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Valparaiso... La ville folle !

Publié le par Bernard Oheix

C’est en visitant le Centre des Arts d’Alejandro Para sur la voie Bernardo O’Higgins que nous sommes tombés sur un tract appelant à soutenir la campagne présidentielle de Michelle Bachelet. Un dernier meeting en forme de fête, avec tous les artistes chiliens, dont les Isabel et Angel Parra et les Inti illimani «historiques» mais aussi une pléiade de nouveaux. L’occasion était trop belle !

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans le Parque Quinta au milieu de dizaines de milliers de personnes euphoriques, drapeaux rouges avec faucilles et marteaux, Allende et le Che au vent, en train de chanter et de danser pour soutenir celle qui a réuni tous l’arc de la gauche et des démocrates et semble assurée d’une victoire dès le premier tour !

Elle est dynamique la Michelle ! Elle danse sur DJ Mendes, chaloupe sur scène, les groupes s’enchaînent et c’est bien une grande fête populaire à laquelle nous participons !

Si elle devient présidente du Chili, nous pourrons dire «-j’y étais !»

Deux heures de bus (seulement !) pour arriver à Valparaiso la rebelle, la ville atypique du Chili. Et là, le choc ! Cette ville a été conçue par un démiurge ivre, un jour de libations forcées et les humains sont certainement condamnés à y vivre afin d’y expier ses fautes !

Imaginez des collines qui enserrent une baie immense de l’Océan Pacifique pour grimper par étages vers les sommets. Au loin, les crêtes enneigées des Andes. Des entassements de ruelles incompréhensibles avec des maisons mélangeant allègrement tous les styles, recouvertes de tôles ou de bois de toutes les couleurs, des plus vives à celle gangrenées par la rouille ou la lèpre. Accrochées aux flancs de pentes invraisemblables, accessibles par des escaliers pentus perdus dans un amas de constructions bricolées, suspendues par des entrecroisements ou des piliers de fer comme en équilibre au dessus du vide. Ces maisons ne semblent pas faites pour durer, on imagine les orages violents, la boue qui ruisselle, les convulsions de la terre volcanique... Certains quartiers ressemblent plus à des favellas où vivre semble une épreuve, d’autres à des cités branchées pour artistes et touristes. Le tout baigne dans un air cristallin, frais et venteux. Des tags recouvrent les moindres espaces de leurs couleurs tranchantes et de leurs formes hybrides, des bus escaladent les rues en pétaradant, le bruit de la ville est assourdissant et étouffe le silence.

Toute la côte est inaccessible, fermée par des barrières métalliques, quelques «tankers» attendent dans la baie d’être déchargés sur les quais et les bras de grues se déploient pour fermer l’horizon.

La ville est sale, bruyante, se convulse en permanence et bizarrement, nous ne pouvons trancher entre la passion et la haine, entre l’amour et la colère ! Fascinante, incontrôlable, irritante, elle s’impose comme incontournable, grandiose, incompréhensible !

Valparaiso, si loin de l’image formatée, des chansons de ports et des «gestes» d’antan, d’une imagerie romantique.

Y vivre doit être épouvantablement éprouvant, y passer, terriblement surprenant et un peu envoutant !

Quand à ma soupe de crabes... J’ai eu droit à toutes les variantes de la soupe à la gingembre au gratin de fruits de mer... mais toujours pas de cette bonne soupe de crabes comme j’en rêvais ! Peut-être faut-il se réveiller ? Valparaiso n’ouvre plus ses portes sur l’inconnu, elle renvoie juste vers un ailleurs incompréhensible où l’homme reste cet être en train de se battre pour exister, survivre et trouver un peu de bonheur !

La nuit, sur un des balcons du «Cerro Conception», nous regardons les lumières éclairer de mille étoiles, les collines qui grimpent vers le bleu sombre du ciel. C’est une nuit de pleine lune. Le tableau est fascinant et le son assourdi d’une humanité fatiguée. C’est beau !

Adios Valparaiso ! Je ne rêverai plus de toi , désormais !

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Chili...en paro !

Publié le par Bernard Oheix

Etrange journée que celle qui nous vit partir à 9h de l’hôtel de la belle et bourgeoise Argentine Mendoza pour après quelques Kms grimper à flancs de montagne, rejoindre les neiges encore présentes du Col du Cumbre avec son Christ Redempteur, à plus de 4200m d’altitude (le col ou la route, débat en cours !), un goulet étroit serpentant entre des falaises, un rio coulant au milieu, des herbages où pâturent encore quelques animaux et où même les cactus s’éclipsent devant l’air qui se raréfie et le rocher pelé qui monte vers les cimes majestueuses.

Quelques traces d’Incas, un hôtel en sentinelle, comme s’il fallait préserver une histoire si lointaine qu’elle ne peut plus interférer avec le présent.

Arrivés à la frontière après deux heures de route, dans un indescriptible imbroglio entre l’immigration Argentine et les douanes Chiliennes, parqués dans une aire majestueuse ceinturée de sommets enneigés, baladés entre des fonctionnaires qui ouvrent les bagages, font défiler des chiens renifleurs, apposent des tampons et font s’écouler le temps comme s’il n’existait plus ! Ubu aux Andes !

