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Hommage à Cannes

Publié le par Bernard Oheix

Cannes est ma ville, j'ai grandi entre ses murs, je suis allé au collège puis au lycée Carnot, j'ai fréquenté les adolescentes de Capron, j'ai plongé du haut des rochers rouges de La Bocca, j'y ai embrassé ma première fiancée, pris ma première cuite et suis devenu un garde rouge pendant le mois de mai 68 !
En hommage à ma ville, même si je suis né à Nice et reste un inconditionnel de OGCN, voici ces quelques lignes comme un reflet dans un oeil sombre, quand les années de jeunesse semblent si loin. 
En cette période d'élection, juste une image sépia de cette ville incomparable !


 La Ville de Cannes est si belle d'hiver comme d'été. Je longeais le quai de la Pantiéro qui donne sur le vieux port et ses pêcheurs en train de ravauder leurs filets avec un gros couteau à maillage. En levant la tête, on distingue la silhouette des Monts de l'Esterel, avec leurs calanques rouges qui plongent dans la mer turquoise. Au large, les îles de Lérins ceinturent l'horizon, l'île Sainte-Marguerite, avec son fort et sa prison au masque de fer et plus loin encore, Saint-Honorat, avec son monastère cistercien qui se dresse en sentinelle d'une civilisation évanouie, où ses moines cultivent le raisin et produisent la Lérina, un petit vin chargé des saveurs d'une terre gorgée de soleil et de sel marin. Plus loin le Cap d'Antibes dont le phare veille sur les embarcations qui sillonnent la Baie des Anges vers les pointes rocheuses qui enferment la Principauté de Monaco. Surplombant les Allées de la Liberté, la colline du Suquet et son église Notre-Dame de l'Espérance avec son clocher qui donne l'heure aux habitants et la tour carrée du Musée de la Castre où flotte, dans le vent, l'écusson bleu et blanc de la Ville de Cannes. Il y a un air de fête permanente dans cette petite cité les pieds dans l'eau, la couronne de palaces en arc de cercle le long de la Croisette, le Palais des Festivals comme un navire tourné vers le large et qui éperonne l'horizon du gris de son béton et des coursives qui courent le long des pans de murs vers le bleu de la mer avec son pendant du Palm Beach qui s'arc-boute sur la langue de terre qui pénètre dans la baie de Cannes. Plus haut encore, les Préalpes avec le plateau de Caussols qui ceint Grasse d'une couronne blanche et le Baou de Saint-Jeannet qui se dresse orgueilleux et fier dans la perspective des montagnes du Mercantour dont les sommets sont enneigés jusqu'au mois de Mai.
C'est un vrai paradis que des couchers de soleil somptueux embrasent à la tombée du jour, où une brise marine légère adoucit les chaleurs de l'été, où les fleurs poussent même pendant l'hiver parant les collines du jaune des mimosas, où chaque saison invente une symphonie de couleurs et des palettes de senteurs comme pour une invitation à la quiétude et à l'art de vie de tous ceux qui ont peuplé ses rivages et y ont construit leur abri.
Je suis né et j'ai grandi dans cette ville. Il m'a fallu quelques années d'absence de cette région pour comprendre la mer si calme au matin le long du boulevard du Midi que j'emprunte pour rejoindre mon bureau à moto, la ligne d'horizon si bleue avec son odeur salée, et le bruissement des vagues qui meurent sur les plages de sable fin.

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C'est mon anniversaire !

Publié le par Bernard Oheix

Si vous entrez dans cette zone de lecture, sachez que le 26 décembre est le jour anniversaire de ma naissance. J'ai actuellement 4h 37 et un certain nombre d'années... même si d'aucuns disent perfidement que j'ai un nombre d'années certain ! C'est vrai, mais le coeur bat encore contre la misère, l'humiliation, le désespoir et toutes formes d'oppression. La tête refuse encore de se laisser berner par les apparats du pouvoir, les ors d'une frénésie sans frontières ! Derrière tous les beaux discours lénifiants, la réalité ne peut s'enfermer dans une boîte à rêves qu'un prestidigitateur ferait disparaître comme par enchantement. il y aura aussi des lendemains éprouvants pour ceux qui marchent debout et refusent de fermer les yeux !
J'ai (bip) ans et je rêve encore et toujours d'un monde meilleur !
Bon, il va falloir me faire un cadeau : un petit mot, un encouragement, une phrase gentille... soit en commentaire de ce papier, soit sur mon adresse personnelle  :
bernardoheix@hotmail.com
Si vous me connaissez, cela vous sera facile, si vous ne me connaissez pas et que seul le hasard vous a guidé vers mon blog, alors, improvisez, faites pour le mieux mais je veux, toute cette semaine, une trace de ceux qui émergent dans cet océan de signes que je dessine afin de vous toucher et de m'émouvoir !
A vous d'écrire, c'est mon anniversaire !

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Comment gérer l'impossible ?

Publié le par Bernard Oheix

 Le contexte. Une fête d'équipe pour célébrer un certain nombre d'évènements. La Pasta, restaurant à La Bocca, 30 personnes, la direction au complet, des conjoints et des enfants. Repas de sucres lents, de bonnes pâtes qui soutiennent après le festival de la Danse. Une façon de terminer l'année et surtout, d'honorer le départ de Séverine G, après 8 années passées au sein de notre équipe.
Je me devais de faire un discours. j'ai eu, comme disait Andy Warhol, mon quart d'heure de gloire ! Même si le contexte est un petit peu particulier, il est suffisamment provocant pour que je vous le livre en pâture. 
Bonne lecture et sachez lire entre les lignes....

