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voyages

Cartes postales de la France !

Publié le par Bernard Oheix

Mon tour de France 2016

 

 

L’autoroute du soleil, pour entamer notre tour de France 2016, avec Aix en Provence à l’horizon et la plongée sur Avignon. Petite halte dans un restaurant sur une placette ombragée de la vieille ville, entre deux cloitres, comme en miroir d’un Festival de Théâtre où, Là, c’est de la Musique, tente d’exister aux flancs du grand frère consacré, axé sur les musiques du monde et dirigé par Annie Rosenblatt et Sabine Chatel, deux productrices de choc, deux amies aux passions entières. Après Nîmes et des sardines grillées en déjeuner, dans le jardin de mon frère, direction le bord de mer, pour Aigues-Mortes et ses remparts crénelés, Le Grau du Roi et une côte magnifique, entre l’eau et la mer, sous les embruns, jusqu’à Sète dominant son bassin de Thau. Ses huitres en un rituel obligé du côté de la petite Swan, ma nièce au regard de braise !!

De Meze à Gruissan, toujours par la Côte pour ces cabanes sur pilotis qui ont perdu de leur lustre en gommant leurs couleurs. Etrange cette uniformité de marron et de gris quand tant de couleurs vives nous inviteraient aux rêves ! Rencontre avec Michel, poète pécheur, l’homme qui lit la mer, en une passionnante plongée dans les fonds marins et dans les trésors de l’âme humaine. Le cimetière marin qui mène à la chapelle, la tour qui surplombe l’étang, les salines d’un blanc immaculé !

l'étang de Gruissan, au soir tombant

l'étang de Gruissan, au soir tombant

Autoroute jusqu’à Castelnaudary puis chemins de campagne du sud-ouest, Pamiers, St Girons, St Gaudens, petites villes d’une géographie du rugby de province, campagne superbe, vallons ombragés, douceur d’une France qui renvoie au passé !

Et enfin, l’arrivée sur Hossegor et CapBreton, deux villes siamoises qu’un chenal sépare mais qui s’entrecroisent en un lacis de maisons pimpantes les pieds dans l’eau.

La plage immense que des dunes protègent s’ouvre sur l’océan et ses vagues à surfer... et justement, en plus de la petite Lise qui nous attend, le Championnat du Monde de Surf a attiré la grande foule d’arrière saison.

Ce ne sont que jeunes au look de vieux loups de mer qui auraient bu un élixir de jouvence. Cheveux longs, lunettes de soleil, bermudas, teint hâlé avec planche au côté... Une faune sympathique où même les vieux semblent jeunes ! Un écran géant permet d’assister aux exploits de la crème des surfeurs venus du monde entier pour en découdre avec des rouleaux et improviser une danse avec les vagues. 

Les maisons abritées par les dunes sont blanches avec des encorbellements rouges. On y goute une arrière saison de soleil et de détente, les commerçants sont accueillants et le plateau de fruits de mer à un prix défiant toute concurrence.

Cela sent si bon les vacances !

La plage de CapBreton, avec l'Espagne en horizon !

La plage de CapBreton, avec l'Espagne en horizon !

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Le billet de Marrakech

Publié le par Bernard Oheix

Les grandes villes possèdent d’étranges signatures. A Bangkok c’est la rumeur sourde et les chants du matin qui vous éveillent, (un coq, les muezzins, un bruissement de l’air particulier...). A Cuba, le regard est transpercé par les couleurs vives qui tranchent sur le sombre des murs de guingois et le sel qui ronge la matière. New-York brasse et rugit, Buenos Aires est moite et sa nuit tangue d’humeurs langoureuses.

A Marrakech, la signature est olfactive. Elle s’impose dans toutes les nuances et domine une impression du ressentir. La terre dégage des volutes chargées d’humus, les jardins innombrables sont chargés de fleurs d’oranger, et partout, il y a comme une trace d’épices, aux portes de l’Orient... le safran, le cumin, la coriandre, sur tous les étals, dans les plats chauds servis sur la place Jamaa El Fna, flottant dans l’air pour mieux vous inviter au dépaysement.

Marrakech, tant de clichés sur ce refuge des nantis, alors que la ville s’offre sans détours, comme une invitation vers un peuple d’hommes et de femmes affables, le sourire aux lèvres, gentillesse réelle et non feinte saupoudrée d’humour et de fatalisme. Même les négociations se font dans la légèreté et sans cette tension perceptible dans nombres pays où les souks dégorgent d’objets dans les couleurs de l’arc en ciel !

