Le grenier de la mémoire 13 : pause 2 en forme de faire-part !
Il fut une époque où les naissances se multipliaient comme des petits pains dans mon entourage avec la nécessité, à chaque fois, de devoir sanctifier le bout de chou qui pointait son nez de quelques mots bien sentis, histoire de montrer que l'on était pas indifférent à l'arrivée du Divin Enfant !
En voici deux exemples :
Je ne suis pas certain que la belle et coquine Esther se rappelle de ce mot mais je vous assure qu'à voir la tête de la maman et du papa, cette missive de bienvenue les a touchés profondément !
On aimait bien jouer au ping-pong tous les 2 : il avait le style et la vivacité, on s'est parfois bien divertis à échanger des phrases !
Mais avouons-le... Les décès ont pris le pas sur les naissances...privilège de l'âge assurément ! Et si trouver un style pour parler d'un bambin vagissant est quelque chose, cela en est une autre de devoir parler à un ami que la mort foudroie, à quelqu'un avec qui on a partagé la vie et qui est touché au coeur de son être ! Il n'y a pas de recettes, juste la tentative désespérée de chasser les nuages par un coup de baguette magique... ce qui n'arrive jamais !
Les parents d'Elodie avaient créé une adresse mail au nom de leur fille et demandaient qu'on lui adresse un mot ! Angoissant mais qui peut juger de leur tentative de la faire exister malgré tout encore quelques heures !
Une copine de Fac, son frère et sa mère dévastés, et des mots vides pour tenter de combler la douleur si présente
Charly,
Il n'est pas toujours facile d'exprimer par des mots la réalité de la tristesse, du chagrin, l'expression d'une profonde injustice, le désarroi de la solitude que provoque le départ de l'être aimé.
Alors parfois, les écrits sont bien inutiles. Mais comment dire à celle qui est partie qu'elle nous manque ? Comment dire à son frère, à sa mère, à toute sa famille que l'absence est partagée, que les liens qui ont existé restent intacts ?
Elle a fait partie de nos vies, elle est encore en nous, elle y restera.
Quelques sourires, de grands yeux qui interrogeaient la vie, des moments gravés qui émergent parce qu'elle a fait ce grand saut définitif dans l'inconnu.
C'est cela notre Betty. Même si le temps était passé, que la distance s'était installée entre nous, elle est un morceau de notre histoire, une belle page de cette histoire où nous avons partagés des repas, des espoirs, de la colère... et surtout des rêves !
Alors à toi qui reste notre Charly, par delà le temps, parce que tu nous relies à notre jeunesse, à la beauté de la vie, même si l'âge accomplit son oeuvre et nous rapproche tous ensemble de ces frontières mystérieuses qui voient s'évanouir tant de nos êtres chers, qui nous rapprochent aussi de nos propres peurs...
A toi, nous disons des mots d'amitié pour celle qui ne pourra plus les recevoir. A toi, à ta maman, à son mari et à tous ceux qui l'ont connue et aimée et qui, aujourd'hui doivent trouver la force de vivre avec son souvenir.
Bises de Bernard et Thérèse
Voilà... Il y en aurait beaucoup d'autres à exhumer, le scribe de service appelé à la rescousse chaque fois par l'équipe de l'Evènementiel ou les aléas de la vie, ayant tout conservé dans des cartons d'archives accumulées depuis un demi siècle ! Mais la douleur est intime et la joie paradoxalement difficile à partager ! Et puis ceux qui ont reçu ces mots ont imaginé quelques fractions de temps qu'ils étaient uniques...Et ils le resteront parce que ces bouteilles à la mer ne sont que la prolongation des sentiments, des émerveillements et des terreurs, de l'incertitude de la vie et de la permanence de la mort !
Et en ces temps de pandémie, il n'est pas inutile de se rappeler la fragilité de nos certitudes !
Mais on ne peut pas terminer sans une note d'espoir... alors voici ce mail transmis le 31 juillet 2007 à mon Président David Lisnard, à ma Directrice Générale Martine Giuliani et à mon équipe ! En hommage à un cinéaste, quelques mots à défaut d'images !