on voit la beauté de cette baie, les monts de l’Estérel dans les couleurs flamboyantes du couchant, les iles de Lérins fermer la baie de la Croisette avec la pointe du Palm Beach qui se referme sur l’horizon.
Plus haut, la Californie des riches, le Suquet des vieux Cannois avec sa tour de garde et encore plus loin, la colline de la Croix des Gardes où les villas accrochent des taches de couleurs pimpantes.
C’est Cannes comme le tableau d'un peintre où toutes les couleurs composent une ode à la beauté du sud, un charme envoûtant dans les senteurs du maquis et des pins orgueilleux.

En novembre décembre, dans les salles de Cannes, pour la trentième fois, un festival de cinéphiles, avec du bon cinéma va réunir le public des jeunes, ceux qui peuvent « optionner » le cinéma au Bac, et ceux qui peuplent les écrans de leurs rêves passés avec leur cheveux blancs.
Des retraités cinéphiles aux lycéens, ils vont se retrouver, les uns afin de compléter leur culture du 7ème art, les autres dans des stages « Moi, Jeune Critique », des masters classes et autres débats, vont tenter de se créer un palmarès à la mesure de leur soif d’apprendre !

Les Rencontres Cinématographiques de Cannes, c’est l’Autre Festival, celui au visage humain, celui qui permet de découvrir des films d’art et essai, de voir et revoir des chefs d’oeuvre…
Une occasion de plonger dans le défilement incessant des images qui parlent d’un monde, du monde, et de vivre une nouvelle aventure en pays de cinéma sans la pression de son grand frère du mois de mai.
Et cette année, pour le 30ème anniversaire des RCC, les films furent d’un niveau exceptionnel et les moments de rencontres passionnants !
Sur un vague thème des libertés, le vrai fond des histoires proposées tournait autour du Moyen Orient et du Maghreb et plus généralement des problèmes autour de la religion et des minorités opprimées.

Et tout de suite, un authentique chef d’oeuvre, un film qui fait date dans la vision d’un conflit sans fin et des mécanismes qui amènent à l’horreur : L’Insulte de Ziad Doueiri.
Dans les rues de Beyrouth, un chantier de rénovation va opposer un chef de chantier Palestinien et un locataire chrétien Libanais. Une insulte bien banale va dégénérer en conflit embrasant les populations clivées de la ville. De tentatives de réconciliation avortées en procès devant les tribunaux, c’est tout le pays qui s’embrase et réveille les tensions latentes d’une histoire jamais dite. L’Insulte ne sera lavée que dans un final à couper au couteau, véritable coup de poing dévoilant que ce qui réunit l’offensé et l’offenseur, c’est le drame de vies brisées, là ou chacun est à la fois victime et bourreau, subissant l’horreur et la générant. Pourtant, le « -je m’excuse » final, peut-être, laisse espérer qu’un jour, la lumière jaillira du chaos. Mais combien de drames encore, d’incompréhensions et de blessures secrètes faudra-t-il subir pour que l’espoir renaisse et que les fantômes s’évanouissent ? 

Wajib de Annemarie Jacir se déroule à Nazareth. Abu Shadi, professeur, accompli le Wajib à l’occasion du mariage de sa fille, c’est à dire la distribution personnelle des invitations accompagné de son fils qui s’est exilé en Italie.
Les rencontres, les absents, la mère qui a divorcé et vit aux Etats-Unis mais doit rentrer pour le mariage de sa fille, et surtout, les retrouvailles entre le père et le fils en support de la vie quotidienne à Nazareth dessine un tableau absurde, des non-dits, des impasses de la société israélienne et de la confrontation entre des peuples différents, des religions différentes et la pression permanente de l’environnement.
C’est un film subtil, dramatique et la question principale reste de partir ou rester, vivre ou lutter, se compromettre ou garder ses idéaux mais abandonner sa terre ! Bouleversant de justesse et ne jouant jamais sur le sensationnel mais sur la précision du trait et la formule juste.

Dans le même registre, Les Bienheureux de Sofia Djama revient sur la « guerre civile » en Algérie. A l’occasion de leur 20 ans de mariage Amal et Samir (Sami Bouagila) sont confrontés à la question de partir de l’Algérie afin de s’accomplir (et d’offrir à Faim leur fils, un avenir) où d’y rester pour la transformer. Les jeunes, pendant ce temps tentent de vivre et de rêver entre les problèmes de la religion, le poids d’un état militaire et l’absence de perspectives. C’est un film qui parle de l’intérieur de la société, entre les guerres du passé (et surtout celle des années de plomb de la terreur « islamiste ») et l’absence d’un horizon porteur d’espoir. Magnifiquement réalisé pour un 1er film, il jette un pont entre des évènements que nous avons vécus sans les comprendre, entre le passé de notre colonisation et la monté de l’intégrisme sur fond de désorganisation sociale et d’absence de liberté couplées à la corruption !

Formidable et rafraîchissant (ce qui est un comble pour un film se déroulant dans un hammam !), A mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana confronte des femmes face à la domination de l’homme et de la religion dans le sanctuaire bien fragile d’un Hammam. Le drame fera pourtant irruption, encore un fois sous les traits d’un frère fanatique voulant venger l’honneur de sa famille souillée par une naissance hors mariage. Magnifiquement interprété par une pléiade de femmes toutes plus belles et pétillantes, le film est une lecture cruelle d’un monde dans lequel l’oppression religieuse et machiste impose son joug aux femmes, les prive des droits les plus élémentaires. Pourtant, dans la femme courageuse qui se bat pour exister et fume une cigarette comme un défi à l’homme, il y a l’espoir d’un souffle nouveau capable de changer le monde…

Une comédie pour achever ce tour de l’islam au cinéma. Sou Abadi propose avec Cherchez la femme, une parabole édifiante et humoristique sur le voile intégral. C’est l’homme qui se glissera sous ce voile noir qui cache afin de retrouver son amour, mis en cage par son frère de retour du Yémen avec des idées intégristes et une barbe de « barbus ». Sauf que le frère va tomber amoureux de la femme cachée sous l’homme au voile ! On rit, on sourit, on aime à la folie la déraison et l’humour du contre-pied. Une vraie et belle comédie qui lance des messages d’alerte et traite par le futile un vrai drame !

D’autres productions comme le superbe Jasper Jones de Rachel Perkins du Cinéma des Antipodes échappaient à l’étouffante problématique d’un Orient gangrené par la religion de l’intégrisme et la domination du mâle sur le bien ! Mais ce qui est étonnant et beau, c’est que tous ces films étaient réalisés par des représentants de cette culture et que quatre étaient portés par des femmes. Espoir d’une parole libérée capable de transformer le monde !
En attendant, une semaine de Rencontres Cinématographiques de Cannes, comme les promesses d’un monde qui change ! 

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Roman Polanski... L'ambiguïté et l'incertitude en miroir !

Publié le par Bernard Oheix

Ce titre, tiré d’une interview de Bernardo Bertolucci, et support de ma maitrise de cinéma soutenue en 1974 à Nice sur son oeuvre, (Bernardo Bertolucci, Etudes Cinématographique. 122/126), semble parfaitement adapté à cerner le dernier film de Roman Polanski. 

