Une belle série de spectacles, des émotions à la pelle, des regards et des sourires, c'est la vie de la scène et en dehors de la scène, des rencontres pour espérer d'un monde meilleur. Je vous les livre, avec un peu de moi, à vous d'en faire ce que vous voudrez !
Vienne 1913.
Samedi 10 mars. Théâtre Croisette. Cannes
Sur un texte d’Alain Didier-Weill d’une grande richesse (parfois un peu trop, on sent que c’est un homme d’idées qui a écrit et pas un homme d’images !) Jean-Luc Paliès a conçu une mise en scène originale et « esthétisante ». Les sons bizarres d’un embaumeur d’espace, l’artifice des pupitres qui induit un jeu polyphonique où chacun va à tour de rôle assumer son statut de soliste en s’extrayant de la foule anonyme du chœur, le symbolisme d’accessoires détournés de leur fonction… c’est un opéra baroque qui nous est proposé, un tableau surréaliste ancré dans l’horreur en train de naître. Un jeune maçon anarchiste se transforme sous nos yeux en idéologue convaincu de l’ordre. Son nom, Adolf Hitler. Son environnement, la ville de Vienne de 1909 à 1913. Sigmund Freud et son élève Jung se déchirent autour de son cas. La théorie nous la connaissons, la pratique, elle entraînera des millions de morts sur les terres désertées d’humanité d’une Europe exsangue ! Une belle leçon d’histoire et de théâtre, un projet complexe mené avec doigté par une douzaine de comédiens avertis qui font résonner les heures de l’angoisse au moment où l’antisémitisme renaît de ses cendres en polluant les consciences.
Petit détour en compagnie de Camille.
Jeudi 15 mars
La Camille est venue afin de tester l’acoustique du Suquet où elle est programmée le 30 juillet dans une œuvre de Britten et des prières liturgiques du monde. Elle, une mécréante fascinée par les sons religieux ! C’est l’occasion, au pied des remparts, de quelques hurlements devant des touristes japonais (sic) interloqués, quelques photos avec votre serviteur, d’une discussion passionnante en dégustant un chocolat chaud au buffet de la gare…et elle s’en est retournée avec son frère sans un regard pour moi. Je t’aime d’amour Camille…vivement le Suquet 2007, l’été de toutes les folies pour que ma passion s’embrase à ton soleil caniculaire !
Riccardo Caramella. Soirée Italienne
Samedi 17 mars. Théâtre de la Licorne
Imaginez un pianiste fou, suffisamment sympa pour être accompagné d’amis forcenés, un thème absurde, la bouffe et la musique, 40 ans de concerts à user son frac sur les sièges des plus grandes salles comme des lieux les plus atypiques de musique, et ce que le public ne savait pas, l’annonce émouvante d’une fin de carrière ! Mais qui est donc Riccardo Caramella ? Pianiste talentueux trop en marge pour être une star du clavier, hédoniste, homme d’affaires avisé, sympathique en diable et surtout, formidable conteur capable de faire (re)vivre ses maîtres Verdi, Rossini, Puccini… dans des anecdotes formidables déclenchant des cascades de rires. Les 500 personnes qui remplissaient à ras bord la salle se souviendront longtemps de ces 3h45 de spectacle Humour, beauté, ferveur (Ah ! cette petite messe solennelle de Rossini !), communion et désacralisation ! Riccardo Caramella nous a offert une leçon de pédagogie musicale… ou comment faire aimer le classique, comment rendre vivant et moderne ce qui apparaît comme des tranches d’histoires enfermées dans les tiroirs de la connaissance ! Merci Riccardo, en plus d’être mon ami (cette soirée, nous l’avons désirée et bâtie ensemble !), tu es vraiment un bougre d’enfoiré de génie de la musique. Ne disparaît pas trop des scènes, on a encore besoin de toi !
Julia Migenes. Alter-Ego
Samedi 24 mars. Palais des Festivals. Théâtre Debussy.
On avait signé pour Luz Casal dans une salle bourrée à craquer ! La soirée s’annonçait si belle… mais une maladie longue, comme l’on dit, nous a privés de notre belle Ibère ! En catastrophe, on dégote la Migenes au débotté et en deux coups de cuillères à peau, banco, on (re)remplit la salle Debussy et voilà notre scientologue rousse aux seins avenants en train de rugir sur scène. Bon, de l’avis unanime, c’est un spectacle étonnant, surprenant, intéressant, et tout et tout… une façon de revisiter la musique et d’éblouir par la variété de ses approches.
