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Salta... avant !

Publié le par Bernard Oheix

On l’a fait ! Iguazu Salta... plus de 1500 km, 25 heures de bus ! Une expérience très enrichissante sur notre capacité à rester confinés dans une Flèche d’Or qui pour 60€, vous permet quasiment de traverser un continent en regardant filer le paysage uniforme, route droite sans virages, coucher de soleil fabuleux sur des prés inondés par une averse tropicale, la lumière rouge du soleil semblant surgir de la terre où des vaches impavides se paraient de carmin.

La nuit aussi, quand le noir envahit tout, les corps écroulés sur des sièges à 160°, en «Camas». Ils vous autorisent à dormir par césures, dans le ronflement incessant d’un moteur qui reste en arrière d’un cerveau qui se gélifie au fil des heures et des centaines de kms de pampas dévorés.

Salta pour deux jours de repos. Petite ville de 300 000 habitants à 1200 m d’altitude, ceinturée par des montagnes qui l’encerclent culminant à plus de 4000m. La population y est métissée, on perçoit le sang indien dans les traits des femmes, leur longue chevelure noire, les vêtements des hommes aux visages rudes brunis par le soleil. Au centre de la cité, une magnifique place coloniale qui semble tout droit sortie du du XVII siècle, où il fait bon traîner le soir, une cathédrale somptueuse riche de lumières et de dorures, les nefs regorgeant de cierges immenses en train de se consumer, des arcades ceinturent la place abritant un musée, l’hôtel de ville rococo et d’autres institutions préservées du temps et de la modernité.

Nous logeons dans le «petit hôtel» tenu par Sabine, une française qui est arrivée à Salta à l’âge de 4 ans dans les bagages de ses parents soixante-huitards, routards avant l’heure, ouvrant cette auberge en terre andine dans laquelle elle travaille depuis plus de trente ans accueillant toujours plus de touristes et nombre Français. Les chambres sont propres, confortables et donnent sur un patio où l’air chaud semble se mettre en suspend pour le confort de ses locataires. 10€ par personne et l’impression de vivre en dehors du temps.

Sabine vous parle de son Argentine, de sa région, avec des yeux qui brillent, l’envie d’offrir un peu de ce rêve dans laquelle ses parents l’ont plongée, sa double culture s’inclinant devant la magie de ce territoire ouvert sur des millénaires d’une histoire tragique.

Sabine est une belle rencontre, de celle qui vous donne l’envie de croire en l’autre, en l’échange, au partage des émotions...

Et comme s’il fallait en rajouter une dernière couche, dans la nuit tombante, une marche de la fierté LGBT en musique, nous permet d’assister au spectacle de femmes costumées, hommes travestis, corps dénudés, transexuels à poitrine flamboyante, paillettes et rires, Carnaval de Venise en version trash, tout cela dans le son des tambours et dans le cadre d’une avenue longeant le magnifique parc central. La modernité aussi, avez-vous dit ?

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