« D’après une histoire vraie » est l’adaptation à l’écran du roman éponyme de Delphine de Vigan. Et n’en déplaise à nombreux critiques qui font la fine bouche sur son ultime opus, le film fonctionne parfaitement et livre une parenthèse sur le bien et le mal particulièrement réussie. Une oeuvre très Polanskienne où la réalité et la fiction s’affrontent subtilement sans que l’une puisse prendre le pas sur l’autre.
Une écrivaine décidée à se livrer à un travail « fictionnel » en échappant à sa marque de fabrique (l’autofiction) qui a fait son succès, est en panne devant sa page blanche. Entre deux signatures de livres, elle tente d’accumuler dans des petits carnets, un matériel pour trouver l’inspiration et se lancer dans la rédaction de ce roman que tout le monde attend.
Sa rencontre avec une fan, elle même « nègre » sur des biographies d'artistes, de vedettes ou de personnalités médiatiques, va l’entrainer dans un jeu de séduction et de pouvoir où tout se dérègle. Les ingrédients qui vont gripper le quotidien sans aspérités de ses jours sont subtilement dévoilés, par petite touche, comme si rien n’avait d’importance. Pourtant, la présence de plus en plus envahissante de « l’autre » la coupe de son réseau, la rend dépendante puis victime de son bourreau.
Un séjour dans la maison de campagne vide de son compagnon en déplacement va crisper les évènements et déclencher une crise violente…
Mais la réalité est-elle aussi simple ? L’ «autre » est-il un leurre pour accoucher d’une oeuvre où un vrai personnage qui fait irruption dans sa vie pour l’empêcher de créer ?
Les deux lectures s’emboîtent parfaitement et tant l’une des hypothèses que l’autre sont plausibles au final dans une grille de lecture totalement ouverte et symétrique.
Il reste alors la superbe réflexion sur le travail de la création, sur les fantômes qui peuplent les nuits de l’écrivaine, sur le processus d’accouchement d’un livre, sur le rapport de dépendance à l’autre, sur la violence des sentiments et la perversité de la séduction. 
Tous ces thèmes que Roman Polanski a décliné avec tant de talent dans toutes les oeuvres qui parsèment une carrière où il ne s’est jamais trahi cinématographiquement parlant.

Comment ne pas être particulièrement touché par cette mise en abîme, ce glissement progressif de la normalité vers la déraison, cette peinture cruelle d’une solitude de la création qui ne peut se partager.

Peut-être que dans cet accueil mitigé, Polanski paye pour d’autres fantômes issus des nuits de feu d’un passé jamais cicatrisé et qu’un évènement a brutalement ravivé. L’explosion Harry Weinstein n’en finit pas de déclencher des vagues. En cela, son oeuvre sulfureuse renvoie bien à un présent particulièrement douloureux qu’il ne pourra jamais solder.
Mais est-ce bien une histoire vraie qu’il tente de décliner à l’infini ?

 

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Monsieur le Président ....Jupiter, descend de ton nuage !

Publié le par Bernard Oheix

Monsieur le président, je vous écris une lettre, que vous ne lirez peut-être... (air connu), mais qui me fera du bien !!!!
Si j’ai voté pour vous dès le premier tour, c’est parce que je ne voulais pas d’un voleur de droite, d’un dictateur de bas étage ou d’une hystérique de l’extrême. Restaient un PS grillé et carbonisé par un président qui aura joué à l’être pendant un mandat en nous trahissant systématiquement et quelques autres cantonnés aux rôles de figurants folkloriques. Et je pense qu’il y en a beaucoup qui ont raisonné comme moi et en sont arrivés à mettre un bulletin dans l’urne qui portait votre nom !
Vous étiez jeune à l’époque, un ton de fraicheur nouveau en politique et une envie irrésistible de balayer le passé de ces éléphants encombrants les allées d’assemblées pléthoriques vivant très grassement sur notre dos en usant de tous les privilèges d’une fonction d’élu déconnecté de toutes réalités. La purge pour les autres mais surtout pas pour nous, de gauche comme de droite, députés, sénateurs, avec nos salaires mirifiques de cumulards, nos caisses de retraite ad-hoc, nos chauffeurs et nos passe-droits, des conseillers généraux totalement inutiles, des mairies et des agglos qui s’empilent comme un mille-feuille toujours plus coûteux pour nos impôts, des commissions bien rémunérées et des pantouflages… l’immoralité d’un système où les professionnels de la politique se sont taillés un monde à la mesure de leur avidité.
En France, on peut faire rêver nos enfants en espérant qu’ils deviennent chanteurs ou footballeurs…et donc riches, mais il leur faudra du talent pour cela! Plus surement vous pouvez devenir un nanti en serrant d’innombrables mains pour devenir un homme politique ! Vous quitterez les zones incertaines de la précarité avec des revenus de 10 000 à 20 000€ qui semblent si normaux dans cet univers du pouvoir. Qui les perçoit dans la vie réelle de ceux qui travaillent au quotidien tout en étant pas un patron du CAC 40, ont fait des études ou pas et se lèvent le matin afin de nourrir leur famille et d’entretenir des rêves de lendemains qui chantent ?
Que vous soyez un joueur de poker redoutable, Monsieur le Président, nul n’en doute. Que vous ayez bénéficié d’une conjonction d’alignement des astres exceptionnelle en est une autre. Dites merci à Sarko qui a planté un couteau dans le dos de Juppé en faisant tout pour que vous soyez le Président de tous les français… tout en rêvant d’une cohabitation où son parti Républicain aurait pris le pouvoir dans une cohabitation gérée par ses poulains Baroin et Vauquiez.
Las pour eux ! Vous avez effectué un sans faute, distillant ce ni-gauche ni-droite avec art et gagnant ainsi une majorité venue de nulle part qui a balayé les restes d’un monde désormais à l’agonie. Quelle science exacte dans la manière de faire exploser les autres, gauche en déconfiture, droite en vrille, extrêmes en désarroi, écologistes aux abonnés absents, centristes intégrés mais marginalisés.
Mais si vous n’êtes ni de gauche et en même temps ni de droite, qui êtes-vous Monsieur le Président et d’où parlez-vous ?
Du côté de l’efficacité ? On l’a compris ! Du côté de la réforme à marche forcée, pourquoi pas ?
Mais alors, pourquoi annoncer à des Guyanais en déshérence que vous n’êtes pas le Père Noël Alors que vous le devenez pour les 500 familles les plus riches de France en supprimant l’ISF ! Pourquoi toucher à cet impôt dont on sait bien que votre argumentation pour défendre votre mesure est un leurre, un ruissellement impossible, en cette heure de mondialisation et de « financiarisation » de l’économie. Etait-il si urgent de mobiliser votre énergie sur ce dossier alors que tant d’autres secteurs attendent vos réformes ?
Pourquoi ne pas intervenir sur un « glyphosate » mortifère plutôt, en aidant Nicolas Hulot contre les tenants d’une agriculture intensive et obsolète aux mains de Monsanto ?
Pourquoi ne pas entamer la réforme des institutions en supprimant un certain nombre de députés et une majorité de sénateurs, l’ensemble des conseillers généraux qui ne servent à rien, et faire diminuer le poids des institutions sur les finances publiques ?
Pourquoi ne pas encadrer et moraliser les salaires des élus ?
Pourquoi ne pas limiter le nombre de mandats dans le temps et dans l’espace ?
Pourquoi ne pas organiser votre parti afin qu’il soit vraiment le reflet de votre projet de mutation et non un conglomérat d’intérêts de nouveaux partisans ?
Pourquoi ne pas s’engager sur des terrains moins confortables que les petits cadeaux faits à ses amis les plus riches ?

