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Palme d'Or : le hold up !

Publié le par Bernard Oheix

34 films et le palmarès qui tombe sur l'écran de la télévision publique. Un Vincent Lindon plutôt à l'aise dans un exercice qui l'est rarement. Les films primés s'égrènent, un beau prix d'interprétation féminine pour Zar Amir Ebrahimi Holy Spider de Abbasi, un étrange prix du 75ème pour Tori et Lokita des frères Dardenne, un façon de ne pas leur offrir cette 3ème Palme d'Or inédite à ce jour, il fait nul doute ! Plus réservé sur l'interprétation masculine du Kore-Eda, beau film certes, mais sur ce créneau, d'autres pouvaient prétendre à cette récompense dont le héros tout en finesse de Nostalgia de Mario Martone. Rien à dire sur les 2 prix du jury que je n'ai pas vus, Les 8 montagnes et Eo. Applaudissements pour le film égyptien, Boy from Heaven de Tarik Saleh, un de mes chouchou, film superbement filmé sur une trame passionnante et pour Décision to Live de Park Chan-Wook.

On arrive donc dans le dur du sprint final vers le graal de l'Or convoité. Les Grands Prix annoncés pour le magnifique et émouvant Close de Lukas Dhont largement justifié... mais la machine se dérègle quand on annonce le 2ème grand prix ex-aequo : Stars at Noon de Claire Denis, un film médiocre, surfait, alambiqué à souhait... Aïe !

Il ne reste donc plus qu'un film à honorer. On pense à tous ces bijoux non-cités, le sublime RMN de Mungiu, l'étonnant et riche Leila's Brothers de Saeed Roustaee, quelques autres pas vus, pas pris... quand la sanction tombe : ce sera Triangle of Sadness de Ruben Ostlund pour une seconde Palme d'Or après The Square en 2017 !

Il ne me reste alors que la solution de le visionner dans les séances du Palais des Festivals offertes aux cannois au lendemain de la proclamation, tradition bien cannoise, et ce sera mon 35ème et dernier film de la 75ème édition.

Avec Pascal, le dernier des burgiens présent, nous nous rendons donc munis de nos précieux sésames à la séance de rattrapage, escaladons les 24 marches habillées de tapis rouge et nous retrouvons assis à l'orchestre sans l'espoir que Carole Bouquet nous roule une pelle, comme à Vincent Lindon, mais avec la certitude de passer un moment historique. Dans une session foisonnante de belles propositions avec des thématiques fortes renvoyants aux tourments d'un monde en colère, nul doute que cette palme serait à la hauteur de nos espérances.

Patatras ! J'aurai dû me méfier à la relecture de mes notes concernant leur précédente Palme : "... verbeuse, longuette et sans grand intérêt, dont on peut imaginer qu'un simple accessit aurait été largement suffisant pour une présence somme toute déjà symbole de victoire pour son réalisateur...".

Et l'impensable aura lieu : un film s'étirant sur 2h30, avec une première partie insupportable de lenteur axée sur un jeune couple (elle influenceuse et lui mannequin), une 2ème plus originale et qui démontre que le film aurait pu fonctionner, dans les coursives d'une croisière de luxe débouchant sur un naufrage où des séquences illustrent un monde figé dans le rapport entre les puissants et les faibles, où tout se dérègle pendant une tempête, et une 3ème sensée inverser ces rapports de classes et donner le pouvoir à une femme de ménage sachant faire du feu et pêcher pour la poignée de rescapés qui s'échouent sur un îlot perdu. Le réalisateur sombre alors devant l'ampleur du propos et son incapacité à offrir une vision originale en phase avec sa charge contre les nantis.

Le ton se veut débridé et iconoclaste mais seul le vide et la confusion surnagent. Là où Wes Anderson, les Monty Python ou autre provocateur auraient peut-être tiré leur épingle du jeu, Ostlund perd le fil de sa charge et se retrouve en rase campagne, entre le vaudeville et la comédie de moeurs, dans un territoire sans saveur qui aurait dû l'écarter de cette Palme d'Or.

 

Le jury 2022 a tranché. Le précédent qui avait offert une Palme à Ruben Ostlund était composé de Almodovar, Agnès Jaoui, Sorrentino, Park Chan Vook, Will Smith...excusez du peu ! Cette fois, un Vincent Lindon président, accompagné de Asghar Faradi, Jeff Nichols, Joachim Trier, Ladj Ly et autres Noomi Rapace représentant un cinéma de qualité, à récidivé en lui offrant une portion d'éternité. Pourquoi ? Vincent Lindon dont on connait l'engagement a-t-il été dépassé par les membres de son jury ou, bien au contraire, a-t-il tiré le jury vers son choix ? Mystère des délibérations, des états d'âmes et de l'état de sidération que provoque le choix d'élire à la plus grande des consécrations un film parmi d'autres !

Ruben Ostlund est par deux fois passé au travers du chas d'une aiguille, grand bien lui fasse ! C'est dommage pour cette édition du renouveau qui offrait tant de pages de qualité sur les thèmes forts d'une actualité chargée. Le cinéma n'est pas seulement un art de la diversion, il fait aussi acte de conversion et sans doute le monde avait-il plus besoin d'un regard chargé de sens que cet essai laborieux de tenter de renverser les rapports de force dans une provocation juvénile !

Une certitude, Vincent Lindon, malgré son plaidoyer vibrant pendant la remise des prix pour être reconduit à sa fonction de Président du jury pendant les 5 années qui viennent,  a perdu l'autorité naturelle que son nom lui permettait d'espérer ! Dommage !

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Le Festival 2022 : bilan avant clôture des feux

Publié le par Bernard Oheix

Que dire, après 25 films, de cette dizaine de jours consacrée à plonger dans les arcanes du 7ème Art ? Que le cinéma de papa, qui vit une crise structurelle sans précédent, peut encore être ce "reflet dans un oeil d'or" qui nous ouvre les portes de l'infini ! Qu'il reste, au moment où il se retrouve confronté à la mécanique engendrée par les confinements, les assauts des plateformes, les nouvelles habitudes des spectateurs, un art majeur nous offrant les portes d'une perception d'un monde bouleversé et bouleversant.

Le thème de cette édition sera donc l'universalité, la confrontation aux pages sombres de l'histoire de l'humanité, le sort des migrants dans un monde sans frontières qui se referme sur lui, les approches des différences (sexuelles, religieuses, sociales) se heurtant aux murs des indifférences.

Un monde sans avenir pour des humains sans espoirs... 

Symptomatiques les 5 premiers films digérés...

Tirailleurs, réalisé par Mathieu Vadepied, produit et avec Omar Sy, où des noirs capturés dans leur pays par l'armée française, après une vague formation militaire, vont servir de chair à canons dans les tranchées de la guerre 14/18 ou Les Harkis de Philippe Faucon, quand les supplétifs de la France sont lâchement abandonnés à leur sort dans un Algérie déchirée qui se libère dans la douleur des colonisateurs.

Rodéo de Lola Quivoron est un film gentiment raté, aboutissement des deux générations précédentes perdues, des jeunes sans illusions cabrent leurs motos dans des rodéos où ils s'inventent une vie de prestige... Bof !