Plus de deux heures à piétiner, pour finalement entamer la descente vertigineuse vers Santiago, brutalement stoppée par des travaux avec de nouveau, l’attente encore et toujours...plus de 30mn, immobilisés dans une pente rocailleuse sous le soleil, enfermés dans le bus.

La plongée enfin vers la plaine avec des chevaux qui galopent dans les près verdoyants et des vignes qui se dressent et offrent leurs grappes au soleil. Le Chili, on y est !

Finalement, vers 20h30 on voit les faubourgs glauques de la capitale se dessiner, dans une chaleur étouffante. Déambulation dans l’avenue O’Higgins (Héros du Chili !) pour trouver un havre de paix, un peu d’argent aux distributeurs (pas de problème de change, ici), beaucoup d’espoir pour la nuit qui gagne !

Les trottoirs sont bondés, des étals de rien et de tout s’étalent à même le sol, des gens qui se croisent, les cris et hurlements d’une ville furieuse, l’odeur forte, la saleté s’affiche partout...on comprendra pourquoi le lendemain !

Hôtel Império, 1 *, petit, cher et propre. On est bien loin de l’Argentine et de son accueil, de ses prix...mais chut, il ne faut surtout pas comparer les deux pays ! Même s’il faut bien attester que tout semble cher à Santiago, des prix comparables avec ceux de la Côte d’Azur, cela fait cher le café imbuvable ! Comme on le vérifiera tout de suite, même respirer coûte cher à Santiago et se compte en billet qui n’est pas de singe !

150 000 pesos chiliens à la machine pour près de 200€...et les coupures de 50 000 à 20 000 pesos qui flambent dans la nuit. Comme ces «casinos» du pauvre autour du terminal routier où des machines à sous tournent sans fin actionnées par de pauvres hères toujours à la recherche d’un Eldorado introuvable. Les conquistadors sont bien morts à Santiago de Chile !

C’est la crise ! Grève (paro) générale des fonctionnaires (d’où les amoncellements d’immondices qui trainent sur les trottoirs) et défilés permanents, bannières au vent, tambourins et trompettes. Les travaux défigurent la Place de la Moneda où le coup d’état des militaires déclencha une des plus féroce répression de l’histoire du pays ! Emotion ! Nous l’avions vécu en direct à la télévision, jeunes adultes, et de voir ces lieux sous l’angle des manifestants, cordons de gendarmes vêtus comme des «robocops» canalisant les foules, la statue en ombre de Allende sur la place, avec un défilé de soldats montés sur des chevaux...choc violent d’un pays qui tentait de se libérer pour retomber sous la botte des militaires... Habitude sur ce continent où la démocratie s’échoue bien souvent sous les souliers ferrés des soldats !

Pas de traces d’un Musée Allende annoncé mais jamais trouvé, pas de traces de Pablo Neruda, le passé gommé et la vie chère comme unique préoccupation. Les Chiliens connaissent-ils le prix de l’oubli ?

La ville est dominée par les sommets couverts de neige qui culminent à 6000 m mais la chaleur est suffocante, plus de 35°, un air âcre qui brûle la gorge et étouffe les désirs.

Nous allons marcher, suivre des voies brûlantes, traverser des places, visiter des musées, une cathédrale remplie de fidèles sur la Place des Armées, observer des ruelles superbes où le Chili d’antan s’entraperçoit dans la forme baroque, les couleurs, les encorbellements de petites maisons colorées bordant des ruelles pavées...

Mais toujours la foule, le soleil et cette impression forte d’un monde entre deux équilibres, à la veille d’élections déterminantes, une perception étrange d’insécurité même dans le sourire des Chiliens qui tentent de faire illusion devant la complexité apparente de leur situation !

Voilà, ce soir, meeting de clôture de la campagne des présidentielles de Michele Bachelet avec une foule d'artistes Chiliens (dont les Para et les Inti Illimani historiques, et demain, nous irons à Valparaiso. Peut-être que l’air du large et les mâts des voiliers dans la rade nous donneront une vision encore plus positive du Chili... Et puis, ma soupe de crabes m’attend, et celle-là, je vais la goûter comme un don de ma jeunesse et des rêves d’ailleurs qui m’emportaient vers des horizons d’aventures et de mystères !

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Parenthèse : Le culte de Gauchito Gil...

Publié le par Bernard Oheix

Tout au long de notre voyage, sur les bas-côtés des routes, on rencontre de curieux petits mausolées en toile et en planches ou flottent d’innombrables bannières rouges faseyant dans le vent. Dans toute l’Argentine, le Gauchito Gil est honoré. Religion, culte païen gauchisant, secte, saint non-reconnu par l’église... Les Argentins sont très discrets sur ce point mais à l’évidence, une foule d’adeptes viennent les entretenir, les enjoliver, faire des offrandes et se retrouvent dans ce mythe.

Gil est un espèce de Robin des Bois du XIXème siècle à la vie mouvementée, un mixte entre Arsène Lupin et le Chevalier Blanc, Don Quichotte et Zorro.

