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culture

La Théorie des Prodiges/Système Castafiore

Publié le par Bernard Oheix

Découvrir une nouvelle pièce du Système Castafiore est toujours un moment d'une intense incertitude, l'attente désordonnée d'une émotion à venir. La présentation de La Théorie des Prodiges n'échappe pas à cette règle, dans le bruissement d'une salle pleine, la tension perceptible d'un nouveau pari, les espoirs se focalisent sur la lumière qui s'éteint pour un premier tableau d'une femme suspendue par des harnais invisibles qui sculpte l'espace avec une grâce aérienne. C'est donc parti, pour une nouvelle plongée en "terra incognita"...

La Théorie des Prodiges/Système Castafiore

Ré-enchanter le monde....Vaste projet dans la continuité des créations dont cette Compagnie Castafiore, basée à Grasse, dirigée par Karl Biscuit et Marcia Barcellos, s’est faite une spécialité. On se souvient de Stand Alone Zone (2009) comme d’un space-opéra, Des chants de l’Umaï (2011) comme d’un hommage bouleversant à Marcia, de toutes ces pièces qui brisent tous les repères (Récits des tribus omégas (2000), Encyclopédie des tendances souterraines (2006) Oratorio Mongol (2014)), entre la danse, le théâtre du merveilleux, le mime et des textes hachés et triturés pour n’en laisser émerger que l’essentiel. Les costumes et les accessoires nous emportent dans l’ailleurs, la danse brise tous les codes en vigueur, et la technique (subtil mélange entre l’innovation et le bricolage) nous permet d’échapper à la pesanteur en donnant une dimension universelle qui dépasse l’entendement pour toucher au ressenti.

C’est la conjugaison foisonnante de tous les arts de la scène fusionnant avec les techniques de projection en 3D qui sème ce trouble indicible que le spectateur ressent au plus profond de lui.

Au passage, quel universitaire se penchera un jour sur la magie des titres de cette compagnie atypique. Florilège onirique qui nous emporte dans un ailleurs fantastique…

La semaine des 4 jeudis (2003), Lucioles et autres stratagèmes (1999) Manuel du merveilleux : W-A° (2008), Renée en botaniste dans les plans hyperboles (2012)

Nous attendions avec impatience leur nouvelle création, La Théorie des Prodiges, comme pour nous convaincre que nous ne rêvons pas et que leur créativité reste encore et toujours intacte.

Pari réussi de nouveau. En 13 tableaux, les créateurs nous emportent dans un monde où le virtuel et l’onirique se conjuguent, déclinant les thèmes fantastiques chers à leurs obsessions. Naissance du langage, hommes animaux, féerie des utopies, cyclope, défilent sous nos yeux, portés en direct par la voix bouleversante de la jeune Camille Joutard jonglant avec les trilles, glissant sa voix mélodieuse dans l’univers BD de la mise en scène, dans des costumes et des accessoires issus de l’imaginaire torturé de Christian Burle, dans les mouvements saccadés et syncopés débouchant sur une fluidité du geste imaginés par la chorégraphe Marcia Barcellos.

C’est un aboutissement (mais nous disons cela à chacune de leur création !), une certitude de plus confirmant cette démarche atypique qu’ils réussissent contre vents et marées à maintenir, contre des budgets de plus en plus exsangues, contre les démissions d’une société de plus en plus triviale où la culture devient un accessoire au profit du showbiz, contre la main mise du bien-pensant sur les zones furieusement incontrôlées de nos songes.

L’histoire des arts du spectacle reconnaîtra l’apport essentiel de Karl Biscuit et de Marcia Barcellos dans cette époque charnière entre ce XXème siècle des utopies agonisantes accouchant d’un XXIème matérialiste sans frontières où les ferveurs religieuses se sont libérées de toutes morales. Ils rêvent comme des enfants éveillés avec le sens naturel d’un sacré sans codex, ils osent l’impossible et nous offrent l’impensable.

C’est une plongée hallucinatoire dans ce lieu particulier où fusionnent le corps et la pensée, le concret et la métaphysique, sans traces d’une quelconque leçon à tirer ni de volonté à donner des clefs… juste saisir l’instant magique où nos rêves nous parlent, où nos peurs se fondent dans l’espoir magique d’une renaissance !

C’est sans doute le premier de leur prodige, et celui-là, vaut tout les messages lénifiants des conformistes bien-pensants qui polluent notre présent….

La Théorie des Prodiges/Système Castafiore
La technique n'est jamais un filtre qui dérobe, bien au contraire, elle sert d'écrin pour mettre en valeur le geste parfait, celui qui nous parle au coeur !

La technique n'est jamais un filtre qui dérobe, bien au contraire, elle sert d'écrin pour mettre en valeur le geste parfait, celui qui nous parle au coeur !

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BoccaSamba... clap de fin !

Publié le par Bernard Oheix

Un été 2015 au rythme de la Samba...

Tout est né dans l'imagination de mon ami producteur, Richard Stephant, un jour de lecture d'un article sur le jeune dynamique et enthousiaste Maire de la Ville de Cannes, mon ancien président et complice du Palais des Festivals de Cannes, David Lisnard, lançant un projet pour La Bocca au nom évocateur de Boccacabana !

A l'origine un constat, La Bocca possède le plus grand front de mer de Cannes... mais celui-ci est totalement inexploité, dans un état pitoyable et l'idée de David Lisnard est de reconfigurer cette zone en la restructurant et en l'aménageant pour un plus grand confort mais aussi pour l'attractivité de ce quartier haut en couleurs où j'ai grandi et réside !

Car Boccassien je suis, reste et fier de l'être !

Aussi, après de nombreuses sessions de travail avec Richard Stephant (avec qui j'ai co-produit Le Requiem de Verdi, Le Canto General, le Mozzartissimo et tant d'autres galas de danse et concerts !), je me présente devant le Maire et lui lance, "-Si vous faites Boccacabana, je vous propose BoccaSamba pour accompagner votre chantier ?"

Regard interloqué, discussions animées, connivence retrouvée et "Banco" du Maire pour une édition 2015 qui devrait décoiffer !

BoccaSamba... clap de fin !

Mes motivations étaient simples et évidentes... pour moi !

1) Devenir le "Roi de La Bocca", ce quartier qui est le mien, dans lequel j'ai grandi, où j'ai vécu l'essentiel de ma vie. C'est ici que j'ai joué au foot, fait mon collège, dragué mes premières fiancées, vu mon premier film (dans l'Enfer Vert !) avec mon père dans un vieux cinéma de quartier... C'est ici que je me suis réinstallé après ma parenthèse burgienne, que mes enfants ont grandi, que je vais à la mer (au rocher rouge de Bernard, s'il vous plait !) et que je vieillis au fil des années qui s'enchaînent à un rythme incroyable !

2) Continuer mon équipée avec mon Maire, mon ami que j'ai soutenu pendant sa campagne, moi l'éternel soixante-huitard aux côtés du jeune quadra de droite à l'avenir certain ! Un paradoxe pour certains, une fidélité évidente pour moi ! Un homme avec qui j'ai eu une vraie liberté pendant les douze années où il a été président du Palais des Festivals et où j'étais son Directeur de l'Evènementiel, qui est à l'origine du succès de nombre de mes programmations... Iggy Pop, Pete Doherty, l'opéra moderne concocté avec Michel Sajn avec Archive et le CD avec l'orchestre de Cannes qui en a découlé, toutes ces idées bizarres qu'il a toujours soutenues et encouragées... Alors oui ! Pour lui et pour perpétuer notre amitié, mon BoccaSamba collait parfaitement à son Boccacabana !

