I Muvrini... encore et toujours !
Si j’en avais besoin, si je pensais (bien) connaître les Muvrini, si j’avais la certitude d’aimer ce groupe, le 28 février 2020 m’aura offert la preuve que rien n’est jamais acquis et qu’une surprise est toujours possible. Parfois, la réalité est bien au delà de l'espoir. Avouons-le, ce concert s’impose pour moi parmi les grands souvenirs d’une carrière qui m’a pourtant permis de découvrir tant d'artistes de légende. Archive, Bashung, Pete Doherty, Salif Keïta, Iggy Pop, Juliette Gréco, Bob Dylan, Cesaria Evora… J'en passe... Et désormais I Muvrini au zénith de leur talent ! C’est en état de « sidération » que je suis sorti de la salle, ivre de la beauté de ces notes qui chantent encore bien après qu’elles se soient évanouies, ébloui par les lumières de la vie, de la non-violence, du retour à des valeurs universelles de partage que dégagent leur 2h de concert !
C’était une des premières dates de cette tournée 2020 qui les mènera dans toutes les régions de France, en Belgique et en Hollande, de février à mai, pour reprendre en octobre. 60 dates qui préservent les mois d’été où ils écumeront leur terre, la Corse. Les mouflons ne vont pas chômer en cette année de coronavirus.
La configuration choisie est à la fois simple et sophistiquée. Jean François Bernardini en leader secondé par son frère Alain Bernardini en première voix, étoffé par deux chanteurs qui portent les choeurs et polyphonies, un batteur fin et précis, un guitariste multi instruments, une basse, chant et percussions, un clavier et une explosive cornemuse et flute. Des lumières fines qui cisèlent l’espace, un dispositif scénique avec une passerelle pour permettre aux choeurs d’hommes de dominer la scène et un son fin et puissant. Tout le professionnalisme accumulé en 4 décennies de carrière, dans le soin de collaborateurs qui ont saisi l’essence de ce qu’est un groupe entre la tradition et la modernité, entre la voix et l’instrument.
Leur show est structuré sur Portu in Core que vous devriez avoir acheté si vous avez lu mon dernier billet sur ce blog. Une dizaine de morceaux éblouissants (mais pourquoi avoir sucré ce Inno qui me bouleverse ?). Quelques titres majeurs à base de polyphonie viennent compléter l’ensemble pour plus de deux heures sans interruptions, juste la voix de Jean François qui parle entre les morceaux, introduit les thèmes et rappelle largement leur engagement à l’universalité, à la fraternité, à la terre et à la langue corse.
Le miracle, c’est qu’en parlant d’eux, ils parlent de nous ! En ces heures sombres où le bruit des rodomontades de dirigeants coupés de la vie assourdit les cris d’horreur d’hommes et de femmes jetés sur les routes de l’exil, où la terre se convulse dans les affres d’un équilibre perdu, où l’avidité des puissants crache sur les valeurs de partage et de solidarité, les Muvrini rappellent qu’un chant, qu’une mélodie peut faire renaître l’espoir et que l’humanité se cache dans les gestes du quotidien.
Alors oui, j’aime que la musique me parle au coeur et quand elle est jouée par des êtres qui savent aimer, alors je deviens « fan » et je me laisse porter par les complaintes et la beauté de deux heures qui échappent au temps.
Il y a de « l’alma », de l’âme, dans ce show et si vous avez la possibilité d’assister à une de leur prestation, d’Avignon au Havre, de La Rochelle à Lyon, de Marseille à Poitiers, alors vous vivrez un grand moment de beauté et de d’espoir !
Vive les Muvrini !