Sa vie est une légende. Il aurait déserté pour ne pas tuer ses frères dans la guerre permanente entre les libéraux (célestes) et les autonomistes (colorados). A la tête d’une bande de hors la loi, il aurait alors dépouillé les riches pour redistribuer aux pauvres. Capturé par le Colonel Salazar et condamné malgré une pétition demandant sa grâce, au moment d’être tué, il aurait promis un miracle au soldat chargé de l’exécuter : il sauverait la vie de son fils très malade s’il lui faisait une prière après sa mort. En rentrant chez lui, le sergent découvrit son fils à l’agonie et invoqua le Gauchito Gil. L’enfant guérit mystérieusement. Le sergent éleva alors le premier «mausolée» en l’honneur de Gil à l’endroit même où il l’avait exécuté et d’autres l’imitèrent, essaimant des sortes de niches où ils déposaient des offrandes, entretenant la flamme d’un miracle et d’un saint au service du peuple !

Il parait que Maradona, le «cultissime» Maradona, qui éclipse tous les Argentins vivants (même Lionel Messi n’arrive toujours pas à être considéré comme un grand chez lui, même le Pape François ne peut rivaliser avec «La main de Dieu !), ce Maradona qui reste le symbole absolu du pays, enfant du peuple et génie du foot, autodidacte et reflet du rêve Argentin, portait un maillot à l’effigie du Gauchito Gil (enfin, c’est ce qui se dit !) quand il gagna la Coupe du Monde de foot, dans un pays sous la botte des militaires.

Si le Che (un autre Argentin ne l’oublions pas !), est devenu une icône médiatique, il n’est qu’un joli poster diffusé dans le monde entier, sans racines, coupé de toute réalité, Gil, lui, est devenu une religion dans son pays, où se retrouve le peuple, sauvage, anarchique, totalement débridé. Que se cache-t-il derrière cette adoration ? Difficile de répondre, si ce n’est que les bannières rouges qui flottent dans le vent continueront longtemps à entretenir la flamme d’un héros populaire échappant à toute forme de récupération !

PS : au fait, pour le change à Mendoza, Jack-pot ! Après m'être promené sur l'avenue San-Martin avec deux billets de 50€ à la main, un "petit arbre" m'a abordé et après discussion, m'a offert un change à 12 pesos pour un €. Inutile de vous dire combien nous étions heureux de regonfler notre capital par un matelas de billets de 100 pesos !

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Mendoza...y pesos !

Publié le par Bernard Oheix

Cafayate, petite ville écrasée par le soleil, rues en terre battue, maisons de guingois, petites gargotes dans lesquelles nous dévorons des spécialités locales, deux jours pour se remettre de nos émotions Andines avec Carlos, notre sympathique et dynamique hôte qui est venu nous draguer à la descente du car pour remplir son petit hôtel pas encore totalement terminé, d'où un prix très intéressant ! A la clef, une grande "parrillada" dans le patio, orgie de viandes grillées au feu de bois, viande succulente très salée avec jus de citron, toute sa famille réunie avec nous. Quelques déambulations "a las tardes" en raison du soleil qui foudroie l'imprudent qui ose montrer son nez au zénith de son parcours céleste... et déjà le départ ! 5 heures de bus pour Tucuman puis sans faiblir, Mendoza, avec un nouveau marathon en bus de 12h, une nuit pour changer de climat et passer d'une chaleur tropicale à une fraicheur entretenue par les montagnes enneigées qui barrent l'horizon à plus de 6000 mètres d'altitude !

Mendoza, ville moderne (entièrement détruite en 1881 par un tremblement de terre) elle fut reconstruite par un architecte Français autour de parcs géométriques avec des rues arborées, ville nichée au coeur de la plus grande région vinicole du pays, où les filles sont les plus belles du pays, selon les argentins, et qui respire l'aisance et le confort.

Mais voilà, nous sommes à court de liquidités, il faut donc trouver des pesos... et là, ça se corse !

"Les mystères du pesos...

Officiellement il est proposé autour de 7 pesos pour un 1€... mais il ne viendrait à personne, l’idée de changer dans une banque, ni d’ailleurs d’aller dans un distributeur automatique pour plusieurs raisons : il vous donne le change sur la base du taux officiel, vous taxe d’une commission fixe, et en plus, il faut faire la queue devant le distributeur où une file s’étire en permanence.

Il faut savoir que la situation Argentine est inextricable depuis qu’elle a décidé de rompre avec son remboursement de la dette. Les Argentins ne pouvant plus avoir d’argent étranger, il sont à la recherche de dollars où d’€ même pour faire des affaires où voyager... d’où le développement d’un marché noir officiel et une jonglerie permanente avec les taux !

Il y a d'ailleurs deux taux, l'officiel et l'officieux officiel qui pour l'instant, mais cela bouge à toute heure, sont de 7,90 et de 11,20...

Il y a donc nécessité de partir en Argentine avec des espèces, ce qui pour 6 semaines, désolé de partir si longtemps, n’est pas chose aisée ! La ceinture autour de la taille avec 5000€, y a plus rassurant pour s'évader dans les hauteurs Andines, d’autant plus que tout le monde connait la situation, et donc sait pertinemment que les touristes débarquent avec toute leur argent verrouillé au corps !

Reste donc le change non officiel. Et là, c’est le système débrouille. A Buenos Aires, grâce à mon ami G..., nous avons pu changer une grosse somme à la valeur de 12 pesos pour 1 €... Jack-pot ! Liasses impressionnantes de billets exclusivement de 100 pesos (on a pas vu d’autres valeurs), soit en gros 9€ pour chacun des 400 billets récupérés en grosses liasses ce qui gonfle la pochette que vous glissez sous votre chemise afin de dissimuler vos biens et vous fait paraitre difforme !