3) Faire vivre ma boite, Bocca Conseils (cf. le site officiel de Bernard Oheix) en trouvant de nouvelles idées comme la Nuit de la Tchatche, Battles in the sky ou Le cinéphile, le jeu sur le cinéma que je développe avec une équipe de marseillais et Luc-Michel Toledano, son créateur.

4) Enfin et surtout, retrouver le terrain, le vrai ! J'ai commencé comme animateur de MJC (à La Bocca Frayère, justement !), j'ai toujours aimé la simplicité et le naturel des opérations menées avec les gens, sur le terrain, en proximité. L'animation n'est ni un gros mot, ni un concept désuet pour moi qui pendant 22 années a géré les plus grandes stars, la culture avec un grand "C", réalisé des manifestations de prestige. Derrière le Directeur, assoupi parfois, l'animateur a toujours veillé au grain, en maintenant un contact étroit avec la vérité du terrain... Cela explique sans aucun doute beaucoup des choix que j'ai fait !

 

BoccaSamba... clap de fin !

Alors que reste-t-il de cet été chaud et complexe à souhaits ?

La vraie beauté des gens, de ce public que l'on oublie trop souvent, se laissant aller, jeunes, vieux, arabes noirs ou blancs, à danser la samba, à se trémousser devant une scène improbable, entre deux tours où logent en s'ignorant des milliers de personnes, sur une terre battue, dans le soir caniculaire tombant.

L'excitation et la sensation grisante du dérisoire de la situation. Seuls avec Richard et Amélie, contre vents et marées, enfourchant ma moto afin de repérer les groupes sur la plage et leur offrant la vision surréaliste de corps emplumés, de silhouettes belles comme le crépuscule en train de danser aux sons d'une Batucada. Déchaînement sympathique des passions humaines, ferveur et bonheur de l'étrangeté de la situation !

Les heures avec les artistes, danseuses belle à couper le souffle, vieux musiciens brésiliens rompus à toutes les joutes musicales, star comme Zezihno, le roi du tic, tic, tac, débarquant spécialement de Manaus pour un concert gratuit sur une place de marché remplie d'un public avide de sensations.

La beauté des filles et des costumes de la Parade Fleurie transformée en corso carnavalesque sillonnant l'avenue principale de La Bocca au milieu de milliers de touristes et de Boccassiens en extase.

Le visage illuminé d'une petite fille se trémoussant en suivant une des danseuses dans des figures de plus en plus sophistiquées, l'oeil rieur d'une mamie esquissant un pas fatigué, son cabas à la main, devant la foule, l'embrassade émue d'un animateur à La Frayère après le concert de Dona Flor, nous demandant de revenir pour d'autres soirées aussi belles, le mot du Maire sur mon portable me remerciant pour mon action, la complicité des journalistes et photographes qui ont permis que la réussite évidente sur le terrain devienne un succès tout court, dans les esprits même les plus chagrin qui me prédisait une belle "gamelle" et ont parfois tout fait pour me mener à l'échec !

Mais les dieux de la Samba étaient avec nous en cet été et BoccaSamba 2 se déroulera, peut-être, en 2016 aux rythmes plus intenses des jeux olympiques qui se dérouleront à Rio de Janeiro sur la même période !

Alors vive le Brésil et les Brésiliennes !

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Vive BoccaSamba !

Publié le par Bernard Oheix

Mais qu'est ce que le Bocca Samba ? Une nouvelle danse de l'été ou un outil d'animation de La Bocca, le quartier de Cannes où je réside et qui est dans mon coeur ? Un plan ambitieux (cf. le dossier sur mon site Professionnel Bernard Oheix, onglet BO Conseils/Boccasamba) me permettant d'exister encore et de devenir le King of La Bocca, ou autre chose de beaucoup plus complexe et pervers ?

Comment répondre si ce n'est par quelques images volées pendant cet été de canicule !

A vous de juger !

Toujours prêt à faire parler d'une opération que je mène même s'il est nécessaire que je m'implique ! Inutile de vous dire que cet article et cette photo ont fait parler de l'opération en cours !

Toujours prêt à faire parler d'une opération que je mène même s'il est nécessaire que je m'implique ! Inutile de vous dire que cet article et cette photo ont fait parler de l'opération en cours !

Fernanda, Josy et Christelle, les reines de la Batucada en train de me remercier pour la confiance (et l'admiration !) que je leur témoigne !

Fernanda, Josy et Christelle, les reines de la Batucada en train de me remercier pour la confiance (et l'admiration !) que je leur témoigne !

les danseuses d'Anna Torres reconnaissantes !

les danseuses d'Anna Torres reconnaissantes !

C'est le Brésil ! Paillettes et postérieurs....un beau visage de la fête dans l'harmonie des couleurs !

C'est le Brésil ! Paillettes et postérieurs....un beau visage de la fête dans l'harmonie des couleurs !

Entre Anna Torres la reine du 6 aout et Zezhino, la légende du TIC,Tic,Tac qui est venu spécialement de Manaus pour un concert de folie sur la place du Marché de La Bocca ! Vous avez dit bizarre !

Entre Anna Torres la reine du 6 aout et Zezhino, la légende du TIC,Tic,Tac qui est venu spécialement de Manaus pour un concert de folie sur la place du Marché de La Bocca ! Vous avez dit bizarre !

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40ème Nuits Musicales du Suquet

Publié le par Bernard Oheix

40 ans que la magie perdure ! Les Nuits Musicales du Suquet, c’est plus de 300 concerts, plus de 5000 musiciens, artistes, plasticiens, conteurs qui se sont succédés sur le plancher de cette scène en fronton de l’église du Suquet perchée au sommet de la butte qui surplombe le vieux port. Ce sont plus de 150 000 spectateurs qui se sont juchés sur les sièges (inconfortables !) de la tribune, entre les remparts crénelés, sous le regard des sternes qui poussent invariablement leurs cris d’orfraie à l’heure où le soleil se couche, quand les premières notes jaillissent vers le ciel étoilé !

Rituel de l’arrivée sur la place ombragée de La Castre, de la descente du public sous le porche de l’église, découverte de l’agora où les places se remplissent dans les derniers feux du soleil !

J’ai réalisé mon premier Festival du Suquet en juillet 1989, époque d’artisanat, billetterie manuelle, équipe en train de se constituer autour de René Corbier, le Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Cannes dont j’étais l’adjoint. Puis en 1992, devenu Directeur de l’Evénementiel du Palais des Festivals, j’ai alors assuré avec Sophie Dupont, mon éternelle adjointe, ma soeur en travail, ma compagne de toutes les campagnes culturelles, la charge de la production des Nuits Musicales du Suquet.

La Direction Artistique était confiée à Gabriel Tacchino, qui avait fondé la manifestation en 1975. Pianiste de renom, enfant du pays, Gabriel a eu son heure de gloire. Que dire de nos 25 ans de collaboration, le meilleur comme le pire, mais le constat d’un attelage qui a fonctionné de nombreuses années et me permit à l’évidence d’acquérir un vrai savoir faire, une capacité de comprendre les mécanismes du classique et du milieu qui le gérait !