Vous êtes tranquillement assis à votre bureau et Marie vous pourchasse, traque vos gestes, vous met la pression avec cette antienne… Bernard, les textes, Bernard, écris donc, il est temps de t’y mettre, de passer aux actes…Il faut pondre et produire comme si j’étais une tireuse électrique au pis d’une imagination féconde. Non ! Mais ! La création, ne se commande point quand même ! Ce n’est pas une mécanique sans à-coups, un simple robinet que l’on ouvre et qui voit s’écouler une crème fouettée. J’entends encore la litanie de Marie à mes oreilles sifflantes… Tu comprends Bernard, il y a les 50 ans de Nadine, il y a les 30 ans d’Eurielle, il y a le départ de Romain… Et puis il faut que tu penses à Nitya, à l’arrivée d’Aurélie, et puis il faut aussi…la nouvelle année, indispensable de la caser, et nos excellents résultats, tu avais dit que tu en parlerais…Et puis qui déjà ? Ah ! Oui ! Fais un beau discours pour Séverine, surtout ne l’oublie pas, elle !
Mais bien sûr que je veux tout oublier ! Et puis quoi encore ! Elle se casse, elle m’abandonne et je vais pleurer sur son sort… Et les deux autres qui vieillissent, vous pensez que c’est agréable à regarder les rides, les pattes-d’oie et peut-être même les seins qui tombent…Et la nouvelle année qui me rapproche de la tombe cela vous donne envie de rire de voir que je suis obligé de consommer du viagra pour ne pas m’endormir pendant les spectacles de danse ? Les bons résultats de nos spectacles, parlons-en ! 204 billets pour Rachid Taha… c’est parce que c’est un Arabe, sans doute ! 788 spectateurs payants pour un Suisse de merde qui avait soi-disant toutes les nanas de l’Evènementiel dans sa poche (dixit la directrice-adjointe) et Axelle Red à 400, cela vous chante aux oreilles… c’est à se demander qui s’occupe des relais et de la commercialisation…
Alors où en est-on ? De qui dois-je parler ?
Romain un jeune voyou qui a sans doute couché pour avoir sa mention presque très bien. Il nous nargue avec sa jeunesse, son sourire enjôleur et ses ronds de jambe à faire glousser les minettes de la direction. Il n’est jamais fatigué, se balade entre Barcelone et Cannes et à tous les coups va se trouver un job où il gagnera plein de tunes pour faire la movida !
Parlons d’Aurélie qui babille tellement qu’on ne s’aperçoit qu’en fin de journée qu’elle est là depuis l’aube à bosser sur les jeux et que la cinquantenaire exploite comme une esclave moderne. Elle courbe son joli cou devant l’écran de son ordi. Aurélie est certaine que nous sommes des intellectuels, mais c’est juste parce qu’elle vient d’arriver et qu’elle ne comprend pas grand-chose. Le temps se chargera de la décevoir.  
Nitya, l’ex-stagiaire persuadée qu’elle a tiré le gros lot en venant travailler dans ce Palais des misères et qui imagine que sa vie est devenue un gigantesque Festival de Danse. Fais le grand écart ma chérie et effectue quelques jetées, cela te permettra de retomber sur terre, l’attraction y est plus forte que tes désirs. Tu verras quand tu devras assumer la Belle de Cadix ! Tu en as pris pour 40 ans de galères dans ce bateau ivre.
Nadine, la cinquantenaire flamboyante, l’impératrice des jeux ! Dans vingt ans, elle comptera encore les stands à 92€ de jeunes créateurs aux âges canoniques et à la barbe blanche dont tout le monde se fout complètement et qui présentent des jeux stupides n’ayant strictement aucune chance de percer au vu du désert de leur intelligence. Pour se consoler, elle mangera des chocolats russes périmés en roulant les « r » comme Tatiana.
C’est pas grave, avec ses 20 printemps de moins, y a Eurielle la douce trentenaire qui est en train de galoper sur ses petites jambes dans les immenses couloirs du Palais à la recherche des résultats du scrabble perdu. Elle expliquera encore, quand les neiges auront fondu dans les glaciers des Alpes, à des musiciens anglo-saxons sélectionnés pour la Pantiero que le E204 n’est pas une drogue pour forniquer mais un formulaire de la sécurité sociale pour jouer sur une scène française. Elle entendra peut-être la douce musique de ses rêves lui murmurer qu’elle s’est plantée de chaîne et qu’elle aurait du zapper !
Vous trouvez que je force le trait, vous pensez que je regarde à travers le mauvais bout de la lorgnette. OK, si vous le dites. Mais regardez ce que vous allez devenir… Sophie qui entre en religion SEMEC en décidant de confier son destin à un olibrius… Résultat, après 19 années de douleurs, elle n’ose plus embrasser Stéphan Eicher après son show tellement elle est brisée par la fréquentation des directeurs artistiques. Pourtant, elle y croit dur comme fer à sa place de directrice-adjointe occupée à refaire des affichettes de couleuret des sempiternelles pubs qui n’ont jamais fait vendre la moindre place !
 Florence, ex-tuquette, condamnée à faire un enfant pour fuir son travail et qui attrape des boutons dès qu’elle lit une fiche de catering ou qu’on lui parle d’horaires de trains.
Marie qui se met à faire des fautes tellement elle corrige celles des autres et dont les 15 ans de boîte se résument à ce qu’elle soit devenue une experte en débourrage de photocopieur.
Jean-Marc, c’était un sportif, un footballeur, maintenant, devant sa télévision ce sont des ballons de pinard qu’il ingurgite pour oublier ses misères. Il se complet dans le noir et l’on voit sa tête émerger derrière son écran pour annoncer des catastrophes et déclamer des coûts exorbitants pour une technique qui ne fonctionnera jamais.
Hervé, il avait déjà le képi, désormais, il régente le vide des stands en moulinant des bras dans un Festival des jeux où la populace foule ses belles moquettes multicolores. Et quand il prend l’air, c’est les chiottes du Suquet qui se bouchent et empuantissent l’atmosphère.
Cynthia la stagiaire permanente, celle-là, on ne se rappelle plus quand elle est arrivée et on ne saura jamais quand elle doit partir. Une belle affaire, elle ne peut pas faire un pas dans le Palais sans recevoir des déclarations d’amour enflammées et se retrouver chez les keufs qui en repassent une couche !
Daniel, n’en parlons pas, c’est l’homme qui a tellement pris de pétards dans la gueule que quand il débarque à Montréal, on l’envoie directement à l’hosto pour se soigner et éviter la contagion ! Cela a du lui dérégler quelques neurones !
Et les filles de la presse, parlons-en ! Toujours à l’heure, ponctuelles et précises, investies de la grande mission de faire parler du programme de l’Evènementiel. Bernard, il nous faut une vedette pour faire une photo avec Nice-Matin, pour la conférence de presse avec nos 4 journalistes locaux et ces 8 radios que personne n’écoute. Comment tu n’as pas John Lennon, ou Alain Delon, c’est bizarre, pourquoi ?  Est quand donc programmes-tu un vrai artiste, par exemple, Sting ou à la rigueur Johnny Hallyday !
Marie-Ange, avec son nom de demi-ange, c’est la seule qui entrevoit son paradis. Elle nous quittera bientôt, elle l’a mérité sa rosette en chocolat à force de susurrer des conneries et de mentir effrontément au téléphone pour vendre des spectacles débiles comme si c’était des œuvres d’art, des huîtres perlières, des hommages à l’illustre Jean Sablon que tout le monde a oublié et dont tout le monde se contrefiche !
Bon, rassurez-vous, il reste encore quelqu’un qui doit en prendre plein la gueule… le Directeur ! Alors lui, c’est le pompon ! Il nous fait le coup du jeune qui s’y connaît et parle d’électro, de branché et d’ « in » comme s’il ne pouvait sentir son haleine fétide de vieux corrupteur, de pantin de la culture, de clown ridicule sans recul. Ah ! La noblesse du monde des idées, il nous en a parlé, et seriné, et même qu’à un moment j’ai failli le croire. Les utopies, le rôle indispensable de la Culture… avec un grand C… comme connerie plutôt !
Car maintenant, il faut que je vous le dise, moi qui ai passé 8 ans à vous supporter. Je me casse ! Je me tire ailleurs ! Je voulais être danseuse ! Travailler dans l’harmonie, sentir les bonnes vibrations. C’est ce qu’il m’avait promis le bougre quand il est venu me chercher à la FAC, ce subordonneur, qu’il m’a attirée dans ses rets. J’étais si jeune, pleine d’espoir. Je ne dis pas qu’au début je n’ai pas été sensible à son verbiage… comme à son ramage. Il savait y faire pour confier le boulot aux autres et nous donner l’impression que nous comptions, que nous avions une place privilégiée et que notre mission était capitale ! Alors vas-y ma petite Sève avec ton petit programme pour faire mumuse dans les écoles de petits pendant que je me prélasse dans des palaces en Chine, que je fais le cake dans des lacs gelés en Russie, que je danse des sévillanes en bouffant des paellas… le petit personnel bosse, trime, s’use à parcourir des kilomètres pour convaincre des ignares de prendre des billets pour des pièces de théâtre usées, de la danse vétuste… même pas programmer Françoise Murcia, il a voulu !
Et si encore j’avais pu le haïr !
Mais je vous le déclare, j’ai presque de la peine de vous quitter. Partir, c’est mourir un peu, non… beaucoup dans mon cas.
Je peux tout vous confier désormais. Malgré tout, j’ai aimé ce poste, j’ai aimé travailler avec vous, j’ai aimé apporter ma petite pierre à ce bel édifice, et si j’ai pu quelquefois, avoir, ne serait-ce qu’une légère influence pour que l’on n’oublie pas que la culture ce n’est pas seulement les grosses armadas, les machines sirupeuses, si j’ai pu attirer quelques mômes aux spectacles, et si j’ai pu vendre quelques places et faire rêver… alors je ne serai pas restée pour rien avec vous ! Et ma peine de me séparer de cette équipe en est quelque peu allégée.
Alors voilà, c’est l’heure de tirer le rideau. Pour moi, de m’engager dans un vrai pari, de casser mon confort et d’oser me retrouver avec un challenge sur les bras qui n’est pas piqué des vers. Pour vous de continuer, d’aller de l’avant et de maintenir, tant que vous le pourrez, une lucarne de culture au sein de ce beau palace clinquant qui résonne de toutes les convoitises.
Je vous laisse Nitya en cadeau d’adieu, je sais qu’elle saura se donner avec la même générosité que moi, je sais que le temps va passer mais j’aurai une vraie tendresse pour ces années passées à vos côtés. J’ai fait ce que j’ai pu, ce que j’ai pensé juste et si je m’envole vers d’autres cieux, c’est avec la certitude que vous êtes ma vraie famille !
Alors certainement pas un adieu… mais un au revoir et à toujours !
2007 va mourir, que vive 2008 !

Fin du discours. Au début les rires cascadaient. A la fin, le silence régnait et chacun avait l'émotion au coeur. 3 des filles pleuraient (je ne donnerai pas les noms !) et il faut reconnaître que c'est un de mes meilleurs scores. 

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Du déplacement outre-Atlantique.

Publié le par Bernard Oheix

Il fallait bien que je vous narre mes aventures en pays de caribous, la gentillesse des Québécois, le monde étrange des artificiers et les longues soirées arrosées de bières. Il n'est pas toujours facile de représenter la France ! Alors bonne lecture.

Québec my love : du 15 au 21 octobre 2007
 
Comment ne pas détester ce système à l’américaine qui fait que le prix affiché n’est jamais celui que vous payez ! Dans un restaurant, sur un plat annoncé à 20$, on applique une 1ère taxe nationale, puis une 2ème régionale et pour finir, il faut rajouter l’équivalent en pourboire « obligatoire »…soit en gros 27$. Que les patrons s’exonèrent du salaire de leurs serveurs en escomptant leurs clients obligés de régler « volontairement » ces 10%, le rapport insupportable que cela induit entre l’acheteur et le serveur, cette forme d’esclavage capitaliste moderne, tout cela m’insupporte…mais bon, je ne vais pas faire la fine bouche, je suis ici pour un congrès de la pyrotechnie, je viens retrouver des amis et accessoirement jouer à la baby-sitter au pays des caribous et de la poutine !
En effet, ce voyage s’est déclenché à l’impromptu, le chargé des feux d’artifice de l’évènementiel affichant une forme peu reluisante, j’ai du me décider à l’accompagner afin de veiller au grain... et bien m’en a pris !
Départ de Nice le lundi 15 octobre à 9h30, transit à Paris pour 7 heures d’avion, un bon film (Dialogues avec mon jardinier), deux autres moyens (Pur week-end et Waitress), un soduku du monde (expert !), deux mots croisés (Libé et le Monde) et je débarque à Montréal Dorval, début d’après-midi, beau temps, la tête dans le sac. Pour moi, biologiquement, il est déjà l’heure d’aller se coucher. Je passe au congrès au Queen Elizabeth, rencontre Martine G, mon amie organisatrice du festival de Montréal des feux d’artifice (le plus grand du monde avant Cannes !) et Maria-Grazia G, mon ange gardien, la responsable de Panzera, une des firmes les plus importantes de la planète artifice, fabricant et concepteur de feux de Turin, père spirituel du festival de Cannes. On s’embrasse et je demande des nouvelles de Daniel D, mon collaborateur arrivé depuis deux jours. Inquiètes, elles m’annoncent qu’il a disparu depuis la veille et que sa chambre ne répond pas.
Je constate qu’aucun de mes deux téléphones ne fonctionne, une histoire de bandes (3 au lieu de 2 !) et découvre le cauchemar de se retrouver isolé, sans cet appareil greffé directement à l’oreille, sans la possibilité de joindre immédiatement quiconque se trouve sur cette planète et à besoin d’entendre ma voix. Et dire qu’il y a seulement une décennie que cet appareil a envahi le monde ! Je décide d’aller m’installer à mon hôtel et nous nous donnons rendez-vous pour 20 heures au restaurant panoramique du Delta Centre-ville.
Après avoir défait ma valise, pris une douche, je décide de m’allonger quelques minutes afin de récupérer. Par précaution, je règle le réveil sur 19h30 et glisse imperceptiblement vers un sommeil léger… Sonneries stridentes. Je me précipite sur ce « putain » de radio-réveil et tente de l’arrêter… avant de m’apercevoir qu’il s’agit du téléphone de la chambre. Je cours vers lui trébuche dans le noir sur un tabouret et décroche pour entendre le silence obsédant qui grésille dans l’écouteur. Trop tard ! Horreur, il est 22 h ! Je bondis vers la sortie, en m’habillant, attrape un taxi au vol pour le Delta. Il me dépose, je cours vers l’accueil en demandant le restaurant panoramique. Sourire de la sémillante employée. Je me suis trompé de Delta. Je fonce de nouveau dans la nuit, guette un taxi, et me fait déposer au pied du bon Delta. 24 étages plus haut, aucune tablée franco-italo-québécoise pour me rassurer dans cette salle qui domine le Saint-Laurent majestueux et nous fait découvrir les lumières de la ville. Désespéré, sans téléphone, incapable de joindre quiconque, perdu et abandonné avec des écharpes de brume dans le cerveau, je me rends au bar de l’hôtel du rez-de-chaussée afin de me réconforter avec une bière et tombe par hasard sur toute l’équipe…moins Martine G. Elle est à l’hôpital, aux urgences pour accompagner mon collaborateur trouvé à moitié inconscient dans sa chambre !
Cela plombe quelque peu l’ambiance de nos retrouvailles ! But the show must be gone, comme l’on dit, et je termine le plateau-repas de Martine G en compagnie de Mélanie, la fille du concepteur de Féérie qui gagna la Vestale d’Or en 2006 à Cannes, de Paul, le régisseur de Montréal et de Maria-Grazia stoïque et mystérieuse comme à l’habitude. 