Par exemple, lutter pour une simplification de la vie administrative des artisans et PME, pour un développement de l’apprentissage, contre les lobbys immobiliers comme Nexity qui rackettent l’épargne sous couvert de lois immobilières prises par l’état, s’engager contre les paradis fiscaux, lutter contre l’évasion fiscale des Gaffa, les salaires indus des grands capitaines d’industrie, et plus simplement, pour que chacun puisse, le matin en se levant, dire qu’il vit dans un beau pays et que la vie est belle sous l’ère Macron.

Il aurait été si simple de supprimer les allocations logements et familiales pour les ménages les plus aisés afin de ne pas toucher aux 5€ des moins favorisés !

On est d'accord pour payer un peu de CSG en plus, mais nous voulons savoir pour quoi, pour qui ?

Vous aviez tout pour mener une nouvelle génération vers les chemins vertueux d’une démocratie dynamique et plus juste, moins engoncés dans les schémas d’un passé qui nous pèsent. Qu’en faites-vous de ce capital inestimable ?

Vous avez le pouvoir, et vous nous faites bien sentir que ce pouvoir est auguste et sans égal. Alors Monsieur le Président, encore un petit effort, car notre patience à des limites et votre crédit est en train de fondre, ce qui serait dommage pour un économiste aussi brillant que vous l’êtes. Cela nous mènerait une nouvelle fois vers les chemins du chaos !
Allez Président, encore un petit effort pour être révolutionnaire et changer la société.
Nous sommes prêts à de nombreux sacrifices, l’êtes vous aussi ?
 

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Marie-Claude Pietragalla.

Publié le par Bernard Oheix

Etre Corse, et avoir un patronyme qui commence comme la plus célèbre bière insulaire, la Pietra, être danseuse, et avoir son nom qui finit par un « galla », est quand même une forme de prédestination qui montre à l’évidence qu’avec Marie Claude Pietragalla, rien ne peut se dérouler comme prévu !

D’une beauté à couper le souffle, cette danseuse étoile de l’Opéra de Paris aura tout vécu de la gloire sur les scènes du monde entier. Egérie d’une certaine mode et de la publicité, elle va devenir un personnage public en échappant aux cénacles des palais parfois bien poussiéreux de la danse.
En 1998, elle devient, très jeune, la directrice du Ballet National de Marseille succédant à une légende de la danse, Roland Petit.
De son expérience Marseillaise, on retiendra le tumulte d’une gestion complexe des individus, le corset d’une administration d’une institution n’étant peut-être pas adapté à sa personnalité rebelle, à ses fulgurances créatrices. Je me souviens encore de l’aventure Sakountala que j’avais accueillie en 2001, une pièce débordant de vie où les danseurs créaient dans la verticalité, un espace de danse inversé dans une complexité technique qui nous avait donné des sueurs froides pour réussir à implanter le dispositif scénique sur le plateau du Grand Auditorium du Palais des Festivals.
Au fond, tout était déjà dans cette première expérience. La folie d’une grandeur au service d’un art de la danse, la volonté d’échapper aux codes, une forme d’hystérie créant et sublimant le mouvement. 
Le public l’a toujours suivie, la critique pas toujours ! Une bonne partie des censeurs du bon goût ne pouvant accepter le refus de toutes bienséances, l’imprévisibilité de sa démarche, lui rendant coup pour coup et lui faisant payer la grâce insolente d’un corps sculpté par des années de pratique et une tête bien faite se nourrissant de lectures et d’expériences multi-disciplinaires.
Sa rencontre avec Julien Derouault va être déterminante. Dans leur relation fusionnelle, ils trouvent la force de s’émanciper d’un système où ils s’asphyxiaient pour partir dans la véritable aventure de la création d’une compagnie privée et se donner les moyens de vivre leurs rêves communs.
Au passage, notons quand même qu’à l’heure où nombreux artistes n’aspirent qu’au confort d’une institution, eux vont s’en affranchir pour plonger dans l’inconnu. C’est tout à leur honneur que d’accepter de revenir aux sources, Molière d’un théâtre de la danse itinérant, se construisant au fil des projets et des représentations, dans la complexité d’une période loin de l’âge d’or de la culture des années 80, affrontant la violence d’une crise économique, morale et esthétique tout en continuant un combat pour offrir du rêve à un public qui en a bien besoin !

De ce point de vue, leur dernière création ambitieuse, Lorenzaccio, est un véritable bijou, une pièce de danseurs/comédiens, ou les comédiens dansent, où les danseurs jouent et où la scénographie signée de Daniel Mesguich, de Julien Derouault et de la Pietra fait merveille pour reculer les limites et dissoudre les frontières entre les arts vivants !
Sur le parvis du château de Grignan, devant un parterre de plus de 800 personnes, chaque soir pendant plus d’un mois et demi (45 représentations à guichets fermés !), ils vont livrer une véritable performance physique se terminant par une standing ovation rituelle. Julien Derouault porte sur ses épaules un Lorenzaccio déchirant, magnifique, explorant de la voix toutes les gammes d’un texte d’une richesse infinie. Entre la politique et la religion, le pouvoir à prendre et la vie à perdre !
Il est entouré d’une troupe incroyable dans sa diversité et sa qualité ou Alexandre de Médicis, interprété par le magnétique Abdel Rahym Madi joue avec le destin des autres, Simon Dusigne en Cardinal Cibo, cape rouge sur un overbooard, se glisse entre les danseurs comédiens en déclamant son texte, Louise Strozzi en jeune fille évanescente, et tous les autres (11 artistes sur la scène) vont éblouir devant un château transfiguré par les effets spéciaux des lasers et des lumières qui découpent l’espace.
La touche Mesguich, le talent de Derouault, l’esthétique de Pietragalla vont transformer en triomphe leur création.

Et si vous en avez l’occasion, allez voir cette pièce qui  partira sur les routes de France à l’automne prochain et finira bien par atterrir sur la capitale !
Merci à Marie-Claude Pietragalla, à Daniel Mesguich, à Julien Derouault… et à leur administratrice, la compétente et pétulante Aurélie Walfisz qui gère avec tant d’allant et d’énergie, l’administration de la compagnie Théâtre du corps Pietragalla-Derouault.

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Riccardo Caramella : Tirer sur le Pianiste !

Publié le par Bernard Oheix

Riccardo est mon ami. On a réalisé plusieurs opérations ensemble, et quelques moments merveilleux sont toujours dans ma mémoire et dans celle des nombreux présents. La musique, les images et son humour ont fait fureur dans les programmations des "Saisons de Cannes" que je produisais. Le voilà reparti donc pour un nouvel opus, le samedi 7 octobre 2017 à 20h en la salle de La Licorne à La Bocca qu'il affectionne particulièrement. Et ce bien naturellement pour une cause humanitaire et sans percevoir le moindre cachet.

