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culture

Québec, Mondial des Jeux

Publié le par Bernard Oheix

C Le Mondial des Jeux Loto-Québec 2014 annonce sa programmation

par Benoît Chamontin le 8 juillet 2014 - 0

Dans le cadre du Festival Juste pour rire, la première édition du Mondial des Jeux Loto-Québec prendra place du 12 au 26 juillet 2014 à la Place des Arts. Ainsi, il sera possible de découvrir un festival consacré à l’univers des jeux, que ce soit des jeux vidéos, des jeux de table ou d’autres divertissement encore.

Cela fait plusieurs années que le Festival Juste pour rire essaie de faire quelque chose. Finalement l’inspiration est venue de Cannes qui a un événement depuis plus de 30 ans, englobant toutes les facettes du jeu. Bernard Oheix, qui était directeur pendant 15 ans du Festival international des jeux à Cannes, est d’ailleurs consultant pour le Mondial des Jeux Loto-Québec. Dans son esprit, « ce n’est pas un Cannes Bis mais un événement pour Montréal en définissant quelque chose d’authentique pour la ville ». L’ambition est présente puisque Bernard Oheix explique qu’il doit devenir le plus gros événement jeux en 2017. Pour cela, il explique qu’il faut développer avec la communauté des joueurs et tous les acteurs ici.

Pour cette première édition du Mondial des Jeux Loto-Québec à Montréal, l’événement sera organisé autour de trois volets :

  • Boulevard des Jeux : situé sur le boulevard de Maisonneuve entre les rues Jeanne-Mance et Saint-Urbain. On y retrouvera de nombreuses animations de la part de Socio-Jeux et du Randolph, entre autres, mais également de la Fédération Québécoise des Jeux Récréatifs et des Échecs.
    Par ailleurs, on retrouvera Kilo-Beat et Gros Joueurs pour jouer à des jeux réinventés comme on avait pu le voir lors de Nuit Blanche Montréal tandis que 55 icônes proposera un jeu pédagogique.
    Enfin, une boutique en plein air du distributeur québécois Valet d’Cœur sera également sur place.
  • Salon de jeux : situé dans le Complexe Dejardins. Il sera possible d’y retrouver un bar à jeux dans lequel les festivaliers pourront s’installer pour jouer et découvrir de nouveaux jeux grâce avec l’animation de l’équipe du Randolph. Un tournoi de Loups-garous géant et des Quizz Night, en français et en anglais, seront également proposés tout au long du Mondial des Jeux.
    Par ailleurs, du 17 au 23 juillet, le Casino de Montréal proposera une formule heads-up de duels de poker gratuits avec à la clé des places au Tournoi des humoristes.
    Enfin, tout au long du festival, 16 bornes Xbox One / PlayStation 4 seront disponibles pour découvrir les jeux de Ubisoft, Warner Bros. Games, Eidos et EA Sports. L’événement mettre également de l’avant les jeux sur tablettes, avec la possibilité de tester les jeux de Hibernum et Square Enix Montréal.
    À noter qu’Ubisoft sera présent du 12 au 17 juillet afin de trouver les meilleurs danseurs du célèbre jeu Just Dance 2014. Une finale aura lieu dans le cadre du volet tournois et spectacles.
  • Tournois et spectacles : c’est un volet très intéressant dans le cadre de ce Mondial des Jeux. Non seulement on retrouve du ludique et du divertissement, mais on va également pouvoir assister à des tournois de jeux de table et de jeux vidéo.
    Ainsi, les hôtels Hyatt Regency et Fairmont Le Reine Élizabeth accueilleront notamment des Tournois d’Échecs, de Scrabble et de Dames dans le cadre des compétitions de jeux fédérés aux hôtels Hyatt Regency et Fairmont Le Reine Élizabeth.
    Par ailleurs, pour la première fois au Québec, les qualifications nord-américaines du tournoi ESWC (Electronic Sports World Cup) seront présentées les 18 et 19 juillet au Théâtre Télus. Ainsi, il sera possible d’assister à des tournois de Counter-Strike : GO, Call of Duty : Ghosts et Just Dance 2014. Les gagnants seront invités aux finales qui se tiendront durant le Paris Games Week 2014.
    Enfin, des tournois de Ultra Street Fighter 4 et Supersmash Brothers Meele sont aussi au programme.

Il s’agit donc d’un programme très intéressant et qui est susceptible d’intéresser tous les types de joueurs. Il faudra maintenant voir comment se passera cette première édition et de quelle manière évoluera le Mondial des Jeux mais, au-delà des ambitions affichées, il semble que l’équipe bénéficie d’un soutien important pour réussir son pari!

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Les Nuits Musicales du Suquet 2014

Publié le par Bernard Oheix

Voici donc le projet d’édito des Nuits Musicales du Suquet qui se déroulera du 22 au 28 juillet dont j’assure la Direction Artistique depuis 4 ans. A chaque fois que l’on boucle une programmation, l’impérieuse question de son équilibre, des choix souterrains qui la sous-tendent, de son accueil par le public, se pose ! C’est ainsi, et même si les années ont passé, même si les programmations de près de 5000 spectacles sont sensées vous protéger et vous blinder contre la trac et l’angoisse, il reste cette inquiétude, cette lancinante interrogation... comment allez vous réagir ? Les artistes seront-ils à la hauteur de l’évènement, les créations (3 pour cette édition) au niveau des attentes... et le public sera-t-il un partenaire enthousiaste ou un juge impitoyable ?

Cette édition des Nuits Musicales du Suquet de l’été 2014 débutera dans l’Ivresse de l’Opéra. Paolo Micciché, qui nous a déjà présenté le Requiem de Verdi et le Mozartissimo en 2012, revient avec un nouveau projet, une création qui s’annonce comme un immense succès, un montage scénographié des grands airs d’opéras sur les moments de fêtes, des libations, des «brindisi» qui parsèment les oeuvres des plus grands compositeurs...Un moment de fêtes à déguster ! L’Orchestre de Cannes proposera un projet novateur de son nouveau chef, Wolfgang Doerner, une variation subtile entre la musique et les mots tirés des nombreuses lettres de Mozart lus par Francis Huster, cet immense comédien qui sait faire vivre la parole des autres. Le Philharmonique de Chambre de St Petersburg viendra accompagné du prodige, le violoniste Dmitri Berlinski, dans une Passion de Haydn et le Quatuor Talich, qui fête ses 50 ans de carrière internationale, présentera La jeune fille et la mort, l’oeuvre sublime de Schubert avant le quintette pour piano et cordes de Schumann (opus 44) avec la pianiste Dana Cocciarla. Notons une soirée Gospel Drums où les percussions carribéennes partiront à la rencontre du gospel et cette semaine de musique et de rencontres se terminera avec l’un des pianistes les plus doués, les plus étranges de l’époque actuelle, un soliste d’exception qui a révolutionné l’art de la scène et de la composition, le canadien Chilly Gonzales !

