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les greniers de la memoire

Le grenier de la mémoire 21 : Nosfératu dans le Palais des Festivals de Cannes dévasté !

Publié le par Bernard Oheix

Fin septembre 1988. Au matin blême d'un aube sans gloire, une poignée de Cannois sont réunis sur La Croisette. je suis parmi eux. Nous contemplons une procession de monstres d'acier s'approcher de ces marches blanches et mordre de leurs dents voraces dans le marbre de nos cauchemars. Le démolition d'un passé de prestige vient de commencer dans l'indifférence des heures de gloire qui l'ont précédé !

Sur notre gauche, le "Bunker", le nouveau temple du cinéma barre l'horizon, il faudra du temps pour qu'il obtienne ses lettres de noblesse. Pour l'heure, c'est un symbole que l'on assassine devant nous !

C'est en 1938 que ce rêve avait débuté. Au retour d'une Mostra de Venise où la "fascisation" du cinéma rendait indispensable de lutter contre les idées nauséabondes qui envahissaient le monde. En septembre 1939, les prémices de ce réveil s'étaient échoués sur le feu qui avait embrasé  la planète. 5 longues années de barbarie plus tard, en 1946, au Casino des Fleurs, l'histoire avait balbutié et un Festival s'était déroulé à Cannes dans l'improvisation et l'ivresse d'un monde qui voulait retrouver son insouciance et chasser les nuages !

En 1947, pour sa 2ème édition, après 4 mois de travaux menés au forceps, ce nouveau "Palais" était sorti de terre, même si son toit inachevé s'était envolé dans le ciel entre deux projections, emporté par les bourrasque d'une tempête aussi soudaine qu'imprévisible !

Mais le futur était en marche, inexorablement ! Et c'est dans cette salle aux fauteuils pourpres, les appliques en forme de rosace s'éteignant pour illuminer l'écran, que la planète allait venir communier chaque année au mois de mai pour devenir le lieu incontournable du cinéma mondial.

Les 1001 nuits blanches des cinéphiles, les couloirs arpentés par les vedettes et les critiques qui se retrouvaient, à l'issue des projections, au "Blue Bar", pour rencontrer leurs fans dans cette époque où la Liberté s'apprêtait à lancer son Nom et où la distanciation sociale inconnue !

Ce sourire éclatant d'une starlette venant annoncer aux femmes une ère nouvelle, la liberté d'un corps sans contraintes, Brigitte Bardot illuminant l'avenir en conquérant la planète ! Godard et Truffaut s'accrochant aux rideaux rouges pour rejoindre le cours de l'histoire en interrompant le Festival de 1968 ! 

Et les lazzis de La Grande Bouffe de Ferrerri, les rires horrifiés de La Maman et La Putain d'Eustache, John Lennon et Yoko Ono présentant leurs courts métrages (The Fly...) en se promenant  main dans la main sur l'esplanade du Grand Hôtel, une curieuse "salade cannoise" en train de naître, entre le star système, la fête populaire, le glamour et une authentique cinéphilie !

Mais toujours les films comme le fil conducteur d'une narration en train de s'écrire en lettres d'or comme cette Palme imaginée en 1955 !

J'avais grandi dans cette ville. J'étais né presque en même temps que le Festival du Film. J'y ai vécu des heures à forger mon imaginaire et à conditionner mon futur. 

Je me souviens des séances de cinéma présentées par Sonika Bo pour les enfants des municipaux pendant les festivals des années 60... J'y étais !

J'ai encore dans les yeux "Quand passent les cigognes" de Kalatozov présenté par Francis Legrand dans ce qui allait devenir les Rencontres Films et Jeunesse...

Et surtout l'explosion de 1969. La Quinzaine des Réalisateurs au secours de la modernité, éperonnant les conventions et obligeant le festival à grandir pour coller à la réalité d'un nouveau monde en train de s'ériger ! Une jeune garde ouvrant les portes avec Doniol-Valcrose, Mitrani, Malle, Costas-Gavras et tant d'autres. C'est au Rex, un cinéma de la rue d'Antibes que l'on a pu voir The Trip de Roger Corman, avec Peter Fonda et Dennis Hopper présents pour un débat après une séance ouverte à tous, Philippe Garrel et sa Marie pour Mémoire, la découverte que le cinéma n'était pas seulement un reflet de la vie, mais bien portait la vie en soi ! IF de Lindsay Anderson, avec Malcom McDowell, future Palme d'Or atomisant le vieux monde !

Depuis 1969 j'ai suivi tous les Festivals du film, à l'exception de ceux de 1981 à 1986 où j'étais à Bourg en Bresse. J'en suis donc à 45 éditions (il n'y aura pas de 46ème, covidis oblige !) et à une centaine de séances dans ce vieux Palais devenu trop étroit que les pelleteuses mettaient à bas en emportant une poignée de mes rêves !

Cartons d'invitations, entrées par les portes de derrière grâce à la complaisance de gardiens bien loin des consignes sécuritaires qui allaient arriver toujours assez tôt, vraies ou fausses cartes de presse... tous les moyens étaient bon pour obtenir un sésame et partager le déroulement de ces 24 images/seconde d'une pellicule en train de dévoiler le monde !

Mais si j'ai fait une maîtrise de cinéma, ce n'est pas un hasard !

Mais si j'ai été critique de cinéma non plus ! 

Et si un jour on m'avait dit que je serai Directeur dans ce Palais des Festivals, je ne l'aurai assurément pas crû !

Et c'est pourquoi, en la veille de ce jour qui devait consacrer la destruction de ce temple du cinéma, je me suis introduit, tel un fantôme de Murnau, en cachette par une ouverture latérale dans "mon" Palais des Festivals ! Il faisait une nuit noire de Walpurgis et j'avais une lampe torche pour tracer mon chemin. J'ai traversé des cloisons éventrées, j'ai piétiné des gravas, j'ai erré dans un dédale morbide à la recherche lugubre de mon passé perdu !

Au passage, j'ai récolté quelques maigres souvenirs, un lot de charbons, ces tiges qui permettaient de produire l'arc électrique des appareils de projection (on est loin du numérique en 1988 !), des monceaux de chutes de films, quelques papiers survivants dans un océan de misères. Et je suis sorti à l'air libre avec l'impression que c'était une page de ma vie qui allait se refermer avec la destruction de ce temple !

Et dans la foulée, j'ai envoyé par la poste, dans de grandes enveloppes, à une vingtaine de mes amis cinéphiles qui m'avaient accompagnés au cours de ces années bonheur, ce mot et un charbon en souvenir de ce qui fût et ne serait jamais plus !

Le grenier de la mémoire 21 : Nosfératu dans le Palais des Festivals de Cannes dévasté !

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Le grenier de la mémoire 20 : petite pause en images !

Publié le par Bernard Oheix

Au début, je me suis posé des questions... Qui suis-je ? Où suis-je ? Et je me demandais toujours si j'étais à la bonne place ! Et  c'est quand j'ai décidé de devenir le "Che"  que j'ai compris que je ne supportais pas de fumer le cigare ! Dommage, ma révolution devra attendre et la vie active me tendre les bras !

Au début, je me suis posé des questions... Qui suis-je ? Où suis-je ? Et je me demandais toujours si j'étais à la bonne place ! Et c'est quand j'ai décidé de devenir le "Che" que j'ai compris que je ne supportais pas de fumer le cigare ! Dommage, ma révolution devra attendre et la vie active me tendre les bras !

Alors, j'ai cessé de m'en poser (des questions) ! Etait venu le temps des réponses ! J'étais qui je pouvais, quand je pouvais ! Cela m'a permis de de prendre mon envol en descendant les escaliers de la gloire !

