Richard Gotainer est (bien) vivant !
J’ai rencontré Richard G au jury de la pyrotechnie de Chantilly. A l’époque, il fumait encore même s’il boit toujours. Nous avons sympathisé, deux vieilles carnes en train de se renifler le derrière pour savoir si l’enjeu d’une amitié en vaut la chandelle. Il dit des conneries, j’adore en entendre, et au passage ne résiste pas au plaisir d’en rajouter une couche ! Il est un bon vivant, une perle d’homme à la dérision en oriflamme, sait aussi être ému et parler des belles choses de la vie pour dissimuler des trésors de tendresse.
Il est fier comme un bar-tabac mais peut accepter la critique (j’en ai fait l’expérience avec un peu d'insolence et il sut ne pas m’en vouloir et m'accepter !)…
Il a des heures de route dans le marigot du showbiz, a connu la gloire et quelques traversées d’oasis, fils de pub et icône télévisuelle. C’est un homme de charme et un vrai cœur d’artichaut, une fleur bleue sur le lisier du spectacle vivant, cycliste émérite par ailleurs. Bon, c’est Richard, mon poteau quoi !
Alors après plusieurs tentatives avortées, il est enfin à Cannes pour présenter son spectacle « Comme à la maison » que j’avais découvert au New-Morning, l’an dernier et qui m’avait emballé.
D’entrée, le public qui remplit la salle de la Licorne, l’accueille comme un ami que l’on est heureux de retrouver. C’est une assistance bizarre composée de gens qui ne fréquentent pas les salles assidûment, avec très peu d'abonnés traditionnels de la saison « Sortir à Cannes », arc familial qui balaie de l’enfant aux grands-parents, public populaire mais aussi élitiste avec quelques belles personnalités dans la salle, mélange harmonieux de vrais fans attendant leur show man. Il en joue parfaitement, à l’aise blaise sur ces planches, petites interventions douces pour installer le climat, quelques anecdotes en renfort, élégance naturelle même pour parler des atrocités du fumet d’un pétomane ou de la crotte d’un Youki insaisissable… C’est Gotainer au zénith, voix d’écorché rendu gouailleuse, évoluant avec élégance, occupant l’espace avec une totale maîtrise, accompagné d’un groupe de jeunes musiciens talentueux et heureux d’être à ses côtés. Muriel, choriste en contrepoint aigu de sa voix basse, guitariste, bassiste et percussions, clavier en chef d’orchestre.
Il attaquera par quelques morceaux moins connus, remarquablement orchestrés, Le Taquin et la grognon, un sublime Les quatre saisons avec un hiver déchirant, Le béquillard des bois (sa plus belle chanson d’après lui !)…
Et puis au fil du temps, les « tubes » surgissent, les « Sampa », Youki, Poil au tableau et autre « décalco du mambo » qui emportent tout sur leur passage et terminent en apothéose, public debout pendant 20 minutes, 3 rappels, un show d’anthologie pour un authentique artiste qui revendique d’être l’ami de la famille, le prince et son bouffon en même temps, le poète et le rimailleur, le chanteur et le copain du bistrot.
Etrange alchimie sur le fil du rasoir qu’il sait maintenir en équilibre, comme si la vie l’emportait sur les aspérités d’un monde trop dur, humour au service d’un sens de la dérision.
Richard G, ou le triomphe de l’esprit sur la matière !
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Nous terminerons tard dans la nuit, à La Pasta, le meilleur restaurant de pates de la Côte d'Azur, que dis-je, de l'Europe du Sud, et même de l'univers intersidéral...Il est heureux de cette soirée, 40 personnes réunies pour lui faire sa fête...Il le mérite son succès et honore la dive bouteille sous l'oeil inquiet de l'organisateur. Attiré comme un ludion par les objectifs des photographes (Le toujours présent Eriiic et Xavier, le petit dernier), il décide de se laisser emporter par sa furia naturelle et plaque sur ma joue, (j'ai tourné la tête au dernier moment, sinon ce sont mes lèvres qui auraient hérité de son baiser baveux) l'expression de son bonheur forcené.
Heureux mon Richard de cette nuit formidable, de ce concert, de ta présence, de ta chaleur et de ton humour. Tellement heureux, que je t'en propose la présidence du jury du Festival d'Art Pyrotechnique pour cet été...ce qu'il s'empressa d'accepter, le bougre, par l'odeur alléchée de quelques bonnes "ripaillades" promises et de quelques bouteilles de nectar à consommer sans modération.
Merci Richard Gotainer d'être toi-même !