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La Slovène et la Québécoise, un duo de charme pour les longues nuits de l'hiver polaire !




Après une telle entame, que vous dire du séjour ? Que les artificiers sont des êtres étonnants ! Il y avait réuni la crème des Japonais et des Américains, qu’un repas avec une légende comme Eric Tucker est une aventure en un pays ésotérique qui s’illumine de traits de feux, que Alberto Navarro qui vit dans les montagnes du côté de Seattle en concevant ses feux en trois dimensions avec l’ordinateur est un monstre d’intelligence et un personnage de roman, que le représentant de Marutamaya, la légende nippone est un jeune qui semble tout droit sortir d’un film de Kitano et que son sourire chaleureux ouvre les portes d’une Asie insondable, que Khan le Russe Mongol de Kaléningrad va enfin tirer à Cannes et que j’en tremble déjà même s’il a une fille adorable aux yeux en amande… Tant d’images, tant de repas et de discussions s’achevant vers 3 heures du matin, dans des bouis-bouis de la rue Sainte-Catherine animés comme les nuits d’un été indien, buvant (trop) de gin tonic en refaisant le monde d’une internationale de bombes pacifiques. 

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Eric Charbonier, le Canada dans toute sa simplicité et sa chaleur

Il y a le sourire désarmant d’Eric Charbonier, un Québécois adorable pétri de sensibilité même s’il s’est « planté » en beauté sur Cannes cet été (feu du 14 juillet), Mélanie Cagnon, une Canadienne au sourire enjôleur, vivant au Portugal et travaillant chez Luso (un des plus beaux spectacles jamais tiré à Cannes !), mélangeant les cultures et brassant les océans, une colonie de belles Slovènes postulant à la reconnaissance de l’Europe des feux, des Anglais, Espagnols, Italiens… tous ont tiré à Cannes ou rêvent de le faire, tous rient de la vie dans ce moment unique où rien ne vient ternir le plaisir de débrider son imagination.
Je m’attire une certaine réputation au cours d’un repas en demandant à Georges A. quelle firme il représente…Sa réponse est légèrement sarcastique :-celle qui a gagné chez vous, à Cannes, cet été, Wéco de l’Allemagne ! Ma répartie fuse…-Cela tombe bien, j’ai beaucoup aimé votre spectacle ! 

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Mon copain Allemand Georges A. de Wéco, celui qui a gagné cette année à Cannes  ne m'en veut pas, faut dire que j'ai du me faire pardonner avec quelques bières !
Le lendemain, je demande à Footie l’Australien s’il veut venir tirer à Cannes et il me répond qu’il l’a fait il y a deux ans ! Tête de Jean-Eric Ougier, le responsable des Nuits de feux de Chantilly, un ami persuadé que je suis quelqu’un de bien, il y en a encore ! Cela me coûte une bouteille de vin pour éteindre les rires !
Le vendredi 19 octobre, soirée de gala au homard bouilli et au vin aigrelet dans l’arène majestueuse de la Ronde, dans la tourmente d’une pluie diluvienne, 4 concurrents offrent des feux gigantesques pour 50 minutes de rêve, démonstration de force, exposition de produits originaux, savoir-faire dans le cadre enchanteur d’une île du Saint-Laurent où se situe le parc d’attraction de la Ronde. Vers 2 heures du matin, dans une rue adjacente de Sainte-Catherine, nous nous finirons à la bière en parlant projets, symposium des feux à Cannes en 2010, (c’est en bonne voie !), et dans les rires d’une bande d’artificiers à la bonne humeur contagieuse, nous nous souhaiterons un au revoir et prendrons congé en attendant 2009 et le Mexique où se déroulera la prochaine édition de ce rassemblement d’extraterrestres.

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Tucker l'Américain et Navarro l'apatride...deux pages de l'histoire des feux !

Et pendant ce temps, Daniel D gît sur un lit d’hôpital, dans une salle d’urgence tirée directement d’un feuilleton américain, entouré de malades, des tubes souples enfoncés dans le bras, l’oxygène dans le nez, relié à un lit de douleurs pour la modique somme de 3650$ par jour que les assurances et mutuelles vont régler en se battant à coups de téléphone entre le Palais des Festivals et l’hôpital Saint-Luc. Le samedi, son avion partira sans lui et je réussirai à le faire sortir le lundi pour embarquer en ma compagnie, assumant mon rôle de baby-sitter jusqu’au bout !
Pour la petite histoire, une assistance médicale le prendra en charge à Paris pour son transfert dans l’avion de Nice qu’il ratera à cause d’une alerte à la bombe ! Désolé Daniel D, ce n’était pas ta semaine !

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Florence au fil des années !

Publié le par Bernard Oheix

Dans la série des discours imposés mais écrits avec bonheur, celui-ci me tient particulièrement chaud au coeur. Imaginez, Florence J..., 40 ans, dont 19 à (quasi) vivre avec moi ! 19 années à se chercher,, se cerner et se supporter dans des bureaux ouverts ! Je l'ai vu, à 20 ans s'égarer, à 30 ans se trouver et elle est présente dans toute ma vie professionnelle depuis deux décénies. C'est Florence, une collaboratrice qui borde mon horizon. J'ai confiance en elle, elle me le rend bien même si la passion du début à laissé la place à la sérénité, l'expérience a pris le dessus sur les élans. Les vieux couples c'est cela !
Merci Florence, on a encore quelques années à "survivre" ensemble, je te retrouverai demain, comme chaque jour depuis 19 ans, derrière ton bureau et tu me lanceras un bonjour frais comme la rosée du matin et cela me donnera la certitude que j'existe encore et toujours et que la vie est belle !

Florence au fil des années :
 
la Tuquette en fleur dans un service de falabraques d’un OMACC lézardé où débarquait la silhouette jeune (non, c’est vrai !) d’un nouveau directeur adjoint. Florence l’amoureuse transie des doigts d’or d’un guitariste bigame, celle qui a failli se marier avec un vendeur à la sauvette, et qui, comme dans un film, a renvoyé sa robe chez le couturier au moment de passer la bague au doigt. Flo la motarde au blouson de cuir, resplendissante dans les concentrations Harley, accrochée à la taille de son compagnon de virées, se penchant à plus de 45 à l’heure dans les virages (vous pensez, une Harley !) …Mais aussi, la Jacquot, femme comblée du sémillant Portugais qui sut entrer dans sa vie avec toute l’attention qu’elle méritait, elle qui a tant à donner ! La Florence maman d’un ange blond (enfin !)…la Florence épanouie à l’orée de la quarantaine, sûre de sa place, érigeant les fondations d’une maison harmonieuse.
Et oui, notre Florence, nous savons presque tout de toi. Il n’y a presque plus d’inconnu dans cette longue relation qui nous unit depuis maintenant 19 ans.
Près de 50% de ta vie avec comme horizon la tronche de Bernard en train de sortir ses sempiternelles âneries, à écouter la voix de Sophie en train de tenter de mettre un peu d’ordre dans le désordre, à être assourdie par les rires d’Hervé et de Jean-Marc, à voir passer des stagiaires qui regardent avec leurs grands yeux cet équipage hybride de la culture événementielle dans laquelle tu règnes avec tes clefs d’or. Cela en fait des souvenirs à partager ! Nous connaissons tous ton aptitude rodée par les centaines, les milliers de dossiers que tu as traités, à te débattre dans les affres de chambres d’hôtels introuvables, de restaurants qui veulent fermer avant notre arrivée et de transports (pas aériens du tout !) qui changent leurs heures et déroutent même les meilleures volontés. Combien de caddies d’un « caffouch » encombré as-tu rempli d’orangina et de coca, les trimbalant d’une loge à l’autre, combien de machines à café as-tu allumées pour que le spectacle puisse se dérouler ?
Tu as su trouver ton chemin dans les dédales du Palais, même quand les cerbères d’une star voulaient t’interdire d’œuvrer pour le bien de tous, tu as su rester jusqu’à l’aube pour des concerts d’anthologie dans lesquels tu apportais ta fraicheur et ton appétit de vie, tu as su t’envoler dans les étoiles sur quelques concerts du Festival de Guitares. Tu n’as jamais décroché ton regard de cette ligne d’horizon que tu t’es traçée qui séparait le monde en deux parties : les bons et les méchants. Tu as toujours fait partie du monde des gentils parce que tu n’es pas capable de méchanceté, que tu ne connais pas l’envie et la jalousie, que tu es restée nature, entière, Florentesque !!!
Bien sûr nous avons vu parfois des larmes au coin de tes yeux charmants, bien sûr nous avons eu des fous rires à s’en décrocher la mâchoire, bien naturellement tout n’a pas toujours été rose… mais jamais totalement noir, non plus. Parfois entre deux eaux, nous avons frôlé les écueils des grandes eaux qui s’écoulaient de tes yeux bleus, parfois, la jeune Florence paniquée de vouloir trop bien faire (re)pointe son nez… nous la maîtrisons tellement cette peur désormais, que même toi, tu souffles lentement, tu aspires un peu d’air et que nous te retrouvons identique, précise, sans ces angoisses qui t’ont causé tant de soucis dans ce passé qui nous soude.
Mais oui Florence… si tu es la plus ancienne de mes collaboratrices, ce n’est pas pour rien ! Tu as acquis tes lettres de noblesse. Tu possèdes notre confiance, tu as ta place dans cette famille des événements cannois, tu es Florence, tu resteras notre Florence bien après que le cours du temps m’aura emporté dans sa tourmente. Je ne sais pas où j’errerai dans quelques saisons, mais je sais pertinemment où tu seras, toi ! Tu en as encore pour 20 ans avant de prendre ta retraite. Une petite vingtaine d’années à subir Sophie, à former ces jeunes qui débarquent avec la bouche en cœur et le désir de bien faire, à rire des mêmes bêtises d’une famille (dé)composée.
20 ans à voir grandir une petite Lou au sourire malicieux. Un jour, elle te demandera éblouie, de lui raconter ces belles histoires du show-biz dans lequel tu as vécu, toutes ces vedettes, ces stars que tu as rencontrées, croisées, celles à qui tu as tendu la main et qui t’ont remerciée d’un sourire et d’un clin d’œil complice.
Voilà Florence. Tu fais partie des meubles de l’Evénementiel, ils ont un peu de ta patine. Notre paradis futur, c’est en offrant du rêve que nous le gagnons. Il fait nul doute que tu es en train d’accumuler de nombreux points pour te rendre directement dans l’Eden des artistes. Ils t’accueilleront en organisant une grande fête. Sans toi, ils ne sauraient où manger, comment se déplacer et sous quel toit dormir. Rien que pour cela, ton fauteuil est déjà prêt : il n’attendra que quelques belles dizaines d’années, un demi-siècle et tu pourras enfin écouter le chant des anges avec la sérénité de celle qui a œuvré à embellir le monde avec ses petites mains de femme si ordinaire… qu’elles en deviennent magiques !
Vive tes 40 ans, vive tes prochaines 40 années !