Pour les 19h, cette année, nous sommes fiers de présenter David Levy qui affrontera les redoutables «Variations Goldberg», le roi de la kora, Ballaké Sissoko, l’instrument le plus «classique» à la sonorité suave, de la musique africaine. l’Argentine Héléna Ruegg viendra accompagné de Mischa Pfeiffer pour une balade entre Bach et Piazzolla et le jeune et talentueux violoncelliste Benjamin Trucchi, le régional du Festival qui accomplit sa carrière aux Etats-Unis sera accompagné de Benjamin Sigier sur un programme Beethoven et Brahms.

C'est ainsi ! Il reste maintenant à attendre le 22 juillet 2014, et les réponses seront apportées au jour le jour. J’espère sincèrement que ce programme saura vous convaincre et qu’il débouchera sur ce qui est l’essence d’une soirée spectacle, la communion d’un public et d’un interprète, l’émotion brute que seul l’art peut déclencher, le plaisir du partage en commun. C’est cela notre moteur à nous programmateur, c’est cela qui nous donne le désir de vous offrir un peu de nous-même !

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Un peu de Musique...

Publié le par Bernard Oheix

Et tout d’abord, l’un des plus beaux CD de ces dernières années, une oeuvre crépusculaire composée par un chanteur en train d’observer sa fin venir et qui jette dans son ultime opus, comme un cri à l’humanité, toute sa tendresse et son désespoir, une lucidité froide et désespérée, un hymne à la beauté déchirée d’un monde qu’il est train de quitter, rongé par un cancer.

Ces dernières représentations à la télévision le montre affaibli, lunettes noires et chapeau noir sur son crâne chauve, ivre de ses ultimes parcelles de vie. C’est un rocker qui a transmis quelques uns de plus beaux textes au public, qui a enchanté par sa poésie instinctive, ses rythmes syncopés, ses orchestrations ciselées comme des bijoux d’or, une musique populaire et intelligente composée pour «Gaby, le long des golfes pas très clairs...» !

Alain Bashung dans Bleu Pétrole, le CD que vous devez impérativement emmener avec vous sur une île déserte et pour lequel il faut réinventer la fée électricité afin de pouvoir l’écouter à satiété !

De Je t’ai manqué à Il voyage en solitaire, ce ne sont que des perles serties que l’on peut écouter en boucles, les remettre sans arrêt sur le métier, tant elles s’éclairent à chaque passage, d’une luminosité et d’une puissance insoupçonnable.

J’ai eu le privilège de le voir plusieurs fois et de le programmer dans mes saisons à Cannes à deux reprises. La dernière fois, il était déjà assis au bord du vide... J’en ai le souvenir d’un homme de coeur, d’un homme qui ne faisait plus tout à fait partie du monde mais se savait éternel et si vous voulez le retrouver, achetez Bleu Pétrole pour un dernier voyage, non plus en solitaire, mais aux côtés d’un poète qui jonglait avec les mots et les notes comme si la vie n’était que poésie !

Tout aussi travaillé dans l’orchestration, et sans doute sur le même fil tendu entre les mots et les notes, Love de Julien Doré est à découvrir. Je vois déjà certaines moues et des rictus méprisants... et pourtant ! Dans son précédent CD, Bichon, il nous avait ébloui avec des morceaux comme «Glenn Close», un long poème scandé où la musique monte au zénith par vagues successives. Avec «Corbeau Blanc», il récidive, poème épique à clefs, musique orchestrée avec minutie, voix à l’intérieur de ses mini-symphonies qui laissent l’imagination déborder et la raison se perdre.

Il faut écouter attentivement chaque vers, chaque plage de musique, pour en saisir toute la subtilité et l’incroyable puissance naturelle. Il y a bien un poète moderne derrière ces phrases branchées sur la réalité mais qui en deviennent magiques par la force de leur souffle.

Julien Doré, issu du moule formaté des émissions de télé, a su s’en échapper, rompre avec le conformisme, imposer un authentique style pour devenir un héraut du monde moderne, un conteur de la vraie vie, celui du monde dans lequel nous vivons et qui nous étouffe. Il éclaire nos cauchemars de ses mélodies et de ses mots afin de les rendre plus supportables.

C’est Sophie Dupont, la Directrice-Adjointe de l’Evénementiel au Palais des Festivals de Cannes qui me l’avait fait découvrir. J’ai eu le privilège de le programmer dans ma dernière saison à Cannes en novembre 2012. Il fut adorable, disponible, acceptant même une interview par de jeunes collégiens pour la radio de l’établissement. Sur scène, c’est un vrai battant, son show est à son image, sophistiqué et chaleureux, des lumières théâtralisées, une gestuelle naturelle et énergique, son rapport au public immédiat et sincère...

Si vous en doutez, écoutez Le Corbeau Blanc... et dites-moi comment il est possible de résister à cette musique !

Comment situer Agnès Jaoui y El Quintet Oficial avec leur CD Dans mon pays. J’ai souvent été sceptique sur ceux ou celles qui touchent à tout, ont tant de cordes à leur arc qu’il me semble anormal d’être génial partout... Et disons le, pour moi, Agnès Jaoui et son complice Jean-Pierre Bacri sont d’authentiques cinéastes, des conteurs d’histoires à l’image de la vie réelle, un cinéma à la Française comme nous l’aimons, avec des scénarios ancrés dans la vie, mis en scène avec soin, qui renvoie vers une réalité transcendée, ouvrent les portes du possibles, où l’on peut à la fois être ému et sourire, attaché et distant. J’aime leur cinéma «intuitif» et si Agnès Jaoui m'intéressait, c’est plus en rapport à son statut de cinéaste dans la ville du cinéma que pour ses qualités de musicienne et de chanteuse...C’est au Babel Med à Marseille, un Festival des Musiques du Monde, que j’ai eu l’occasion de parler avec son tourneur «les visiteurs du soir» de l’hypothèse d’une programmation sur les Nuits Musicales du Suquet en juillet 2015. Il m’a transmis son CD en me recommandant de l’écouter.