Moi, cela me laisse indifférent, une performance épicée de kitch, une belle voix mais une voie parcourue de trop de poncifs et d’images toutes faites. Il y a ce soupçon de trop qui me dérange, une exhibition largement centrée sur un nombril qui la dévore. Ce n’est pas grave, moi c’est la Luz que je voulais ! La lumière ne s’éteindra pas et le public est sincèrement satisfait de sa prestation enlevée et de son punch qui n’est pas une légende !
Pour moi, pas de Bab’el med à Marseille cette année, la grande foire des musiques du monde. Hélas, les shows cases, les petits coups au comptoir et les cigarettes avec les potes et les potesses, on remettra tout cela à la saison prochaine, quand les thyroïdes du monde entier se seront données les endocrines et que le feu coulera dans mes veines. En attendant, doucement les basses. On se calfeutre et on annule son voyage au Sénégal pour une retraite dans un gîte situé en Ardèche. Promenades, siestes et calme en perspective. Et pourquoi pas une tisane tant que vous y êtes ! Ou même un concert de Vincent Delerm ! Bien justement, en parlant de Delerm !
Vincent Delerm
Samedi 31 mars. Palais des Festivals. Théâtre Debussy.
On l’attendait après ses shows intimistes des saisons passées, son piano-solo derrière lequel il tendait la main au public en établissant un lien mystérieux. Il revient avec un ensemble de 6 musiciens, une sono enrichie, un espace à meubler. Surprise ! Le son est ample, la voix chaleureuse, les mélodies percutantes. Un vrai univers souligné par une mise en espace d’une grande qualité, des jeux de lumières parfaits. Ses interventions parlées entre les chansons sont pleines d’humour. Il est heureux sur scène et transmet sa chaleur, du bonheur au public qui a rempli la salle. Il a désormais des vrais « fans » qui reprennent ses refrains et mérite une belle ovation finale. Un très beau concert et un artiste gentil et agréable, qui me remercie à la fin avec douceur. Son équipe est formidable (y compris la technique !) alors vive les bobos et ne ratez pas Delerm, il mérite le déplacement !
Caligula Albert Camus. Mise en scène Charles Berling
Jeudi 5 avril. Palais des Festivals. Théâtre Debussy
C’est la semaine des grands, des très grands. Après Delerm, Berling en attendant Genty ! Une série diabolique !
Un texte sublime qui devient musique, d’une actualité brûlante sur le pouvoir, l’isolement et la folie des hommes, leur veulerie et la passion destructrice ! Berling est Calugula, définitivement, à jamais. Il faut l’avoir vu dans une cérémonie païenne, en tutu blanc, maquillé de rouge en train de se faire les ongles pendant qu’il envoie à la mort ses nobles terrorisés pour comprendre l’adéquation entre ce texte et le désir du metteur en scène. Un grande soirée théâtre comme on en redemande encore et toujours !
La fin des terres. Philippe Genty
Samedi 7 avril. Palais des Festivals. Grand Auditorium.
Je vais passer sur ce spectacle car j’étais à Nice ce soir-là. Mais cette création vue l’an passé à Paris m’avait enthousiasmé. Libellule volante, tête mangeuse, humour ravageur, angoisse… entre le mime et la danse, la magie et le théâtre, utilisant un alphabet infini de l’étrange, Philippe Genty nous emmène dans son monde de cauchemars et nous redonne un âme d’enfant ! A voir absolument en famille !
Le système Castafiore. Lifes forme.
Samedi 7 avril 20h30. Acropolis. (Nice)
Comment décrire le choc d’un plateau hanté par les rêves absurdes d’un Karl Biscuit et d’une Marcia Barcellos au sommet de leur génie, quand le talent s’exprime avec grâce, que l’alphabet si particulier qu’ils utilisent invente des figures issues de la nuit des temps. Moi, je suis un vrai supporter, je retrouve une âme d’enfant pour des cauchemars d’adultes. La scénographie est magique s’appuyant sur une technique époustouflante, les voix d’un chœur dirigé par Alain Joutard ponctuent une bande-son très sophistiquée, les chorégraphies découpent les mouvements et cisèlent l’espace dans des formes minimalistes pendant que des êtres monstrueux envahissent l’espace. On retrouve du temps moderne dans cette pièce, mâtiné d’un surréalisme ancré dans un noir troué de rayons mortifères. La compagnie Castafiore est à un stade de maîtrise absolue, une perfection ancrée dans la personnalité hors norme de ses créateurs. Longue vie à eux !