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Ali Papa et les 40 voleurs de la Banque Nationale de Lutèce

Publié le par Bernard Oheix

Ali Papa et les 40 voleurs de la Banque Nationale de Lutèce
 
Imaginez ! Un couple âgé, qui a travaillé toute sa vie dans cette période où l’on savait qu’une vie de labeur déboucherait sur une retraite dorée. Un peu d’argent, un appartement, des enfants et petits-enfants et les années qui s’accumulent, avec cette mémoire qui fout le camp, ces noms que l’on cherche, cette désagréable impression de perdre pied et de ne plus retrouver ses repères. Le moindre des gestes nécessite un effort titanesque, le moindre des souvenirs représente une victoire amère sur ce temps qui ronge un passé en lambeaux !
La peur grandissante… de tout, de rien. On voit ses forces décliner et l’on a encore assez de lucidité pour comprendre que l’on est de plus en plus diminué. On sent l’usure faire craquer les articulations, raidir les muscles, voûter les échines. C’est cela la vieillesse, état inéluctable devant lequel tous les hommes sont égaux, ce qui donne du prix à la vie, ce qui nous guette mais que l’on vit d’abord par procuration avec ses proches !
Imaginez un fils devant la panique de celui qui a représenté l’ordre, la loi, la force et la sécurité : le père tutélaire comme un phare, indiquant les directions d’une vie et qui se retrouve soudain à la remorque de son enfant ! Imaginez son regard apeuré devant le moindre de ces papiers abscons qui nous dévorent, de ces lois et de ces virements qui semblent animés d’une vie propre. Prélèvements, cartes bleues, contrats d’assurance, crédits, remboursements… Tout un quotidien qui se pare, d’un seul coup, d’une aura maléfique, incompréhension doublée d’une technologie qui sous couvert de rapprocher les individus, les isole dans des tours d’ivoire inexpugnables !
 
Imaginez le coup de fil affolé d’une maman inquiète, elle qui s’est toujours appuyée sur les épaules de son mari, le chef de famille incontesté, et qui doit appeler à la rescousse le fils présent.
-Tu sais, papa est affolé, il a reçu un dossier de la banque, il ne comprend rien, c’est un document pour une carte, ça a l’air très important…Est-ce que tu peux passer nous voir ?
Rendez-vous pris, déjeuner. A la fin du repas, dans une colère presque enfantine, le père sort un dossier bien numéroté, avec ses onglets, avec ces traits rouges et bleus qui caractérisent son souci de tout classifier, de mettre de l’ordre dans le désordre. Justement, tout est en ordre, extérieurement… C’est sa capacité d’en saisir le contenu qui est émoussée, qui dérègle cette mécanique si bien ordonnée que des années de classification et de rangement semblaient à jamais préserver. Peut-on l’en blâmer, nous qui archivons nos dossiers sans les lire, qui signons des contrats sans vouloir prendre le temps d’en étudier les codicilles, nous qui nous faisons berner sans arrêt par des requins qui ne pensent qu’à s’engraisser sur notre dos ! Combien avez-vous de cartes de crédit dans votre portefeuille, combien d’agios scandaleux que vous laissez passer par faiblesse ! Combien de réclamations qui finissent à la poubelle ? Combien de bénéfices pour les banques sur le dos d’un client lambda, celui qui refuse de passer sa vie en procédures parce que le soleil brille derrière la porte austère de la banque !
 
J’ouvre le dossier. Un contrat en bonne et due forme, déjà paraphé par la banque avec un mot agrafé : « à signer et à renvoyer-Urgent ».
Le contrat portait sur l’acquisition d’une carte « premier », gold et compagnie, toute belle pour la modique somme de près de 20€ de gestion…mensuelle ! Une carte « premier » pour un couple de retraités dont le dernier voyage remonte à 10 ans…en Vendée dans la famille, qui effectue ses retraits à la banque une fois tous les 15 jours et qui utilise sa carte bleue environ 3 fois par mois !
 
Je file à la banque. Les deux personnes mentionnées sur le contrat opportunément en congés, je demande à voir un des responsables. Après les salutations d’usage, je sort le dossier et l’étale sur le bureau.
-Que pensez-vous d’une carte « premier » pour des vieux qui ne voyagent plus depuis longtemps et n’utilisent jamais leur carte bleue ?
-Heu !
-Est-ce que cela ne s’apparente point à de l’abus, un racket organisé sur des personnes âgées, par exemple ?
-Attendez, montrez-moi… (Sourire crispé et gêné dudit responsable)
-Comment se fait-il qu’on leur facture 18€ de frais de gestion par mois depuis des années ?
-Ha ! Oui, je comprends. Leur carte précédente ne se fait plus, il fallait changer…
-…en leur refilant une Rolls Royce alors qu’ils ne savent pas conduire !
-Oui, c’est sûr… Attendez, on va réparer cela. Je vous assure, ce n’est pas de la malhonnêteté, ils n’ont pas dû se rendre compte !!!!
 
L’air soudain affairé, il plonge dans son ordinateur et me propose une carte simple, un relevé mensuel, l’accès à Internet pour 40€ annuels. Dans un accès de pure générosité (la peur d’une éventuelle action contre leurs méthodes scandaleuses ?), il octroie à mes parents une gratuité pour un an.
Soit, si je calcule bien, depuis plus de 10 ans, mes parents par ignorance, règlent 18€ par mois de frais de gestion soit la modique somme de 18*12 mois*10ans=2160€ (1 million 420 000 francs… pour parler comme eux en ancien franc !), dérobés en toute légalité par une banque qui spolie ses clients âgés sans vergogne en leur proposant des services totalement inadaptés, pire, en leur mentant et en ayant des pratiques à la limite de l’abus de confiance !  Le système allait s’emballer, pourquoi s’en priver, quand soudain, l’accès de panique d’un vieux monsieur désarmé a enrayé la machine et le bon ordonnancement de ce racket organisé. La banque, seigneuriale, se dédouane en faisant l’aumône de 40€ représentant les frais de gestion d’une carte simple amplement suffisante !
 
Voilà donc le produit de cet ultralibéralisme qui a envahi notre société. Avant dans nos campagnes, il y avait le curé, le docteur, l’instit et le banquier pour représenter le succès et l’ordre, attirer l’estime des petites gens. Désormais, le docteur ne veut faire que 35 heures… mais désire rester dans l’aristocratie de la bourgeoisie et des notables en se faisant plein de pognon sur le dos de la sécurité sociale (donc de nos impôts !), le curé ne pense qu’à toucher les petits enfants et refuse le préservatif pour les jeunes, devenant un allié objectif de la diffusion du Sida, l’instit est en grève et n’aime plus les enfants, (il fait ce métier parce qu’il n’a rien trouvé d’autre)… et voilà que même le banquier détrousse les petites vieilles et se fait prendre la main dans le sac !
 
Décidément, tout part en live, en vrac, en sucette ! Reste le sourire de soulagement d’un petit vieux perdu dans la jungle moderne d’un système de plus en plus imperméable à toute humanité. Reste la satisfaction d’une maman devant « l’exploit » de son fils. Reste surtout l’écœurement du fils à la pensée du sommeil heureux de ces employés de banque qui, sans vergogne, manipulent les clients pour atteindre leur « chiffre », avoir la reconnaissance d’un sous-chef et devenir une ligne en bleu dans un listing central où d’autres sous-chefs font des tableaux que plus personne ne comprend ! Ils dorment du sommeil du juste en rêvant de primes conséquentes et prennent des vacances dans des paradis exotiques pendant que leurs victimes âgées s’acharnent à survivre dans un monde dont on a dérobé l’horizon !
 