Incroyable Harka de Lotfy Nathan, où un jeune tunisien, 10 ans après la révolte des jeunes, est confronté à un monde de corruption, géré par des incompétents tout puissants, et où sa colère va le porter à l'incandescence d'une révolte destructrice dont sa propre immolation sera l'aboutissement désespéré de la fin des illusions perdues.

Et pour achever cette série inaugurale, Boy from Heaven de Tarik Saleh, un chef d'oeuvre égyptien en compétition, que l'on devrait retrouver distingué dans le palmarès, où un jeune fils de pêcheur obtient une bourse pour étudier la religion à l'université Al-Azhar du Caire, épicentre de l'Islam sunnite, et se retrouve confronté aux luttes de pouvoir entre la dictature militaire et le pouvoir des religieux. À couper le souffle.

Ainsi donc les 5 premiers films de cette 75ème édition donne le tempo. Entre les migrations, les religions et les enfants perdus de ces générations condamnées, le gouffre d'un monde sans espoir, l'inhumanité de la désespérance.

Petit commentaire : imaginons (on en est pas passé très loin !) que Marine ou Éric aient été élus Présidents de la France et qu'ils viennent ouvrir le Festival du Film comme premier acte de leur mandature. Le choc du visionnage de ces 5 films ! Dur d'être un président d'extrême droite dans une France qui accueille le gratin du cinéma mondial !

Et le festival continue dans l'effervescence des bugs informatiques du système de réservation des places, les règles ineptes et les annonces au micro qui nous conteste le droit d'aller plus d'une fois aux toilettes pendant une séance (sic ! désolé les prostatiques !).

La vie s'organise dans la tribu cinéphilique qui s'est installée dans mon jardin. Le matin, tout le monde se retrouve sur son smartphone pour tenter d'accrocher des places dans la salle de la Licorne jamais pleine mais que des quotas cinéphiliques condamnent à ramer pour obtenir un sésame.

Et les perles continuent de s'enchâsser avec quelque scories. Un bouleversant film roumain, synthèse des 5 films précédents, RMN de Cristian Mungiu, Palme d'Or en 2007, qui résume à lui seul, la problématique du migrant dans un village perdu de Transylvanie. Les déchirements devant l'arrivée de 3 migrants dans la seule usine qui peine à recruter sur place, ou comment la pauvreté sécrète le rejet de l'autre et ou la différence devient un appel à la haine.

Je ne suis pas un grand fan des Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi, trop surfait et caricatural, surtout quand on peut voir, derrière, les Pires de Lise Akoka et Romane Gueret, tournage dans une cité de Boulogne d'un film sur la jeunesse perdue. Fort et poignant, authentique même si le final pêche par envie de trop bien faire et de donner des clefs. Ce tandem de cinéastes prouve à l'évidence qu'une génération se dresse pour prendre la réalité à bras le corps et tenter de la transformer.

Et pour couronner cette série en cours, Tori et Lokita, des doubles palmes d'or, les frères Dardenne. Deux jeunes qui ont décidé d'être frère et soeur, l'un avec des papiers l'autre sans, affrontent le monde impitoyable de la combine pour survivre, de la vente de drogue à la prostitution forcée, jusqu'à la fin tragique d'un rêve brisé. Bouleversant et incroyable, une leçon d'humanité pour un film qui porte les couleur de l'or éternel d'une Palme que je propose de leur attribuer à vie...

Il reste tant d'heures et de films que les journées et les nuits trop courtes. Les Nuits de Mashad, de Ali Abbasi, formidable enquête d'une journaliste iranienne sur des meurtres de prostituées commis au nom de la religion, Nostalgia de Mario Martone, où un napolitain exilé vient se confronter à son passé dans les ruelles d'une ville gangrené par la pègre, Joyland, de Saïm Sadiq, un pakistanais plongeant dans les affres intérieurs d'un couple déchiré, coincé entre les règles d'une vie patriarcale et les tourments intérieurs, l'espoir d'une liberté et le désir d'assumer une déviance. Extraordinaire film d'une précision chirurgicale dans la peinture d'une société figée dans les codes de l'honneur.

Bon, je ne vous parlerai pas des films ratés, de mes sorties furtives après une demi-heure de séance, des trop rares parties de rami avec mon beau frère corse, de l'absence de notre cinéphile germain Hartmut. Je pourrai aussi vous dire combien mon ami Hamid Benamra me colle avec sa caméra et me filme sous toutes les coutures, combien son objectif est obsédant.

Je pourrai vous parler des bressans venus en force et de mon oeil qui a tendance à s'enflammer avant même la projection d'un film... mais il reste 2 jours de festival, des spéculations sur les résultats et un grand repas d'adieu à faire avant de retrouver ce palmarès d'un festival riche en passions et en propositions sur l'avenir de l'humanité.

Et pendant ce temps, j'ai presque oublié que Poutine continue son entreprise de sabotage et sa guerre ignoble ! Et pendant ce temps, des enfants sont assassinés dans la réalité, quelque part dans un pays d'Amérique où rien ne tourne comme on l'espérait après la non-élection de Trump.

La vie réelle est bien un authentique scénario que les scénaristes du monde entier ont du mal à saisir dans sa globalité ! 

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The Last Picture Show !

Publié le par Bernard Oheix

Ouverture du 75ème Festival de Cannes dans mon pré-carré de La Bocca, avec l'arrivée d'un couple de bressans, d'un corse du fils et du neveu et dans l'attente du reste de la tribu des cinéphiles avides de retrouver leurs sensations après 2 ans de disette forcée.

Mon tapuscrit "Journal d'un cinéphile Cannois" sous le bras, à la recherche d'un interlocuteur du Festival afin de confronter ma vision débouchant sur la périphérie du festival à celle d'un interlocuteur qui en serait au coeur, j'entame mon marathon du 7ème Art avec la ferme conviction d'en découdre avec les écrans du monde entier convoqués aux agapes de la cinéphilie. 

Et divine surprise, une page entière dans mon quotidien Nice Matin m'attendait pour un moment de gloire éphémère qui a du faire grincer quelques dents dans le landerneau de la cinéphile cannoise. Alexandre Carini, journaliste à Nice Matin, qui m'avait fait l'honneur d'aimer Café Croisette en le clamant haut et fort, ayant digéré mes 300 pages du Journal d'un Cinéphile, décida de pondre un nouvel opus qui ne fera pas tâche dans mon passé de cinéphile passionné. Qu'il en soit remercié du fond de mon coeur.

Je vous le livre avec gourmandise...

Devenir "la vraie star du festival" n'est pas donné à tout cinéphile... je savoure !

Devenir "la vraie star du festival" n'est pas donné à tout cinéphile... je savoure !

Reste le cinéma, le plus important. Avec mon oeil brinquebalant, je vais tenter d'aller voir malgré tout quelques films, dans la frénésie d'un système informatique absurde, de règles dissonantes et d'une ambiance morose qui échappent à la raison du plus simple des mortels attaché à un écran fantasmé.