Sans G, mon ami de Buenos Aires, cela aurait été l’accroche dans la rue avec des vigies qui vous interpellent à tous les coins de rue... Change, Dollars... Les Argentins les appellent les "petits arbres". Plutôt inquiétant, d’autant plus que nous n’avions pas encore compris qu’ils sont des rabatteurs d’officines semi-légales qui sont cachées (!) au fond des galeries alentours juste à côté des bureaux de change officiels !!

A Salta, nos liasses billets de 100 pesos se tarissant, la patronne de notre hôtel, l’adorable S..., accepta que nous réglions l’hôtel ( 3 nuits à 7 personnes pour 4500 pesos) en €... Elle nous proposa le taux de 8 pesos pour 1€. Négociation, argumentation, sympathie... Elle craqua pour 10 pesos l’€ (ce qui restait une très bonne affaire pour elle !) et nous en sortîmes donc pour 450 €.

A Cafayate, rendez-vous à l’office du tourisme pour demander où l’on peut changer des €. La responsable nous indiqua avec beaucoup d’obligeance, un certain nombre de boutiques qui pratiquent ce change semi-légal et c’est finalement le pharmacien de la place centrale qui nous proposa le meilleur taux à 9€. Impossible de le faire bouger, il restait campé sur ses positions, sûr de son pouvoir et de notre nécessité de changer !

Quand sera-t-il aujourd'hui à Mendoza où il nous faut impérativement changer des euros afin de payer l'hôtel ?

L’objectif de 11 pesos pour un € sera-t-il atteint ?

Réponse sous peu !

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La "puna" Argentine

Publié le par Bernard Oheix

Au réveil, après un petit-déjeuner léger, Monica nous initie à la «coca», ce remède contre le mal des montagnes. Elle prélève, dans des sachets que nous avions achetés au superbe marché des fruits et légumes de Humahuaca, quelques feuilles pour chacun d’entre nous. Après les avoir roulées en boule dans la main, nous les calons entre la gencive et les joues. Nous voilà donc avec notre «acullico» en train de macérer, dégorgeant un suc sensé nous protéger de ce qui nous attend, la haute montagne et son mal mystérieux de l’altitude qui peut frapper n’importe qui. Hélas, pas d’éléphants roses en vue pour les nouveaux cocaïnomanes que nous sommes, mais un goût amer dans la bouche pendant que le véhicule se traine sur les pentes vertigineuses de la route 52, longeant une brèche dans les montagnes qui nous dominent en culminant vers les 5000m.

Ivresse des hauteurs. La stèle du col qui culmine à 4170m s’ouvre sur un panorama à tomber à la renverse. D’un côté, les méandres de la vallée que nous venons d’escalader, de l’autre, les plaines de l’altiplano avec sa mer immaculée de sel brillant dans l’azur. Après avoir déposés une offrande sur «l’apacheta» de la «pachamama» (quelques feuilles de coca, un voeux et le bonheur assuré pour les années qui viennent), acheté des babioles aux indiens qui vendent des pierres gravées, des petits lamas en laine, tout ce qui permettra de se souvenir de ce moment unique où nous avons dépassé pour la première fois un sommet de 4000m (on est presque au sommet du Mont Blanc !), nous basculons pour rejoindre la Grande Saline qui s’étend sur 12 000 hectares au milieu d’un plateau gigantesque à 3800 m d’altitude. Le soleil brûle, la réflectionion du soleil est insoutenable, les monticules de sel brut bordent les excavations rectangulaires d’où l’eau surgit en se parant de fleurs de sel aux motifs ciselés par l’évaporation.

Après la Grande Saline, nous allons prendre une piste de 100km en terre battue pour rejoindre San Antonio de Los Cobres. La végétation basse de petits buissons d’épineux qui s’accrochent à une terre de sable est suffisante pour nourrir des ânes sauvages et surtout des lamas cabotins qui s’ébattent en liberté et se laissent parfois photographier. On assistera même, coupant la piste devant notre véhicule, à la course élégantes de trois «vigognes», princesses des hauteurs.

Plus de deux heures à être brinquebalés, secoués, triturés mais les yeux ivres de richesses, d’amour et d’un sentiment profond de communion avec ce département Andin qui touche si près le ciel, qu’il nous permet de prendre un siège auprès des dieux de la terre.

Après un déjeuner succulent de spécialités locales à San Antonio de Los Cobres (le cuivre), la tête lourde de cette pesanteur surprenante que provoque l’altiplano, nous allons repasser par un col à 4070 m (seulement !) et replonger vers Salta distante de 180 km par le Rio Toro en un retour à la civilisation après deux jours de rêves. Le monde est plus juste vu de si haut, il ne s’embarrasse pas de fioritures et donne du sens au temps présent.

Mais cela, c’est peut-être un effet secondaire de la coca, le primaire étant que personne n’a eu le mal de la montagne, juste le désir un jour de retrouver ces montagnes qui nous révèlent une part de nos propres secrets.

Quand à Monica, notre belle et douce guide, elle nous embrassera et nous nous quitterons comme s’il devait y avoir un lendemain à ce jour présent.

Mais c’est si loin l’Argentine et c’est si grand !