Las ! Force m’est de convenir qu’Agnès Jaoui a bien aussi le talent d’une interprète, une sensibilité toute particulière née entre ses cultures diverses. Elle a une inconscience sympathique, une façon très personnelle de considérer le CD comme un moment de vie à partager ! Ecoutez les chutes intermédiaires laissées comme des ponctuations, ce ton mi-goguenard, mi-émouvant pour vous en convaincre !

Et surtout, découvrez la musique, cette langue espagnole portée avec son complice Roberto Gonzales Hurtado en des duos attachant et qu’elle met en valeur avec sa voix particulière, ce timbre rauque dissimulé dans une voix de gorge. Et si vous ne craquez pas sur Todo Cambia (le dernier morceau du CD), alors c’est que vous avez un coeur de pierre et que vous ne pouvez envisager qu’une vie de tristesse et de morosité en ce bas-monde !

Moi, j’aimais la cinéaste Jaoui mais désormais aussi la chanteuse qui a su me transporter dans son univers tout à la fois mélancolique et léger, latin et universel !

Et pour terminer cette chronique, un incunable, une des oeuvres majeures de ces dernières années, le groupe Archive dans With Us Until You’re Dead. La musique rock devient opéra, la modernité se pare des habits de la beauté incandescente du passé. Il n’y a plus d’âge ni de repères dans cet opéra moderne où les plages sonores fusionnent avec les voix, où les sons contemporains (batterie, basse, guitare) se mêlent aux claviers et à la pureté des voix pour décliner un monde de beauté funeste, un univers au bord de l’implosion que la musique transcende. Il y a quelque chose de frénétique dans leurs compositions, toutes tournées vers une lecture de la tension de notre univers. Scansions, enchaînements des rythmes, voix syncopées, richesse des fonds sonores... tout est là, à portée de main, en nous, et le CD entre en résonance avec nos peurs, notre angoisse d’un monde parcellaire où nous ne trouverions plus notre place. Déjà, dans leur précédente oeuvre, Controlling Crowds, ils avaient atteint un zénith dans la mise en abîmes de notre réalité, une maitrise absolue de leur projet de dé-construction du monde. Dans cet ultime volet, ils arrivent à transcrire une dimension poétique, plus «planante», à l’agonie sulfureuse d’un univers qui se convulse !

C’est à mes yeux, le groupe de musique majeur de ce siècle, un événement dans la culture du monde, et si vous en voulez une confirmation, précipitez-vous chez un disquaire (s’il en existe encore auprès de chez vous !) et achetez cet hymne à la beauté meurtrière du monde contemporain. Archive, le plus beau concert que j’ai produit dans ma carrière au Palais des Festivals, le 29 septembre 2007 avec l’Orchestre Régional de Cannes (cf. mon article sur Archive dans ce blog), le groupe le plus inventif de notre période contemporaine !

Récapitulatif :

Alain Bashung-Bleu Pétrole

Julien Doré. Love

Agnès Jaoui y el quintet oficial. Dans mon pays

Archive. With Us Until You’re dead

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La culture de la Castafiore !

Publié le par Bernard Oheix

La culture de la Castafiore !

Cela fait quelque temps que je ne parle plus de spectacles dans ce blog... Un effet pervers, il fait nul doute, de l’overdose des dernières saisons programmées au Palais des Festivals de Cannes et d’une détente soudaine entraînée par ma prise d’un congé permanent et de mon long voyage en Amérique du Sud à l’automne ! Quelques films, CD et ballets me donnent le désir de retrouver cette époque où je couchais mes impressions par l’écrit. Et tout d’abord, de renouer avec mes complices du Système Castafiore qui ont présenté en ce 4 avril, dans la salle de la Licorne, une reprise de deux oeuvres de jeunesse.

A mes yeux, le Système Castafiore est une des compagnies de danse la plus marquante de la période actuelle !

Elle est dirigée par un duo fascinant, Karl Biscuit à la création, metteur en scène et compositeur de génie de bandes sons et Marcia Barcellos, sa compagne et son alter-ego en création, à la danse et à la scénographie. Marcia est à l’égale de cette cohorte d’artistes d’Amérique du Sud qui ont apporté un sang nouveau dans le rapport à l’image moderne comme Alfredo Arias, Copi et tant d’autres. En cassant les codes traditionnels, ils ont insufflé une dynamique novatrice, ont révolutionné la gestuelle dans le spectacle vivant.

Les «castafiore» se sont installés à Grasse dans les Alpes Maritimes avec l’espoir de fonder un centre, une base pour explorer les chemins de la création et déclencher une dynamique sur toute la région ! Las ! On est bien loin des cénacles parisiens et des centres de décision. Ils n’en tracent pas moins leur chemin avec constance et sont une des troupes qui tournent le plus à l’international.

A l’occasion de cette reprise de deux oeuvres de leur début de carrière, Karl et Marcia nous offrent une relecture dynamique des fondements de leur art.

Il y a dans Aktualismus Oratorio Mongol (1990) et 4 LOG Volapük (1993), tous les ingrédients qui vont assurer leur succès et qui seront développés et approfondis par la suite avec des moyens techniques plus ambitieux qui permettront à leur créativité de s’épanouir.

Chez Karl, on retrouve dans Aktualismus le travail soigné d’une bande son où des bribes de dialogues absurdes sont joués en play-back, noyés dans un opéra de sons modernes composé de bruits, stridences, répétitions, saturation du niveau sonore. Marcia greffe à cet ensemble hétéroclite, une mécanique d’un geste découpé, heurté, enchaînement ubuesque de scènes mimées où les répétitions tiennent lieu de ponctuation. Il n’y a pas une histoire mais des séquences ouvertes ayant un rapport, en bruit de fond, avec un discours dictatorial, comme si la modernité apparente des éléments scéniques, une machine futuriste, quelques gadgets dans les costumes toujours inventifs, un accessoire, une scène d’illusion avec un enfant nain ou des marcheurs à l’envers, devaient se briser sur les vestiges du conformisme et l’abomination d’un discours totalitaire.