Archive Musique.
Samedi 7 avril. 23h Acropolis (Nice)
Avec mon pote Michel Sajn d’Image Publique, nous avons rendez-vous avec Archive afin de régler leur programmation en septembre dans le cadre de ma saison avec un orchestre symphonique pour une soirée exceptionnelle. On commence par l’écoute de leur concert acoustique. Génial. Un Trip-Hop de derrière les fagots, les voix claires détachées mise en valeur par l’acoustique qui permet de suspendre les voix et les instruments et de les relier par la mélodie. Des conditions d’écoute idéales pour entrapercevoir les violons de l’orchestre comme s’ils effectuaient une répétition pour nous. Connaissez-vous nos amis Anglais d’Archive ? Vite, courez acheter un CD, le groupe d’avenir, un Massive Attack un peu plus rock, avec des morceaux qui sonnent juste et emportent sans réserve.
Après le set, dans la loge avec nos 4 garçons dans le vent et la chanteuse, assis en cercle, nous parlons musique, organisation du concert futur à Cannes, des choix esthétiques et techniques. Ils sont doux et humbles. Ils sont géniaux et une demi-heure après, en mon for intérieur, je me dis en les saluant, que j’ai de la chance de faire ce métier, que vivre un tel moment est un privilège et que finalement la vie est vraiment belle !
Pour fêter cela, direction le Calypso, la boîte des blacks de Nice, avec Cheick, mon copain Guinéen. Jusqu’à 4 heures, danses et rhums avec des beautés noires qui dansent sur la scène et un peu de collé-serré avec la belle et troublante Fadira !
Stationnement Alterné. Théâtre.
Samedi 14 avril Théatre Croisette.
Le théâtre de boulevard en version anglo-saxonne. Un glissement progressif vers la déraison, le non-sens, l’absurde ! C’est ce que j’aime chez Ray Cooney, ce qui différencie les Anglais de nous. Les situations bancales, ici un chauffeur de taxi bigame qui vit suspendu à son agenda voit un grain de sable enrayer la mécanique de ses allers-retours entre ses deux foyers. Il va falloir un petit mensonge pour se dédouaner, auquel succèdera un mensonge moyen…etc., etc. Eric Metayer et Roland Marchisio sont énormes, truculents, les seconds rôles complétent parfaitement une histoire échevelée où rien ne peut s’enchaîner normalement ! C’est un authentique éclat de rire de deux heures ! Moi, j’aime quand le rire dérape et s’échoue sur la logique.
C’est, pour la petite histoire, presque la conclusion de notre saison. Plus qu’un, Violettes Impériales, et une nouvelle boucle sera bouclée, une aventure de plus, des soirées d’émotions dont je vous ferai le bilan très bientôt !
Pour la lecture, un excellent « roman » de Franz Olivier Gisbert sur la Tragédie du Président, Anthéchrista de Amélie Nothomb (pas mal mais finit un peu abruptement !) et le Secret de Grimbert, un émouvant et fort intelligent roman qui se lit avec attention. Je fatigue actuellement par contre sur un roman russe de Emmanuel Carrère
Rubrique Cinéma.
Eviter Peut-être que je l’aime de Jolivet. Ensemble, c'est tout de Gavalda. Génial Canet et Tautou. Le film se laisse voir avec plaisir. Dans les cordes est un film intéressant, les actrices et Richard Anconina jouent à la perfection et le thème, la boxe féminine, est à la mode. 300 de David Snider est une BD vivante. Un exploit technique, la combinaison entre le virtuel et le réel. C’est génial, une vraie aventure sur les traces des spartiates. On en redemande ! Alpha Dog de Cassavetes fait froid dans le dos. C’est un beau petit film sur le parcours d’une jeunesse dorée entre le sexe et la drogue sous l’œil de parents irresponsables ! Reste le bijou, la perle, Hanna M un film français comme on les aime, intelligent et subtil, interprété à la perfection par le couple Carré-Melki mais aussi par une pléiade de gueules, de seconds rôles. L’histoire est sophistiquée, autour d’une érotomane (cherchez dans le dico, moi je sais maintenant ce que cela recouvre !). Le film ne se termine pas à la hauteur de son propos… mais ce n’est pas grave, on peut tout pardonner à un réalisateur qui se nomme Spinosa (sic !!!)