On comprend mieux les profits colossaux et indécents des banques en France… mais à quoi servent-ils ? Des dividendes versés aux actionnaires (en majorité des fonds de pensions américains… qui gèrent les retraites des vieux aux Etats-Unis !). On comprend enfin les raisons des salaires mirifiques et des parachutes dorés des patrons de la banque ! N’ayez jamais besoin d’un prêt, ils vous appliqueront des taux proches de l’usure, n’ayez jamais besoin de liquidités si vous êtes artisan ou commerçant ! La banque est devenue un frein au développement de l’économie, elle est à l’image d’une société sclérosée, d’un patronat frileux et incapable d’assumer ses missions, parlant de libéralisme mais se réfugiant en permanence sous l’aile de l’Etat, se cooptant pour verrouiller le système, s’achetant mutuellement le droit de ne pas ouvrir les yeux sur la réalité !
Mais bien sûr, personne n’y est pour rien, c’est le système, n’est-ce-pas ! C’est la fatalité ! C’est la faute aux ouvriers qui se mettent en grève ! Ce sont les fonctionnaires ! Les Chinois Les Américains, l’Europe, l’OMC…
 
Alors, vive la Banque Nationale de Lutèce et ses 40 voleurs !
 

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Les larmes de Marie.

Publié le par Bernard Oheix

Ce sont les 5... ans  de Marie-Antoinette P..., ma collaboratrice la plus proche dans mes fonctions de l'événementiel. Elle gère mon planing, mes rendez-vous, filtre les importuns et ment comme un arracheur de dents en lieu et place de son directeur. C'est Marie, plus de 15 années à se cotoyer, à se vivre au quotidien. C'est un texte que j'ai écrit pour elle, pour ce temps de partage et parce que la fuite du temps nous touche tous et que de la jeunesse à la maturité... avancée, il n'y a qu'une maigre frontière que l'on franchit sans même sans rendre compte. Ô Marie, si tu savais...

Ô Marie-Antoinette,
 
 
Que tu vinsses dans cette Direction de l’Evénementiel fut déjà, en soi, une étrange et incroyable histoire d’un monde facétieux.
Que tu t’y plusses encore plus, un pied de nez à la raison de ceux qui considèrent que l’univers possède un centre et continue de croître.
Y aurait-il le moindre sens à tout cela ? C’eût pu être ?
Mais que nenni -comme tu dirais- Que nenni !
Souvenons-nous ! Coincée à ton petit bureau, dans un secrétariat de la direction où régnait une princesse éphémère, tu me fus imposée, sans ménagement, toi la femme de l’autre, celle qui pactisait avec les puissants, les seigneurs de la guerre. A l’époque, je n’aimais rien tant que mon indépendance, tout sauf la contrainte, et vive l’anarchie !
Il a fallu du temps. Tu venais d’un monde de lois et de componction, nous étions jeunes et les crocs encore bien acérés, nous déchirions la vie à belles dents, acharnés à survivre dans une jungle qui ne nous faisait pas de cadeaux !
Quand donc et à quel moment précis tout cela bascula ? Les crises se sont succédées, toujours moins fortes au fur et à mesure que nous nous apprivoisions mutuellement, que ton silence extérieur résonnait de nos cris intérieurs, que la confiance nous autorisait à nous libérer dans cette bulle devenue tienne et que tu ne trahis jamais. C’est sans doute le maillon fort de cette relation atypique. Dans l’amour, on débute par la passion pour finir dans la haine… Avec toi, ce fut le contraire, non qu’il se trouvât de la haine, plutôt de l’indifférence, débouchant sur une vraie tendresse, celle patinée par 15 ans de collaboration, 15 années qui ne laissent plus beaucoup d’ombres dans les liens qui unissent un collectif composé de bric et de broc.
Si je devais définir cette famille de travail, je dirais que c’est la connaissance de l’autre et le respect de tous qui la caractérisent. Tu en fais partie, avec tes différences, ton parler fleurant les lettres de la belle France, ton caractère d’acier bien trempé… pas toujours facile mais toujours compensé par cette chaleur qui te caractérise, ce souci de bien faire, cet engagement au service de tous. Tu es devenue une militante de l’événementiel. Je ne suis pas totalement certain que ce soit toi qui aies vraiment gagné au change. Je suis par contre intimement persuadé que nous avons déniché en ta personne, une de ses âmes sœurs qui font que le monde peut brinquebaler vaille que vaille en avançant vers la lumière.
55 ans de ta vie se sont écoulés. Je n’ose t’en souhaiter autant ! Mais quel que soit ton avenir, les 15 années, 60 trimestres, la dizaine de saisons d’hiver et les milliers de spectacles organisés par l’évènementiel pèseront largement en ta faveur au moment du jugement final. Avec nous, tu auras d’ores et déjà conquis un pan d’éternité, quelques arpents de paradis !
Voilà Marie, surtout, ne change pas, nous avons mis tant de temps à nous comprendre qu’il nous convient parfaitement que tu restes cette Marie-Antoinette avec qui nous partageons tant d’heures !
 
PS : Continue de traquer nos fautes, c’est une entreprise de salubrité publique à laquelle tu te consacres pour le meilleur de nos écrits et le pire de ta patience… Ah ! les accents de Bernard, les doubles consonnes de Sophie, les tirets et les accords avec le COD… Elles te manqueront toujours assez tôt ces preuves de notre affection qui provoquent l’usure de tes yeux !
                                                         Bernard OHEIX et toute l’équipe de l’Evènementiel
                                                         30 mai 2007. 


Un qui a toujours échappé à ma plume, c'est Jean-Marc S... Il se débrouille pour avoir son anniversaire pendant que tout le monde, moi y compris, est en vacances ! C'est ainsi que l'on a raté son cinquantième anniversaire. Bon, un an après, il fallait solder les comptes et régler l'addition. Ce fut fait aux iles, lors d'une sortie avec toute l'équipe de l'événementiel, les pieds dans l'eau, à moitié à poil : on se sent particulièrement inspiré !
 
Jean-Marc le défi : 50+1.
 
 
 
Tu pensais échapper aux foudres de ma plume acérée, tu espérais que, profitant de cette période qui te vit naître, tu passerais éternellement au travers. Bien sûr, ta mère en accouchant au mois de juin, se doutait bien qu’elle te mettrait à l’abri de ma vindicte. La plupart de tes collègues et amis se reposant d’une saison usante ou emmagasinant un peu d’énergie avant de plonger dans les spectacles de l’été, chaque année quand arrive le 10 juin, les troupes dégarnies oublient ton anniversaire. Elles vaquent à la préparation de leur maillot, à la perte de leur cellulite pour séduire sur les plages, au bronzage de leurs traits si fins et charmants…et tout cela au détriment des anniversaires de Jean-Marc et de ces années qui s’accumulent sur ses épaules d’athlète.
Car disons-le tout net. Même si tu fais le cake, que tu as l’air d’un jeune homme, que pas un poil de graisse n’épaississe ton tour de taille et qu’apparemment les filles continuent à lorgner vers tes biscotos, (il faudra que tu m’en donnes les recettes à défaut des noms et adresses de tes multiples conquêtes !), mon cher Jean-Marc, tu n’es plus de la prime jeunesse. Un demi-siècle à errer dans le noir, à servir dans l’ombre, à être celui qui veille au grain dans les coulisses des artistes, cela devrait user énormément.
Alors donne-nous ta recette, je t’en supplie. Pourquoi pas de cheveux blancs, pourquoi pas de rides aux coins de ta bouche, pourquoi ces yeux bleus rieurs qui restent insondables !  Peut-être dans ton bonheur retrouvé, dans cette compagne qui t’accompagne, dans cette confiance et assurance dégagée dans un métier qui te voit t’épanouir enfin ! Le stress, connais plus ! Les doutes envolés ! Les sautes d’humeur qui t’ont parfois embrasé, terminées ! Il reste des certitudes humbles, des évidences cachées.
Oui Jean-Marc, tu connais ton métier sur le bout des doigts, oui, tu affrontes les problèmes sans te braquer… comme si tu en avais tellement vu de ces cas de figures destinés à briser les harmonies que plus rien ne pouvait désormais te surprendre. Oui, tu es devenu un être normal !
Cela n’a pas toujours été le cas, avouons-le ! On a connu un JM au sortir d’épreuves, pas toujours bien dans ses baskets, pas toujours en phase… mais comme s’il te fallait un coin à toi, un peu de temps, de l’amour et de la confiance pour que le miracle de ta transmutation intervienne, tu es enfin arrivé à dompter ces forces qui t’ont tant bouleversé.
Un visage préservé des atteintes de l’âge, un esprit sain dans un corps sain, une nonchalance jamais dédaigneuse, un calme olympien, une distance qui n’éloigne pas…on finirait presque par penser que tu resteras à jamais dans cette direction. Fais attention, Jean-Marc, il va falloir payer le prix de cette jeunesse éternelle. Dorian Gray avait conclu un pacte avec le diable pour conserver sa jeunesse : avec qui as-tu tracté, donne-moi son téléphone avant que l’irrémédiable ne me fasse succomber !
Y en a marre de te faire des compliments. Pique-nous une de tes colères, noie une stagiaire, dévore tous les pans-bagnats…fais quelque chose qui nous rappelle quel infâme subordonneur tu fus.
Non, décidemment, tu as trop changé, tu es même devenu fréquentable et les jeunes filles qui débarquent en stage à l’Evènementiel, repartent toutes avec ton numéro de téléphone sans même que tu aies tenté de les violenter : c’est pas juste, d’abord !
N’empêche que tu as 51 ans passés, que l’an prochain tu en auras 52 et qu’avec ce que nous prépare Sarko 1er, au train où vont les choses, tu seras obligé de te faire aimer encore au moins 15 ans dans cette direction avant de prendre une retraite bien mérité ! Na !
Et puis, même si tu n’es pas content, je sais que tu vas partir d’un grand éclat de rire et que tout cela finira dans la joie. Les années forgent l’amitié… nous sommes tous de grands forgerons et ce ne sont pas les filles de la direction qui m’ont poussé à écrire cette hommage qui te diront le contraire.
Jean-Marc… 10 juin ou pas 10 juin, 2007 ou 2015, c’est tout le temps ton anniversaire ! Surtout, continue comme cela, les minettes de l’Evénementiel t’aiment trop pour que tu changes.
Bon anniversaire toute l’année !