Ce rapport à la dictature est encore plus lisible dans 4 LOG Volapük puisqu’il en est le sujet central. Là encore, Karl Biscuit réalise une prouesse (pour l’époque) puisque le décor se visionne en 3D grâce à des lunettes distribuées au public. Un écran projette sur la scène des constructions futuriste donnant une perspective à la «Métropolis». La bande son est composée de phrases extraites du théâtre classique où l’on peut reconnaitre pèle-mêle, Racine, Corneille, Molière... et sans doute quelques autres ! L’histoire est simple. Un dictateur et sa maîtresse adorée, 3 personnages qui décident de l’assassiner. Les costumes de Marcia Barcellos sont sublimes, dictateur ventripotent à moustache, garde chasse au képi à la Française, grands bourgeois couards qui trahissent leur maître... La caricature est poussée à l’extrême, y compris dans la danse en permanente recherche de déséquilibre, de rupture, ritualisée jusqu’à la parodie. Cela fait penser au «dictateur» de Chaplin et à sa danse avec la mappemonde. Mais il y a une vraie cohérence interne au projet, une réussite formelle indéniable qui martèle un message où l’esthétique baroque se met au service de l’émotion brute.

Au delà de la vraie prouesse esthétique que le duo développera au fil des années jusqu’à des chefs d’oeuvre comme «Récits des tribus omégas», «Stand Alone Zone» ou «Les chants de l’Umaï», (mais presque toutes leurs créations devraient être citées ici !), le rapport à l’humain et à l’oppression (qu’elle soit la dictature d’un homme, d’une technique, d’une pensée, d’un style...) est le fondement de leur processus créatif, la base même à partir de laquelle ils vont intervenir par le sens, (et souvent par le non-sens !) pour provoquer intelligemment le spectateur et l’obliger à réagir.

Refuser le conformisme du geste est au coeur de la nature foisonnante de leur art, jusqu’à entrer en résonance mystérieusement avec l’actualité d’une France qui accouche d’un monde où les idées de l’extrême semblent, tellement se banaliser, qu’on peut en élire des maires et envisager un futur au bleu marine, comme si les pestes noires n’avaient pas d’histoire !

Moi, j’aime les Castafiore et leur art qui me rend plus intelligent, qui m’aide à mieux comprendre le monde qui m’entoure, tout en créant un champ symbolique du possible, aux desseins à décrypter, afin de mieux lire le présent !

La culture de la Castafiore !
La culture de la Castafiore !

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Les Nuits Musicales du Suquet 2013

Publié le par Bernard Oheix

Les Nuits Musicales du Suquet ont offert des soirées bien atypiques en cette édition 2013, et si certains mélomanes ne se reconnaissent pas toujours dans les programmes proposés, d’autres s’y retrouvent malgré tout et une partie du public vient pour la rareté et l’émotion d’un Festival qui se démarque des manifestations du même format. Tous les Festivals classiques tentent de se régénérer, mais ce n’est jamais facile... Cette année, une partie du public purement classique a snobé les propositions pourtant bien alléchantes. A cela, ajoutons le cataclysme d’un mois de juillet sur la côte boudé par les touristes avec des taux de fréquentations des hôtels en chute libre (autour de 40 à 50% en moins que l’année dernière. Résultat, une fréquentation moins bonne et des rentrées financières écornées !

Mais bon, c’est la crise, et il n’y a pas de raison qu’elle ne touche que les pauvres !

Au programme de cette année :

Cyprien Katsaris en ouverture, c’est un symbole de ce que je tente de faire dans ce Festival classique : régénérer les codes, ouvrir des portes entre les genres et rendre la musique classique plus humaine, plus proche de notre environnement et de nos préoccupations. Voilà bien un grand pianiste qui ose transgresser les rituels du récital. Dans un savant dosage entre improvisations, découvertes de morceaux rarissimes et d’oeuvres plus larges, il excelle dans la pédagogie, l’éclairage didactique des oeuvres en les re-situant dans leur contexte. Il fait aimer la musique classique en la rendant vivante ! C’est en plus un homme adorable, plein de prévenance et d’attention.

Cette année, opération ambitieuse autour de Albert Camus. Un hommage rendu en musiques et en textes avec L’Orchestre de Cannes dirigé par Philippe Bender en support et Marthe Villallonga lisant des extraits du Premier Homme, ce roman au destin funeste, retrouvé inachevé après la mort de son auteur. Un roman ou tout son génie s’exprime avec les failles d’une construction inachevée pour nous faire comprendre la genèse d’un chef d’oeuvre.. En 2ème partie, la voix envoutante de Daniel Mesguich nous emportera sur les traces d’un «instit» du bled, une nouvelle déchirante, L’Hôte tirée de L’exil et le Royaume avec en prime, les images de la BD que Jacques Ferrandez a tirée de cette nouvelle, projetées sur les pierres du fronton de l’église dnas la nuit étoilée. C’est tout le drame de la Guerre d’Algérie qui se trouve en filigrane de cette histoire qui finit comme une tragédie antique. Une soirée fascinante.

La Carte Blanche à mon ami, Michael Guttman, Directeur du Festival de Pietrasanta, nous aura permis d’assister au concert d’un maître du Clavier, Boris Berezovsky, dans un programme russe ou il excelle.

J’attendais beaucoup de Mozart versus Salieri. Cette confrontation en musique tentant de mettre en regard leurs oeuvres manquait cruellement de pédagogie et d’explications pour que cette musique baroque de cour puisse s’épanouir. Dommage, car il fait nul doute que si l’histoire a quelque peu maltraité Salieri, il n’en reste pas moins que le génie d’un Mozart ne pouvait tolérer la moindre ombre ! Au passage, cassons le mythe d’un vieux Salieri accroché au pouvoir contre le jeune prodige. Seules six petites années les séparaient, tout comme en terme de précocité, Salieri n’avait rien à envier au jeune Mozart lui qui, dès l’âge de 13 ans, composa ses premières oeuvres... Mais voilà, l’histoire choisit toujours ses vainqueurs !

