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Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Publié le par Bernard Oheix

Je sais que vous avez le temps, mais aurez-vous l'énergie d'aller jusqu'au bout de ce billet, à vous de voir !

J'ai longtemps été celui qui parlait à n'en plus finir, qui saoulait son entourage quoi ! Je me souviens encore de cette maitresse de l'école primaire (CP) de La Ferrage à Cannes qui m'avait collé un scotch sur les lèvres pour me punir de mes bavardages (Ah ! les vieilles méthodes !) et m'avait positionné pendant la récréation sur les escaliers de l'entrée de la salle avec tous les autres enfants qui défilaient en me montrant du doigt et en rigolant (sic) !

Par la suite, mai 68 et quelques amphis bien bondés, m'ont permis de cultiver ce talent des mots qui chantent, même si j'étais loin d'être un tribun reconnu parmi les zélotes de la révolution... plus par manque de fond que pour la forme d'ailleurs !

Par la suite, j'ai eu quelques heures de gloires naissantes, comme cette présentation au ciné club universitaire du Théâtre de Nice de Marat-Sade de Peter Brook (j'étais l'unique cinéphile de la région à l'avoir vu !) sous l'oeil de Jean A Gili mon maître vénéré où un exposé enlevé avec ma complice Sylvie Gros sur l'affrontement entre Trosky et Staline sous le regard légèrement goguenard de Max Gallo, un autre de mes maîtres, s'exclamant : "-Pour la forme, je vais vous mettre une excellente note, mais pour le fond, je vous rappelle qu'on est quand même en licence d'histoire et pas au théâtre ! "

Puis avec ce métier de bateleur, c'est la parole qui m' a pris à la gorge... informations, réunions, déclarations, présentations ont alimenté mon fond de commerce et  je suis devenu un bon client des médias, animateur radio occasionnel et interviewé récurent des télévisions et des journaux (locaux...quoique !).

La parole acquise, je suis alors devenu celui qui pondait des discours, lisais des hommages et que l'on venait chercher pour sanctionner un anniversaire (uniquement les chiffres ronds en 0 ou 5 !), les événements hors du commun, mariages, enterrements, et tout autre plaisanterie de la vie sociale.

Une de mes heures de gloire fut en 1989, sur la scène du théâtre de Morges en Suisse. A l'époque, Directeur adjoint de l'Office de la Culture de Cannes, un projet de jumelage de festivals avait eu lieu entre Performance d'acteur dirigé par l'inénarrable Jean-Pierre Carriau et le Festival suisse de Morges sous rire...

Au match aller à Cannes, le Maire de Morges avait fait un discours enlevé, plein d'humour...suisse ! L'élue de la Culture cannoise m'avait mandaté pour la représenter au match retour... ce que je fis, je crois avec un certain talent et un brio non moins certain !

Pour preuve :

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !
Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Quand Monik eut ses 60 ans, c'est vers moi que ses ami(e)s se tournèrent pour lui rendre un hommage (mérité) ! Normal, la routine dans ce Palais des Festivals qui avait appris à me connaître, où plutôt, reconnu ce sens inné de la phrase juste et de la formule choc qui me caractérisaient ! Et voilà le produit fini :

Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !
Le grenier de la mémoire 6 : Le discoureur !

Et je vais finir par l'hommage à mon pote Hervé, trop tôt parti, un des premiers de notre bande à atteindre la cinquantaine et un des premiers à s'être éclipsé. Dans cette grande fête dans une ferme au milieu des champs, nous étions encore presque jeunes et l'alcool coulait à flot. Mon heure de gloire attendait. Je ne les ai pas déçus et quelques uns se souviennent encore de mon discours ! 

Anniversaire d’Hervé

 

 

Déjà tout petit, à l’époque où tes cousines venaient te tâter le robinet, tu fis preuve d’indépendance en les repoussant à coup de talons rageurs. Avouons-le, ce fut bien la seule période de ta vie ou tu repoussas les filles.

C’est par un problème de mathématique que tu entras dans la vie, où la question posée portait sur le débit de ton robinet inversement proportionnel aux fuites dudit !

Par la suite, tes cousines comprirent que ce n’était absolument pas un robinet et investirent cette portion de ton anatomie de vertus plus musicales.

Faut dire, tu avais tout du pipeau en grandissant.

Confirmons pourtant qu’elles n’ont jamais réussi à tirer un son de ta flute enchantée malgré une embouchure parfaitement adaptée. Etait-ce du à leur jeune âge, leur manque d’expérience, leurs appareils dentaires ou à un vice de fabrication de ton instrument, l’avenir allait répondre à cette question.

Les riffs rageurs qu’elles tentaient de produire n’eurent d’autre effet que de transformer ton saxophone en flute traversière. Et même je dois l’avouer après leurs confidences, en bazooka qui mystérieusement se mit à cracher quelques flammes (ou plutôt quelques flammèches) par un jour de grand vent à l’âge de 12 ans !

Le résultat fut immédiat. Elles émigrèrent dans la cour du voisin pour jouer à la marelle, jeu nettement plus érotique, te laissant seul et obligé de prendre ton destin à 2 mains mais dès aujourd’hui !

 

S’ensuivit une période trouble où les quelques poils qui surgissaient sous ton menton se noyaient dans une forêt de bubons juvéniles. Gros à souhait, tu t’efforçais de les percer, nu devant ta glace de la salle de bain, bandant comme un salopard pensant au prof de mathématiques, qui bien qu’ayant de la moustache, était la seule femme qui te montrait sa culotte quand elle décroisait ses jambes sous le bureau pendant que tu ramassais ta gomme !

