Voix Passions
Chers amis,
Comment vous remercier pour cette soirée du 27 avril ?
Il y a des dates importantes dans une vie… La naissance, mais on ne s’en souvient pas vraiment, la mort, quoique là, on s’en contrefiche vu qu’on ne peut pas la raconter aux autres, le premier baiser (avec le nom, le parfum et la couleur des yeux de l’heureuse élue), la première fois que l’on voit se lever le soleil dans le désert du Sahara ou que l’on voit l’Etna entrer en éruption avec la lave qui jaillit au ciel, le premier jour de travail dans une entreprise (la couleur de la cravate)… et tout naturellement, son dernier concert en tant qu’organisateur, la dernière date programmée comme Directeur de l’Evènementiel… ce qui fut mon cas en ce vendredi du 27 avril du côté de la salle de la Licorne à Cannes La Bocca !
Il y a plus d’un an, j’avais une idée très précise de cette soirée. Je la voulais classe mais sans affectation, avec des amis, mais sans concessions à l’Art, je voulais du public et une vraie salle avec une âme, je voulais des potes mais artistes avant tout !
Je vous avais proposé de participer à cette aventure et vous avez répondu présents, vous avez joué le jeu en entrant dans la danse de ce moment si fort pour moi, que je tenais à partager avec vous ! Je vous en remercie avec tout mon cœur :
A Cédric O’Heix, en te souhaitant bon vent sur les mers de cette poésie que tu chevauches avec tant d’élégance. Je me souviens
d’une interrogation après ta demi-finale de la Nouvelle Star… Cédric O’Heix deviendra-t-il une Star ? Je ne peux toujours pas répondre à cette question, mais par contre, je sais qu’il est
devenu un artiste, un vrai artiste ! Attendez, Un jour de solitude et autres ballades sont inscrites à jamais dans ma mémoire. Tu as embarqué le public
avec toi et tu mérites ses applaudissements fournis, juste hommage à ton talent, à ta présence sur scène, à ton charisme. Alors, à toi, petit neveu sorti de la nuit des temps ! Continue et
garde le cap !
A Talike. Talike, que ce soit en polyphonie pure avec Tiharea, en invitée de Rajery ou avec ton nouveau complice Kilema, tu es une vraie Princesse du Peuple des Epines sur scène. Tu as le sens de l’image et du son et ton duo avec Kilema est un bijou fascinant… rythmes étonnants, instruments bizarres, tenues chatoyantes… Et avant tout, tu as une voix qui entre en résonance avec le cœur de l’homme.
Tu en joues avec brio, aisance, comme une soliste d'un instrument maitrisé jusqu’à la perfection. Le volume du son dégagé semblait produit d’un orchestre complexe
et non d’un duo. Vous avez une vraie pépite entre les mains, bravo à vous deux et bonne chance sur les routes des Musiques du Monde.
Au Corou de Berra. Mes « pôvres » victimes préférées. Vous les régionaux de l’étape, je vous ai tout fait subir depuis de si longues années. Chaque fois que j’ai une idée tordue, c’est sur vous que cela échoue ! Vous avez ainsi chanté pour moi perché sur des rochers, dans des églises froides, sur des places de village, dans un répertoire sacré, profane, en toutes les langues, à capella, sonorisé… Et pourtant, vous continuez à me surprendre, de concerts en CD, de propositions en compositions. J’écoute souvent vos productions dans le confort de ma chaîne, elles sont d’une qualité et d’une précision qui frôlent la perfection dans le meilleur de vos créations. Votre travail de mise en musique est un miracle d’équilibre et les voix des filles résonnent à l’égal des sirènes, telles des déesses annonciatrices des beaux jours (désolé les garçons, même si vous n’êtes pas mal non plus !). Je vous aime pour votre talent et vous me le rendez par votre amitié. Merci d’avoir partagé ce moment de grâce.
A Nilda Fernandez. L’amitié n’a pas de frontières, elle échappe au temps et à la distance, à la notoriété et au silence. Nous nous sommes rencontrés avant ton succès, jeunes du côté de Lyon, entre Paris et Barcelone, avec l’espoir de lendemains chantants du côté de Madrid, Madrid. J’ai fait mon chemin, tu as accompli une partie de ton œuvre. Derrière le succès, tu as fui les facilités, toujours ailleurs, jamais où le showbiz t’attendait ! A Cuba, traversant la France en roulotte, avec les Inuits, star en Russie…
Tu es un poète moderne, atypique et même seul avec ta guitare, tu donnes des ailes aux mots, du souffle aux notes. Tu es mon ami, par devers les aléas d’une carrière, tu es
toujours ce barde qui sait faire jongler la nuit. On se retrouvera toujours, parce que c’est écrit sur la plus belle des partitions, celle de la vraie vie !
Mais aussi… A Filetta ! J’ai épousé la Corse au sens littéral du terme. Ses bons côtés aussi ! Je me souviens d’une église dans le Niolo, et des premiers chants entendus d’A Filetta, dans une église perdue dans les bois, dans ces années d’une Corse qui se désespérait en cherchant son âme. Je me souviens aussi de ces innombrables concerts, partout, tout le temps, de ces discussions autour d’un verre, de ces interrogations sur le devenir d’une île et d’un peuple si fier et passionnant parce que passionné. Le groupe que j’ai le plus programmé de ma carrière, le plus entendu de mon existence, c’est vous ! Le Festival à Calvi, les nuits chaudes de Séville, les églises, les salles de fêtes et les multiples scènes de Cannes. Jean-Claude Acquaviva et le chœur d’hommes. Votre réserve naturelle et votre chaleur sincère d’amitié envers moi. Ce soir, vous avez ciselé le son, accroché des notes aux nuages, transporté le public dans une apesanteur où plus rien ne comptait que cette beauté immatérielle, cette résonance du chant des Dieux.
A vous tous, j’ai tant aimé les voix, j’ai adoré vos voix. Merci d’avoir été là, pour moi, c’est un grand honneur que vous m’avez fait en ce 27 avril 2012 dans la conclusion d’une saison qui sera la dernière de mon activité professionnelle !
Et comment ne pas remercier aussi, ce duo inattendu de mon fils et de ma belle-fille, Julien à la guitare et Sarah au chant. Ils
m’ont offert ce bonheur absolu d’entendre par surprise, ses enfants oser, être capables d’entreprendre avec brio un tour de scène pour un chant d’adieu. Sarah possède une voix douce et mélodieuse, une voix d’ange, Julien une contre voix
grave et un toucher de guitare léger. Ils s’en sortirent magnifiquement dans cette inattendue surprise d’un « Cat Power » dont la scène sublime du baiser de Blueberry Nights reste une
illustration parfaite. Mon cœur a volé en éclats et les passions de la voix se firent si fortes qu’elles en emportèrent toute réserve bue !
Voilà, tant de voix si pures, tant de mots si gentils, un dernier chant (Adieu monsieur le professeur !) et le noir complice pour rendre à la vie réelle, ceux qui furent et ceux qui seront, tous unis dans la beauté du spectacle.