A Marrakech, le touriste ne pourra jamais avoir son compteur aux taxis (seul le Marrakchi y accèdera), mais vous apprendrez vite les tarifs et les marges de négociations (de 50 à 30 dirhams, de 5 à 3 €), et vous pourrez circuler de la Médina à Gueliz, de jour comme de nuit, sans que jamais les conducteurs se départissent d’un franc sourire et d’une réflexion bien sentie assortie de rires. Il n’y a jamais de sentiment d’insécurité dans cette ville, de jour comme de nuit, dans les quartiers huppés comme dans les ruelles défoncées des recoins plus éloignés, la peur de l’autre ne s’invite pas !

La place Jamaa El Fna reste cette immense agora ou les musiciens et les charmeurs de serpents attirent les touristes contre quelques piécettes. Malheur à celui qui prend une photo, elles sont bien libres de droits... mais impliquent un paiement à la source. Les singes en laisse se grattent d’un air triste au milieu des étals d’épices et de jus d’orange. Les grands bars «coloniaux» bordent cette place gigantesque et si d’aventure, la nuit, dans la fumée des feux de bois et le bruit des orchestres, vous vous sentez de vous assoir sur les bancs rustiques, vous y mangerez une délicieuse soupe marocaine et plongerez dans la nuit des temps.

La Koutoubia se dresse comme un phare de prières. Nul immeuble ne peut la dépasser, ce qui limite à 5 étage les habitations et permet à la cité de rester à taille humaine, balcons et terrasses comme des parures chargées de passants. Un déjeuner à la Terrasse des épices dans le nord du souk par un soleil qui éclaire la ville, un barbier sans âge au sourire charmeur qui vous «encrème» avant de passer le fil de son rasoir sur vos joues, un thé chaud et sucré en compagnie d’un lettré, homme de qualité, descendant de la famille du prophète et responsable du culte «Soufi», qui vous demande de l’aide comme si vous étiez d’importance pour un acte qui en a...

Marrakech où je n’ai pas rencontré DSK et autres édiles du microcosme parisien, mais de jeunes italiens heureux, des suissesses belles et curieuses, des touristes comme vous et moi, heureux de partager et de rêver, de sentir la vie nous porter vers un demain où le Maroc sera toujours ce pays fragile, au bord de la pauvreté, mais campé sur des valeurs et une volonté de s’en sortir qui force l’admiration et le respect !

C’est cela mon Marrakech à moi, un 4/4 avec un jeune couple cultivé et attachant pour une ballade vers les rives du lac de Lalla Takerkoust qui retient les eaux des sommets de l’Atlas enneigés qui dominent la plaine, une future maman au regard noir, libre et obstinée, décidée à vivre ce Maroc où tout encore est possible, de la tradition à la modernité.

Marrakech, un nom qui chante l’espoir et résonne de toutes les réalités actuelles, de la misère à la richesse, du Magreb à la France, du passé à l’avenir... dans le sourire et le chant d’un rire à retenir la peur de l’autre !

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Vignettes du Sud Ouest

Publié le par Bernard Oheix

Mon mois de juillet fut particulièrement dur et éreintant. Deux semaines chez nos cousins Québécois pour aider à mettre sur pied avec une belle (mais si débordante d’énergie !) équipe d’organisation d’un Mondial des Jeux qui semble décoller enfin, puis sans coupure, une semaine à errer sur sur les remparts des Nuits Musicales du Suquet dont le crû 2015 restera dans les annales de la musique classique cannoise...(Cf. mes deux derniers articles du blog). Il était sans doute temps pour mon corps fatigué de quitter la moiteur des journées étouffantes de la Côte d’Azur pour l’air vivifiant des montagnes pyrénéennes. Direction Font Romeu donc pour un stage de remise en forme bienvenu !

Imaginez-vous allongé dans une cuvette de pierres naturelles creusée sur les pentes d’une montagne dominant les hauts plateaux, le nez dans des effluves d’oeufs pourris, la peau rougissant sous les 41° de température d’une eau jaillissant directement des entrailles de la terre ! Bienvenue

aux termes des Bains Romains de Dorres accrochés tout en haut des sommets, vers les étoiles, à ciel ouvert ! Ils savaient vivre nos ancêtres !

Et si le temps menaçant vous oblige à vous rapatriez sur Llio, alors les jets d’eau continus de bains bouillonnants vous malaxent et triturent sans égards jusqu’à expirer de bonheur !

Cette région offre des possibilités infinies de découvertes et de ballades. Marches vers le lac de Bouillousse avec les télésièges qui vous montent au pied des montagnes, canyoning dans une rivière chaude avec rappel dans des cascades...