Dans les éditions 2007/2010, la situation se tendit entre la Direction Artistique et la Direction Générale du Palais. Epuisement et tarissement de la source d’inspiration du responsable de la programmation en décrochage, à la fois avec l’arrivée d’une nouvelle génération d’artistes plus libres et moins conformistes et de la mutation d’un public en attente de nouveautés et de surprises.

Quand on me proposa de reprendre sa Direction Artistique, j’ai accepté le challenge difficile de succéder au créateur de la manifestation, crise de lèse-majesté s’il en est ! Une polémique enflamma les colonnes de journaux, entre ceux qui niaient ma légitimité et contestaient ma « compétence » en musique classique (mais j’ai toute ma vie programmé de la Danse sans être danseur, du théâtre sans être acteur et de la musique rock… sans être pour autant un rocker !). Une lettre déclarait d’ailleurs que si « -Oheix savait programmer, cela se saurait ! »… Ambiance !

Pourtant, cette guerre entre les classiques et les modernes se transforma en escarmouche vite oubliée ! Les programmations des premières années affirmaient ma volonté de casser le moule du « classique pur », de tendre des passerelles avec d’autres arts, d’ouvrir les tenants de l’orthodoxie à une forme de modernité et d’aller chercher un nouveau public, plus jeune, moins dans le « code » et donc plus volatil.

Ai-je réussi ? Les chiffres tendraient à le prouver même si tout n’est jamais parfait. Une partie (réduite) des « fans » de Tacchino s’évada. D’autres débarquèrent, et les Nigel Kennedy, Chilly Gonzales, Fazil Say, Laurent Korcia et autres vinrent ouvrir nos horizons à une musique classique résolument plus moderne. Des genres nouveaux apparurent, contes sublimes de Jean Louis Trintignant au crépuscule de sa carrière, staccato du Grand Corps Malade, bouille de Juliette et piano de William Sheller…

Des créations aussi, un Mozart en image, un hommage à Theodorakis, des voix Gospel se greffant sur les percussions caribéennes… et tant d’autres rêves que la magie du lieu magnifiait !

Tout ne fut pas sans grincements, tout ne fut pas du meilleur niveau… mais il y avait toujours de la passion, de l’enthousiasme et la certitude que la musique classique agoniserait de ne pas l’obliger à s’ouvrir à la période actuelle !

Pour la 40 ème édition, un retour vers les grands interprètes au service des grandes oeuvres me semblait l’axe idéal pour conjuguer la longue expérience de Gabriel Tacchino et la parenthèse enchantée de mon action depuis 5 ans !

Les concerto Brandebourgeois et Le Stabat Mater de Pergolese furent éblouissants sous la direction de Ashley Solomon conduisant le Florilégium de Londres, un des ensembles phares qui portent le renouveau de la musique baroque. Laurent Korcia fut égal à lui-même sous l’archet de son Stradivarius et en compagnie d’une jeune soliste pianiste américaine, Julia Siciliano. La Méditation de Thaïs de Massenet qu’il me dédia restera un des moments forts de toute ma carrière de programmateur.

François René Duchable, l’un des précurseurs de ceux qui firent voler en éclat les codes rigides qui étouffaient la musique classique (un frac aux orties et un piano dans le lac !) et Sophie Marin de Gore que j’avais accueillit, il y a plus de 20 ans, toute jeune et belle et toujours aussi belle et jeune, offrirent une création au Festival, balade entre des nocturnes de Chopin, le lyrique du 19ème siècle et les grands airs des comédies musicales américaines. Vadim Repin, le plus grand violoniste vivant et son trio (Kniazev/Korobeinikov) offrit une des plus belles soirées jamais entendues dans cette enceinte. Trio Elégiaque de Rachmaninov, N°2 de Brahms et « A la mémoire d’un grand artiste » de Tchaïkovski, connivence des artistes dont les instruments semblaient dialoguer, inspiration divine…

Quand à la dernière soirée du Festival avec L’Orchestre de Cannes dirigé par Wolfgang Doerner et mon ami David Levy en soliste piano, elle fut étincelante. Un Concerto n°1 de Chostakovitch dont il est un des spécialistes, et 3 oeuvres choisies par chacun d’entre nous à offrir au public. La philosophique The Unanswered Question de Charles Ives par David Levy, où une trompette interpelle par 7 fois les « vents » sous l’aile des cordes pour une question qui restera sans réponse. J’avais sélectionné l’Adagio for string de Samuel Barber, vagues montant à l’assaut de nos émotions pour embraser le silence, et le chef de l’Orchestre de Cannes, l’Appalachien Spring de Copland, télescopage entre la musique classique et la culture native des américains, fifres et percussions d’un folklore authentique !

N’oublions pas les concerts de 19h, pépites de découvertes et de voyages.

En terre de rock progressif pour un jeune groupe composé pour partie de Cannois vivant à Paris, Human Théoréma. Pour la première d’un groupe de rock dans un Festival Classique, ils firent honneur à la musique tout court, à l ‘esprit qui, de Mozart aux Beatles, refuse toute barrières et tout frein à l’expressivité et à la créativité. Un grand groupe est né ce soir là, et c’est aux 40ème Nuits Musicales du Suquet que leur carrière peut démarrer. longue vie donc à ces jeunes qui un jour, peut-être, deviendront des « classiques » de la musique moderne !

Sur les routes poudreuses de l’Italie du Sud avec le « pizzica » de Mascarimiri, airs folkloriques de Salento portés par des synthétiseurs, flûtes, guitare et tambourins en accompagnement, présence obsédante de mélodies se confrontant aux cultures qui l’environnent, de l’Orient aux Balkans, portées par la voix puissante d’un chanteur charismatique, Claudio Gianotti.

Enfin, l’accordeur des pianos du Festival, mon ami Jacques Coquelin, basculant du côté obscur de la force, se retrouva propulsé sur la scène pour un concert baroque médiévalo- provençal ! Galoubet et contre-ténor, ancêtre de la guitare avec percussions, du latin au vieux français… Une belle aventure menée avec beaucoup de délicatesse par cet ensemble composé de Cannois.

Voilà donc la 40ème édition du Festival des Nuits Musicales du Suquet qui s’achève. Dans une chaleur caniculaire, par 70% de taux d’humidité, devant des salles combles et pour mon plus grand bonheur ! Un voyage dans le temps et l’espace, à travers les grandes oeuvres de grands interprètes pour un Festival de plus ! La simplicité de Vadim Repin, l’oeil pétillant de François-René Duchable, le sourire de connivence de Laurent Korcia et l’amitié de David Levy en restent comme les repères d’un anniversaire grandiose !

Vadim Repin, le génie d'un homme simple et chaleureux !

Vadim Repin, le génie d'un homme simple et chaleureux !

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Les Nuits Musicales du Suquet 2015

Publié le par Bernard Oheix

40 ans, ce n’est pas rien dans la vie d’un être humain ! C’est encore plus dans l’histoire d’une manifestation ! Au début, il y avait la terre et le soleil, puis Dieu a créé plein de choses et Gabriel Tacchino a enchaîné avec les Nuits Musicales du Suquet… J’étais en culotte courte et c’est bien modestement que j’ai hérité de la Direction Artistique de ce beau bébé bien des années plus tard, il y a 5 années déjà ! Je l’accompagnerai encore un an sur les fonds baptismaux de l’excellence et je passerai le flambeau après une dernière « Oheixiade » en 2016, car ces Nuits n’appartiennent à personne, si ce n’est aux nombreux amateurs de Musique qui viennent chaque année remplir les travées inconfortables des remparts du Suquet pour communier avec le génie de l’homme.