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La Quebrada de Humahuaca

Publié le par Bernard Oheix

L’estafette que nous avons louée s’essouffle sur la route qui monte de Salta vers San Salvador de Jujuy. 90 km sur une route qui serpente dans la forêt tropicale, avec de nombreux lacs alentours. Au volant, Oscar, un ténébreux Argentin et la belle Monica, visage rond aux yeux curieux, sourire large, cheveux noirs sur les épaules, une métisse indienne parlant un Français délicieusement châtié qui va nous servir de guide. Sabine notre hôtesse de Salta nous a proposés cette expédition de deux jours dans la Quebrada de Humahuaca et sur la «puna» Argentine.

La Quebrada (vallée) de Humahuaca est classée au patrimoine mondial de l’Unesco pour son patrimoine culturel et sa bio-diversité. 10 000 d’histoire dans cette région reculée, frontière avec la Bolivie et le Chili, où la diversité indigène continue d’exister, comme si le souffle de l’histoire tourmentée de cette région ne pouvait s’effacer devant la civilisation moderne. Région de transit et de guerre, ce passage obligé des envahisseurs virent s’opposer aux natifs indiens, les tribus Omaguacas et Fiscaras, (de redoutables guerriers bâtisseurs), l’envahisseur Inca vers le début du XVIème siècle puis les colons Espagnols dans la foulée, attirés par leur rêve d’un Eldorado impossible.

A partir de Jujuy, la route se glisse entre les contreforts de la vallée où coule le Rio Grande, les montagnes majestueuses lui font un écrin minéral. Notre première étape sera Purmamarca, un village miraculeusement préservé, avec ses ruelles pavées, ses maisons en pisé aux toits de torchis, sa place centrale avec une église à l’ombre d’un caroubier millénaire.

A pied, nous allons sur un sentier qui contourne la cité pour découvrir unes des nombreuses merveilles de la journée : la montagne au sept couleurs. Un peintre fou semble avoir laissé libre cours à son imagination pour décorer les parois des motifs les plus étranges. Les sels minéraux se conjuguent en une palette infinie où les strates s’enchevêtrent afin de créer cette oeuvre unique que l’érosion transforme à chaque tempête, la faisant évoluer sans cesse au grès des caprices d’un créateur invisible.

Après un déjeuner délicieux, nous reprenons la route vers la Purcara (fortin) de Tilcara.

Construit sur un piton rocheux, ce fortin protégeait le village indien en contrebas, offrant un angle de vue parfait pour contrôler le passage de la vallée. La culture dynamique et l’organisation sociale très sophistiquée des Fiscaras, se retrouvent dans les vestiges de cette forteresse dont certains des éléments ont été reconstitués par les archéologues. Quelques maisons de pierres jointes, avec un toit en troncs de cactus et en torchis de boue et de paille, l’autel des sacrifices d’animaux à la Pachamama (la terre-mère), (il n’y avait pas de sacrifices humains chez eux, à la différence des Incas qui offraient des enfants de bonne famille à leurs Dieux afin de maintenir un dialogue et de s’attirer leurs graces). D’innombrables cactus dressent leurs bras vers le ciel, des fleurs blanches en corolles comme une couronne, le ciel est pur et l’air frais dans un soleil de plomb. le sentier de pierre descend vers la ville où nous allons visiter le musée archéologique. Il confortera cette impression fascinante d’une richesse historique hors du commun pour notre culture européenne qui fait la part belle à celle des colons au détriment des indigènes. Le musée offre un panel d’objets usuels et cultuels du Chili, de la Bolivie et de la vallée de Humahuaca. Emotion devant l’incroyable modernité des poteries, des bijoux, des outils issus de la nuit des temps pour nous renvoyer vers notre passé.

Plus loin encore, le Tropique du Capricorne avec photo obligatoire pour le capricorne que je suis avant d’arriver enfin à Humahuaca, la cité qui ouvre sur la région désertique qui jouxte la Bolivie à plus de 3000m d’altitude.

Maisons basses au long des rues pavées qui convergent vers la place du village arborée où une église immaculée tranche avec le gris des murs, la poussière qui vole, le son des tambours et flutes indiennes, l’immense escalier de pierres comme une agora qui monte vers la statue du Cacique Viltipoco, dressé l’arme vers le ciel, en train d’accorder la paix à ses ennemis à terre. Humahuaca est un rêve, c’est aussi une preuve de la profonde survivance des indiens échappant à tout contrôle dans cette région inaccessible que les argentins connaissent peu mais que les touristes depuis son classement au Patrimoine de l’Humanité découvrent avec ferveur.

Il restera le retour à Purmamarca où nous allons dormir pour communier avec cette nature grandiose, le ciel qui s’assombrit, l’air vivifiant (nous sommes à plus de 2000m), les bruits si particuliers d’une terre inconnue... Un concert d’aboiements de chiens couvrent la musique d’une fête dans une cour proche. Il est temps de s’endormir avec des rêves d’or dans les songes d’une nuit de printemps.

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Salta... avant !

Publié le par Bernard Oheix

On l’a fait ! Iguazu Salta... plus de 1500 km, 25 heures de bus ! Une expérience très enrichissante sur notre capacité à rester confinés dans une Flèche d’Or qui pour 60€, vous permet quasiment de traverser un continent en regardant filer le paysage uniforme, route droite sans virages, coucher de soleil fabuleux sur des prés inondés par une averse tropicale, la lumière rouge du soleil semblant surgir de la terre où des vaches impavides se paraient de carmin.