Bon voilà, des fois, il y a du bon dans la maladie et dans le rien faire, il y a faire malgré tout ! On peut en profiter !
A bientôt dans une salle de spectacle ou dans la vraie vie !
La pollution
Moi aussi, en cette période d'élection, je veux apporter ma petite pierre aux vacances de monsieur Hulot. Dans son pacte, il y a la générosité et la volonté de parler pour ceux qui ne sont pas encore là. Les générations futures hériteront d'un monde dévasté si la préoccupation d'une vraie écologie ne devient pas l'axe fondateur des politiques futures. Prévoir l'avenir, c'est s'emparer aujourd'hui de ce thème, non comme un moyen de charmer l'électeur, mais comme la réalité d'une mission à accomplir. Voilà quelques réflexions, à vous de les commenter !
Depuis l’aube de l’humanité, plus de deux millions d’années, la force principale qui permet de transformer la matière, de cultiver la terre, d’ériger des monuments pharaoniques, de parcourir le monde, est une énergie naturelle. Bras et jambes de l’homme, muscles de l’animal, ingéniosité de palans et de constructions nées dans le cerveau humain, vent qui fait gonfler les voiles, eau qui fait tourner les moulins. Cette énergie est renouvelable, infinie. Elle est non polluante, elle est à la dimension d’une humanité qui cherche sa voie dans le progrès mais évolue à la vitesse de l’individu, chaque génération récupérant le savoir de ses ancêtres et apportant sa pierre à l’essor de la société.
Pourtant, le 19ème siècle va voir les sciences exploser, les techniques se sophistiquer, le développement devenir exponentiel.
En quelques décennies, une fraction de temps à l’échelle de l’humanité, les ressources du cerveau humain vont entraîner le plus formidable bond en avant que l’histoire n’ait jamais enregistré, permettant de faire reculer les frontières du possible et de donner à la société des humains une place et un rôle prépondérant dans le monde. Mieux, l’homme désormais est prêt à s’émanciper de toutes les limites et à transformer son milieu naturel, à toucher à l’équilibre même de sa planète. Il en a désormais le pouvoir.
Il faudra du temps bien sûr, mais ce mouvement entamé par une révolution industrielle, accru par l’explosion des champs d’expérimentation que représentent les grands conflits des guerres du 20ème siècle qui déboucheront sur une révolution technologique, ne s’arrêtera plus. L’informatique en est sa face la plus moderne, le nucléaire, son talon d’Achille, noir comme la destruction colossale qu’il fait peser sur ce que l’homme a érigé, blanc comme l’énergie qui alimente cette formidable dévoreuse de matière première qu’est le monde civilisé moderne.
Mais avant d’en arriver là, il en fallut des étapes qui ont rythmé le progrès. Il y eut la vapeur, bien vite insuffisante et au potentiel trop limité. Alors on creusa la terre pour en extraire le charbon et offrir enfin une source d’énergie aux locomotives et autres premières centrales électriques de cette deuxième moitié du 19ème siècle. Les premiers panaches d’une fumée noire et polluante vinrent empuantir le ciel. L’espace semblait si vaste que personne ne s’en préoccupa.
La véritable révolution vint avec la découverte des vertus du pétrole. Propriété énergétique incommensurable, fluidité, stockage et transport facile, consommation adaptable à des antennes mobiles comme les voitures et les avions qui commençaient à sillonner la planète en exportant ce mode de vie, cette frénésie de consommation. La grande vague enflait et personne n’imaginait que ces voitures essaimées par millions sur la terre, que ces milliers d’avions qui strient le ciel d’azur, que la pollution engendrée par des usines colossales toujours prête a assouvir les besoins sans cesse multipliés d’une humanité croissant au fur et à mesure des progrès de la médecine et de l’alimentation, que la société de consommation de plus en plus vorace en énergie, pouvaient entraîner le monde à sa perte.
C’est ainsi que les événements ont commencé. Dans la naïveté de l’homme persuadé de dominer le monde à jamais, incapable de concevoir que la terre puisse seulement s’épuiser, la couche d’ozone se réduire et laisser apparaître des trous. Les climats se sont déréglés et les grandes catastrophes naturelles sont devenus le quotidien d’une planète exsangue (tsunami, tornades et typhons, fonte des glaces, augmentation du niveau de la mer…). La terre se révoltait, le pétrole se tarissait et les résidus fissiles de l’atome, toujours aussi encombrants, jonchaient le fond de nos océans en pourrissant l’air de Tchernobyl.