J’ai tenté pendant ce bref épisode, de prouver que la Musique Classique était d’une incroyable modernité et que seuls, nos pratiques et le regard de certains, l’enfermaient dans un corset de convenances qui la coupaient du public populaire et des jeunes… Ai-je réussi ce pari ?

La ferveur des dernières éditions tendrait à me conforter dans mes choix… Les venues de Nigel Kennedy, de Chilly Gonzales, de Fazil Say, le théâtre musical, les créations avec la vidéo (Mozart, Camus) le Gospell Drums… sont autant de moments rares qui vous ont conquis ! Alors continuons donc encore à rêver, pour mon avant-dernier opus, d’un monde meilleur où les notes de musique se distribuent plus généreusement que les balles mortifères d’une Kalachnikov !

Il est normal et évident qu’une programmation s’arc-boute sur les noms de ses interprètes comme une signature d’excellence, surtout quand ceux-ci ont le prestige d’un François René Duchable, d’un Laurent Korcia, ou quand on a le privilège d’accueillir Vadim Repin, un des plus grands violonistes de l’époque actuelle !

Pourtant, en cette édition du mois de juillet 2015, c’est vers les oeuvres que j’ai envie de me tourner, vers l’incroyable florilège de compositions magistrales qui feront de cette 40ème édition des Nuits Musicales du Suquet, un «best-off» de la Musique Classique ! Qu’on en juge !

Le Concerto Brandebourgeois de Bach et le Stabat Mater de Pergolese pour la soirée inaugurale en compagnie du Florilegium de Londres, La Méditation de Thaïs, les sonata de Ravel et de Janacek pour la soirée de Laurent Korcia, Brahms (trio n°2) et le trio élégiaque pour Vadim Répin, et une somptueuse clôture de l’Orchestre de Cannes, avec des oeuvres inoubliables américaines (Adagio for string de Barber, The Unanswered Question de Ives, Appalachian String de Coppeland) et un « sublimissime » concerto n°1 de Chostakovitch avec David Levy en soliste...

A ces perles, rajoutons la création de François-René Duchable et de Sophie Marin-Degor «Paris-New-York» et vous aurez ces Nuits du Suquet que nous attendons tous qui berceront nos soirées langoureuses sous les étoiles d’un ciel d’azur cristallin.

La novation et les passerelles du classique au moderne seront l’apanage des 3 concerts de 19h avec l’énergie de la « Tarentelle » par un Mascarimiri dévastateur venu directement des Pouilles italiennes, de la musique médiévalo-provençale avec le groupe de notre ami Jacques Coquelin qui passera des entrailles du piano dont il est l’accordeur au poli du galoubet dont il sera l’interprète, et un authentique « band » de rock progressif composé de Cannois (les enfants de Daniel Rocchia, mon ami professeur émérite au BTS Audiovisuel du Lycée Carnot de Cannes) au talent et à la maîtrise impressionnante dans un univers de rock progressif et mélodique pour une première de leur formation dans leur ville natale !

Le Suquet 2015 ou l’aventure des grands espaces au service des grandes oeuvres !

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2ème Nuit de la Tchatche de Bourg en Bresse

Publié le par Bernard Oheix

Vendredi 30 janvier 2015.

Bourg en Bresse. La salle de la MJC, dont je fus un directeur heureux dans les années 80. C’était mon premier poste (le plus au Sud possible !), François Mitterrand allait se faire élire président et je pensais que vivre si loin de la Méditerranée était impossible, une aberration de la nature en quelque sorte. J’allais découvrir un pays étonnant, coincé entre le Jura, les Alpes, la plaine de la Bresse et les étangs mystérieux des Dombes. Des habitants chaleureux et entiers, offrant leur amitié, une amitié qui perdure à travers l’espace et le temps. J’avais 30 ans, j’émergeais de 10 années de FAC, de deux maîtrises et d’un DEA et je ne savais pas que je quittais l’enfance pour devenir un adulte (ir)responsable !

Un public chaud bouillant remplit les 200 places de la salle de spectacle, 6 candidats postulent pour le titre de meilleur « embrouilleur » de cette 2ème édition de la Nuit de la Tchatche.

Et d’entrée, les questions fusent… Vous devenez une star de la télé-réalité, votre programme en 2015 ? N’est pas Nabila qui veut, découvrira monsieur le candidat André Cayot, mon ami haut cadre du Ministère de la Culture ! Votre taureau refuse de saillir la vache, que faites-vous ? Tête de la ravissante candidate qui en quelques secondes se propulse dans cette histoire impossible et devra tenir 3 mn sans fléchir, en construisant un scénario improbable, faisant cascader les rires quand elle prendra l’accent québécois pour demander à son mari ( Bernard !!!!) de baisser son pantalon pour exciter la bête ! Votre rédacteur en chef refuse que vous couvriez la Foire des Célibataires de Cossey, à vous de le convaincre, et c’est Guillaume Lacroix, un responsable politique du PRG qui se coltine cette mission haute en couleurs !

Des rires, il y en eut, un triomphe d’inventivité, de remarques absurdes, de qui-propos, de jaillissements fertiles, d’idées s’accrochant les unes aux autres pour se télescoper en provoquant l’hilarité des présents.

C’est cela la Nuit de la Tchatche (cf. les recettes d’un Nuit de la Tchatche sur mon site officiel), une formule gagnante que j’avais inventé en 1988, pendant mon (bref) passage comme Directeur de la MPT des Campelières à Mougins. C’était au tout début de cette mode des ligues d’improvisation, et comme parler n’est pas mon fort (!!!), je m’étais confronté à cet art en construisant une soirée dont j’ai repris les ingrédients à la demande de Chantal Veuillet, mon amie de toujours, mon ex-collaboratrice de l’éphémère agence artistique des MJC, La Belle Bleue, que j’avais fondé en imaginant devenir un Zorro de la Culture Populaire ! L’Agence s’est écroulée, pas mon amitié pour mon assistante, et quand elle m’a demandé de reprendre la formule de ma Nuit de la Tchatche à Bourg en Bresse, bénévolement et sans moyens, pour le plaisir de se retrouver et de rêver de nouveau ensemble, j’ai récupéré le flambeau de mes jeunes années pour redevenir le Roi de la Tchatche d’un soir ! Mais pour quel plaisir et tant de passions !

Des Candidats en forme olympique, un jury composé exclusivement de Présidents (dont mon ami Nilda Fernandez, se présentant en chantant Madrid, Madrid, Jean-Jacques Bernard, le cinéphile de Canal+ explorant les chemins du Cinéma de la Mandchourie du Sud indissociable des yeux bridés des mandchous et de leur Yourte à 360° qui leur permit d’inventer le Panavision…

Des questions absurdes pleuvant sur tout le monde (candidats, membres du jury, public… et même sur les présentateurs sommés de s’exécuter sous peine d’une grève des Présidents du Jury…). Pour ma part, j’ai hérité de trois minutes au micro pour découvrir si j’étais plus hippocampe ou hérisson ! Des exercices de style (l’histoire où caser une liste de mots et d’expressions, l’histoire incomplète à achever) jusqu’à un final en apothéose, le Ring de la Parole, où les deux finalistes s’affrontent, encadrés par un gong résonant toutes les minutes, les obligeant à lâcher le micro pour permettre à l’autre de rebondir et d’enchaîner en un «cadavre exquis» construit en abysses !