Alors, j'ai cessé de m'en poser (des questions) ! Etait venu le temps des réponses ! J'étais qui je pouvais, quand je pouvais ! Cela m'a permis de de prendre mon envol en descendant les escaliers de la gloire !

Et j'ai tellement volé, que je me suis retrouvé pendu (encore !) à 20m de hauteur, dans une salle Debussy du Palais des Festivals, en Lucifer agressant la belle Sanguine pour les besoins du Gala de Danse des Campelières dont j'étais devenue directeur ! J'avais juste oublié, dans mon désir forcené d'exhibition, que le vertige et moi ne faisions pas toujours bon ménage !

Et j'ai tellement volé, que je me suis retrouvé pendu (encore !) à 20m de hauteur, dans une salle Debussy du Palais des Festivals, en Lucifer agressant la belle Sanguine pour les besoins du Gala de Danse des Campelières dont j'étais devenue directeur ! J'avais juste oublié, dans mon désir forcené d'exhibition, que le vertige et moi ne faisions pas toujours bon ménage !

Ma vie était devenue un conte de fée. Tapis rouge au Palais des Festivals et mille et une nuits en dehors dans la soie d'un Orient câlin ! La vie sur un nuage pourpre comme vizir de la Culture Cannoise !

Ma vie était devenue un conte de fée. Tapis rouge au Palais des Festivals et mille et une nuits en dehors dans la soie d'un Orient câlin ! La vie sur un nuage pourpre comme vizir de la Culture Cannoise !

Mais dans l'abnégation de ce travail qui m'usait, c'est à la Nuit Russe que je m'escrimais, toujours prêt à affronter des nymphes slaves exigeantes...tout cela pour entretenir la paix des peuples et la reconnaissance mutuelle de la richesse de nos cultures ! Une abnégation qui a contribué à forger ma légende !

Mais dans l'abnégation de ce travail qui m'usait, c'est à la Nuit Russe que je m'escrimais, toujours prêt à affronter des nymphes slaves exigeantes...tout cela pour entretenir la paix des peuples et la reconnaissance mutuelle de la richesse de nos cultures ! Une abnégation qui a contribué à forger ma légende !

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Le grenier de la mémoire 19 : petite pause en mouvements !

Publié le par Bernard Oheix

Dans le moove... toujours ! Entre deux concerts et une multitude de spectacles, un travail prenant et dévorant, quelques livres, les enfants à faire grandir, une vie sociale riche... somme toute le quotidien de nombre d'entre nous, il y avait le sport comme une religion ! Transpirer avec son corps pour faire respirer sa tête et évacuer le stress !

Accepter de souffrir pour maintenir un fragile équilibre dans sa mécanique intérieure !

J'avais toujours pratiqué une activité physique. Jeune footballeur (gardien de but à tendance passoire à l'USCBO), (presque) brillant handballeur adolescent (avec Aschieri comme mentor et Puleo comme capitaine accédant à la Nationale 3), puis cycliste sans panache (quoique !) sur les routes goudronnées azuréennes...

C'est à Bourg en Bresse, à cause de mon toubib que je suis reparti de plus belle sur mon deux roues ! Patrick Petitpoisson, en plus d'être mon voisin, ami et mari de ma secrétaire à la MJC de Bourg, m'a convaincu de ré-enfourcher mon destrier afin de parcourir les monts du Jura, les routes sinueuses du Bugey, de longer les chemins des étangs des Dombes ! Cadre paradisiaque doublé chez mon ami d'une envie de conquête pour partir vers les frontières de nos limites !

C'est ainsi qu'il m'emmena, accroché à sa roue vers de nouveaux horizons . Cela a commencé timidement par un Bourg en Bresse/Cannes via Grenoble, le Vercors et la plongée vers la Méditerranée en 2 étapes ! C'était notre cadeau, un pari que nous avions fait pour le mariage de mon frère : descendre en vélo pour célébrer ses noces ! Nous avions belle allure en embrassant la mariée avec nos cuissards moulants sur des muscles roulants !

Et puis on est passé aux choses sérieuses !

De Bourg à Rome par Turin, Florence... 8 jours d'ivresse pour cette première aventure !

De Bourg à Rome par Turin, Florence... 8 jours d'ivresse pour cette première aventure !

De Bourg à Budapest : deux semaines sur la selle, 100 à 120 kms par jour, les cols Autrichiens comme arbitre de notre volonté !

De Bourg à Budapest : deux semaines sur la selle, 100 à 120 kms par jour, les cols Autrichiens comme arbitre de notre volonté !

Venise-Gdansk, un bain dans la Méditerranée chaude au départ, un bain dans l'eau glacée de la Baltique à l'arrivée. Et entre les deux, l'inconnu !

Venise-Gdansk, un bain dans la Méditerranée chaude au départ, un bain dans l'eau glacée de la Baltique à l'arrivée. Et entre les deux, l'inconnu !

Et bien sûr, entre deux grandes expéditions, les tours de Sardaigne, de Corse, des randonnées dans le Sud-Ouest...

Mais c'est bien plus tard que je me suis rendu compte de l'erreur que nous avions fait. Un jour, en lisant mon Libération quotidien, je suis tombé sur cet article, et j'ai tout compris !

No Comment !

No Comment !

Mais ma vie sportive ne se résolvait pas à pédaler dans la semoule ! Très tôt, avec mon père, sur les terrains du Golf de La Napoule, nous avions été initiés avec mes frères au cross ! En 1981, Daniel Veylon, un jeune adjoint au Maire, partenaire de la MJC et ami, m'avait engagé dans un pari : faire le semi-marathon de Bourg en Bresse pour fêter l'arrivée de la gauche au pouvoir ! Il a fallut s'entraîner dans les sous bois bressans. J'y ai découvert l'ivresse de ce moment de bascule incroyable, quand la souffrance devient  plaisir, que le souffle cesse d'écorcher pour devenir un fluide bienfaiteur ! Ah, endomorphines... quand tu nous tiens !

Et j'ai couru... couru... sans m'arrêter ! (avec la musique, en hommage à Christophe !). Une vingtaine de semi entre Cannes, Nice et Antibes ! 

 

Suis pas certain que le style parle pour moi ! Grimace non feinte, allure pataude... pas un seigneur du macadam, plutôt un tâcheron de la souffrance !

Suis pas certain que le style parle pour moi ! Grimace non feinte, allure pataude... pas un seigneur du macadam, plutôt un tâcheron de la souffrance !

Il me restait la natation comme ultime rédemption ! Et je devins donc un grand nageur devant l'éternel ! Faut dire que ma piscine initiale (celle des Campelières avec les cours privés de Martine Cohen pour m'inculquer les rudiments de la mécanique des fluides) se transforma en la plus belle piscine du monde, la Méditerranée, à 50 pas de mon seuil, accessible par tous les temps, (mes voyages annuels en Russie en janvier, avec leurs bains rituels dans la glace, m'ayant rapidement convaincu de la relativité du froid sur l'organisme humain !).

J'ai donc brassé/crawlé et de traversées des îles en traversées de la baie de Cannes, appris à ne pas être le vilain petit canard de la mare aux diables ! C'est dans la mer que je me suis senti pour la première fois capable d'être totalement en phase avec mon environnement même si en quelques occasions, elle m'a rappelé de ne pas la sous-estimer. La frontière est fragile entre la conscience et l'inconscience, entre le calme et la tempête ! Entre la plage de Porto et les rouleaux des vagues qui nous empêchent de revenir, n'est-ce pas mon Angéla adorée !

Le grenier de la mémoire 19 : petite pause en mouvements !