L’escalade des 844 marches qui grimpent au fort de Villefranche sur Conflans fut un grand moment de solitude à l’inverse de la visite de ce fort érigé par Vauban (mais combien en a-t-il fortifié de ces bastions chargés de protéger nos vallées, nos ports et nos villes ? Combien de vies a-t-il eu pour pouvoir armer nos innombrables confins ?).

Le village relié par un escalier souterrain au fortin qui la domine, barre la route de la vallée stratégique qui serpente au pied du Mont Canigou. Prouesse architecturale, il semble préservé du temps, admirablement conservé, patrimoine mis en valeur. La prison des empoisonneuses, les canons sur affuts, les pierres mêmes qui nous parlent du passé... Tout cela pour une seule bataille, un seul engagement contre les espagnols ! Tant d’efforts pour si peu de bruits et de fureurs !

Direction Toulouse, la ville rouge si bien nommée ! Circuit en bateau sur le canal de Brienne et la Garonne, petit train qui serpente dans le centre historique, L’église de la Vierge Noire, la salle du Capitole... la totale du touriste heureux !

Petit détour champêtre du côté de Marmande pour une halte chez Myriam et rendez-vous à Rodez pour le Musée Soulages qui vient d’ouvrir. Choc ! Syndrome de Florence (cette perte de conscience due à un choc esthétique violent décrite par Stendhal), toute une palette d’émotions brutes !

Des cubes de fer qui semblent émerger de la terre au sommet d’une colline sur les contreforts de la ville, un parc et une plongée dans les entrailles de l’univers d’un peintre qui jongla avec deux couleurs et inventa un arc en ciel en noir et blanc.

Je n’étais pas un grand spécialiste de son oeuvre, loin s’en faut ! Je connais si peu de choses en arts plastiques...mais comment ne pas être secoué par ce qu’il propose, par cette incroyable richesse d’un art en deux couleurs et trois mouvements. Simplicité extrême des traits, richesse incroyable de son oeuvre mutant sous nos yeux, au gré de la lumière, du mouvement, comme si elle ne s’appartenait pas mais vivait dans nos yeux, dans notre coeur !

Le Musée Soulages, un temple dédié à l’intelligence et au génie, dans sa ville natale, avec sa cathédrale orgueilleuse dominant les vallées, son centre ville tortueux et son restaurant

de l’Aubrac servant un ris de veau à l’aligot achevant de vous transporter définitivement vers un paradis terrestre !!!

On ne pouvait alors échapper à la visite de l’Abbaye de Conques, halte des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle, dont les innombrables vitraux ont été réalisés dans les années 80 par Soulages. Dans ce village niché dans des collines verdoyantes, sorti tout droit du moyen-âge, ruelles pavées tortueuses, maisons en pierres de taille, le temps n’a plus de prise, échappe à la logique et aux cartes postales. C’est le génie de l’homme s’exprimant, c’est un condensé de l’histoire humaine dans un site riche de la passion et de la ferveur du penseur et du bâtisseur. L’église domine les maisons alentours regroupées sous sa protection et ses flèches élancées déchirent le ciel. D’immenses ouvertures trouent les façades du bâtiment. Soulages, si loin des poncifs et des clichés des vitraux traditionnels, a inséré des volutes abstraites, lignes courbes dessinant des motifs sur un fond de verre translucide spécialement inventé par le peintre ! Génie du contraste !

Il ne restait alors qu’à se rendre dans l’Aveyron pour trois jours d’une halte dans le havre reposant d’un petit village de la France profonde ! Comme elle est belle cette France quand elle échappe à la réalité et aux convulsions d’un monde qui a perdu son âme et laisse les passions humaines, le goût de l’accumulation, les financiers et les politiques, la haine et le racisme, l’exploitation et la misère trôner au centre de

ses préoccupations !

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Dernier opus sur l'Argentine...

Publié le par Bernard Oheix

Le voyage se termine donc avec Bariloche en point de mire avant de plonger vers Buenos Aires. Bariloche, petite cité pimpante, station de sports d'hiver au bord d'un lac. Ville de tourisme et destination des étudiants qui viennent fêter leur diplôme dans un séjour initiatique où l'alcool coule à flots. La ville est coincée entre les montagnes alentours et le lac et les parcs qui s'étalent au coeur d'une nature dominée par les volcans si proches et les cendres semées par les éruptions répétées. La nature luxuriante donne des couleurs à la vie.

Après avoir pris une nacelle qui grimpe au sommet du téléphérique, un paysage à couper le souffle... La nature libérée !

Après avoir pris une nacelle qui grimpe au sommet du téléphérique, un paysage à couper le souffle... La nature libérée !

