Ce sont les 5... ans de Marie-Antoinette P..., ma collaboratrice la plus proche dans mes fonctions de l'événementiel. Elle gère mon planing, mes rendez-vous, filtre les
importuns et ment comme un arracheur de dents en lieu et place de son directeur. C'est Marie, plus de 15 années à se cotoyer, à se vivre au quotidien. C'est un texte que j'ai écrit pour elle,
pour ce temps de partage et parce que la fuite du temps nous touche tous et que de la jeunesse à la maturité... avancée, il n'y a qu'une maigre frontière que l'on franchit sans même sans rendre
compte. Ô Marie, si tu savais...
Ô Marie-Antoinette,
Que tu vinsses dans cette Direction de l’Evénementiel fut déjà, en soi, une étrange et incroyable histoire d’un monde facétieux.
Que tu t’y plusses encore plus, un pied de nez à la raison de ceux qui considèrent que l’univers possède un centre et continue de croître.
Y aurait-il le moindre sens à tout cela ? C’eût pu être ?
Mais que nenni -comme tu dirais- Que nenni !
Souvenons-nous ! Coincée à ton petit bureau, dans un secrétariat de la direction où régnait une princesse éphémère, tu me fus imposée, sans ménagement, toi la femme de l’autre, celle
qui pactisait avec les puissants, les seigneurs de la guerre. A l’époque, je n’aimais rien tant que mon indépendance, tout sauf la contrainte, et vive l’anarchie !
Il a fallu du temps. Tu venais d’un monde de lois et de componction, nous étions jeunes et les crocs encore bien acérés, nous déchirions la vie à belles dents, acharnés à survivre dans
une jungle qui ne nous faisait pas de cadeaux !
Quand donc et à quel moment précis tout cela bascula ? Les crises se sont succédées, toujours moins fortes au fur et à mesure que nous nous apprivoisions mutuellement, que ton
silence extérieur résonnait de nos cris intérieurs, que la confiance nous autorisait à nous libérer dans cette bulle devenue tienne et que tu ne trahis jamais. C’est sans doute le maillon fort de
cette relation atypique. Dans l’amour, on débute par la passion pour finir dans la haine… Avec toi, ce fut le contraire, non qu’il se trouvât de la haine, plutôt de l’indifférence, débouchant sur
une vraie tendresse, celle patinée par 15 ans de collaboration, 15 années qui ne laissent plus beaucoup d’ombres dans les liens qui unissent un collectif composé de bric et de broc.
Si je devais définir cette famille de travail, je dirais que c’est la connaissance de l’autre et le respect de tous qui la caractérisent. Tu en fais partie, avec tes différences, ton
parler fleurant les lettres de la belle France, ton caractère d’acier bien trempé… pas toujours facile mais toujours compensé par cette chaleur qui te caractérise, ce souci de bien faire, cet
engagement au service de tous. Tu es devenue une militante de l’événementiel. Je ne suis pas totalement certain que ce soit toi qui aies vraiment gagné au change. Je suis par contre intimement
persuadé que nous avons déniché en ta personne, une de ses âmes sœurs qui font que le monde peut brinquebaler vaille que vaille en avançant vers la lumière.
55 ans de ta vie se sont écoulés. Je n’ose t’en souhaiter autant ! Mais quel que soit ton avenir, les 15 années, 60 trimestres, la dizaine de saisons d’hiver et les milliers de
spectacles organisés par l’évènementiel pèseront largement en ta faveur au moment du jugement final. Avec nous, tu auras d’ores et déjà conquis un pan d’éternité, quelques arpents de
paradis !
Voilà Marie, surtout, ne change pas, nous avons mis tant de temps à nous comprendre qu’il nous convient parfaitement que tu restes cette Marie-Antoinette avec qui nous partageons
tant d’heures !
PS : Continue de traquer nos fautes, c’est une entreprise de salubrité publique à laquelle tu te consacres pour le meilleur de nos écrits et le pire de ta patience…
Ah ! les accents de Bernard, les doubles consonnes de Sophie, les tirets et les accords avec le COD… Elles te manqueront toujours assez tôt ces preuves de notre affection qui provoquent
l’usure de tes yeux !
Bernard OHEIX et toute l’équipe de l’Evènementiel
30 mai 2007.
Un qui a toujours échappé à ma plume, c'est Jean-Marc S... Il se débrouille pour avoir son anniversaire pendant que tout le monde, moi y compris, est en vacances ! C'est ainsi
que l'on a raté son cinquantième anniversaire. Bon, un an après, il fallait solder les comptes et régler l'addition. Ce fut fait aux iles, lors d'une sortie avec toute l'équipe de l'événementiel,
les pieds dans l'eau, à moitié à poil : on se sent particulièrement inspiré !
