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Festival du Film : This is the end !

Publié le par Bernard Oheix

Et voilà que retentissent les trompettes de la remise des prix du Festival 2024 !

Pour moi, 36 films au compteur, un score tout à fait exceptionnel compte-tenu de la situation, avec une partie de l'équipe de la Pampa en train de fêter le véritable accueil enthousiasmant du public dans mon jardin, deux petites filles (les miennes, Lise et Alma) sur les bras, et les difficultés générées par un système qui, malgré des salles loin d'être pleines, empêche l'accès aux séances de trop nombreux cinéphiles.

Mais 36 films exclusivement à la salle de la Licorne, couvrant toutes les sélections, c'est un beau score, et ce d'autant plus que cette édition nous aura réservé de belles surprises et un panorama mondial d'une grande qualité !

Et à tout d'abord, honneur à un cinéma français qui s'affiche dans une forme étonnante, multipliant les propositions originales, avec de jeunes cinéastes, de nombreuses réalisatrices, des actrices et acteurs portant des projets ancrés dans le territoire d'une France plurielle.

Il y a bien sûr, La Pampa d'Antoine Chevrolier, un 1er film magistral où, sur fond d'un rodéo à moto, une amitié indéfectible entre deux jeunes, le conformisme de conventions sociales qui condamne l'homosexualité de l'un pour son coach, l'amour d'un père qui ne sait l'exprimer si ce n'est dans sa passion pour la victoire en moto-cross, dessine un monde imparfait que rien n'entravera dans sa marche funeste. Ce film est appelé à obtenir un vrai succès populaire pour sa sortie à l'automne, tant, à Cannes, chaque représentation a débouché sur une standing-ovation.

Tout aussi envoutant En Fanfare d'Emmanuel Courcol qui mêle la musique et le la découverte du frère inconnu, tromboniste dans une fanfare, avec un chef d'orchestre célèbre atteint d'une leucémie. Une saga autour d'une famille que la musique réunit et qui survivra aux drames de la vie.

Le roman de Jim des frères Larrieu est une bouleversante ode à la paternité porté par un Karim Leclou d'une justesse incroyable. Père de substitution, il va élever Aymeric jusqu'à ses 10 ans et l'irruption d'un père biologique qui va lui arracher cet enfant et partir vivre au Québec. Des années plus tard, cet enfant revient pour solder ses comptes avec celui qu'il pense l'avoir abandonné. Un casting magnifique (Sara Giraudeau, Laétita Dosh...), une caméra qui s'approche des personnages dans les paysages grandioses du Jura, un bijou dont on ne sort pas indemne !

Animale d'Emma Benestan se déroule en Camargue, celle des taureaux et des chevaux. Une jeune femme (Incroyable Oulaya Amamra) va vivre un drame et n'aura de cesse de se venger, sur le fil d'une fiction onirique, entre le cauchemar et les souvenirs qui émergent petit à petit, elle réussira à reprendre son destin en main. Vision étonnante du monde macho des razzeteurs et de l'affirmation d'une femme qui communie avec les animaux pour se venger des hommes. 

L'Amour Ouf de Gilles Lellouche est un film passionnant sur l'éternel thème d'un amour fou d'adolescents qui ne pourra se conclure qu'après la violence, l'injustice et la prison. Clotaire n'est pas armé pour affronter sa vie et ne s'exprime que par la violence, Jackie va meubler sa vie de vide. Ils vont pourtant se retrouver et affronter leur passion, réussir à tirer un trait sur le passé afin de s'approprier un avenir. C'est beau et haletant, c'est l'amour revisité dans un univers de fureur et de bruits. C'est une vision moderne mais si juste des sentiments éternels qui font qu'un homme et une femme sont parfois fait l'un pour l'autre contre les aléas du présent !

Il n'y avait pas que les films français pour briller, quelques perles d'horizons lointains venaient nous plonger dans des univers que nous ne voulons pas toujours voir et qui ouvraient des portes sur l'au-delà qui nous entoure.

Le Village près du Paradis de Mo Harawe (Somalie) décrit la survie quotidienne d'une famille désaccordée coincée entre des clans, dans un pays de misère et de guerres, avec des drones qui bombardent des cibles sur les routes. Manger est le seul objectif d'une journée de labeur à enterrer des morts ou vendre des tissus sur des étals de fortune. Pourtant, des femmes vont tenter de prendre leur destin en main et créer l'espoir d'un monde meilleur. 

Norah de Tawfik Alzaidi (Arabie Saoudite) joue de la même variation, celle d'une solidarité entre femmes dans un pays de misère, quand la fragilité de l'existence ne gomme pas la solidarité et l'entraide.

 All we imagine as light est un film indien en compétition d'une réalisatrice Payat Kapadia qui montre l'aliénation des femmes empêtrées dans un réseau de règles, un corset de liens qui les enferment dans la domination des hommes et des clans. Pourtant Prabha et Anu vont réussir à se libérer de leurs chaînes et vivre leur vie. Un germe d'espoir dans un océan d'aliénation.