Qu'à cela ne tienne, la magie du 7ème Art fonctionnera toujours, mais à quel prix ?

Et pour les films, il faudra attendre mon prochain billet... 

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Malik Oussekine : série en cours !

Publié le par Bernard Oheix

 

 

Paris Lundi 9 mai 2022. 18h30

 

La façade du Grand Rex est couverte d’un immense visage où une cicatrice rouge dessine   la trace sanglante d’un destin brisé. Un nom s’étale, Malik Oussekine, qui remonte d’un passé pas si lointain comme une blessure enterrée, un crime que le rideau de l’oubli a renvoyé au néant.

 

Pourtant, tous ceux qui ont plus de 50 ans ont vécu ce drame. C’était en 1986, François Mitterand était le Président d’une France qui avait rompu avec un ancrage à droite que nous avions toujours connu depuis la fin de la guerre mais se trouvait confronté a une 1ère cohabitation avec les ténors de la droite, Chirac, Pandraud, Pasqua... qui tenaient les rênes d’un pouvoir qu’ils rêvaient de reconquérir à temps plein. Pendant ce temps, les jeunes lycéens défilaient, réinventant la contestation et les manifestations violentes, 20 ans après Mai 68, contre le projet de loi d’un Alain Devaquet qui voulait réformer à la hussarde les Universités et inscrire des critères de sélection pour accéder aux études supérieures.

 

Malik Oussekine mourra le 5 décembre sous les coups des «voltigeurs», ces policiers à motos équipés de bâton avec lesquels ils tapaient à l’aveugle sur les manifestants. Il deviendra le symbole d’une lutte et la victime d’un système. Il sera surtout une page de plus dans la longue histoire des bavures policières.

Son nom est resté mais son histoire s’est fondue dans la nuit des temps.

 

Le temps a passé et d’autres convulsions, d’autres drames sont venus balayer une actualité toujours chargée en morts inutiles, de raison d’état en crimes cachés.

 

Et c’est tout l’art d’Antoine Chevrolier d’exhumer cette tragédie afin d’en solder les effets pervers à l’heure où les rejets de l’autre, le racisme, et l’impunité des forces de l’ordre continuent de jeter un voile sur la vérité.

 

Avec 3 co-auteurs, après avoir renouer avec la famille de Malik Oussekine, ils ont trouvé un étrange producteur, Dysney+, pour une série en 4 épisodes qui donne un sens à la notion même de quête de la vérité et de la nécessité de régler nos comptes avec les pages sombres de notre histoire, ce que le cinéma Français à beaucoup de difficulté à réaliser. Combien de films sur l’esclavage dans nos colonies, sur la guerre d’Algérie et le sort des harkis, sur les pages sombres de la collaboration et d’un Pétainisme « sauveur des juifs » ont été traités ? Si peu !

Quand nous sommes si forts à ancrer un certain réalisme social dans la problématique de filmer notre environnement, nous sommes trop souvent paralysés par le poids de notre propre histoire dans ses pages les plus sombres, à la différence des américains, aptes à peindre la guerre du Viet-Nam en direct, le drame de l’extermination des indiens, les affres de leur politique intérieure...

 

Et grâce à Dysney+, dont le fond de commerce et plutôt constitué de sagas historiques et de super-héros, Malik et son histoire peuvent revivre enfin et rendre son honneur à une famille dévastée par un drame atroce, dépeindre les ravages d’un racisme au quotidien, camper l’incroyable difficulté d’une assimilation toujours exigée des politiques mais rendue impossible par une discrimination rampante et une inégalité devant la loi de ceux qui sont différents mais tentent de s’intégrer.

 

Cette série fera date par la qualité de son scénario tiré de la réalité mais aussi par la perfection des acteurs (bouleversante Hiam Abbass, qui interprète la mère de Malik), frères et soeurs, flics sans vergogne, politiques sans états d’âme.

 

L’équipe technique est parfaite entre les prises de vue, la photo, le montage, une réalisation soignée qui donne un souffle à cette série et lui offre une audience prévisible sur les écrans du monde entier.

 

Il fallait ressentir l’incroyable vibration de la salle du Grand Rex bourrée à craquer en cette présentation officielle des 2 premiers épisodes, où « peoples » et spectateurs lambdas se côtoyaient et communiaient dans une réelle émotion.

Les bons sentiments peuvent aussi déboucher sur l’art de conter une histoire éternelle, celle de la lutte contre l’injustice, pour la fraternité et le respect de l’autre.

 

Il fallait être en ce 9 mai 2022 dans cette salle pour se convaincre que le cinéma a encore de magnifiques pages à écrire. Merci à toute l’équipe de production et de réalisation de nous avoir permis d’oublier les miasmes d’une campagne présidentielle ignoble, les délires Poutinesques d’une invasion de l’Ukraine, le développement sordide du travestissement de l’histoire par les fake-news et d’avoir remis de l’humain au sein d’une oeuvre de mémoire indispensable !

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Tic tac, tic tac... et la machine à broyer la démocratie qui s'avance !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des moments comme celui-là ! Plus d'internet ni de télévision à cause d'une panne (merci SFR !), un oeil qui bat la campagne et les oreilles qui n'en peuvent plus d'entendre toutes les conneries déversées par des candidats pathétiques. 

Et pourtant, j'irai voter ce dimanche d'un 2ème tout en me bouchant le nez pour un homme qui depuis 5 ans marche à cloche pied sur sa chambre droite mais vient de redécouvrir miraculeusement qu'il a aussi une jambe gauche en cette veille d'un choix crucial !

Et si je ne crois pas une seconde en ses promesses tardives, si le ruissellement annoncé n'a pas eu lieu et n'aura jamais lieu en cette période de crises diverses où les riches n'ont jamais gagné autant d'argent avec l'indécence de ceux qui méprisent les autres, si je suis sourd à ses cris d'orfraies pour une écologie de combat, à ses ruades pour imposer un bilan qui n'existe pas et reste lucide sur un passif qui est bien le sien...

Et bien malgré tout, je vais voter Macron, n'en déplaise à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau !

Mais si tu as mon vote Manu, tu n'auras pas mon âme Macron. Je camperai pour ton dernier mandat comme un opposant à ton entreprise de sabordage des valeurs de solidarité, d'entraide et de développement d'une société tournée vers l'avenir de nos enfants.

Ce faisant, je vote pour la démocratie contre une extrême droite masquée qui avance à pas de loup, je vote pour l'Europe des peuples, pour la culture absente des débats et si nécessaire à l'évolution des individus, pour l'écologie si fondamentale désormais qu'on en voit les ravages au quotidien, pour l'humanité de ces peuples jetés sur les chemins de l'exil par la folie des hommes et l'inconséquence des gouvernants et qui se noient dans des mers sans attaches...

Je vote contre Le Pen, contre Zemmour, contre les fadaises des complotistes de tous bords, les fake-news des usines à trolls russes abondamment colportées par des charlatans et l'horreur que subissent les Ukrainiens devant la barbarie de régimes soutenus par ceux qui envisagent de gouverner une nouvelle France du passé.