L’Hommage à Mikis Théodorakis fut émouvant. Un homme plusieurs fois revenu de l’enfer, donné pour mort plusieurs fois, enterré vivant deux fois, engagé de tous les combats pour la démocratie et qui eut le temps d’accumuler une oeuvre gigantesque dans tous les registres de la musique, du classique au sacré, du populaire à la musique folklorique. Et tout cela en en plus de ses activités sociales et politiques. Théodorakis un mythe en Grèce, qui en a bien besoin, même s’il est désormais un vieil homme !

C’est dans les chansons, (il en a écrit plus d’un millier), que son génie s’est imposé, partant sur des mélodies sophistiquées mais accessibles à tous, avec des textes d’une grande profondeur. Toutefois, cette création pour le Festival aurait gagné encore à la mise en valeur de quelques instrumentaux, et à une construction plus harmonieuse. Il n’empêche, que malgré ces petites réserves, le public ovationna le groupe et qu’un «sirtaki» endiablé vint secouer les gradins dans un rappel de folie.

Tout comme pour La Sinfonia Flamenca, de mon ami Juan Carmona, dont j’avais eu l’honneur de créer le premier mouvement, (il a 10 ans, déjà !) et qui fut présentée enfin, après avoir été jouée dans le monde entier, dans son intégralité à Cannes, son berceau. Accompagnée par l’Orchestre de l’Opéra de Toulon, cette symphonie mêle les codes de la musique savante avec ceux de la musique d’instinct du Flamenco. Juan Carmona est un grand monsieur, un artiste de la guitare, un visionnaire qui a su canaliser toute l’énergie de sa performance d'interprète pour donner une oeuvre composée sensuelle, à mi chemin entre une cérémonie profane et un récital sacré. Pour achever cette soirée de clôture, son groupe de Flamenco où rayonnait Jésus Carmona (un homonyme du compositeur, danseur de formation classique, adonis de la «talonnade» et roi du jeter de jambe) vint enthousiasmer le public, et achever en apothéose cette série de concerts.

A noter dans les concerts découvertes de 19h la performance de David Levy, un talentueux pianiste cannois, dans un programme de musique espagnole, qui a gagné à cette occasion, le droit de revenir en deuxième édition, sur la grande scène ! Et n’oublions pas Forabandit, l’incroyable trio composé d’un occitan, Sam Karpiena, voix et mandolocelle, Ulas Ozdemir, un turque au Baglama et au chant, et Bijan Chemirami, un iranien au zarb et percussions. Ce groupe envoutant venu des horizons de la Méditerranée, nous emporte dans des ballades dont on garde l’empreinte au fond de nous, comme un rappel entêtant d’une musique qui plonge ses racines dans notre inconscient d’homme libre !

Et pour finir, chapeau aux jeunes solistes de la région, John Gade (piano) et Dorian Rambaud (violon) et à Riccardo Caramella qui nous a proposé une soirée pour enfants avec les ineffables Babar et Pierre et le Loup servis par la belle récitante Maria Alberta Navello devant, pour la première fois, aux Nuits Musicales du Suquet, un parterre d’enfants éblouis !

Voilà une édition de plus ! Les résultats moyens en terme de fréquentation, compensés par une grande adhésion du public et un renouvellement partiel des spectateurs, nous projettent vers l’avenir, la saison 2014 où je vous retrouverai au paradis, tout là haut près des étoiles, entre les cris des sternes et les cornes des bateaux, sur la colline du Suquet... à Cannes, pour toujours !

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Spectacles à Montréal

Publié le par Bernard Oheix

Pléiade de jeunes Français dans ce Juste pour Rire de l’été 2013, par une canicule épouvantable, à faire rêver de se tapir dans les salles climatisées du Quartier des Arts, le plus longtemps possible.....

Deux volets, Zoofest, avec les jeunes pousses françaises en stand-up, souvent passées par Le Jamel Comédy Club, et une cohorte de comiques Québécois, pour 100 spectacles découverte, et le grand Festival Juste Pour Rire avec ses galas réunissant autour d’un thème unique (la sexualité, le sport, l’argent, la loose...), le gratin des humoristes de la Belle Province, mais aussi des shows enlevés et des comiques en série auxquels il faut rajouter les scènes en extérieur, gratuites, tous les jours, exercices casse gueule pour certains en train de chercher une page de notoriété dans la Ville du Rire.

Et tous cela en 15 jours de folie, au milieu d’autres manifestations (Festival du Cirque, Nuits d’Afrique, Festival de Cinéma...), dans un quartier grand comme un demi arrondissement parisien, au milieu d’une foule asphyxiante !

Bienvenue à Montréal !

Petite revue parmi la trentaine d’artistes visionnés !

En ce qui concerne nos jeunes Français, mention spéciale à Greg Romano, Dédo, Mohamed Nouar et Alban Ivanov.

Greg Romano, un niçois, impose un personnage en auto-dérision, à la limite du bon gout, exercice sur le fil qui peut à tout instant basculer dans le fou rire ou dans le «bide»...Il aura quelques moments de gloire à se souvenir ! Dédo, le Prince des Ténèbres, fait dans le noir et le caustique, tout en grincements et en rictus, un spectacle construit en interaction avec le public, sans filets, où il projette ses angoisses. Mohamed Nouar est l’arabe élégant et sarcastique, décalage permanent entre ce qu’il est sensé représenter et ce qu’il joue avec beaucoup de subtilité. Alban Ivanov lui, joue de son corps maladroit et mime beaucoup, scène d’anthologie avec un sac de farine dans lequel il plonge sa tête en une parodie d’un «Scarface» dont beaucoup se souviendront !

Dans tous ces comiques dont on entendra parler, mes deux coups de coeur vont à Bun Hay Mean et à Claudia Tagbo.

Bun Hay Mean est un chinois survolté, il a une énergie phénoménale, se tire de toutes les situations, entraine le public avec lui jusqu’à plonger littéralement dans la foule. Il est sans limites. Avec lui, les Vietnamiens deviennent les Arabes de l’Asie, les Chinois colonisent l’Afrique et les légendes poussent comme des feuilles sur des branches de bananiers. C’est un vrai grand, retenez son nom ! C’est en plus, un homme adorable, plein de tact et d’interrogations.