Et avec tout cela, un seul triathlon de fait à Saint-Laurent du Var ! Deux médailles en chocolat aux Cross de Nice-Matin, des courses avec l'équipe du Palais des Festivals où je n'ai pas flamboyé mais que j'ai terminé avec constance (jamais d'abandon !). Et le plaisir extrême d'avoir reculé quelques limites de mon corps ! Et l'extraordinaire sensation de partage, avec mon père, mes frères, mes amis, de souffrir et d'aimer ensemble pour un combat inutile mais ô combien précieux !

Avec l'espoir, cher Patrick Petitpoisson, d'un dernier challenge que nous avions envisagé et que nous devrons tenir : un Trieste/Cythère par la côte Adriatique... même avec des vélos électriques pour compenser l'âge de nos artères ! Pari Tenu ? Allez, pour cela il faudra se sortir de ce Covid19 à peu près intacts !

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Le grenier de la mémoire 18 : Christophe !

Publié le par Bernard Oheix

L'actualité en écho de mon passé ! Christophe, s'en est allé accompagné de ses mots bleus pour retrouver les Bevilacqua et goûter un repos bien mérité. Il a illuminé ma jeunesse avec des bouts de ficelle et du papier, et le dandy qui restait si beau dans la vieillesse s'est figé pour l'immortalité même si je cris son nom !

J'ai aimé Christophe, non comme un fan transis, mais comme une voix qui me répondait en provoquant de mystérieuses émotions, des élans d'un coeur passionné, des bouffées de rêves d'un monde d'harmonie.

Et aujourd'hui, qu'il nous quitte, sa mort nous rend plus humble en cette heure où les disparus se comptent par dizaine de milliers, où nos repères se fondent dans le flou d'un avenir incertain.

Le grenier de la mémoire 18 : Christophe !

J'ai eu le privilège de croiser son chemin, de le programmer en deux occasions, de le voir plusieurs fois en concert, mais aussi et surtout, d'échanger des bribes de mots et des regards furtifs, de sentir sa présence chaude et chaleureuse. Il faisait partie de ces artistes qui, à priori, semblent inaccessibles et hors de portée, distants et froids, et qui, pourtant, à l'épreuve de la réalité, sont humains, de proximité, dans l'empathie réelle d'un instant de partage !

Je peux en témoigner, parce qu'il a fait partie, si brièvement certes, mais si concrètement, de ceux que j'ai côtoyés et qui se sont retrouvés dans une plaquette, sur une scène et devant un public venu pour l'aimer dans une salle dont j'étais le directeur.

Il a traversé tous les âges, de la midinette au jeune branché électro, de la mère de famille à l'esthète cultivé, réussissant l'exploit, malgré quelques éclipses, de toujours renaître de ses cendres pour coller à cette époque qu'il interprétait si génialement par des notes de musique ! Curieux de tout, il savait tendre la main à des jeunes (n'est-ce pas Mathilde Cabezas ?), porter un regard profond, s'entourer de grands paroliers, aller jusqu'au bout d'une note de musique même si sa voix avait perdu un peu de sa superbe avec l'âge !

Petite anecdote : il existait, à côté de chez moi, à La Bocca, un restaurant de pâtes, familial, où l'on se retrouvait entre amis autour de Marie di Giuglio et de Sandro. Un couple devint de ses amis de rencontre que l'on prenait plaisir à revoir autour d'une "pasta à la Norma" succulente. Souvent leur fille les accompagnait, une Aline d'une trentaine d'années, et l'intimité aidant, ils nous avouèrent qu'ils l'avaient baptisée ainsi à cause de Christophe et de cette Aline qu'il cherchait partout en criant.

Or, le jeudi 23 septembre 2010, dans le cadre des Concerts de Septembre qui lançaient ma saison, j'eus le plaisir de le présenter dans un double programme avec Jean Louis Murat. Ils réservèrent leur place dès l'ouverture de la billetterie, ne ratant jamais un de ses concerts... ils devaient en être à plus d'une vingtaine !

C'est avec leur fille que j'avais tout combiné. J'en avais parlé avec Christophe en allant le saluer et il avait souri en donnant son accord. A la fin du concert, sa fille prétextant de me voir, accompagnée d'un gardien dûment averti, les emmena dans le couloir des loges. Ils ne se doutaient de rien, même à ce moment, tant leur "Christophe" était un mythe inabordable ! 

Et quand Aline me fit chercher, j'ouvris en grand les portes de la loge de Christophe. Il les accueillit d'un large sourire, faisant la bise à "son" Aline, avant de saluer la mère et le père tétanisés. Depuis ces décennies à le suivre, il ne l'avait jamais rencontré de visu et je devins à jamais un Père Noël pour eux.

Je repense souvent à ce qu'ils ont ressenti, à la violence d'être devant son idole, lui serrer la main, oser lui dire deux mots, moi qui en avais tant approché de ces êtres de légende qui peuplent notre histoire. Le père n'en a pas dormi de toute la nuit, d'après Aline, et de ce jour, à chaque fois que nous nous retrouvions à la Pasta, il y allait de sa petite larme et d'une tournée à la santé de "son" Christophe !

Et je dois dire que mon estomac fragile n'a jamais regretté cette bonne action !

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Le grenier de la mémoire 9 bis : le retour de l'ethnologue du quotidien !

Publié le par Bernard Oheix

Et oui ! Le 31 mars, pour mon 9ème billet du Grenier de la Mémoire, cette étrange plongée dans les 50 ans d'archives qui envahissent non seulement mon grenier mais aussi mon cerveau habité des fantômes du Covidis, je vous avais parlé de Sylvie Gros, épouse Chappaz, ma copine d'enfance devenue photographe professionnelle et grenobloise amateur !

A la lecture de l'article, elle a beaucoup rit (enfin, c'est ce qu'elle m'a déclaré !) et décidé de répondre à mon "appel angoissé montant des nuits lointaines où le souffre brûlait " en me transmettant 4 photos parmi les milliers qu'elle a volées aux temps, sur tous les territoires d'une planète trop étroite pour sa volonté de capturer l'étrange !

Avouons que la qualité intrinsèque de la technique du blog ne permet pas de saisir l'extraordinaire richesse de ces photos !

Le grenier de la mémoire 9 bis : le retour de l'ethnologue du quotidien !

Niger 2010. Une course de chameaux. La ministre du tourisme m'avait commandé un reportage. Las, pendant mon séjour, un coup d'état abat le gouvernement, elle se retrouve terrée dans un hôtel à Agadez, ses collègues en prison à Niamey ! Et moi, j'ai un peu "galéré" pour mon retour !

Le grenier de la mémoire 9 bis : le retour de l'ethnologue du quotidien !

Catherine Destivelle dans sa première solo dans les Drus en 1990. Je suis dans l'hélico et nous allons bivouaquer avec toute l'équipe de tournage à la sortie de la voie ! Depuis, toute la face est tombée par la faute d'un permafrost qui se barre à cause du réchauffement climatique ! La montagne se délite !

Le grenier de la mémoire 9 bis : le retour de l'ethnologue du quotidien !

Fabrice Becker, champion de ballet (acroski) après les jeux d'Albertville. Malheureusement, ce sport n'est pas devenu olympique... mais vintage et mythique ! Et tous ces skieurs étaient des artistes plus que des sportifs !

Le grenier de la mémoire 9 bis : le retour de l'ethnologue du quotidien !

....Et enfin, juste pour narguer tes Corses et leur chants polyphoniques, les Peuls Wodaabés au Festival de l'Air, toujours au Niger. Magnifiques chanteurs, dragueurs invétérés, les filles se les arrachent !

 

Les commentaires sont bien sûr de l'auteur des photos !

Merci Sylvie de d'avoir su saisir la beauté cachée derrière l'apparence, même si en me gardant ton amitié, tu as prouvé que ton goût pour les belles choses n'était pas infaillible !

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Le grenier de la mémoire 17 : La Palestre e(s)t le Titanic !