1500 km en bus plus loin, c'est le retour à Buenos Aires, avec une expérience que l'on ne pouvait envisager de rater. Une soirée dans le mythique temple du football où Maradona, l'enfant terrible du peuple entama sa marche vers sa propre déification. 55 000 personnes en train de chanter et de supporter leur équipe dans une ambiance de communion festive. Pas de violence, des chants qui montent dans l'azur, une liesse populaire que pas même la défaite ne pouvait entacher ! La passion football, on sait enfin ce que cela recouvre après avoir participer à cette fête des fous dans la "Bomboniera" de Buenos Aires.

Le Delta du Tigre. un territoire immense, Venise champêtre où l'eau et la terre sont unies pour le meilleur ! Des bateaux sillonnent des centaines de canaux serpentant entre des milliers d'îlots habités...

Le Delta du Tigre. un territoire immense, Venise champêtre où l'eau et la terre sont unies pour le meilleur ! Des bateaux sillonnent des centaines de canaux serpentant entre des milliers d'îlots habités...

Et ce voyage si long mais si intense, ces 6 semaines en Amérique du Sud, ne pouvait se terminer que par une dernière soirée dans une milonga authentique. Matias, notre guide, entre ses bras langoureux, fera danser les filles et leur ouvrira les portes d'une sensualité à fleur de peau. Juste avant le retour sur nos terres, comme pour laisser une trace et donner le désir de comprendre un peu mieux ce peuple qui souffre tant, se protège en permanence de ses propres démons, ces coups d'état sanglant qui défigurent son histoire, ces guerres fratricides, cette gestion catastrophique d'une économie délabrée, tous ces nuages qui défigurent l'avenir...mais n'en laissent pas moins les Argentins fatalistes, heureux de vivre et ne regardant ni le passé, ni l'avenir, juste le présent d'un pas glissé sur un parquet brillant, dans la chaleur de bras qui épousent les mouvements tendres d'un tango intemporel !

C'est cela l'Argentine, aussi !

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Chili en ébullition !

Publié le par Bernard Oheix

Après l'Argentine, par les cols enneigés, nous avons basculé vers Santiago de Chili, dans une ville en grève générale, administrations fermées, ordures dans les rues, avec une vie rythmée par les campagnes électorales et notamment, le dernier meeting de Michèle Bachelet auquel nous avons assisté avec délice. Il faut dire, que ce n'est pas tous les jours que nous pouvons écouter les Inti Illimani, Angel et Isabel Parra... Le grand jeu !

Il y avait un peu de notre jeunesse dans ces drapeaux rouges flottant au vent !

une "manif" au soleil, des chanteurs et une future présidente qui danse et chaloupe sur la scène ! On y était !

une "manif" au soleil, des chanteurs et une future présidente qui danse et chaloupe sur la scène ! On y était !

Valparaiso, une ville sans dessus dessous, myriades de maisons bricolées de couleurs vives accrochées aux pentes, enchevêtrement de ruelles targuées, de rues qui grimpent vers les collines pour fondre vers la baie où des tankers attendent de décharger. La ville est étrange, issue de strates qui se confondent et s'unissent, rebelle à toute mise en forme. C'est Valparaiso, tournée vers l'océan.

La chaleur étouffante et le bruit insupportable ne gâtent en rien les charmes désuets de cette improbable cité où tout est disjoint mais où le vent apporte des mystères exotiques pour adoucir les nuits chaudes où les lumières scintillent.

L'île Chiloé, une imbrication d'eau et de terre dans une réserve naturelle ! Cité lacustre avec des églises de bois classées au Patrimoine de l'Humanité.

L'île Chiloé, une imbrication d'eau et de terre dans une réserve naturelle ! Cité lacustre avec des églises de bois classées au Patrimoine de l'Humanité.

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Retour vers Salta

Publié le par Bernard Oheix

Quelques journées dans cette région immense qui commence à Salta pour aller jusqu'en Bolivie par la Quebrada de Humahuaca au nord et franchit par l'ouest les hauts cols andins pour plonger vers le Chili.

Dans cette région frontière, l'histoire parle au présent. Rudes tribus indiennes à la culture sophistiquée, combattants redoutables qui tinrent longtemps en échec les envahisseurs Incas, puis les hordes de colons Espagnols, vagues d'immigrants, melting-pot de populations accrochées aux contreforts des Andes...

Le groupe au complet, 7 français dans le "trip", sous le soleil aveuglant de "la grande salinas" à plus de 3000 m. Des milliers d'hectare couverts d'une couche blanche de sel.

Le groupe au complet, 7 français dans le "trip", sous le soleil aveuglant de "la grande salinas" à plus de 3000 m. Des milliers d'hectare couverts d'une couche blanche de sel.