Quant à Claudia Tagbo, respect ! Elle est noire, petite, de grosses fesses dont elle joue avec dérision. Elle utilise son corps comme un tableau noir pour y inscrire les contours d’un paysage imaginaire. Sa face s’illumine, elle roule des yeux, tire la langue, danse, mime, et entre les traditions africaines, la place du père, l’éducation des enfants et sa vie sentimentale, tout passe à la moulinette des idées toutes faites, des images convenues et se termine en un immense concert avec le public. Attention, succès et rires garantis !

Dans les grands shows, il faut noter une comédie musicale qui débarquera en France l’an prochain et dont vous entendrez parler. Hairspray, replonge dans les années soixante, la ségrégation et l’ambiance «high school». Une jeune adolescente corpulente devient une star de la danse grâce à ses amis «blacks» dans un Baltimore plein de préjugés, entre les «bimbos» blondes racistes et celles qui vont se décoincer et trouver l’amour et la vie !

Plaisant, dans une belle mise en scène qui met en valeur une très belle distribution d’artistes chantant, dansant et jouant à la perfection, un vrai moment de détente.

Signalons la présence de Die Mobiles, jeu d’ombres sur des corps qui se désarticulent et recomposent une réalité mouvante, les vainqueurs de l’émission «Incroyable Talent» dont Gilbert Rozon, le capitaine du navire Juste Pour Rire est un membre du Jury particulièrement caustique et actif !

Et comment ne pas signaler le Gala Komedy Majic Show qui réunit autour d’Arturo Brachetti des magiciens dans un processus décalé et atypique ! Un angle de vision déjanté, entre la prouesse des numéros et une présentation toute en humour, enchaînement virevoltant et surprenant qui permet de rire en s’émerveillant. Brachetti reste un grand enfant, apte à s’enthousiasmer et à entrainer le public dans son monde d’illusions !

Signalons un excellent «Gala de la Loose» présenté par Jean-Luc Lemoine et Simon Gouache, un Québécois dont le talent acide est au service d’une charge contre les Français et les Parisiens à donner envie de lui répondre par l’humour.

Pour ce faire, il suffit de l’envoyer assister au spectacle des Pic-Bois, «Corps à corps avec frite et moule», une troupe locale déjantée dans un spectacle sur le corps et le sexe à faire hurler de mauvais gout et de médiocrité. Ce show manifestement est un «hénaurme» succès la-bas et concurrence l’accident industriel du Festival, une pièce de théâtre, Un homme, deux patrons, tiré avec beaucoup de cheveux d’une oeuvre de Carlo Goldoni, dans une mise en scène indigente et le vide abyssal d’une agitation épileptique d’acteurs à la dérive !

Comme quoi, même chez nos cousins entreprenants et dynamiques du Québec, la perfection plonge parfois dans la misère de l’échec !

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Editorial du Suquet

Publié le par Bernard Oheix

Voilà en avant-première l'éditorial que j'ai composé sur les Nuits Musicales du Suquet dont je suis le Directeur Artistique.

J'espère que cela vous donnera l'envie de venir sur les remparts de l'Eglise, tout en haut de Cannes, dans une de ces nuits étoilées où l'on peut prendre conscience que le monde est beau, que la musique est belle et que les les sternes qui planent ent en piaillant dans l'azur de la scène ont bien de la chance.... 

Et pourquoi pas vous ?

 

Rêves d'ailleurs

Chaque édition d’un Festival est une aventure, chacune nous offre son lot de mystères, ses rendez-vous ratés compensés par ses heureuses conjugaisons, une étrange alchimie dont le résultat ne dépendra que de votre adhésion... ou pas !

La programmation idéale n’existe pas. Il n’y a que l’impérative nécessité d’offrir des moments magiques de rencontres, de découvertes, de plaisirs, de communions. Et de ce point de vue, juillet 2013 devrait vous permettre de rêver à nouveau, la tête si près des étoiles...

Que ce soit avec l’Orchestre Régional de Cannes PACA dirigé par Philippe Bender qui invite, sur les rives de la Méditerranée, à goûter la poésie et la musique d’Albert Camus, avec les mots si forts d’une Marthe Villalonga et d’un Daniel Mesguich en contrepoint...

Que ce soit dans cette rencontre si belle où l’histoire est convoquée, d’un affrontement célèbre, Mozart versus Salieri, que le premier par son génie écrasa à jamais... Mais qui est Salieri, quelle musique réelle sous ce nom que le vent de la défaite emporta ? nous la redécouvrirons, et nous nous apercevrons peut-être, ce sera à vous de le dire, que les notes de musique ne meurent jamais !

Où bien avec Cyprien Katsaris, dans un programme interactif que le public guidera, surprises et connivences, quand le génie au piano permet toutes les audaces et rompt la forme d’un concert classique pour lui donner une puissance et une force sans mesure.

Mais aussi la Sinfonia Flamenca dont le premier mouvement fut créé à Cannes il y a quelques années et que l’Orchestre de Toulon nous offrira enfin dans son intégralité en prolongement d’une fête espagnole où la musique et la danse seront à l’honneur.

Et encore, un clin d’œil au Festival de Pietrasanta dirigé par Michael Guttman, qui viendra accompagner le fantastique Boris Berezovsky et le quatuor... dans un programme dédié à la musique russe.

Et Mikis Theodorakis, un des artistes qui a jonglé en permanence entre le classique et le populaire. Du Cantique des cantiques au thème de Zorba le Grec, il n’y a que quelques pas aux sons d’un bouzouki qu’il franchit avec gourmandise.

Tout cela sans oublier les quatre concerts de 19h comme des perles serties dans l’écrin de la cour du Musée de la Castre. De jeunes talentueux solistes de la région (John Cage et Dorian Rambaud) à David Levy dans un programme Espagnol (encore et toujours l’Espagne si généreuse et fascinante), Riccardo Caramella ou quand la musique des petits flirte avec le plaisir des grands, pour finir avec Forabandit, une extraordinaire fusion entre la musique orientale et l’esprit des troubadours, produit d’une résidence d’artistes sur les nouvelles musiques traditionnelles, entre la mandole, le «baglama», un luth turc, et des percussions iraniennes pour l’enchantement d’une nuit saupoudrée de mystère.

Voilà, à vous désormais de vous inviter à ces rencontres, d’habiter cet art d’un bonheur fugace mais si réel, de rêver jusqu’à la naissance du monde, jusqu’au début du bonheur à l’unisson.