Jean-Marc le défi : 50+1.
Tu pensais échapper aux foudres de ma plume acérée, tu espérais que, profitant de cette période qui te vit naître, tu passerais éternellement au travers. Bien sûr, ta mère en accouchant
au mois de juin, se doutait bien qu’elle te mettrait à l’abri de ma vindicte. La plupart de tes collègues et amis se reposant d’une saison usante ou emmagasinant un peu d’énergie avant de plonger
dans les spectacles de l’été, chaque année quand arrive le 10 juin, les troupes dégarnies oublient ton anniversaire. Elles vaquent à la préparation de leur maillot, à la perte de leur cellulite
pour séduire sur les plages, au bronzage de leurs traits si fins et charmants…et tout cela au détriment des anniversaires de Jean-Marc et de ces années qui s’accumulent sur ses épaules
d’athlète.
Car disons-le tout net. Même si tu fais le cake, que tu as l’air d’un jeune homme, que pas un poil de graisse n’épaississe ton tour de taille et qu’apparemment les filles continuent à
lorgner vers tes biscotos, (il faudra que tu m’en donnes les recettes à défaut des noms et adresses de tes multiples conquêtes !), mon cher Jean-Marc, tu n’es plus de la prime jeunesse. Un
demi-siècle à errer dans le noir, à servir dans l’ombre, à être celui qui veille au grain dans les coulisses des artistes, cela devrait user énormément.
Alors donne-nous ta recette, je t’en supplie. Pourquoi pas de cheveux blancs, pourquoi pas de rides aux coins de ta bouche, pourquoi ces yeux bleus rieurs qui restent insondables !
Peut-être dans ton bonheur retrouvé, dans cette compagne qui t’accompagne, dans cette confiance et assurance dégagée dans un métier qui te voit t’épanouir enfin ! Le stress, connais
plus ! Les doutes envolés ! Les sautes d’humeur qui t’ont parfois embrasé, terminées ! Il reste des certitudes humbles, des évidences cachées.
Oui Jean-Marc, tu connais ton métier sur le bout des doigts, oui, tu affrontes les problèmes sans te braquer… comme si tu en avais tellement vu de ces cas de figures destinés à briser les
harmonies que plus rien ne pouvait désormais te surprendre. Oui, tu es devenu un être normal !
Cela n’a pas toujours été le cas, avouons-le ! On a connu un JM au sortir d’épreuves, pas toujours bien dans ses baskets, pas toujours en phase… mais comme s’il te fallait un coin à
toi, un peu de temps, de l’amour et de la confiance pour que le miracle de ta transmutation intervienne, tu es enfin arrivé à dompter ces forces qui t’ont tant bouleversé.
Un visage préservé des atteintes de l’âge, un esprit sain dans un corps sain, une nonchalance jamais dédaigneuse, un calme olympien, une distance qui n’éloigne pas…on finirait presque par
penser que tu resteras à jamais dans cette direction. Fais attention, Jean-Marc, il va falloir payer le prix de cette jeunesse éternelle. Dorian Gray avait conclu un pacte avec le diable pour
conserver sa jeunesse : avec qui as-tu tracté, donne-moi son téléphone avant que l’irrémédiable ne me fasse succomber !
Y en a marre de te faire des compliments. Pique-nous une de tes colères, noie une stagiaire, dévore tous les pans-bagnats…fais quelque chose qui nous rappelle quel infâme subordonneur tu
fus.
Non, décidemment, tu as trop changé, tu es même devenu fréquentable et les jeunes filles qui débarquent en stage à l’Evènementiel, repartent toutes avec ton numéro de téléphone sans même
que tu aies tenté de les violenter : c’est pas juste, d’abord !
N’empêche que tu as 51 ans passés, que l’an prochain tu en auras 52 et qu’avec ce que nous prépare Sarko 1er, au train où vont les choses, tu seras obligé de te faire aimer
encore au moins 15 ans dans cette direction avant de prendre une retraite bien mérité ! Na !
Et puis, même si tu n’es pas content, je sais que tu vas partir d’un grand éclat de rire et que tout cela finira dans la joie. Les années forgent l’amitié… nous sommes tous de grands
forgerons et ce ne sont pas les filles de la direction qui m’ont poussé à écrire cette hommage qui te diront le contraire.
Jean-Marc… 10 juin ou pas 10 juin, 2007 ou 2015, c’est tout le temps ton anniversaire ! Surtout, continue comme cela, les minettes de l’Evénementiel t’aiment trop pour que tu
changes.
Bon anniversaire toute l’année !