Retour vers Salta

Le frisson de l'altitude. A près de 4200 m, presque la hauteur du Mont-Blanc, l'air est tonique, frais, presque diaphane. Pour résister au mal des montagnes qui n'est pas un mythe à ces hauteurs, l'indispensable "acculico", une boule de feuilles de coca achetée sur les étals fruits et primeurs du village indien, que nous faisons macérer pendant des heures coincée entre les lèvres et la mâchoire. Une recette efficace, personne ne sera malade.

Retour vers Salta

Sur près de 100 km, brinquebalés dans une camionnette grinçante, nous allons parcourir les pistes de terre de la "puna"Argentine, un "altiplano" situé entre 3500 et 4000 m d'altitude, avant d'arriver à San Antonio de las Cobras, une petite ville minière grillée par le soleil.

Pendant ces heures passés à traverser une terre désertique, des animaux surgissent du néant, des ânes à cocardes

La fierté Indienne... Dans le petit village de Humahuaca, au sommet d'un grand escalier, près de l'agora centrale et de l'église, la statue d'un chef indien victorieux qui pardonne à ses ennemis !

La fierté Indienne... Dans le petit village de Humahuaca, au sommet d'un grand escalier, près de l'agora centrale et de l'église, la statue d'un chef indien victorieux qui pardonne à ses ennemis !

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Vous avez dit des vacances !

Publié le par Bernard Oheix

26 000 km en avion pour une trentaine d'heures d'inconfort, pliés en 4 au fond de l'airbus, ingurgitant une série de films stupides et attendant un sommeil qui ne vient jamais...

150 heures de bus à parcourir 9500 km sur les routes de l'Uruguay, de l'Argentine et du Chili, dont 5 nuits complètes à regarder le noir... mais un coucher de soleil sublime sur la pampa noyée d'eau avant d'arriver à Salta, une lumière rose  semblant sourdre de la terre pour se fondre dans le ciel azur, et une descente vertigineuse après Cafayate, juste avant d'arriver à Tucuman, le cadre magique des sommets des Andes en fond de rétine... Et ajoutons que les "super camas" ont un certain confort et que le sommeil au bout de quelques heures de tangage vous vient presque naturellement !

Une poignée d'heures de trains, dans les banlieues de Buenos Aires ou sur les chemins d'Iguazu...enfin de ce qui reste des trains dans ce continent où ils ont été gommés du paysage !

Quelques heures de bateau vers Colonia ou dans la baie de Valparaiso...

4mn pour danser un tango !

Et une centaine d'heures à marcher, grimper, déambuler, s'arracher de la pesanteur terrestre, visiter des musées, découvrir des sites, escalader des chemins arrides, parcourir des lieux de rêve et se gorger de beauté !  

Le Caminito, un quartier "exotique" de Buenos Aires où se mélange touristes et "Portenos", un délicieux frisson !

Le Caminito, un quartier "exotique" de Buenos Aires où se mélange touristes et "Portenos", un délicieux frisson !

Des moments forts, il y en eu... beaucoup ! On peut citer les fabuleuses chutes d'Iguazu, plus d'une centaine de cataractes, sous un climat tropical, au milieu des animaux (singes, iguanes, tapirs), des nuages de papillons qui volètent... avec cette "Garganta del Diablo", un immense trou dans la nappe d'eau, où se déversent des masses vertigineuses d'une eau tumultueuse qui gronde et vous empoigne aux tréfonds de vos émotions les plus primitives.

Un site grandiose, des émotions qui vous emportent dans l'ailleurs, Iguazu à jamais !

Un site grandiose, des émotions qui vous emportent dans l'ailleurs, Iguazu à jamais !

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Dernier Tango à Buenos Aires.

Publié le par Bernard Oheix

Le taxi jaune et noir fonce dans la nuit de Buenos Aires. Il nous a accepté et nous nous y sommes entassés à 5. Le conducteur dégage une forte odeur de lotion après rasage et il a un beau visage brun en lame de couteau. Il n’est supporter, ni du Boca juniors, ni du River Plate mais joue au golf. Il monte le son d’une station de radio qui diffuse de la musique américaine et appuie sur l’accélérateur. Les grandes avenues défilent, bordées de tours lumineuses et d’enseignes gigantesques qui trouent la nuit. Dans la perspective de l’avenue, l’obélisque gigantesque de l’avenue de Mayo projette un faisceau lumineux dans le ciel où flotte un nuage gris. Sur un kakemono, s’étalent les lettres «El amor san nada», sans doute un message lancé aux «portenos» pour défier la morosité d’un temps de troubles et d’incertitudes. C’‘est peut-être la première fois que je ressens avec violence l’attirance de cette ville si étrange qu’elle ne se laisse point aborder avec facilité. Il faut sans doute mériter Buenos Aires et pour ce faire, abandonner ses certitudes !