Et le Vainqueur fut...Camille German, celle-là même qui eut tant de difficultés à faire saillir son taureau par son mari... Nilda Fernandez termina ce feu follet de mots libérés par un mini concert plein de surprises où sa maîtrise de la scène apporta un vent de folie et comme toujours en Bresse, c’est avec un repas copieux et un bon vin que cette Nuit s’acheva !

Alors, si vous n’êtes pas convaincu de la pertinence du pouvoir des mots, si vous ignorez que l’homme a du génie en lui, pour peu qu’il se laisse aller et qu’il n’y ait pas d’enjeux qui le paralysent, si vous ne connaissez pas le pouvoir incroyable d’attraction de cette région magnifique et la profonde humanité de ses habitants, alors, pas besoin de prévoir d’être présent pour une nouvelle édition de la nuit de la tchatche qui aura lieu en Janvier 2016... Mais nous, nous y serons, soyez en persuadés !

Rendez-vous donc en janvier 2016 pour la 3ème Nuit de la Tchatche, et un grand merci à ma complice, Christine Larivière de la Dieselle Compagnie, la co-présentatrice avec qui j’ai réalisé l’exploit de tenir les 3 heures de présentation sans filets, à Jean-Claude Gayet, le régisseur technique si calme et efficace de la MJC, à Pascal Ainardi, l’homme à tout faire (et qui fait tout!) dont la présence rassurante autorise tous les délires et à tous les bénévoles du Festival Carbur’ En Scène, le producteur de l’événement, sans oublier les candidats, les présidents et ceux qui ont parlé pour ne rien dire, ce qui finalement, ne nous change pas trop de la vie réelle !

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Naissance du Cinéphile

Publié le par Bernard Oheix

Vendredi 22 janvier, 19 h, Marseille, La Canebière...

C’est parti pour la première ronde officielle du jeu «Le Cinéphile» sous l’égide du Conseil Régional Pacca. 40 joueurs sont réunis dans une salle de la Maison de la Région et vont en découdre autour de leurs connaissances du Cinéma...

Tout a commencé pour moi il y a un an, mais pour Luc-Michel Toledano, cela fait des années qu’il se prépare à cet évènement. Fatigué d’entendre éternellement dans les discussions de repas, des interrogations du type, «quel est le réalisateur de ce film déjà ?» ou «Et le nom de cet actrice, c’est quoi au fait ?», il s’attelle à la tâche de composer des fiches, et de fiches en aiguilles, se compose une bibliothèque colossale de savoir, une somme de connaissances qu’il emmagasine par passion, par plaisir !

Il a, alors, l’idée d’un jeu autour du cinéma, s’inspirant d’un Trivial Pursuit, imaginant des paliers dans la difficulté, des indices qui doivent permettre de trouver des réponses et d’obtenir un certain nombre d’étoiles et de l’emporter, sur la base de portraits, films et récompenses.

Luc-Michel m’a contacté après avoir testé son jeu, en louant une «Table d’Inventeur», au Festival International des Jeux de Cannes, la plus grande manifestation ludique au monde sur ce thème... 180 000 spectateurs actifs, 12 000 joueurs inscrits dans les tournois les plus divers, 50 nationalité, hommes, femmes, enfants, seniors... Une tour de Babel futuriste où seule l’activité jeux est la monnaie d’échange, les parties jouées, le thermomètre du temps qui passe !

Son initiative obtint un succès réel, comme une promesse d’avenir, laissant malgré tout entrevoir quelques faiblesses par une mécanique des règles manquant de sophistication, entraînant une absence de dynamique. Ce jeu faisait partie de ces bonnes idées que l’on ne réussit pas à conclure ! Tout le monde en reconnaissant la séduction, mais quelque chose clochait ne lui permettant pas d’aboutir à l’excellence !

Quand il me fit l’amitié, grâce à un ami commun, de me contacter pour m’exposer son projet et me faire une démonstration de son jeu, je perçus instantanément l’extraordinaire potentiel de son travail. S’ensuivit des rencontres, des discussions, la découverte d’un homme attachant, un grand enfant perdu au milieu des hommes, attaché d’administration territoriale, excellent professionnel, mais que des rêves hors du commun envahissaient, la porte de sa maison refermée. Et de ces rencontres, de ces discussions et de ces nombreux tests (y compris avec ma famille de cinéphiles !), l’appréhension de la mécanique de son jeu et son évolution dans une logique, non seulement de puiser dans ses propres connaissances, mais aussi d’activer une confrontation avec les «adversaires» de la table de jeu. Après moultes réflexions communes, nous introduisîmes des éléments susceptibles de provoquer une interactivité entre les joueurs, un «re-lookage» de la maquette par son créateur, Christian, une recherche de contacts et de partenariats débouchant sur ce 22 janvier comme un test pour toute l’équipe regroupée autour de Luc-Michel Toledano !

Que se passa-t-il alors en ce vendredi que l’on pourra annoncer comme la date officielle de la Naissance du jeu du «Cinéphile». La confirmation évidente de l’attractivité du jeu par l’enthousiasme des joueurs, le nécessaire «affinage» d’un certains nombre d’éléments pour nous les concepteurs, et par dessus tout, la réussite par le rire et la passion des présents qui ne virent pas les deux heures du jeu passer…

Nous, en en a dégusté chaque minute, chaque seconde, comme pour mieux étirer le temps !

Alors, nouveaux tests à Cannes à la fin du mois, pendant le Festival des Jeux, un tournoi dans les départements de la Région débouchant sur une grande finale à Marseille, le lancement du jeu au Mondial des jeux dont je suis le consultant, un projet télévisé, la commercialisation de la boîte...

Le jeu du «Cinéphile», où les Portes du Paradis (encore que l’échec retentissant du film de Cimino n’en soit pas le meilleur parrainage !), un reflet dans un oeil d’or !

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Wasla

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des gens que l’on rencontre presque par hasard et qui nous marquent instantanément. Un coup de foudre d’amitié, loin de toutes préoccupations et ambiguité, comme la lumière du soleil peut illuminer un matin d’espoir de la Côte d’Azur. Tarek Abdallah en fait partie. C’est un Egyptien au regard profond, qui parle d’une voix douce mais ferme, un corps élancé et racé, élégant naturellement. Il est de ces grands lettrés comme la culture d’Orient nous en a tant offert, de ces gens visionnaires qui savent lire au delà des mots et jongler avec les images pour décrire ce qui est derrière la réalité du monde.

En cette époque où l’on brûle allègrement les trésors de l’humanité, où des intégristes peuvent abattre des statues millénaires au nom d’une purification contemporaine, où des trublions fascisants, par la grâce d’un média, s’érigent en philosophes du bon sens et de la pensée creuse, où l’on casse les liens sociaux pour isoler l’individu et l’enfermer dans les prisons de son propre regard... en cette période ou le fiel de la haine de l’autre se diffuse comme le parfum rance d’une histoire éternelle de destruction, Tarek Abdallah est comme une vigie, un être qui se souvient, un veilleur qui alerte et remet au goût du jour le passé, la beauté essentielles des idées et de la culture comme un vecteur d’humanité indispensable à l’avenir.

Le CD que Tarek Abdallah vient de produire et qui sortira le 1er décembre, Wasla, porte comme sous titre «Suites Musicales Egyptiennes» et c’est bien du côté de la musique savante que son auteur se situe. Musique Classique d’Orient, cet ensemble de compositions originales entremêlent les douces sonorités de l’oud dont il est un maître, aux percussions élaborées d’un riq (petit tambourin traditionnel égyptien) tenu par Adel Shams El Din. Chaque morceau semble accrocher les notes et les tisser pour envelopper l’auditeur dans un réseau maillé de douceur et d’énergie.