Et je suis désarmé que les jeunes ne se sentent pas plus partie prenante d'un monde à construire et envisagent de pouvoir regarder se déconstruire des siècles de lumières.

Alors oui, j'ai peur de ce dimanche 24 avril 2022...

Mais surtout j'ai peur de ce qui se passerait à la sortie des urnes si d'aventure, la coalition des forces brunes et le rejet dans l'abstention des démocrates désabusés ne venaient interrompre le cours de l'histoire.

Et je n'ai pas envie de voir la peur dans le regard de mes petites filles et la folie des hommes prendre le dessus sur les forces du bien pour s'engager dans les chemins ravinés d'un chaos au quotidien !

Alors votez Macron, vous ne pouvez que le regretter... mais c'est la seule solution pour espérer un avenir ! 

Quand à Marine, vous ne pouvez que lui rendre service en votant pour Macron. Elle aura ainsi le temps de s'occuper de ses chats, de tenter de rembourser ses dettes en millions d'€ à Poutine et Orban, ses modèles et créditeurs avisés, prendre des cours de gestion pour celle qui aspire à gérer la France mais ne sait toujours pas gérer son parti. Elle pourra aussi trouver le temps de trouver des avocats pour répondre aux détournements de fonds européens dont on l'accuse et surtout, se réconcilier avec sa nièce égarée en terre Zemmourienne. Voilà qui devrait l'occuper quelque peu !

Et nous permettre de prendre quelques vacances si la crise le permet !

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Et c'est vraiment vrai ?

Publié le par Bernard Oheix

Difficile de parler d'autres choses, d'entendre les oiseaux chanter dans ce printemps qui s'annonce (il y en a de moins en moins d'ailleurs !), après un mois d'une guerre qui défie toutes les lois de l'humanité. On entend même des voix qui susurrent l'idée qu'ils (les Ukrainiens) l'ont bien cherché, que les fascistes sont bien répartis et qu'après tout c'est de la faute des autres, gigantesque magie de la désinformation activée par les usines à trolls de la Russie. Difficile d'éluder pourtant les étapes que nous n'avons pas voulues voir de cette escalade Poutinienne : la Géorgie, la Biélorussie, le massacre de la Tchétchénie, les interventions en Afrique des légions Wagner, le soutien au bourreau Syrien avec l'utilisation d'armes chimiques et cette annexion de la Crimée avec les pustules du Donbass comme détonateurs à venir. 

Nous n'avons pas voulu regarder et pourtant les signaux étaient bien présents, nous devons désormais en régler la facture au prix fort. 

Et il y a tous ceux ceux qui pensent que cela n'arrive qu'aux autres, comme si les néo-nazis n'existaient pas chez nous et que les Zemmouriens qui scandent  "-Macron assassin" étaient des enfants de coeur, que les plus de 40% d'électeurs prêts à rejoindre le camp de Le Pen n'étaient que le produit d'une "dictature" bien Française qu'il faut abattre en instaurant enfin une république de la démagogie et du repli sur soi, de la haine de l'autre et des recettes miracles pour redresser notre pays.

Comme si un peuple aux portes de l'Europe pouvait être foulé au pied, massacré, torturé sous nos yeux et que la vie devait continuer... Mais vers quel avenir ?

Et pendant ce temps, la campagne présidentielle continue, avec des démagogues candidats en pleine activité, se lançant des surenchères de mesures à la face afin d'aveugler l'électeur. C'est à qui sortira de son chapeau les recettes miracles qui confortent leur positionnement extrême.

"Il n'y a qu'à", slogan vengeur d'un Mélanchon, qui a survécut à des décennies de politique, qui c'est gavé sur le dos de ses mandats innombrables  pour finir en troquant les habits d'un homme nouveau dans sa morgue et son mépris. Il s'est constamment trompé sur ses modèles, les Chavez et autre Poutine, aveuglé par son désir du pouvoir et si "-L'état c'est lui", alors bienvenue dans le monde du chaos.

Il y a aussi une multitude de petits candidats arc-boutés sur leur suffisance, des populistes de tout crin, hurlant à corps et à cris au nom d'une légitimité qu'ils n'auront jamais. Pathétique Roussel, grotesque Dupont-Aignan, ridicule Lassalle...

Et l'absurde destin d'Anne Hidalgo, contemplant les ruines funestes d'un passé glorieux (merci à la détermination et à la rigueur d'une Taubira qui aura achevée la gauche une nouvelle fois), engoncée dans les habits désuets d'une gauche à la dérive qu'un Hollande aura achevée.

Et le désarroi d'un Yannick Jadot qui, bien que campant sur le thème principal de nos préoccupations (l'agonie de la planète), est incapable d'incarner les forces du renouveau et de la nécessaire prise en charge de la mission de sauver le monde de ses propres errements écologiques. Mais quand donc l'écologie se dotera-t-elle d'un mouvement à la hauteur de ses enjeux ?

Et Pécresse ou la déliquescence d'une droite républicaine surfant sur les thèmes d'ostracismes et un populisme imposé par Zemmour, l'homme par qui tous les scandales arrivent et qui aura réussi à défigurer notre république, notre démocratie, notre art de vivre.

Quel monde nous préparent-ils ces apprentis sorciers ?

Pathétique si l'on songe que tout cela nous amène à ne plus pouvoir être critique devant un Macron qui continuera dans un pays qui fourmille d'énarques largement rétribués à utiliser les conseils fumeux (mais onéreux) de cabinets conseils américains. Le voilà qui peut nous ressortir sa rengaine des 2 jambes qu'il vient de retrouver miraculeusement (c'est officiel, il a de nouveau une jambe gauche !). Quoique qu'il en coûte, il va pouvoir continuer à ponctionner les petits pour que fructifie la fortune des grands, des riches, des actionnaires, ceux qui n'ont jamais engrangé autant de bénéfices que dans cette période de crise.

Quand à l'état dispendieux au service d'une caste politique qui ne connait pas la crise, rien à signaler à l'horizon !

Reste alors la madone des sondages, celle qui a force de ne rien dire s'impose comme l'alternative au sulfureux Zemmour : Marine que l'on aime désormais !

Incapable de gérer son parti endetté jusqu'au cou, sous perfusion des sulfureux monarques de l'Est (Orban), accrochée au wagon de Poutine, elle en ferait même oublier son programme profondément raciste, démagogique, pervers et où elle lance des chiffres à la cantonade pour surfer sur la vague d'une crise profonde de nos démocraties dû au Covid, à l'invasion de l'Ukraine et aux choix de ce gouvernement.

Et vous y croyez ? Vous êtes prêts à confier vos destinées et l'avenir de vos enfants à celle qui apportera le chaos dans une période si difficile où tout peut advenir, même le pire.

Pendant que j'écrivais ce texte, j'ai visionné sur Arte un film que je ne peux que conseiller à tous ceux qui s'interrogent : Monsieur Max, de Gabriel Aghion qui conte l'arrestation de Max Jacob, peintre et poète homosexuel, ami de Picasso, Jean Marais, Sacha Guitry, interné à Drancy par une police bien française n'en déplaise à Éric Zemmour, où il décédera en 1944 avant d'être convoyé à Auschwitz.