Avouons que depuis notre retour de Bariloche et cette 5ème nuit dans un bus, dans l’impatience malgré tout de notre retour en France, la Capitale Fédérale a mis le paquet pour nous séduire !

Une chaleur intense, délicieuse, forte, ultime rafale avant de retrouver les frimas européens de l’hiver, nous y attendait. Mon amie Marie Laure, en stage longue durée de tango, nous avait trouvé des chambres au Grand Hôtel d’Espagne dans le centre, à deux pas de la Casa Rosada, prix négocié à 8€ par personne défiant toute concurrence.

Mon autre ami Argentin, l’artificier Gaston Gallo de la firme Jupiter, vainqueur de la Vestale d’Argent des Feux d’Artifices de Cannes, de Las Vegas où il se trouvait pour une convention, nous avait organisé une sortie mémorable à la «Bombonera» avec son fils Nico pour un match explosif entre le Boca Juniors et les Old Boys, titre possible en jeu !

Incroyable sensation de puissance, quand, pénétrant dans l’enceinte bondée, les chants de 50 000 personnes montent vers le ciel, ricochent dans l’arène, donne un volume sonore d’une beauté sauvage au stade qui sombre dans la nuit. Incroyable match, où le Boca, perdant 2-0, les supporters jusqu’à la fin, soutinrent malgré tout leur équipe, encourageant leurs joueurs sans faiblir par des chants mélodieux et puissants... Et au coup de sifflet final, pendant 5 minutes, tout le stade chantera à gorge déployée malgré la défaite. Comme si dans cette passion folle du football, au fond, les «socios» acceptaient l’échec et n’en voulaient pas à leurs joueurs. Comme si, devant la victoire plus que tout désirée, on en acceptait pas moins la défaite... Comme si on avait compris que le sport est un jeu de passions extrêmes, mais n’en reste pas moins qu’un jeu !

Le lendemain, départ pour le delta du Tigre. Imaginez une Venise champêtre, grande comme la moitié des Pays-Bas, des centaines de «rio» confluants pour dessiner une carte torturée où l’eau et la terre se confondent, s’entremêlent, où les frontières entre le liquide et le solide sont si ténues que parfois, on ne les discerne plus !

C’est cela le «Tigre», dans un bateau de bois au moteur ronflant, filant au niveau de l’eau chargée de terre ferrugineuse, entre les pieux des embarcadères, les jardins verts luxuriants et les maisons montées sur pilotis, de la plus luxueuse des résidences à la cabane de pêcheurs rudimentaire. C’est un univers totalement inversé, deux fleuves immenses, l’uruguay et le Parana s’unissant pour former le Rio de Plata en domptant la terre et imposer un monde aquatique, remettre l’humain dans son élément originel et adapter la vie à ce courant qui transcende la nature.

Et de retour dans la soirée, virée avec Marie-Laure et Mathias, son Argentin de coeur et partenaire de danse, dans le Buenos Aires «by night», pour une «Milonga» authentique, dans un quartier périphérique, une salle rococo au charme désuet. Mathias, beau et ténébreux danseur gominé pour l’occasion, tout de noir vêtu, pantalon à rayures fines et chemise à parement pâle, invitera chacune des filles du groupe pour une initiation au tango dans ses bras accueillants. Maître Mathias, professeur en Tango, au français délicieusement pointu, saura démontrer toute la force, l’énergie et la sensualité de cette danse. Il ouvrira aussi les esprits à une culture de l’Argentine contrastée, entre l’espoir et le désespoir, entre le rêve et le cauchemar d’un grand pays qui ne sait comment prendre le virage de la modernité et de l’affirmation de soi mais n’en demeure pas moins d’une énergie et d’une force à couper le souffle !

Et puis ce retour dans la nuit, le taxi qui fonce avec un Buenos Aires tout droit sorti d’un film de Won Kar Waï, avec ses brumes sirupeuses et ses arêtes tranchantes d’immeubles entre l’ancien et le moderne, ses grands carrefours ouverts et le clair obscur qui découpe l’espace.

Il reste une poignées d’heures encore et l’avion du retour nous ramènera dans ses flancs avec, dans nos bagages, l’étrange certitude d’avoir côtoyé un monde de beauté, de magie, un territoire à l’histoire d’une incroyable richesse, des lieux somptueux, les traces encore récentes de drames humains insoutenables, des dictatures contemporaines féroces de militaires aux mains sanglantes aux luttes interminables entre les indiens et les colons des siècles derniers, la face pas toujours connue d’une grande histoire de l’homme dans cette terre perdue des antipodes.