Ce CD est austère et léger, violent et doux, fin et dynamique. Il témoigne d’un vrai désir de permettre au passé de fusionner dans le présent et la technique hors pair des deux interprètes est au service d’une romance achevée, boucle intemporelle où se fondent les notes cristallines des deux virtuoses. Le temps s’étire au service de cette symphonie orientale, on décroche du présent pour se fondre dans «les grands déserts où luit la liberté ravie», on se glisse presque malgré nous dans une mélopée entêtante que l’on garde bien après la fin de l’écoute, porte ouverte vers un ailleurs de désirs et de mystères. Ce n’est pas une oeuvre contemporaine mais atemporelle et cela en fait la force, l’indiscutable originalité. Il faut savoir prendre son temps à son écoute, abandonner ses codes et ouvrir son esprit tant cette proposition échappe à toute notre logique.

Extraits du Dossier de presse :

«La wasla est une expression particulière de la suite musicale, développée par

différentes traditions arabes, du type nuba en Maghreb ou fasl en Syrie. Outre

sa définition première qui signifie liaison, le terme wasla réfère donc à la suite

musicale savante propre à la tradition égyptienne qui fut pratiquée entre le

dernier tiers du XIXe siècle jusqu’aux années 1940. De nos jours, cette

période est considérée comme étant l’Âge d’Or, non seulement de cette

tradition musicale, mais aussi de l’art du ‘üd égyptien en solo.

« Wasla » est une création élaborée par Tarek Abdallah proposant de renouer

le lien avec l’Âge d’Or de cette tradition musicale à travers une approche

personnelle de la suite musicale égyptienne, aussi bien sur le plan de la

composition que de l’interprétation et de l’improvisation.

Ce programme se compose de trois wasla, se déroulant sur trois maqäms/

modes différents alternant des formes composées, semi-composées et

improvisées.

La première wasla est composée entièrement par Tarek Abdallah en mode

Bayyätï. La seconde en mode Rast en hommage à Mohamed al-Qasabgi

(1892-1966), le plus grand Maître de l’art du üd égyptien au XXème siècle.

Enfin, la troisième wasla est composée en mode Sikah.

Tarek Abdallah termine une thèse de musicologie à Lyon. Il est l’archétype d’un intellectuel jonglant entre deux cultures, la sienne et celle de son pays d’adoption, entre le passé et le futur, entre ici et ailleurs.

Wasla pourrait se traduire par «le Lien». Et c’est bien dans cette démarche d’une liaison entre l’histoire et le présent, entre l’Europe et l’Orient, entre la musique savante et la musique du monde qu’il se situe. Cette oeuvre est le reflet de sa pensée et l‘aboutissement d’années de recherche, de réflexion, entre sa fidélité aux maîtres d’une culture musicale qui plonge ses racines dans l’histoire fascinante de son pays et sa volonté de la perpétuer en la renouvelant.

Le 1er décembre 2014, dans les rares bacs qui restent disponibles, allez acheter Wasla, pour ouvrir ses portes de la perception ! Et si d’aventures vous croisez la route de sa tournée dans les lieux de culture qui résistent aux assauts du showbiz, n’hésitez pas, son concert est un moment de grâce ultime !

Wasla

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Les Musicales de Bastia 2014

Publié le par Bernard Oheix

Mais que ce passe-t-il dans le monde de la culture vivante ?

Que les financements de la culture se contractent, est une évidence au vu du séisme qui secoue la France et des économies nécessaires, indispensables... On a même réussi à l’intégrer au fond de nous !

Il n’en reste pas moins que cette culture, en France, est aussi un vecteur de développement, une réalité qui s’insère dans le tissu économique, une dimension du rayonnement culturel de notre pays et de ses valeurs devant le rouleau compresseur de l’idéologie dominante anglo-saxonne et son nivellement par le bas ! Pour ne pas en en avoir tenu compte à entraîner la ruine de certaines cultures européennes... Le cinéma Italien a payé un lourd tribut à, sa Berlusconisation ! La richesse de la scène musicale Allemande des années 70 a été broyée par le rouleau compresseur des «majors» américaines !

Là où les industriels Français se couchent en exportant leur production, en délocalisant leurs fortunes et leurs profits colossaux, là où les banques jouent l’international contre la France, les créateurs ancrés dans leur environnement, sont restés fidèles à une certaine idée de notre pays et de ses valeurs humanistes !

Et si la Lepenisation de la vie politique est rampante et envahit l’espace public, que la «zémourisation» des idées est en oeuvre, niant les réalités de l’histoire et des chiffres, il n’en reste pas moins que des forces vives, des penseurs, des chanteurs, des hommes de théâtre perpétuent la tradition d’une France fière d’elle-même et de son passé, de son présent et de son avenir et continuent à oeuvrer afin que la culture soit bien ce moment de rencontre et de partage, ce laboratoire du partage des différences !

Alors pourquoi donc, quand des responsables éclairés comme un Raoul Locatelli, philosophe et penseur, concentré sur l’essentiel de ne pouvoir embrasser le futile de par sa cécité, quand un tel acteur de la vie culturelle d’une île de Beauté, qui tente depuis des années d’importer la richesse d’une culture tendant la main aux idées les plus nobles... pourquoi donc est-il trahi par un public versatile qui ne veut s’abreuver qu’au flot télévisuel de la facilité et du formatage en lessivage. On lui propose un programme de qualité et d’exigence où le bon goût règne, pourquoi donc ne répond-il pas présent aux rendez-vous du coeur des musicales de Bastia ?

Il y a bien des ambiguïtés dans cette salle du Théâtre de Bastia qui résonne du vide des absents ? Où sont-elles ces légions des lendemains qui chantent ? Sont-elles chassés par les cohortes qui déambulent en éructant sur les trottoirs de la défense de valeurs familiales dépassées, qui s’arc-boutent sur le passé et nient le futur ? Le combat est-il perdu d’avance et fonçons-nous vers le mur des haines, des racismes et du repliement, de l’intolérance et du chacun pour soi ?

A travers sa programmation intelligente et subtile, Raoul Locatelli proposait une alternative à l’égoïsme et faisait appel à l’intelligence... Raté me direz-vous, s’en réjouiront certains ! Mais le combat pour un monde meilleur ne s’arrêtera pas devant les sièges vides d’un théâtre car du chaos ne naîtra pas un monde harmonieux !

Gardez-vous de vos démons, ils sont parmi nous et tentent d’imposer leur lois mortifères aux espoirs d’une vie meilleure !

Mais parlons aussi de culture !

Le jeudi 9 octobre, Raoul Locatelli avait conçu une soirée sur le thème de la Méditerranée. Ouverture en fanfare avec les Marseillais de Gacha Empaga resurgi des limbes... Manu Theron et Sam Karpienna invitant Ange B des Fabulous Trobadors, pionnier du «beatbox» à la Française. Renaissance d’un mythe avec quelques faiblesses dû au manque de temps pour figer le spectacle dans le cadre d’une scène majestueuse, mais énergie des 3 musiciens, des voix si différentes qui cherchent l’unisson et se trouvent dans de superbes envolées lyriques, composant un hymne à la fureur de vivre.