Il m'a demandé de présenter sa soirée et de lui écrire un mot pour le programme. Je l'ai fait avec plaisir car dans ce volume 2 de musique et cinéma, il y aura tout ce que j'aime dans le spectacle vivant.

Alors, à vos calendriers, cochez ce samedi 7 comme une date où l'on ne peut que répondre présent à la fois comme spectateur et à la fois pour soutenir la cause de ces enfants malades qu'il soutient avec passion. 

Voici donc le texte que son talent et notre amitié m'ont inspiré ! 

50 ans que ces doigts effleurent, caressent et se martyrisent sur les claviers des scènes du monde. Après plus de 2000 concerts, bien sûr, Riccardo, mon ami est à la retraite, choix assumé de ne plus avoir à courir les salles de tous les pays pour choisir son destin, volonté de « sortir » d’un jeu qui l’a vu triompher de tous les pièges d’une carrière en assumant le travail acharné indispensable à la maitrise de ce piano qui fut son univers exclusif pendant des décennies.
Mais avec le temps, Riccardo Caramella fait comme le bon vin italien, il se bonifie, trouve des arômes nouveaux et se forge une identité en marge des canons du grand art classique.
Passionné de cinéma, de ces musiques qui le touchent, lui, homme de sons sensibles aux images, il s’est lancé dans la cause d’une exposition de ces partitions qui n’existent que par le nom d’un réalisateur, par une séquence mémorielle, noyées dans un film dont elles n’émergent qu’avec parcimonie.
Dans ce spectacle, elles seront à l’honneur, ces bandes sons dont on ne connait que si rarement l’auteur, qui peuvent passer du classique au jazz, s’égrener sur quelques notes incertaines ou s’envoler sur des partitions connues. Elles renvoient à des scènes que l’on retrouve alors avec ferveur, enfouies dans notre mémoire, cachées dans notre histoire. Et c’est bien l’image qui viendra alors se mettre à leur service pour les honorer et les sublimer.
Aidé de sa faconde, jonglant autant avec les mots qu’avec les notes, en support d’extraits de films qu’il a sélectionnés, Riccardo va jouer à l’homme orchestre, faire une polyphonie des sens et nous prendre par la main pour dériver dans une histoire musicale du 7ème art pleine d’anecdotes et d’émotions.
Et puis, si vous n’aimez pas, vous pourrez toujours, à l’inverse de François Truffaut, "-Tirer sur le pianiste."

Bernard Oheix

 

J'avais déjà présenté son spectacle pour Cinéma et Musique volume 1... Je serai donc là pour le volume 2... en attendant la suite !

J'avais déjà présenté son spectacle pour Cinéma et Musique volume 1... Je serai donc là pour le volume 2... en attendant la suite !

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Luc Besson et Thierry De Peretti

Publié le par Bernard Oheix

On sait que Luc Besson n’est pas toujours en odeur de sainteté auprès des critiques. Certains ont encore en mémoire l’accueil houleux au Palais des Festivals de Cannes du Grand Bleu, sifflé et hué en séance de presse alors qu’il allait devenir culte chez toute une génération. Et chacun de ses films en tant que réalisateur provoque bien souvent une moue pincée chez ceux qui sont en charge de donner le tempo de la critique cinématographique. 
Et ne parlons pas de son activité de producteur où ses films cassent la baraque du box office en étant dédaignés par tout le gotha du cinéma (Taxi, Taken)… Et si l’on rajoute derrière cela, le lobbyiste du cinéma Français, l’homme entrepreneur des studios de Seine St Denis et celui qui fraye avec certains « politiques » honnis, alors on a un tableau réaliste de ce qu’il doit endurer à la lecture de certains articles.
Pourtant, un homme qui a réalisé Leon, Nikita, Subway, Le 5ème élément et tant d’autres films ne peut pas être entièrement mauvais ! Un seul de ses films suffirait à ennoblir bien des cinématographies de gens encensés par les critiques mais que le public ignore.
Luc Besson est ainsi, un objet de polémiques, mais avant tout c’est un faiseur de rêves, un bâtisseur du cinéma, qu’on le veuille ou non !
Et Valérian est bien là pour prouver qu’il n’a rien perdu de son magnétisme, de sa capacité à faire rêver et à nous entrainer dans des mondes imaginaires avec le regard d’un enfant émerveillé.
Je suis fan, non de la BD que je ne connaissais que très peu, mais de ce film qui, à la croisée des chemins, entre la saga de la «Guerre des étoiles » et l’odyssée écologique d’ « Avatar » nous offre la possibilité de plonger là où tout est possible, même la victoire des gentils et l’amour entre les peuples.
Que Luc Besson ait misé gros en produisant ce film est une évidence tant la richesse de l’image, des effets spéciaux et la qualité de la production en impose. Il serait anormal qu’un homme qui donne tant au cinéma Français soit brisé alors même qu’il prouve que rien n’est impossible, même l ‘incroyable. Au delà de tout, si vous aimez le cinéma, alors, plongez dans le 3ème millénaire d’un futur possible, là où Valérian et Besson nous permettent de redevenir les enfants éblouis de merveilleux que chaque adulte reste quand l’image nous transporte !
Alors pourquoi tant de haine ?
Allez, il n’y a pas de mal à se faire du bien, courrez voir Valérian et prenez tout le plaisir qu’il vous offre comme un moment rare de tendresse d’un ami qui vous veut du bien !


Il y avait gros à parier qu’un corse s’attaquant à l’histoire tourmentée de la Corse allait souffrir les mille tourments d’un déchirement intérieur. Comment se confronter à la genèse du « nationalisme », à la haine du « colon Français », à l’incroyable déliquescence d’une jeunesse captivée par les idéaux d’une Corse indépendante et à la gangrène de la collusion entre les revendications nationalistes et les intérêts maffieux ?
C’est tout le talent du réalisateur après Les apaches que de produire ce film en évitant le « folklore » corse qui ne demandait qu’à surgir. Une vie violente plonge dans l'histoire de la radicalisation d’une jeunesse en prison, de la raison d’état d’un mouvement qui se divise au nom d’intérêts égoïstes, du culte du chef et des agissements troubles d’une caste politique sur un vernis de fascination pour la violence et les armes de la société Corse.
Le film progresse ainsi, authentique analyse subtile, sans forcer le trait, cheminement vers une radicalisation où la vie devient un enjeu sans importance, comme si la mécanique des éléments ne pouvait que déchaîner les forces obscures qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Jeunesse perdue, comme actuellement celle qui se radicalise pour une cause au nom d’Allah, d’une suprématie d’une race ou autres raisons où la sauvagerie des idéaux balaye l’humanité de chacun !
Film témoignage sur une période que j’ai vécue, où les « nuits bleues » rythmaient mon sommeil, où les tensions se ressentaient dans la vie quotidienne, ou d’accueillante et hospitalière, l’île s’était transformée en bastion assiégé par les peurs et l’angoisse.
Ce sont deux Films émouvants et forts, noblesse du cinéma à la Française, capable de lire une histoire encore présente avec la précision chirurgicale d’un observateur attentif, ou de se projeter dans l’imaginaire de mondes merveilleux qui ne demandent qu’à nous faire rêver !
Allez, vive le cinéma Français et ceux qui le font, et courrez voir ces deux réalisations, vous ne le regretterez pas !