La nuit aussi, quand le noir envahit tout, les corps écroulés sur des sièges à 160°, en «Camas». Ils vous autorisent à dormir par césures, dans le ronflement incessant d’un moteur qui reste en arrière d’un cerveau qui se gélifie au fil des heures et des centaines de kms de pampas dévorés.

Salta pour deux jours de repos. Petite ville de 300 000 habitants à 1200 m d’altitude, ceinturée par des montagnes qui l’encerclent culminant à plus de 4000m. La population y est métissée, on perçoit le sang indien dans les traits des femmes, leur longue chevelure noire, les vêtements des hommes aux visages rudes brunis par le soleil. Au centre de la cité, une magnifique place coloniale qui semble tout droit sortie du du XVII siècle, où il fait bon traîner le soir, une cathédrale somptueuse riche de lumières et de dorures, les nefs regorgeant de cierges immenses en train de se consumer, des arcades ceinturent la place abritant un musée, l’hôtel de ville rococo et d’autres institutions préservées du temps et de la modernité.

Nous logeons dans le «petit hôtel» tenu par Sabine, une française qui est arrivée à Salta à l’âge de 4 ans dans les bagages de ses parents soixante-huitards, routards avant l’heure, ouvrant cette auberge en terre andine dans laquelle elle travaille depuis plus de trente ans accueillant toujours plus de touristes et nombre Français. Les chambres sont propres, confortables et donnent sur un patio où l’air chaud semble se mettre en suspend pour le confort de ses locataires. 10€ par personne et l’impression de vivre en dehors du temps.

Sabine vous parle de son Argentine, de sa région, avec des yeux qui brillent, l’envie d’offrir un peu de ce rêve dans laquelle ses parents l’ont plongée, sa double culture s’inclinant devant la magie de ce territoire ouvert sur des millénaires d’une histoire tragique.

Sabine est une belle rencontre, de celle qui vous donne l’envie de croire en l’autre, en l’échange, au partage des émotions...

Et comme s’il fallait en rajouter une dernière couche, dans la nuit tombante, une marche de la fierté LGBT en musique, nous permet d’assister au spectacle de femmes costumées, hommes travestis, corps dénudés, transexuels à poitrine flamboyante, paillettes et rires, Carnaval de Venise en version trash, tout cela dans le son des tambours et dans le cadre d’une avenue longeant le magnifique parc central. La modernité aussi, avez-vous dit ?

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C'est la chute finale...

Publié le par Bernard Oheix

Aucun mots aucune phrase, aucune image ne pourront restituer l’incroyable magie qui se dégage du spectacle des chutes d’Iguazu ! Il y a de l’ordre du surnaturel, du divin dans le spectacle offert par cette nature envoûtante. Comment exprimer l’inexplicable puissance d’une eau qui surgit de la forêt pour se précipiter dans le vide...

Je vais quand même tenter de vous faire partager une journée d’émotions.

Petit déjeuner à 8h servi par Javier. Café toujours aussi ordinaire, médialuna (croissant), toasts grillés tartinés de Dulche de lecche (succulent) et jus d’orange divin.

A 9h 30 un bus «citadin» nous dépose devant l’entrée du parc d’Iguazu. De l’extérieur, rien d’apparent, pas de bruit particulier en fond sonore, une entrée anodine. Le prix du billet est de 70 pesos argentins (soit 5,88€ au change de 12 pesos pour un euro, bien loin des 7 du taux officiel). Le petit train «de la selva», wagonnets ouverts sur la végétation subtropicale, nous emporte à travers les collines pour nous déposer à la station centrale. De là, deux circuits sont proposés, le supérieur et l’inférieur. Nous optons pour le second et par des passerelles nous nous retrouvons sur des postes de guets au dessus des cataractes (il y en a 250 sur le site). La vision d’ensemble est incroyable ! Sur 180°, un arc de cercle est constellé de chutes de plus de 50 à 80 mètres de hauteur. L’ensemble aboutit à une gigantesque vasque où trône l’île San Martin. Au loin, un bouillonnement étrange de vapeur d’eau bouche l’horizon. Quelques arbres se découpent sur les éperons rocheux. Des oiseaux tournoient dans le ciel et se précipitent dans les flots et les nuages de vapeur d’eau !

Puis, par le circuit inférieur, nous longeons les chutes pour nous retrouver sous ses mêmes cascades tonitruantes, arrosés par les embruns, fouettés par le vent humide, dans le bruit infernal de millions de litres se déversant en une masse grisâtre menaçante, convulsive, à portée de main.

Sur les passerelles de bois serpentant sous la sylve, nous croisons des tapirs avec leurs longues queues et leur nez en pointe quémandant un peu de nourriture, des iguanes énigmatiques, gros comme un bras paressant au soleil, des «marats» repoussants, avec leur gros derrière, fouissant la terre, un singe caquetant, jambes dans le vide, exécutant un numéro de voltige, goguenard... Des oiseaux multicolores sillonnent le ciel, des papillons tourbillonnent par centaines, jetant des éclairs de couleurs sur le fond rouge de la terre, le vert de la végétation et le gris azuré du ciel.

Mais ce n’est pas tout, le plus impressionnant est à venir.