Publié le par Bernard Oheix

"-Mon pti't gars, t'es vraiment trop payé et tu bosses pas assez" éructa Pierre Bachelet, pas le chanteur, l'autre, le Député Maire du Cannet, d'une voix rauque et graveleuse...

C'est le genre d'agressions que j'encaissais quotidiennement en me retenant au maximum de réagir, sur les conseils de Ressources et Valorisation qui me soutenait en me demandait de leur laisser le temps de dénouer la crise. Gérard Mathieu un jeune cadre intelligent de RV avec qui je m'entendais bien me poussait à m'accrocher en me prodiguant ses conseils. Il suivait mon dossier en subissant par ailleurs le caractère  imprévisible de cet atrabilaire convulsif... Comment la France des années 90 pouvait-elle encore donner du pouvoir à cette caricature d'un tyran petit bras, petit d'intelligence ? Comment pouvait-on voter pour un tel pantin ? La Démocratie décrit parfois des méandres surprenants !

A partir de Décembre 91 (on n'en était qu'à 3 mois de présence !), la tension monta à son zénith en une guerre de tranchées permanente. Refus de signer les factures pendant 15 jours d'affilée, refus  de me donner une signature sur un compte courant (je n'étais que le Directeur après tout !), refus d'accepter ma nomination comme conseiller (bénévole) à l'ADEM des Alpes Maritimes, refus de me laisser organiser la future inauguration en choisissant un intervenant extérieur grassement rétribué, refus de me laisser programmer sans son aval, (par exemple Guy Bedos et Noah non acceptés !)...

Mais c'est début janvier, au moment de l'arrivée de mon adjointe Sophie Dupont que tout c'est emballé ! Outre que le secrétaire-général de la Mairie la convoque sans m'en informer pour lui annoncer "-Qu'il y a un problème entre le Président (Le Maire) et le Directeur (moi)" et qu'il remette en cause son salaire en le rognant de 2000f alors qu'il avait été accepté en commission et par RV... Lequel secrétaire-général, véritable carpette, continuait à me présenter comme le secrétaire de La Palestre et non comme son directeur... me conseillant de ne pas irriter le Maire "-Car après, c'est tout le monde qui trinque...".

Ce qui mit le feu au poudre, c'est la réussite d'une négociation que je menais depuis plus d'un mois avec GSF. Ma mission consistait de trouver les moyens de faire tourner La Palestre sans argent public, que la Ville ne donnerait qu'une subvention minimum et qu'il fallait que je me débrouille pour trouver les financements de mon développement... C'était un challenge, et il était plutôt exaltant !

C'est à ce titre que j'obtins un accord de partenariat portant sur 3 ans de 500 000F (la 3ème tranche résiliable suivant la réussite des programmations et l'activité des 2 précédentes). En échange, une concession du marché nettoyage de 4 ans appuyée par un devis joint, le titre de sponsor officiel et une loge permanente. Un excellent deal qui me permettait enfin de construire une programmation et de m'orienter vers le démarchage de congrès.

Las ! Quand Pierre Bachelet apprit cette nouvelle, il devint fou furieux ! Il avait négocié en direct et sans m'en avertir avec une autre société et quand je lui rétorquais que la-dite entreprise avait été, comme les autres, sollicitée mais ne voulait pas d'un partenariat, il me répondit que je n'avais pas à me mêler de "ses" affaires en jetant le dossier par terre ! Cas classique d'un argent occulte qui allait atterrir sur un compte secret, bien à l'abri, et qui à défaut de permettre le développement de La Palestre, servirait à améliorer le quotidien de ses vieux jours !

Dans la foulée je reçus deux lettres :

Le grenier de la mémoire 17 : La Palestre e(s)t le Titanic !
A la réception de ces deux lettres, j'ai compris que ma mission au Cannet s'achevait et qu'il ne me restait plus qu'à démissionner avec, en plus, la culpabilité d'avoir entraîné Sophie Dupont dans cette galère !

A la réception de ces deux lettres, j'ai compris que ma mission au Cannet s'achevait et qu'il ne me restait plus qu'à démissionner avec, en plus, la culpabilité d'avoir entraîné Sophie Dupont dans cette galère !

Il y a parfois, dans la vie, des moments incroyables ! Le jour même où je comprenais que l'aventure Palestre s'achevait, je reçus un coup de fil de Françoise Léadouze, mon ancienne Adjointe à la Culture de Cannes, celle avec qui j'avais vraiment partagé un projet culturel ambitieux, avec qui je m'entendais à merveille et qui m'avait gardé son amitié en comprenant les raisons de mon départ : "-Bernard, les festivals se cassent la gueule, Pierre Jean n'est pas capable de gérer votre équipe, j'ai besoin de vous, est-ce que vous êtes d'accord pour revenir à Cannes ?".

Je jure que c'est vrai !

Et instantanément, sans réfléchir, je répondis :"-Françoise, je rêve de retravailler avec vous. C'est une catastrophe ici, un désastre, mais j'y mets 2 conditions : la première c'est que je revienne avec Sophie, je ne peux pas la laisser dans ce merdier, et la 2ème, c'est Mouillot qui ne m'a pas donné le poste et je veux être certain qu'il souhaite mon retour, dites-lui de me téléphoner pour me demander de revenir..."

Silence au bout du fil... "-Ok, Bernard, je transmets le message !".

Et là, en raccrochant, j'ai vu mon monde s'écrouler. J'imaginais le pire, je me mordais les lèvres de ne pas avoir accepté tout de suite la proposition, je me maudissais de mon inconscience, de cette fierté qui m'avait amené à exiger ce que je craignais impossible : demander à un maire comme Michel Mouillot de se dédire et de s'abaisser à me quémander de revenir ! J'étais fou... et surtout d'angoisse.

Les deux jours qui suivirent furent les plus longs, les plus interminables de toute mon existence ! Je n'ai pas beaucoup dormi. Et puis une sonnerie, et la voix chaude et chaleureuse de Michel Mouillot au bout du fil me disant "- Allez, Oheix, arrêtez vos conneries, la-haut ! Revenez à Cannes, on a besoin de vous ici. Je vous attends à mon bureau demain à 16h !"

Je crois que jamais de ma vie, je n'ai ressenti avec autant de violence, une bouffée d'adrénaline m'envahir comme en ce jour, en ce moment précis, en raccrochant un combiné qui venait de me délivrer de l'enfer dans lequel j'étais prisonnier !

Et c'est le sourire aux lèvres que j'ai pondu dans la foulée la lettre qui suit :

Je vous assure que la jubilation d'écrire cette lettre peut s'assimiler à un orgasme absolu !

Je vous assure que la jubilation d'écrire cette lettre peut s'assimiler à un orgasme absolu !

Le lendemain, un Michel Mouillot goguenard m'accueillit dans son bureau de la Mairie. Il m'annonça qu'il avait décidé de garder Pierre Jean à la Direction de l'Événementiel Fêtes de la SEMEC mais qu'il créait un Évènementiel Culturel dont je serai le Directeur au sein du Palais des Festivals !

Et c'est ainsi que, en refusant d'être un "animateur" sous les ordres de Pierre Jean, 6 mois après, je me retrouvais au poste que je voulais au départ, en ayant au passage, plus que doublé mon salaire !

PS : merci encore, après tant d'années, à Françoise Léadouze de m'avoir sauvé des affres de l'inconnu !

PPS : merci à Michel Mouillot d'avoir pris le Téléphone pour m'appeler !

PPPS : merci à Pierre Jean de n'avoir su prendre en main mon équipe et d'avoir échoué dans sa mission initiale !

PPPPS : merci aussi à Sophie Dupont qui m'a suivit dans cette aventure et ne m'a jamais lâché dans l'adversité !