Et je ne peux que terminer, même si je n'ai vu que 50% de la sélection, à l'heure de la montée du tapis rouge pour la remise des prix, par deux films en compétition qui pour moi, sont les deux bijoux de cette édition.

Ma Palme d'or va à La plus précieuses des marchandises de Michel Hazanavicius, un film d'animation moi qui n'aime que très peu l'animation. C'est un chef d'oeuvre qu'il aurait été impossible de tourner en réel et qui grâce à ce trait incroyable nous plonge dans les remugles de l'histoire pour faire émerger un conte de fée à vous tirer des larmes. Indispensable et merci monsieur Hazanavicius.

Et le prix spécial du jury est attribué à The Seed of the sacres Fig de l'iranien Mohammad Rasoulof, qui ose, dans un pays de dictature porter la parole de ceux qui refusent de vivre dans le passé, sous la botte de fer d'un régime qui les prive de tous les droits et des rêves d'un monde meilleur. Bravo à ce cri dans la nuit iranienne porteur d'un espoir.

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Festival du Film : 17 films et après !

Publié le par Bernard Oheix

Festival du Film 2024, et comme à chaque édition, ce frisson indicible à l'idée de partir sur les chemins de la découverte d'un 7ème Art libéré de toutes les entraves d'un monde sclérosé. Et en cette année 2024, avouons que la lecture de la réalité vaut bien la fiction la plus osée qu'un scénariste qui aurait abusé de produits illicites, puisse imaginer !

Nous nous préparons donc, comme de sages élèves qui auraient bien fait leurs devoirs pour la composition finale : aller au cinéma régulièrement tout au long de l'année, remplir un dossier en février avec une lettre de motivation afin de justifier le privilège d'un badge cinéphile, respecter les consignes de Cannes Cinéma, assister à la présentation, passer des heures sur son téléphone afin de tenter de trouver des places disponibles dans les quotas diminués des cinéphiles, trop âgés et sans intérêts pour les pontes du Festival ! 

Mais quand la lumière s'éteindra et que le cadre noir de l'écran s'illuminera, toujours cet incroyable sentiment de pénétrer dans une cité interdite où tout devient possible !

17 films en 4 jours, une moyenne raisonnable compte tenu de la présence en mon home d'une horde de cinéphiles venant de Corse, de Bresse et de Paris (sans badges, eux qui depuis plus de 10 ans débarquent sanglés de leur sésame mais que les contraintes actuelles condamnent à voler des places en catimini !).

Mais le nombre de films ne fait pas la qualité et du 15ème au dernier de ce matin, la sortie précipité après 30 minutes de projection, pour les 3 films... un chinois incongru de femmes qui chantent pendant une demi heure sans que ne se dessine la moindre esquisse d'un scénariste au travail, Rumours avec une pléiade d'acteurs (Kate Blanchet, Ménochet...) singeant un G7 improbable et qui ne cultive que l'ennui et le désir de vrais morts-vivants, et enfin Les reines du drame où des trans exacerbées se pelotent sans retenue et sans aucun espoir d'attirer notre attention !

Bon, mais heureusement, il y a aussi de bons films, de ceux qui touchent et nous donnent la certitude qu'une équipe s'est soudée afin de transmettre un message, une humeur, un désir de faire et de partage.

C'est le cas avec Les Fantômes de Jonathan Millet, (Semaine de la Critique) une fiction qui plonge dans les horreurs de l'après guerre de Syrie. Un commando secret traque les tortionnaires qui ont tué et violé au nom de la loi de Bachar... Une quête douloureuse, complexe et dangereuse qui nous attire dans sa toile et ne laisse pas indifférent. C'est aussi avec La femme à l'aiguille, (en compétition), le destin tragique d'une femme qui se retrouve complice dans un traffic d'enfants, un film saisissant et prenant qui pose le problème de ces naissances non désirées et débouche sur l'horreur du sacrifice. À voir absolument !

Vingt dieux, (Un certain regard) un premier film de Louise Courvoisier est une ode à l'amitié et à l'amour. Totone se retrouve en charge de sa petite soeur de 7 ans et décide de créer son propre fromage, un comté de qualité grâce à des expédients (vol de lait, recettes à dénicher et une bande de copains soudés autour de son projet fou. Film fort et fascinant sur la vie dans un village, l'espoir et le désespoir, l'amour et la lutte pour survivre. Nul doute que la caméra d'or ne sera pas loin de cette oeuvre sans complaisance aux relents de la vie de ses campagnes sans espoirs.

La mer au loin (semaine de la critique), de Saïd Hamich Benlarbi est une ode à l'espoir. Des clandestins sans papiers vivent à Marseille et un marocain va rencontrer l'amour auprès d'une Anna Mouglalis, sublime. Un retour au Maroc pour solder sa rencontre va dérégler son amour mais le film se terminera sur le bonheur d'accepter de n'être ni Marocain, ni Français, mais simplement un homme qui s'accepte et décide de prendre sa vie en main auprès de celle qu'il aime, sans frontières désormais !

La prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy (Quinzaine des cinéastes) réunit Isabelle Huppert et Hafsia Herzi dans une ode à l'amitié, à la volonté de s'émanciper de deux femmes qui croisent leur chemin dans le hall d'une prison où elles viennent visiter leur conjoint respectif. Un film élégant, intelligent et qui offre deux facettes de la vie de femmes qui tentent de trouver un sens au séisme déclenché par des hommes de pouvoir qui les laissent seules pour trouver une solution à leur destin tragique !

Notons qu'après avoir été gardienne de prison dans Borgo, Hafsia Herzi est cette fois-ci, visiteuse de prison, et que son parcours dans le cinema devra un jour s'émanciper des portes des pénitenciers ! On l'espère pour elle tant c'est une actrice remarquable et touchante d'une grâce visuelle magique !

 

Il y a tant d'autres films dont on pourrait parler, et aussi tous ceux que l'on a pu voir. Mais il reste encore 6 jours de Festival pour dévorer d'autres oeuvres et la certitude de trouver des pépites qui nous ferons rêver d'un monde meilleur ou les êtres pourront s'émanciper de leurs chaines et atteindre un peu de ce bonheur qui nous tend les bras et que nous tentons de saisir désespérément.

Alors, je vais me précipiter vers Le Limonov de Kyril Serebrennikov en espérant m'embarquer pour un long voyage sur les traces d'un poète hors du commun !

Vite, le cinéma m'attend !

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Balaruc les bains : à l'ombre de Brassens !

Publié le par Bernard Oheix

Bon, le coup de la cure dans un établissement thermal, je ne l'avais jamais envisagé...mais à partir d'un certain âge, ou même d'un âge certain, quand un cousin vous confie qu'il en sort et se sent régénéré, que 3 semaines à l'ombre des jeunes filles en fleurs d'un printemps qui voit le Festival du Film de Cannes s'approcher à grands pas, sont une bénédiction, sur un coup de tête et les conseils d'une doctoresse adorable, on signe le parchemin de son engagement et l'on part pour cette expédition en terre inconnue chargée de vous remettre sur pieds !

Et me voici donc à Balaruc les bains, en face de Sète, sur l'étang de Thau, logé au Mas du Madre dans un bungalow cosy, avec terrasse inutilisable pour cause de vent et de pluie incessants !

Qu'à cela ne tienne, il va bien falloir les subir ces 3 semaines où mon corps doit s'exprimer sous les mains expertes de femmes et d'hommes habitués à triturer les dépouilles déchues de milliers de curistes en mal d'espérance d'une jeunesse à retrouver !

Dans le cimetière marin de Sète, une tombe pour l'éternité d'un homme qui savait s'affranchir des contraintes.

Dans le cimetière marin de Sète, une tombe pour l'éternité d'un homme qui savait s'affranchir des contraintes.

Dans une usine à gaz où des milliers de curistes se précipitent chaque jour, à toute heure, leur montre électronique au poignet réglant leurs déplacements, d'un atelier à l'autre, d'une piscine à une baignoire sulfureuse, des mains d'une masseuse sous l'eau au jet puissant projeté sur votre dos, de sièges qui vous torturent au vide d'un esprit qui s'égare à la recherche du temps perdu, les 2 heures quotidiennes de soins vous engluent dans des rituels abscons rythmés par les sourires et les soins d'un personnel attachant, esclaves de notre remise en forme mais si dévoués à leur mission. 

Je pense à Bénédicte chargée de diriger les jets de boue chaude sur vos articulations en vous prodiguant ses conseils avisés et son sourire, à Louanne et son accent chantant, vous plongeant avec bonne humeur dans une baignoire bardée de trous filtrant des jets d'air qui vont laminer votre corps, à Alexander, dont les mains vont dénouer vos tensions dans un massage sous l'eau... et à tous les autres, solidaires dans la volonté de permettre aux vieux corps fatigués que nous sommes d'espérer retrouver une nouvelle jeunesse !

Une machine de torture vous aspergeant d'une boue à 42 degrés, comme la preuve qu'il faut souffrir pour redevenir jeune et beau !

Une machine de torture vous aspergeant d'une boue à 42 degrés, comme la preuve qu'il faut souffrir pour redevenir jeune et beau !

3 semaines c'est long ! Mais c'est aussi l'opportunité de dévorer des plateaux d'huitres à 10€ à Bouzigues, de dévorer des Tieles et de se retrouver à Sète avec mon ami Philippe Lopez à L'Aïoli pour un repas plantureux et chez lui avec Mimie pour une Paëlla d'anthologie !

C'est aussi quelques bons livres aux matins blêmes, des films dans un excellent cinéma "le Comedia" à la programmation d'une richesse incroyable, de bader le long des canaux de cette ville de Sète fascinante que chantait Brassens et qui voit affluer des milliers de touristes par vagues permanentes à la recherche d'une nouvelle jeunesse !

Alors, une cure à Balaruc, pourquoi pas ?

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