Ce film "fictionnel" nous plonge dans une période d'horreur, quand une étoile accrochée à un veston pouvait conditionner le destin de millions de gens, prisonnier d'un système né 10 ans auparavant, dans une Allemagne qui avait transmis par le vote et avec la complaisance des milieux d'affaires, le pouvoir à un homme qui allait devenir Adolf Hitler.

Tous les ingrédients de ce qui peut encore survenir y sont présents. Peut-être faut-il se rappeler que la bête immonde du fascisme peut encore revivre de ces braises d'un monde en désolation ?

Et là où il faudrait de l'intelligence, de la compassion, et la force de lutter contre le mal avec lucidité, allons nous laisser le champ libre aux apprentis sorciers qui peuvent nous mener vers un désastre sans précédent ?

Nous avons déjà une pléiade de dirigeants complètement cintrés sur cette planète trop étroite, allons nous en élire une de plus, une de celle qui rejoindra le clan des Poutine, des Bachar, de tous ceux qui imaginent que l'on peut créer un monde meilleur sur les ruines de l'actuel en niant l'humanité de chaque individu.

Les barbelés sont prêts, allons-nous donner à Marine la possibilité de les enfoncer dans le corps social.. réponse dans quelques jours !

Mais moi, je sais ce que je voterai : Hidalgo au 1er tout par fidélité à mes idées et Macron au 2ème pour lutter contre l'horreur, même si je lui réserve quelques années où il faudra bien qu'il nous entende !

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Les borgnes magnifiques !

Publié le par Bernard Oheix

Bon, je ne le suis pas encore ! Mais quand même, au réveil d'un matin blême, quand votre oeil gauche vous adresse le message impérieux d'une absence de vision, vous vous posez des questions bien légitimes !

Après l'urgence d'une consultation auprès de Pascale Wasmer, mon amie et ophtalmologue préférée, force fut de constater que cet implant que l'on m'avait posé il y a une quinzaine d'année pour lutter contre une cataracte précoce, avait décidé de faire des siennes en dérogeant aux sacro-saintes lois de l'équilibre naturel. Rompant les amarres, il décida d'aller se promener dans une cornée bien désolée de le voir prendre des chemins de traverse et quelque peu inquiète des conséquences fâcheuses qu'il pouvait engendrer dans un iris qui n'en demandait pas tant.

Un chirurgien, jeune et talentueux, Laurent Melki, décida alors de prendre mon oeil en main et de se consacrer à faire rentrer dans le droit chemin, l'implant capricieux, et m'opérant en urgence, tenta de remettre l'impétrant en place.

C'est ainsi que je me réveillais après une nuit sans rêves, dans un lit de clinique où des infirmières s'activaient à faire de mon oeil un personnage présentable sous des pansements dérobant la moitié du monde à ma vision chancelante !

 

Vous me direz, ne voir que 50% de la réalité en ce moment, c'est s'épargner la moitié des horreurs qui frappent l'Ukraine, même si cela n'empêche pas d'entendre la totalité des bêtises d'une campagne présidentielle affligeante !

C'est aussi l'occasion de faire le point, même avec un seul oeil, ce qui est plus difficile, sur le vaste chantier que l'âge a entamé sur les vestiges de mon corps.

N'exagérons pas, le corps médical soudé autour de ma pupille, me promet des lendemains heureux pour un rétablissement originel et la pleine possession de mes moyens oculaires. Un peu comme si vous promettiez aux Ukrainiens que Poutine libérait leurs territoires, renvoyait ses armées à la maison, et décidait de transmettre le Kremlin à un jeune juif, acteur comique dans une tragédie balayant les vestiges du passé.

Moi, j'erre toute la journée au rythme de ces gouttes perlées dans cet oeil... que j'ai à l'oeil et j'attends que des jours meilleurs reviennent afin que je puisse admirer ces pyramides que tant de siècles ont contemplées.

Beauté de la Place rouge, en 2011, quand il n'y avait pas encore des l'armes à l'oeil et que Poutine n'était toujours qu'un pantin alternant les manoeuvres pour se maintenir au pouvoir (cf. La Valse des Présidents !).

Beauté de la Place rouge, en 2011, quand il n'y avait pas encore des l'armes à l'oeil et que Poutine n'était toujours qu'un pantin alternant les manoeuvres pour se maintenir au pouvoir (cf. La Valse des Présidents !).

Et au passage, notons qu'être borgne en terre de cinéphilie est presque un privilège. Nonobstant cette moitié de l'écran aux abonnés absents, il vous reste quand même le privilège de tutoyer quelques légendes aux agapes du 7ème Art.

John Ford par exemple, n'avait qu'un oeil, mais quel oeil ! Et un bandeau noir sur l'oeil d'un truand ne l'empêche pas de faire Une Chevauchée Fantastique tout en appréciant Qu'elle était Verte sa Vallée pendant que La Garde Noire déclenche Une Révolte à Dublin et que Toute la Ville en Parle !

C'est comme Le Testament du Docteur Mabuse, de Fritz Lang. Avec lui, M le Maudit et Les Bourreaux meurent aussi du côté de Métropolis dans l'éclair Des 3 Lumières... et ce bien qu'il n'ai qu'un oeil valide !

Toujours avec un seul oeil, encore Un Sabotage à Berlin de  Raoul Walsh, à la recherche du Voleur de Bagdad, certainement pas Au Service de la Gloire sur La Piste des Géants avec son Convoi vers la Russie bien de circonstances.

Et André de Toth, même son patronyme incite à la prudence. Et pourtant, pour un borgne, faire en 1944 None Shall Escape est bien prémonitoire. " En 1944, un Hongrois ayant fui le nazisme, prédit les procès de Nuremberg avec une acuité sans égale et avertit : ils n'y échapperont pas !" (Citation de Torreben)

Alors, en cette heure où tant d'aveuglement nous amène à nous poser des questions vitales pour l'avenir de nos enfants, de nos petits-enfants, quand le monde s'embrase comme si l'on n'avait rien retenu de l'histoire, quand un paranoïaque peut investir le champ de l'impossible et tient un bouton rouge dans sa main de dictateur assoiffé de son propre pouvoir... oui ma "borgnitude" n'est qu'un détail de l'histoire !

Ce "détail de l'histoire" dont l'auteur, Jean-Marie Le Pen, pourtant borgne, et sa progéniture, ne sont pas invités au banquet des êtres de lumière qui ont façonné des films comme s'il n'était pas indispensable de posséder deux yeux pour créer la beauté. 

Et j'ai encore  l'espoir de retrouver mon regard de braise afin de pouvoir contempler un monde d'harmonie où les hommes et les femmes de bonnes volontés pourront se prendre par la main et rêver aux lendemains qui chantent pendant que cette clique d'empêcheurs de vivre en paix croupiront dans les relents nauséabonds de leur propre ignominie !

Devant le tombeau de Vladimir Ilitch Lénine sur la Place Rouge. Cet oeil traître... tout comme l'histoire de cette utopie humaniste fut balayée par Staline et désormais Poutine...