Cette vision cataclysmique n’est pas l’apanage d’une seule catégorie de rêveurs déconnectés de la réalité, utopistes et vieux rebelles à l’industrialisation de la planète…elle est aussi le cri angoissé d’hommes de culture et de sciences, de politiques et de citoyens parcourant le monde et se rendant compte des ravages sur l’écosystème de la technologie moderne, de la consommation effrénée, de la nature polluante des rejets de l’homme. Combien de dizaines d’années pour éliminer un simple sac en plastique ou une bouteille de soda que l’industrie accouche par millions d’unité en une ronde infernale ? Combien faudra-t-il d’électricité pour que l’homme n’ait plus peur du noir et cesse d’enfourner des milliards de mégawatt dans l’éclairage de ses rues ?
La deuxième moitié du 20ème siècle sera le point culminant de cette confrontation entre le génie de l’être et sa formidable inconscience dans l’accaparement de ses ressources premières, entre l’esprit d’entreprise hérité des pionniers et les appels angoissés de ceux qui guettent les prémices d’une tragédie planétaire.
Malgré les freins qu’opposent les industriels et managers d’une économie en recherche permanente de productivité, certains ont lancé des cris d’alarmes, encouragés par les premiers constats flagrants des dommages irréversibles causés à la terre. L’écologie politique est née dans cette mouvance. Mais l’écologie est sortie du cadre strict de la politique. Qu’on le veuille où non, à l’aube du troisième millénaire, elle s’est ancrée durablement dans l’inconscient collectif de la population, elle est devenue une réalité incontournable de la réaction des masses aux peurs engendrées par un avenir qui parait incertain.
Si le problème de l’eau faisait sourire les agriculteurs en 1970, qui dorénavant, ne sait point que la pollution par les phosphates des engrais des nappes phréatiques est un vrai problème qui touche même un pays largement arrosé comme la France ?
Qui n’a pas conscience que la fonte des glaces aux pôles est une vraie menace pour des millions de gens et des régions entières susceptibles d’être submergées ?
Qui ne connaît le problème de la couche d’ozone et la concentration des gaz à effet de serre porteurs de drames à l’échelle planétaire ?
Qui n’a pas conscience que, pour la première fois de l’humanité, ceux qui vivent ne sont pas certains de pouvoir léguer à leur propres enfants une terre en état de pourvoir à leurs besoins ?
C’est ainsi que, de la masse des foules aux classes dirigeantes, l’appréhension des vrais problèmes de notre environnement a entraîné une prise de conscience et la nécessité d’intervenir et de réguler les facteurs de la pollution. Le protocole de Kyoto et l’étape principale de cette prise de conscience. On verra que cela ne se fait pas sans opposition, (certains refusent toujours de signer ce protocole !), tous ont a géré les contradictions entre le contraintes du développement nécessaire au dynamisme des entreprises et au confort des habitants et cette volonté d’en réguler les effets pervers… mais un acte fondateur a eu lieu, un tournant a été pris que les problèmes engendrés par la pollution effective devraient conforter. Il n’y a pas de retour en arrière possible, il faudra bien que les industriels et les politiques accrochés à leur mode de pensée unique l’acceptent. Espérons alors qu’il n’est pas trop tard et que l’avenir se lèvera encore pour les générations futures !
Vers le protocole de Kyoto.
Le 11 décembre 1997, jour de la signature du protocole, n’est pas un aboutissement. C’est une étape dans un processus, une date symbolique charnière qui montre que les préoccupations sur le climat deviennent une réalité et qui fixe des objectifs précis.
C’est le 16 septembre 1987, à Montréal, que le protocole relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone est adopté, première geste déterminant sanctionnant une prise de conscience de la nocivité des rejets dans l’atmosphère.
Dans la foulée, un groupe intergouvernemental sur l’évolution des climats est créé conjointement par l’organisation météorologique mondiale et le programme des Nations Unis pour l’environnement en 1988.
En juin 1992, la convention cadre des Nations Unis sur les changements climatiques (CCNUCC) est adoptée à Rio de Janeiro, au sommet de la terre. Son objectif est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau tolérable pour l’équilibre climatique.
En mars/avril 1995, les parties entamèrent un round de négociations dans ce qui allait s’appeler le mandat de Berlin en vue d’engagements plus solides et détaillés concernant les pays industrialisés.