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Montreal s'amuse, Montreal s'éclate

Publié le par Bernard Oheix

Il  ne m’a jamais été facile de me rendre à Montréal. Une malédiction, sans aucun doute, celle d’un karma où j’ai dû écraser un orignal avec mon «char» dans une vie précédente. Il y a deux ans, un «tour de reins» m’avait bloqué la veille du départ ! L’an dernier après une «escale technique» impromptue à Munich, une correspondance ratée à Dusseldorf, un  saut de puce à Bruxelles, j’avais mis 38 heures pour arriver au Mondial des Jeux. Cette année, avant partir le vendredi 21, je me suis soigneusement préparé à affronter les aléas du direct. J’avais bien raison ! Défaut d’AVE, un nouveau «visa» obligatoire pour nous rendre chez nos cousins, sorti du chapeau comme par un coup de baguette magique. 3 voyageurs esseulés (dont moi !) virent, au pied de la passerelle, l’avion décoller sous leurs yeux, emportant leurs rêves d’une poutine bien grasse à l’arrivée. C’est donc le dimanche matin, après avoir pris un nouveau billet, que je me suis re-pointé à l’aéroport de Nice, confiant, le fameux AVE en poche ! Las, une alerte au colis abandonné fit fermer l’aérogare, les démineurs débarquant pendant que je regardais l’heure tourner, n’ayant que 50mn pour changer à Zurich de terminal. Miracolo... L’avion de Montréal ayant un retard, j’ai dû être un des derniers à monter dans la carlingue, m’asseoir, et attendre gentiment que l’hôtesse (au demeurant charmante) vienne renverser sur mes bijoux de famille (les gosses en Québecois !), un café bien brûlant qui me fit hurler comme un cochon que l’on ébouillante. J’envisage du coup de devenir végétarien ! Mais bon, à la guerre des jeux comme à la guerre, je suis à Montréal et le monde à les yeux fixés sur ce Mondial des Jeux où je souffre avec constance en marchant les jambes quelques peu écartées par une cicatrisation bien trop lente de mes tissus intimes carbonisés.

Et disons-le tout de suite, en cette année 2017, enfin, la magie opère. Depuis 2012, Gilbert Rozon, le boss charismatique de Juste Pour Rire et inamovible jury de «La France a un incroyable talent», m’avait confié la mission de mettre sur pied un Mondial des Jeux s’inspirant du Festival des Jeux de Cannes sur la période juillet du Festival. L’histoire a balbutié, les éditions se sont enchaînées, avec leurs joies et l’immense difficulté de créer un évènement dans un pays hors norme, où tout est grand, immense, et où l’entreprenariat s’apparente aussi à une jungle où tous les coups sont permis.

C’est aussi l’histoire de belles rencontres. Stephane Yannako pour la première édition cataclysmique, un homme adorable et plein d’énergie, un grand enfant attaché à bien faire, mais démuni devant la machine impitoyable de JPR. Puis il y eut Arman Afkhami, un jeune producteur de talent, bourré d’idées et de passion qui vola en éclat sur les réalités d’un Mondial impossible, mais retomba sur ses jambes dans la machine «commandite» de JPR. L’an dernier, en 2016, c’est Guillaume Degré-Timmons, un jeune et talentueux producteur qui s’y attela pour faire le sale boulot avec Julien Vaillancourt-Laliberté comme administrateur (quels noms quand même !). Remettre les finances à plat et repartir d’un bon pied. Ils réussirent leur pari et livrèrent enfin une édition «rentable» même si cela avait du passer par un certain appauvrissement du contenu du projet. Depuis, il a crée sa société, jeune entrepreneur symbole de ce Québec où tant de choses sont possibles et est devenu un partenaire indispensable du Mondial des Jeux. Pendant ce temps, du haut de ces buildings futuristes de la Place des Arts de Montréal, des siècles de jeux me contemplaient en rigolant !

Et Patrick Rozon, (dans la famille Rozon, je voudrai le neveu !) arriva enfin. C’est Gilbert, qui profitant du travail remarquable qu’il avait mené sur Zoofest (un festival de jeunes atypiques, prises de risque maximum pour évènements coups de coeur) lui confia les rênes du MDJ. En France, en cette période troublée d’élection Jupitérienne, cela aurait pu s’apparenter à du népotisme, style job d’assistant parlementaire pour enfant de député !

Quelques skype en automne, des notes échangées et le «mentor» que je tentais d’être depuis 4 ans, vit débarquer en février à Cannes pour le Festival des Jeux, un grand olibrius, le verbe haut, Québecois jusqu’au bout des ongles, faconde et belle humeur, brassant l’air et le rire en panache. Mais derrière cette attitude, il y a avant tout, un homme qui comprend vite, manager d’équipe, intelligent, finaud, vrai et talentueux successeur d’un Gilbert aspiré par les planches et une carrière (brillante disons-le !) d’acteur de one man show ! Et le couple (non sexué) Patrick/Bernard se mit à fonctionner pour le plus grand bonheur des finances de Juste pour Rire et des joueurs alléchés par ce ramage et ce plumage d’un tandem qui tirait une édition 2017 enfin à la hauteur des enjeux du jeu ! La rue en folie, un travail spécifique avec les séniors, un concept jeu/humour adapté à des tournois, une grande  veillée des «Loups garous de Thiercelieux» avec Philippe Des Pallières et Hervé Marly, les auteurs de ce jeu mythique, une panoplie de tournois nouveaux genres, l’Espace créateur Loto-Québec..., une dynamique réelle comme un foisonnement pas toujours controlé mais tellement porteur et efficace !

Avouons-le, ce ne serait pas le Mondial des Jeux du 375ème  anniversaire de Montréal à la hauteur de mes engagements lointains (le meilleur du monde !). Ce n’est pas le plus grand festival de tous les temps, mais les ingrédients sont enfin réunis pour que le bébé jeu de Montréal grandisse et s’épanouisse vers une adolescence heureuse. Encore un petit effort, une équipe un peu plus solide à structurer, une intégration des acteurs locaux du jeu plus poussée et je prends date pour l’avenir : le Mondial des Jeux sera le plus grand évènement ludique du continent de Donald Trump et la destination d’été incontournable de ceux qui aiment jouer sans contrainte.

Alors oui ! Merci à Gilbert Rozon d’avoir cru en ce Festival. Je me souviens de sa tête quand il avait découvert la salle du Palais des Festivals de Cannes avec 1000 scrabbleurs. J’ai encore au fond de la gorge, le jour de notre rencontre en un mois de février du siècle dernier à la bourse Rideau, le gout âcre de quelques rasades d’un breuvage indéfinissable ingérées dans une corne de buffle au carnaval de Québec, par moins 30° devant des traineaux surchargés de jeunes filles dénudées dérapant dans la neige et une fanfare jouant de la trompette avec des moufles ! J’ai encore en moi sa déception des années précédentes devant les difficultés à créer ce Festival des Jeux. Tu ne l’as pas encore tout à fait ton Festival, mon Gilbert... mais Patrick Rozon, Julien, son équipe, Guillaume et Tim:Tom, Anthony et le Valet de Coeur, Shady, Simon et tous les autres sont bien présents pour que, dans un avenir proche, tu puisses contempler ton oeuvre et dire tout haut, le bien que tu penses tout bas de nos efforts ! Allez, Gilbert, encore un effort pour être révolutionnaire et on l’aura notre MDJ à faire pâlir tous les pisses froids qui ne croyaient pas en notre rêve !