Et pour la petite histoire, quand je me suis pointé au Palais des Festivals, la Directrice Générale de l'époque, Marie Pierre Colas, en me faisant signer mon contrat de travail, me déclara : "-Alors vous êtes ici parce que vous avez eu la tête de Pierre Jean, mais avec moi cela ne se passera pas comme ça, vous avez intérêt à marcher droit !". Bon, vu le personnage et ce que j'avais traversé, cela ne m'a pas inquiété outre mesure mais bonjour l'ambiance !

Quand à l'aboutissement de mon passage éphémère à La Palestre, ce n'est que quelques années après qu'il se conclut par la réception  d'un coup de fil à mon bureau du Palais des Festivals :

- Bonjour Monsieur, vous êtes Bernard Oheix, l'ancien Directeur de La Palestre...

-Moi-même...

-Ici la brigade financière de Nice. On aurait besoin de vous parler.

-A quel sujet ?

-Disons que l'on voudrait éclairer certains aspects de votre passage à la Soducan. Alors, si vous le souhaitez, on peut le faire discrètement, vous venez à la Caserne Auvare sur Nice pour une discussion amicale, sinon, on sera obligé d'employer des moyens, disons, plus officiels... Et au passage, amenez tous les documents que vous jugez indispensables pour justifier de vos missions et votre action pendant vos 6 mois de Direction...

Je me suis donc rendu à la Caserne Auvare avec une certaine angoisse, ce n'est pas tous les jours que l'on est convoqué par une brigade financière ! Mais j'avais tout conservé (pour preuve les documents présentés précédents !) et après 3 heures à donner un éclairage sur ma fonction, mes missions, les rendez-vous et les projets, ils m'ont libéré très cordialement et j'ai clôturé définitivement ce dossier... jusqu'à aujourd'hui où les conditions d'un confinement m'amène à dévoiler le dessous des cartes !

Quand à La Palestre, elle a vivoté quelques temps avant de sombrer dans un relatif anonymat. Elle n'est pas devenue cette salle incontournable de la Côte d'Azur ! Et le chantier de mes 40 ans, ce challenge d'une vie, il est mort-né, dans les éructations d'un cacochyme Pierre Bachelet que j'aurai par la suite, le plaisir d'inviter le 18 novembre 2000 au Palais des Festivals pour chanter "Au nord, y avait les corons".... Euh, pardon. Là, c'est le vrai Bachelet, l'artiste, qui chanta sur la scène ce soir là, pas le bateleur de foire qui m'avait pourri la vie pendant 5 mois et 28 jours sur les hauteurs du Cannet ! 

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Le grenier de la mémoire 16 : La palestre 1... l'Espoir !

Publié le par Bernard Oheix

A 40 ans, ma carrière s'était déroulée sur un rythme linéaire, 2 à 4 ans par poste (La Frayère, la MJC Bourg, La Belle Bleue, Les Campelières et l'OMACC). Réussissant globalement, à chaque fois, malgré l'échec de La Belle Bleue qui me permettait de garder la tête froide en me rappelant que je n'étais pas infaillible, loin s'en fallait !

C'est dans cette période d'euphorie que Michel Mouillot, le charismatique Maire de Cannes, sous la pression de la chambre régionale des comptes, en alerte depuis que "Jacques Médecin", le Maire de Nice, avait amené le détournement d'argent public par le biais des associations para-municipales jusqu'à une forme d'Art, décida de créer la SEMEC (Société d'Economie Mixte pour les Événements Cannois) afin de se conforter à leurs préconisations. 

Il s'agissait de fondre en une entité juridique offrant plus de transparence les 3 mastodontes associatifs que gérait la Ville : l'association Palais des Congrès, le Comité des Fêtes et l'Omacc. Dans ce nouveau système, l'argent public était utilisé sur un mode de gestion "privée" mais avec des contrôles très rigoureux. Un chantier colossal !

Si le Directeur-Général de l'ensemble ne pouvait que se rattacher à la gestion du Palais, le poste de Directeur de l'Évènementiel ne pouvait (me semblait-il !) que me revenir, vu que j'en étais l'adjoint et que René Corbier restait à la Direction des Affaires Culturelles (Orchestre de Cannes, Ecole Régionale d'Acteur, Bibliothèques et autres institutions de la ville...).

Las ! Michel Mouillot, avec qui, pourtant, j'avais d'excellentes relations, en décida autrement. Au printemps 1991, il annonça qu'il nommait Pierre Jean (le responsable du Comité des Fêtes) sur ce poste. Un coup de poignard auquel succéda une mise à mort quand le dit Pierre Jean  m'informa au cours d'un déjeuner "amical" que son adjoint serait Daniel Delesalle du Comité des Fêtes et que j'intégrerai la Direction de l'Evénementiel de la SEMEC comme animateur !

Pour la petite histoire, Pierre Jean était un ami du Maire, pianiste du groupe de jazz les "Haricots Rouges". Franc-Maçon, nommé au Comité des Fêtes depuis quelques mois, totalement incompétent dans ce métier d'organisation, même si c'était un homme très intéressant et cultivé dont j'étais l'ami et que je l'avais aidé dans ses premiers mois à faire une programmation d'été !

Quand à Daniel Delesalle, mon rival, ses limites faisaient que je n'imaginais pas qu'un jour il puisse être en concurrence avec moi et encore moins de me retrouver sous ses ordres !

Le paradoxe, c'est que si Pierre Jean m'avait attribué la Direction-Adjointe qui me revenait de droit, j'aurais accepté, même avec la rage au coeur ! Mais là, impossible de reculer... Et j'étais bien seul pour lutter à ce moment-là !

Je me devais de réagir !

 

Je me suis mis en campagne et très rapidement, j'ai trouvé un poste... Et quel poste ! Le challenge de mes 40 ans, l'objectif d'une vie. Je savais qu'au Cannet, une grande salle était en construction. Un montage complexe entre une municipalité qui concédait des terrains pour construire un ensemble résidentiel et qui en échange, se voyait offrir une salle polyvalente, sports spectacles et congrès, avec une gestion commune de l'établissement sous la forme d'une SEM (Société d'Economie Mixte !). Ultime paradoxe, je me retrouvais par le biais de Ressources et Valorisation, Directeur de la SEM qui gérait la plus grande salle en construction du Sud Est. Le Président de la SEM était le Député-Maire du Cannet, Pierre Bachelet, et je dois dire que le premier contact, l'entretien d'embauche avait été plutôt frais :"-Alors c'est Mouillot qui vous envoie pour m'espionner ? ".

Mais Ressources et Valorisation avait imposé leur choix. Et même un double choix puisque j'avais soumis ma candidature à la condition de venir avec mon adjointe, Sophie Dupont, celle dont je ne pouvais plus me séparer, professionnellement parlant !

Entre temps, j'avais demandé un rendez-vous à Michel Mouillot pour lui annoncer de vive voix mon départ. A mon entrée, il m'avait lancé "-Je sais, j'ai eu tort de ne pas vous nommer... Je le regrette ! ".

Puis on avais discuté amicalement de mon futur poste à la Palestre et il m'avait confié :"-Vous verrez, Bachelet est un incompétent, c'est un fou furieux, vous ne pourrez pas travailler avec lui. Sachez une chose, Bernard, ma porte vous restera toujours ouverte et si vous avez besoin de moi, je serai là !"

Et le 1er septembre 1991, j'intégrais mon "Graal" avec des bureaux situés temporairement à la Mairie du Cannet. La tête que j'ai fait le premier jour en découvrant sur la porte d'entrée une affiche appelant au rétablissement de la peine de mort ! 

 

Quand je suis arrivé, il n'y avait même pas le toit, un vrai chantier !

Quand je suis arrivé, il n'y avait même pas le toit, un vrai chantier !