 

La dimension de ton érotisme commençait à effrayer ta maman…mais attirait ses copines. C’est dans les bras de sa meilleure amie, femme du vice-consul et sous un bananier des tropiques que tu conçus pour la 1ère fois le principe fondamental de l’exacte géométrie qui fait que le chemin le plus court entre deux sexes différents correspond à la longueur de la bite en érection multiplié par le carré de son excitation.

Cette loi naturelle que tu réinventas avec tant d’aisance, il a fallu que tu l’explores sous toutes les ceintures. Après avoir visité l’ensemble du panel des rombières qui copinaient ta maman chérie en attendant leur tour, tu t’es décidé à affronter le monde extérieur.

 

Commence alors cette période de ta vie que l’on nomma « la période rose ».

 

Des positions les plus classiques dont tu te « missionas » aux situations les plus complexes dont tu sus tirer la quintessence de l’acte viril, rien n’était trop beau pour ton imagination fertile, si ce n’est justement la fertilité de ta semence qui provoqua, selon la rumeur, un nombre conséquent de petits bébés blonds ayant un grain de beauté sur la fesse gauche.

Pas un ascenseur, les cabinets d’une « micheline », la selle d’un mobylette ou les greniers et caves qui ne se souviennent avec émotion du petit Hervé, hissant son mètre cinquante sur les monts satinés de ses juvéniles conquêtes !

De cette période très touffue, l’histoire garde un certain nombre de reliques dont le magnifique « drap souillé » qui est exposé à Beaubourg sous le nom de « L’enfer de la concupiscence »

Mais cette période folle touchait à sa fin et les contractions de l’histoire allaient désormais remplacer les contractions vaginales, les lendemains qui chantent succéder aux matins blêmes, et de prétorien de l’épicurisme, tu allais de transformer en janissaire de la révolution.

 

C’est le début de ta période rouge.

On trouve peu de documents sur cette période de ta vie car le secret est bien gardé. Quelques seuls initiés et privilégiés ont pu accéder au fond secret de la Bibliothèque Nationale. Il fait nul doute que dans le futur, à leur prescription, les caisses d’archives livreront aux historiens un éclairage précieux sur cette période qui court de 1968 à 1970.

On sait seulement que par amour pour la révolution, tu épousas une belle espagnole aux castagnettes de feu, vivant dans une semi-clandestinité et te dévouant corps et âme (pas assez corps d’après certaines confidences) afin de soigner les plaies d’un peuple malade.

 

Tu aurais pu devenir une Mère Teresa de l’action syndicale ou un Abbé Pierre des sans parties (ces parties que tu délaissais par trop selon ton goût) mais qui te permirent de faire 2 beaux enfants, 2 petits érotomanes déjà, qui commencèrent leur apprentissage de la vie avec leur cousine par une histoire de robinet qui fuit, ce qui montre que la vie n’est qu’un éternel recommencement.

Pourtant cette fin de décennie fut dure. Révolutionnaire reconverti dans l’action syndicale, tu entamais ce qui allait devenir « les années de souffre ».

 

Trouvant une nouvelle partenaire pour affronter ce moment décisif de ta vie, partagé entre l’annonce des stigmates de la vieillesse et ta volonté de rattraper une jeunesse envolée, en Bonnie and Clyde des plaisirs charnels, tu retrouvas grâce à elle, un allant insoupçonnable dans les années 80.

 

Je tairai au nom de la morale certains épisodes de cette période tout en soulignant la complaisance que tu affectais à te montrer nu, des journées entières, du côté de Barcaggio en Corse, fréquentant l’intelligentsia en offrant le spectacle d’une recherche effrontée du plaisir dans les dunes de sable avec tes lunes, en compagnie de Pierre Clémenti ou d’autres célèbres ex-révolutionnaires comme Bernard Oheix.

Tes spermatozoïdes vieillissants, leurs queues vitriolantes flageolantes, une ultime fois, bandèrent leur énergie pour atteindre un ovule qui paraissait par là.

 

C’est le début de la dernière période, « L’offrande à Nina ».

Tu avais tout connu. De tes premiers enfants tu ne tirais (outre que leurs copines) qu’une grande fierté de les voir si beaux, si grands, si bien membrés. La vie t’avait tout donné, même un dernier challenge, élever ta fille Nina plus longtemps que le « papet » qui te laissait la place et t’envoyait un message par delà le temps : résiste Hervé à l’usure. Cache tes blessures, ne courbe pas le dos, mets des couches confiance, change les pneus de ta petite voiture et comme un phare dans la tempête, permet nous de nous repérer.

 

Nous avons besoin de ta lumière, toi, tu pourras encore longtemps regarder nos ébats, disséquer nos femmes, nos maitresses, nos filles… on te permettra même de les toucher un peu si tu es sage !

 

Mais vit encore longtemps pour que l’on puisse trouver notre chemin, en s’aidant de ton bâton de maréchal qui fit ta force et nous donne le rythme pour affronter l’an 2000.

 

Bon 50ème anniversaire Hervé.

A Hervé qui doit bien rire de ce Coronavirus, et à tous ceux qui l'ont connu et se souviennent d'un être de lumière !

A Hervé qui doit bien rire de ce Coronavirus, et à tous ceux qui l'ont connu et se souviennent d'un être de lumière !

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