Et bien sûr, Montréal c’est aussi la ville des festivals et des spectacles dans un foisonnement incroyable. Et de ce point de vue, on a été gâté. Un surprenant Rêveurs Définitifs avec Eric Antoine à la baguette envoutant à souhait qui fera fureur dans les tournées en Europe, un Joel Legendre attachant dans un parcours de  vie ou même un Français peut entrer en résonance avec son univers de star cathodique, des one man shows, des défilés, de l’humour, de la passion et des rues où tout le monde joue à se faire plaisir... Et elle est pas belle la vie ?

PS : Quand à moi, si d’aventure ils souhaitent me garder quelque temps encore, c’est en bateau que je viendrai l’an prochain...

La rue en folie ! Montréal joue à être heureuse !

La rue en folie ! Montréal joue à être heureuse !

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Eloge des enseignants. In mémoriam Max Gallo, mon Prof !

Publié le par Bernard Oheix

C’est la série en cours de ce blog... un départ à la retraite, un décès, un hommage à des profs disparus... Le prix d’un certain âge, il fait nul doute ! Dans notre scolarité, nous avons tous rencontré des enseignants qui nous ont particulièrement marqués. Moi, j’en ai eu 5 en 20 ans qui m’ont façonné ! 5 soleils déterminants qui m’ont, sans aucun doute, sauvé la vie, permis d’être ce que je pouvais devenir, d’éviter de plonger dans les eaux noires du désespoir où l’anonymat des sans espoirs.

Le premier est un instituteur à l’ancienne, monsieur Legal qui a convaincu mes parents de ne pas m’aiguiller vers le  «certificat de fin d’études» malgré des résultats scolaires catastrophiques en CM2. Il faut dire que j’étais traité par un psychiatre/boucher comme para-épileptique à coup de médicaments à assommer un boeuf (trimétadione/ Phénobarbital...12 pilules quotidienne) et que ce barbare héritier de la tradition d’une psychiatrie américaine toute neuve (celle de Vol au dessus d’un nid de coucou ou de Shok Corridor) avait annoncé à mes parents que je ne ferai jamais d’études. Je me souviens en contrepoint, encore aujourd’hui de la voix de Monsieur Legal tentant de convaincre mes parents «-il faut lui donner sa chance, comme à ses frères. Il a quelques petits problèmes mais laissez le aller en 6ème tenter le coup. Il va murir, les enfants ne vont pas tous à la même vitesse.» Et c’est peut-être pour le remercier, ce directeur de l’école communale de Mouans-Sartoux à l’ancienne, vêtu de sa blouse grise, avec ses marques de craie blanche sur les doigts que je me suis acharné à ne pas le trahir et à finir mes études avec 2 licences, 2 maitrises et un DEA !

Et puis, en 1964/1965, il y a eu Dédé Aschiéri, au collège de La Bocca en 4ème et 3ème. Un jeune prof de math représentant l’avenir de ce mai 68 qui s’annonçait à l’horizon. Beau, intelligent, ouvert, parlant aux élèves, construisant des projets avec eux. La modernité en marche. Il me fit basculer dans le handball (j’étais un piètre footballeur !) dont il était l’entraineur, m’initia à la philosophie de la vie, me prépara à devenir un homme...même s’il me fit croire faussement que j’étais aussi un «scientifique» et que je pouvais viser la filière «S», son seul tort à mes yeux ! Merci Dédé de m’avoir lancé sur les chemins de la vie. Il faut dire qu’entre temps, j’avais expédié le boucher/psychiatre dans les limbes grâce à une psychologue révolutionnaire de Cannes (Mademoiselle Quertant) et que j’arrivais enfin, libéré de mes médications à être un peu moi-même ! Toi, tu allais devenir le maire inamovible de Mouans-Sartoux (plus de 40 ans sans opposition !) et même un député écolo extraterrestre dans un territoire du Sud plus à l’extrême droite que la moyenne !

En terminale au lycée Carnot de Cannes, c’est un prof de philosophie qui me permit de comprendre et de digérer les soubresauts d’un mois de mai 68 pas ordinaire vécu l’année auparavant en première.  Je me souviens de son premier cours. «-Voilà, je suis votre professeur de philosophie, je m’appelle monsieur Blanche et comme vous le voyez, je suis noir. Bien, vous avez 5 mn pour en rire et après, on en reparlera plus !». Et toute l’année, chaque cours devint une aventure intense, un moment de réflexion profonde et un moment d’apprentissage, de jongleries intellectuelles, de découvertes de ce qui sous-tend le réel et ne se voit pas toujours mais qu’il est indispensable d’explorer. Merci Monsieur Blanche, colosse sur votre vélo sillonnant les routes de la région  qui avez marqué tant d’élèves de votre sceau, de m’avoir fait entrer dans l’âge des idées à défaire et des constructions intellectuelles à élaborer.

Et il m’en reste deux pour le final, l’université de Nice où j’ai passé 10 années de bonheur. Deux professeurs jeunes, héritiers de  cette tradition française des lettres mais en phase avec un présent complexe où les professeurs se devaient de muter et où les étudiants se cherchaient une nouvelle place.

L’un est toujours mon ami, Jean A Gili, professeur de cinéma, section licence d’histoire. Il fut mon directeur de mémoire de Maitrise (mention Bien) «L’ambiguïté et l’incertitude en miroir» sur Bernardo Bertolucci, dont une grande partie fut édité dans un collectif de la collection 7ème art, sous sa direction. Il est le grand spécialiste du Cinéma Italien (Ah ! La richesse de ce cinéma dans les années 60 et 70 !) et nous sommes restés amis, à travers toutes ces années. Il m’avait fait l’honneur d’être invité d’honneur de mon jury de la pyrotechnie il y a une dizaine d’années. On s’est encore revu récemment en se promettant de ne pas laisser filer le temps sans se retrouver régulièrement. Merci Jean, de m’avoir pris sous ton aile et d’avoir sublimé mon amour du 7ème art.

L’autre s’appelait Max Gallo est vient de disparaitre. Imaginez le bonheur d’avoir Gili et Gallo en même temps en année de licence... auxquels on pourrait même rajouter Christian Loubet pour l’étude des civilisations disparues Maya et Aztèque. Période fertile s’il en fut. Dans une France en effervescence, deux lumières pour nous guider, nous éclairer et nous transmettre l’amour de la réflexion, du savoir, de l’interrogation. Il venait de publier son double livre sur le Franquisme et son opus sur Mussolini, se faisant de nombreux jaloux dans le monde universitaire où son succès public faisait bien des envieux. Il préparait La Baie des Anges et quittera l’enseignement quelques années après avoir été mon prof. Je me souviens, le concernant, d’un exposé en binôme avec Sylvie Gros, ma complice d’enfance, sur la succession de Lénine. Trotsky/Staline, le duel... Dans un exposé enlevé, nous l’avions mimé et vécu cette Russie soviétique en train de se déchirer pour l’héritage d’un pouvoir sans partage. C’était le début des «exposés» comme méthode de fond, et nous nous étions mis en scène avec passion et je dois l’avouer, un certain panache. Max Gallo avait écouté sans broncher, les étudiants applaudirent. Et lui d’intervenir : «- Quel brillant exposé. Pour la forme c’était parfait, vivant, passionnant. Quand au fond, si vous le permettez, réduire l’opposition Staline/Trotsky a un conflit quasi oedipien me parait un peu osé ! Alors je vais quand même vous donner un 13... mais je vous en supplie, ne réduisez pas le courant de l’histoire à de la psychologie de comptoir. L’histoire c’est avant tout l’analyse des faits dans leur perspective historique, pas des suppositions aléatoires sur des états d’âmes supposés. Revenez aux faits ! Mais bravo quand même ! 13, cela vous convient ?