Et puis il reste mon frère, le petit dernier, 50 ans avec toutes ses dents. Il fallait marquer le coup, ne serait-ce que pour rentabiliser notre voyage au find fond de l'Aveyron. 60 personnes
pour une vraie fête pleine d'émotions et de tendresse. Il en restera ce texte, lu devant une foule d'amis qui lisaient bien malgré eux entre les lignes ! A vous de pratiquer cet exercice
maintenant !
50 ans et après…
Si l’on devait définir, ta naissance, loin d’être le produit mythique d’un gros bourdon qui vient titiller un choux-fleur, on parlerait plutôt, d’une erreur de calcul. Ogino Ergo Sum,
était la devise de nombre pères de famille nombreuse de ce baby-boom. En effet, en cette époque bénie des natalistes, il n’y avait que deux méthodes pour échapper aux lois procréatrices de Dame
Nature :
1) sauter du train en marche… mais cela, tout être normalement constitué ayant testé cette variante sait
que l’opération est complexe, comme c’est difficile et combien la chute peut être plus dure…
2) rationaliser et à l’aide d’un diagramme savant définir à quel moment le spermatozoïde vibrionnant se
trouvait démuni quand la bise est venue, échouant devant les portes closes d’un ovule épuisé… mais là, il faut savoir calculer et nos parents, manifestement, n’avaient que le certificat
d’études et se trouvaient loin du compte devant la méthode du docteur Ogino qui sema tant de tempêtes sur son passage.
Première erreur donc, entraînant l’arrivée intempestive d’un têtard de plus dans le marigot d’une tribu oheixienne où régnait déjà l’anarchie.
Les trois mousquetaires ne souhaitaient point, pour être honnête, se retrouver quatre et le chérubin à tête d’angelot qui débarquait en gazouillant des areuh, avait quelque peu tendance
à perturber nos jeux virils et la recherche de nos premiers émois et conquêtes de territoires féminins.
Nous te le fîmes payer lourdement, t’affublant d’un surnom qui t’allait comme un gant : tu fus irrémédiablement BéBé jusqu’à ce que notre père intervienne pour nous demander de
cesser de t’avilir avec ce surnom, Jean-Marc seyant plus (encore que !) à l’affirmation de ta toute nouvelle personnalité.
Nous savons tous que tu fus le préféré, le petit dernier, le chouchouté, le cafteur, celui qui passait derrière les voies tracées à coups de taloches par tes grands frères.
Il y a une morale à tout cela : nous partîmes pour des courses lointaines, par des nuits sans fond, dans une mer sans lune et tu ratas manifestement un 68 glorieux qui fut notre
bâton de maréchal. Tu restas sagement auprès de tes parents pendant que nous courions la prétentaine en nous dévirginisant… et pas seulement en politique !
S’ensuivit une période où tu payas rubis sur l’ongle ce privilège d’être le petit dernier. Les dieux dans leur sagesse t’enlevèrent la protection de tes grands frères et tu dus enfin,
affronter les parents. Souvenons-nous, le jour où tu débarquas en solex à Nice, quémandant un asile familial à ton frère (en l’occurrence, Bernard !). La terreur qui s’empara de moi à
l’idée de supporter ce mioche mal grandi, au regard torve, le nez encore plein de morve, moi qui jouissait d’une liberté estudiantine chèrement gagnée. In petto, j’ai chargé ton solex dans ma
2CV, j’ai quand même fait l’entremetteur auprès des parents désarmés et t’ai abandonné à ton triste sort… à chacun son poids de douleurs, il faut parfois savoir souffrir plus... pour se guérir
mieux !
Là tu montras ta petitesse. Tu te dévoilas aux yeux de tous comme un jouet aux mains crochues du destin. Une amourette anglaise dont tu ne cicatrisas pas vraiment, une belle bouchère au
nom d’étoile avenante et te voilà marié, petit gratte-papier faisant mine de tenir une comptabilité, toi qui jamais ne compris les chiffres, conduisant une R12 Gordini avec des bandes jaunes
latérales et une queue de castor accrochée au rétroviseur… Oui, mesdames et messieurs, ce personnage a roulé dans une Gordini en faisant vrombir son moteur pour attirer les regards. Tu étais
perdu avant même de commencer à vivre !