Et je me suis attelé au travail, Sophie devant me rejoindre le 1er janvier 1992 même si nous avons tout partagé pendant ces 4 mois. Le premier (et seul !) problème que j'ai dû affronter était Pierre Bachelet. Un être abject, colérique, méprisant, fou à lier ! Je l'ai entendu dire en fin d'un repas qu'il arrosait trop, à une délégation du POP Bercy que j'avais amené dans l'objectif de réaliser des co-productions et des opérations croisées que : "-Finalement, Hitler, il n'avait pas fait que des mauvaises choses !". Imaginez la t

ête des émissaires de la plus grande salle parisienne à l'époque ! 

Chaque réunion hebdomadaire dégénérait en cris et hurlements (une partie m'appartenaient) et le secrétaire général de la Mairie est passé plusieurs fois pour me demander de ne pas énerver Monsieur le Maire et de me montrer plus souple !

Un jour, je lui ai apporté un parapheur avec des factures, branchement d'eau, raccord d'électricité, achats de sanitaires... Je me souviens encore de sa façon de prendre le parapheur et de le jeter en hurlant : "-Des factures, encore des factures et je ne vois jamais de recettes...". pour la petite histoire, la salle n'était pas ouverte et le toit à peine posé !

Malgré tout j'avançais, les plus gros tourneurs venaient visiter la salle pour signer des accords de partenariats vu que nous représentations la seule salle de cette gamme de 4000/5000 places dans la région.

Je commençais donc à bâtir une programmation jusqu'à m'entendre dire, à la proposition d'une soirée spectacle sport/culture (un match exhibition de Yannick Noah qui avait pris sa retraite de tennisman et un concert du jeune chanteur qu'il était devenu dans la foulée)..."- Yannick Noah, mais on va quand même pas faire un concert de nègres !".  Pour la petite histoire, c'est un projet que je reprendrai plus de 10 ans après aux Concerts des Hespérides avec une soirée Noah (match plus concert) et I Muvrini, une autre soir !

On était mi-décembre, et cela commençait à sentir sérieusement  le roussi ! Toutefois, pour le dénouement de mes aventures de La Palestre, il vous faudra attendre le prochain billet de ce blog !

C'est pendant cette visite, qu'un adjoint (pied-noir) du Maire me dit "- Mais pourquoi les murs en vert, cela me rappelle le drapeau de l'Algérie !"

C'est pendant cette visite, qu'un adjoint (pied-noir) du Maire me dit "- Mais pourquoi les murs en vert, cela me rappelle le drapeau de l'Algérie !"

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Le grenier de la mémoire 15 : un mec à l'OMACC

Publié le par Bernard Oheix

Septembre 1988. Je débarque à La Malmaison, siège de l'OMACC. Sur la Croisette, jouxtant l'ancien Palais des Festivals, une maison baroque sur 3 étages avec vue imprenable sur la rade et les iles de Lérins qui ferment l'horizon. En même temps que la Direction des Affaires Culturelles de la Ville, René Corbier assure la responsabilité de l'OMACC (Office Municipal de l'Action Culturelle et de la Communication). D'un côté le "public", de l'autre l'associatif, le "privé". Une double casquette bien dans le mélange des genres de cette époque où la démocratie a encore quelques progrès à faire, où les politiques se pensent au dessus des lois et intouchables, où la moralité fait cruellement défaut à la poignée de "quadragénaires" républicains qui secouent le cocotier, et pas seulement sous les feux de la Croisette !

On achève le premier mandat de François Mitterand, l'espoir et l'enthousiasme de son élection se sont éteints dans les feux de l'affairisme et des compromissions. La Côte d'Azur est un creuset de la lutte entre les tenants d'un héritage Gaulliste et la poussée d'une jeune droite dont un des leaders est François Léotard, le flamboyant maire de Fréjus. Les Carignon, Madelin, Noir et autres "jeunes" aiguisent leurs couteaux en prévision des élections municipales qui auront lieux dans quelques mois. 

A Cannes, Anne-Marie Dupuis fait partie de la vieille garde d'un Gaullisme à bout de souffle et son mandat s'achève dans l'immobilisme et le pathétique. Michel Mouillot, jeune et ambitieux ami de Léotard, est bien décidé à conquérir Cannes et à insuffler un sang nouveau à la Ville du Festival !

C'est dans cette période charnière que je m'installe au 1er étage. Le contact avec Corbier est excellent. Il prend la place symbolique d'un "grand frère" en me guidant dans mes premiers pas. Il me confie des cartons avec la mission de produire les "Actes du Colloque sur le Masque de Fer" qu'Alain Decaux venait d'assurer sur Cannes. Je vais me plonger avec délice dans la masse d'interventions et éditer un opuscule sur ce personnage de légende de l'Ile Sainte-Marguerite. Livre qui des années plus tard sera toujours en vente au syndicat du tourisme. Mais je ne vous dirai pas qui se cachait sous le masque. Pour cela, il faudra visionner l'excellent documentaire-fiction de mon ami Arnaud Gobin, "Les Prisonniers de l'Ile" où je campe St Mars, le geôlier du prisonnier le plus célèbre de Cannes ! Clin d'oeil de l'histoire !

Et dans le bruit et la fureur d'une campagne municipale électorale meurtrière où tous les coups sont permis, je prends possession de mon poste de Directeur-Adjoint. 

A l'époque, l'OMACC est une structure composée de bric et de broc avec un personnel hérité de l'histoire, plutôt âgé et peu performant. L'objectif de son Directeur est de la transformer en une machine de guerre pour la culture et l'animation, et ce d'autant plus, que l'arrivée imminente d'une nouvelle équipe laisse présager d'une refonte radicale de tout ce secteur.

Et c'est ce qui va se passer avec l'élection de Michel Mouillot et la nomination d'une Adjointe à la Culture Françoise Leadouze qui vont révolutionner la vie cannoise en cassant les vieux codes et en insufflant un sang nouveau à tout le secteur.

Cette aventure durera un peu plus de 3 saisons pour moi. Exaltante, riche... Nos réunions, le soir tard, cigarettes et verre de vin, avec Francoise et René, où nous reconstruisions, à défaut du monde, une structure en pleine évolution et dont les missions s'élargissaient. 

Préhistoire du Festival des Nuits Musicales du Suquet (les sièges étaient non-numérotés et la billetterie manuelle), Festival du Livre, Rencontres Cinématographiques de Cannes à leurs débuts, quelques programmations ponctuelles, travail dans les écoles et lycées pour drainer vers les salles les élèves, un gigantesque chantier s'amorçait et mon poste de numéro 2 me convenait parfaitement. J'étais libre, les coups, le rapport aux politiques, c'est René Corbier qui les prenait, et pendant ce temps je bâtissais une équipe en recrutant des Sophie Dupont, Florence Jacquot, Elisabeth Lara..., tout un bataillon féminin qui allait former ma garde prétorienne jusqu'à ma retraite 25 ans après ! J'organisais les manifestations, développais des projets, à la fois totalement intégré et électron libre, toujours dans la complicité avec mon directeur ! Des années bonheur, insouciantes !

Sur le Balcon, jeunes et beaux !

Sur le Balcon, jeunes et beaux !

Mais le moment de l'année que nous attendions tous, c'était le Festival Guitares Passions, une manifestation totalement improbable crée par Pierre Olivier Piccard dont nous assurions la production. Des stagiaires aux stars de la guitare dans tous les genres, des cours aux concerts, des jam's sessions la nuit dans des halls d'hôtel. Une folie qui débordait dans la ville et nous plaçait à l'épicentre d'un tourbillon musical !