L’Argentine au coeur toujours et encore !

PS : Et pour terminer le séjour, un orage s’abat sur Buenos Aires, nous trempe sur le chemin du Billard 36, un club où nous allons manger, sur les conseils de Mathias, un excellent «bife de chorizo» en écoutant un orchestre et en regardant deux danseurs évoluer...sur des airs de Tango !

Un orage violent, comme pour nous rappeler que nous devons partir, retrouver nos marques. réintégrer notre territoire. Mais on gardera un peu de cette Argentine au fond de nous, comme un trésor !

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Via Bariloche...

Publié le par Bernard Oheix

Pour arriver à San Carlos de Bariloche, franchir la frontière Chilienne, (quelques heures seulement de bus au départ de Puerto Montt), traverser un parc national recouvert de cendres volcaniques donnant un air lunaire au paysage, observer les arbres noirs déchiquetés dressant leurs branches torturées vers le ciel, contourner une myriade de lacs, côtoyer les neiges sur les sommets alentours, parcourir le versant Est du parc verdoyant troué de masses jaunes de genêts en fleurs et plonger vers le lac Nafel Huapi où San Carlos de Bariloche vous attend adossée aux montagnes qui la cernent.

Rupture totale avec l’Argentine que nous parcourons depuis des semaines. Car Bariloche est la station à la mode des Argentins. Ils y viennent de mai à septembre pour y skier et le reste de la saison pour les activités nature, les randonnées pédestres et les circuits VTT.

Une des particularités de Bariloche est qu’elle est devenue l’endroit à la mode pour les étudiants qui ont réussi leur diplôme et viennent fêter en groupe leur promotion.

Disons-le, Bariloche sent l’argent, les rues sont propres, les magasins offrent un panel des «marques» internationales, les restaurants resplendissent et dégoulinent de lumières, et la beauté est la norme de chaque coin et recoin de la ville ! Il y a un air de parenté avec toutes nos stations alpines, la Suisse et l’Autriche... Il y a même un peu de Cannes dans cette ville de la Patagonie du Nord Ouest.

Les villas alentours, superbes constructions semi enterrées dans la végétation aux volumes modernes ou chalets érigés sur des pics avec de vastes baies vitrées offrant une vue imprenable, s’étirent tout au long des rives du lac Nafel Huapi qui abrite une des plus grandes réserves de l’Amérique du Sud.

Car Bariloche est le centre d’une région fascinante, préservée de toute atteinte de la modernité, le coeur d’un territoire immense dédié à la nature. A 1500 kms de Buenos Aires, isolée par une pampa sauvage où règne le désert humain et le vide de monts vallonnés, ouvert sur la Patagonie qui plonge vers la fin des Terres Australes, adossée à la frontière naturelle des Andes, la région, découverte tardivement, peuplée par des colons aventuriers, a très rapidement intégré la notion de préservation d’un site unique et d’un patrimoine de tout le pays.

Du téléphérique de Los Cumbre, le Cerro Otto qui grimpe au dessus de la ville, on peut découvrir un lac gigantesque à l’eau turquoise serpenter entre les montagnes, du Chili au levant, parsemé d’îles comme des joyaux émeraudes, aux rives boisées couvertes d’essences exotiques et tachées de l’or des genêts. Le vent apporte l’air frais des montagnes et chasse les nuages, dégageant l’espace pour que la vue se perde bien au dessus des hommes, dans le vide qui remplit la nature sauvage de tout l’or du monde.

Le lendemain, sur le «Modeste Victoria», un cabin-cruiser de 1937 aux cuivres rutilants, nous partirons à la découverte du parc, sur las Isla della Victoria, un circuit pédestre qui nous permet de longer la Playa de Toro (où je me suis baigné, dans l’immaculé des neiges qui se reflétaient en miroir d’une eau glacée !), de voir des peintures rupestres et de marcher à l’ombre de séquoias centenaires sous une canopée flamboyante. Une deuxième île accueillant le Parque Nacional Arrayanes abrite des arbres aux troncs orangés torturés, enchevêtrement de branches, de lianes et de feuilles qui nous coupent du monde et font remonter les temps passés, quand l’homme n’était encore qu’une hypothèse au sein d’un monde en train de se convulser !

Une heure de navigation en retour, accompagné par une nuée d’oiseaux plongeant dans l’eau à la recherche de leur nourriture, le drapeau argentin flottant dans le couchant...