L’Alba enchaînera, et là où tout était tension et énergie, imposera la douceur de ses mélodies et la suavité de ses voix polyphoniques. Un des meilleurs groupes actuels à l’évidence d’une Corse si riche musicalement. Je les avais accueillis il y a quelques années dans les Saisons de Cannes et depuis, ils ont encore progressé, gagné en maitrise, créé des chansons qui s’appuient sur une richesse instrumentale et un curieux harmonium à la mélopée grinçante, et dont les voix sont les vecteurs d’une émotion brute, issue de la nuit des temps. L’Alba, c’est le rappel du passé et la promesse de l’avenir...

Pour terminer ce voyage en Méditerranée, les «salentinois» du Sud de l’Italie de Mascarimiri réussiront à nous transporter aux rythmes de la «Tarente», formidable machine à remonter vers la tradition. Derrière la modernité d’une console électro, les tambourins, clarinettes et lyre calabraise, servis par la voix d’un leader charismatique, nous ouvrent à la ferveur d’une foule en train de défier la nature et les dieux, vers la liesse populaire au coeur d’un village perché sur un éperon dominant le bleu de la mer, s’embrasant aux rythmes lancinants du «pizzicato» pour des débordements de fête où le corps exulte !

Changement de couleur radical le vendredi 10 octobre avec une soirée dédiée à la Chanson Française. En ouverture, Nicolas Reggiani vient rôder son spectacle «Parfum de Femmes», avec des textes essentiellement écrits et chantés par des femmes même si Léo Ferré et quelques autres écrivains s’immiscent dans le show. Accompagné avec beaucoup de sensibilité par lke jeune et talentueux Joseph Robinne au piano, sa belle silhouette donne vie aux mots, souligne les élans de coeur de femmes en recherche d’harmonie, font jongler les rimes de grands poètes...Tout en douceur, Nicolas Réggiani trace son chemin à sa manière propre, en renouant avec une tradition de la chanson française où la voix et les paroles donnent du sens et éclairent les sentiments de la vie. Vous avez dit Poète romantique ?

C’est vers le non-sens que Loïc Lantoine nous détournera en clôture de soirée. Accompagné d’un batteur-harmoniciste éblouissant, d’un guitariste qui fait chanter les cordes, d’une contrebasse folle donnant une énergie décalée, Loïc Lantoine chante, déclame des textes réalistes, des poésies brutales, invoque les sentiments déchirés pour des complaintes à fleur de peau ! Sa gestuelle erratique, son humour grinçant, la qualité du son et les rythmes envoûtants sont une véritable révélation pour la plupart des spectateurs. A mi-chemin d’un rocker nommé Arno ou de l’énergie d’un groupe comme Les Ogres de Barback, son spectacle éperonne tous les codes, déglingue les usages, rompt avec nos certitudes.

Loïc Lantoine est un chanteur lunaire. Il délivre un message d’espoir pour ceux qui luttent contre le conformisme et tentent d’inventer des images nouvelles sur des mots nouveaux avec des recettes anciennes !

Voilà, on pourrait rajouter à ces deux soirées, un groupe de filles qui présentent les soirées en chantant, des révélations et jeunes talents, des rencontres et «afters» dans le hall du superbe Théâtre de Bastia.. Toute une vie où les bénévoles s’activent avec gentillesse, où les artistes sont généreux d’être coupés de leurs réseaux et habitudes, où les techniciens font un travail remarquable... Tout cela pour un public trop clairsemé mais ravi... C’est la dure vie de l’action culturelle de terrain, en province, quand tout repose sur le désir et la bonne volonté... Honneur à Raoul Locatelli, à tous ceux qui ont fait les Musicales de Bastia 2014, et à l’an prochain, on vous en supplie, pour de nouvelles aventures culturelles !

Loïc Lantoine, jongleur de mots, déjanté sue scène, rimeur d'absurde et conteur d'humour !

Loïc Lantoine, jongleur de mots, déjanté sue scène, rimeur d'absurde et conteur d'humour !

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Chilly Gonzales, Huster… et les autres !

Publié le par Bernard Oheix

Il y a quelques semaines, j’avais présenté dans ce blog, mon édito des Nuits Musicales du Suquet faisant état de l’angoisse du Directeur Artistique avant le pénalty... Certains m’avaient d’ailleurs très gentiment répondu sur l’air du «-Arrête de faire ta chochotte, après près de 5000 spectacles programmés, comment encore douter ?». Et pourtant !!!

Même avec l’expérience, il reste cette curieuse alchimie entre l’idée que l’on se fait d’une programmation et sa réalité sur le terrain. Rien ne remplace le moment précis où le rideau tombe, devant un public ou pas, après un show à la hauteur ou pas, et tous les aléas possibles d’un confrontation à la météo, aux bruits extérieurs, à tout ce qui peut dérégler une machine que l’on pense réglée à la perfection !

Mais avouons-le tout de suite, si un Directeur Artistique doit être heureux, alors je suis béat, c’est le nirvana, l’apothéose, le quasi sans fautes dont on rêve toute sa vie ! Même la météo fut avec moi, puisque dans ce climat d’un été pourri, la pluie diluvienne s’est abattue le 25 juillet, jour «off» du Festival et le 29 juillet, lendemain d’une clôture éblouissante ! Il y a des années comme cela où tout ce que vous touchez devient de l’or !

Car si clôture il devait y avoir, comment résister à Chilly Gonzales, (près de 3 ans que je tentais de le programmer) et qui était présent comme un cadeau du ciel en exclusivité Française, seule date de l’été dans l’hexagone et dans sa première d’un nouveau spectacle avec le Kaïser Quartet. Devant des tribunes archi-pleines (même les escaliers avaient été réquisitionnés), après avoir refusés des centaines de spectateurs, il a assuré comme la bête de scène qu’il est, maniant tour à tour la dextérité incroyable d’un soliste hors norme, un humour phénoménal et un sens aigu du partage et de la pédagogie. Le public lui a fait une ovation et dans les loges, après sa représentation, je suis tombé à genoux devant lui en écartant les bras en signe de soumission (sic) pour lui exprimer ma reconnaissance ! Il a ri et nous avons parlé comme des complices heureux du tour que nous venions de jouer à une musique classique «naphtalisé», l’éperonnant pour mieux la mettre en valeur, l’assassinant avec des «raps» vengeurs et des «riffs» pianistiques pour la glorifier quand le Kaïser Quartet partait pour de superbes envolées classiques afin d’en souligner son extraordinaire modernité. Il fait nul doute que ce concert restera à jamais gravé, non seulement dans ma mémoire, mais aussi dans celle des 700 spectateurs présents qui l’ont ovationné ! Il rentre d’ailleurs dans le best-off de mes dix plus beaux concerts, aux côtés de mes amis d’Archive dans leur messe profane avec l’orchestre de Cannes, de l’iguane Iggy Pop, de Pete Doherty et des petites culottes de jeunes filles qui volaient sur la scène, de Salif Keïta tombant à genoux pour supplier le public de danser, des «kalachnikovs» de Goran Bregovic et de quelques autres encore comme Lizza Minelli transfigurée par !es spots lights !

Merci Chilly Gonzales d’être ce que tu es... et peut-être à très bientôt !

4200 spectateurs pour un potentiel maximum de 4800 places alors que tous les Festivals de la région accusent une fréquentation en baisse, parfois de façon cruelle. 5 programmes complets sur les 10, un degré de satisfaction quasi à l’excellence des publics comme des artistes, un budget tenu et que des perles dans un collier de reine, voilà les Nuits Musicales du Suquet 2014 !