Et puis il reste mon frère, le petit dernier, 50 ans avec toutes ses dents. Il fallait marquer le coup, ne serait-ce que pour rentabiliser notre voyage au find fond de l'Aveyron. 60 personnes pour une vraie fête pleine d'émotions et de tendresse. Il en restera ce texte, lu devant une foule d'amis qui lisaient bien malgré eux entre les lignes ! A vous de pratiquer cet exercice maintenant !


50 ans et après…
 
 
Si l’on devait définir, ta naissance, loin d’être le produit mythique d’un gros bourdon qui vient titiller un choux-fleur, on parlerait plutôt, d’une erreur de calcul. Ogino Ergo Sum, était la devise de nombre pères de famille nombreuse de ce baby-boom. En effet, en cette époque bénie des natalistes, il n’y avait que deux méthodes pour échapper aux lois procréatrices de Dame Nature :
1)      sauter du train en marche… mais cela, tout être normalement constitué ayant testé cette variante sait que l’opération est complexe, comme c’est difficile et combien la chute peut être plus dure…
2)      rationaliser et à l’aide d’un diagramme savant définir à quel moment le spermatozoïde vibrionnant se trouvait démuni quand la bise est venue, échouant devant les portes closes d’un ovule épuisé… mais là, il faut savoir calculer et nos parents, manifestement, n’avaient que le certificat d’études et se trouvaient loin du compte devant la méthode du docteur Ogino qui sema tant de tempêtes sur son passage.
Première erreur donc, entraînant l’arrivée intempestive d’un têtard de plus dans le marigot d’une tribu oheixienne où régnait déjà l’anarchie.
Les trois mousquetaires ne souhaitaient point, pour être honnête, se retrouver quatre et le chérubin à tête d’angelot qui débarquait en gazouillant des areuh, avait quelque peu tendance à perturber nos jeux virils et la recherche de nos premiers émois et conquêtes de territoires féminins.
 
Nous te le fîmes payer lourdement, t’affublant d’un surnom qui t’allait comme un gant : tu fus irrémédiablement BéBé jusqu’à ce que notre père intervienne pour nous demander de cesser de t’avilir avec ce surnom, Jean-Marc seyant plus (encore que !) à l’affirmation de ta toute nouvelle personnalité.
Nous savons tous que tu fus le préféré, le petit dernier, le chouchouté, le cafteur, celui qui passait derrière les voies tracées à coups de taloches par tes grands frères.
 
Il y a une morale à tout cela : nous partîmes pour des courses lointaines, par des nuits sans fond, dans une mer sans lune et tu ratas manifestement un 68 glorieux qui fut notre bâton de maréchal. Tu restas sagement auprès de tes parents pendant que nous courions la prétentaine en nous dévirginisant… et pas seulement en politique !
 
S’ensuivit une période où tu payas rubis sur l’ongle ce privilège d’être le petit dernier. Les dieux dans leur sagesse t’enlevèrent la protection de tes grands frères et tu dus enfin, affronter les parents. Souvenons-nous, le jour où tu débarquas en solex à Nice, quémandant un asile familial à ton frère (en l’occurrence, Bernard !). La terreur qui s’empara de moi à l’idée de supporter ce mioche mal grandi, au regard torve, le nez encore plein de morve, moi qui jouissait d’une liberté estudiantine chèrement gagnée. In petto, j’ai chargé ton solex dans ma 2CV, j’ai quand même fait l’entremetteur auprès des parents désarmés et t’ai abandonné à ton triste sort… à chacun son poids de douleurs, il faut parfois savoir souffrir plus... pour se guérir mieux !
 
Là tu montras ta petitesse. Tu te dévoilas aux yeux de tous comme un jouet aux mains crochues du destin. Une amourette anglaise dont tu ne cicatrisas pas vraiment, une belle bouchère au nom d’étoile avenante et te voilà marié, petit gratte-papier faisant mine de tenir une comptabilité, toi qui jamais ne compris les chiffres, conduisant une R12 Gordini avec des bandes jaunes latérales et une queue de castor accrochée au rétroviseur… Oui, mesdames et messieurs, ce personnage a roulé dans une Gordini en faisant vrombir son moteur pour attirer les regards. Tu étais perdu avant même de commencer à vivre !
L’étoile de ta vie pâlissait pourtant. Jeune couple déjà vieux, tu frémissais sous les tortures de ces mondes inconnus que tu n’avais fait qu’entrevoir. Le théâtre comme thérapie, le théâtre comme un moyen de toucher les filles (vous faisiez beaucoup d’exercices corporels à cette époque !), la voix se plaçait enfin, juste au mitan de tes désirs. C’est là que la chance de ta vie intervint avec violence. Une femme enfin, une vraie, avec des seins partout et un corps voluptueux, une de celles qui avaient de l’expérience et trouverait les moyens de t’enchaîner en te laissant libre. Entre deux platines volantes, un Corse irascible et quelques femelles pas encore grandies, tu allais trouver UNE place. Chantal, car il s’agit bien d’elle, t’offrit ses bras, un appui et une décisive épaule compatissante, non pas que tu redevins le bébé de notre enfance, cela c’était une histoire terminée, non, tu allais crever les planches de ton talent, éclabousser les peuples assoiffés de culture, vivre l’authentique vie du saltimbanque et nous lâcher la grappe enfin ! C’était ton aventure même si tu égaras rapidement ta gondole, même si un flou dégénérant introduisit un facteur aléatoire dans une carrière brisée dans l’œuf par une gorgone jalouse de ton talent, cette Christine de Toth mystérieuse qui en voulait certainement plus à ton corps d’éphèbe qu’à l’art de ton théâtre.
Il te manquait la rage de vaincre. Pour devenir un acteur, il faut acter, tu te contentas d’être brillant, tu décidas de suivre un penchant naturel pour l’art de vivre et l’art du théâtre perdit une de ses valeurs montantes.
 
Qu’à cela ne tienne, tu avais une formation en comptabilité, un physique de beau gosse et une femme de pouvoir : tu te carras dans son sillage et vint l’époque des jeunes cadres, des voyages à Bali, des Opels métallisées, d’une consommation à tout crin : c’était sans doute le prix à payer pour oublier ta carrière avortée, dont il faut le dire, il te reste encore de quoi animer les fins de soirées arrosées !
 
Mais voilà. Au lieu de résister jusqu’à la retraite qui se profilait (plus que 25 ans à tenir !), les démons du bouddhisme et l’appel du grand air, une vie saine dans un corps sain, vous poussent à émigrer dans un exil intérieur. La découverte d’un paysage bucolique, les indigènes accueillants, la rudesse du climat vous amènent à rompre de nouveau avec le monde civilisé. Fermier, puis bistroquet, on pouvait penser la boucle bouclée et le nirvana atteint dans les délices des petits blancs servis à l’aube à des clients accrochés au comptoir de cette verte région de la Diège… Que nenni !
 
 
 L’air du pays vous manquait sans doute. La mer, les femmes nues, le soleil mais aussi le rapprochement vers les enfants, petits-enfants et parents. Tu vins soulager tout ce monde en démontrant au passage tout l’art de la finance qui caractérise votre couple. Perte des indemnités de Chantal, aventure exotique dans le textile, vente de vos actifs…tout cela pour l’horizon glorieux d’une épicerie où les sandwiches et les bonbons coulaient à flots. Vous survécûtes à raison de semaines chargées, 70 heures en moyenne pour un smic douloureux…station debout, même pas le temps d’exploiter cet authentique talent pour les cartes qui te mena vers les championnats de France de tarots.
 
La mer toujours recommencée, le bruit et la fureur, et tous ces amis abandonnés sur ces plateaux vous rongeaient le cœur. Une nouvelle fois vous décidez de prendre tout le monde à contre-pieds et de remonter dans l’Aveyron pour bâtir enfin les fondations de votre sérénité.
Le dernier achat d’un castel à retaper, un emploi dans une usine d’haltérophilie où tu retrouvas ta ligne en perdant les kilos inutiles, travailler moins et gagner moins, voilà votre horizon, voilà le funeste sort qui t’attend, voilà le piège dans lequel tu t’es enfermé, voilà comment tu devras décompter le temps qui désormais s’inverse pour courir vers une fin annoncée.
 
Même si le soleil n’a pas toujours brillé pour toi, cher frère, tes 50 ans tu les as mérités. Ils t’ont permis de grandir, de t’épanouir, de vivre au grand jour en bâtissant un empire intérieur. Ceux qui te connaissent savent combien tu es courageux, altruiste, combien tu as toujours voté à gauche, secouru les petites vieilles, distribué ton sourire et ta bonne humeur à la volée, permis aux autres de donner le meilleur d’eux-mêmes.... Flambeur, flagorneur, menteur…c’est vrai, tu l’es un peu quand même… mais point trop n’en faut ! Juste une once, une petite dose qui t’autorise à ne point être dans un moule préfabriqué, une perfection utopique, une vue de l’esprit. Non, tu es de chair et de sang, tu es bien le dernier des Oheix de cette génération bénie des Dieux qui enchanta la France de l’après guerre !!!
Unique, merveilleux, bon… etc … mais je vais en rester là, car tu vas te mettre à croire aux sornettes que je raconte et du coup, devenir insupportable pour les 50 années à venir !
 
Bon anniversaire, frangin !

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Les barbares de la Méditerranée

Publié le par Bernard Oheix

Vous ne pouviez couper à un compte-rendu sur la Transmed. Le voici donc, agrémenté de quelques photos. J'espère que cela vous fera saliver. Je suis presque devenu un marin au long cours...
 