Reprenant le petit train, nous nous dirigeons vers la «garganta del diablo», la marmite du diable. 20 minutes pour contourner les chutes, et 1,1km sur des passerelles de fer, ancrées sur des plots de béton dans une eau qui s’écoule en fuyant vers le même point. Rien ne laisse présager ce que l’on va découvrir. Un îlot au loin, le drapeau Argentin flotte au vent, de temps en temps, un nuage blanc semble monter au dessus des arbres pour exploser comme une bulle de savon. Sur la dernière portion de la passerelle, nous voyons alors l’eau s’engouffrer dans une immense cuvette à ciel ouvert, un trou énorme dans le plan étrangement calme de l’eau. C’est en accédant au dernier plateau, quasiment au coeur de la cavité, que l’on découvre, de toute part, des pans entier de murs d’eau rugir et s’engouffrer dans le vide, que l’on devine sous soi, à travers la nuée blanche. Le «spectacle» est hallucinant, terrorisant, au delà de ce que l’on peut imaginer, rêver... On est au centre d’un maelström, dans l’abîme du temps. Ce n’est plus de l’eau qui coule, mais la vie de la terre pour embraser le coeur de l’homme.

Une simple rambarde nous isole des trombes distantes de quelques mètres, le vent claque des nuages de vapeur d’eau qui nous trempent en quelques minutes, des martinets exécutent un ballet aérien surréaliste, flèches noires émergeant du coton blanc des eaux virevoltantes. Et toujours ce grondement infernal, comme pour nous rappeler que nous ne sommes rien, que des siècles impavides nous contemplent nous agiter pendant que l’eau s’écoule et que nous tentons de dompter une nature qui ne se laissera pas enfermer sans réagir à la puissance de nos cauchemars !

Pour finir, et comme en récompense, nous décidons de foncer à marche forcée par le «Senderro Macuco», 3,5 km serpentant sous le toit de la végétation. Au bout, le Salto Arrechea, une cascade de 25 mètres de hauteur qui a une particularité...on peut se baigner dans sa vasque et nous terminerons, sous une douche naturelle d’une puissance sans égale, nous lavant des 15 km de marche de la journée, hurlant comme des enfants, et heureux de pouvoir clamer : j’ai vécu Iguazu, je sais désormais ce qu’est le destin de l’homme !

Je vous l’avais bien dit... les mots sont pauvres ! Et il y a tant à dire encore. J’aurais pu vous parler par exemple de Cabeza de Vaca, le «découvreur» des Chutes. Un homme au destin particulier. Un des 4 survivants d’une expédition en Floride à 20 ans en 1527, il va vivre plusieurs années au milieu des indiens, puis de retour en Espagne, se faire nommer comme gouverneur du Rio de Plata (c’est là qu’il découvrira les Chutes d’Iguazu), entrer en conflit avec les colons et les réprimer durement, se faire renvoyer d’Amérique. Jugé et condamné en Espagne, embastillé puis gracié et exilé à Oran avant de revenir et finir sa vie comme juge à Séville pour y mourir à 57 ans.

Vous avez dit un destin de légende. Les Chutes d’Iguazu ne pouvaient s’offrir qu’à un homme hors du commun.

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Le Guarani pour l'éternité !

Publié le par Bernard Oheix

Presque 24 heures dans un bus ! mais quel bus ! Un véritable palace roulant avec WC, télévision, air conditionné et autre café en self-service. Partis de Montevideo vers midi pour Salto (500 km), avec arrêt à la station en attente de correspondance pour le passage de la frontière et Concordia l’Argentine. Re-attente pour notre pullman qui débarquera à 1H3O dans la nuit et foncera (ce n’est pas un euphémisme !) 800 km pour nous déposer à Posadas vers 10 heures ! On est dans le rythme et cela en fait des heures à regarder le paysage d’un tapis vert se dérouler à l’horizon !

Imaginez l’immensité du rien ! Si vous y arrivez, vous êtes prêts à comprendre Posadas, une ville de 250 000 habitants, aux portes des chutes d’Iguazu, coeur d’une région, le Nordeste, grande comme la France.

Sur les rives majestueuses du fleuve Parana , perchée sur des collines vallonnées, la ville s’étire à plat sur des kilomètres. Quelques rares bâtiments en hauteur accrochent le regard. Région riche pour population plutôt modeste, agriculture, bétail et une noria de bus qui transportent les touristes vers Iguazu et font halte pour un repos bien mérité et surtout, pour découvrir une des expériences les plus originales de l’église catholique à travers les vestiges des missions jésuites qui parsèment cette région.

Les Jésuites, contre les hordes de colons Portugais et Espagnols qui asservissaient les populations locales, ont crée des lieux de vie tout à fait originaux, introduisant dans leur missions, les réductions, une démocratie primitive où le Guarani avait pleinement sa place. Calquant leur mode de vie sur le partage et la communauté, les caciques se trouvaient légalisés, l’assemblée du peuple élisaient ses représentants chaque 1er janvier et avait tous les droits sur l’organisation sociale et sur la répartition du travail.

Classé patrimoine de l’Humanité, la mission de San Ignacio mini est un lieu traversé par la magie. Des ruines majestueuses où l’on saisit la fuite du temps vous donnent la compréhension instinctive de l’oeuvre accomplie.

Même si le curé a remplacé le chaman, si la structure familiale fut introduite, on imagine, par la puissance des lieux, l’oeuvre grandiose des précurseurs d’une humanité indigène. Pendant un siècle, y compris par les armes, les Jésuites ont donné corps au rêve d’une société plus juste.

