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Journal d'un Cinéphile Cannois.

Publié le par Bernard Oheix

La nouvelle vient de tomber : Mon livre sur le cinéma va paraître début mai. Conjuguer l'écrit en support de l'image est un rêve que j'avais depuis si longtemps.

Je vous donne en apéritif cet extrait afin de vous ouvrir l'appétit, enfin je l'espère, et pour en connaître la suite il vous faudra débourser la modique somme de 22euros. Vous allez voyager dans l'univers des images animées d'une ville hors du commun !

5 - Vraies et fausses cartes de presse !

Il y a de nombreuses méthodes pour assister à la séance Graal d’un film en compétition au Palais des Festivals. J’ai eu l’opportunité en quarante-cinq éditions de toutes les explorer ! Petit bréviaire donc du chercheur d’or cinéphilique à la conquête de sa toison d’or !

Et tout de suite, deux possibilités à déconseiller. La première est humiliante: se vêtir d’un smoking avec nœud papillon, se poster dans l’environnement direct du Tapis Rouge avec un petit écriteau « cherche deux places pour assister au lm en compétition : PS : une seule su rait!»

Soyons lucide, outre la possibilité infime d’en trouver une (et a fortiori deux!) vous allez être ridicule dans votre frac loué pour l’occasion avec, en prime, de grandes chances de terminer seul votre soirée devant la télé, sans votre copine qui aura compris que vous étiez prêt à l’abandonner pour un Kurosawa, ou pire, un film Bulgare de 3 h 27 sous-titré anglais !

La deuxième a bien fonctionné mais est devenue obsolète : se promener dans la contre- allée de l’ancien Palais, lancer une œillade au gardien de la porte de secours qui s’avère être l’oncle d’un copain de classe, lequel vous fera un signe discret pour vous donner le feu vert, au moment du générique du Festival, quand les places libres ne pourront plus être occupées. Avec moi, cela a bien fonctionné une vingtaine de fois mais pour ce faire, il était nécessaire d’être Cannois, de tomber sur le bon vigile et tout cela bien avant que les consignes de sécurité drastiques de l’époque actuelle vous fassent apparaître comme un dangereux terroriste de vouloir satisfaire votre appétit de 7e Art !

Bien évidemment, il y a aussi la possibilité permanente d’être le fils d’un commerçant de la rue d’Antibes... Mais ce n’est pas donnée à tout le monde, hélas !

C’est donc vers une troisième option qu’il faut se tourner :

Avoir une carte de presse d’un quotidien local... Ce qui n’est pas toujours facile mais se trouvait être justement mon cas. Pour ce faire, il vous suffit d’écrire sur le hand-ball dans le journal Nice-Matin ou, si vous êtes communiste, que vous fassiez des articles de cinéma dans Le Patriote vendu par vous-même à la criée du Marché de Magnan aux sympathisants faisant leurs courses.

Toutefois, ce petit sésame ne vous permet en aucun cas d’accéder à la Montagne Magique de la compétition, tout au plus vous autorise-t-il à accéder à un de ses périphériques comme la Quinzaine, moins regardant sur les états de service de l’impétrant critique en mal de places!

Voir les films de la Quinzaine, c’est bien, surtout quand on connait la liste des réalisateurs qu’ils ont lancés à Cannes... Mais impossible alors de prétendre faire son palmarès en même temps que les jurés!

Alors comme quatrième option, il reste la débrouille... Ou l’art d’être faussaire !

Dès 1973, une bande de cinéphiles enragés, gravitant autour de l’université de Nice et de la section Histoire du Cinéma, sous le regard d’un Jean A Gili, maître impérial et amusé, a trouvé la martingale magique : de vraies fausses cartes de presse !

Un ami étudiant corse honorablement connu (dont je tairai le nom) ayant un cousin Bastiais qui possédait une imprimerie, sur la base d’une authentique carte de presse récu- pérée à la fin du Festival 1972, réalisa une vingtaine de passeports pour le paradis du 7e Art pour une modique somme incluant son temps de travail (et le temps de travail en Corse, c’est sacré!) et les quelques frais de papiers et de tirages nécessaires à la réalisation de ces «passe-partout» sophistiqués et totalement clandestins.

Ce n’était pas cher payé un visa pour le paradis !

Mais...

Merci à mon éditeur, Frédéric Ovadia et à son assistante, Laurence Berlioz qui m'ont autorisé à rêver d'un monde meilleur, celui de l'image et d'un son dans la perfection d'un noir complice qu'une lanterne magique vient illuminer !

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