Au départ, Dieu créa la terre... et puis la mer en pensant en nous !
Un équipage de choc se constitue quand Philippe C, mon ami de 35 ans me propose de partir à l'horizon afin de vérifier si la terre est ronde ! Nous recrutons Hervé C et le dimanche 3 juin, sous les regards de nos épouses éplorées, nous larguons les amarres, hissons la grand voile et cinglons vers la ligne d'azur qui plonge vers l'inconnu ! Car des inconnues, il y en a dans cette Transmed des Passionnés qui nous mènera de Saint-Raphaël à Hammamet en passant par la Corse et la Sardaigne.
 
Que je vous présente l'équipage.
Il y a, Philippe C... alias Captain Fifi, seul maître à bord, fin connaisseur de la mer dont un des défauts, il faut l'avouer, est de refuser de se plier aux diktats des éléments, de considérer que la technique est au service de l'homme (et non l'inverse !) et que de toutes les façons, le voilier est une affaire de courage et qu'on est là pour s'éclater, non mais ! Au demeurant, un homme, secret et mystérieux, attachant même s'il ne dévoile rien de sa nature profonde. Promoteur immobilier atypique, actif et passionné survivor de la crise de la fin des années 90, honnête parmi les requins, petit parmi les grands, grand dans ce monde de nains... c'est mon pote quoi ! On ne se connaît que depuis l'université, notre première rencontre datant de 1970. C'est un des êtres les plus brillants et des plus cultivés que le sort m'ait permis de croiser et notre amitié a perduré à toutes les vicissitudes d'une vie de labeur et d'éloignement. Pour l'anecdote, on joue une grille de loto (la même !) depuis 1980 et nous serons millionnaires ensemble ! En attendant, il a décidé de s'acheter son bateau et merde à Vauban !
Il y a Hervé C...alias Maître Queue Hervé. Lui je ne le connais que depuis 1971. Hervé est un cas. Vous avez toujours l'impression qu'il se moque de vous, qu'il comprend qu'à moitié et que de toute façon, il se fout de tout ! Bon, si on creuse un peu (pas beaucoup), on s'aperçoit qu'il est sensible, une vraie fleur bleue, qu'il a un coeur comme les autres et un cerveau plus développé que la moyenne des gens. Lecteur émérite, sensible, cultivé, passionnant... il n'a qu'un défaut, il ne connaît rien à la voile, ce qui est parfois gênant sur un bateau. Son recrutement est intervenu car c'est un cordon bleu hors pairs, un pêcheur talentueux et que nous avions le secret espoir qu'il devienne notre esclave sexuel pour les longues nuits de veille d'un bateau ivre ! Bon, cela a échoué pour le dernier point mais pour le reste, il a été à la hauteur de sa réputation !
Et puis, votre serviteur?Bernard O...dit Force Brutale, celui qui est chargé des basses besognes et dont on apprécie le cocktail subtil de robustesse physique conjuguée à une finesse intellectuelle particulièrement vive ! Au début, Captain Fifi a bien tenté de lui inculquer les rudiments de la voile mais, il faut l'avouer, assez rapidement, « étarque la drisse de bôme » s'est transformé en « tire sur la ficelle rouge avec les points noirs » seul langage à sa portée et espérance qu'il puisse accomplir sa mission sans trop de casse. J'avais aussi la redoutable responsabilité de lever l'ancre, de nettoyer le bateau et de faire la vaisselle, c'est dire l'importance des tâches qui étaient confiées à Force Brutale !
 
Qui dit équipage seyant, dit navire pimpant. 38,5 pieds (environ 12 mètres), un mat (très haut), une coque (longue et effilée), deux voiles (qui ont tendances à faseyer), 3 cabines(petites), un carré(avec un coin cuisine, une douche et des toilettes, teinte couleur bois, panneaux en arrondis, poignées rutilantes... redessinés par Stark, banquettes bleues azur). En outre, de partout, on trouve pleins de cordes qui trainent, des protubérances brillantes, des bitoniaux infâmes pour les doigts de pieds, des objets bizarres uniquement présents pour vous torturer. D'après les on-dit, il (notre voilier) serait taillé pour les régates et la course au loin, aurait traversé plusieurs fois l'Atlantique, se caractériserait par un caractère fougueux, une capacité à remonter au vent ! Vous avez compris qu'une Formule Un de la mer nécessite une attention toute particulière et que l'objectif affiché de Captain Fifi était de foncer sur la mer avec notre nef au nez et à la barbe de tous les régatiers prêts à en découdre aves le Romulus et ses pirates de la Méditerranée.
 
Le voyage. Un aller simple vers le Paradis.
 
Dimanche 3 juin/Lundi 4 juin : St-Raphaël-Baie de Sagone : 125 miles. 24 heures.
 Première spéciale de 15 miles au démarrage. Nous finissons 5ème alors que nous avons le plus petit bateau. Tout le monde remarque notre dextérité (!!). Nous nous installons pour la nuit. Mer un peu grosse. Vaseux, l'équipage laisse au capitaine le soin d'assurer. Mon quart de nuit (24h-2h) est très long. Il n'y a plus de vent et je demande au Captain s'il faut mettre le moteur. Il me répond que le vent se lèvera bien assez tôt (sic) et se rendors. La « pétiole » s'installe et je regarde le noir d'une étrave encalminée. Mon quart se transforme en assoupissement. J'ai honte mais je me suis endormi à la barre jusqu'à 3h30. Je suis gelé au réveil. Philippe qui me succède se fait accompagner par un rorqual de 8 mètres qui joue avec le Romulus. Moi, je récupère de mon sommeil pendant ma garde !
Mardi 5 juin/mercredi 6 juin : Baie de Sagone/ Alghero 110 miles
Tout dérape. Une panne de répartiteur (on ne le saura qu'après) met en l'air la batterie, nous fait perdre le GPS, nous empêche de mettre le pilote automatique... mais je dors et ne m'en aperçoit pas. Captain Fifi fait un long quart de minuit à 6 heures et quand je me révaille frais et dispos, il me donne la barre, règle le moteur et va s'écrouler sur sa paillasse !
On arrive à Alghero vers 11 heures, le réparateur nous arrange le « répartiteur » et le soir repas succulent au « Pavone ». La vie est très dure pour les marins perdus !!
Jeudi 7 juin : Alghero/Aristano : 45 miles
Une colonie de dauphins nous adoptent et fait route de concert avec nous. Ils ont de bonnes tête et je reconnais Flipper parmi eux. Ancré en baie. Ruines d?une ville romaine que nous visitons grâce à l'annexe que je guide d'une main experte. Cadre somptueux d'un cap magnifique  Nuit douce, température idéale. Mer chaude... ça y est, on est sous les tropiques !
Vendredi 8 juin. Aristano/Carlo-Forte 50 miles.
Un bon vent nous permet d'avancer à 7-8 noeuds dans une mer tendue. Enfin de la vraie voile pour notre soif d'aventures C'est génial. Un espadon de 1 mètre vient se suicider sur la traîne d'Hervé. Nous sommes en train de créer notre légende et d'écrire quelques pages d'or de la marine nationale.
Samedi 9 juin. Journée à quai. On se réapprovisionne en eau, électricité, carburants, fruits frais pour lutter contre le scorbut (!!). Je brique le Romulus qui resplendit au soleil, nous observons les indigènes et leurs coutumes ancestrales en consommant notre espadon à la tahitienne (filets fins cuits dans le jus de citron avec petits oignons.. miam-miam !) Les femmes sont belles, la petite trattoria, où nous mangeons le soir, fabuleuse.
Dimanche 10 juin/lundi 11 juin/mardi 12 juin. Carlo Forte/Hammamet. 240 miles
47 heures perdues au milieu de nulle part. La mer chaude et le grondement de notre moteur de 30CV. Pas de vent mais du soleil. On paresse, farniente en attendant la nuit. Mon quart du dimanche (2h-4h) avec Les Pink-Floyd, Placébo, Archive et autres Muse dans les oreilles, dans la nuit sereine, les étoiles et la mer noire, est un moment de bonheur absolu, de vertige total : c'est comme si j'avais fumé un joint !! Le lendemain nous nous faisons tirer par le bateau avec une corde à noeuds en pleine mer. La 2ème nuit est cauchemardesque. Nous sommes au près d'un rail où d'immenses paquebots tracent à plus de 20 noeuds un sillage d'enfer. La nuit, vous perdez complètement toutes perspectives, les distances s'abolissent, les directions se confondent. Au large du Cap Bon, je perd pieds et appelle Captain Fifi à la rescousse quand un pêcheur nous fonce dessus. Il se retrouve en slip, en pleine nuit, accroché à la barre en train d'effectuer un 360° salvateur. Je suis peut-être Force Brutale mais il me manque manifestement encore un peu de cette science de la mer qui a forgée les grands héros de notre jeunesse. C'est pas bien grave, j'admets que je ne serai jamais un marin de légende, un équipier attentif peut-être...quoique, même cela !
 
Ainsi donc, après un dernier passage à la voile au large des somptueuses côtes Tunisiennes, nous débarquons à Hammamet le mardi 12 juin à 13h30. Satisfaction du devoir accompli. Un peu de fierté même ! Le voyage fut exaltant, merveilleux sublime et on manque de qualificatifs pour décrire ces dix jours de navigation !
 Deux jours à Hammamet (Ah, les barbiers de Tunisie !) et 2 jours à Tunis avec une gargote à la Goulette où nous ripaillâmes de fruits de mer en buvant du pastis et déjà le retour.
Il restera de tout cela, des monceaux d'images, des tonnes de rires, des moments chargés d'émotions brutes, des heures de rêves, une communion entre cet équipage de pieds cassés et la nature bienveillante, un temps qui échappe à l'usure et à l'ennui... et plein d'autres choses encore !
Pour la petite histoire, l'équipage dont j'étais le plus jeune (et de loin !), était composé de deux cancers et d'une hyper-thyroïdie, de trois potes dans un bateau, d'un siècle d'amitié cumulée et ce n'est pas l'exiguïté du voilier qui pouvait mettre en péril cette amitié. Pas une seconde, pas un instant, une tension quelconque n'a pu se faire sentir... et pour ceux qui connaissent la mer, c'est un vrai signe ! Le bonheur n'était pas dans le pré mais sur la grande bleue.
 