L’architecture grandiose des lieux, l’héritage flamboyant culturellement qu’ils ont légué, est porté par la magie d’une végétation luxuriante, d’un ciel bleu se perdant dans une terre rouge comme le sang qu’ils ont versé pour bâtir leur rêve.

C’est par les armes finalement que toutes ces missions seront anéanties après plus d’un siècle d’expérimentations par les colons qui ne pouvaient accepter qu’une âme indigène existe puisqu’ils les transformaient en esclaves dans leur propriété... Et parallèlement à ces guaranis asservis, il fallut bien aller chercher d’autres populations, les nègres d’Afrique, pour continuer à enrichir les possédants, sonnant ainsi le glas d’une évangélisation hors du commun.

Il reste alors des traces, la culture, les chants Guarani se mêlant aux accents des chants d’église, un baroque réinventé dans une utopie prélude aux tentatives des vies communautaires du XIX ème siècle !

Le soir, promenade sur le front du fleuve. Les lumières du Paraguay scintillent sur la rive opposée. Inception est illuminée comme si elle voulait rivaliser avec sa soeur Argentine. Un Guarani gigantesque, statue de fer et de pierre monte la garde avec sa lance sur un îlot de terre au bord de l’eau. Il fait chaud et humide, l’air est douceâtre et c’est la fête des étudiants. Ils défilent sur le mail en jouant des percussions et en chantant. Les rires sonnent clairs dans la nuit !

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Montevideo...mi amor !

Publié le par Bernard Oheix

Ville superbe au large front de mer, des plages immenses de sable blanc où une mer sombre chargée d’alluvions vient s’échouer, Montevideo envoute. Elle est une grande petite ville, nichée sur une arête qui donne par trois côtés sur l’embouchure du Rio de Plata où se déversent les fleuves Parana et Uruguay. De grands paquebots filant vers le Brésil passent au large avec régularité. On est bien dans une capitale de l’Amérique du Sud avec ses maisons basses, cubiques, dans des rues arborées, ceinturées de parcs où trônent des statues. La population est gaie, elle marche au long des mails cinglés par le vent en riant. Montevideo et quelques images en plus !

Les buveurs de Maté. Vieux, jeunes, hommes, femmes, les «montévidéens» se promènent tous avec un thermos coincé sous le bras et une étrange coupelle dans la main dont émerge une paille de fer au bout écrasé. A l’intérieur de la coupelle, une décoction verte marine qu’ils arrosent d’eau chaude régulièrement. En toute occasion, ils portent à leurs lèvres la paille et aspirent avec délectation le produit qui macère... Oserais-je le dire ? Le test pour goûter ce Maté ne fut pas concluant... Cela dégage bien une odeur acre de moisissure et une saveur de vase particulièrement indigeste... et le lendemain, j’ai du utiliser l’immodium pour couper une «tourista» naissante !

Les parcs et la végétation. De partout des essences d’arbres inconnus offrent une ombre bienfaisante. Dans les rues larges, aux carrefours, ceinturant la cité, des parcs de 50 hectares et plus , sont fréquentés par toutes les couches de la population qui trainent et s’étalent sur le tapis d’herbe pendant les chaleurs de l’été. Même si Montevideo est une ville chaude, les parcs gardent leur pelouse verte, humidité de l’estuaire, nappes phréatiques abondantes. Il y a un romantisme réel dans ces espaces qui conjuguent l’art de vivre et l’espace vierge d’une végétation riche et pleine de senteurs.

Le sourire des habitants de Montevideo. Autant la réserve de Buenos Aires nous avait surpris, autant les «Montévidéens» sont accueillants, serviables, toujours prêts à rendre service et à entrer en communication. Ils vous interpellent dans le bus, vous donne des conseils, J’ai en mémoire la «mama» de l’hôtel où nous logions, s’extasiant sur «les Francés» qui débarquent chez elle, se mettant en quatre pour nous satisfaire et nous faisant la bise en partant !

La nuestra primera «Milonga». Par hasard, nous débarquons dans un lieu magnifique, type pavillon Baltard, baroque et rococo ! C’est la clôture du 26 ème Festival International de Tango. Le public est local, de tout âge, de toutes conditions, assis autour d’un espace où vont évoluer les danseurs. Nous allons assister à des démonstrations de tango par des couples d’exception, des moments de spectacle pur, un orchestre qui joue des standards du Tango ...mais aussi des plages de musique où le public envahit la piste pour évoluer. Les élèves de l’école de Tango, très jeunes avec des filles adultes, des vieux langoureusement en train d’évoluer, les serveuses avec le patron du restaurant... beauté incroyable de ces corps sans charmes qui chaloupent en rythme et épousent les volutes d’un son inimitable.

Et après Geneviève et Malou invitées par de charmants monsieurs, une vieille dame viendra m’inviter et j’aurai l’honneur de danser mon premier tango à Montevideo... Et en plus, je n’ai pas été ridicule.. enfin je crois !

Et pour finir, le bus qui nous emmène à Salto pour une traversée de 500 kms à travers une plaine verte déserte, troupeaux gigantesques, quelques gauchos à cheval, des près où des chevaux s’ébattent. La nature si pleine et si entière qu’un sentiment de vide immense s’empare de nous ! Vide incroyable après dix jours de frénésie dans les deux capitales de l’Argentine et de l’Uruguay.

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