Devant le tombeau de Vladimir Ilitch Lénine sur la Place Rouge. Cet oeil traître... tout comme l'histoire de cette utopie humaniste fut balayée par Staline et désormais Poutine...

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La Russie... 10 ans après !

Publié le par Bernard Oheix

En mars 2009, dans mon blog, j'écrivais un article prémonitoire intitulé : "La Russie en crise... et demain ?".

Il faut dire que j'avais le privilège de m'y rendre chaque année, au mois de janvier pour l'organisation du Festival de la Culture Russe que j'avais créé avec des russes, dont le Président était Nikita Mikhalkov, et qui se déroulait à Cannes en août. J'ai pu ainsi, depuis la chute du mur, me rendre dans les régions et villes (Moscou, Kazan, St Pétersbourg, Vologda, Kaléningrad et autres) et vivre et rencontrer des russes chez eux, dans leur univers quotidien.

C'était fascinant ! 

Et pourtant, à chaque périple, je voyais ce pays francophile, peuplé de gens cultivés et généreux, s'enfoncer dans la crise qu'un Poutine entretenait d'une main de fer en jouant sur tous les tableaux. J'ai vu resurgir le rôle et le poids de l'église et de ses popes gourous, j'ai entendu le racisme monter tel une vague jusqu'à submerger les bonnes volontés et l'argent roi devenir l'étalon du non sens !

La Russie en Crise !

 

La crise, les ravages de la crise… pas une réunion, pas un repas, une cérémonie du thé ou un toast qui ne commence par cette litanie et ne s’achève par un constat alarmiste. Les nombreux responsables rencontrés dans cette semaine de prospection en Russie n’avaient que cette antienne à la bouche, la crise, les ravages de la crise…Nous sommes en janvier 2009 et toute la Russie est en train de basculer dans l’horreur.

 

Il faut tenter de comprendre ce qui se passe. Depuis bientôt 10 ans que j’effectue ce pèlerinage en terre slave, les rôles sont bien distribués. Les Russes de la Fondation draguent les fonds publics pour adosser le Festival qui se déroule en Août aux régions très indépendantes économiquement et particulièrement riches en cette période de libéralisation qui succède au centralisme de l’ère communiste. C’est ainsi que je joue le VRP de choc, séduisant, me baignant dans l’eau glacé des lacs gelés en compagnie des gouverneurs, troussant des discours fleuris pendant les repas interminables parsemés de toasts rituels, accueilli comme un prince en renvoyant l’image d’une Côte d’Azur pleine de charme et de mystère, l’objectif final étant de convaincre les politiques d’investir sur le Festival en finançant exposition vantant la région et spectacles de tradition remplissant le Palais.

Il a fallu du temps pour en arriver à cette sophistication, à cet équilibre subtil entre les acteurs russes et mon rôle de promotion dans les régions.

 

Tout aurait pu continuer ainsi dans le meilleur des mondes si le grain de sable d’une crise violente exportée des Etats-Unis n’était venu enrayer la belle mécanique d’un capitalisme triomphant en terre slave !

Au pied de la Tour penchée de Kazan... penchée comme la Russie à la recherche d'un équilibre précaire.
 

Il faut comprendre que pendant les trois quarts du XXème siècle, les Soviétiques ont vécu à l’abri des tourmentes de l’économie moderne capitaliste. Grand pays de culture, capable de forcer les portes de la science et de la technologie (conquête de l’espace, médecine, éducation, culture…etc.), ils ont construit une forteresse, une économie de non-travail comme de non-chômage, un cocon bureaucratique assurant un minimum de bien-être par l’égalisation d’un standard moyen de vie assurant la subsistance sans permettre le développement exponentiel de la consommation et l’accaparement des libertés individuelles.

La suite, nous la connaissons. Un conflit meurtrier aux confins de l’Orient dans les montagnes de l’Afghanistan, un fragile mur qui s’écroule en Occident, le monde qui s’invite sous toutes ses coutures par les lucarnes de la télévision et le développement des échanges… et tout bascule, y compris les certitudes idéologiques ! La transition démocratique de Gorbatchev volant en éclats sous les coups de boutoir d’une classe de futurs oligarques avides de se dépecer les richesses du pays sous la baguette de Boris Eltsine, l’Union Soviétique disparaît corps et bien pour accoucher d’une nouvelle Russie conquérante et avide de retrouver sa place dans le concert des nations modernes.

Alors pendant 15 ans, le miracle économique aura bien lieu et les rêves prendront corps. Plus aucun frein, si ce n’est celui d’une violence et d’une corruption que manifestement Poutine réussira à juguler (ou plus exactement à canaliser !), des oligarques moteurs d’une richesse colossale entraînant le pays dans une spirale inflationniste, le prix du pétrole et du gaz en pleine ascension donnant des moyens illimités aux régions et à l’état central, une progression de deux chiffres du PNB autorisant tous les rêves… C’est Tintin au pays des ex-soviets décomplexés, ivres de liberté et achetant à tour de bras des biens matériels, exposant leur richesse comme des nouveaux riches sans pudeur… C’est aussi une catégorie populaire qui se retrouve dans ce dynamisme, travaille et érige une société où les frontières avec l’Occident s’estompent.

Moscou devient la capitale la plus chère du monde, se couvre de magasins de luxe et les firmes de produits de haut de gamme se précipitent au banquet annoncé de nouveaux consommateurs avides. Vologda, Kaliningrad, Novgorod en phase avec le cœur du pays épousaient les mêmes rythmes.

J’ai vu la Russie s’embellir, gratter sa misère pour exposer ses ors, les babouchkas vendant des souvenirs se fondre et disparaître dans la pulsation d’un pays ivre de frénésie.

J’ai vu aussi pendant ces 10 ans, la montée d’un authentique racisme en parallèle de la régulation de la violence, de la normalisation des liens sociaux. J’ai vu aussi éclore un fanatisme religieux, églises reconstruites, popes tout-puissants, oracles des temps modernes…

Délice d'un ballet classique dans son temple... Le Lac des Cygnes par le Mariinsky.
 

Et 2009 est arrivé !  En Russie, on avait connu en un siècle, la non-économie socialiste et l’ivresse du capitalisme conquérant. Restait donc par la grâce d’une crise des locataires surendettés de l’Amérique profonde incapables de rembourser leurs «loyers », à découvrir les horreurs des crises du capitalisme, crises cycliques, rémanentes mais que les Russes subissent à leur corps défendant, dans la violence extrême d’une société qui ne s’est pas prémunie contre ces soubresauts délétères. Pas de syndicats, des retraites à minima, les indemnités de chômage réduites comme peau de chagrin, des usines qui ferment du jour au lendemain, des entreprises rayées de la carte, des familles foudroyées passant du tout au rien, avec pratiquement aucun filet de protection.

Dans nos sociétés, des matelas assourdissent (mais pour combien de temps !), la violence de la déflagration, là-bas, en Russie, l’absence de tous fusibles accroît l’ampleur de l’explosion et la société se tétanise de peur, les responsables plient sous leurs responsabilités, sont incapables de trouver des solutions. Le prix du pétrole en chute libre (divisé par 3), et sa consommation qui a perdu 20%, obligent l’Etat à puiser dans les caisses heureusement pleines d’une décade inflationniste… Mais après ! La chute générale des matières premières et le frein au développement dû au chômage massif bloquent toute la mécanique économique à un niveau de prix incompatibles avec la récession.

