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Chili...en paro !

Publié le par Bernard Oheix

Etrange journée que celle qui nous vit partir à 9h de l’hôtel de la belle et bourgeoise Argentine Mendoza pour après quelques Kms grimper à flancs de montagne, rejoindre les neiges encore présentes du Col du Cumbre avec son Christ Redempteur, à plus de 4200m d’altitude (le col ou la route, débat en cours !), un goulet étroit serpentant entre des falaises, un rio coulant au milieu, des herbages où pâturent encore quelques animaux et où même les cactus s’éclipsent devant l’air qui se raréfie et le rocher pelé qui monte vers les cimes majestueuses.

Quelques traces d’Incas, un hôtel en sentinelle, comme s’il fallait préserver une histoire si lointaine qu’elle ne peut plus interférer avec le présent.

Arrivés à la frontière après deux heures de route, dans un indescriptible imbroglio entre l’immigration Argentine et les douanes Chiliennes, parqués dans une aire majestueuse ceinturée de sommets enneigés, baladés entre des fonctionnaires qui ouvrent les bagages, font défiler des chiens renifleurs, apposent des tampons et font s’écouler le temps comme s’il n’existait plus ! Ubu aux Andes !

Plus de deux heures à piétiner, pour finalement entamer la descente vertigineuse vers Santiago, brutalement stoppée par des travaux avec de nouveau, l’attente encore et toujours...plus de 30mn, immobilisés dans une pente rocailleuse sous le soleil, enfermés dans le bus.

La plongée enfin vers la plaine avec des chevaux qui galopent dans les près verdoyants et des vignes qui se dressent et offrent leurs grappes au soleil. Le Chili, on y est !

Finalement, vers 20h30 on voit les faubourgs glauques de la capitale se dessiner, dans une chaleur étouffante. Déambulation dans l’avenue O’Higgins (Héros du Chili !) pour trouver un havre de paix, un peu d’argent aux distributeurs (pas de problème de change, ici), beaucoup d’espoir pour la nuit qui gagne !

Les trottoirs sont bondés, des étals de rien et de tout s’étalent à même le sol, des gens qui se croisent, les cris et hurlements d’une ville furieuse, l’odeur forte, la saleté s’affiche partout...on comprendra pourquoi le lendemain !

Hôtel Império, 1 *, petit, cher et propre. On est bien loin de l’Argentine et de son accueil, de ses prix...mais chut, il ne faut surtout pas comparer les deux pays ! Même s’il faut bien attester que tout semble cher à Santiago, des prix comparables avec ceux de la Côte d’Azur, cela fait cher le café imbuvable ! Comme on le vérifiera tout de suite, même respirer coûte cher à Santiago et se compte en billet qui n’est pas de singe !

150 000 pesos chiliens à la machine pour près de 200€...et les coupures de 50 000 à 20 000 pesos qui flambent dans la nuit. Comme ces «casinos» du pauvre autour du terminal routier où des machines à sous tournent sans fin actionnées par de pauvres hères toujours à la recherche d’un Eldorado introuvable. Les conquistadors sont bien morts à Santiago de Chile !

C’est la crise ! Grève (paro) générale des fonctionnaires (d’où les amoncellements d’immondices qui trainent sur les trottoirs) et défilés permanents, bannières au vent, tambourins et trompettes. Les travaux défigurent la Place de la Moneda où le coup d’état des militaires déclencha une des plus féroce répression de l’histoire du pays ! Emotion ! Nous l’avions vécu en direct à la télévision, jeunes adultes, et de voir ces lieux sous l’angle des manifestants, cordons de gendarmes vêtus comme des «robocops» canalisant les foules, la statue en ombre de Allende sur la place, avec un défilé de soldats montés sur des chevaux...choc violent d’un pays qui tentait de se libérer pour retomber sous la botte des militaires... Habitude sur ce continent où la démocratie s’échoue bien souvent sous les souliers ferrés des soldats !

Pas de traces d’un Musée Allende annoncé mais jamais trouvé, pas de traces de Pablo Neruda, le passé gommé et la vie chère comme unique préoccupation. Les Chiliens connaissent-ils le prix de l’oubli ?

La ville est dominée par les sommets couverts de neige qui culminent à 6000 m mais la chaleur est suffocante, plus de 35°, un air âcre qui brûle la gorge et étouffe les désirs.

Nous allons marcher, suivre des voies brûlantes, traverser des places, visiter des musées, une cathédrale remplie de fidèles sur la Place des Armées, observer des ruelles superbes où le Chili d’antan s’entraperçoit dans la forme baroque, les couleurs, les encorbellements de petites maisons colorées bordant des ruelles pavées...

Mais toujours la foule, le soleil et cette impression forte d’un monde entre deux équilibres, à la veille d’élections déterminantes, une perception étrange d’insécurité même dans le sourire des Chiliens qui tentent de faire illusion devant la complexité apparente de leur situation !

Voilà, ce soir, meeting de clôture de la campagne des présidentielles de Michele Bachelet avec une foule d'artistes Chiliens (dont les Para et les Inti Illimani historiques, et demain, nous irons à Valparaiso. Peut-être que l’air du large et les mâts des voiliers dans la rade nous donneront une vision encore plus positive du Chili... Et puis, ma soupe de crabes m’attend, et celle-là, je vais la goûter comme un don de ma jeunesse et des rêves d’ailleurs qui m’emportaient vers des horizons d’aventures et de mystères !

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A
Bonne soupe camarade ! <br /> Hardi ! les gars, vire au guindeau Good bye farewell
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