L’étoile de ta vie pâlissait pourtant. Jeune couple déjà vieux, tu frémissais sous les tortures de ces mondes inconnus que tu n’avais fait qu’entrevoir. Le théâtre comme thérapie, le
théâtre comme un moyen de toucher les filles (vous faisiez beaucoup d’exercices corporels à cette époque !), la voix se plaçait enfin, juste au mitan de tes désirs. C’est là que la chance
de ta vie intervint avec violence. Une femme enfin, une vraie, avec des seins partout et un corps voluptueux, une de celles qui avaient de l’expérience et trouverait les moyens de t’enchaîner
en te laissant libre. Entre deux platines volantes, un Corse irascible et quelques femelles pas encore grandies, tu allais trouver UNE place. Chantal, car il s’agit bien d’elle, t’offrit ses
bras, un appui et une décisive épaule compatissante, non pas que tu redevins le bébé de notre enfance, cela c’était une histoire terminée, non, tu allais crever les planches de ton talent,
éclabousser les peuples assoiffés de culture, vivre l’authentique vie du saltimbanque et nous lâcher la grappe enfin ! C’était ton aventure même si tu égaras rapidement ta gondole, même si
un flou dégénérant introduisit un facteur aléatoire dans une carrière brisée dans l’œuf par une gorgone jalouse de ton talent, cette Christine de Toth mystérieuse qui en voulait certainement
plus à ton corps d’éphèbe qu’à l’art de ton théâtre.
Il te manquait la rage de vaincre. Pour devenir un acteur, il faut acter, tu te contentas d’être brillant, tu décidas de suivre un penchant naturel pour l’art de vivre et l’art du
théâtre perdit une de ses valeurs montantes.
Qu’à cela ne tienne, tu avais une formation en comptabilité, un physique de beau gosse et une femme de pouvoir : tu te carras dans son sillage et vint l’époque des jeunes cadres,
des voyages à Bali, des Opels métallisées, d’une consommation à tout crin : c’était sans doute le prix à payer pour oublier ta carrière avortée, dont il faut le dire, il te reste encore de
quoi animer les fins de soirées arrosées !
Mais voilà. Au lieu de résister jusqu’à la retraite qui se profilait (plus que 25 ans à tenir !), les démons du bouddhisme et l’appel du grand air, une vie saine dans un corps
sain, vous poussent à émigrer dans un exil intérieur. La découverte d’un paysage bucolique, les indigènes accueillants, la rudesse du climat vous amènent à rompre de nouveau avec le monde
civilisé. Fermier, puis bistroquet, on pouvait penser la boucle bouclée et le nirvana atteint dans les délices des petits blancs servis à l’aube à des clients accrochés au comptoir de cette
verte région de la Diège… Que nenni !
L’air du pays vous manquait sans doute. La mer, les femmes nues, le soleil mais aussi le rapprochement vers les enfants, petits-enfants et parents. Tu vins soulager tout ce monde
en démontrant au passage tout l’art de la finance qui caractérise votre couple. Perte des indemnités de Chantal, aventure exotique dans le textile, vente de vos actifs…tout cela pour l’horizon
glorieux d’une épicerie où les sandwiches et les bonbons coulaient à flots. Vous survécûtes à raison de semaines chargées, 70 heures en moyenne pour un smic douloureux…station debout, même pas
le temps d’exploiter cet authentique talent pour les cartes qui te mena vers les championnats de France de tarots.
La mer toujours recommencée, le bruit et la fureur, et tous ces amis abandonnés sur ces plateaux vous rongeaient le cœur. Une nouvelle fois vous décidez de prendre tout le monde à
contre-pieds et de remonter dans l’Aveyron pour bâtir enfin les fondations de votre sérénité.
Le dernier achat d’un castel à retaper, un emploi dans une usine d’haltérophilie où tu retrouvas ta ligne en perdant les kilos inutiles, travailler moins et gagner moins, voilà votre
horizon, voilà le funeste sort qui t’attend, voilà le piège dans lequel tu t’es enfermé, voilà comment tu devras décompter le temps qui désormais s’inverse pour courir vers une fin
annoncée.
Même si le soleil n’a pas toujours brillé pour toi, cher frère, tes 50 ans tu les as mérités. Ils t’ont permis de grandir, de t’épanouir, de vivre au grand jour en bâtissant un empire
intérieur. Ceux qui te connaissent savent combien tu es courageux, altruiste, combien tu as toujours voté à gauche, secouru les petites vieilles, distribué ton sourire et ta bonne humeur à la
volée, permis aux autres de donner le meilleur d’eux-mêmes.... Flambeur, flagorneur, menteur…c’est vrai, tu l’es un peu quand même… mais point trop n’en faut ! Juste une once, une petite
dose qui t’autorise à ne point être dans un moule préfabriqué, une perfection utopique, une vue de l’esprit. Non, tu es de chair et de sang, tu es bien le dernier des Oheix de cette génération
bénie des Dieux qui enchanta la France de l’après guerre !!!
Unique, merveilleux, bon… etc … mais je vais en rester là, car tu vas te mettre à croire aux sornettes que je raconte et du coup, devenir insupportable pour les 50 années à
venir !
Bon anniversaire, frangin !