Le grenier de la mémoire 14 : 1986 Au rebond des Campelières !
Je sortais d'une période folle où j'avais vécu à un rythme épuisant. Réunions, voyages, rapports, projets, j'avais tout tenté pour me fracasser sur l'écueil de la vente des contrats d'artistes... ce qui est un peu dommage, vu que c'était le fondement de La Belle Bleue !
Quand la fin fût officielle, un immense vide c'est emparé de moi. Mais "Que Faire ?" comme disait Lénine !
Je me suis retrouvé sur la liste des mutations de la FFMJC avec une compagne qui avait comme seul objectif de fuir La Belle Bleue pour rejoindre sa Méditerranée ! Sa "corsitude" avait repris le dessus ! J'ai donc refusé des postes intéressants dans des structures culturelles qui avaient ce petit inconvénient de se situer dans le Nord, les Vosges où même la Région Parisienne !
Jusqu'au coup de fil de la secrétaire de la Fédération (qui m'aimait bien !) m'annonçant que mes 3 refus d'affectation pouvaient entrainer une radiation d'office si je refusais la 4ème ! Or ma demande était claire, un poste en Provence-Alpes Côte d'Azur... région où il n'y en avait aucun de disponible !
Et là, Miracolo ! Jacques Médecin, maire sulfureux de Nice, ré-ouvrait un double poste de direction à la MJC Gorbella qu'il avait fermée quelques années auparavant à cause "des conciliabule putrides(sic)" qui s'y déroulaient ! Et j'en obtins officiellement un en compagnie, pour la petite histoire, de mon ami Jean-Pierre Carriau !
Sauf que par un subtil jeu de domino, une Directrice de la région, corse et amie de la présidente Corse de Gorbella, réussit à squatter un des 2 postes, ce qui me ravit car s'il y avait bien un lieu qui me faisait peur, c'était celui de Gorbella, la MJC de mes années étudiantes. J'y avais vu des films, fait des activités, de l'agit-prop, animé des débats et ne souhaitais surtout pas me confronter à ma ville natale dans ces conditions !
Et par un jeu de chaises musicales subtil, c'est à Mougins, à quelques kms de La Bocca où j'avais grandi, que j'ai été nommé de nouveau Directeur d'une MJC !
Alléluia !
Ouvrir la porte de son bureau et savoir que son fauteuil serait là, aujourd'hui et demain encore, il ne faisait aucun doute ! Ce fut comme une libération et les nuages noirs qui rodaient alentour s'évanouirent d'un seul coup de baguette magique !
Il faut dire que cette MJC avait un profil totalement atypique, unique, particulièrement excitant. Un établissement modèle, où cohabitaient sur 3 communes (Le Cannet, Mougins et Mouans-Sartoux), un collège, une MJC, une piscine, une association d'handicapés. On y trouvait l'éducatif, la formation citoyenne, l'apprentissage artistique, l'entretien du corps, le handicap, et même le rapport à la politique ! Les activités pléthoriques, des responsables brillants (le Président Claude Lanza du CEC (Centre Educatif et Culturel), le principal Taix du Collège des Campelières) et une présidente de la MJC, Liliane Marco, qui deviendra au passage mon amie pour la vie !
Des adhérents en nombre, des activités passionnantes, (acrobaties, danse, gym...), un personnel d'animation impliqué et compétent (les Fodella, Anne Marie Sanguin, Sophie Rohmer, Pierre Vion...), rien de tel pour redonner la rage de vivre et de bosser ! Alors, j'ai enclenché la surmultipliée !
En quelques mois, j'ai enchaîné la création d'une salle de sports avec l'aide du Chantier des Jeunes de Cannes, la création d'une École de Cirque, une médaille d'or à La Rochelle, au championnat de France de danse amateur, rien de tout cela dont je ne sois totalement responsable, si ce n'est que j'étais de nouveau au bon endroit, au bon moment ! J'étais redevenu un animateur. Je savais accompagner les autres, ceux qui sur le terrain travaillaient depuis des années !
Assemblée Générale de la MJC costumée, juste avant une expédition au Carnaval de Venise ! Comment allier l'utile à l'agréable ! A droite, dans sa magnifique corolle la Présidente Liliane Marco à mes côtés, campé en colonel de l'animation !
Et c'est en 1988 que j'ai réalisé un des plus beaux coups de ma carrière ! La première Nuit de la Palabre, et à l'époque, nous n'étions pas nombreux à imaginer que le verbe pouvait se mettre en spectacle ! C'était le tout début des ligues d'improvisation et des joutes oratoires. Un jury, des candidats, des thèmes à explorer (sérieux ou absurdes), des animations sur le thème de la parole (poésies, conteurs), deux présentateurs (dont moi !), un maître du temps avec gong, des pièges pour le public appelé à participer...) Le succès fut incroyable. J'ai d'ailleurs, à la demande Chantal Veuillet, mon ex-collaboratrice de la MJC de Bourg, repris 15 ans après, cette formule pour 3 éditions en Bresse à partir de 2013 (Les nuits de la Tchatche ) qui furent des "must" dont certains se souviennent encore ! J'avais d'ailleurs embarqué à cette occasion mes potes Nilda Fernandez et Vincent Absil comme présidents du Jury et ils poussèrent la chansonnette entre deux "rings de la parole" pour la plus grande satisfaction du public !
J'ai toujours sû parler, mais là, c'était pour la bonne cause, celle du "tout dire pour rien" !
Mais le temps passait trop vite. Un jour, René Corbier, le Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Cannes, ancien Directeur du CEC, dont les enfants fréquentaient la MJC, m'invita à déjeuner. Il me proposa de devenir son Directeur Adjoint de l'OMACC, l'Office de la Culture et de la Communication de Cannes.
On ne peut résister à une telle proposition quand on a grandi à Cannes dans les HLM du Ranchito, que son père était sapeur-pompier, que l'ascenseur social m'avait propulsé dans les sphères de l'Animation et de la Culture et que l'on avait rêvé toute sa vie en passant devant les 24 marches du Palais des Festivals, temple de tous les désirs !
C'est à regret, pour cette équipe formidable des Campelières trop tôt quittée, que j'ai accepté sans hésitation, je dois l'avouer, la proposition de René Corbier ! Et je ne l'ai jamais regretté car outre d'avoir trouvé un ami (véritable alter-ego) en sa personne, j'ai mis le pied dans une formidable machine qui allait me porter vers la Direction de l'Événementiel Culturel de la Ville où j'avais grandi en faisant mes premières armes !