C'est d'ailleurs en cette occasion que j'ai réussi un de mes plus beaux coups ! La Reconstitution de la Bataille de Nashville. Sur une idée de Marcel Dadi, fan de Chet Atkins, l'invité d'honneur, nous avions imaginé une reconstitution en habits d'époque sur les allées de la Liberté en front de mer, centre ville ! Il a fallut trouver des associations de "fans" pour jouer les armées (Une pour le Sud, une autre pour le Nord), des camions de terre  et des tracteurs pour aménager les tranchées, des bottes de paille... En ouverture, les hymnes des deux armées interprétés par Atkins et Dadi, en live et en même temps, et le public venu en masse qui n'en croyait pas ses yeux !

Le grenier de la mémoire 15 : un mec à l'OMACC
Le grenier de la mémoire 15 : un mec à l'OMACC

2 anecdotes : dans la bande de "frappadingues" qui ont débarqué de Belgique et de France, il fallait un bataillon nordiste d'éclaireurs indiens... lequel bataillon se réduisait à un seul "indien" par ailleurs. Cheveux nattés, teint cuivré, vêtu d'un pagne et d'un gilet de cuir à frange, il y croyait dur comme du fer à sa mission d'éclaireur. C'est sans doute à cause de cela, que la veille de la reconstitution, la police municipale m'a réveillé en pleine nuit pour me demander si l'énergumène qui se promenait à 2h du matin dans la rue d'Antilles, un immense coutelas à la taille, faisait bien parti de notre opération. Il a fallu que je me lève et que je le délivre des mains des "pandores" interloqués pour le ramener à son campement des allées de La Liberté où ils dormaient, le camp nordiste en face du camp sudiste ! Et le lendemain, en pleine action, il a grimpé sur un platane pour "éclairer" ses alliés sur les mouvements des troupes sudistes... lesquels avec force canons et mousquets ont déclenché une attaque foudroyante, l'isolant de son corps d'origine ! L'éclaireur Indien, bloqué sur sa branche à 5 m de hauteur et paniquant, qui jusqu'à là s'exprimait en borborygmes, se mit à hurler en bon Français, "-Laissez moi descendre, je veux descendre !" dans l'hilarité générale !

La 2ème porte en soi la preuve évidente que la victoire du Nord était inéluctable. Au lendemain de la reconstitution, après une nuit où sudistes et nordistes, touts camps confondus, avaient abondamment fêté leur victoire en ingérant des liquides ambrés, deux bus se pointèrent à 10h pour récupérer les "acteurs" à notre plus grande satisfaction pour les emmener loin de leur théâtre d'opération, dans leurs villes d'origine. A notre grande surprise, tous les nordistes, camp démonté, tentes rangées, malles alignées, attendaient sagement de monter dans leur bus... Pendant ce temps, un bordel innommable régnait chez les sudistes, certains dormaient encore, d'autres se baladaient, certains buvaient leur café,  dans la cohue indescriptible  de leur camp ! Comme quoi, parfois, l'uniforme fait la norme et l'homme rejoint l'histoire !

3 années intenses... qui vont s'achever dans une certaine confusion que je vous raconterai dans un prochain billet ! Une véritable aventure humaine dans une ville hors du commun. J'ai beaucoup appris pendant cette période. j'ai aussi pris confiance. J'ai gardé des ami(e)s pour la vie, Françoise Léadouze, René Corbier, j'ai constitué un fond d'équipe qui allait me suivre jusqu'au bout de la nuit, dont Sophie Dupont qui allait devenir mon adjointe pendant plus de 20 ans et mon âme soeur... elle me succèdera d'ailleurs à mon départ à la retraite.

J'y ai aussi gagné une certaine crédibilité et la certitude, au fond de moi, que je n'avais pas usurpé ma place et que j'étais bien là où je devais être !

Et que je méritais d'y être !

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Le grenier de la mémoire 14 : 1986 Au rebond des Campelières !

Publié le par Bernard Oheix

Je sortais d'une période folle où j'avais vécu à un rythme épuisant. Réunions, voyages, rapports, projets, j'avais tout tenté pour me fracasser sur l'écueil de la vente des contrats d'artistes... ce qui est un peu dommage, vu que c'était le fondement de La Belle Bleue !

Quand la fin fût officielle, un immense vide c'est emparé de moi. Mais "Que Faire ?" comme disait Lénine ! 

Je me suis retrouvé sur la liste des mutations de la FFMJC avec une compagne qui avait comme seul objectif de fuir La Belle Bleue pour rejoindre sa Méditerranée ! Sa "corsitude" avait repris le dessus ! J'ai donc refusé des postes intéressants dans des structures culturelles qui avaient ce petit inconvénient de se situer dans le Nord, les Vosges où même la Région Parisienne !

Jusqu'au coup de fil de la secrétaire de la Fédération (qui m'aimait bien !) m'annonçant que mes 3 refus d'affectation pouvaient entrainer une radiation d'office si je refusais la 4ème ! Or ma demande était claire, un poste en Provence-Alpes Côte d'Azur... région où il n'y en avait aucun de disponible !

Et là, Miracolo ! Jacques Médecin, maire sulfureux de Nice, ré-ouvrait un double poste de direction à la MJC Gorbella qu'il avait fermée quelques années auparavant à cause "des conciliabule putrides(sic)" qui s'y déroulaient ! Et j'en obtins officiellement un en compagnie, pour la petite histoire, de mon ami Jean-Pierre Carriau !

Sauf que par un subtil jeu de domino, une Directrice de la région, corse et amie de la présidente Corse de Gorbella, réussit à squatter un des 2 postes, ce qui me ravit car s'il y avait bien un lieu qui me faisait peur, c'était celui de Gorbella, la MJC de mes années étudiantes. J'y avais vu des films, fait des activités, de l'agit-prop, animé des débats et ne souhaitais surtout pas me confronter à ma ville natale dans ces conditions !

Et par un jeu de chaises musicales subtil, c'est à Mougins, à quelques kms de La Bocca où j'avais grandi, que j'ai été nommé  de nouveau Directeur d'une MJC !

Alléluia !

Ouvrir la porte de son bureau et savoir que son fauteuil serait là, aujourd'hui et demain encore, il ne faisait aucun doute ! Ce fut comme une libération et les nuages noirs qui rodaient alentour s'évanouirent d'un seul coup de baguette magique !

Il faut dire que cette MJC avait un profil totalement atypique, unique, particulièrement excitant. Un établissement modèle, où cohabitaient sur 3 communes (Le Cannet, Mougins et Mouans-Sartoux), un collège, une MJC, une piscine, une association d'handicapés. On y trouvait l'éducatif, la formation citoyenne, l'apprentissage artistique, l'entretien du corps, le handicap, et même le rapport à la politique ! Les activités pléthoriques, des responsables brillants (le Président Claude Lanza du CEC (Centre Educatif et Culturel), le principal Taix du Collège des Campelières) et une présidente de la MJC, Liliane Marco, qui deviendra au passage mon amie pour la vie !

Des adhérents en nombre, des activités passionnantes, (acrobaties, danse, gym...), un personnel d'animation impliqué et compétent (les Fodella, Anne Marie Sanguin, Sophie Rohmer, Pierre Vion...), rien de tel pour redonner la rage de vivre et de bosser ! Alors, j'ai enclenché la surmultipliée !

En quelques mois, j'ai enchaîné la création d'une salle de sports avec l'aide du Chantier des Jeunes de Cannes, la création d'une École de Cirque, une médaille d'or à La Rochelle, au championnat de France de danse amateur, rien de tout cela dont je ne sois totalement responsable, si ce n'est que j'étais de nouveau au bon endroit, au bon moment ! J'étais redevenu un animateur. Je savais accompagner les autres, ceux qui sur le terrain travaillaient depuis des années !