 

Alors demain ? Révolution brune de ceux qui ont faim ? Contraction violente d’une société angoissée, crispée sur son racisme, son obscurantisme religieux et la cruauté héritée d’un système qui donnait si peu de prix à la valeur humaine… On peut s’interroger et craindre pour l’avenir de ce beau pays de culture, de ce peuple qui mériterait de vivre dans la paix et se retrouve éternellement confronté aux démons de son histoire.

 

Depuis mon dernier voyage en 2012, je m'étais promis de ne plus  mettre les pieds en Russie tant que Poutine en serait le Dictateur. Bien m'en a pris hélas !

Ce que je pressentais c'est avéré. Le pays s'est embourbé dans les marécages d'un pouvoir sanguinaire sans limites. Pour ceux nombreux qui pensent que la France est une dictature qui nous prive de nos libertés, qu'ils émigrent avec leur convois de La Liberté en Russie, ils découvriront alors le vrai visage d'une botte de fer.

Quand aux autres, ceux qui ne comprennent pas comment on en est arrivé à ce point d'ignominie, qu'ils fassent bien la différence entre un système Poutine et un peuple russe qui tente de lutter avec ses maigres moyens contre les fantômes de leur passé. Ils sont nombreux les Russes à ne pas vouloir être complices de cette tragédie... et quand ils affirment leur opposition, ils se retrouvent en prison, eux !

J'ai trop d'amis en Russie pour ne pas être horrifié par leur drame.

Alors que les sanctions tombent, que l'Europe passe une nouvelle étape dans sa construction, bannissons les responsables de cette horreur de toutes activités sur notre si vieux continent et que vive la démocratie et l'harmonie entre les peuples.

Et en attendant, courage à nos amis Ukrainiens qui n'ont qu'un seul tort, celui d'aspirer à un monde  meilleur pour leurs enfants et prouvent dans leur résistance désespérée que les fascistes sont en face, en train de les bombarder pour les rayer de la carte ! 

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La jeune fille qui va bien : et vous ?

Publié le par Bernard Oheix

Bon, c'est pas la fête tous les jours !

Pour preuve ce débat pathétique pour les élections présidentielles, ces postures tragi-comiques où chacun court derrière les idées les plus extrémistes et le refus de l'autre en une surenchère nauséabonde.

Et il y a toujours Poutine, embusqué derrière sa ligne de front pour jouer le grand méchant loup du haut de ses centaines milliers de soldats et de son absence de scrupules.

Mais heureusement, il y aura eu cette belle unanimité autour des jeux olympiques les plus anti-écologiques de toute l'histoire, où les affaires de dopages (tiens, revoilà les russes !), de l'exploitation du sportif comme une chair à canon pour vendre son "China made in live" et tout cela avec la certitude que les Ouïghours continueront à crever dans l'indifférence polie de la diplomatie.

Ils sont devenus fous...

Mais il reste parfois, comme un éclair de beauté, la certitude du bonheur, un film, une pièce de théâtre, des porteurs de lumière pour nous rappeler que le génie existe encore et qu'il se niche dans notre culture pour s'épanouir et nous rendre plus intelligent, plus fort !

C'est le cas avec Une jeune fille qui va bien, le premier et particulièrement réussi film de Sandrine Kimberlain. On la connaissait comme actrice pouvant tout jouer, provocatrice et souriante, mais en passant derrière l'objectif, elle nous offrre une vraie sensibilité de réalisatrice, une femme pudique qui propose une vision particulièrement romantique de la tragédie d'une jeune fille dans les années sombres d'une France dirigée par "celui qui a sauvé les juifs français (sic)".

Dans une période non définie d'une France Pétainiste, sans jamais voir un uniforme allemand ni la tenue noire d'un milicien, Irène, jeune fille française dans la fleur de l'adolescence, rêve de théâtre et tente d'intégrer une grande école en passant un concours.

Entre deux amourettes, la disparition mystérieuse de son partenaire du concours, sa profonde joie de vivre dans un corps qui exulte le bonheur, elle va nous permettre de suivre un hors-champ dramatique où les signes du drame en train de se jouer sont bien présents.

Des voix allemandes d'abord, comme un rappel de ce qui est en train de se jouer, puis cet infamant "JUIF" en lettre rouge apposé sur les cartes d'identité française, la récupération de tous les postes et téléphones par l'état pour les empêcher de communiquer, jusqu'à cette étoile jaune qu'elle est obligée de porter comme le signe de l'abandon de toutes les valeurs humaines par un pouvoir féroce qui les désigne à la vindicte.

Pourtant, dans cette famille juive, il y a toute la diversité d'une France d'accueil. Le père haut fonctionnaire dans une administration qui pressant le drame en train de se dérouler, la grand-mère qui refuse de prier et de se plier aux diktats d'une loi qui est sensée les protéger, la religion, le frère que son grand amour quitte à l'apparition de cette sombre étoile...

Qu'à cela ne tienne, Irène vit pour le théâtre, trouve des substituts pour se maintenir dans la course, refuse le côté obscur de ce qui est en train de se jouer.

Mais le soir du concours, après avoir réussi son audition, dans la fête qui réunit les étudiants, c'est dans les yeux de sa partenaire que va se dérouler le drame. Deux bras engoncés dans une tenue noire vont l'enfermer pour le plus tragique des destins, celui d'un camp et d'un holocauste  qui va la rattraper et sceller son destin.

Ce film est un hymne sensible au partage des valeurs les plus nobles et ne montre jamais, mais suggère l'horreur en marche. C'est un bijou d'humanité à l'heure où notre société rejoue les grands drames de l'antisémitisme et du jeu avec le feu des passions ignobles.

À voir de toute urgence pour nous rappeler à notre devoir de mémoire ! 

Il y a aussi le théâtre pour nous permettre de rire et d'exulter avec Panayotis Pascot... encore un d'ailleurs qui risque de devoir changer son prénom si le zèbre s'impose dans sa course à l'échalote.

Dans un spectacle créé en 2019 et 2 fois reporté mais qui arrive enfin à Cannes, dans une salle de La Licorne à La Bocca remplie à ras bord. Il nous entraine dans un show débridé où il va dévider le fil d'une histoire personnelle pleine d'humour et de tendresse. Plus qu'un one man show, c'est une pièce riche et dense qui joue sur la corde de la déraison en permanence pour déclencher le rire et l'émotion.

Des amours contrariés, des parents comme tous les autres, de l'incommunicabilité à l'acceptation de sa différence, de l'ami victime d'un cancer à  la fuite du temps qui l'oblige à grandir, tout y passe pour le plus grand bonheur d'une salle chavirant dans des cascades de rire et qui le suit au fil de son jeu en déséquilibre permanent.

Bête de scène, il s'appuie sur un texte fort pour déraper avec conscience et amener le public à son point de fusion.