Comment résister à son magnétisme. J’avais même un ami étudiant en droit (Dominique Aubin) qui venait assister à ses cours par pur plaisir. C’était magique, de haute volée, un pur esprit brillant attaché à transmettre combinant la pédagogie et le lyrisme. je ne l’avais plus revu jusqu’à il y a une dizaine d’années, pour un Festival du Livres de Nice dont il était l’invité d’honneur. Académicien, ex-politicien de gauche appelant à voter pour Sarko..Image brouillée certes ! Pourtant, nous avons eu l’occasion de reparler en tête à tête et je lui avais rappelé l’anecdote de notre exposé sur la filiation de Lénine. Il avait souri et m’avait dit «- Finalement, ce 13, c’était un bon compromis entre l’histoire avec un grand H et votre propre histoire...». Respect !

Voilà donc une page de tournée, une de plus. Max Gallo, un de mes maîtres s’en est allé en champ d’ honneur. Gloire à cet esprit éclairé. Grandeur de ce corps d’enseignants qui a formé des générations d’étudiants avides de trouver des réponses à leurs interrogations. Merci à vous tous d’avoir mené votre mission avec tant de passion ! L’école de la République et l’ascenseur social, les deux mécaniques qui ont projeté ma génération vers le futur d’un monde dont nous avions rêvé... Mais où sont nos espoirs passés ?

 

En 1975, à la sortie de La Baie des Anges. Photo empruntée à Hélène Espesset, elle aussi victime du charme de Max

En 1975, à la sortie de La Baie des Anges. Photo empruntée à Hélène Espesset, elle aussi victime du charme de Max

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Oh Marie... si tu savais !

Publié le par Bernard Oheix

Voilà le texte intégral d'un discours dont je me serai bien épargné la rédaction.  il y avait cette tradition des discours de Bernard, comme un rituel marquant les évènements heureux de la vie de l'équipe de l'Evénementiel ! Aujourd'hui, c'est autre chose, l'annonce faite à Marie d'un destin brisé. Comme le temps passe et combien sont cruels ces départs qui parsèment nos routes. Moi, j'ai comme un vide que rien ne remplira. Je lui devais ce moment de sincérité et de reconnaissance, et je sais que même si vous ne la connaissez pas, vous  retrouverez à travers elle, des gens que vous aimez et que l'on a perdu.

Ciao, Marie ! A pas tout de suite, même si je t'aime !

 

Quelle étrange situation....
Je suis a des milliers de kms en plein ciel, au dessus de l'Atlantique, et ce texte c’est Sophie qui le lit... et tu ne l’as même pas corrigé ! 
Quoique, je t’imagine, par delà les cieux, en train de scruter chaque ponctuation, le moindre accord, les tirets et pointillés, qu’est ce que tu as pu me morigéner avec ton exigence et ton souci de la perfection !!!!!
Tu me relançais à chaque fois... Bernard, c’est les 30 ans de Nytia..., Bernard c’est les 40 ans  de Sophie... Elles y sont toutes et tous passées grâce à toi dans ces discours que tu m’obligeais (avec mon consentement ) à pondre comme un rituel que tu maintenais contre vents et marées. Nadine, Cynthia, Florence, Eurielle, Jean-Marc, Hervé... Toute ta famille de l’Evènementiel que tu t’étais forgée avec patience et constance. Et puis tu me relançais régulièrement, pour les départs à la retraite, les naissances... mais là, tu ne m’a rien demandé pour ton départ définitif, et c’est le coeur gros que je fais ce discours, même si je sais, que croyante, tu as automatiquement gagné le droit de reposer sur ton petit nuage, dans un paradis qui t’a fuit sur cette terre.

Disons-le tout net. Je vais tenter d’être le plus sincère possible, tu ne mérites plus les à peu près. A l’évidence, je pense n’avoir jamais rencontré quelqu’un d’aussi peu taillé pour le mal que Marie Antoinette Pett. Il n’y avait rien de retord ni de tordu chez toi, juste une nature un peu réservée, la solitude en partage, car tu préférais être seule que mal accompagnée, des rêves simples d’une femme que la vie n’a pas toujours gâté. Non que tu étais malheureuse, loin s’en faut, juste parfois un peu à l’étroit dans ce monde imparfait.

Comment ne pas raconter ton arrivée dans notre équipe qui allait devenir ta vraie famille. Tu étais assise discrètement sur un petit bureau à côté de Monique et de Patricia, au siècle dernier, Michel Mouillot venait de créer la Semec, je m’en retrouvais le Directeur de l’Evènementiel  après quelques péripéties cocasses, et une Directrice Générale de l’époque m’annonce que tu intègres mon équipe comme secrétaire. Sans ménagement, sans préparation, sans me demander mon avis ! Moi qui détestais qu’on m’impose quelque chose !
Et disons-le, ce ne fut pas facile au début. Tout nous opposait. Tu venais d’un monde d’avocats, tu ne connaissais rien à notre milieu de la culture, tu étais réservée, on était extravertis, tu n’avais que la rigueur comme crédo et nous étions enthousiastes et bordéliques. Le choc d’une rencontre improbable.
Mais nous avons tous gagné d’apprendre à nous aimer. Je me souviens d’une période tendue ou tu cherchais ta place et d’un rendez-vous où tu m’avais posé la question.
«-Bernard, est-ce que vraiment tu veux de moi dans ton équipe ?»... Et dans ta sincérité il y avait la réponse. «-Oui, Marie, on va faire un bout de chemin ensemble»
Et ce bout de chemin, il a duré plus de 20 ans, une vie dans une vie.
Tu as pris tes marques, tu es devenue ma conscience, mon planning vivant, Tu m’a appris la rigueur et m’a confié des outils indispensables pour survivre dans ce Palais des Festivals de tous les dangers et de toutes les passions jusqu’à en devenir l’âme battante, un pilier incontournable.
Et ce n’est pas toutes ces stagiaires que tu maternais qui pourront dire le contraire. Tu les aidais à prendre leur marque au milieu des olibrius que nous apparaissions à leurs yeux. Tu les accueillais avec gentillesse, leur donnais des conseils et nombre  d’entres elles t’en resteront éternellement fidèles. 
Et puis je vais le confesser... chaque fois qu’il y avait un sale boulot à faire, c’est à toi que je le refilais. La gestion des bons de commandes, le stock de matériel, les comptes rendus des réunions... c’était pour toi... même si tu bougonnais, et dieu sait que cela nous a servi pour affirmer notre originalité mais aussi notre crédibilité auprès des instances supérieures dans un Palais qui ne comprenait pas toujours la logique de la culture et de l’animation que nous portions dans une structure obnubilée par les congrès et le Festival du Film.
Si nous avons gagné quelques parts de liberté, c’est aussi à ta rigueur que nous le devons.