 

 

Assemblée Générale de la MJC costumée, juste avant une expédition au Carnaval de Venise ! Comment allier l'utile à l'agréable ! A droite, dans sa magnifique corolle la Présidente Liliane Marco à mes côtés, campé en colonel de l'animation !

Assemblée Générale de la MJC costumée, juste avant une expédition au Carnaval de Venise ! Comment allier l'utile à l'agréable ! A droite, dans sa magnifique corolle la Présidente Liliane Marco à mes côtés, campé en colonel de l'animation !

Et c'est en 1988 que j'ai réalisé un des plus beaux coups de ma carrière ! La première Nuit de la Palabre, et à l'époque, nous n'étions pas nombreux à imaginer que le verbe pouvait se mettre en spectacle ! C'était le tout début des ligues d'improvisation et des joutes oratoires. Un jury, des candidats, des thèmes à explorer (sérieux ou absurdes), des animations sur le thème de la parole (poésies, conteurs), deux présentateurs (dont moi !), un maître du temps avec gong, des pièges pour le public appelé à participer...) Le succès fut incroyable. J'ai d'ailleurs, à la demande Chantal Veuillet, mon ex-collaboratrice de la MJC de Bourg, repris 15 ans après, cette formule pour 3 éditions en Bresse à partir de 2013 (Les nuits de la Tchatche ) qui furent des "must" dont certains se souviennent encore ! J'avais d'ailleurs embarqué à cette occasion mes potes Nilda Fernandez et Vincent Absil comme présidents du Jury et ils poussèrent la chansonnette entre deux "rings de la parole" pour la plus grande satisfaction du public !

J'ai toujours sû parler, mais là, c'était pour la bonne cause, celle du "tout dire pour rien" !

Le grenier de la mémoire 14 : 1986 Au rebond des Campelières !
Le grenier de la mémoire 14 : 1986 Au rebond des Campelières !

Mais le temps passait trop vite. Un jour, René Corbier, le Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Cannes, ancien Directeur du CEC, dont les enfants fréquentaient la MJC, m'invita à déjeuner. Il me proposa de devenir son Directeur Adjoint de l'OMACC, l'Office de la Culture et de la Communication de Cannes. 

On ne peut résister à une telle proposition quand on a grandi à Cannes dans les HLM du Ranchito, que son père était sapeur-pompier, que l'ascenseur social m'avait propulsé dans les sphères de l'Animation et de la Culture et que l'on avait rêvé toute sa vie en passant devant les 24 marches du Palais des Festivals, temple de tous les désirs !

C'est à regret, pour cette équipe formidable des Campelières trop tôt quittée, que j'ai accepté sans hésitation, je dois l'avouer, la proposition de René Corbier ! Et je ne l'ai jamais regretté car outre d'avoir trouvé un ami (véritable alter-ego) en sa personne, j'ai mis le pied dans une formidable machine qui allait me porter vers  la Direction de l'Événementiel Culturel de la Ville où j'avais grandi en faisant mes premières armes !

Le grenier de la mémoire 14 : 1986 Au rebond des Campelières !

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Le grenier de la mémoire 13 : pause 2 en forme de faire-part !

Publié le par Bernard Oheix

Il fut une époque où les naissances se multipliaient comme des petits pains dans mon entourage avec la nécessité, à chaque fois, de devoir sanctifier le bout de chou qui pointait son nez de quelques mots bien sentis, histoire de montrer que l'on était pas indifférent à l'arrivée du Divin Enfant !

En voici deux exemples :

Je ne suis pas certain que la belle et coquine Esther se rappelle de ce mot mais je vous assure qu'à voir la tête de la maman et du papa, cette missive de bienvenue les a touchés profondément !

Je ne suis pas certain que la belle et coquine Esther se rappelle de ce mot mais je vous assure qu'à voir la tête de la maman et du papa, cette missive de bienvenue les a touchés profondément !

Transmis à mon Président pour la naissance de son fils....

Transmis à mon Président pour la naissance de son fils....

On aimait bien jouer au ping-pong tous les 2 : il avait le style et la vivacité, on s'est parfois bien divertis à échanger des phrases !

On aimait bien jouer au ping-pong tous les 2 : il avait le style et la vivacité, on s'est parfois bien divertis à échanger des phrases !

Mais avouons-le... Les décès ont pris le pas sur les naissances...privilège de l'âge assurément ! Et si trouver un style pour parler d'un bambin vagissant est quelque chose, cela en est une autre de devoir parler à un ami que la mort foudroie, à quelqu'un avec qui on a partagé la vie et qui est touché au coeur de son être ! Il n'y a pas de recettes, juste la tentative désespérée de chasser les nuages par un coup de baguette magique... ce qui n'arrive jamais !

Les parents d'Elodie avaient créé une adresse mail au nom de leur fille et demandaient qu'on lui adresse un mot ! Angoissant mais qui peut juger de leur tentative de la faire exister malgré tout encore quelques heures !

Les parents d'Elodie avaient créé une adresse mail au nom de leur fille et demandaient qu'on lui adresse un mot ! Angoissant mais qui peut juger de leur tentative de la faire exister malgré tout encore quelques heures !

Une copine de Fac, son frère et sa mère dévastés, et des mots vides pour tenter de combler la douleur si présente

Charly,

Il n'est pas toujours facile d'exprimer par des mots la réalité de la tristesse, du chagrin, l'expression d'une profonde injustice, le désarroi de la solitude que provoque le départ de l'être aimé.

Alors parfois, les écrits sont bien inutiles. Mais comment dire à celle qui est partie qu'elle nous manque ? Comment dire à son frère, à sa mère, à toute sa famille que l'absence est partagée, que les liens qui ont existé restent intacts ?

Elle a fait partie de nos vies, elle est encore en nous, elle y restera.

Quelques sourires, de grands yeux qui interrogeaient la vie, des moments gravés qui émergent parce qu'elle a fait ce grand saut définitif dans l'inconnu.

C'est cela notre Betty. Même si le temps était passé, que la distance s'était installée entre nous, elle est un morceau de notre histoire, une belle page de cette histoire où nous avons partagés des repas, des espoirs, de la colère... et surtout des rêves !

Alors à toi qui reste notre Charly, par delà le temps, parce que tu nous relies à notre jeunesse, à la beauté de la vie, même si l'âge accomplit son oeuvre et nous rapproche tous ensemble de ces frontières mystérieuses qui voient s'évanouir tant de nos êtres chers, qui nous rapprochent aussi de nos propres peurs...

A toi, nous disons des mots d'amitié pour celle qui ne pourra plus les recevoir. A toi, à ta maman, à son mari et à tous ceux qui l'ont connue et aimée et qui, aujourd'hui doivent trouver la force de vivre avec son souvenir.

Bises de Bernard et Thérèse

 

Voilà... Il y en aurait beaucoup d'autres à exhumer, le scribe de service appelé à la rescousse chaque fois par l'équipe de l'Evènementiel ou les aléas de la vie, ayant tout conservé dans des cartons d'archives accumulées depuis un demi siècle ! Mais la douleur est intime et la joie paradoxalement difficile à partager ! Et puis ceux qui ont reçu ces mots ont imaginé quelques fractions de temps qu'ils étaient uniques...Et ils le resteront parce que ces bouteilles à la mer ne sont que la prolongation des sentiments, des émerveillements et des terreurs, de l'incertitude de la vie et de la permanence de la mort !

Et en ces temps de pandémie, il n'est pas inutile de se rappeler la fragilité de nos certitudes !

Mais on ne peut pas terminer sans une note d'espoir... alors voici ce mail transmis le 31 juillet 2007 à mon Président David Lisnard, à ma Directrice Générale Martine Giuliani et à mon équipe ! En hommage à un cinéaste, quelques mots à défaut d'images !

Le grenier de la mémoire 13 : pause 2 en forme de faire-part !

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