C’est la nuit à Bariloche. Un restaurant où les peuples du monde se côtoient à manger une «goulash» en buvant un vin riche du Chili, une glace au chocolat (la grande spécialité de Bariloche importée par un chocolatier de Turin dans les années 30) et déjà le départ pour notre ultime étape, Buenos Aires comme des retrouvailles après 5 semaines à découvrir les trésors de l’Argentine et du Chili sans jamais ressentir l’usure de la passion.

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La mort du Cheval de Fer

Publié le par Bernard Oheix

Bariloche, la Ultima Station...Le petit restaurant d'une gare où nous mangeons en compagnie de Guillem, un brésilien fou qui sillonne l'Amèrique à vélo (voir son facebook : Roda Mundo). La dernière Station ! Et c'est bien vrai. La ligne Patagonique qui relie San Carlo de Bariloche à l'Océan Atlantique est la dernière en activité,...mais elle ne fonctionne que deux jours par semaine et malheureusement, les jours ne correspondent pas. Nous ne pourrons donc l'emprunter ! Hélas, le prix à payer est de 23 h de bus ! Mais que c'est-il donc passé avec les trains en Amérique du Sud pour en arriver là ?

Dans l’imagerie populaire, le rail est associé à la notion de progrès, il apporte la civilisation, les hommes se battent et luttent pour défricher les terres et poser ce chemin de fer qui relie les hommes et supprime les distances. Dans la conquête de l’Ouest, le chantier du rail est le symbole de l’avancée d’un monde de lois et d’une organisation sociale (même si on peut en discuter) ! C’est sur ces traverses que les juges, les commerces, les écoles peuvent s’ériger.

De 1850 à 1980 avec la naissance des Trains à Grande Vitesse, pendant plus d’un siècle, le train fut assimilé au progrès, au développement, à l’essor d’une société...mais c’était sans compter sur l’idéologie néolibérale !

En Argentine, c’est en 1948, sous le règne de Peron, que les chemins de fer sont nationalisés. Or, l’économie, coincée entre les période de dictature récurrentes et les intervalles démocratiques, la gabegie des uns et la surenchère des autres, une absence de cohérence et de vision à long terme, s’engagea dans les années 80 dans un cycle d’hyper-inflation et de crises violentes, perte de réserve et surendettement. Dans les années 90, Sous la présidence de Carlos Menem, la potion néolibérale fut appliquée avec son cocktail bien connu de dérégulations, privatisations et taille à la serpe dans les services publics.

Il faut dire, que l’entreprise Argentina Ferrocarils, ses 35 000 km de rail, ses 92 000 salariés, perdait plus d'1 milliard de $ US par an !

Sur le plan des transports, le résultat 20 ans après, est évident ! Le train a disparu et les innombrables bus qui sillonnent les routes argentines, croisent sans arrêts sur les bas-côtés des vestiges de rails abandonnés à la dégradation, à la rouille et à la désolation !

Et devant le désastre de cette privatisation, la route et le bus ont pris le relais. Noria de bus immenses, des immeubles roulants, se croisant sur les routes étroites, polluant, dégradant la nature, pour un profit immédiat...pendant que l’état continue de faire des routes, de les entretenir et de les agrandir !

Il y a dans cette disparition absolue des trains en Argentine, comme un symbole de cette société de la concurrence acharnée, du libéralisme à tout crin ! Les bus, leur inconfort, leur dangerosité, leur pollution, au service de quelques sociétés privées sont les grands vainqueurs de l’anarchie et du manque de cohérence de l’économie Argentine !

Et en attendant, nous passons des nuits entières à regarder le noir profond dans le ballotement des essieux et le grincement lancinant des roues qui mordent l’asphalte !

(Bon, là, j’exagère un peu, vu le confort des bus en «camas ejecutivo», inclinés en 160°... mais reconnaissons que sur le plan strict de l'écologie, y a mieux que cette horde de cars qui foncent dans le vide !)

Et ce qui s'est passé en Argentine, c'est dans quasiment tous les pays de l'Amérique du Sud que cela c'est produit ! Uruguay, Argentine, Paraguay, Chili, Brésil... où l'agonie du cheval de fer !

PS : un autre exemple de cette anarchie engendrée par la libéralisation des services publics sont les postes argentines. 2 officines se disputent le marché, (Correos, DHL). Chacune développant ses réseaux dans une certaine anarchie et une totale absence de lisibilité pour les touristes. Surtout, ne postez pas une lettre chez l’un avec les timbres de l’autre... celle-ci sera jetée dans un grand trou noir dont elle n’a aucune chance d’émerger !

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