Mais je ne voudrais pas, à travers ce dernier discours que tu apparaisses comme la cerbère de service. Je me souviens aussi d’une Marie en train de recoudre le bouton de ma braguette en rigolant pendant que je dansais en slip sur son bureau... Je me souviens d’une Marie en train de passer sous mon bureau pour ramasser un document dans l’hilarité générale. J’ai encore une Marie un peu pompette après deux verres de champagne en train de sortir une vanne qui nous faisait tordre de rire. Tu étais aussi un versant ensoleillé de notre passion.

Et puis tu avais des amies. Pas nombreuses certes, mais si fidèles, si attachées à toi, que fatalement, tu portais une lumière intérieure et qu’il fallait te connaitre pour en saisir toute la richesse.

Fidélité et discrétion. Comme une image un peu sépia de cette France dans laquelle tu avais grandie sans en comprendre totalement les mutations. 
Nous savons après tant d’années en commun, si peu de choses sur toi. C’est parce que tu le voulais, ton jardin secret comme si tu avais décidé de ne laisser paraître que ce que tu voulais montrer.
Et c’est ainsi que nous t’avons aimée. Et que nous continuerons à t’aimer jusqu’à aller un jour te rejoindre pour reprendre le fil d’une amitié qui ne s’est jamais rompue.
Marie, si tu savais...
Mais Marie, tu sais qu’une bande qui a désormais un peu vieillie est avec toi pour se souvenir des jours heureux.
Avec toi, ce n’est pas la quantité qui importait, mais la qualité et si tu entends notre peine, alors tu sais que tu n’as pas vécue pour rien, bien au contraire. C’est un peu de nous que tu emportes avec toi. Nous savons que tu réglais toujours tes comptes. Tu nous rendras notre amour en nous préparant à ce que nous vivrons tous un jour... Un départ définitif pour venir te rejoindre.
Marie, on t’aime.

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Un discours pour une retraite : Jean Claude Gayet !

Publié le par Bernard Oheix


Cher Jean-Claude, 


Il faut que je te le dise mais ton départ à la retraite est une excellente nouvelle… surtout pour la MJC ! En effet à force d’être dans une Maison des Jeunes, tu commençais à faire tâche dans le tableau. Effectivement, vu que vers la fin de ta carrière tu avais l’âge moyen d’au moins 3 adhérents, tes conseils prenaient de plus en plus l’aspect de ceux du vieux sage pontifiant qui a tout vu, tout entendu et à qui on ne le fait plus !
Et cela, c’est impossible !
Le principe même de la jeunesse, c’est de rêver l’impossible, d’affronter l’improbable, d’imaginer l’incroyable et comme tu as connu tous les cas de figure possible, qu’à chaque fois tu pouvais rétorquer qu’au siècle dernier, on l’avait déjà fait -(avec l’ancien directeur Bernard Oheix, par exemple !)- tu commençais à sérieusement bassiner tes jeunes adhérents et être en décalage avec leurs aspirations.
Et puis ton salaire avec l’ancienneté s’accumulant commençait sérieusement à gréver les comptes de la MJC. Le prochain embauché coutera au moins la moitié de ce que tu percevais et le trésorier s’en frise les moustaches par avance !

Disons-le, quand moi, jeune et dynamique directeur issu de la formation je suis nommé à ce poste qui était le plus au Sud disponible, j’arrive dans une belle ville de Bourg en Bresse où il y a encore des maquignons qui soupèsent toujours le pis des vaches sur le champ de foire enveloppés dans des capes noires du plus bel effet. Robin des Bois est à la mairie et attend l’élection d’un président de la république socialiste, l’église de Brou à survécu aux guerres et n’est pas encore le monument préféré des Français qui s’égarent dans la Bresse… mais toi, tu es déjà là. Bon c’est vrai que tu étais tout jeune, un ancien militant des MJC que mes prédécesseurs avaient embauché et dont j’héritais par la force des choses. 

Tu avais une belle dégaine, des yeux clairs, des cheveux coupés courts, un éternel sourire narquois te barrant le visage dont on se demandait parfois s’il n’était pas, quand même, une marque d’irrespect. Mais de travailler avec toi allait vite prouver le contraire. 

Avec quelques autres « jeunes » qui entrèrent en force par la fenêtre, (je ne citerai pas les noms car certains n’ont pas encore fait leur pot de retraite), tu as amené un souffle flamboyant. Je me rappelle de ta tête quand à la Nuit de l’Horreur tu as dû tapisser tous les murs de l’entrée de papier crépon noir avec mamie Ophélie ou que l’on a découpé une porte pendant la projection de Massacre à la Tronçonneuse avec une scie électrique dans les hurlements du public, toi qui était responsable de la sécurité ! Où quand tu m’harnachais avec une corde de pendu pour présenter la soirée et que j’espérais que tu ne te tromperais pas : je voulais survivre à tes noeuds !
Ta tête aussi lors du combat à coup de révolvers de la Nuit du Polar sous la neige dans le patio de la mère Touton, notre présidente dont le grand âge n’avait que sa jeunesse d’esprit pour compenser sa passion de la vie !
Tu as été de tous les coups, jamais le dernier à proposer un plan tordu, un effet de plus… même si tu savais que c’est toi qui allait devoir écoper pour tout remettre en état dans les locaux.

C’est vrai qu’on a fait une belle équipe… mais c’était il y a près de 40 années, je te le rappelle.
Sais-tu que depuis, la situation a quelque peu évolué. Il y a eu Internet, Face Book, la fin des cassettes vidéos et l’agonie des CD, la disparition des walkman, Sarkosy et Hollande… il était temps que tu te remettes en « marche » pour voguer vers des horizons nouveaux, que tu jettes aux orties tes conseils frelatés de vieux sage et que tu affirmes enfin que tu es un artiste, un potier de talent, un créateur de formes nouvelles.

Tu vas t’apercevoir que ce n’est pas une punition de faire partie du 3ème âge… surtout au début d’ailleurs ! Des projets, des voyages, ton art vont remplir pleinement ton quotidien. Se lever une demi heure après que le réveil sonne, ne plus avoir à supporter Pascal ou Chantal, veiller le soir devant un bon film pas forcément cochon, entrer dans la MJC sans avoir a s’essuyer les pieds, tu verras, cela a son charme !

Mais si tu veux un conseil de vieux con, profite vite, car le stade d’après, c’est rhumatisme, arthrose et diète le samedi soir pour cause de sucre dans le sang ! mais cela est une autre histoire.

Avec Thérèse et les enfants, tu fais partie de notre vie, de ces années de jeunesse bressane que nous avons adorées. Tu restes à jamais un ami fidèle et je suis même prêt à « retchatcher » avec toi, quand tu veux, où tu veux.

Bonne retraite à notre ami Bressan et vive les vacances.
Et surtout, continue à poteler la matière inerte et à créer ces formes élégantes dans la terre que tu aime tant et qui nous enchantent.  

Vive Jean Claude Gayet, Vive la MJC de Bourg en Bresse et Vive la France !

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