Et qui aurait imaginé qu’un fil étrange, celui de la Méditerranée se fraie un chemin à l’intérieur de ces propositions... De Chypre à Mikis, de Salieri au Festival de Pietrasanta, du Flamenco à cet Hommage à Albert Camus...

Parfois, l’histoire nous convoque bien malgré nous sur nos rives si belles !

 

Bernard Oheix


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Lettre à Patrick Raynal, écrivain.

Publié le par Bernard Oheix

Il y a des rencontres fortes, des personnalités qui marquent et façonnent notre existence. Patrick Raynal fait parti de ces gens que je suis heureux d'avoir connus. On en a passé des heures à rêver ensemble d'un monde meilleur dans ce début des années 70 si riche en tension et en action. Et puis il a pris son envol, il est devenu écrivain, directeur de collection, sa vie a épousé les mots et il en a fait une longue et belle phrase. On ne s'est jamais perdu de vue même si les distances parfois entretenaient ce mystère du passage de la jeunesse au statut d'adulte affairé à se dépêtrer afin de construire sa propre vie, entre travail, famille, et un passé qui nous cheville au corps.

J'ai fait la mienne, heureuse, intense, mais toujours, un de ses livres me rappelait que nous avions partagé le même rêve d'écrire.

On vient de se retrouver, un peu plus, et comme si le temps n'avait rien effacé, nous nous sommes reconnus, encore et toujours.

Et puis il m'a offert son dernier opus et j'ai eu un vertige, l'émotion brute de savoir que derrière ses mots, il y a un peu de nous. C'est son talent qui donne un sens à des vies. Il vient, pour moi, de sortir de la littérature pour entrer de plein pied dans le monde beaucoup plus vaste des porteurs de lumière.

Ce livre est un éblouissement !

Lettre à ma grand-mère. novembre 2010. Flammarion

 

 

Cher Patrick,
je viens de terminer "Lettre à ma grand-mère".
J'ai toujours pensé que tu avais une vraie personnalité, du style, que tu savais y faire... trop parfois, un peu faiseur d'ailleurs, à l'image de ce héros de la révolution que tu incarnais
 dans notre jeunesse estudiantine niçoise, de ce Patrick Raynal truculent, espiègle, doté d'un sens de l'humour et d'une capacité d'observation hors du commun que j'ai connu. Tu avais juste ces quelques années de plus qui te donnaient l'expérience, qui t'autorisaient d'être devant moi comme un repère… 4 ans, c'est rien à 60, mais énorme, un fossé, à 20 ans. 
J'ai toujours été fier de ce lien ténu d'amitié, moi qui ai connu par mon métier, beaucoup de gens célèbres, j'avais eu cette chance de te connaître avant ton succès !
J'ai eu mes quart d'heure de gloire, plusieurs, mais ces mots dont je suis persuadé être apte à les dompter, je ne les ai pas suffisamment aimés pour leur donner une vie propre.
On pourrait aussi imaginer aussi que quand j'en avais le temps, je n'avais rien à dire, et que dès que j'ai eu beaucoup de choses à raconter, je n'ai plus eu le temps de les écrire.
Tu ne peux pas imaginer comme j'étais fier (et un peu jaloux !) de Very Nice et surtout d'Un tueur dans les arbres… Après, je m'y suis fait, tu étais un écrivain et moi non !
Un peu volontairement, j'ai coupé ce lien d'amitié, je voulais revenir, moi-aussi bardé de certitudes, un bon bouquin chaud sorti de presse comme passeport pour retrouver notre passé
et signifier qu'il s'était bien passé quelque chose dans cette ville atypique au coeur des années 70, que deux écrivains pouvaient par la magie du hasard naître en même temps, 
dans le même lieu.
Bon, il n'en a rien été, pire, tu m'infliges ce coup de génie de "Lettre à ma grand-mère". Tout ce que j'aime dans la littérature. Tout ce qui montre que derrière les mots, les phrases, il y 
a de la vie brute, du sentiment, de l'impudique, de la matière…
Tu touches si juste que tu prends tes lettres de noblesse à travers la vie de cette grand-mère héroïque. J'ai presque envie de dire que je suis jaloux de ta résistante aïeule, de ton Général Pfister, d'une saga familiale qui t'offre le vertige de plonger dans l'histoire, de ce qui se dessine à travers toi et te confère une dimension d'auteur à part entière.
Le texte de ta grand-mère est fort, dérangeant, situé dans un au delà de la littérature renvoyant à une horreur difficile à conceptualiser… mais le tien est une plongée déroutante et émouvante dans l'univers des mots, les vrais, ceux qui dévoilent la réalité et grandissent celui qui les structure et leur donne une existence, leur offre une vie propre, organise le chaos, transcende la matière.
Voilà mon Patrick ce que je voulais te dire…
Et le fait que j'ai pissé au lit jusqu'à 15 ans et qu'un psychiatre me "soigna" à coup de phénobarbital et de trimétadione en annonçant à mes parents que je ne ferais jamais d'études... n'est qu'une facette de l'étrange attirance que ton texte suscite en moi !
A la revoyure compadre !

 


 

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Nono, Jones, Le Forestier et les autres

Publié le par Bernard Oheix

C'était la nuit de la guitare en hommage à Maxime Le Forestier. Une pléïade de musiciens exceptionnels réunis par le plaisir de jouer ensemble dans une soirée où tout était possible...même l'inconcevable !

La rythmique était assurée par trois instrumentistes hors classes, Dominique Di Piazza et Fred Vinquant à la basse et Franck Agulhon à la batterie, des métronomes donnant une sécurité absolue aux solistes, tendant un rideau de notes comme un filet de protection sur lesquelles il ne restait plus qu'à ourler des partitions enlevées. Ils tiendront tout le concert au bout de leurs doigts sans faillir.

Manu Galvin, nounours chaleureux qui donne du sens à l'idée même d'un phrasé musical, une sensibilité hors norme dans la maîtrise de son instrument se dévoile comme un conteur chaleureux. il est un interprète romantique, un toucher bien spécial, une façon si douce de se glisser dans les mélodies en ciselant le silence de ses perles serties de fulgurance.

Nelson Veras, un jeune Brésilien, éblouira par son jeu tout en retenue, d'une délicatesse et d'une puissance étrange, comme si les influences conjuguées de sa culture d'Amérique du Sud et celles d'un son plus européen produisait un musicien sans frontières, ivre de toutes les libertés.