Cela débouchera, plus de deux ans après, sur le protocole de Kyoto. 84 pays le signèrent, indiquant leur intention de le ratifier, même si par la suite un certain nombre de signataires se retirèrent et non des moindres, comme les Etats-Unis et l’Australie.
Le protocole de Kyoto fixe des objectifs obligatoires sur les émissions de gaz à effet de serre pour les pays leaders sur le plan économique. Ces objectifs vont de -8% à +10% par rapport au niveau d’émission de 1990 en vue de réduire de -5% sur la période d’engagement de 2008 à 2012.
Ce texte tient compte d’un certains nombres de critères et varient d’une nation à l’autre. L’Union Européenne doit diminuer de 8%, les Etats Unis de 7%, Le Japon et la Pologne 6%. D’autres doivent stabiliser leur niveau d’émission comme la Nouvelle Zélande et la Russie ou l’Ukraine. D’autres peuvent augmenter leurs émissions comme la Norvège de 1% et l’Australie de 8%.
Parallèlement, l’Union Européenne a effectué un arrangement interne en affectant des taux différents à ses membres. On va de 28% de réduction du Luxembourg, 21% au Danemark et à l’Allemagne, à 25% d’augmentation pour la Grèce et 27% pour le Portugal.
Le protocole de Tokyo introduit toutefois une certaine flexibilité pour atteindre ses objectifs. La principale consiste en un mécanisme de compensation. Les pays industrialisés peuvent compenser leur émission en développant des « puits » (des forets qui absorbent le dioxyde de carbone). Ils peuvent aussi financer à l’étranger des projets ayant pour but de réduire l’émission de gaz à effet de serre.
Un marché de droits d’émission est institué entre des pays qui pourront vendre leur droits à d’autres qui pourront les acheter en compensation de leur surémission de gaz à effet de serre.
Le Protocole de Kyoto doit être ratifié par 55 pays comptant pour 55% d’émission de GES pour devenir contraignant.
De nombreuses rencontres seront nécessaires pour atteindre cet objectif.
Novembre 1998 : La Conférence des parties de Buenos Aires
Elle définit un plan d’action sur les mesures concrètes à prendre. Elle insiste sur l’importance des mécanismes d’aides aux pays en voie de développement.
Novembre 2000 : Conférence de La Haye.
L’objectif de définir les règles d’application du Protocole de Kyoto fut un échec. 3 groupes s’affrontent avec des conceptions différentes. Le groupe « Umbrella » Etats- Unis, Russie, Japon, Canada qui veut un marché mondial des droits d’émission, l’UE qui assimile le marché des droits d’émission à un complément aux mesures de réduction et le G77, coalition de pays pauvres et touchés par la monté du niveau de la mer dont la chine est le leader est qui rejettent sur les pays riches kles perturbations causées par les gaz à effet de serre.
Le retrait des Etats-Unis du protocole de Kyoto est un coup de tonnerre.
Juin 2001 : Conférence de Bonn.
C’est un véritable décret d’application qui est signé après d’âpres négociations et la perspective réelle d’un échec.
4 sujets sont traités sur lesquels des compromis seront trouvés.
1) Le financement des mesures pour aider les pays du sud.
2) Le marché des droits d’émission de GES et le transfert des technologies.
3) Les puits de carbone
4) les sanctions
Octobre 2001 : Conférence de Marrakech
L’objectif était de traduire en langage juridique les 14 pages de l’accord politique de Bonn. La nécessité de s’entendre malgré le forcing des pays de l’Umbrella pour un maximum de flexibilité, obligea à des concessions importantes notamment envers la Russie (33 millions de tonnes supplémentaires), dont la signature était indispensable depuis le retrait des Etats-Unis et dans l’autorisation de comptabiliser les productions agricoles et forestières des pays signataires.
3 conférences des parties eurent lieu par la suite afin de continuer à affiner le dispositif de mise en œuvre du protocole de Kyoto. New Delhi (octobre 2002), Milan (décembre 2003), Buenos Aires (décembre 2004) ;
Le 16 février 2005, le protocole de Kyoto est entré en vigueur. 141 pays sont adhérents. Il a fallu plus de sept ans de négociations et de travail pour arriver à ce résultat. Entre 2008 et 2012, les 37 pays les plus industrialisés qui y ont adhéré doivent collectivement réduire leur émission de gaz à effet de serre de 5% par rapport à leur niveau de 1990.
Les Etats-Unis, le pays le plus polluant de la planète, n’ont toujours pas ratifié le protocole de Kyoto.