PS : je ne me suis pas trop étendu sur le voyage. Nommé scribe du journal de bord à l'unanimité moins ma voix, je le publierai dans ce blog... mais il est  resté en Tunisie et ne reviendra qu'en aout sur nos rivages. Je le mettrai en ligne à son retour dans sa version originale. Bonne âme s'abstenir !
 

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Pérégrinations et protocole

Publié le par Bernard Oheix

Après un mois d'absence, j'ai intérêt à me faire pardonner. Je vous offre un peu de ma vie en gage de réconciliation, non qu'elle soit d'une richesse folle.... Quoique ! Quelqu'un qui pose avec Monsieur Bouquet pour l'éternité et serre les mains de Jacques Chirac et du Prince Albert de Monaco...en une semaine, ne peut être totalement inutile sur cette terre de passion !
Voici un petit voyage au coeur d'un monde en train de s'évanouir.

Tout à commencé le 2 février avec Carmen, (quelle entame pour quelqu'un qui a aimé une belle espagnole aux yeux de braise !) dans un grand audit du Palais complet. Bizet, belle distribution, beaux décors, belles voix, très belle recette ! Mais c'est avec Goran Brégovic, le 3 février, que tout a continué. Imaginez... 20 choristes, un orchestre symphonique, les voix bulgares, une fanfare... et devant, un percussionniste et Goran, ex-rock star, créateur de musiques de films géniales et leader de cette formation qui va faire chavirer le Palais des Festivals rempli de plus de 2000 personnes. J'en rêvais, il l'a fait. Avec douceur et gentillesse, élégance et noblesse. La musique est un melting-pot incroyable, entre la fanfare, la messe grégorienne, les volutes classiques, les voix cristallines, les accords de rock et reprises de morceaux à la sauce Brégovienne. Ambassadeur de la paix, Goran Brégovic se situe dans le camp de ceux qui fuient les horreurs de la guerre fratricide qui a déchiré en lambeaux son pays. Vive le barde brégovic !


Une semaine à Paris et sur les routes de France !
Du théâtre bien sûr. Post-it, petite pièce sans saveur sur les émois de 3 jeunes femmes... La danse de l'albatros où Martin Lamothe s'échoue sur la grève de l'humour, ses ailes de nain incapables de dominer un texte insipide. Reste l'événement. Michel Bouquet est l'avare. Plus personne ne pourra interpréter ce rôle sans faire référence à sa voix criarde, à ses mouvements compulsifs, à la perversité de ses yeux fureteurs. Il est génial, sublime, émouvant et désespérant. C'est Monsieur Bouquet, au crépuscule flamboyant de sa carrière. Merci monsieur Bouquet de nous rappeler que le théâtre peut aussi rendre merveilleux le monde qui nous entoure.
Après la représentation, Il m'accueille dans sa loge et nous parlons de ses passages à Cannes (j'avais eu l'honneur de le recevoir avec Noiret il y a 5 ans et dans la pièce de Ionesco, le roi se meurt en 2005) de son avenir (!). Il est un vieux comédien qui mourra sur les planches pour le bonheur de ces textes qui chantent sous sa voix !
Quand à ma virée au Stade de France pour voir une équipe nationale se déliter sous la maestria des argentins, elle ne fut une réussite que parce que je l'ai vécu avec mon fils et que nous avons communié aux souvenirs des exploits de notre Zizou, le vrai, celui qui envoyait des coups de boules pour projeter le ballon au fond des filets et non sur la poitrine d'un italien goguenard !
Destination Annecy, chez mon pote Jean-Eric Ougier, celui des feux d'artifices, qui viendra tirer à Cannes cet été. Un manoir accroché à la colline, au-dessus du lac. Un peu de neige et la pièce de Samuel Benchetrit, Moins deux avec Jean-Louis Trintignant. Bof ! Bof ! Pièce inintéressante au possible. Vive le grand air et les génies des alpages ! Pour le fun, quelques descentes de pistes rouges et bleues m’ont prouvé que le ski n’est pas comme le vélo… on oublie avec le temps et la forme météorique qui était la mienne n’a sans aucun doute pas arrangé la situation. Bon heureusement, il n’y avait pas de photographe dans le coin !


Retour au bercail donc avec l’ouverture du sommet des chefs d’états africains. De mon bureau, j’ai vu défiler une des plus imposante panoplie de potentats imaginable. Combien de pots de vin, de crimes et de prévarications étaient réunis pendant deux jours sous le toit du palais. En uniformes, en boubous, costumés, ils refaisaient le monde avec la certitude de ne rien vouloir y changer.
Par contre, le vendredi, à la sortie des artistes, Chichi himself est sorti de son cordon de sécurité pour un bain de foule des plus surprenants. Il m’a serré la main en me remerciant pour ce que j’avais fait pour la réussite de son dernier sommet (sic). Bon, OK, je n’avais rien fait du tout mais cela m’a fait plaisir quand même. Le mot gentil, sourire au vent, plaisanterie en coin, le bougre, il m’a impressionné et j’ai mieux compris la fascination qu’il provoque. Pas seulement celle du pouvoir mais aussi celle d’un tribun populaire, d’un homme normal. Et dire que je n’ai voté qu’une fois pour lui ! Vive Jacques Chirac… surtout s’il ne se représente pas, on ne va pas oublier son bilan de sitôt !


Mardi 20 février. Le jeu de la vérité, une bonne comédie de ma programmation et rebelote avec les affaires d’état. Cette fois-ci c’est notre Prince Albert de Monaco qui s’y colle. Coup de fil discret de la sécurité. Gardes du corps sympathiques tout droit issus du film « men un black ». Je demande comment je dois accueillir le prince. La Réponse vient sans tarder : Monseigneur ! Et me voilà donc serrant la main de mon auguste visiteur et lui donnant du Monseigneur long comme un jour sans pain. Après la pièce (gros succès), je l’emmène dans la loge rejoindre les comédiens et je participe aux effusions de mise. Ils ont réservé une table en face du Palais et je les accompagne cérémonieusement et sur un dernier Monseigneur, ils me quittent pour s’engouffrer dans le restaurant. Je tiens à vous le dire, il est normal notre Prince Albert et plutôt sympathique. Il va quand même falloir que je fasse attention, deux têtes couronnées dans la même semaine, c’est un coup à se retrouver dans Gala ou Voici !


Le festival des jeux démarre alors pour une semaine d’épouvante. Je suis déjà sur les rotules quand 120 000 personnes se ruent sur les stands, que 15 000 joueurs luttent pour l’emporter dans tous les jeux de la terre possible. C’est fascinant et épuisant. 50 nationalités, des rencontres des discussions, un gala de magie superbe, la remise des récompenses dans un spectacle où j’officie avec parait-il, une grande sobriété et beaucoup de classe… c’est nouveau cela !
Je me garde une nuit, le samedi, pour plonger dans le OFF. Des centaines de joueurs répartis dans deux salles qui se rencontrent avec des passions et des cris en testant des prototypes où des jeux plus standard. Moi, c’est au poker que je vais flamboyer, mes adversaires coriaces, des sommités du monde des jeux, vont y perdre leur latin et leur talent et j’empoche la mise d’une soirée qui écrit une page de ma légende en lettres d’off !!! Oui, mes amis, même diminué, je bande encore pour quelques cartes dessinant des figures ésotériques que je suis le seul à pouvoir décrypter. Ego flatté, Bernard est content.
Les Stargotz vont s’y retrouver cul nu à ce petit jeu de dupes. Moi, j’encaisse royal la mise et je leur souhaite une belle revanche, dès l’an prochain. Le festival des jeux c’est la folie et la passion, c’est l’enfer et le paradis, c’est un long marathon qui nous pousse dans nos derniers retranchements. A ce petit jeu, j’ai encore quelques forces pour me transcender quand il est nécessaire de conforter ma réputation !


Le lundi 26 février, exsangue, je goutte enfin un peu de repos bien mérité. Quelques examens qui m’assurent que je vais vivre encore 3 décennies et le Palais accueille des spectacles de la saison en cours, les danses et légendes du monde et surtout, le violon sur le toit, excellente comédie musicale qui résonne du tintamarre des événements troubles de notre société (racisme, antisémitisme, ultranationalisme et autres ismes en odeur de putréfaction qui envahissent notre univers du 3ème millénaire). Une belle leçon d’humanité que cette comédie sur la tragédie des exclus.
Voilà mon petit tour d’horizon. A bientôt sur ce blog, vos commentaires me ravissent !!! Continuez

PS : Il est urgent d’écouter un morceau de Bizet tiré des pêcheurs de perles, « Mi par di udir ancora ». Ce morceau est hallucinant. Il est en boucle sur ma chaîne !
PPS : Pas besoin de vous précipiter pour aller visionner lady Chatterley, le césar de l’année. C’est une grosse daube, un long téléfilm ennuyeux et inintéressant. Le snobisme parisien a encore frappé !

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Photos parlantes

Publié le par Bernard Oheix

C'est un repas de Russes, avec des montagnes de plats et des bouteilles vides de vodka qui s'amoncellent sous nos pieds. Temps des agapes...4 heures ! Nombre de toasts, discours et verres de vodka : 18. Aie ! mes cheveux !

La danse des canards version  "babouchkas"... Une façon comme une autre de représenter la France !

Dans le centre des arts de Novgorod, des couvre-chefs pour lutter contre le froid de l'hiver russe. La présidente sort ses griffes !

Si l'on savait... c'est bien nous qui assurons les destinées du Festival ! Le soir, nous plongions dans l'eau d'un puits artésien (7°)... après un "sauna russe" avec flagellation imposée. Le pied ! Ensemble !

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