 

Nono fait pleurer sa guitare. Revennu de tous les sommets et de toutes les aventures du show-biz, tutoyant les plus grands, il reste un incomparable instrumentiste au toucher sans égal. Il possède une aptitude à faire corps avec son instrument et à transformer la plus simple des mélodies en opéra sauvage, en hymne à la déraison, en tonnerre de sons où le chaos ne plie à sa volonté de l'orchestrer. C'est Nono, un homme de coeur, dans toute sa simplicité, un génie de la guitare qui s'avère un gentleman pétri d'humanité.  

Maxime était la star, celui pour qui cette constellation de musiciens s'était réunie. Il va jouer son rôle à la perfection, distribuant les temps d'exposition, permettant à chacun de s'exprimer, débridant le concert autour de ses chansons complexes, difficiles à  interpréter. Il n'avait pas choisi un répertoire facile, piochant dans son répertoire celles qu'il affectionnait, pas toujours celles qui avaient rencontré le grand succès. Voix au grain si particulier... Même si l'âge le rattrape, il est d'une jeunesse éternelle, comme certains de ses tubes qu'il offrira en rappel au public. Merci Monsieur Maxime Le Forestier de rester cette icône de toutes les révoltes qui échappe aux temps de la soumission et au conformisme ambiant.  

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 Norbert krief dit Nono                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Maxime Le Forestier

 

Comment ne pas parler de mes deux complices. Jean-Claude Rapin, l'homme aux bottes rouge et à la crinière léonine. Avec lui, j'ai tout connu. Et avant tout l'amitié ! C'est un bluesman déjanté, qui peut introduire des distorsions dans toutes les mélodies les plus sophistiquées, toujours en rythme, apte à se mettre au service des autres, il part en vrille et explore des champs inconnues en cherchant à s'évader des contraintes dès que l'opportunité s'en fait sentir. C'est mon ami. C'est lui qui avait, à ma demande réuni ce panel de musiciens autour de Maxime Le Forestier. Un sans faute mon Jean-Claude. Bravo à toi.

Elève de Marcel Dadi et de Chet Atkins, Michel Haumont est le grans spécialiste du finger-style en France. il dévore des torrents de notes et distribue à la volée des cascades de sons si délicats que sa guitare chante sous les projecteurs. C'est un esthète serein, un magicien des cordes, un équilibriste de haut-vol et aussi un très vieux complice, depuis le début des années 90, du temps du Festival "Guitare Passion" qui nous a tant marqué.

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          Jean-Claude Rapin                                                                                                                                                                                                                                                             Michel Haumont

 

Reste Michael Jones. je l'ai programmé à de multiples reprises. Complice de JJ Goldman, il existe bien en dehors de son ombre tutélaire. Musicien sauvage, voix aux chaudes inflexions galloises, showman avéré, il est tout cela et bien plus encore. Il fait partie de ces leaders naturels qui s'imposent en douceur, par la puissance d'un riff, l'intonation d'un couplet qui touche le public au plexus, une façon d'être élégante et précise, d'accompagner et de prendre ses responsabilités quand la situation l'exige. Il est un grand de la musique... Il est aussi d'une simplicité et d'un abord chaleureux. C'est Michael Jones, le plus français des gallois, mon ami.    

 

 

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                                                             Michael Jones. photo d'Eric Dervaux

 

 

Et si vous n'étiez pas là au rendez-vous, si vous avez raté cette soirée au Palais des Festivals de Cannes, alors tant pis pour vous ! La prochaine fois, soyez attentifs, de tels moments sont volés à la logique du show-biz et du marketing, ils sont rares et uniques. Comme l'a déclaré Maxime Le Forestier sur scène, "des soirées comme celle-ci, nous en avons connu mais normalement, nous les partageons entre musiciens... sans le public, dans nos caves et pour l'amitié. Ce soir, vous étiez présents pour notre plus grand bonheur !"  

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Berling, Kennedy, Say, Sheller et Juliette

Publié le par Bernard Oheix

Retour sur le passé.... Mois de juillet, il fait beau. Des Nuits Musicales du Suquet Intenses, avec un public massivement présent ! Tous les soirs complets, le rêve d'un programmateur. Et surtout, des rencontres, de l'émotion, une certaine folie. Alors, pour le plaisir, retour en arrière, quelques minutes de bonheur !

 

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Charles Berling, Laure Favre Khan. Chopin sous les doigts de la sublime pianiste, Chopin dans ses mots, par ses lettres par la voix de l'acteur. Même si le spectacle manque encore un peu de réglages, ils nous emportent au coeur même de la création, dans une époque furieuse et dans les tourments d'un génie.

 

Numero-3 0827Deux êtres hors normes. Fazil Say, un pianiste éblouissant, un homme qui dompte le clavier, sans limites, hors de tout sentiers battus. Un être attachant,

turc en révolte contre tous les conformistes. 

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                                                                                  Nigel Kennedy. Bouffon superbe qui explose les codes. De Bach à Deep Purple, il n'y a qu'un pas qu'il franchit avec allègresse. Déroutant, histrion, clown céleste qui prouve que le classique est d'une modernité sans égale. Il va décoiffer une bonne partie du public qui lui réservera pourtant un triomphe à la romaine !

 

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Le moine et la titi parisienne. William Sheller en solo, ou le plus classique des modernes, un homme qui transforme son show en moment de bonheur et de confidences, en rapport direct avec le public, un homme qui a su devenir heureux....

Juliette ravira par sa gouaille et son humour ravageur. Elle s'impose dans ses chansons en osant tout, et ce d'autant plus que le frisson est bien réel quand elle chante son oeuvre si particulière entre la raison et l'absurde.

 

Tous les deux sont particulièrement contents de se retrouver dans un festival classique et nous transmettrons une bouffée de tendresse.

 

 

 

 

      Voilà, c'était il y a bien longtemps, une éternité déjà, mais ces moments si forts sont bien gravés dans la mémoire... pas seulement la mienne ! Ils sont aussi bien présents dans le coeur des spectateurs, parfois un peu déroutés, mais toujours en phase avec ces artistes qui dévoilent à l'évidence, que le classique est bien moderne et que l'art n'a pas de frontières quand il flirte avec les sommets....

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