​​​​​​​Panayotis, révélé par le "petit journal" et un grand monsieur de l'humour et régénère ce genre en lui donnant toute la force et l'énergie d'un bateleur au grand coeur.

Bravo Monsieur Pascot pour votre réelle performance et merci de nous avoir offert la possibilité d'une évasion et d'un partage revigorant.

PS : à noter, l'excellente première partie d'un Abderhamane qui rempli parfaitement son rôle de chauffeur de salle en dévoilant un talent qui promet pour la suite de sa carrière.

Voilà donc quelques raisons d'exulter et d'espérer. Le rire franc et ouvert, l'émotion à fleur de peau, la tendresse des sentiments comme une cure régénérative bienvenue en ces heures tristes qui s'illuminent parfois de l'aile du talent de l'humour et de l'amour.

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La charge héroïque : Hommage à un vieux pote !

Publié le par Bernard Oheix

À mon âge vénérable, j'ai plus l'opportunité de parler des enterrements que des mariages. Pourtant, entre les deux, se glissent quelques anniversaires, ces dates qui se glissent  dans le courant tumultueux de la vie des vieux et qui sont la preuve, à l'évidence, que c'est encore la meilleure façon de vieillir en évitant la mort !

Oui, il y en a encore quelques-uns qui s'accrochent aux branches, ne serait-ce que pour pouvoir connaître ce nom du futur président de la République Française qui nous obsèdent, ou pour constater l'harmonie de cette société que nous avons contribué à ériger et qui semble bien difficile à décrypter pour les ptérodactyles que nous sommes devenus.

Qu'à cela ne tienne, c'est aussi l'occasion pour moi d'exprimer par des mots ce torrent bouillonnant qui s'empare de mon cerveau enfiévré à l'idée de pouvoir faire un nouveau discours et de contribuer ainsi, à ma légende de conteur qui sait charmer son auditoire à coup de punch-line bien senties.

Voilà donc mon dernier né, en hommage à un pote qui n'est pas né de la dernière pluie, même s'il réside dans un région nantaise propice aux déversements d'un ciel couvert qui a en permanence le désir de se soulager sur les têtes chenues de mes copains !

Hommage à Bertrand Delaporte

 

Bon, on ne va pas en faire un fromage. Tu es devenu vieux et c’est déjà un exploit. Même si tu as plus tendance, désormais, à parler de ta santé que des spectacles de Musique du Monde du Festival de Nantes que tu as programmés avec brio, sans doute à cause de ton sonotone mal réglé qui t’empêche de goûter aux charmes des vocalises de Rokia Traoré et te fait confondre Céline Dion avec Michel Fugain.

Tu es un époux toujours vaillant, un père qui ne s’est pas (trop) trompé en éduquant sa progéniture et un désormais grand-père presque idéal. Mais tu as été aidé en cela par ton modèle, l’homme qui a fait de ton imperfection, l’être exquis qui se complet à l’être. Je parle bien sûr de ton pote Bernard, l’empereur du Palais des Festivals de Cannes, celui qui a su déceler en toi la richesse d’un intérieur foisonnant et la complexité d’un hétéro convaincu qui ne céda jamais à la tentation, même par une nuit d’ivresse au Womex de Séville, quand tu trébuchas sur la piste de danse pour tomber dans ses bras.

Et oui Bertrand, il y a des choses que l’on ne peut effacer même si Alzheimer nous guette.

Tu as été, en cette période où les candidats à la présidence foisonnent, le vrai, l’authentique Leader Maximo de Zone Franche, cette bande de gamins mal torchés qui avait décidé d’affronter le capitalisme sauvage et de donner un souffle nouveau à la culture. Tu étais un chef charismatique respecté (même par moi !), et si tu y as laissé quelques plumes, quel réconfort par contre de savoir que les requins de l’establishment ont tremblé au moins pendant quelques minutes devant les assauts de l’intelligence de la passion et du coeur.

Tu as été accompagné dans ton parcours tumultueux par Françoise, véritable sainte femme, qui décida au siècle dernier de partager ta vie et de t’accompagner dans le confort et la béatitude d’un Che Guevarra des riffs et des solis endiablés. Tu lui es redevable de bien des cicatrices refermées et d’avoir pu passer le cap des 60 ans, puis des 70 ans, même si je sais qu’elle a fait tout cela en attendant avec impatience un voyage, que dis-je voyage, une croisière autour du monde sur un Costa Concordia en légitime retour sur son investissement. Vérifie quand même l’âge du capitaine et avoue à ta charmante compagne, que au vu de la pingrerie de tes amis, tu as dû te rabattre sur un tour de barque sur les rives du lac Léman.

Alors voilà. Tu as basculé chez les septuagénaires et tu deviens l’heureux propriétaire d’une carte vermeil +. Ce sera, malheureusement sans la présence de ton pote Bernard de Cannes, mais cela, je sais que tu t’en contrefiches puisque tu l’as invité uniquement parce que tu voulais revoir Thérèse, sa charmante épouse. Mais même si ta femme est complice, hors de question que je vous la laisse ne serait-ce que quelques heures… j’aurais trop peur qu’elle succombe à votre hospitalité si chaleureuse, à la promesse de plateaux de fruits de mer somptueux (pour info, elle n’aime pas les huîtres), à la quiétude de l’air marin nantais.

Nous aurions aimé partager ce moment autrement que par ces mots, avec vous 2, avec ta famille, tes amis, mais les vicissitudes de cette époque bien étrange, nous imposent de rester au soleil de Cannes, coincés entre des gardes d’enfants, des cas contacts et des plongeons dans la Méditerranée qui te rendent presque jaloux.

Rassure-toi, nous n’en avons pas fini de nous poursuivre de nos assiduités, et quand tu auras suffisamment souqué dans ta barque sur le lac Léman, tu pourras toujours venir te reposer sur nos rivages paradisiaques et te refaire une santé pendant que je m’occuperai de Françoise et que Thérèse, l’infirmière en chef de ma vie, te remettra sur tes pieds.

On vous aime et on tient à vous. Alors rendez-vous pour nos 80 balais qu’on fêtera ensemble dans une cérémonie païenne orgiaque et en attendant, en ce moment précis où tu pleures de me lire, je déguste un bon pastis avec des olives niçoise à ta santé.

Longue vie à toi vieux pote.

PS : Et merci à Lucas, ton fils, qui a accepté d’être mon porte-voix en se demandant pourquoi c’est toujours lui qui se retrouve dans les galères !

Je vous épargne les photos, vu qu'il n'y a plus grande chose à montrer de notre charme légendaire, et je confirme que pour nos 80 ans, on se fera une "teuf" d'enfer avec tous les restes de nos vies de bricoles dans la période bénie de l'âge d'or de la culture et du rêve.

En attendant, on ne connait toujours pas le nom du futur président, et sincèrement, on s'en fout, tant ils sont tous nuls et nous donnent envie de hurler la nuit en regardant les étoiles.

Allez, mon vieux pote, on va se retrouver bientôt quelque part, et comme à chaque fois, j'aurai l'impression de cheminer à côté de l'amitié, sur le versant des belles choses, en bonne compagnie !

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