Tout avait commencé le 22 juillet avec une des 3 créations du Festival (donc avec une réelle prise de risque !).

L’Ivresse de l’Opéra, est un montage de moments de fêtes et de libations d’opéras divers (Bizet, Verdi, Carmina Burana...), scénographié par un complice de toujours (Paolo Micciché, auteur du Requiem de Verdi/Le Jugement Dernier ou du Mozzartissimo dans mes saisons précédentes) avec des images en superposition projetées sur le fronton en vieilles pierres de l’Eglise du Suquet. Cela n’a peut-être pas convaincu certains puristes adeptes des «3 ténors», mais un vrai public populaire lui a fait sa fête ! La joie et le bonheur se lisaient sur le visage des spectateurs heureux de parcourir toutes ces oeuvres avec intelligence et fraîcheur. Les jeunes du conservatoire Franci de Sienne, les 3 solistes et la bonne humeur d’un «divertissement dionysiaque» ont entrainé une adhésion bien éloignée du confort aseptisé d’un opéra traditionnel !

David Levy est un ami ! C’est aussi et avant tout un soliste d’exception et un homme de défis. Car gageure il y avait dans ce qu’il a osé ! C’est au cours d’une discussion à l’automne dernier, cherchant une idée de programmation que la lumière a jaillit. Avec inconscience, j’ai balancé par provocation les Variations Golberg de Bach, avec tout autant d’inconscience, il s’est emballé, m’avouant son rêve secret d'interpréter cette oeuvre mythique quasiment jamais jouée en «live» ! Et il a tenu bon ! Un an de travail pour que 250 personnes (capacité maximum) dans la cour du Musée découvrent et savourent la complexité et l’incroyable finesse de cette pièce majeure du répertoire qu’il a su rendre avec un talent hors pair. Merci à toi David Lévy, tu restes un grand parmi les grands et tes défis sont à la hauteur de ton immense talent !

Wolfgang (cela ne s’invente pas !) Doerner, le nouveau chef de l’Orchestre de Cannes m’avait proposé une création autour de la musique de Mozart et d’extraits de sa copieuse correspondance en écho ! Superbe idée, adhésion immédiate ! Restait à trouver la voix de Mozart. Grâce à mon fils, Julien Oheix, (son manager de tournées), Francis Huster, dont tous les directeurs artistiques rêvent de pouvoir l’annoncer, à gentiment accepté de venir se prêter à cet exercice. Mélomane, homme de culture imprégné de musique, il a su rendre à Mozart un peu de sa vie si tumultueuse et trop courte. Sa voix tombait du ciel étoilé, Mozart, par ses propres mots réincarné, comme une présence charnelle que ses oeuvres musicales venaient sertir de lumières. Divin frisson !

De Bach à Piazzola, par Helena Rueg au bandonéon et Micha Pfeiffer à l’alto, tel un coup de foudre... D’abord par la pluie venant s’immiscer dans l’ordre des choses (quelques gouttes, un parasol installé en catastrophe afin de protéger les instruments et le concert est reparti !) mais surtout parce que ce projet novateur permettait de tendre des passerelles entre la musique classique et la musique populaire. Leur Libertango restera comme un des (nombreux) moments forts de ce festival.

Place alors au classique pur avec deux formations d’anthologie et un jeune duo. Le Philarmonique de Chambre de Saint Petersbourg (composé uniquement d’anciens élèves du conservatoire Rimsky-Korsakov, (le meilleur du monde, dit-on !). Excellence du jeu nerveux des cordes, du rythme fascinant imposé par le chef Juri Galbo, de l’incroyable fascination d’un soliste bouleversant (Dimitri Berlinsky, plus jeune lauréat du concours de violon Paganini)... Jamais, je n’ai entendu L’été de Vivaldi comme ce soir-là, communion totale avec les éléments ! La Passione de Joseph Haydn achevant une représentation digne des plus beaux moments de l’histoire du Festival du Suquet. Cette école des pays de l’Est si typique, on la retrouvera dès le lendemain dans un Quatuor Talich accompagné de la pianiste roumaine Dana Ciocarlie. Sons boisés, sens du phrasé, engagement, tout un équilibre de la perfection pour deux oeuvres d’exception, le romantique La Jeune fille et la mort de Schubert (cf. le film de Polanski) et l’incroyable modernité de l’opus 44 Quintette pour piano et cordes de Robert Schumann. D’une présence et d’une actualité rare, ces notes qui jaillissaient sous les archets donnaient une dimension littéralement métaphysique à cette soirée magique.

Benjamin Trucchi au violoncelle et Grace Fong au piano, avaient auparavant donné le tempo d’un classique majestueux.

Restait une soirée ouverte sur le monde, une de ces fils tendu entre deux rives que j’affectionne tout particulièrement. Le maître de la Kora, l’instrument le plus classique de l’Afrique, Ballaké Cissoko, nous transporta dans des contrées lointaines pour un voyage d’émotions, un vibrant hommage à ses dieux qui lui donnèrent l’art de dispenser la grâce. Griot de père en fils, il improvisa ses gammes en réponse au lieu superbe de cette cour du Musée de la Castre dominé par un donjon qui l’inspirait. L’Afrique éternelle. 120 personnes présentes, 50 CD vendus à la sortie, comme si chacun d’entre nous désirait conserver une parcelle de cette langueur qu’exprime une Kora que des doigts d’or font chanter.

Le Gospel Drums devait achever ce cycle. Né au cours d’une discussion passionnée avec Thierry Nossin, un producteur ami en qui j’ai une totale confiance, l’idée de réunir les Tambours Croisés avec une chorale Gospel, du chant mère de l’Afrique à l’expression de leurs descendants asservis, fonctionna à merveille. Beauté des voix si pures, énergie lancinante des tambours, la salle entière debout reprenant le refrain d’un final grandiose, comme pour affirmer que la musique est une et indivisible, partie d’un tout et expression du particulier, génératrice de consensus et manifestation de la diversité du génie humain.

Et bien sûr, Chilly Gonzales pour clore définitivement des Nuits Musicales du Suquet 2014 qui resteront comme le symbole d’un aboutissement personnel, un équilibre entre le classique et le moderne, la preuve que le classique sait être ouvert au monde actuel et que les racines de la culture plonge aussi bien dans le temps que dans les horizons si vaste de l’âme humaine. Territoire infini de la beauté qui échappe aux règles.

Alors oui, je peux vous le dire désormais, je suis fier d’avoir enfanté tant de bonheur et de rencontres, tant de sourires et d’émotions.

Oui ! Cette édition des Nuits Musicales du Suquet, sa fréquentation, la présence du maire de Cannes, David Lisnard, mon ami qui sait aimer la culture pour ce qu’elle est, la joie d’une équipe de l'Evénementiel du Palais des Festivals et des techniciens, permanents ou intermittents, tout cela restera gravé à jamais dans ma mémoire.

Merci à la musique de me donner encore le droit de rêver !

Il déteste les selfies.. mais il fera une exception devant mon désir enfantin ! Merci encore Chilly !

Il déteste les selfies.. mais il fera une exception devant mon désir enfantin ! Merci encore Chilly !

Francis Huster, un seigneur. Appelez le Mozart désormais !

Francis Huster, un seigneur. Appelez le Mozart désormais !

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